Bonjour. Merci beaucoup de vous joindre à moi pour cette pause-café stratégique au cours de laquelle on va discuter des perspectives sur les produits de base pour 2022.
Je m’appelle Bart Melek et je suis chef mondial, Stratégie relative aux produits de base à Valeurs Mobilières TD.
Dans le cadre de la discussion, je vais aborder la façon dont l’évolution des habitudes de consommation à l’échelle mondiale, le ralentissement de la croissance économique et la normalisation des tendances de l’offre vont faire baisser les prix des produits de base en 2022 par rapport à leurs sommets.
Je vais aussi expliquer comment les problèmes énergétiques persistants en Asie et en Europe au cours de l’hiver et la rigueur de l’OPEP+ vont permettre d’éviter une débâcle pure et simple des prix des produits de base, comment ces développements vont servir de tampon contre l’affaiblissement prévu de la croissance économique et les hausses de l’offre à venir.
En même temps, je vais mettre en évidence le risque croissant lié à une forte contre-performance économique de la Chine, au maintien d’une inflation élevée pendant plus longtemps et aux répercussions des hausses imprévues des taux d’intérêt sur les prix des produits de base.
J’ai l’impression que les problèmes potentiels en Chine, ce qui ne constitue pas notre scénario de base, et les hausses des taux d’intérêt pourraient bien faire dérailler les prix des produits de base et provoquer une débâcle.
Les marchés des produits de base, après avoir connu une excellente année, devraient connaître un rythme modéré en 2022, principalement en raison d’un ralentissement de la vigueur de la reprise, d’une modération du rythme de la croissance économique et d’une normalisation généralisée des habitudes de consommation.
Tout au début de la pandémie, ou du moins dans les pires moments de la pandémie, les habitudes de consommation ont sensiblement changé. Il y a une réorientation vers les biens durables et les biens de consommation qui nécessitent un apport d’énergie et des intrants physiques liés aux produits de base. Ce changement est principalement dû au fait que les gens, encore confinés à domicile, ne pouvaient pas consacrer de dépenses liées aux services, un secteur qui représente normalement une part beaucoup plus importante de l’activité économique.
Ce sont cette hausse des besoins en matière de biens durables et les contraintes du côté de l’offre liées à la COVID-19, allant des problèmes logistiques à la pénurie de main-d’œuvre et au manque de capacité, qui ont provoqué de fortes hausses de prix. En même temps, la politique monétaire très expansionniste et les dépenses budgétaires ont aussi contribué aux importants flux de capitaux dans ces secteurs, donnant lieu à une hausse généralisée, allant du pétrole aux métaux de base. De plus, pour ce qui est de la production de pétrole, l’OPEP+ a maintenu l’offre limitée.
Alors qu’on passe en 2022 et que le monde se normalise, un virage va s’opérer des biens durables, qui ont fait l’objet d’une surconsommation, vers les services, qui vont commercer à connaître une hausse. Du côté de la demande, l’utilisation des produits de base va donc être moins intense. En même temps, on pense qu’une bonne partie des problèmes liés à l’offre, comme la logistique et la pénurie de main-d’œuvre, vont se résoudre, ce qui devrait alléger bon nombre des contraintes qui ont fait grimper les prix du pétrole, du cuivre et d’autres métaux industriels.
À l’inverse, l’or devrait continuer de bien se comporter, principalement parce qu’on s’attend à ce que l’inflation soit assez élevée. De plus, on continue de s’attendre à d’importantes mesures d’assouplissement monétaire dans un avenir prévisible, ce qui va se traduire par des taux réels fortement négatifs pour la majorité de la courbe des taux.
Par ailleurs, j’aimerais souligner certains risques qui pèsent sur ces perspectives. Même si l’on ne pense pas que ce soit une forte possibilité à ce stade, la croissance chinoise pourrait être beaucoup plus faible que prévu. En même temps, l’inflation pourrait demeurer plus élevée pendant plus longtemps, ce qui signifie que les taux d’intérêt pourraient être à des niveaux beaucoup plus restrictifs ou plus élevés. Il s’agirait de bien mauvaises nouvelles pour les produits de base. Cela va certainement provoquer une importante débâcle, principalement en raison de la baisse de la demande et de la libération des ressources pour produire plus de produits de base, comme le cuivre et le zinc, en raison de la disponibilité accrue de l’électricité.
À l’inverse, une hausse des taux d’intérêt va fort probablement entraîner la réaffectation d’une plus grande part du capital au détriment des produits de base, ce qui accentuerait davantage cette baisse. Alors, même si l’on s’attend à ce qu’il y ait une correction vu tous les facteurs que j’ai mentionnés, la correction ne va pas être énorme, car les changements structurels vont empêcher l’offre de revenir à la normale. L’offre va augmenter, mais l’augmentation ne va pas être assez forte pour causer une débâcle. Donc, on a revu quelque peu à la baisse les perspectives concernant les produits de base, mais pas celles concernant une débâcle. Il y a un certain risque de connaître une débâcle provoquée par une inflation et des taux plus élevés que prévu et une détérioration de la Chine.
Merci beaucoup d’avoir été à l’écoute. Je m’appelle Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base à Valeurs Mobilières TD. Comme toujours, n’hésitez pas à communiquer avec nous si vous avez d’autres points dont vous aimeriez discuter en détail. Merci beaucoup. Je vous souhaite une bonne année!