Marchés
Conversation avec la Société financière internationale
La Société financière internationale (IFC) vise à doubler son financement dans dix ans et à augmenter les émissions d’obligations sociales et durables au cours des trois prochaines années. Écoutez pour en savoir plus sur l’envergure du projet d’IFC visant à mobiliser des capitaux privés pour soutenir les entreprises dans les marchés émergents.
Animateurs : Gennadiy Goldberg, stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD et Laura O’Connor, directrice générale, Montage et Syndication, Titres à revenu fixe, Valeurs Mobilières TD
Invité : John Gandolfo, trésorier, Société financière internationale
Gennadiy Goldberg : Bonjour, bienvenue et merci de vous joindre à nous aujourd’hui. Je m’appelle Gennadiy Goldberg et je suis stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD. Je suis accompagné de John Gandolfo, trésorier d’IFC.
Plus d’un an s’est écoulé depuis le début de la pandémie de COVID-19. Tandis que certaines régions du monde procèdent à l’assouplissement de leurs restrictions, d’autres régions n’ont pas encore eu cette chance. Notre conversation d’aujourd’hui vise à mieux comprendre les répercussions de la pandémie à court et à long terme. J’ai aussi le plaisir d’accueillir ma coanimatrice, Laura O’Connor, membre de notre équipe Marchés des capitaux d’emprunt. Laura, je vais te laisser présenter notre invité d’aujourd’hui.
Laura O’Connor : Merci, Gennadiy, et bienvenue, John. Dans le cadre de vos fonctions de trésorier d’IFC, qui est la division axée sur le secteur privé du Groupe de la Banque mondiale, votre bilan témoigne des répercussions dévastatrices, mais non uniformes, de la COVID-19 sur les économies des pays en voie de développement. Comment est-ce que vous percevez votre rôle dans la reprise mondiale à la suite de la pandémie et en quoi est-ce que la situation est différente par rapport au repli de 2008?
John Gandolfo : Merci beaucoup, Laura et Gennadiy, et merci de m’avoir invité. Comme vous l’avez dit, IFC est membre du Groupe de la Banque mondiale. C’est la plus grande institution de développement mondiale axée sur le secteur privé dans les marchés émergents. Avant la pandémie de COVID-19, les actionnaires d’IFC ont fortement appuyé les orientations stratégiques d’IFC. C’est ce qu’on appelle « IFC 3.0 ». Cet appui s’est traduit par l’approbation de la plus importante augmentation de capital pour la société – une augmentation de 5,5 milliards de dollars. La stratégie d’IFC orientera grandement nos efforts pour aider le secteur privé et les marchés émergents à se remettre de la pandémie. Le premier pilier de la stratégie est la création de marchés, puisque l’un des plus grands obstacles au soutien du secteur privé dans les pays en voie de développement a été l’absence de projets susceptibles de rapporter de l’argent. Pour y remédier, nous travaillons de plus en plus en amont pour intervenir plus tôt dans le cycle de développement d’un projet. Le deuxième pilier d’IFC 3.0 consiste à mobiliser plus de capitaux privés à des fins de développement. La réponse d’IFC à la COVID-19 se décline en trois phases : le soutien, la restructuration et la reprise résiliente.
La phase de soutien s’est déroulée en mars 2020. Nous y avons lancé une facilité accélérée de 8 milliards de dollars en lien avec la COVID-19 pour fournir des liquidités aux clients actuels et aider les entreprises à préserver les emplois. Une grande partie du financement est destinée aux microentreprises et aux petites et moyennes entreprises, car elles représentent une source importante d’emplois dans les pays en voie de développement; elle est aussi destinée aux femmes entrepreneures et à ceux qui ont souffert de façon disproportionnée durant la pandémie. Aussi, une grande partie de cette aide devrait également profiter aux pays les plus pauvres et aux États fragiles et en conflit. En juillet 2020, nous avons mis en place la Plateforme mondiale pour la santé, dotée de 4 milliards de dollars, en vue d’investir dans des entreprises afin d’accroître l’offre d’équipement et de services médicaux essentiels dans les pays en voie de développement. On parle notamment de masques, de respirateurs, de trousses de dépistage et de vaccins. Dans la phase de restructuration, qui a commencé, nous travaillons à restructurer les sociétés dont les activités sous-jacentes sont viables et nécessaires pour soutenir la croissance économique et l’emploi. Ensuite, dans la phase de la reprise, nous travaillons sur le pipeline en amont d’IFC, qui est maintenant à plus de 15 milliards de dollars pour son propre compte et à un montant similaire pour la mobilisation. Donc, contrairement à 2008, je pense qu’IFC tente activement de jouer un rôle fortement contracyclique, comme le reste du Groupe de la Banque mondiale.
Gennadiy Goldberg : Merci, John. Nos spectateurs aimeraient peut-être savoir comment vos besoins en matière d’émissions ont changé au cours de la dernière année et à quoi ça ressemblera à l’avenir, alors que vous aidez le monde dans la reprise mondiale après la COVID-19.
John Gandolfo : Merci, Gennadiy. Le programme de financement d’IFC est très étroitement lié aux activités de placement d’IFC; il cadre avec ces activités. Le développement durable, l’investissement responsable, les facteurs ESG et les répercussions sont donc au cœur de qui nous sommes et de la façon dont nous finançons et prêtons. Chaque année, IFC emprunte environ 17 milliards de dollars sur les marchés de capitaux; ça comprend du financement à court et à long terme. Nous avons deux programmes d’obligations thématiques : les obligations vertes et les obligations sociales. Les émissions dans ces catégories d’obligations représentent environ 20 % de notre programme de financement. Le produit est alors utilisé pour financer des projets admissibles du portefeuille de prêts d’IFC qui présentent des avantages évidents sur les plans environnemental et social. IFC a été l’un des premiers émetteurs d’obligations vertes. Elle a lancé un programme en 2010 et a joué un rôle déterminant dans l’intégration des obligations vertes au moyen d’émissions obligataires historiques en 2013. Jusqu’à présent, IFC a émis plus de 10 milliards de dollars en obligations vertes. De plus, IFC fait figure de pionnier dans le marché des obligations sociales. Elle est l’un des plus importants émetteurs d’obligations sociales sur les marchés publics et privés, de diverses devises et de durées. Le programme d’obligations sociales d’IFC a été lancé en 2017; au total, nous avons maintenant émis plus de 3 milliards de dollars en obligations sociales.
IFC joue aussi un rôle de premier plan dans l’élaboration de lignes directrices visant à faire croître le marché des obligations durables; elle a participé activement à diverses initiatives visant à promouvoir l’intégration des facteurs ESG. Au cours des dix prochaines années, notre programme de financement annuel devrait plus que doubler. Aussi, vous avez peut-être vu qu’IFC s’est engagée à atteindre 85 % de conformité à l’Accord de Paris d’ici 2023, et 100 % d’ici 2025. Nous nous sommes également engagés à ce que, en moyenne, 35 % de nos placements présentent des avantages climatiques au cours des cinq prochaines années. C’est formidable de voir la croissance des marchés des obligations vertes, sociales et durables; nous nous attendons à continuer d’être des émetteurs actifs dans ces domaines au cours des prochaines années.
Laura O’Connor : John, vous avez mentionné votre programme d’obligations sociales. L’an dernier, vous avez émis votre plus importante obligation : une obligation à trois ans de 1 milliard de dollars, qui a remporté des prix. Félicitations à vous et à votre équipe. IFC a été à l’avant-garde des facteurs ESG, et en particulier de l’évolution des obligations sociales. On met beaucoup l’accent sur cette catégorie d’actif dans le contexte de la COVID-19. Quels changements aimeriez-vous voir d’ici l’échéance de cette obligation à trois ans?
John Gandolfo : Merci pour les félicitations, Laura. Comme vous le savez, pendant que la pandémie mondiale battait son plein en 2020, menaçant la santé, la subsistance et le noyau social et économique de pays partout dans le monde, les obligations sociales sont devenues très populaires. Comme vous l’avez dit, en mars 2020, IFC a émis une obligation sociale de 1 milliard de dollars qui a aidé à financer le plan d’intervention d’IFC pour répondre à la COVID-19 de 8 milliards de dollars. Affichant une valeur de plus de 3,4 milliards de dollars dans le livre d’ordres, l’opération a été très bien reçue, ce qui témoigne de l’intérêt marqué des investisseurs pour atténuer les problèmes sociaux. IFC a plus que doublé ses émissions cumulées d’obligations sociales et, en 2020, les émissions d’obligations sociales à l’échelle mondiale se sont chiffrées à 142 milliards de dollars. C’est une nette augmentation par rapport à 2019. Nous croyons que les émissions d’obligations sociales pourraient se chiffrer à près de 200 milliards de dollars cette année. D’ailleurs, nous prévoyons de dépasser 15 milliards de dollars en émissions cumulées d’obligations sociales d’ici la fin de l’année. J’espère vraiment que le marché des obligations durables continuera de croître, et à un rythme plus rapide. Cette année, les émissions ont déjà dépassé celles à la même période en 2020. Alors que le monde se concentre de plus en plus sur les enjeux liés aux changements climatiques, à la résilience et aux inégalités, je crois que les obligations durables seront de plus en plus recherchées par les investisseurs institutionnels.
Gennadiy Goldberg : Maintenant, John, une question un peu plus technique qui pourrait aussi intéresser les spectateurs. La transition du taux LIBOR a souvent fait les manchettes au cours des dernières années. Est-ce que cette transition a changé votre approche en matière de financement, puisque vous financez des projets partout dans le monde? Est-ce que le rythme variable de la transition en plusieurs devises a compliqué les choses pour vous?
John Gandolfo : Comme la plupart des sociétés qui émettent des titres sur les marchés et qui exercent leurs activités sur les marchés des produits dérivés, la transition du LIBOR a eu des répercussions sur presque toutes nos activités. Nous avons effectué une analyse approfondie des répercussions de la transition du LIBOR dans l’ensemble de la société, notamment pour les prêts, le financement, les placements en liquidités, la comptabilité et les technologies de l’information, et aussi pour nos portefeuilles actuels et nos programmes de mobilisation. IFC surveille l’évolution des marchés et s’efforce d’assurer une transition en douceur. Nous collaborons avec des partenaires du secteur financier et, en particulier, avec les autres banques multilatérales de développement et d’autres institutions financières de développement.
Le processus de transition du taux LIBOR au taux SOFR est en constante évolution. C’est un changement important qui touche tous les participants des marchés financiers à l’échelle mondiale, et nous avons pris des mesures importantes jusqu’à maintenant. Nous avons émis un premier échange au taux SOFR, ce qui a été une étape importante pour l’abandon du taux LIBOR par IFC. En date d’aujourd’hui, dans notre programme de financement, nous avons émis et échangé près de 1 milliard de dollars au taux SOFR. À l’avenir, par l’échange de toutes nos nouvelles émissions d’obligations ordinaires dans plusieurs devises au taux SOFR, nous espérons contribuer à l’accélération du développement des marchés du taux SOFR et à une transition plus facile pour nos clients.
Laura O’Connor : Merci, John. Selon vous, quelles seront les répercussions à long terme de cette expérience?
John Gandolfo : Au sein du Groupe de la Banque mondiale, on parle beaucoup de développement vert, résilient et inclusif. À mesure que le Groupe de la Banque mondiale poursuit sa réponse à la pandémie de COVID-19, on se tourne vers l’avenir alors que la pauvreté, les changements climatiques et les inégalités deviennent des enjeux déterminants de notre époque. C’est essentiel que les pays réalisent une croissance économique durable sans saccager l’environnement ou aggraver les inégalités. Le Groupe de la Banque mondiale combine des solutions à court et à long terme pour aider les pays en voie de développement à se préparer à l’après COVID-19 de manière à mener une reprise verte, résiliente et inclusive.
En tant que plus important fournisseur de financement climatique aux pays en voie de développement, nous travaillons à aider les pays à réaliser une croissance verte. Nous intégrons les enjeux climatiques dans toutes nos études diagnostiques et stratégiques par pays. De plus, nous déployons d’importants efforts pour soutenir les contributions des pays, déterminées à l’échelle nationale, pour respecter les principes et les objectifs des engagements de l’Accord de Paris. Nous redoublons d’efforts pour aider les pays à renforcer leur résilience sur tous les plans, notamment par la construction d’infrastructures résilientes, la mise en place de protocoles d’intervention d’urgence, l’offre de financement relatif aux risques de catastrophe, la création de filets de sécurité et l’offre de solutions de transfert des risques. Au cours de la dernière année, le Groupe de la Banque mondiale a opéré une augmentation sans précédent de ses activités de protection sociale pour aider les pays à planifier et à mettre en œuvre des mesures de protection sociale urgentes. J’espère vraiment qu’à l’avenir, après être passé au travers de la pandémie, le monde se mettra à penser plus au développement vert, résilient et inclusif. Merci.
Gennadiy Goldberg : Merci, John, d’avoir pris part à notre conversation. Et merci à tous d’être là.
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Gennadiy Goldberg
Stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD
Gennadiy Goldberg
Stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD
Gennadiy Goldberg
Stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD
Gennadiy Goldberg est directeur et stratège, Taux américains à Valeurs Mobilières TD; il effectue des recherches et fournit des commentaires sur les marchés relativement aux taux d’intérêt et à l’économie américaine. Gennadiy se concentre sur les titres du Trésor, les swaps, les titres du Trésor protégés contre l’inflation, les titres de créance d’institutions supranationales et d’organismes gouvernementaux, ainsi que les titres de créance ESG.
Laura O'Connor
Directrice générale, Montage et Syndication, Titres à revenu fixe, Valeurs Mobilières TD
Laura O'Connor
Directrice générale, Montage et Syndication, Titres à revenu fixe, Valeurs Mobilières TD
Laura O'Connor
Directrice générale, Montage et Syndication, Titres à revenu fixe, Valeurs Mobilières TD
Laura est responsable du montage du financement par emprunt pour les emprunteurs du secteur public à l’échelle mondiale. Elle est également responsable des clients des institutions financières en Europe pour l’éventail complet des marchés monétaires d’emprunt offerts par l’entremise de la plateforme de Valeurs Mobilières TD.