La Banque du Canada en avril – Statu quo, mais la tension pourrait monter
Par : Andrew Kelvin, Robert Both, Chris Whelan, Mark McCormick
19 avril 2023 - 4 minutesLa Banque du Canada (BdC) a maintenu le taux du financement à un jour à 4,50 % dans sa décision de politique d’avril, reflétant ainsi le consensus (unanime) du marché et les évaluations de ce dernier qui n’anticipait qu’une très faible probabilité de changement de taux. Toutefois, l’énoncé de politique et le Rapport sur la politique monétaire comportaient quelques éléments surprenants, notamment des prévisions optimistes de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2023 et un ajustement des prévisions de la BdC qui suppriment la référence explicite à la position conditionnelle de janvier.
Le Rapport indique une croissance plus forte à court terme, avec de la prudence pour 2024
Les difficultés du secteur des services financiers aux États-Unis sont le facteur qui a le plus influé sur la révision des prévisions dans le Rapport d’avril, la croissance du PIB réel aux États-Unis ayant chuté de 1,1 % en janvier à seulement 0,4 % en 2023. La révision a été plus modeste pour l’Europe (de 0,9 % à 0,5 %) et pour la croissance du PIB mondial (de 2,4 % à 2,1 %), alors que la baisse de 0,5 point de pourcentage (pp) pour le Canada découle du fléchissement de la demande étrangère. Toutefois, l’économie canadienne entrera en 2024 sur des bases plus solides après une hausse de 0,4 pp par rapport à la croissance du PIB de 2023, le PIB du premier trimestre ayant enregistré une hausse de 2 pp par rapport à janvier, et le Rapport ne contient plus la remarque indiquant que deux trimestres de croissance légèrement négative étaient tout aussi probables que deux trimestres de croissance légèrement positive. Les dépenses publiques ont également été signalées comme un facteur de révision à la hausse.
La révision du taux d’inflation a été beaucoup plus modeste , la moyenne annuelle n’ayant pas changé pour 2024 et celle de 2023 ayant été réduite de 0,1 pp. La BdC a indiqué que l’inflation a continué de ralentir comme prévu et a signalé de récentes améliorations sur une base annualisée de trois mois, mais elle a répété que d’autres améliorations seront nécessaires pour ramener l’inflation à 2 %. Elle s’est également dite préoccupée par la lenteur de la diminution des attentes d’inflation, malgré les progrès indiqués dans le sondage sur les attentes des consommateurs du premier trimestre.
L’annonce laisse entrevoir des réunions pour le moins intéressantes au troisième trimestre. L’aveu selon lequel le retour à une inflation de 2 % pourrait s’avérer plus difficile était, dans une certaine mesure, relativement évident, mais il est néanmoins surprenant de voir la BdC ôter son masque à ce sujet (son seul objectif est une inflation de 2 %). Le contexte du marché pourrait jouer un rôle, car les marchés s’attendent à ce que la BdC privilégie une politique d’assouplissement, et nous imaginons que son conseil de direction ne considère pas cette anticipation comme justifiée. Les prévisions considérées par le marché comme erronées pourraient être le facteur motivant le ton ferme de l’énoncé.
À court terme, toutefois, rien ne change. La BdC est en mode d’attente. En février, le gouverneur Macklem a souligné qu’une croissance des salaires entre 4 % et 5 % n’était pas cohérente avec la cible d’inflation. Si c’était vrai à ce moment, cela devrait encore l’être. Nous pensons toujours que la BdC maintiendra son taux à 4,50 % pendant toute l’année, car nous prévoyons un ralentissement marqué de la croissance au deuxième trimestre. Cela dit, si le ralentissement attendu du marché de l’emploi ne se produit pas, la BdC n’aura peut-être pas d’autre choix que de resserrer les taux de nouveau. Comme les marchés devraient aller dans le sens de la BdC en juin, nous prévoyons un risque accru de hausse de taux suite aux réunions de juillet et de septembre.
Répercussions sur le marché
Taux : Comme mentionné précédemment, le statu quo de la BdC était prévu, voire considéré comme presque certain. Les données devront changer rapidement pour vraiment exclure la possibilité de hausses. Nous mettons l’accent sur les placements à long terme qui, selon nous, présentent le meilleur profil risque-rendement pendant les aplatissements haussiers. Nous continuons de réitérer notre confiance à l’égard de l’offre nette de titres à long terme du gouvernement du Canada et soulignons que des extensions sont prévues le 1er mai, le 1er juin et le 15 juin. De plus, il n’y aura pas d’adjudication de titres à 30 ans en mai, ce qui accentuera le déséquilibre entre l’offre et la demande. Quant aux titres à court terme, nous sommes d’avis que des réductions seront effectuées au premier trimestre de 2024, ce qui oriente notre point de vue sur la valeur dans ce segment de la courbe.
Change : Il n’y a pas grand-chose à dire sur le dollar canadien en relation avec l’annonce de la BdC. Le ton de l’énoncé confirme plus un scénario de statu quo ferme, ce qui a probablement contribué à faire baisser le taux de change entre le dollar américain et le dollar canadien. La juste valeur à haute fréquence du taux de change entre le dollar américain et le dollar canadien est inférieure à 1,34, ce qui donne à penser que le change est élevé par rapport aux facteurs macroéconomiques. Nous continuons de privilégier une fourchette de 1,33 à 1,37 et nous cherchons à atténuer les extrêmes de cette fourchette. N’oubliez pas, cependant, que le dollar canadien ne participe pas vraiment au repli général du dollar américain, ce qui laisse entendre une fois de plus que le dollar canadien pourrait accuser un retard sur les autres devises en cas de repli général du dollar américain, en particulier lorsque la croissance se déplacera vers l’Asie. Cela devrait soutenir le change dollar entre le dollar australien et le dollar canadien.
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Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD
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