Perspectives mondiales 2025 : Éviter, esquiver, écarter, éluder et DOGE
Par : Richard Kelly, James Rossiter, Gennadiy Goldberg, Andrew Kelvin, Mark McCormick, Bart Melek
nov. 18, 2024 - 8 minutesAperçu :
- Macroéconomie mondiale : Il faudra s’attendre à une intensification de l’incertitude géopolitique et à des guerres commerciales l’année prochaine, ce qui aura d’importantes conséquences pour l’économie mondiale.
- Taux mondiaux : La situation sera mouvementée, mais le sort du marché des taux reposera en fin de compte sur la Réserve fédérale américaine.
- Opérations de change à l’échelle mondiale : L’économie politique façonnera le marché des changes, car les facteurs relatifs aux actions, à la croissance et au portage constitueront les premiers facteurs favorables pour le dollar américain.
- Produits de base : Les supercycles sont interrompus en raison de l’atténuation des pénuries d’approvisionnement observées durant la pandémie de COVID-19 et de la faiblesse de la demande.
Désormais, seule la mise en œuvre des politiques est déterminante pour brouiller les cartes sur les marchés. Modéliser les répercussions des droits de douane est assez simple, tandis que modéliser la réforme de l’immigration est plus complexe. Quant à l’efficacité des politiques publiques et aux réformes budgétaires ou réglementaires de plus grande ampleur, nul ne sait ce qu’il en résultera. Nous avons présenté les options possibles, mais sans les politiques définitives, le calendrier et la mise en œuvre, nous ne disposons pas des renseignements dont nous avons besoin.
Par conséquent, nous formulons plus d’hypothèses que nous n’avons de certitudes :
- Les politiques américaines conduiront à une hausse de l’inflation aux États-Unis et à une baisse de la croissance mondiale plus importante que prévu.
- Des efforts seront consentis pour compenser le ralentissement de la croissance aux États-Unis.
- Les plans de réduction d’impôts seront limités par la nécessité d’accroître les revenus.
- La mise en œuvre des politiques aux États-Unis n’est pas garantie, les républicains ne disposant que d’une faible majorité à la Chambre des représentants.
- Les marchés continuent de faire fi des risques budgétaires.
Toutefois, les États-Unis ne représentent que la moitié du casse-tête; le risque politique fonctionne dans les deux sens. Bien que l’accent soit mis sur la première vague de mesures en provenance des États-Unis, nous nous attendons également à ce que des limites soient fixées au-delà des frontières américaines.
Première chronologie des risques liés aux événements pour 2025
Perspectives macroéconomiques mondiales
Les chocs importants subis par l’économie mondiale et les politiques seront moins prévisibles
À l’approche de 2025, nous entrevoyons un monde caractérisé par une incertitude accrue et une plus grande divergence sur le plan régional.
Le mandat de Donald Trump est synonyme d’une hausse de l’inflation aux États-Unis et d’un affaiblissement de la croissance mondiale. Nous nous attendons toutefois à ce qu’il y ait plus de peur que de mal. Ainsi, tout en tenant compte d’une hausse de l’inflation imputable aux droits de douane et d’un choc (limité) sur la main-d’œuvre découlant des politiques migratoires aux États-Unis, nous n’envisageons qu’un léger affaiblissement de la croissance chez nos principaux partenaires commerciaux.
Aux États-Unis, les droits de douane et la politique d’immigration devraient faire grimper l’inflation de près d’un point de pourcentage d’ici le début de 2026, ce qui finira par peser sur la croissance et aura un impact non négligeable sur la politique monétaire. Compte tenu du ralentissement du marché de l’emploi et de la croissance des salaires, nous prévoyons un ralentissement de la croissance du revenu global; le taux de chômage, lui, devrait plafonner à 4,4 % en 2025.
Pour ce qui est de la Réserve fédérale américaine (Fed), nous prévoyons une réduction de 25 points de base (pdb) en décembre 2024 suivie d’une pause de six mois. Ce n’est qu’au second semestre de 2025 – une fois que les répercussions des droits de douane et de la politique d’immigration sur la croissance auront commencé à se faire sentir – que le Federal Open Market Committee (FOMC) devrait reprendre sa trajectoire de baisse des taux, ramenant le taux des fonds fédéraux à son taux neutre de 3,00 % d’ici le printemps 2026.
Les perspectives de croissance mondiale sont axées sur les droits de douane américains
Chine : Le bureau politique chinois s’est engagé à accroître son soutien à l’économie. La Chine sera sévèrement touchée par les droits de douane de 40 % imposés par les États-Unis dans l’ensemble. Nous nous attendons à ce que les décideurs fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour substituer une demande intérieure à la demande d’exportation perdue.
Canada : Selon notre scénario de base, le Canada bénéficiera d’une exemption de tout nouveau droit de douane américain, bien que la révision de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (AEUMC) en 2026 présente un certain risque. En supposant une baisse de 50 pdb en décembre 2024, nous nous attendons à quatre autres baisses de 25 pdb au cours du premier semestre de 2025, ce qui porterait le taux du financement à un jour à 2,25 % d’ici le mois de juin.
Europe : La région sera sans doute confrontée à l’un des plus grands défis de l’année 2025, la situation géopolitique étant quasiment vouée à avoir un impact négatif sur la croissance. L’Europe devrait être doublement touchée par les droits de douane américains et le fait que la Chine refilera probablement les coûts sur ses produits en réponse aux droits de douane imposés par les États-Unis. La Banque centrale européenne (BCE) devrait abaisser son taux en dessous du taux neutre, à 2,00 %, d’ici juin, tandis que l’inflation persistante incitera probablement le Royaume-Uni à procéder à des baisses plus prudentes et à faire une pause à 3,50 % à partir du mois d’août.
Taux directeurs réels
Perspectives des taux mondiaux
Trop d’effet de récence
La trajectoire des marchés de taux mondiaux dépendra de l’évolution des taux de la Fed à plus long terme. Partout dans le monde, nous observons certains marchés où l’équilibre des risques semble mal évalué.
Pour ce qui est des répercussions prévues, la mauvaise évaluation la plus importante a été observée aux États-Unis, où les marchés n’avaient prévu que trois autres réductions de 25 pdb d’ici la fin de 2025. Cela s’explique en partie par le fait que les marchés accordent trop d’importance aux récentes données américaines supérieures à la tendance, mais donne également à penser qu’une trop grande certitude entoure la réponse de la Fed quant aux répercussions inflationnistes de la future administration Trump.
Les marchés pourraient surévaluer les possibilités d’un assouplissement en Europe, tandis que la Banque du Canada (BdC) pourrait adopter une position nettement plus accommodante.
Les évaluations bon marché au Royaume-Uni devraient permettre aux obligations du gouvernement britannique de suivre le rythme des obligations du Trésor américain au cours de la remontée de 2025. Qui plus est, compte tenu des trajectoires budgétaires relatives, nous sommes d’avis que les obligations du gouvernement britannique et celles du Trésor devraient se négocier selon les mêmes conditions.
Les obligations australiennes à 10 ans semblent relativement bien évaluées par rapport aux obligations à plus long terme, et comme la Banque de réserve de l’Australie devrait maintenir ses taux inchangés jusqu’au deuxième semestre de 2025, nous considérons les obligations du gouvernement du Commonwealth australien comme étant les mieux placées pour se détacher efficacement du marché des obligations du marché des titres du Trésor. Les taux de revenu des obligations du gouvernement du Commonwealth australien à 30 ans pourraient connaître une légère hausse.
L’offre mondiale fléchit, mais ne touche pas un point de rupture
La politique budgétaire demeure très souple par rapport aux normes d’avant la pandémie, ce qui laisse entrevoir une nouvelle offre abondante pour 2025.
Nous prévoyons une offre nette de titres du Trésor de 1 890 milliards de dollars américains pour l’exercice 2025, ce qui représente une légère hausse tant sur le plan nominal que sur celui de la durée par rapport à l’exercice précédent. L’ampleur du déficit américain soulève immanquablement des questions quant à sa viabilité. Selon nous, le déficit ne sera pas un thème abordé en 2025.
Nous nous attendons à ce que l’offre d’obligations d’État européennes atteigne 1 300 milliards d’euros l’année prochaine, soit un niveau légèrement inférieur à celui de 2024, mais toujours élevé. La situation est semblable au Royaume-Uni, au Canada et en Nouvelle-Zélande, où les niveaux d’émissions ne changeront guère par rapport à 2024. Toutefois, l’Australie est un marché à surveiller, car nous prévoyons une augmentation de plus de 50 % des émissions brutes pour le prochain exercice.
La courbe américaine témoigne du fait que le taux de la Fed devrait se stabiliser autour de 3,75 %
Perspectives du marché des changes à l’échelle mondiale
L’économie politique redessine le marché des changes
Nous prévoyons une évolution des thèmes et des moteurs au cours de l’année à venir, ce qui reflète un changement potentiel dans le paysage du commerce et des marchés mondiaux. Nombre de participants au marché considèrent la géopolitique et l’économie politique comme des risques extrêmes par rapport au contexte fondamental du marché. Nous ne souscrivons pas à ce point de vue et insistons sur le fait qu’au cours de la dernière décennie, l’économie politique a transformé les moteurs des marchés mondiaux, infirmant ainsi ce raisonnement.
Le principal point à retenir de 2024 – et à relayer – en 2025 est que le retour à la moyenne est roi. Les stratégies de change les plus performantes, par exemple, n’étaient pas fondées sur des analyses fondamentales ou macroéconomiques comme la plupart des stratégies après la pandémie. Au contraire, elles ont privilégié un retour à la moyenne en mettant l’accent sur le positionnement et les évaluations.
Le long et tortueux parcours
Le dollar américain devrait demeurer en hausse au début de 2025, d’autant plus qu’il se classe parmi les principaux thèmes qui, selon nous, influenceront les marchés en début d’année. Les indicateurs de données à haute fréquence montrent que les États-Unis ont un avantage sur la Chine et la zone euro. Notre indicateur de régime de croissance mondiale est passé de justesse en territoire haussier pour le dollar américain, et nos essais à rebours montrent que le billet vert a tendance à se redresser dans ce type de contexte.
La première phase de la nouvelle présidence de Donald Trump consiste à provoquer une incertitude commerciale à l’échelle mondiale dans le but de refondre les politiques. Le premier effet est une hausse du dollar américain, en raison de l’impact des tensions commerciales mondiales et des annonces relatives aux droits de douane connexes qui visent à exercer des pressions sur les autres pays. Même si le président Trump n’atteint pas les cibles qu’il s’est fixées lors de sa campagne, la perspective d’une rupture du statu quo entraînera probablement un affaiblissement des monnaies en Europe et en Asie, le yen constituant probablement une exception.
Dès le début, les relations commerciales avec la Chine feront l’objet d’une attention particulière. Nous pensons que le deuxième effet de cette perturbation et la vigueur du dollar américain qui devrait en résulter pourraient conduire à un accord entre les États-Unis et la Chine au fil du temps. Toutefois, avant cela, la température montera et les tensions commerciales grimperont. Cette situation pourrait entraîner une hausse du dollar américain par rapport au yuan chinois afin de compenser le choc de croissance imminent.
L’année dernière a été marquée par un tournant parmi les principaux moteurs thématiques du marché des changes
Rendement des facteurs ajustés au risque de l’indice de fiche de pointage sur le plan macroéconomique, classés selon un rendement sur 5 ans
Perspectives des produits de base
La Chine, l’abondance de l’offre et l’optimisme moindre au sujet des taux font légèrement baisser les produits de base
L’or a récemment atteint des sommets historiques, les marchés ayant réagi aux attentes à l’égard d’une baisse rapide du taux cible des fonds fédéraux de la Fed, à l’incertitude politique aux États-Unis, aux risques géopolitiques ainsi qu’aux achats massifs des banques centrales et des investisseurs. Toutefois, l’impact de ces facteurs favorables sur l’or devrait probablement plafonner. Compte tenu de l’évolution de la trajectoire des taux d’intérêt, de la vigueur du dollar américain et du ralentissement des achats de métaux physiques en pièces et en lingots par les banques centrales et les investisseurs, le marché pourrait se préparer à consolider les gains récents.
L’argent devrait afficher des rendements supérieurs. L’amélioration de la demande dans un contexte de raffermissement des économies chinoise et américaine plus tard en 2025 devrait renforcer le marché de l’argent qui souffre d’une insuffisance chronique de l’offre, car les stocks excédentaires en quête d’acheteurs devraient se résorber. Le métal blanc risque d’être soumis à des pressions, car la reprise de la demande asiatique absorbe les stocks récemment accumulés à la suite du ralentissement de l’économie chinoise, et la capacité de traitement des métaux de base sous forme de concentrés s’accroît. La façon dont la nouvelle administration Trump gère les engagements de la Inflation Reduction Act, les questions climatiques et les droits de douane sur les produits chinois contenant de l’argent sera déterminante pour le rendement du métal.
La Chine a été le principal moteur de la demande de produits de base au cours des 20 dernières années – Il est difficile d’envisager de nouvelles reprises dans un contexte de contre-performances de l’empire du Milieu
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