De la théorie à la pratique : Les résultats méconnus de la COP26 qui pourraient avoir un impact

11 janvier 2022 - 4 minutes
Plan en contre-plongée d’une forêt.
Au cours du dernier mois, les engagements internationaux en matière de déforestation, d’émissions de méthane et de carboneutralité qui ont été soulignés lors de la COP26 ont permis d’établir des principes organisationnels qui permettront l’élaboration de politiques à court terme. Les organisations publiques et privées semblent s’être mises en mouvement dans le cadre de ce que John Kerry, envoyé spécial du président pour le climat du département d’État américain, appelle « la transformation la plus formidable depuis la révolution industrielle ».

Cette transformation est mise en évidence par certaines annonces récentes de différents intervenants, notamment :
  • Arrêt immédiat du soutien fédéral aux centrales au charbon aux États-Unis
  • Paquet sur l’hydrogène et les marchés du gaz, destiné à décarboniser les marchés européens du gaz et à accélérer la transition vers des carburants durables, dont l’hydrogène
  • Lancement de la taxonomie commune de la Plateforme internationale pour la finance durable, qui vise à comparer et à harmoniser les taxonomies européenne et chinoise
  • Annonce d’Amundi, qui exclura les sociétés dont plus de 30 % des activités sont liées à l’extraction de pétrole et de gaz par des méthodes non classiques
Bien qu’à l’échelle mondiale, l’accent ait été mis sur les engagements des gouvernements, ce sont les engagements pris dans le cadre de partenariats public-privé qui comportent les initiatives sectorielles les plus tangibles comprenant des cibles quantifiées. La plupart de ces mesures ont été annoncées beaucoup plus discrètement que les engagements des gouvernements, qui ont fait les manchettes.

Aperçu des déclarations et des initiatives

Au total, 41 déclarations, engagements et initiatives ont été annoncés à la suite de la COP26. Environ la moitié de ces résultats sont des alliances gouvernementales, 30 % sont des partenariats public-privé et un peu plus de 10 % sont dirigés par le secteur privé.

Malgré les appels à mettre plus d’accent sur l’adaptation, un peu plus de la moitié des résultats de la COP26 sont exclusivement axés sur l’atténuation et comprennent des cibles pour les secteurs de l’énergie, des transports, des bâtiments et le secteur industriel. 40 % d’entre eux portent sur les mesures d’atténuation et d’adaptation, surtout par la conservation et la restauration des forêts et la protection des droits territoriaux des communautés autochtones. Les autres résultats comprennent des déclarations des secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi que des banques de développement multilatérales.

La liste des signataires de chacun de ces résultats en dit long sur les répercussions indirectes des négociations sur le climat dans le cadre de la COP26. Nous avons mis l’accent sur les grandes économies et les plus grands émetteurs, qui définissent les tendances mondiales en matière d’émissions de gaz à effet de serre. En tant qu’hôte, le Royaume-Uni a dirigé ou signé à peu près toutes les déclarations, y compris l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon, et les déclarations sur la marine marchande, l’aviation, les véhicules zéro émission (VZE) et l’agriculture durable. Les États-Unis ont pris part à la plupart des déclarations, tout comme l’Union européenne et ses membres, à quelques surprenantes exceptions près. Le Canada, l’Australie, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et les pays du Moyen-Orient ont choisi leurs déclarations un peu plus judicieusement. Certains d’entre eux étaient étonnamment absents des principales déclarations, notamment la Déclaration pour une transition juste, la Déclaration mondiale sur la transition du charbon vers l’énergie propre, et les déclarations sur les VZE, l’aviation et la marine marchande.

Les résultats sectoriels de la COP26

Voici certains résultats sectoriels de la COP26 qui ont attiré beaucoup moins d’attention que les engagements relatifs au méthane ou à la déforestation, mais qui offrent des occasions d’avoir un impact tout en étant tangibles et prêts à l’investissement. Nous avons également joint un examen détaillé de la liste complète (en anglais seulment).
  • La Déclaration visant à accélérer la transition complète vers les véhicules zéro émission (VZE) engage les signataires du secteur public à remplacer les véhicules de leurs parcs par des véhicules zéro émission d’ici 2025, et les fabricants à ce que les VZE constituent 100 % de leurs ventes d’ici 2035. La Chine, la Russie, le Brésil et les États-Unis ne l’ont pas signée.
  • La Déclaration de Clydebank sur les couloirs de transport maritime écologiques établira six couloirs de navigation verts en effectuant, avec des exploitants et des fabricants de navires, d’importants investissements en efficacité énergétique et en énergie renouvelable dans les ports d’ici 2025. La Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde ne l’ont pas signée.
  • L’International Aviation Climate Ambition Coalition au point un carburant aéronautique propre et développera davantage le Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation (CORSIA). La Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde ne l’ont pas signée.
  • L’initiative Green Grids, dont les signataires s’engagent à établir des lignes de transport internationales qui relient les ressources renouvelables d’un continent à l’autre, à agrandir et à moderniser les réseaux nationaux, à utiliser des VZE et à accroître les mini-réseaux. L’Australie, l’Inde, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni faisaient partie du comité directeur, et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis font partie des signataires importants. L’absence du Canada, du Brésil et de la Russie a été remarquée.
  • La Mission Innovation – Entente de collaboration avec Breakthrough Energy, une initiative dirigée par le secteur privé, engage les signataires à réduire les coûts liés à l’hydrogène, au carburant propre pour les avions, au captage direct de dioxyde de carbone et au stockage d’énergie à long terme. Cette initiative s’appuie sur les engagements antérieurs sur l’innovation dans les domaines de l’électricité, du transport routier, de l’acier, de l’hydrogène et de l’agriculture.
  • L’énoncé des objectifs de sociétés productrices de biens de consommation agricoles est un engagement de 12 entreprises agricoles à adopter une feuille de route visant à améliorer les mesures relatives à la chaîne d’approvisionnement et la transparence à l’égard des émissions de GES de portée 3 d’ici la COP27. Ces entreprises comprennent de grandes sociétés comme Cargill, Bunge, Marfrig et Wilmar International.

En savoir plus sur les négociations de la COP26 et le rôle du secteur privé


Photo de Sophie Dejonckheere


Première directrice, Finance durable et Transitions d’entreprises

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