Les conséquences économiques d’une revanche présidentielle aux États Unis

janv. 30, 2024 - 5 minutes
Le Capitole à Washington D.C.

Nous revoici déjà en période d’élections.

Alors que le président des États Unis remet son titre en jeu, on entrevoit déjà un deuxième tour opposant deux candidats bien familiers : le président actuel Joe Biden et l’ancien président Donald Trump, qui semble bien parti pour représenter les républicains. Malgré la relative certitude du marché quant à cette revanche, le chemin vers l’investiture ne sera pas de tout repos pour les deux candidats.

La saison des primaires a démarré avec deux victoires pour Donald Trump en Iowa et au New Hampshire. Malgré le grand nombre de primaires restant, l’identité du candidat de chaque camp devrait se confirmer d’ici le Super Tuesday.

Dates clés de la course à la présidentielle de 2024

Qui sortira vainqueur en 2024?

Ce cycle électoral, qui se conclura le 5 novembre, sera probablement l’un des plus intéressants et des plus polarisés de l’histoire récente.

Selon notre scénario de base actuel, Donald Trump pourrait remporter la présidence en 2024 et entraîner une reprise du Sénat par les républicains. Le partage de la Chambre des représentants demeurerait quasi égal, mais nous nous attendons actuellement à une scission entre le Sénat et la Chambre.

Sur quoi les marchés porteront-ils leur attention?

Les marchés ont toujours du mal à s’adapter aux élections. Une emprise limitée sur le Sénat ou la Chambre des représentants pourrait entraver la capacité de l’administration gagnante à mettre en œuvre des politiques. Historiquement, les investisseurs ont tendance à ignorer les risques politiques jusqu’au dernier moment. C’est ce qui s’est produit lors des élections de 2016, qui ont été suivies par une forte progression des marchés. En effet, si les actions ont d’abord décroché, elles ont ensuite connu une nette remontée à la faveur d’espoirs de réductions d’impôt et de politiques plus favorables aux entreprises.

Scénarios politiques potentiels pour les États Unis et réactions des marchés attendues

Bien que les marchés puissent avoir du mal à intégrer les résultats électoraux dans leurs prévisions, nous pensons que les éléments ci dessous occuperont une place centrale :

Conséquences fiscales et économiques :

La promesse de M. Trump de pérenniser les réductions d’impôt de 2017, avec un taux d’imposition des sociétés restant à 21 %, permettrait probablement d’éviter un précipice budgétaire en 2026 et de stimuler la croissance. M. Biden entend porter le taux d’imposition des sociétés à 28 % et augmenter l’impôt sur les gains en capital et les dividendes des particuliers les plus fortunés. Il a l’intention d’imposer les gains en capital à long terme à des taux ordinaires en cas de revenus supérieurs à 1 M$, de mettre en place un taux d’imposition effectif minimal de 20 % pour les ménages dont le patrimoine net est supérieur à 100 M$ et de porter le taux maximal d’imposition sur le revenu des particuliers à 39,6 %. Toutefois, les déficits devraient demeurer importants en raison de dépenses élevées.

Conséquences sur le déficit :

En l’absence d’une réduction des dépenses, les réductions d’impôts permanentes promises par M. Trump pourraient accroître fortement les déficits et malmener davantage la cote de crédit américaine. En augmentant l’impôt des ménages à revenu élevé, la politique de M. Biden pourrait légèrement réduire le déficit, mais toute résorption sera probablement compensée par des dépenses supplémentaires. Pour réduire le déficit, des économies budgétaires s’imposeraient dans tous les cas, mais comme seulement 15 % des dépenses publiques actuelles appartiennent à la catégorie des dépenses discrétionnaires (hors défense), le Congrès a peu de marge de manœuvre pour améliorer durablement la trajectoire budgétaire des États Unis.

Conséquences sur le plan réglementaire :

La prochaine administration donnera le ton en matière de réglementation. Pour les marchés, le dénouement de Bâle III sera certainement un enjeu déterminant. Une réélection de M. Biden donnerait aux organismes de réglementation suffisamment de temps pour peaufiner la réglementation finale de Bâle III, ce qui aurait pour conséquence une augmentation des coûts pour les banques. En revanche, une victoire de M. Trump retarderait probablement le processus et finirait par affaiblir la réglementation. Il convient de noter que M. Trump a peu évoqué ses projets d’ordre réglementaire et que, dans un récent rapport, nos collègues du Groupe de recherche de Washington, TD Cowen laissent entendre que la personne qu’il nommera au poste de secrétaire du Trésor aura probablement une grande marge de manœuvre à cet égard.

La géopolitique demeure en enjeu clé :

L’administration Biden s’est employée à normaliser les relations entre les États Unis et la Chine; les communications militaires ont même repris entre les deux pays. Néanmoins, les tensions entre la Chine et Taïwan persistent après l’élection de Lai Ching te, du Parti démocrate progressiste, ce qui pourrait continuer de miner les relations entre les États Unis et la Chine. À cet égard, le mandat de M. Trump a été marqué par une relation conflictuelle avec la Chine et plusieurs différends commerciaux ayant mené à l’établissement de nouveaux droits de douane. Des événements semblables sont donc à prévoir s’il est réélu. Un soutien à l’Ukraine et à Israël est également au programme : M. Biden plaide pour l’augmentation des moyens déployés, tandis que les républicains envisageraient probablement de réduire les dépenses.

Droits de douane :

Bien que M. Biden ait maintenu certaines des politiques et des droits de douane mis en œuvre par M. Trump, un deuxième mandat de ce dernier pourrait entraîner une nouvelle série de guerres commerciales. Donald Trump propose d’ailleurs d’imposer des droits de douane de 10 % sur les produits étrangers pour stimuler le secteur manufacturier américain.

Les déficits devraient demeurer élevés et pourraient augmenter après les élections

Les élections ont somme toute de nombreuses répercussions sur les marchés. D’un point de vue fondamental, nous croyons que les marchés pourraient être affectés comme suit :

Concernant les taux à long terme, nous estimons à environ 3,5 % la juste valeur des titres du Trésor à 10 ans. Toutefois, une forte hausse des déficits et un atterrissage économique maîtrisé pourraient contribuer au maintien de taux élevés. À court terme, même si des déficits plus élevés représentent un risque, nous prévoyons une diminution des taux en 2024 à la faveur des réductions de la Fed à partir de mai, les titres du Trésor à 10 ans clôturant l’année à 3 %.

Historiquement, les déficits importants se sont accompagnés d’un resserrement des écarts de swap; émis en grand nombre, les titres du Trésor se sont généralement négociés à un cours inférieur à celui des swaps. Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que les écarts de swap connaissent un creux au premier semestre et s’élargissent au deuxième semestre de 2024, mais les attentes quant à une hausse soutenue des déficits pourraient ralentir tout agrandissement des écarts.

Les clients de Valeurs Mobilières TD (VMTD) peuvent lire notre texte complet sur le portail Alpha du marché de VMTD, où nous examinons les principaux enjeux pour les deux candidats, les obstacles qu’ils pourraient rencontrer et les répercussions possibles de leurs politiques respectives en cas d’élection (en anglais seulement)


Portrait of Gennadiy Goldberg


Chef, Stratégie de taux aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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Chef, Stratégie de taux aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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Stratège en chef, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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Stratège en chef, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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Stratège en chef, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

Portrait of Molly McGown


Stratège, Taux américains, Valeurs Mobilières TD

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