Banque du Canada et Réserve fédérale américaine : Quels seront les effets des récentes annonces sur le produit intérieur brut canadien et l’économie mondiale?

14 avril 2022 - 3 minutes
Vue extérieure du Parlement du Canada
Pour donner immédiatement suite au dévoilement du budget de 2022-2023 du gouvernement du Canada la semaine dernière, la Banque du Canada (BdC) a annoncé qu’elle haussait le taux de financement à un jour de 50 points de base (pdb) ce mois-ci et que le resserrement quantitatif commencerait le 25 avril. Elle a également annoncé une forte hausse des prévisions d’inflation pour 2022 et 2023.

Fait plus surprenant, la BdC a également revu à la hausse sa projection pour le taux neutre, la faisant passer à une fourchette de 2 % à 3 %, soit une hausse de 25 pdb par rapport à l’évaluation précédente. Bien que la BdC ait répété qu’elle ne comptait pas procéder à la vente d’obligations, elle a annoncé qu’elle cesserait de miser sur la rétention sur le marché primaire à partir du 25 avril, ce qui devrait accélérer la réduction progressive de son bilan.

Commentaire ferme d’une décision ferme

Les déclarations, fermes pour la plupart, sont conformes à la décision relative à la politique. La BdC a souligné que la demande risque de devenir trop élevée et a mentionné les risques croissants que l’inflation en hausse s’enracine dans les attentes à long terme. Les éléments prospectifs ont fait écho à ceux de mars. En effet, la BdC a déclaré que les taux doivent augmenter davantage, conformément à la cible pour l’inflation, et que le resserrement quantitatif complétera la hausse des taux.

Le Rapport sur la politique monétaire a également un ton ferme en raison de la forte hausse des projections de l’indice des prix à la consommation et de la révision à la hausse de la croissance du PIB en 2022. La BdC a fourni plus de renseignements sur les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a conclu que la hausse des prix des produits de base et les nouvelles perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont eu des effets variables sur le PIB canadien et ont accru les pressions inflationnistes.

Dans l’ensemble, l’aspect le plus frappant de l’annonce a peut-être été son caractère unilatéral; pratiquement tous les changements et les nouveautés s’inscrivent dans l’optique d’un resserrement supplémentaire. Nous prévoyons toujours que le taux directeur atteindra 2,50 % d’ici la fin de 2022.

À quel point les taux américains peuvent-ils augmenter?

La hausse des taux américains est attribuable à la fois aux solides données économiques et à l’engagement ferme de la Réserve fédérale américaine en ce qui concerne la stabilité des prix. Une grande partie de ce changement au cours des derniers mois a été à court terme, mais au cours des dernières semaines, les changements pour les éléments à long terme ont été plus nombreux. Cela est conforme à la récente hausse de la prime de terme, même si la majeure partie de l’augmentation des taux depuis le début de l’année découle de l’augmentation des prévisions de la Réserve fédérale américaine. Les taux réels et les taux d’inflation implicites ont augmenté au cours de la transition, mais les récentes mesures de tarification ont été concentrées dans les taux réels.

Une attitude souple de la Réserve fédérale dans un contexte de bilans des courtiers contraignant peut également entraîner des écarts dans l’évolution des cours Une liquidité réduite a tendance à exacerber la volatilité des marchés, et nous croyons que la volatilité réalisée devrait rester élevée pour le moment.

Comment ces décisions s’harmonisent-elles avec les pressions inflationnistes?

Même si la Réserve fédérale américaine (Fed) peine à s’adapter à l’inflation élevée observée, nous croyons que les taux à court terme sont justes.

Nous prévoyons une hausse de 50 pdb aux réunions de mai et de juin, puis une hausse de 25 pdb par la suite. Le marché tient compte de cette trajectoire et cherche à atteindre un taux neutre d’ici la fin de l’année et un taux final de 3 % d’ici le milieu de 2023. Étant donné que le taux neutre est d’environ 2,5 %, nous croyons que la politique restrictive de la Fed resserrera les conditions financières. Le resserrement quantitatif va aussi contribuer à cet effet. Il est de notre avis que la Fed surveillera la situation pour ne pas imposer de hausses vraiment supérieures au taux neutre.

Les taux à long terme dépendent davantage de l’offre et de la demande. Même si nous nous attendons à voir un autre cycle de réductions des coupons lors du remboursement prévu en mai, la recherche d’acheteurs marginaux pour la durée entière nécessitera probablement des taux réels plus élevés. La demande des gestionnaires d’actifs, des banques et des étrangers, en particulier dans ce contexte de volatilité élevée, devrait demeurer faible au cours des prochains mois.

Les clients abonnés peuvent lire notre analyse complète du budget fédéral canadien de 2022-2023 et des annonces de la Réserve fédérale américaine et de la BdC sur notre portail de recherche


Photo d’Andrew Kelvin


Stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

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Photo de Priya Misra


Directrice générale et chef mondiale, Stratégie liée aux taux, Valeurs Mobilières TD

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