Bonjour, et merci de vous joindre à nous pour ce résumé de nos perspectives à l’égard des taux mondiaux pour 2022. Je m’appelle Priya Misra et je suis chef mondial, Stratégie liée aux taux à Valeurs Mobilières TD.
2021 a été une année à rebondissements. D’une hausse des taux sous l’effet des mesures de relance budgétaire aux États-Unis au premier trimestre, en passant par une baisse mondiale des taux aux deuxième et troisième trimestres en raison de la montée en flèche du variant Delta, à une hausse mondiale des taux au quatrième trimestre, l’inflation a été plus élevée et plus persistante.
On pense que la situation en 2022 va dépendre en fin de compte de la réduction des mesures expansionnistes des banques centrales. Il y a maintenant trois remarques que j’aimerais faire à cet égard.
Premièrement, le processus de réduction des achats des banques centrales des différents pays va diverger. La rapidité avec laquelle le processus de réduction va prendre fin variera d’une banque centrale à une autre et ne va pas correspondre à ce qui est pris en compte à l’heure actuelle. Pour résumer, on pense que la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande va continuer à accélérer le rythme du processus de réduction, tandis que la Banque d’Angleterre, la Banque du Canada et la Banque de réserve d’Australie devraient commencer à le faire. La Fed va mettre fin à ses mesures de relance, mais on ne pense pas qu’elle accélère le rythme du processus de réduction avant 2023. La Banque centrale européenne, quant à elle, a un long chemin avant d’arriver à ce stade, mais on s’attend à ce qu’elle élargisse son programme d’achat d’actifs, même si elle met fin au programme d’achats d’urgence face à la pandémie. Cette divergence va créer des occasions en matière de taux sur les différents marchés. On pense que les CGB (obligations du gouvernement du Canada) et les NZGB (obligations du gouvernement de la Nouvelle-Zélande) peuvent afficher un rendement supérieur aux obligations du Trésor à long terme et que les obligations d’État du Royaume-Uni peuvent afficher un rendement supérieur aux obligations d’État allemandes.
Deuxièmement, la stratégie de sortie, en elle-même, de la banque centrale va être liée à la fin de l’assouplissement quantitatif, ce qui peut créer une dynamique de l’offre et de la demande sur les marchés obligataires. Selon l’analyse des projections de l’offre nette mondiale sur le marché privé, cette offre de durée est la plus importante aux États-Unis, où l’on constate une pentification baissière, car les primes à l’échéance devraient augmenter, le marché devant réduire toute cette durée supplémentaire. C’est la principale raison qui justifie notre objectif de taux à 2 % pour les obligations du Trésor américain à 10 ans d’ici la fin de 2022. Dans le cas de certains pays, cette dynamique peut aussi signifier une accentuation des courbes, mais c’est la trajectoire de l’inflation et l’orientation de la politique de ces pays qui vont être le principal moteur de la variation de la courbe à l’échelle mondiale.
Compte tenu de nos perspectives économiques et de la fonction de réaction des banques centrales, ou plutôt de notre interprétation de la fonction de réaction des banques centrales, on est d’avis que les anticipations de hausses du marché sont en général bien trop exagérées, en particulier aux États-Unis. Pour le moment, le marché anticipe que les banques centrales vont être forcées de procéder à une hausse juste après la fin des mesures de relance, ce qui constitue une erreur de politique selon le marché. On n’est pas en accord avec les anticipations du marché concernant le début des hausses et le rythme de ces hausses. C’est pourquoi on recherche généralement des taux à long terme plus élevés à l’échelle mondiale, mais plus stables dans le segment à court terme. Par conséquent, on recherche une courbe accentuée à l’avenir.
Enfin, l’un des facteurs déterminants de la stratégie de sortie des banques centrales va être l’inflation. Maintenant, il convient de souligner le haut degré de corrélation d’un pays à l’autre pour ce qui est de l’inflation et des obligations indexées sur l’inflation implicite. Cela a aussi été observé dans les travaux théoriques. Quelques raisons peuvent expliquer cela.
Les chocs sur les produits de base s’inscrivent généralement dans un contexte mondial.
Il y a la mondialisation de l’économie.
Les caractéristiques démographiques sont assez semblables.
La crédibilité de la cible d’inflation des banques centrales est assez semblable.
De plus, la politique monétaire de presque toutes les banques centrales se situe à la limite inférieure.
Donc, voilà ce qui explique ce haut degré de corrélation entre les données de l’inflation et aussi entre les obligations indexées sur l’inflation implicite. Cette fois-ci, je dirais que le choc des prix de l’énergie et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement viennent aussi s’ajouter aux chocs mondiaux, ce qui donne lieu à ce haut degré de corrélation entre les obligations indexées sur l’inflation implicite.
Je tiens toutefois à souligner que les marchés n’ont pas tous réagi de la même façon au choc. Les obligations américaines indexées sur l’inflation implicite sont celles qui ont le plus augmenté par rapport aux autres obligations indexées sur l’inflation implicite, et on aimerait voir les écarts s’estomper quelque peu ici. On privilégie les obligations canadiennes à rendement réel à 10 ans indexées sur l’inflation implicite par rapport aux obligations américaines indexées sur l’inflation implicite.
Une fois que le choc des prix de l’énergie se sera dissipé, la relation entre les obligations indexées sur l’inflation implicite va dépendre davantage de l’inflation de base, qui, même si elle présente aussi un certain degré de corrélation, est davantage tributaire des services que des biens - ils sont moins négociables - ils ont tendance à être tournés vers le marché intérieur, donc les obligations indexées sur l’inflation implicite pourraient présenter des divergences.
En résumé, pour ce qui est des perspectives économiques mondiales, 2022 va être une année vraisemblablement marquée par la volatilité. Dans un monde post-COVID, la réaction sur le plan des politiques va aussi être différente.
Nos perspectives sont beaucoup plus détaillées selon les pays et si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec moi ou avec un membre de l’équipe, on va se faire un plaisir de vous aider.
On vous souhaite beaucoup de succès pour l’année à venir et on vous remercie du temps que vous nous avez accordé aujourd’hui.