La voie vers la mise en œuvre du marché des émissions négatives

12 juillet 2022 - 4 Minutes
Image d'une forêt avec un cours d'eau en spirale
Les technologies à émissions négatives (TEN) sont la prochaine frontière. Alors que les sociétés et les gouvernements continuent sur la voie des émissions nettes nulles, les TEN sont la prochaine frontière. Alors que les sociétés et les gouvernements continuent sur la voie des émissions nettes nulles, les réductions d’émissions ne suffisent plus. L’élimination des gaz à effet de serre (GES) nuisibles de l’atmosphère est une étape nécessaire, que le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a qualifiée d’inévitable. Les TEN, aussi appelées technologies d’élimination du carbone, aident à équilibrer les processus et les secteurs qui sont difficiles à décarboniser entièrement.

La ferveur des sociétés, des décideurs et des investisseurs à l’égard des TEN n’a jamais été aussi forte. La First Movers Coalition annoncée à la COP26 a depuis reçu des engagements de plus de 10 G$ US de la part de 50 sociétés et de neuf gouvernements pour soutenir les nouvelles technologies, y compris les TEN. Par conséquent, c’est un sujet qui a dominé tout au long de notre récente conférence virtuelle sur la transition mondiale vers les technologies et l’énergie propres, un événement de trois jours mettant en vedette des chefs de file de ces secteurs.

Susan Thompson, directrice des solutions ESG, fait part de certains des thèmes clés observés tout au long de la conférence sur la mise en œuvre du marché des émissions négatives :

Technologies actuelles et importance de la permanence

Nos panélistes ont convenu que l’étape la plus importante sur la voie de la carboneutralité est d’avoir un plan de décarbonisation en place. Toutefois, ces plans pourraient prendre du temps à être mis en œuvre et à devenir atteignables et abordables du point de vue technologique. Les nouvelles technologies, comme les TEN, offrent une solution temporaire aux entreprises pour qu’elles affichent un bilan net nul à court terme, tandis que pour d’autres, surtout celles des secteurs où les émissions sont difficiles à réduire, les TEN offrent l’occasion d’une décarbonisation complète.

Les TEN aident à éliminer le carbone de l’atmosphère de nombreuses façons, qu’il s’agisse de phénomènes naturels ou de processus élaborés chimiquement. Quelle que soit l’approche adoptée, nos panélistes ont souligné l’importance d’établir des normes rigoureuses pour mesurer les émissions négatives. Une mesure essentielle est la permanence, c’est-à-dire la capacité de garder les émissions hors de l’atmosphère pendant une période raisonnable, car le CO2 ne se désintègre pas complètement. Le succès des technologies d’élimination du carbone est en partie mesuré par la mesure dans laquelle elle permet de capturer ou de stocker le CO2 (et pendant combien de temps).

Certaines solutions ont un haut niveau de permanence. Un exemple est la technologie de captage direct dans l’air, qui capture le CO2 de l’atmosphère et le stocke dans des formations géologiques ou l’utilise, par exemple, dans la production de gaz carboneutre1. La technologie de captage direct dans l’air a le potentiel de jouer un rôle essentiel dans l’atténuation des changements climatiques, devenant ainsi une priorité pour les décideurs. Dans le cadre de son récent régime de crédits compensatoires pour les GES, le gouvernement du Canada a défini la prochaine série de protocoles à élaborer, y compris un protocole sur le captage et le stockage directs du carbone dans l’air. Bien que la technologie ait un haut niveau de permanence, son coût est actuellement élevé.
Une infographie montrant la perméance la plus faible à la plus élevée. De gauche à droite : solutions fondées sur la nature, technologie bioénergétique, technologie de captage direct de l'air (DAC)
Il existe également des solutions axées sur la nature, qui offrent une solution moins chère et plus immédiate, mais la permanence peut être un défi. Les solutions axées sur la nature comprennent la séquestration du carbone dans le sol, la plantation d’arbres et de mangroves et les marais, qui accélèrent les processus naturels qui capturent efficacement le CO2. Toutefois, rien ne garantit que le CO2 capté ne sera pas rejeté plus tard, ce qui remet en question la permanence des solutions alternatives fondées sur la nature. L’un de nos panélistes a donné l’exemple du reboisement : la plantation d’arbres offre une solution relativement rapide et à impact élevé pour capturer le CO2, mais il n’est pas toujours possible de garantir que la forêt demeurera intacte dans quelques années. Les feux de forêt, par exemple, peuvent libérer rapidement tout le carbone piégé. Cela signifie que des solutions technologiques d’élimination du carbone, comme le captage direct dans l’air, seront nécessaires pour compenser les émissions, en particulier celles des secteurs où elles sont difficiles à réduire.

La technologie de la bioénergie, communément appelée la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECSC), capte l’énergie de matériaux à base de plantes (p. ex., à partir de la combustion de granules de bois) et stocke le CO2 produit en profondeur dans le sol. Ce type de technologie se situe quelque part au milieu entre les solutions mentionnées précédemment, en ce qui a trait à la permanence et à l’abordabilité.

Nouveaux défis et nouvelles occasions pour les investisseurs

Les investisseurs sont impatients d’en apprendre davantage sur les TEN, ainsi que sur les occasions et les défis qui y sont associés. Un autre facteur important à prendre en considération est le coût et le potentiel de déploiement de ces technologies émergentes. Le prix du carbone est habituellement inférieur au prix du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone par tonne. Si ces technologies ne peuvent pas s’autofinancer, elles ne seront pas en mesure d’obtenir des investissements suffisants pour produire les résultats nécessaires à grande échelle. À mesure que les technologies de captage, de l’utilisation et du stockage du carbone et d’élimination du carbone prendront de l’ampleur, plus de capitaux seront investis dans ces projets, ce qui rendra les risques beaucoup plus gérables et attirera encore plus de capitaux.

Le soutien réglementaire à long terme est également une considération essentielle pour les investisseurs. Même si des solutions comme le reboisement peuvent avoir des répercussions environnementales immédiates, sans les structures juridiques ou réglementaires appropriées en place pour s’assurer que les avantages sont protégés à long terme, ces répercussions peuvent être de courte durée. À mesure que l’infrastructure réglementaire entourant le captage du carbone prend de l’ampleur, les répercussions potentielles et les nouvelles sources de revenus sur la voie de l’objectif d’émissions nettes nulles augmentent également.

1La source: https://www.iea.org/reports/direct-air-capture

Portrait de Susan Thompson


Directrice des solutions ESG, Valeurs Mobilières TD

Portrait de Susan Thompson


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