Marchés
Conversation avec la Banque de Développement du Conseil de l’Europe
Animateurs : Richard Kelly, chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD, et Laura Quinn, directrice générale et chef, Marchés primaires, Valeurs Mobilières TD
Invité : Arturo Seco Presencio, chef adjoint des finances de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe
Cinq questions clés en 10 minutes : Richard et Laura sont accompagnés du chef adjoint des finances de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe, Arturo Seco Presencio, pour discuter du cadre des obligations d’inclusion sociale de la Banque, des stratégies visant à accroître le financement sur les marchés des obligations sociales et de l’avenir des affaires dans une économie post-pandémie.
RICHARD KELLY : Bonjour, et merci de vous joindre à nous encore une fois pour un autre épisode de notre série de balados 5x10 sur les émetteurs. Je m’appelle Rich Kelly et je suis chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Christine Peters, vice-présidente, Marchés des capitaux, Valeurs Mobilières TD, à Dublin. Nous accueillons également Arturo Seco Prosencio, chef adjoint des finances et chef, Financement, Trésorerie et ALM à la Banque de Développement du Conseil de l’Europe.
On a continué de constater une forte volatilité des marchés. On a tous continué d’essayer d’adapter nos vies en conséquence. On a vu une foule de perspectives, alors qu’on essaie de savoir ce qui va se passer au cours des 12 prochains mois, pour ce qui est des principaux facteurs, risques et occasions. On voulait donc discuter avec certains des émetteurs les plus importants, pour voir comment ils pensent composer avec toute cette incertitude. Aujourd’hui, on voulait examiner plus en détail les priorités et les objectifs de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe pour l’année à venir. Sur ce, je cède la parole à Christine Peters, qui va présenter notre invité.
CHRISTINE PETERS : Merci, Richard, et merci en particulier à Arturo d’avoir pris le temps de se joindre à nous aujourd’hui. Comme Richard l’a mentionné, Arturo est chef adjoint des finances et chef, Financement, Trésorerie et Gestion des actifs et des passifs à la Banque de Développement du Conseil de l’Europe, une banque multilatérale de développement ayant un mandat exclusivement social pour ses 42 États membres. L’une des nombreuses responsabilités d’Arturo est de gérer la dette annuelle d’environ quatre à cinq milliards d’euros, levée par la Banque de Développement du Conseil de l’Europe sur divers marchés chaque année, et nous sommes ravis de connaître ses réflexions à l’approche de la nouvelle année.
Arturo, pour commencer, et alors qu’on s’éloigne de la COVID-19 et qu’on se tourne vers l’avenir, selon vous, quels sont les plus grands risques auxquels font face les marchés des capitaux au cours des 12 prochains mois?
ARTURO SECO PROSENCIO : Bonjour Christine. Bonjour Richard. Merci beaucoup pour l’invitation. Eh bien, il y a encore une certaine incertitude quant à la reprise. Il y a le risque de pandémie qui a plané au cours des dernières semaines, certains pays ayant annoncé un confinement au moins partiel, alors que les cas de COVID-19 ont de nouveau augmenté. Même si on accepte que la pandémie de COVID-19 se résorbe, ça a mis en évidence la nécessité d’investissements sociaux dans l’éducation en matière de santé, l’inclusion des personnes les plus vulnérables en matière de logement, ainsi que la création et la préservation d’emplois.
Je crois donc que des efforts importants dans ces domaines vont être une priorité au cours des prochaines années. En ce sens, il reste à voir si de nouvelles vagues peuvent être contenues ou si elles auront des répercussions sur l’activité économique, ce qui aurait certainement de nouveau un impact sur tous les marchés. Alors qu’on amorce la reprise économique après la pandémie, on entrevoit d’importants défis économiques, car le risque d’inflation est permanent ou temporaire, et ses répercussions sur les politiques monétaires.
C’est un facteur de risque très important pour les marchés des capitaux, qui, bien sûr, va augmenter la volatilité des revenus ou, du moins, augmenter considérablement la volatilité. Étant donné que la reprise mondiale est inégale, les scénarios de politique économique et monétaire vont évoluer différemment selon les régions, ce qui va être difficile pour les participants aux marchés des capitaux, après une longue période de liquidités extrêmement accessibles.
L’an prochain, les banques centrales vont avoir un rôle à jouer en ce qui a trait à la communication, aux prévisions et à la mise en œuvre des politiques, qui vont être au cœur de la prise de décisions pour tout participant aux marchés des capitaux. Il va falloir surveiller de très près l’élargissement des écarts de taux et, très probablement, les marchés vont être moins homogènes que les années précédentes pour les émetteurs en ce qui a trait au coût de financement. En ce sens, la base des mouvements est essentielle pour diversifier les sources de financement. Dans l’ensemble, je dirais que la politique monétaire et la volatilité potentielle vont se traduire par le besoin d’une plus grande souplesse que les années précédentes pour accéder au marché.
RICHARD KELLY : Merci, Arturo, et je pense que vous avez fait un excellent travail en examinant les risques importants avec lesquels on tente de composer, et vous devez évidemment étoffer vos plans de financement en conséquence. De façon générale, quelles sont les principales occasions de financement pour votre institution au cours des 12 prochains mois?
ARTURO SECO PROSENCIO : Eh bien, comme vous le savez, le mandat de la ville est de renforcer la cohésion sociale en Europe. Pour ce faire, et pour participer au développement durable de nos sociétés, on doit combiner les dimensions sociale, environnementale et économique, compte tenu de la pandémie et des efforts continus pour créer une économie de plus en plus verte. La tendance ESG est maintenant courante et va créer des occasions de soutien institutionnel des deux côtés du bilan.
Quand on réfléchit à notre propre financement, on accepte la prémisse selon laquelle les investisseurs deviennent plus avertis et on observe une tendance, soit que l’accent est mis sur une analyse plus holistique de la conformité globale aux facteurs ESG et des activités des émetteurs. Comme avec les banques centrales, avec notre mandat exclusivement social, on a une composante ESG dans toutes nos activités, y compris notre rôle dans les portefeuilles de placement. Cette approche ESG est la raison pour laquelle notre cote ESG est très solide, et elle positionne également très bien les banques centrales pour les investisseurs qui évaluent les activités ESG sur le plan fondamental.
Je vois clairement la sensibilisation aux facteurs ESG comme l’un des principaux domaines où l’institution va continuer d’optimiser ses efforts, non seulement pour les 12 prochains mois, mais pour les années à venir. En fait, nous avons récemment annoncé notre cadre pour l’Alignement avec l’Accord de Paris, qui comprend une feuille de route pour intégrer progressivement dans les opérations de la Banque notre engagement à aligner les activités de prêt avec l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
Outre les facteurs ESG, on va mettre l’accent sur la diversification et le calendrier des opérations, parce que la diversification est toujours l’un des principaux objectifs de notre stratégie en matière de politiques.
RICHARD KELLY : Excellent. Je suppose qu’on pourrait peut-être creuser un peu plus. En ce qui concerne les projets précis que vous avez financés, y a-t-il quelque chose qui, selon vous, ressort du lot, et qui serait digne de mention? Y a-t-il quelque chose que vous voyez et qu’on a vu au cours des deux dernières années qui va avoir un impact particulier sur votre stratégie de financement au cours de la prochaine année?
ARTURO SECO PROSENCIO : Oui, bien sûr. En fait, avec la pandémie, on a constaté une augmentation des demandes de prêts des pays membres liées au secteur de la santé, mais aussi à la préservation des lieux de travail. Compte tenu de la forte demande de financement social du côté des prêts, notre volume de financement a augmenté de façon constante au cours des dernières années. On avait un volume de financement à long terme de 4,5 milliards d’euros en 2020, qui est passé à 5,5 milliards d’euros en 2021, et le volume de financement va être plus élevé en 2022, soit un volume potentiel pouvant aller jusqu’à 6,5 milliards d’euros, montant qui devrait se stabiliser par la suite.
Grâce à ce volume de financement plus élevé, on a été en mesure de renforcer davantage notre présence dans nos marchés de base, soit l’euro et le dollar américain, et les marchés sur lesquels on émet régulièrement des transactions de référence. On a aussi établi une présence régulière dans les deux devises pour les obligations d’inclusion sociale.
On a déployé d’importants efforts de diversification sur les marchés. On a émis sur le marché des livres sterling, et sur le marché du dollar australien, mais aussi dans des marchés où notre accès est moins régulier, comme le dollar néo-zélandais, le dollar canadien, la couronne norvégienne ou la livre turque. Pour 2022, avec un volume d’émissions à long terme pouvant aller jusqu’à 6,5 milliards d’euros, on va avoir la capacité de continuer à établir des courbes dans les marchés où on était présents régulièrement au fil des ans, mais ça va nous donner également l’occasion de maintenir un objectif de diversification, ce qui est très important, comme je l’ai déjà mentionné, et c’est un élément clé de notre stratégie. L’émission d’obligations d’inclusion sociale va aussi demeurer une priorité pour l’an prochain.
RICHARD KELLY : Merci, et je voulais peut-être vous poser une question un peu personnelle, peut-être pas trop personnelle, mais je pense que ce qu’on recherche tous, c’est un contact plus humain, et pourtant, la chose dont on a tous peur, c’est le contact humain en cette ère de COVID-19. Je me demande quelles sont vos perspectives quant aux voyages d’affaires. Évidemment, c’est un élément clé de la façon de sortir du marché et de parler aux investisseurs. Selon vous, qu’est-ce qui nous attend en ce qui a trait à l’équilibre entre cette approche hybride, le télétravail, les voyages et les rencontres en personne, et les répercussions sur vos activités?
ARTURO SECO PROSENCIO : Ce n’est pas une question personnelle, et ça va me faire plaisir d’y répondre. Oui, je crois que l’approche va être plus hybride. Cela dit, il y aura encore certainement de la place pour les rencontres en personne entre les conférences ou les tournées. Après tout, c’est une question de contact humain; les rencontres virtuelles ne peuvent pas remplacer les rencontres en personne pour ce qui est d’établir des liens de confiance et des réseaux durables. On a par contre expérimenté un nouveau type de réunions sur ordinateur, et elles peuvent être très efficaces et organisées. Elles peuvent être organisées sans planification ni déplacement.
Ces réunions par ordinateur réduisent aussi les déplacements et contribuent à réduire l’empreinte carbone de l’institution.
RICHARD KELLY : Je vous remercie. Et je pense que pour une dernière question, j’aimerais revenir sur ce que vous avez dit tout à l’heure au sujet de l’excellent travail que vous faites en ce qui a trait aux changements climatiques. Et je pense que l’un des domaines où on a observé une croissance stratosphérique tout au long de la pandémie de COVID-19, c’est celui des facteurs ESG. Vous avez reçu un soutien important, vous avez donné à deux pays membres pour qu’ils puissent se remettre de la COVID-19 et, en plus, vous avez été un leader sur le marché des obligations sociales, avec, par exemple, votre cadre d’obligations d’inclusion sociale. Et maintenant, prévoyez-vous une augmentation importante du nombre de projets, d’actifs et de fonds liés aux obligations d’inclusion sociale? Si vous regardez ce qui va se passer au cours de la prochaine année et à l’avenir, entrevoyez-vous toujours vous-même une croissance importante, pour ce qui est de l’impact sur votre portefeuille?
ARTURO SECO PROSENCIO : Et la première chose dont on doit tenir compte, c’est que pour les obligations d’inclusion sociale, les fonds ont déjà connu une augmentation très importante en 2020. Étant donné les circonstances exceptionnelles, on a presque triplé ou certainement augmenté [INAUDIBLE] les émissions par rapport à l’année précédente. En 2021, on a doublé le montant émis en 2019, et notre objectif est de maintenir le volume d’émissions d’obligations d’inclusion sociale de cette année dans le cadre de notre stratégie d’entreprise.
Autrement dit, le volume total d’obligations d’inclusion sociale a augmenté progressivement au cours des trois dernières années, et on devrait maintenant au moins maintenir les volumes qu’on va atteindre en 2021, qui sont légèrement inférieurs à 2022, compte tenu des circonstances exceptionnelles qu’on a vécues durant la pandémie. En ce qui concerne le cadre des obligations d’inclusion sociale, il comprend déjà des projets financés dans quatre secteurs à impact social élevé, qu’on a choisis pour ce cadre, soit le logement social, l’éducation, le soutien aux microentreprises, aux petites et moyennes entreprises et la santé. La santé a été intégrée au cadre en un temps record. Quand on a décidé d’émettre nos [INAUDIBLE] en réponse à la COVID-19. Quand le confinement a commencé en 2020.
En fin de compte, le volume d’émissions d’obligations d’inclusion sociale va dépendre du nombre de projets de ces quatre secteurs financés par toutes les activités de prêt.
CHRISTINE PETERS : Excellent. Eh bien, merci, Arturo, pour votre temps et vos réflexions très pertinentes aujourd’hui. Je pense qu’on peut dire qu’on a hâte de voir ce que 2022 réserve à la Banque de Développement du Conseil de l’Europe, surtout avec vos volumes de financement plus élevés. Merci encore.
ARTURO SECO PROSENCIO : Merci beaucoup, ce fut un plaisir pour moi, et je vous remercie encore de m’avoir invité.
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Richard Kelly
Chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD
Richard Kelly
Chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD
Richard Kelly
Chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD
Richard supervise l’équipe Stratégie mondiale et fournit des conseils stratégiques et de placement sur les devises, les taux, les produits de base et les marchés émergents du G10, ainsi que des analyses macroéconomiques mondiales descendantes, évaluant les tendances courantes dans les principales économies et les répercussions sur les marchés. Avant de se joindre à Valeurs Mobilières TD en 2010, il était économiste international principal aux Services économiques TD. Auparavant, il a travaillé pour le Fonds monétaire international à Washington, D.C., et pour plusieurs autres organismes de développement économique.