Réunion du Federal Open Market Committee de mars : La hausse qui n’a pas eu lieu

24 mars 2023 - 3 minutes 30 secondes
Exterior photo of the Federal Reserve Board building in Washington, D.C.

Conformément aux attentes, le Federal Open Market Committee (FOMC) a procédé à une hausse des taux d’intérêt en relevant de 25 points de base (pbd) la fourchette cible des fonds fédéraux, qui s’établit désormais entre 4,75 % et 5,00 %. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), M. Powell, a évoqué l’inflation de base obstinément élevée et la pénurie de main-d’œuvre pour inciter le FOMC à poursuivre le resserrement de sa politique financière. Toutefois, le FOMC a modifié son orientation prospective, ne croyant plus que des hausses soutenues seront appropriées et considérant désormais qu’un resserrement supplémentaire de la politique monétaire pourrait être convenable. Cette situation résulte en grande partie de l’incertitude croissante provoquée par les récents événements survenus dans le secteur bancaire. Cela dit, le président Powell a également présenté une approche à deux volets pour séparer la politique monétaire des récentes préoccupations liées à la stabilité financière. Celle-ci prévoit l’utilisation du taux d’escompte et du nouveau mécanisme d’accès aux liquidités Bank Term Funding Program (BTFP) pour garantir des conditions de marché suffisamment liquides pour les banques.

Malgré les récentes données sur l’inflation et le marché du travail qui se sont avérées plus solides que prévu, la déclaration et les observations du président indiquent clairement que le FOMC a tenu compte de l’éventuel impact négatif des récentes turbulences sur les marchés des capitaux et de l’incertitude qui entoure leur gravité. Comme l’a indiqué le président Powell au cours de la séance de questions et réponses qui a suivi la réunion, ce qui est ressorti de la réunion du FOMC, c’est que de nombreuses personnes ont déclaré s’attendre à un léger resserrement des conditions de crédit et que ce contexte aurait les mêmes effets que les politiques de la Fed. Par conséquent, ces personnes en tiennent compte dans leur évaluation, mais si ce n’était pas le cas, d’autres relèvements de taux d’intérêt seraient nécessaires.

Fondamentalement, les données objectives et le retard qu’a pris la Fed en matière de lutte contre l’inflation justifiaient un taux final des fonds fédéraux plus élevé que celui suggéré dans le résumé des projections économiques de décembre. Néanmoins, la forte incertitude provoquée par l’instabilité récente des marchés financiers a incité le FOMC à ne pas pleinement s’engager à effectuer d’autres hausses au-delà de la réunion de mai.

À la lumière des données objectives, la Fed a encore un long chemin à parcourir avant de reprendre le contrôle de l’inflation. Les moyennes mobiles sur trois et six mois des variations de la masse salariale semblent s’être stabilisées autour de 300 000 $, et la hausse des salaires reste trop élevée par rapport à l’objectif d’inflation de 2 % que s’est fixé la Fed. Cela ne signifie pas qu’un ralentissement du marché du travail est à prévoir prochainement. Or, ce ralentissement est nécessaire pour freiner l’inflation dans le secteur des services. De ce fait, la hausse de l’inflation des services de base, excluant le logement, reste élevée, sa moyenne se situant bien au-dessus de celle observée avant la pandémie de COVID-19.

La Fed n’aura pas procédé à sa dernière hausse en mai

De toute évidence, la Fed a impérativement besoin que le marché de l’emploi ralentisse. Compte tenu des modèles de la courbe de Phillips qui varient selon nos perspectives d’inflation pour 2023 ainsi que de notre prévision de la trajectoire du taux chômage qui tient compte d’une récession à partir du quatrième trimestre 2023, nous prévoyons que l’inflation de base des dépenses personnelles de consommation sera stable à l’aube de 2024. Cette prévision reste valable même si notre scénario tenait compte d’une hausse de 2 % de l’inflation de base des dépenses personnelles de consommation au lieu de s’appuyer sur l’idée qu’une inflation plus élevée s’installerait avec le temps.

Si l’on tient compte de tous ces facteurs, le point culminant du taux des fonds fédéraux devrait, à notre avis, dépasser le niveau envisagé dans le résumé des projections économiques de décembre. En principe, le récent resserrement des conditions financières et ses répercussions sur l’économie pourraient avoir le même effet qu’un raffermissement supplémentaire, ce dont la Fed a besoin. Cependant, les récentes turbulences survenues dans le secteur financier semblent relativement modestes, sont peut-être du même ordre que l’effet d’une hausse supplémentaire de 25 pdb et devront perdurer pour avoir un impact macroéconomique sensiblement plus important. Par conséquent, nous nous attendons à ce que les données à venir relatives à l’inflation de base et au marché de l’emploi restent solides, ce qui obligera la Fed à augmenter ses taux au-delà de la réunion de mai, avant de fixer une fourchette cible finale de 5,25 % à 5,50 % lors de la réunion de juin. Nous prévoyons donc une augmentation de 25 pdb au cours des réunions de mai et de juin. Même si nous prévoyons toujours que l’économie entre en récession au quatrième trimestre, nous nous attendons toujours à une baisse des taux à partir de la réunion de décembre ainsi qu’à une réduction totale de 275 pdb d’ici la réunion de septembre 2024.

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Portrait de Jan Groen


Jan Groen Stratège en chef, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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Vice-président et stratège, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières

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Directrice générale et chef mondiale, Stratégie liée aux taux, Valeurs Mobilières TD

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Directeur et stratège principal, Taux américains, Valeurs Mobilières TD

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US Rates Strategist

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US Rates Strategist

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Directeur et stratège principal, Opérations de change, Valeurs Mobilières TD

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