Annonce de la Banque du Canada en juillet : pas dans la demi-mesure
Par : Andrew Kelvin, Robert Both, et Mazen Issa
11 juillet 2022
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4 Minutes 30 Secondes
Il y aura peu de place pour les nuances lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada, qui risque d’annoncer une augmentation de 75 (points de base) pdb se traduisant par un taux directeur à 2,25 %. Cela reste une politique modérée et la Banque du Canada a souligné à plusieurs reprises que nous sommes toujours dans une économie de demande excédentaire. L’inflation continue de se rapprocher de sommets vieux de plusieurs décennies et des analyses récentes révèlent qu’il est encore bien difficile de prévoir où cela va s’arrêter. Si nous sommes bel et bien dans une économie de demande excédentaire, il faut amener les taux directeurs en territoire restrictif dès que possible.
En bref, la seule chose responsable à faire est de relever les taux autant que les marchés le permettront. Une baisse surprise des taux en juillet minerait fortement la crédibilité de la Banque du Canada et risquerait d’accentuer encore la hausse de l’inflation qui est attendue. Par conséquent, nous pensons qu’une hausse de 50 pdb ce mois-ci est peu probable.
La fortune sourit aux politiques audacieuses
Nous pensons même que l’hypothèse d’une hausse de 100 pdb peut se défendre. Si l’on applique la règle de Taylor, le taux directeur dépassera 4,00 % d’ici la fin du trimestre en cours, en tenant compte des mesures de l’écart de production publiées par la Banque du Canada. Et comme cette dernière considère que ces indicateurs surestiment la sous-utilisation des capacités dans l’économie, un taux prescrit de 4,50 % semble même être une hypothèse prudente. Bien que l’annonce d’une augmentation de 100 pdb enverrait un signal fort de sa volonté de juguler l’inflation, nous doutons que le Conseil de direction ose prendre une décision aussi incisive à moins que les marchés ne l’y poussent (la courbe des swaps indexés sur le taux d’intérêt à un jour mise actuellement sur un resserrement de 73 pdb pour la réunion de juillet).
Si la crainte d’un ralentissement de la croissance plus rapide que prévu est légitime, elle ne devrait pas peser sur la décision de la Banque du Canada en juillet. La croissance au deuxième trimestre devrait vraisemblablement encore être supérieure à 4,0 %, et l’inflation devrait augmenter de nouveau à la suite de l’annonce de juin. La perte de confiance des consommateurs et la baisse soudaine des prix des maisons sont deux importantes sources de préoccupation, mais l’ampleur du ralentissement au second semestre de 2022 aura davantage d’influence sur le taux final. Le problème immédiat de la Banque du Canada ce sont les attentes d’inflation, qu’il faut endiguer par des hausses de taux immédiates. Nous nous attendons à des hausses de 50 pdb lors des réunions de septembre et d’octobre, même si selon l’enquête sur les perspectives des entreprises il y a un risque élevé d’une hausse de 75 pdb en septembre.
Redoubler d’ardeur sur les attentes d’inflation
Le ton du communiqué et de la conférence de presse s’annonce musclé. Il n’y a absolument rien à gagner à entretenir le flou. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada répète qu’il faut encore augmenter les taux d’intérêt et qu’elle est prête à y aller plus fort si nécessaire. Nous ne pensons pas qu’elle souhaite délibérément que son commentaire soit perçu comme annonciateur d’une augmentation de 100 pdb, mais à ce stade il n’y aurait absolument aucun intérêt à tenter d’adoucir le message.
L’inflation devrait être au cœur des préoccupations et nous nous attendons à ce que la Banque du Canada avertisse qu’elle continue à s’étendre. Nous ne serions pas surpris si le ton sur ce sujet était légèrement alarmiste et nous pensons qu’elle va réitérer son engagement à utiliser ses outils politiques pour contenir l’inflation (et les attentes d’inflation). La description de la croissance canadienne devrait rester relativement optimiste et axée sur la consommation de services et les investissements des entreprises, sans pour autant omettre de mentionner le net ralentissement de l’activité immobilière. Les perspectives de croissance mondiale devraient toutefois être plus prudentes, compte tenu des signes récents de ralentissement aux États-Unis et en Europe. La Banque du Canada devrait souligner les répercussions des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, de la guerre en Ukraine et des prix élevés des produits de base.
Répercussions sur les marchés des taux
Nous prévoyons que l’impact sur les marchés des taux sera minime, puisqu’une augmentation de 75 pdb a presque été entièrement prise en compte. La volonté de fermeté pourrait se traduire par une légère hausse des taux de deux à cinq ans, sous l’effet d’une hausse des prix pour les trois ou quatre prochaines réunions sur la marge, mais le Canada a subi les récentes fluctuations des marchés, et ce n’est pas un consensus lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada qui pourra changer cela. C’est toujours pour les écarts des taux entre le Canada et les États-Unis que nous avons le plus de certitudes, car nous trouvons que les obligations du Gouvernement du Canada sont bon marché par rapport aux bons du Trésor américain pour toutes les échéances.
Répercussions sur les marchés des changes
Le dollar canadien est confronté à un dilemme cornélien. La plus récente enquête sur les perspectives des entreprises a révélé que la Banque du Canada a un problème d’attentes d’inflation et qu’elle aura besoin d’une position résolue pour le combattre. Toutefois, plus ses politiques seront agressives, plus elle devra hausser ses taux rapidement ou inévitablement mettre en difficulté les ménages surendettés.
La courbe des swaps indexés sur le taux d’intérêt à un jour mise déjà largement sur une hausse de 75 pdb lors de la prochaine réunion et sur une hausse presque aussi importante en septembre. Par conséquent, même si la Banque du Canada a recours à des hausses consécutives de 75 pdb (voire à des hausses-surprises de 100 pdb dès maintenant ou plus tard), nous anticipons que le déséquilibre macroéconomique sera exacerbé (en ce qui a trait à l’endettement des ménages) et devra se refléter sur le dollar canadien. Étant donné que l’Indice des prix à la consommation des États-Unis sera publié le même jour que la décision de la Banque du Canada et qu’il devrait être aussi solide que le dernier rapport qui avait mené à la hausse de 75 pdb de la Réserve fédérale américaine, le dollar américain risque de monter encore. Par conséquent, nous pensons qu’il vaudra probablement autour de 1,35 $ CA au cours des prochaines semaines. Du point de vue du positionnement/de l’évaluation, le dollar canadien semble encore beaucoup trop aimé. De plus, nous croyons que les perspectives de confiance à l’égard du risque demeurent incertaines, car le marché sous-estime jusqu’où la Réserve fédérale américaine est susceptible d’augmenter ses taux.
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Andrew Kelvin
Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD
Andrew Kelvin
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Andrew Kelvin
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Andrew contribue aux commentaires sur l’économie de notre société et offre des conseils sur l’évolution des marchés des obligations d’État. Avant de se joindre à nous, il a travaillé pendant quatre ans au sein du département des Marchés internationaux et du département des Marchés financiers de la Banque du Canada, où il était responsable des analyses et des prévisions de l’économie américaine, y compris de la couverture de l’évolution des marchés.
Robert Both
Vice-président et stratège, Macroéconomie, Valeurs Mobilières TD
Robert Both
Vice-président et stratège, Macroéconomie, Valeurs Mobilières TD
Robert Both
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Robert fournit des recherches et des analyses sur l’économie et les marchés financiers au Canada à un large éventail de clients commerciaux et institutionnels. Il est entré au service de Valeurs Mobilières TD en 2015.
Mazen Issa
Stratège principal, Opérations de change, Valeurs Mobilières TD
Mazen Issa
Stratège principal, Opérations de change, Valeurs Mobilières TD
Mazen Issa
Stratège principal, Opérations de change, Valeurs Mobilières TD
Mazen couvre tous les aspects de la stratégie de change du G10. Auparavant, il était stratège principal, Macroéconomie à Toronto, couvrant tout particulièrement le Canada. Avant de se joindre à Valeurs Mobilières TD en 2010, M. Issa a travaillé pendant plusieurs années à BCA Research, à Montréal, au sein de l’équipe de la stratégie des titres à revenu fixe mondiaux. À ce titre, il était responsable de fournir des analyses macroéconomiques et des recommandations de placement pour les marchés développés.