Invités : Frank McKenna, président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
De retour à la demande générale, Frank, dans l’épisode 48, donne ses prévisions quant à 10 sujets géopolitiques importants au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde en 2024. Les sujets abordés sont variés. Frank discute de la probabilité que le premier ministre Trudeau continue de diriger le Parti libéral, des enjeux d’immigration au Canada et à la frontière sud des États-Unis et de la prochaine phase de la crise entre le Canada et l’Inde. Il donne en plus une analyse complète des élections américains et des problèmes juridiques de l’ancien président Donald Trump, qui influenceront probablement le résultat de l’élection du 5 novembre. Nous terminons notre analyse de trois points cruciaux à l’échelle mondiale, soit la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas et la probabilité que la Corée du Nord passe des paroles aux gestes dans ses pourparlers musclés avec la Corée du Sud.
Ce balado a été enregistré le 29 janvier 2024.
FRANK MCKENNA : Taylor Swift est un phénomène. Il y a un an ou deux, elle a publié un simple message pour dire aux gens de s’inscrire sur la liste électorale et d’aller voter. Trente-cinq mille personnes se sont inscrites ce jour-là.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 48 de Geopolitics en compagnie de l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, de Valeurs Mobilières TD, et j’ai le plaisir d’animer cette série de balados mensuels dans lesquels on fait le tour du monde pour couvrir les plus importants enjeux géopolitiques mondiaux du moment, depuis notre perchoir d’observation au Canada. Eh bien, Frank, on est en janvier, c’est encore une fois le moment de faire des prévisions.
L’an dernier, à la même époque, je vous ai invité à nous faire part de vos prévisions géopolitiques. Incroyable, mais vrai, c’est devenu notre balado le plus écouté en 2023. J’ai donc pensé que ce serait intéressant de recommencer pour 2024. Alors, j’ai réécouté vos prévisions de l’an dernier, et je ne vous laisserai pas partir sans vous donner au moins un aperçu de leur précision. Pour être honnête avec vous et juste à titre informatif, je pense que, avec le recul, vous vous en êtes très bien tiré. On va voir à quel point vos prévisions seront exactes cette année.
On va commencer par le Canada. Ensuite, on va aller aux États-Unis, et terminer par le reste du monde. J’espère que, d’ici la fin, on va avoir suscité des débats et des discussions que nos auditeurs pourront poursuivre. Je vais commencer par la première question, qui porte sur le Canada.
La semaine dernière, le député libéral de Terre-Neuve-et-Labrador, Ken McDonald, qui a été élu pour la première fois aux côtés du premier ministre Justin Trudeau en 2015, est le premier député du Parti libéral à demander une révision du leadership du premier ministre, affirmant qu’il avait dépassé sa « date de péremption ». Peu après, il est revenu sur ses paroles, je présume que c’est à la suite de pressions des membres du caucus.
Néanmoins, on a l’impression que la popularité du premier ministre diminue. C’est ce que démontrent les sondages. Quelles sont les probabilités que le Parti libéral dise à Trudeau qu’il est temps de démissionner? Et, si c’est le cas, est-ce que Trudeau va accepter?
FRANK MCKENNA : D’accord. En bref, aucune. Les probabilités qu’on lui demande de démissionner sont nulles. Il est toujours possible qu’il parte, cependant. Il reste un pourcentage de probabilités, non majoritaire, que ce soit le cas. Mais on ne le poussera pas à s’en aller.
Voici pourquoi les probabilités sont nulles. Le Parti libéral est très conscient de son histoire récente. Les membres de l’entourage de Paul Martin, pensant qu’il serait le meilleur choix pour poursuivre la série de victoires libérales, ont fortement poussé Jean Chrétien à se retirer. Paul Martin est enfin devenu premier ministre. Cet épisode a conduit le Parti libéral à se résigner à rester dans l’ombre pendant longtemps. Premièrement, ce souvenir est encore bien présent.
Deuxièmement, bon nombre de ces libéraux sont très avertis en matière de politique, et ne sont pas certains qu’il est préférable d’élire un nouveau chef pour remplacer Justin Trudeau. Est-ce qu’ils risqueraient de brûler les chances d’un autre candidat au leadership? Ça nous amène à nous demander si un candidat de la trempe de Justin Trudeau serait plus un avantage ou un désavantage à l’approche des élections.
Les gens font ce calcul. Mais il n’y a aucune certitude. Encore une fois, qu’on pense à Paul Martin, à Kim Campbell et à tant d’autres leaders qui ont été remplacés sans que ça ait aidé la cause. Ma réponse est donc : aucune probabilité que Trudeau soit poussé à se retirer, mais une petite possibilité qu’il parte de lui-même.
PETER HAYNES : OK, je suppose que la question suivante est un peu moins pertinente maintenant, compte tenu de votre réponse. Mais je vous demande : si Trudeau partait et, il faut l’admettre, ça pourrait signifier pour le Parti libéral de brûler les chances d’un bon candidat, mais quoi qu’il en soit, quels seraient les favoris dans la course à la chefferie du Parti libéral aujourd’hui?
FRANK MCKENNA : Eh bien, c’est intéressant. Les gens ne passent pas beaucoup de temps à parler de l’effectif de réserve. Je pense que la relève libérale est aussi solide que par le passé. Lorsqu’on regarde certaines de ces personnes et comprend leurs compétences concrètes et leur formation universitaire, on ne peut pas s’empêcher d’être impressionné.
Je dirais donc que la relève comprendrait, mais ce n’est pas exclusif, Chrystia Freeland, Mélanie Joly et Anita Anand. Et aussi François-Philippe Champagne. À mon avis, on devrait tenir compte de Mark Carney, car il serait probablement un candidat plus audacieux. Sean Fraser gagne de plus en plus de terrain.
Il y en a d’autres qui pourraient éventuellement se présenter. Jonathan Wilkinson est un nom qui me vient à l’esprit, et probablement d’autres membres du caucus et du cabinet. Dominic LeBlanc, par exemple, ferait un excellent chef, peut-être par intérim, car c’est lui qui possède les meilleures compétences en communication. La relève est donc assez bien fournie. Mais ces noms sont les principaux.
PETER HAYNES : D’accord, on note que les chances sont nulles que ça se fasse en 2024. Toutefois, comme vous le dites, il est toujours possible que le premier ministre décide lui-même de passer à autre chose. On va sûrement en reparler dans nos balados mensuels.
On va passer maintenant à la deuxième question, qui porte sur les relations entre le Canada et l’Inde. On peut présumer que les autorités canadiennes publieront en 2024 les preuves recueillies dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’un Canadien sikh vivant à Surrey, en Colombie-Britannique, accusé par le gouvernement indien de promouvoir la création du Khalistan, un État souverain pour les sikhs.
En septembre, le premier ministre Trudeau a annoncé au Parlement que les autorités canadiennes disposaient, et je cite, « de preuves solides reliant le gouvernement indien au meurtre du sikh », une accusation que le gouvernement indien a niée avec véhémence. Cette querelle a amené l’Inde à expulser plusieurs diplomates canadiens et à déconseiller aux étudiants indiens de fréquenter des écoles canadiennes, ce qui a entraîné entre les deux pays une crise diplomatique d’une ampleur rarement vue.
Les partenaires canadiens en matière de sécurité qui étaient au courant des éléments de preuve contre le gouvernement indien, dont les États-Unis, refusent de dénoncer énergiquement l’Inde pour son rôle présumé dans cette affaire, ce qui n’a pas arrangé les choses. Même si les tensions entre l’Inde et le Canada se sont atténuées dans les mois qui ont suivi cet événement, qu’est-ce qui va se passer, Frank, à la publication des preuves?
FRANK MCKENNA : C’est une excellente question. Je vais prendre le temps d’y répondre, parce que c’est très important pour notre pays. L’Inde a une économie en forte croissance et est un important partenaire commercial du Canada. Je m’attendais à ce que des accusations soient portées avant Noël. On m’avait laissé croire que c’était l’orientation prise par le pays.
Le fait que des accusations n’aient pas encore été portées montre à quel point il est compliqué pour la sécurité nationale de le faire, car ça implique souvent d’autres partenaires. Il s’agit souvent d’une forme de recherche de renseignements que nous ne souhaitons pas particulièrement rendre publique.
Alors, pour évaluer la situation actuelle, on doit tenir compte des quelques points suivants. D’abord, lorsque des accusations sont portées, il y a des facteurs de transmission à un niveau supérieur. La commission qui sera lancée dans les prochains jours a ajouté l’Inde comme partie prenante. Je parle de la commission qui examine l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes. Ça va aussi garder l’enjeu au premier plan.
De plus, le fait qu’il y ait des élections en Inde, où Modi pourrait très bien décider de faire d’un problème de ce genre une question politique, tout ça va aider à ne pas oublier cette affaire. Mais d’un autre côté, ce qui est plus intéressant, c’est que le Canada va avoir beaucoup plus d’alliés à l’avenir. Les États-Unis ont rendu publiques des allégations selon lesquelles l’Inde avait l’intention de réserver le même sort à un citoyen américain, c’est-à-dire de commettre un assassinat à l’étranger.
Pas plus tard que la semaine dernière, le Pakistan a accusé l’Inde d’avoir assassiné deux citoyens sur son sol. Au cours de la dernière semaine, les sikhs de Californie ont voté en faveur de la séparation du Khalistan. Nous ne sommes donc pas seuls. Je pense que l’Inde commence à se rendre compte qu’il n’est peut-être pas sage de cibler un seul pays et d’en faire une cause célèbre.
Je tiens également à souligner qu’il y a eu une activité diplomatique extraordinaire entre les deux pays. Ces efforts sont tout à fait remarquables. Je dirais que nous avons constaté une normalisation importante de la relation. En fin de compte, les esprits se sont calmés pour la plupart et vont demeurer majoritaires.
PETER HAYNES : C’est très encourageant, Frank. Je n’étais pas sûr que vous donneriez cette réponse. Vous avez raison, on n’accorde pas suffisamment de crédit aux diplomates qui travaillent en coulisse pour réduire les tensions dans de telles situations. Ils ne sont pas souvent reconnus. Je suis content que vous en parliez dans ce cas-ci.
OK, on va passer à la prochaine question au sujet des États-Unis, mais en commençant par le Canada. C’est lié à l’immigration. C’est une question à deux volets, la première vise le Canada. Le Parti libéral a récemment réduit de 35 % les permis de séjour pour les étudiants étrangers en 2024 et 2025 afin d’alléger la pression sur le marché canadien du logement.
Selon les critiques, y compris celles de collèges et d’universités de tout le pays, cette règle va entraîner d’énormes problèmes de financement. Elle est mal conçue, réactionnaire et précipitée, et elle va se répercuter sur les employeurs locaux qui comptent embaucher des étudiants à temps partiel. Est-ce que ça va permettre au gouvernement d’atteindre son objectif d’atténuer la crise du logement au Canada? Ou est-ce que les conséquences imprévues vont l’emporter sur les avantages?
FRANK MCKENNA : Oui, « atténuer » est le bon mot, à mon avis. Ça ne va pas suffire à résoudre la crise du logement. Dire que ça va l’« atténuer » est plus juste. Compte tenu de la vitesse à laquelle on accueille des étudiants étrangers, c’est justifié. Au cours des huit dernières années, le nombre d’étudiants étrangers accueillis au Canada a triplé. On en a maintenant environ un million, ce qui est énorme.
Certaines forces en jeu au sein du pays ont exacerbé la situation. Par exemple, le gel des droits de scolarité pendant quatre ans en Ontario a poussé les universités à accueillir plus d’étudiants étrangers, qui paient le double de ces droits. Ça aide ces universités à équilibrer leurs budgets. À preuve, les difficultés financières qu’éprouve actuellement l’Université Queen’s, ma bonne vieille alma mater. Elles sont en partie imputables au gel des droits de scolarité.
Le gouvernement utilise donc les étudiants étrangers pour geler nos droits de scolarité, ce qui lui permet d’économiser. On a également créé ce que j’appellerais des « usines à diplômes », surtout en Ontario, où les diplômes sont simplement créés dans des établissements de partenariat public-privé sans égard à la qualité de l’enseignement.
En Nouvelle-Écosse, par exemple, il se fait des manigances à l’ancienne. L’Université du Cap-Breton a accueilli 2 000 étudiants de plus au cours de la dernière année seulement, 2 000. La population de l’Université atteint maintenant un total de 9 100 étudiants. Les étudiants étrangers comptent pour 77 % d’entre eux. Imaginez une petite collectivité comme Sydney, au Cap-Breton, qui compte 77 % d’étudiants étrangers sur 9 000.
Certains de ces cas sont des exemples flagrants d’abus. Le gouvernement devait vraiment faire quelque chose. Malheureusement, certaines universités qui ont fait preuve de beaucoup plus de diligence souffriront peut-être plus qu’elles ne le devraient. Mais on doit faire quelque chose pour mettre fin à cette situation.
Je tiens à souligner que l’arrivée d’étudiants à la maîtrise et au doctorat se poursuit sans relâche. C’est une bonne chose, car on a besoin de leurs compétences dans notre pays. Mais dans l’ensemble, le gouvernement a fait ce qu’il fallait. Ça va aider, mais ne réglera pas le problème du logement.
PETER HAYNES : Oui, à propos des écoles dont vous parlez, j’ai beaucoup lu sur leurs promesses de citoyenneté après des études dans leur établissement et des sommes ridicules facturées. Malheureusement, les gens qui viennent de l’extérieur, de pays étrangers, ne comprennent pas vraiment la situation dans laquelle ils se retrouvent. D’une certaine façon, je pense qu’il s’agissait de réparer un gâchis.
Parlant de gâchis, il y en a un aux États-Unis, à la frontière sud. On va parler du problème de l’immigration. Le président Trump est accusé d’être intervenu dans une proposition bipartisane du Sénat visant à résoudre la crise de l’immigration à la frontière sud des États-Unis. M. Trump préférerait résoudre ce problème sous sa gouverne pour réaliser des gains politiques.
Entre-temps, estimant que les autorités fédérales n’en faisaient pas assez, la semaine dernière, je crois, le gouverneur du Texas, M. Abbott, a invoqué le droit constitutionnel de son État à se défendre et à se protéger contre l’immigration clandestine. Maintenant, les agents des services frontaliers et du Texas se retrouvent dans une impasse territoriale. Où en sera cette crise à la frontière sud à la fin de 2024?
FRANK MCKENNA : C’est une question très importante pour la politique intérieure des États-Unis. Il y a en quelque sorte trois grands enjeux politiques qui se fondent en un problème. Il y a la crise à la frontière, traversée par environ 10 000 immigrants illégaux chaque jour. Ils sont de plus en plus présents dans les villes du nord, ce qui exerce d’énormes pressions sur les réseaux de soutien social là-bas.
Mais tout est lié à l’aide à l’Ukraine, un programme de 70 milliards de dollars, dont l’Ukraine a désespérément besoin dans les jours à venir, ainsi qu’au soutien à Israël. Le soutien politique pour faire avancer les choses est considérable. Dans leurs tentatives de trouver une solution définitive, les politiciens créent certainement un problème.
Il ne fait aucun doute que Trump ne veut pas de solution. Je ne pense pas qu’il veuille résoudre le problème pour faire des gains politiques. Je pense qu’il veut que cet enjeu demeure un obstacle important pour le président Biden, et envoie un message convaincant en faveur des républicains lors de la prochaine campagne électorale.
D’un autre côté, il y a beaucoup de soutien bipartisan pour débloquer la situation. Le sénateur républicain Jim Lankford a fait valoir que Trump n’est plus président et n’a plus rien à faire dans ce dossier. Un certain nombre d’autres sénateurs n’ont pas mâché leurs mots pour lui dire que c’est une question à résoudre par les législateurs élus.
Un ensemble de mesures sera bientôt mis en place au Sénat pour régler toutes les questions en suspens. Ça va pousser les démocrates bien au-delà de leur zone de confort en ce qui concerne leur caucus progressiste et le type de mesures qu’ils vont prendre concernant la frontière. Si ces mesures sont adoptées, elles vont alléger une partie des pressions politiques sur le président Biden pour régler ce problème.
Les républicains au Sénat, car c’est là qu’il semble y avoir plus d’adultes que dans d’autres parties du processus législatif, pensent que les démocrates n’ont jamais été aussi vulnérables et qu’ils n’obtiendront jamais un meilleur accord du côté des républicains qu’à l’heure actuelle. Je pense qu’ils ont probablement raison. Selon eux, c’est vraiment le meilleur moment pour résoudre le problème, mais pas nécessairement pour changer les politiques.
Je pense donc qu’il va y avoir une entente solide avec le Sénat. Le problème retombe donc sur la Chambre, et, comme on le sait, la Chambre est en plein chaos. Le mouvement MAGA (Make America Great Again), au sein du parti républicain, exerce un contrôle énorme. Le président de la Chambre des représentants a peur de perdre son poste. La majorité est d’environ deux voix. Pour que ce soit adopté par la Chambre, la seule façon est d’obtenir un soutien massif de la part des démocrates, ce que les républicains détestent absolument.
Si je devais faire un pronostic, je dirais qu’ils finiront par faire passer un ensemble de mesures. Il y a un soutien important, mais pas universel, pour faire passer cet accord afin de régler les enjeux de l’Ukraine, d’Israël et de l’immigration. Mais ça ne va pas se faire sans douleur, stress, ni effort. À mon avis [RIRES], comme l’a dit Winston Churchill, je crois, parce que ça arrive presque chaque année dans ce pays, lorsqu’ils ont épuisé toutes les autres possibilités, les États-Unis finissent par faire ce qu’il faut.
PETER HAYNES : C’est intéressant, Frank, de voir à quel point les différentes questions que je vous pose aujourd’hui sont liées. En parlant du monde, on va évidemment aborder l’Ukraine et Israël. C’est intéressant de voir à quel point ces conflits sont étroitement liés à celui de l’immigration et de la frontière sud.
J’aimerais toutefois connaître votre point de vue, Frank, puisqu’on parle de certains candidats à la direction républicaine, notamment sur Nikki Haley, qui s’en est très bien tirée lorsqu’elle a parlé de la frontière nord. Je suis simplement curieux de savoir ce que vous pensez puisque vous êtes l’ancien premier ministre d’une province frontalière avec le Maine.
FRANK MCKENNA : Je pense que c’est simplement de belles paroles pour essayer de montrer un peu d’équivalence morale. Mais si on cherchait les mots « frontière sud » et « frontière nord », on trouverait probablement mille fois plus de références sur la frontière sud.
[RIRES] Je me souviens que, lorsque j’étais ambassadeur à Washington, quelques fauteurs de troubles ont décidé de s’installer à la frontière nord et d’agir comme une milice citoyenne pour protéger les gens qui la traversaient. Ils se sont rendus au Vermont, et une demi-douzaine d’entre eux, je crois, s’y sont installés.
Finalement, les gens bien intentionnés du Vermont sont allés un jour dans le bois à leur rencontre et leur ont dit : écoutez, ce que vous faites ne nous dérange pas. Ça ne nous ennuie pas, mais vous regardez dans la mauvaise direction. [RIRES] Vous devriez le savoir. La plupart des gens à la frontière nord ont dit que c’était tout simplement insensé. On a une excellente relation avec nos voisins canadiens.
Alors, on laisse ça de côté. On va parler, si vous le voulez bien, des vice-présidents éventuels, parce que la situation devient un peu plus inquiétante quand les deux candidats à la présidence ont, d’un côté 77 ans et, de l’autre, 81 ans. Si vous me le permettez, je vais simplement nommer les personnes que Trump, selon moi, est susceptible de choisir, à supposer qu’il soit le candidat à la présidence, et je pense qu’il le sera.
En tête de liste, mais pas nécessairement dans cet ordre, Elise Stefanik, membre du Congrès dans le nord de New York. Sa présence est un bon point pour l’électorat féminin. On va tenir pour acquis qu’à l’élection, le déficit de Trump auprès des femmes de banlieue est toujours aussi important et qu’il veut avoir une femme comme coprésidente. De plus, New York est une circonscription importante.
Ensuite, il y a Tim Scott qui, comme on sait, est un sénateur afro-américain de la Caroline du Sud. Sa nomination permettrait d’accrocher une autre circonscription d’importance. Sarah Huckabee Sanders, gouverneure de l’Arkansas, et bien connue comme ancienne porte-parole de la Maison-Blanche, serait un autre nom possible. Ron DeSantis : je ne pense pas qu’il en soit question.
Nikki Haley : je doute qu’elle soit nommée. Je ne pense pas que le président Trump va choisir quelqu’un qui n’a pas eu envers lui le respect auquel il s’attend. Kristi Noem, gouverneure du Dakota du Sud, qui a beaucoup soutenu le président, mais qui, à part d’être un bon point pour l’électorat féminin, n’apporte pas grand-chose sur le plan de la géographie électorale.
JD Vance, en Ohio. Kari Lake, mais elle a peu de chances à mon avis. Elle conteste son élection perdue, disant qu’on la lui a volée. Comme l’a souligné une personne, la dernière chose dont on a besoin à la Maison-Blanche, c’est d’une personne de plus qui se plaint qu’on lui a volé ses élections. Elle fait donc un peu trop pencher la balance du côté du chaos.
Parlant de chaos, le dernier nom souvent mentionné est celui de Vivek Ramaswami. Il était l’autre candidat à la primaire républicaine. Pour citer un commentateur, la Maison-Blanche réunirait ainsi la brute et le sale gamin. Et la dernière chose dont on a besoin, c’est que ce pays et Trump, qui est un politicien très habile, ajoutent encore au chaos.
Pour ce qui est des autres, beaucoup d’entre eux sont peu probables. Le président Trump aimerait bien avoir quelqu’un qui, contrairement à Mike Pence, ne lâche pas les siens à la dernière minute. Il va chercher des personnes qui lui ont prêté allégeance. Il veut aussi consolider certaines circonscriptions et ne pas forcer sur les aspects le concernant qui déplaisent aux gens.
PETER HAYNES : Excellente transition, car la prochaine question porte sur le président Trump. Il fait face à des mises en accusation dans quatre affaires différentes, que les commentateurs politiques appellent ses colistiers pour la campagne électorale de 2024. Pour récapituler, il y a le paiement pour acheter le silence de Stormy Daniels. Ensuite, l’insurrection du 6 janvier au Capitole, et puis l’ingérence électorale en Géorgie. Enfin, le scandale des documents de Mar-a-Lago. Comment se déroule chaque mise en accusation? Où va vivre l’ancien président Trump le 31 décembre 2024, à Mar-a-Lago, à Bedminster, dans la Trump Tower ou dans une prison à sécurité minimale en Géorgie, à Washington ou dans l’État de New York?
FRANK MCKENNA : Eh bien, je ne pense pas qu’il aille en prison. Deuxièmement, je peux affirmer qu’il a une foule d’avocats, grassement payés, qui travaillent pour lui. Leur objectif est de retarder, de semer la confusion, de retarder et de semer la confusion. C’est exactement ce que je ferais si j’étais son avocat. En fait, c’est exactement [RIRES] ainsi que je procédais quand je faisais ce genre de travail.
Les reports et les délais sont ses alliés. Dans presque toutes les affaires, sauf celle de la Géorgie et celles au civil, un pardon présidentiel est possible. S’il peut se faire élire à la Maison-Blanche, même s’il est reconnu coupable, il pourra obtenir un pardon pour la plupart de ces infractions. La plus grave, c’est l’insurrection. Elle doit passer par une procédure d’appel et aller jusqu’à la Cour suprême pour ce qui est des questions relatives à l’immunité présidentielle. Les délais ne peuvent que l’aider, c’est indéniable.
Le procès concernant les documents confidentiels est prévu le 20 mai. Soit dit en passant, celui pour l’insurrection devait s’ouvrir le 4 mars, Alors, je doute que ça se fasse avant l’élection. Je soupçonne aussi que ce serait gênant de passer par toute cette procédure. Mais il a peut-être de bonnes chances avec un jury. L’affaire des documents comporte, à mon avis, les plus difficiles accusations contre lui, et le procès est prévu le 20 mai. Mais il a nommé une juge, disons, conciliante, la juge Cannon, qui semble continuer à accepter les demandes de report. Alors, ça pourrait être repoussé.
L’inculpation en vertu de la loi RICO de Géorgie est probablement celle qui l’inquiète le plus, parce qu’elle nécessite un processus étatique et ne permet pas d’obtenir un pardon. Mais pour une raison inexplicable, la procureure, Fani Willis, s’est engagée dans une autre controverse au sujet d’une affaire sentimentale avec un autre procureur. Ça va sans aucun doute brouiller les cartes dans cette cause. Le procès pour l’achat du silence de Stormy Daniels va peut-être avoir lieu en mars, mais ça semble peu probable.
Il y a la condamnation à verser 83,3 millions à E. Jean Carroll qui va faire l’objet d’un appel. L’affaire va probablement se retrouver devant la Cour suprême. La menace la plus inquiétante dans l’avenir immédiat est probablement l’affaire de fraude civile à New York, dans laquelle le juge s’attend à rendre un verdict avant la fin de janvier et où l’on parle de 370 millions. Je pense que le montant sera moindre, mais il pourrait s’élever à 200 millions de dollars, qui s’ajouteront aux 83,3 millions de dollars.
Cette affaire va certainement aller jusqu’à la Cour suprême des États-Unis, tout comme celle d’E. Jean Carroll, parce que la question de la préclusion accessoire va y être contestée. Mais le fait que Trump n’a pas été autorisé, dans le deuxième cas, à exprimer son point de vue sur le bien-fondé de l’allégation initiale sera sans aucun doute contesté.
Toutes ces affaires comportent donc des enjeux qui peuvent finir devant la Cour suprême. J’ai une autre observation à faire. Je pense qu’une condamnation au criminel va compter pour certains électeurs, mais pas pour tous les indéfectibles partisans de Trump. Mais même si ça ne touche qu’une certaine partie de ce groupe, ça peut changer la donne. Les sondages indiquent que ça va avoir un certain poids. Alors, ça devient très important. C’est pourquoi le président et son équipe vont tout faire en leur pouvoir pour retarder le jugement.
Mais voici où je voulais en venir. De nombreuses causes vont être portées devant la Cour suprême des États-Unis à ce sujet, dont certaines qui sont véritablement litigieuses. Je pense que le juge en chef Roberts se retrouve dans une situation très difficile. Tous les juges en chef et tous les tribunaux veulent être perçus comme étant crédibles lorsque l’histoire est examinée à la loupe. S’il fallait que les juges rendent au moins une demi-douzaine de verdicts en faveur du président Trump, ça pourrait couvrir le tribunal de ridicule.
Ils ne vont pas faire ça. Je soupçonne qu’ils vont essayer de trouver une ou deux affaires où ils pourraient être moins favorables à Trump. C’est là que réside le danger, selon moi. Exercer autant de pressions sur la Cour suprême des États-Unis va inciter celle-ci à tenter de trouver un ou deux procès où elle pourra affirmer son indépendance.
PETER HAYNES : Prévoyez-vous que l’un ou l’autre de ces procès va se rendre devant la Cour suprême d’ici le 4 novembre?
FRANK MCKENNA : Oui, ce sera le cas pour certains. Ça ne fait aucun doute. À mon avis, celui pour l’insurrection va y arriver certainement avant cette date. Oui, ce sera le cas pour certains. La Cour suprême va comprendre l’importance de régler certaines de ces questions et de les traiter rapidement. Mais pour d’autres, l’option la plus facile, bien sûr, c’est de les reporter, pour ne pas avoir à dire que le système de justice fonctionne lentement, mais extrêmement bien.
Ce qui est dommage, c’est que les électeurs, qu’ils appuient ou non Trump, devraient au moins pouvoir connaître la conclusion de tous ces procès avant de voter. Personne, je pense, ne veut d’un président qui a été reconnu coupable d’infractions criminelles à la Maison-Blanche. Je dirais qu’il va régner beaucoup d’ambiguïté autour de ces affaires jusqu’à l’élection.
PETER HAYNES : Le 16 septembre est la date du premier de trois débats présidentiels aux États-Unis, à San Marcos, au Texas. Quels seront les candidats démocrate et républicain qui seront sur scène?
FRANK MCKENNA : L’ancien président Trump et le président actuel Joe Biden.
PETER HAYNES : Le 5 novembre, ce sera l’élection présidentielle aux États-Unis. Qui va la remporter?
FRANK MCKENNA : OK, je vais vous donner une réponse paradoxale. Les sondages favorisent fortement Trump en ce moment, s’il remporte la chefferie. À l’heure actuelle, tous les États clés penchent du côté des républicains. L’âge de Biden est problématique, et il ne peut qu’augmenter au fil du temps. La présence de partis tiers ne peut que nuire au gouvernement en place.
Alors, en fonction de tout ça, si je pariais de l’argent sur une victoire, ce serait sur celle de Trump. Mais je vais argumenter dans l’autre sens pour d’autres raisons. Premièrement, l’état de l’économie a été un facteur très important à chaque élection aux États-Unis. Une bonne économie solide tend à favoriser le président en place.
L’économie du président Biden a été très difficile, en raison notamment de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Les États-Unis sont en train d’en sortir et, de l’avis de tous, ils ont la meilleure reprise économique de la planète, où on profite à la fois de niveaux d’inflation modérés et d’une bonne croissance économique. Ces points sont en faveur de Biden.
Deuxièmement, la possibilité d’une condamnation au criminel est importante. D’après les sondages, même les plus ardents partisans de Trump doivent y penser à deux fois lorsqu’on leur demande s’ils voteraient pour lui, advenant qu’il soit condamné au criminel. Il suffit de sonder un petit pourcentage d’électeurs. C’est la deuxième chose.
Troisièmement, Taylor Swift. Je sais que vous allez rire de ce point, mais Taylor Swift est un phénomène. Elle compte 279 millions d’abonnés sur Instagram. Il y a un an ou deux, elle a publié un simple message pour dire aux gens de s’inscrire sur la liste électorale et d’aller voter. Trente-cinq mille personnes se sont inscrites ce jour-là. Aux dernières élections, elle a appuyé Joe Biden. Elle a tendance à soutenir des causes progressives comme les problèmes de la communauté LGBTQ.
Qui sait si elle va participer ou non à cette campagne électorale? Mais si elle se montrait même prête à s’inscrire sur la liste électorale et à aller voter, ça changerait la donne, car le problème du président Biden n’est pas lié au nombre de démocrates dans le pays, mais au nombre de démocrates qui vont voter.
Tous les sondages montrent qu’il y a plus de démocrates que de républicains aux États-Unis. C’est pourquoi je trouve logique, sur le plan rationnel, que les républicains recourent davantage à des tactiques de suppression d’électeurs que les démocrates, qu’il s’agisse de remaniement arbitraire des circonscriptions ou de vote par correspondance, etc. Pour eux, c’est logique de faire ça, et les électeurs en faveur des démocrates sont moins susceptibles d’aller voter. Il s’agit des jeunes, des Latino-Américains ou des Afro-Américains.
Alors, si une personne comme Taylor Swift ou Selena Gomez, ou plusieurs de ces grands influenceurs au nombre impressionnant d’abonnés faisaient pencher la balance en disant qu’il faut s’inscrire sur la liste et aller voter, les citoyens des circonscriptions qui seraient pour les démocrates, mais qui manquent d’enthousiasme pour aller voter pourraient effectivement le faire. Bon, je dis ça aussi pour rire un peu, mais selon moi, il ne faut pas sous-estimer le phénomène Taylor Swift.
PETER HAYNES : Eh bien, lors des dernières élections, on a appris qu’il vaut mieux ne pas faire confiance aux sondages. 538 a éprouvé des difficultés. Ça a été le cas de tout le monde, d’ailleurs. Vous avez parlé de l’économie ou des prix de l’essence, de l’inflation et du redressement de l’économie.
Je sais que ça influe sur la façon dont le président Biden prépare sa réaction à la récente attaque contre des soldats américains au Moyen-Orient, parce qu’il doit éviter à tout prix de perdre le contrôle sur cette spirale qui va se répercuter sur les prix de l’essence et devenir un élément négatif aux élections. Je déteste penser qu’un calcul électoral entre en jeu, mais je sais que c’est le cas. OK, qui va contrôler la Chambre et le Sénat lorsque la poussière va retomber après le 5 novembre?
FRANK MCKENNA : Après le 5 novembre, ce sont les républicains qui vont contrôler le Sénat. Les chiffres leur sont très favorables. C’est une prédiction à un degré de probabilité élevé. Dans le cas de la Chambre, les probabilités sont beaucoup moins élevées, mais je dirais qu’il est légèrement plus probable que ce soient les démocrates qui la contrôlent. Les chances sont presque égales maintenant.
La Chambre, dominée par le mouvement MAGA, a été dysfonctionnelle, c’est le moins qu’on puisse dire. Très peu de lois ont été adoptées. Le soutien du public est très, très faible. Le redécoupage de plusieurs circonscriptions, dont une en Louisiane, a été défavorable (il va y en avoir à New York), ce qui signifie que les représentants seront presque à égalité. Je pense que les démocrates ont de bonnes chances de contrôler la Chambre.
Ce qui est encore plus important, ce sont les élections de 2026 aux États-Unis qui approchent à grands pas, et la course au Sénat penche fortement en faveur des démocrates. Nous avons 20 républicains et 13 démocrates en poste. Les chiffres favorisent fortement les démocrates. Surtout si Trump est élu président, je suis presque certain que le Sénat va changer en 2026, ce qui signifie qu’on va encore se retrouver dans une impasse complète, mais c’est une situation très acceptable pour de nombreux Américains et qui leur a bien servi au fil des ans.
PETER HAYNES : Je pense que c’était également le cas pour les auteurs de la Constitution. En 2026… ça me fait penser au commentaire que vous avez fait il y a plusieurs années dans ce balado, sur le fait que les États-Unis sont constamment dans un cycle électoral. Le fait que vous le mentionniez déjà le prouve. On va terminer en abordant quelques enjeux mondiaux, Frank.
La semaine dernière, des rumeurs voulaient que Vladimir Poutine, le président de la Russie, ait utilisé des canaux détournés pour envoyer un message aux États-Unis sur la tenue de pourparlers visant à mettre fin à la guerre avec l’Ukraine. Bien que les responsables américains aient nié avoir connaissance de cette ouverture, on pense que Poutine estime qu’il a actuellement le dessus, alors que les factions du monde occidental en faveur de l’Ukraine que vous avez mentionnées plus tôt, ainsi que les États-Unis, s’effritent. Ça donne à Poutine le pouvoir de négocier un accord qui pourrait inclure les terres que la Russie a saisies depuis le début de la guerre et qu’elle avait déjà réclamées en échange de l’autorisation de l’Ukraine de se joindre à l’OTAN.
Le président ukrainien, M. Zelensky, est resté ferme dans sa position, à savoir un retrait total de la Russie et rien de moins pour mettre fin à la guerre. Alors qu’il est pratiquement acquis que la guerre est dans une impasse, est-ce qu’il y a une voie de sortie en vue en 2024 qui, sans satisfaire totalement les deux parties, aboutira à une paix durable? Si c’est le cas, qu’est-ce que ça implique?
FRANK MCKENNA : Premièrement, je dirais que toutes choses étant égales, la réponse est oui, il y a des voies de sortie. Ce serait un résultat logique. Mais toutes choses ne sont pas égales. Il y a évidemment ce qu’on appelle des tensions financières des deux côtés. Les Ukrainiens en paient le prix fort. Le soutien semble diminuer, en Ukraine, mais aussi partout dans le monde, et ils ne font pas de gains importants sur le champ de bataille.
Les Russes aussi souffrent. Ils doivent vendre du pétrole et du gaz à des prix inférieurs à ceux du marché. Leurs services d’expédition sont attaqués, comme ils le sont tous. Il y a près de deux millions de postes vacants en Russie, qui ne peuvent pas être pourvus parce que les gens sont dans l’armée ou ont quitté le pays. Leurs réserves de change diminuent rapidement. Ils vivent donc aussi des tensions.
Mais encore une fois, le même nom entre en jeu, comme toujours, et c’est celui de Donald Trump. Trump a clairement indiqué qu’il réglerait ce problème dès les premiers jours de son entrée en fonction. Il n’y a qu’une seule façon de le résoudre, C’est en faisant pencher la balance pour la Russie et en jetant l’Ukraine sous son joug. Poutine le sait. Il connaît probablement la politique américaine aussi bien que de nombreux Américains.
Je crois que même s’il va y avoir d’importantes tensions liées pour conclure une entente pendant l’année en cours, Trump va vouloir attendre avant de jouer toutes les cartes, et ça comprend les élections de novembre 2024. À cause de Trump et d’autres, non de la majorité, mais d’autres républicains qui favorisent le retrait du soutien à l’Ukraine, je soupçonne que Trump va vouloir jouer cette dernière carte avant de conclure un accord.
PETER HAYNES : Comme on l’a vu dans la discussion précédente, ça a des répercussions sur la frontière sud et Israël, qui est notre prochain sujet. Dans la plupart des pays arabes du Moyen-Orient, comme l’Égypte et la Jordanie, des consommateurs boycottent des marques américaines comme Starbucks et McDonald’s pour protester contre le manque de pression perçu des États-Unis sur Israël pour que le pays mette fin à son offensive à Gaza.
Les responsables des entreprises s’efforcent de se démarquer de la position du gouvernement américain sur la question d’Israël et de Gaza, sans succès à ce jour. Les analystes financiers laissent entendre que ce boycottage de marchandises occidentales va s’inverser une fois la guerre terminée. Pendant combien de temps encore est-ce que les troupes israéliennes vont faire la guerre au Hamas? Comment est-ce que cette guerre va se terminer?
FRANK MCKENNA : On a parlé des tensions. Il y a une tension énorme au Moyen-Orient parce que cette guerre s’étend de plus en plus au-delà de ses frontières. On a assisté très récemment à une attaque contre les troupes américaines, une attaque très sanglante qui va faire l’objet de représailles. C’était en Jordanie. La Jordanie est un participant très pacifique du drame politique au Moyen-Orient.
On voit les unités du Hezbollah, ou plutôt les mandataires de l’Iran en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen, ainsi que le Hamas, devenir de plus en plus agressifs, ce qui pousse, bien plus agressivement qu’ils ne le voudraient, les États-Unis et d’autres alliés à prendre part au conflit.
Tout le monde reconnaît donc que les enjeux sont importants. Beaucoup de pays du Moyen-Orient, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, aimeraient aussi désamorcer la situation. Il y a donc beaucoup de tensions autour des accords. Ma prévision est une solution intermédiaire. Je pense qu’il y aura un accord sur les otages pour leur libération et une forme de cessez-le-feu.
Mais je ne pense pas que ça va mener à ce qu’on appellerait une fin totale des hostilités. Il y a deux raisons à ça. Premièrement, Israël accepte, presque entièrement en tant que nation, que le Hamas pose une menace existentielle qu’il faut gérer. Le soutien à cet égard est donc généralisé. Deuxièmement, la survie politique de Netanyahou dépend de celle du conflit. Il doit répondre de beaucoup de choses.
Que ce soit le chaos politique ou son incapacité à anticiper cette attaque qui a conduit Israël à baisser sa garde, il ne fait aucun doute qu’il existe en Israël une énorme opposition envers Netanyahou. Il ne fait aucun doute non plus que, comme Trump, l’absence de condamnation pour certaines affaires lui laisse la liberté de poursuivre le conflit.
Je soupçonne donc que, même s’il y a eu des accords, des pauses et des cessez-le-feu, il va vouloir maintenir le conflit afin de pouvoir continuer à exercer ses fonctions. À mon avis, la seule façon de maintenir sa coalition est de poursuivre un ennemi externe. C’est pourquoi je ne prévois pas de paix complète au Moyen-Orient dans un proche avenir.
PETER HAYNES : Je pense que les tensions avec les États-Unis ne vont qu’augmenter si c’est le cas, surtout en ce qui concerne le financement. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’on aimerait ne pas avoir à en parler du reste de 2024. Mais d’après ce que vous dites, il semble que ça ne disparaîtra pas de sitôt de la une des journaux.
Dernier des dix sujets, Frank. L’an dernier, je vous ai demandé de nommer le prochain pays où vous craigniez que naisse le prochain risque géopolitique mondial. Vous aviez mentionné la Corée du Nord, principalement parce que son chef, Kim Jong Un, a besoin d’attention, et que le monde était concentré sur deux autres points névralgiques. Heureusement, cette prédiction ne s’est pas concrétisée.
Toutefois, la semaine dernière, le New York Times a rapporté que le leader nord-coréen a récemment adopté une ligne plus dure à l’égard de son voisin, la Corée du Sud. Les autorités américaines croient qu’il faut prendre ces menaces au sérieux. Apparemment, Kim Jong Un pense que l’armée américaine recule à l’échelle mondiale et il se sent rassuré surtout par ses liens avec la Russie. Est-ce simplement une autre tentative d’attirer l’attention? Ou alors, est-ce que quelque chose d’inquiétant va se produire avec la Corée du Nord en 2024?
FRANK MCKENNA : Je vais encore opter pour le besoin d’attention. La Corée du Nord vit d’énormes problèmes intérieurs. Les gens meurent littéralement de faim. Je pense qu’il aime les distraire en leur montrant et en agitant ses armes. Mais je ne crois pas que la Corée du Nord soit en mesure d’aller très loin.
PETER HAYNES : OK, Frank, est-ce qu’il y a un nouveau point névralgique que vous surveillez pour 2024?
FRANK MCKENNA : Oui, il y en a un. C’est le Moyen-Orient, simplement en raison de l’ampleur de ce qui se passe. Le transport maritime mondial est perturbé dans le canal de Panama par les conditions atmosphériques, mais maintenant il l’est aussi dans le canal de Suez en raison de ce qui se passe dans la mer Rouge.
Ça pourrait faire grimper les prix des produits de base, exercer des pressions sur l’inflation, réduire la baisse des taux d’intérêt et avoir des répercussions réelles sur de nombreuses économies dans le monde, alors qu’il y aura des élections dans environ 70 % des démocraties au cours de la prochaine année. Ça a des conséquences plutôt inquiétantes.
En fait, c’est simplement parce que tous ceux qui possèdent une camionnette peuvent avoir un drone ou un missile. On voit des menaces émaner de l’Irak, de la Syrie, du Liban et évidemment du Hamas, mais aussi du Yémen. L’Iran semble être en mesure de mener toutes ces guerres par procuration en toute impunité. Je pense donc que la tension au Moyen-Orient va continuer à monter.
Et en Terre sainte, qu’est-ce qui va se passer? Netanyahou a clairement indiqué qu’il n’était pas en faveur d’une solution à deux États. Nos alliés européens, les États-Unis et d’autres pays dans le monde entier ont clairement indiqué qu’ils ne sont pas prêts à accepter une solution qui ne compte pas un État palestinien sous une forme ou une autre. Il est donc évident que ça va devenir un point d’inflammation.
Je vais ajouter un autre point à titre gracieux, et ce n’est pas une idée originale. Ian Bremmer, d’Eurasia Group, que je respecte beaucoup pour sa perspicacité, a indiqué trois points chauds ou zones de conflit dans le monde pour l’année à venir. Bien sûr, il y a l’Ukraine. Un autre est le Moyen-Orient. Le troisième, selon lui, ce sont les États-Unis. C’est pourquoi je me dois de le mentionner, non pas comme conflit militaire, mais je ne peux tout simplement pas prédire, ni personne d’ailleurs, comment vont se passer les élections de novembre avec le niveau de polarisation actuel.
Qu’est-ce qui se passe si les élections sont une répétition des précédentes et que Trump ne les remporte pas? Je ne peux pas croire que lui et ses partisans vont l’accepter en silence. Alors, comment est-ce que ça va se passer? On ne le sait pas. Les émotions sont si exacerbées et la polarisation si extrême qu’il faut voir les États-Unis comme une source non pas de conflit militaire, mais d’agitation civile.
PETER HAYNES : La seule chose que vous n’avez pas mentionnée, Frank, c’est le rôle que vont jouer les médias sociaux dans la manière dont l’élection va être jugée cette année. J’ai quelques questions en rafale, comme l’an dernier. Je vais vous les poser très rapidement. L’IPC du Canada à la fin 2024? Juste pour information, le chiffre à la fin 2023 était de 3,4. Où en sera-t-on à la fin de 2024?
FRANK MCKENNA : 2,6.
PETER HAYNES : Le WTI de fin d’année? En 2023, il était de 71,65.
FRANK MCKENNA : OK, en raison de certaines choses dont on a parlé, notamment les risques asymétriques sur la planète, je dirais 72.
PETER HAYNES : Le niveau de l’indice S&P 500 à la fin 2024? En 2023, il était de 4770.
FRANK MCKENNA : 5000.
PETER HAYNES : Wow. OK, j’ajoute une nouvelle question. Qui va gagner la coupe Stanley en 2024? Et la Série mondiale 2024?
FRANK MCKENNA : Pour la coupe Stanley, je vais vraiment aller à contre-courant. Je pense qu’avec l’ajout de Corey Perry et l’élan d’Edmonton, Edmonton a une réelle chance de la remporter. Pour ce qui est des gagnants de la Série mondiale, personne n’a mieux fait que les Dodgers pour obtenir ce résultat. Ils ont obtenu Ohtani, Yamamoto, Tyler Glasnow. Ils ont aussi Mookie Betts. Ils ont dépensé un milliard de dollars en agents libres. Si c’est une question d’argent, je dois choisir les Dodgers.
PETER HAYNES : OK, et je vais terminer rapidement par une revue de l’an dernier. La première question portait sur ce qui se passe en Ukraine. Vous aviez prévu une impasse, sans vainqueur. Vous aviez dit que les États-Unis n’étaient pas susceptibles d’arrêter de financer l’Ukraine et que la Chine et l’Inde ne forceraient pas la Russie à mettre fin à la guerre. Je vous donne raison sur cette prévision.
Qu’est-ce qui est le plus probable pour la Chine, qu’elle continue l’intimidation contre Taïwan ou tente un rapprochement avec les États-Unis? Vous aviez laissé entendre qu’elle tenterait un rapprochement. Peu de temps après votre suggestion, un ballon a survolé les États-Unis. Malheureusement, ça a entraîné un certain retard, mais votre prévision s’est avérée, parce que je n’ai même pas mentionné la Chine dans nos dix questions. Ça ne veut pas dire qu’on les oublie, mais il est clair que les tensions de cette relation se sont apaisées.
À la question sur le prochain pays à menacer de bouleverser la stabilité géopolitique mondiale en dehors de la Chine et de la Russie, vous aviez répondu la Corée du Nord en raison de ses armes nucléaires et du fait qu’elle a besoin d’attention. Heureusement, ça ne s’est pas passé comme ça.
Est-ce que le Freedom Caucus peut être maîtrisé, ou est-ce que la Chambre est paralysée? À ce moment-là, ils négociaient pour la nomination de McCarthy comme président et ils n’en étaient pas au point où un seul représentant de la Chambre pouvait retirer le président de son siège. Vous aviez bien dit que ça se poursuivrait, et vous aviez tout à fait raison.
Est-ce que Donald Trump va être inculpé? Votre réponse était affirmative. Vous pensiez que ce serait probablement pour le scandale des documents. Je ne pense pas que vous ayez mentionné quatre mises en accusation. Est-ce que Biden va se présenter de nouveau en 2024? D’après vous, il n’avait pas l’intérêt de le faire malgré son bon dossier. Vous étiez préoccupé par la diminution de ses capacités, mais oui, il va se présenter en 2024. Votre prévision s’est avérée.
À propos de Donald Trump : qui vont être ses trois principaux adversaires lors des primaires, qui ont lieu en ce moment? Vous aviez suggéré Ron DeSantis, Mike Pence et Glenn Youngkin. Vous aviez raison pour l’un d’entre eux. Pence s’est retiré plus tôt. Le plus jeune n’est pas entré dans la course. Mais vous avez fait des mentions honorables, par exemple Chris Sununu, qui ne s’est jamais présenté, Tim Scott, qui s’est retiré tôt, et Nikki Haley. Votre dernier commentaire à ce sujet était : ne pas compter sans Donald, et vous aviez tout à fait raison.
Est-ce que Pierre Poilievre va dominer les sondages à la fin 2023? Vous aviez résumé le bilan de M. Trudeau et mentionné certaines des choses positives qu’il a faites malgré tous les sentiments négatifs. Vous aviez dit que les deux chefs avaient marqué des points à ce moment-là, que le gagnant dépendrait de l’évolution de l’économie et que Poilievre serait en tête. Vous aviez tout à fait raison. Vous aviez aussi mentionné que des chefs finissent par tomber en défaveur. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles M. Poilievre resterait en tête.
La question suivante était de savoir si Elon « Darth Vader » Musk était attiré vers le côté sombre et si Twitter serait toujours là à la fin de 2023. Vous aviez dit qu’il était torturé par les démons de son génie et que le monde en aurait une perception très négative d’ici la fin de l’année s’il continuait avec son je-sais-tout. Vous pensiez que Twitter n’existerait peut-être plus à la fin de l’année. À mon avis, Musk a atténué les choses. Il a récemment mentionné qu’il ne comprenait pas l’antisémitisme aussi bien qu’il l’aurait dû. Twitter existe toujours, mais peut-être pas au même niveau.
Frank, vous aviez donné une réponse erronée à la question : est-ce que Danielle Smith va battre Rachel Notley en mai 2023 en Alberta? Vous aviez dit que Notley gagnerait. Ça n’a pas été le cas. Je pense qu’elle annonce maintenant sa démission. En 2023, vous aviez prédit un IPC de 4,5. Il a finalement atteint 3,4. Votre prévision allait dans la bonne direction. Vous aviez laissé entendre que le WTI serait de 60 lorsqu’il était à 73,50, et il a terminé l’année à 71,65. Vous aviez prévu la bonne tendance, mais non le bon chiffre. Le chiffre suggéré était un peu trop négatif.
Vous aviez prédit que l’indice S&P atteindrait 4500 à la fin de l’année. Il était à 3830 lorsque vous avez fait cette prévision, et il s’est rendu à 4770. Vous vous en êtes très bien sorti. Et votre pire prévision, Frank, est celle sur les vainqueurs de la Série mondiale, car vous aviez prédit que ce serait les Blue Jays.
FRANK MCKENNA : [RIRES]
PETER HAYNES : Enfin, l’abandon de Gabriel Moreno dans l’échange avec Varsho vous préoccupait, c’est le moins qu’on puisse dire. Alors, Frank, on a parlé de beaucoup de choses. Encore un instant. Parmi vos prévisions de l’an dernier, est-ce qu’il y en a que vous regrettez?
FRANK MCKENNA : Oui, je regrette d’avoir laissé mes émotions prendre le dessus sur les Blue Jays. Je ne regrette pas ma prévision sur l’Alberta. Les élections ont été plutôt difficiles. C’est pourquoi je ne regrette pas ma prévision. Je pense que le NPD va être beaucoup moins concurrentiel sans Rachel Notley. Elle est une leader politique assez impressionnante. J’ai beaucoup de respect pour elle.
PETER HAYNES : Merci, Frank. C’était bien agréable! Je suis sûr que les auditeurs vont aimer ce balado. Ils vont aussi aimer que je vous taquine un peu dans un peu plus d’un an quand on va revoir tout ça. On se retrouve à la fin février, pour nos rencontres mensuelles. Je dois vous poser une question avant de terminer. Prévoyez-vous assister à l’entraînement de printemps de 2024?
FRANK MCKENNA : J’y pense sérieusement. J’ai regardé le calendrier cette semaine et, oui, je pense sérieusement y assister. D’après moi, les Blue Jays n’ont pas fait grand-chose pour améliorer leur club, mais ils ont le droit d’en attendre plus des joueurs de l’alignement. S’ils réussissent sur ce point, ils vont être concurrentiels.
PETER HAYNES : Les 100 meilleurs espoirs de Baseball America. Les Orioles de Baltimore comptent cinq des 32 meilleurs espoirs, dont le numéro un. Les Blue Jays en ont deux, Ricky Tiedemann à la 29e place et Orelvis Martinez à la 75e. Je n’aime pas nos meilleurs espoirs, Frank. Je ne pense pas qu’on puisse s’attendre à grand-chose. Je suis préoccupé.
Eh bien, ils ont dit quelque chose qui pourrait… Attention aux Blue Jays, c’est l’une des rares équipes qui disposent encore de fonds sur le marché des agents libres. Il reste encore des agents libres. Je ne pense pas qu’on puisse juger les Blue Jays avant le début de l’entraînement de printemps et d’avoir vu exactement ce qui s’est passé pendant l’hiver. Je vais donc m’abstenir sur ce point, mais on va certainement en discuter au cours des prochains mois. Merci encore, Frank. On se reparle bientôt.
FRANK MCKENNA : Merci.
[MUSIQUE]
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Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
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Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.