Intervenante 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Ce balado réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Charles Rhyee :
Bonjour, ici Charles Rhyee, analyste, Technologies et distribution des soins de santé pour TD Cowen. Bienvenue à ce numéro spécial de la série de balados La santé au futur. L’enregistrement a lieu le 10 septembre dans le cadre de la neuvième conférence annuelle sur la santé au futur. Je suis en compagnie d’Harold Carter, premier vice-président, Relations commerciales avec les sociétés pharmaceutiques, Express Scripts, une entreprise d’Evernorth et du groupe Cigna. Au cours d’une conversation informelle, Harold et moi allons approfondir certains sujets abordés. Harold, merci de votre présence.
Harold Carter :
Merci beaucoup de l’invitation.
Charles Rhyee :
On a parlé de choses et d’autres tout à l’heure, mais surtout des programmes de soins axés sur la valeur dont Express Scripts est un pionnier, et notamment du tout récent lancement d’EncircleRX. Afin d’élargir la perspective, parlez-nous des débuts d’Express Scripts. Je pense à l’évolution de SafeGuardRx au fil du temps.
Harold Carter :
Oui, absolument. On est très actifs dans le domaine des contrats et des solutions axés sur la valeur depuis plus d’une décennie. Ça remonte à l’époque où on a adopté une position ferme à l’égard du coût élevé de l’hépatite C et, plus récemment, des maladies inflammatoires, entre autres. Je pense à des pathologies comme la maladie de Crohn ou la polyarthrite rhumatoïde. On a convenu avec les fabricants de médicaments que si, pour une raison quelconque, un patient cessait le traitement, un crédit serait accordé au promoteur du régime qui assumait l’essentiel du coût du médicament. Au bout du compte, on veut que les dépenses de soins de santé offrent obligatoirement une valeur ajoutée. Lorsque les patients dans ces catégories, soit 25 % ou 30 % des nouveaux cas, cessent le traitement, cet argent est gaspillé dans le système de soins de santé. Nos promoteurs de régimes méritent de récupérer cette valeur pour continuer à chercher des façons d’offrir des prestations abordables.
Charles Rhyee :
La conversation avec les sociétés pharmaceutiques a-t-elle été difficile? Quel était leur niveau de résistance? Comprenaient-elles leurs avantages d’avoir peut-être un meilleur accès aux patients? Comment engagez-vous la conversation et où en sont vos relations avec les sociétés pharmaceutiques aujourd’hui? Sont-elles emballées de faire partie de ces programmes?
Harold Carter :
Oui, il y en a toujours qui se réjouissent de collaborer dans ces domaines et d’autres qui se méfient. Mais on croit à la base que si ces produits, dont certains pourraient constituer une percée, apportent les données voulues, il faut les soutenir par des investissements. De notre point de vue, la conversation n’est jamais difficile; on travaille pour nos clients. Cette conversation n’est jamais difficile dans mon rôle. Ça peut être un peu plus difficile pour ceux qui sont assis de l’autre côté de la table.
Charles Rhyee :
Oui, j’imagine. À l’heure actuelle, tout le monde parle des médicaments GLP-1. On en vante les bienfaits depuis quelques années à tout le moins pour la perte de poids et maintenant pour la santé cardiovasculaire. En mars, lors de la journée des analystes, vous avez mentionné la nouvelle offre associée au programme EncircleRX, une option audacieuse adaptée aux médicaments GLP-1. Comment avez-vous pris la décision de lancer ce programme? Quelle a été votre réflexion? Je vous invite d’abord à décrire le programme.
Harold Carter :
Oui, absolument. Dans une perspective plus large, à chaque conversation avec nos clients, on aborde les dépenses rattachées aux médicaments GLP-1. Quel avenir se dessine pour les médicaments GLP-1? La filière de développement compte de nouvelles indications potentielles pour les maladies rénales, l’apnée du sommeil et les maladies cardiovasculaires. Aussi, cette catégorie va connaître une forte croissance, et certains indicateurs portent à croire que le marché pourrait atteindre cent milliards de dollars d’ici 2030. Dans ce contexte, il fallait soutenir nos promoteurs de régimes en leur proposant plus d’outils pour gérer ces dépenses, mais aussi veiller à ce que notre traitement offre aux patients les meilleures chances de succès. Le programme Encircle lui-même intègre certaines de nos compétences fondamentales; je pense à l’excellence de notre chaîne d’approvisionnement, à notre expertise clinique, en plus du choix modulaire établi avec les clients.
Les divers mécanismes du programme nous permettent d’enclencher certaines mesures. Entre autres, on examine les données longitudinales pour déterminer quels patients obtiendront plus de succès. Ensuite, on met en place les bons outils en définissant des critères qui vont garantir l’accès pour ces patients. On prévoit aussi des contrôles pour améliorer la surveillance et prévenir la fraude, le gaspillage et les abus, parmi d’autres mesures. Ça fait partie intégrante du processus. Et dans ce contexte, les clients bénéficient de garanties en fonction de leur tendance. Je prends l’exemple de la perte de poids. On plafonne la tendance à 15 %, un pourcentage au-delà duquel les frais du programme risquent de s’appliquer. On a reçu d’excellents commentaires des clients à ce sujet. Environ cinq millions de personnes sont inscrites, et plus de nos clients désirent participer. C’est un excellent exemple qui montre qu’on peut trouver des solutions à un problème signalé par les clients et faire équipe avec eux pour aplanir certaines difficultés à long terme.
Charles Rhyee :
Compte tenu de la croissance de la catégorie jusqu’à présent, 15 % c’est assez incroyable. Comment pouvez-vous garantir une hausse aussi modeste de la tendance, étant donné l’origine de la croissance?
Harold Carter :
Je vois. Il y a quelques éléments clés à prendre en compte. Les critères et les mesures déployés nous permettent de travail sur du solide; seuls les patients dont le besoin est confirmé bénéficient d’un accès. Deuxièmement, on collabore avec les fabricants pour donner aux promoteurs de régimes le choix du mode de gestion. Et, dernier élément mais non le moindre, on examine notre utilisation des outils numériques, notamment dans le cadre du partenariat avec Omada Health, pour faire en sorte de soutenir ces patients dans leur parcours. Ce partenariat permet notamment de combiner l’expertise des cliniciens de notre centre de ressources thérapeutiques aux changements liés à la santé comportementale et au style de vie proposés par Omada Health, et de suivre le patient tout au long de son parcours. S’il ne répond pas au médicament ou n’atteint pas les mesures clés, le traitement cesse, puisque les données montrent qu’il n’arrive pas à perdre le poids nécessaire.
Et on établit aussi des objectifs à long terme pour ces patients. À défaut de les atteindre, certains vont peut-être y parvenir sans médicament. Ils ne sont pas obligés de cesser le médicament. Mais, je le répète, il n’y a pas que le médicament d’important; le patient doit aussi compter sur les autres formes de soutien qu’on peut lui offrir durant cette période.
Charles Rhyee :
On peut faire appel à des outils et à des partenariats, tout en évitant de se concentrer exclusivement sur l’administration du bon médicament au bon patient. Mais il faut aussi veiller au succès du traitement. Je veux parler d’Omada Health. Quand on pense plus largement au potentiel d’Express Scripts et à l’intégration d’outils numériques ou d’autres aides à la modification du comportement, quelle importance est-ce que ça aura pour les programmes de médicaments au-delà de la négociation du coût unitaire?
Harold Carter :
Quand on pense à tout ce qu’on fait, le concept s’écarte du point que vous soulevez. Ce n’est pas simplement une affaire de coût unitaire. On tient aussi compte de l’expérience des participants et on cherche à rejoindre les patients dans leur milieu pour qu’ils puissent obtenir un accès approprié au traitement et se concentrer sur les bons résultats. Si je regarde simplement les services en oncologie qu’on vient d’annoncer, on veut créer une expérience numérique afin que le patient puisse choisir un fournisseur de premier plan pendant son traitement. On veut l’accompagner dans le système de soins de santé, par exemple, quand il utilise l’application sur son téléphone au travail, etc. Les outils numériques vont jouer un rôle très important dans le système de soins de santé. On les intègre à bon nombre de nos solutions aujourd’hui, et on va continuer de les améliorer au fil du temps.
Charles Rhyee :
Quand on parle de communiquer avec les participants à un régime et de l’expérience qui leur est offerte, beaucoup d’entreprises cherchent à créer une marque reconnue. Avant, les gestionnaires de régimes d’assurance médicaments étaient plutôt des entités interentreprises. La plupart des patients ne savent même pas avec qui ils font affaire. Pour l’apprendre, ils doivent vérifier au verso de leur carte.
Harold Carter :
Oui.
Charles Rhyee :
Est-ce que ça doit changer selon vous? Est-ce que vous y songez maintenant dans la mise en marché afin de communiquer plus directement avec les participants à un régime?
Harold Carter :
Oui. On a pris certaines mesures pour faire connaître notre marque aux patients. On a beaucoup de souplesse pour travailler avec nos clients, par exemple, en utilisant leur nom et une marque commune afin d’offrir une expérience fluide aux participants. C’est important pour nous de soutenir la reconnaissance entre les marques et la communication en ce sens, mais on peut s’adresser aux patients de tellement de façons. Il y a beaucoup de scénarios différents dans lesquels on peut intervenir pour atteindre les résultats appropriés.
Mais, oui, on joue certainement un rôle plus actif pour que le patient sache qui on est, par exemple. Mais, en fin de compte, on communique seulement avec un faible pourcentage de la population au quotidien. Ça va être très important de travailler avec nos clients pour comprendre les autres outils qu’ils utilisent afin que le patient profite d’une expérience unique. On propose un certain nombre de solutions – par exemple, la navigation dans les soins de santé – qui visent directement ce à quoi vous faites référence : l’expérience des participants et la reconnaissance de la marque.
Charles Rhyee :
Oui. OK. Ça se tient. Dans une autre optique, j’aimerais vous entendre sur les médicaments biosimilaires. On en a parlé en long et en large il y a quelques minutes sur la scène. Vous avez décidé de retirer Humira de la liste nationale de médicaments assurés dès l’an prochain. Vous allez aussi vous associer à Quallent Pharmaceuticals pour mettre en marché une version biosimilaire de Humira. Comment en êtes-vous arrivés à cette décision? Évidemment, certains de vos concurrents s’orientent aussi dans cette direction. Quelles conséquences ça va avoir pour la vigueur du marché des médicaments biosimilaires et les occasions que vous y voyez?
Harold Carter :
Quallent Pharmaceuticals a été fondée en 2021 pour offrir un accès sécuritaire, abordable et continu aux médicaments génériques. On avait la chance de transposer cette expérience aux médicaments biosimilaires en misant sur une société implantée depuis un certain nombre d’années. Notre stratégie en matière de médicaments biosimilaires repose sur un processus très réfléchi pour concilier accès et abordabilité au profit des promoteurs de régimes et des participants. On savait que c’était très important dans ce partenariat de trouver des produits biosimilaires qui avaient le même profil que Humira, le médicament utilisé aujourd’hui par la plupart des patients. Bien des tractations liées aux brevets ont entraîné une certaine variation... à savoir si le profil des premiers médicaments biosimilaires était conforme ou non à celui de Humira.
On a réglé la question de l’interchangeabilité à forte concentration, et les patients et les promoteurs de régimes ont suivi. Comme on l’a annoncé la semaine dernière, environ 25 % des patients admissibles utilisent une marque privée de Humira qui ne leur coûte rien. Et, comme vous l’avez mentionné, on va exclure Humira de notre liste de médicaments assurés en 2025. Ce qu’il est important de retenir, c’est que Quallent Pharmaceuticals commercialise des médicaments biosimilaires de marque privée, mais que notre processus d’inscription à la liste de médicaments assurés demeure très différent. On surveille les coûts nets les moins élevés pour nos promoteurs de régimes, et non la valeur pour l’entreprise. Oui, la marque privée de Quallent figure dans la liste de médicaments assurés, mais d’autres produits biosimilaires y sont aussi inscrits; je pense à certains qui sont acquis au prix de gros. On propose donc aux patients et aux fournisseurs un certain nombre d’options.
Charles Rhyee :
C’est intéressant. J’aimerais vous entendre sur le faible coût d’acquisition au prix de gros. Vous avez dit plus tôt sur scène qu’on prescrit ou qu’on distribue le médicament biosimilaire le plus populaire. Est-ce exact?
Harold Carter :
Aujourd’hui, nos régimes offrent des options, mais, dans tous les cas, un médicament biosimilaire à faible coût d’acquisition au prix de gros est inclus dans toutes nos listes de médicaments assurés. Et ces produits continuent d’accroître leur part de marché.
Charles Rhyee :
Est-ce que ça représente un défi par rapport aux remises garanties aux clients? On a longtemps fait valoir que l’inscription de Humira à la liste nationale de médicaments assurés procurait une généreuse remise, ce qui permet de redistribuer globalement un certain montant... Je peux me tromper, mais...
Harold Carter :
Quand on prend une décision concernant la liste nationale de médicaments assurés, nos listes courantes retiennent toujours le coût net le moins élevé pour le promoteur de régime. La remise obtenue passe après. Et ce n’est pas le seul exemple. Je pense aussi à l’insuline sans marque d’Eli Lilly vendue 25 ou 35 dollars et qu’on a décidé d’ajouter à notre liste de médicaments assurés parce qu’elle représente le coût net le moins élevé. Nos décisions d’inscrire un produit sur une liste de médicaments assurés ne s’appuient pas sur le montant de la remise, mais sur le coût net le moins élevé pour le promoteur de régime. On travaille avec nos clients, nos consultants, etc., dans le cadre de ces modèles uniques. Je le répète, du point de vue des listes de médicaments assurés, la décision prise ne tient pas au montant de la remise ou à la possibilité de l’obtenir, mais au coût net.
Je souligne, d’abord et avant tout, qu’il incombe à notre comité de pharmacologie et de thérapeutique de déterminer l’inclusion ou l’exclusion d’un produit à la liste de médicaments assurés. Dans le cas d’un choix facultatif, il faut examiner deux médicaments concurrents et voir lequel est offert à un coût net qui permet d’économiser.
Charles Rhyee :
Merci de l’avoir précisé; ça facilite la compréhension. Une certaine confusion entoure parfois le processus décisionnel.
Harold Carter :
Tout à fait.
Charles Rhyee :
Pour en revenir à Humira, comment les choses risquent-elles d’évoluer? Quel est le potentiel de ce modèle, surtout quand on pense aux autres produits biosimilaires qui vont être proposés pour différents médicaments?
Harold Carter :
C’est une excellente question. On a annoncé la semaine dernière un médicament biosimilaire de Stelara sans quote-part à payer. D’autres renseignements suivront. Mais, d’ici 2030, les dépenses vont avoisiner les cent milliards pour les médicaments spécialisés dont le brevet arrive à échéance, au moment où un générique biosimilaire va entrer sur le marché. C’est une occasion importante pour nos clients de réduire les dépenses du système et de profiter de ces économies pour mieux gérer les coûts des nouveaux médicaments qui arrivent sur le marché. Et on va continuer d’innover pour faire en sorte d’offrir ces options aux clients et aux participants à un régime, comme on en a parlé tout à l’heure.
Charles Rhyee :
Y a-t-il encore des occasions liées à la maladie de Crohn? je pense surtout à un médicament du volet D. Qu’en est-il du volet B? Est-ce une occasion d’intégrer certains de ces programmes dans ce segment du marché?
Harold Carter :
Oui. Le volet B, comme dans « bébé », offre certainement un potentiel du point de vue des médicaments biosimilaires. On en observe déjà un grand nombre. On se souviendra qu’il a fallu au départ un certain temps avant que les médicaments biosimilaires concurrencent Remicade. Le marché a dû composer avec certaines complexités, mais les médicaments biosimilaires du volet B, comme dans « bébé », ont connu une croissance notable. Et c’est aussi vrai du côté médical. On verra bien comment tout ça va évoluer. Mais, une bonne partie des dépenses dont on a parlé tout à l’heure est associée au volet B. Quant aux conséquences de l’Inflation Reduction Act, les choses restent à éclaircir. On sait que le gouvernement va négocier certains médicaments du volet B en 2028, je crois.
Charles Rhyee :
Notre entretien touche à sa fin. Merci de votre présence à la conférence sur la santé au futur. Et bonne chance pour la suite des choses. On va suivre avec intérêt l’évolution d’EncircleRX et des autres programmes.
Harold Carter :
Très bien. Merci.
Intervenante 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.