Passage de Rona dans le balado pour parler élections en Alberta et politique fédérale
Invités : Rona Ambrose, présidente suppléante, Valeurs Mobilières TD, et Frank McKenna, président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Host: Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Frank reçoit sa collègue, l’honorable Rona Ambrose, pour discuter de la politique canadienne en général, et des élections en Alberta en particulier, où la récente déclaration de Rachel Notley sur l’impôt sur les sociétés ressemble à un but contre son camp dont le PCU pourrait bien profiter pour l’emporter la semaine prochaine. Ils commentent aussi la politique à Ottawa, notamment l’affirmation de l’ancien premier ministre Jean Chrétien selon qui le chef conservateur Pierre Poilièvre a des positions encore plus à droite que Stephen Harper. Rona termine par quelques conseils sur les médias sociaux pour les aspirants politiciens, en particulier les femmes.
[MUSIQUE]
RONA AMBROSE : J’aimerais qu’il y ait des élections, parce que c’est là que les gens sont rendus. Les gens veulent parler des questions vraiment importantes dans leur vie.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 40 du balado mensuel de Valeurs Mobilières TD sur la géopolitique avec notre invité, l’honorable Frank McKenna. Je suis Peter Haynes, Et je serai de nouveau votre hôte pour l’épisode d’aujourd’hui pour lequel on a un invité spécial avec nous pour le deuxième mois consécutif.
Cette fois-ci, on va accueillir l’honorable Rona Ambrose, ancienne cheffe du Parti conservateur et maintenant vice-présidente à Valeurs Mobilières TD. Rona se joint à nous aujourd’hui pour parler de certaines mises à jour sur les élections en Alberta, prévues plus tard cette semaine. Ensuite, bien sûr, Frank et Rona parleront des enjeux politiques fédéraux au Canada.
Comme je l’ai dit à plusieurs reprises et comme je le répéterai aujourd’hui, au nom de nous tous à Valeurs Mobilières TD, on se sent privilégiés d’avoir deux anciens politiciens dans nos rangs qui auraient tous deux pu être notre premier ministre. Rona est une de ces personnes et, bien sûr, Frank est l’autre.
Je le répète, c’est une perte pour le Canada, mais un gain pour la TD. On est très reconnaissants que vous travailliez tous les deux pour la TD, et que vous soyez avec nous aujourd’hui. Rona, merci d’être notre invitée spéciale.
RONA AMBROSE : Merci de m’accueillir. C’est un plaisir d’être avec vous et Frank.
PETER HAYNES : Eh bien, nous avons hâte d’en discuter. Je dois faire la mise en garde habituelle ici, pour rappeler aux auditeurs que notre balado est présenté à titre informatif seulement, les opinions exprimées dans le balado d’aujourd’hui sont celles des invités et peuvent ou non représenter les opinions de la TD ou de ses filiales. Elles ne doivent pas être considérées comme des conseils de placement, de fiscalité, etc.
Le mois dernier, comme je l’ai mentionné, nous avions un invité, Chris Krueger, du Washington Research Group, qui fait partie de TD Cowen. Et on est heureux de travailler avec son équipe sur les questions géopolitiques. Naturellement, on s’est concentrés sur les enjeux politiques aux États-Unis au cours du dernier mois. Même si certains enjeux font encore les manchettes et qu’on va peut-être en parler, je pensais qu’il était logique de revenir au Canada aujourd’hui et de régler certains des principaux problèmes nationaux. Et ça commence par les élections en Alberta.
Ces élections sont intéressantes, pas seulement en raison de l’importance stratégique de l’Alberta au Canada, mais parce que ça touche la première ministre, Danielle Smith, qui n’a pas été élue par la population de l’Alberta, mais par les membres du Parti conservateur uni à la suite de la démission de Jason Kenney. L’opposition de Smith aux élections est un visage très familier, Rachel Notley, cheffe du NPD et ancienne première ministre de l’Alberta de 2015 à 2019. Rona, il semble que cette course soit très serrée et on approche de la ligne d’arrivée. Pouvez-vous nous parler des points saillants jusqu’à maintenant et nous dire aussi si l’un ou l’autre des candidats a fait des progrès lors du débat de la semaine dernière?
RONA AMBROSE : Oui, tout à fait. C’est certainement une élection importante pour le pays et pour la province de l’Alberta. Fait intéressant, deux femmes se disputent le poste de première ministre. Donc, peu importe ce qui se passe, une femme sera première ministre dans cette province. Et ce sera la troisième fois. C’est intéressant que ça se passe ici, en Alberta.
Danielle Smith et Rachel Notley sont des personnalités connues des Albertains. Danielle Smith est en politique depuis longtemps en Alberta, en politique et dans d’autres sphères. Bien sûr, Rachel Notley était première ministre il y a quelques années. C’est donc une dynamique intéressante à considérer. Le vote par anticipation commence cette semaine. Et le soir des élections est la semaine prochaine, le 29 mai.
Les néo-démocrates tentent de faire reposer les élections sur la confiance et les soins de santé. Et au Parti conservateur uni, les conservateurs, on concentre notre message sur l’emploi, l’économie et la sécurité publique. Mais je pense que, comme partout au pays, le choix des électeurs se fera sur le point de l’abordabilité. Et je pense, du moins pour le milieu des affaires et en ce qui me concerne, le plus gros problème est sans doute l’impôt des sociétés.
J’en parle parce que les choses étaient assez concurrentielles sur le plan politique entre les deux partis. En fait, dans certains domaines, il semblait que le NPD était en territoire gagnant. Mais je pense qu’il y a eu une petite discussion la semaine dernière. C’était un objectif personnel de Madame Notley. Elle promet de faire passer le taux d’imposition des entreprises de 8 % à 12 %, ce que le NPD a fait la dernière fois que madame Notley était au pouvoir. Ensuite, quand Jason Kenney a pris le pouvoir, il l’a ramené à 8 %.
C’était le taux d’imposition des entreprises le plus bas au Canada. C’est ce qu’on a en ce moment. Et il est inférieur à 44 des États américains pour ce qui est de l’impôt des sociétés. Ça rend donc l’Alberta très concurrentielle sur le plan des taux d’imposition. La semaine dernière, le NPD a promis, s’il est élu, de relever l’impôt des sociétés de 38 %. C’était donc un moment de rupture pour le parti conservateur. Parce que tout à coup, un investissement quitte la province, des emplois seront perdus. Selon un certain nombre d’économistes, 37 000 emplois pourraient être perdus. On pourrait voir des sorties de plus de 1 milliard de dollars en investissements.
Et c’est à un moment où on parle de transition énergétique et tant d’autres questions... des turbulences géopolitiques; on a besoin de certitude, on a besoin de prévisibilité à l’égard du taux d’imposition des sociétés. Et on a besoin de compétitivité. Je dirais que c’est devenu l’un des principaux problèmes.
Le milieu des affaires commence à en parler. Les chambres de commerce ont déclaré qu’elles avaient vu ce qui s’était passé la dernière fois. Ce n’était pas une bonne idée.
Elles essaient presque de faire pression sur madame Notley. Écoutez, si vous êtes élu, ce n’est pas une bonne idée. Enfin, vous avez posé une question sur le débat. Il n’y a pas eu de coups de poing. Je ne peux pas dire qui a gagné ou perdu. C’était vraiment équilibré.
En fin de compte, le principal champ de bataille est Calgary. Le NPD va prendre Edmonton. Et le Parti conservateur uni prendra l’ensemble des régions rurales de l’Alberta. Le combat se déroule donc à Calgary.
PETER HAYNES : Pourquoi la question fiscale a-t- elle fait surface au cours des derniers jours? Est-ce que c’était quelque chose que le Parti conservateur uni gardait comme arme secrète à utiliser juste avant les élections? Ou juste un nouvel élément de la plateforme lancé par Notley au cours des derniers jours?
RONA AMBROSE : C’est un élément de la plateforme... Madame Notley a lancé sa plateforme la semaine dernière. Et elle avait besoin d’expliquer comment elle allait payer pour beaucoup d’augmentations dans les services publics. L’Alberta dépense plus d’argent par habitant en soins de santé que n’importe où ailleurs au pays. Il est intéressant de noter que les soins de santé, l’éducation et les programmes sociaux n’ont pas vraiment été le point de désaccord de cette élection.
Les partis ciblent les dépenses, l’aide aux infirmières, aux médecins, aux enseignants. Ce qui est soudainement devenu un problème, c’est l’impôt des sociétés et des entreprises. Madame Notley promettait de dépenser davantage.
Elle a dû expliquer où ça irait et d’où ça provenait, et comment elle allait obtenir cet argent. Et c’est grâce à cette augmentation de l’impôt des sociétés. Mais il y a un problème important avec ça, parce que de passer de 8 % à 12 % signifie qu’il y aura des répercussions sur l’économie, sur l’emploi, un impact sur les placements. Et maintenant, c’est là-dessus que porte le débat en Alberta.
PETER HAYNES : Et Rona, je me souviens quand madame Smith était candidate à la direction de son parti l’an dernier, sa plateforme était truffée de paroles agressives qui ont quelque peu choqué le reste du Canada. La loi sur la souveraineté de l’Alberta était un problème, qui suggérait en termes simples que l’Alberta ignorerait les politiques fédérales jugées préjudiciables pour la province. Il y a eu une suggestion à propos à propos du retrait de l’Alberta du RPC; et on en a parlé lors de notre conférence l’automne dernier.
Troisièmement, on a beaucoup parlé des vaccins et des politiques liées à la COVID-19. Il semble que ces enjeux ne soient plus au cœur des questions électorales. Est-ce que j’ai mal compris ou est-ce que Smith a décidé de mettre ces questions en veilleuse?
RONA AMBROSE : Oui, elle a dû mettre ces enjeux en veilleuse. Tout d’abord, dans la course à la direction, Jason Kenney est un de mes amis proches et j’aurais continué de le soutenir s’il s’était présenté de nouveau à un poste de direction. Mais j’ai dirigé et soutenu une jeune femme nommée Rebecca Schulz, qui s’est présentée contre Danielle Smith et contre certains de ces enjeux.
Danielle Smith a gagné. Elle n’a obtenu que 53 % des votes du parti. Vous devez donc vous rappeler que non seulement elle tente toujours d’unir le parti, elle doit maintenant unir toute la province. Elle a donc une grosse pente à gravir.
Et l’une des façons dont elle le fait est d’écouter beaucoup de personnes de son caucus et de son Cabinet qui disent qu’elle doit se débarrasser de certaines de ces politiques qu’elle a promu durant sa campagne. Elles semblent très impopulaires auprès de l’ensemble de l’électorat. Elle a donc décidé d’abandonner un certain nombre de ces politiques.
PETER HAYNES : Et ces politiques officiellement abandonnées, juste pour être clair, ce sont la loi sur la souveraineté et le retrait de l’Alberta du RPC?
RONA AMBROSE : Eh bien, je pense que le retrait de l’Alberta du RPC, ce sera une discussion pour l’avenir et ça pourrait donner lieu à un genre de référendum. Si ça se produit, ce sera à la population de décider; alors ce n’est certainement pas quelque chose pour cette élection. Pour la loi sur la souveraineté, oui, une loi ou quelque chose comme ça a été adoptée, mais c’était très symbolique. Elle n’avait ni le mordant ni le pouvoir qu’elle voulait au départ. Je pense qu’il y a eu beaucoup de résistance à ce sujet.
PETER HAYNES : OK, Frank, vous regardez la situation à distance, comme moi. Qu’est-ce que vous pensez des deux candidates? Et pour avoir occupé leur poste dans votre vie précédente, si vous étiez directeur de campagne ces candidates à qui il reste encore une semaine, quel conseil leur donneriez-vous pour les derniers jours de la campagne?
FRANK MCKENNA : Comme Rona, je connais ces deux femmes. Et, franchement, je pense que l’Alberta a la chance d’avoir le choix entre deux femmes fortes. Dans le cas de Rachel Notley, elle est bien connue du monde politique de l’Alberta, je pense que c’est une personne très respectée dans la province.
Son père, qui était chef du NPD avant elle, est décédé dans un tragique accident d’avion. À 21 ans, elle a eu le devoir difficile d’aller voir sa mère et de lui annoncer que Grant Notley était décédé. Elle a dû prendre de la maturité rapidement.
Je pense que c’est une politicienne chevronnée et qu’elle est très aimée, même dans le milieu des affaires. Franchement, son problème, c’est son parti. L’Alberta n’est pas une province néo-démocrate.
Les politiques néo-démocrates, certaines des politiques pro-syndicats et des grandes dépenses ne sont généralement pas populaires. Et je pense qu’elle a commis une grave erreur au cours de la dernière semaine en alimentant cette perception du NPD sur le plan fiscal. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. C’est peut-être pas une coïncidence si les sondages affichent une avance des conservateurs alors que la course était à égalité avant. C’est la situation pour elle.
Danielle Smith, par contre, a eu un parcours vraiment difficile pour devenir la cheffe du parti et éventuellement, première ministre. Je vous ramène à cette célèbre expression : pourquoi Willie Sutton volait-il des banques? Eh bien, il volait des banques parce que c’est là que l’argent était... pourquoi donc, pourquoi les leaders... pourquoi les gens en politique vont-ils aux extrêmes dans leur parti? Et la réponse est que c’est là que se trouvent les votes.
L’énergie de beaucoup de partis politiques se trouve sur les flancs. Et dans le cas de Danielle Smith, elle était, je pense, pratiquement la dernière et certainement pas concurrentielle. Elle s’est vraiment placée à l’extrême droite et a fini par recueillir beaucoup de votes de ce secteur dynamique du parti. Et elle a fini par obtenir la direction. Maintenant, comme beaucoup de dirigeants politiques, elle doit trouver comment se tourner beaucoup plus vers le centre, qui est habituellement l’endroit de la province qui compte le plus de votes.
Je dois vous raconter une petite anecdote personnelle. Mon fils était un dirigeant du secteur de l’énergie à Calgary et il a rencontré Danielle Smith l’année dernière ou la précédente. Et elle a dit : « Oh, dites bonjour à votre père. J’ai passé une fin de semaine avec lui dans les Caraïbes. »
Mon fils m’a appelé immédiatement et m’a dit : « Papa, est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir? »
Je lui ai dit que c’était en fait plutôt inoffensif. J’ai été président de Canvas Global. Elle était journaliste au Calgary Herald. Et on était tous les deux allés aux îles Turques et Caïques pour savoir si ces îles pourraient et devraient se joindre au Canada. Et je dois dire que la fin de semaine a été géniale. J’ai trouvé ça très intéressant.
Mais cela dit, son défi, parce que vous avez posé des questions sur les défis... c’est de fuir l’ombre des choses dont vous avez parlé... Le RPC, la GRC, la loi sur la souveraineté de l’Alberta, le vaccin et tous les enjeux connexes. Elle a donc laissé beaucoup de ces choses derrière, certainement pas au centre de sa campagne. Et la mesure dans laquelle elle réussira, sera la mesure dans laquelle elle pourra paraître inoffensive, centriste, pragmatique et à l’image d’une première ministre. Et donc les deux candidates ont le même problème, mais de différents côtés du spectre politique.
PETER HAYNES : Y a-t-il quelque chose qu’elles peuvent faire maintenant au cours de la dernière semaine? Ou est-il trop tard pour délaisser une stratégie fiscale à ce stade du cycle électoral?
FRANK MCKENNA : Elles feront toutes les deux du positif et du négatif. Dans les deux cas, elles voudront donner une image de première ministre et elles voudront renforcer leurs forces. Mais elles voudront aussi souligner les faiblesses de la partie adverse. Les néo-démocrates vont certainement essayer de faire passer Danielle Smith pour trop radicale et trop redevable à l’extrême droite de son parti. Et dans le cas des conservateurs, c’est très simple. Ils n’ont qu’à diaboliser le NPD. Alors, du côté négatif, c’est ce qu’ils feront.
Mais du côté positif, les deux candidates ont besoin d’avoir une image de première ministre, centriste et pragmatique. Malheureusement, je pense que le NPD, comme Rona vient de le dire, est probablement coupable d’avoir marqué dans leur propre but quand ils ont soulevé un enjeu qui n’est pas sain pour eux avant les élections.
PETER HAYNES : Frank, Rona a mentionné qu’il s’agissait d’une élection importante pour le Canada. Quand on pense aux libéraux fédéraux, quels aspects de cette élection intéressent particulièrement Ottawa? Et quand on y pense, le Parti conservateur de l’opposition de M. Poilièvre, qu’est-ce qu’il surveillerait de près?
FRANK MCKENNA : Oui, je veux juste mentionner un autre fait avant ça. Et ça concerne le NPD et les préoccupations du milieu des affaires. L’une des choses intelligentes que Rachel Notley a faites était de faire appel à l’économiste en chef d’ATB, Todd Hirsch, à titre de conseiller sur des questions commerciales et financières. Il a enseigné les finances publiques à l’Université de Calgary pendant neuf ans et il était économiste en chef à l’ATB. Je pense qu’elle faisait ce qu’il fallait pour essayer de dissiper une partie de la peur. Malheureusement, elle a peut-être perdu cet avantage.
C’est très simple pour les libéraux. Ils sont à la recherche d’un partenaire. Trudeau, quelles que soient les fautes que les gens lui attribuent... et je peux lui en trouver moi aussi... ses relations avec ses homologues provinciaux sont plutôt bonnes. Lui et Ford en Ontario, bien sûr, un conservateur progressiste, sont de bons amis. Il a réussi à établir une relation cordiale avec Legault, ce qui n’est pas facile, et une relation étroite avec le NPD et Horgan en Colombie-Britannique.
Il est donc facile à vivre comme partenaire. Mais vous devez être respectueux. Il a besoin d’un partenaire sur les enjeux climatiques, la taxe sur le carbone ... Mais, en particulier, dans le cas de l’Alberta, je dirais des voies de passage, qui sont à l’intersection du climat et de l’énergie. Et, franchement, l’Alberta a besoin d’un bon partenaire pour ses voies de passage. Le secteur de l’énergie a besoin d’une bonne voie.
Dans le cas de Poilièvre, sa situation est intéressante parce que ce qu’il veut est d’avoir un partenaire avec qui il peut travailler. Mais le NPD enverrait un mauvais message pour M. Poilièvre. Ce ne serait pas une bonne image pour son propre succès en tant que premier ministre. Mais il a de solides racines en Alberta. Je pense qu’il lit les feuilles de thé en Alberta très soigneusement avant cette élection.
PETER HAYNES : Rona, ce n’est un secret pour personne que vous et Jason Kenney avez beaucoup de poids dans la province. Et vous avez mentionné plus tôt que vous travaillez avec une autre candidate qui n’a pas remporté la course à la direction du parti. Est-ce une pratique normale pour vous et l’ancien premier ministre de participer aux élections publiquement? Ou restez-vous tranquille sur la touche? Et si vous avez dit quelque chose, qu’est-ce que vous avez dit publiquement?
RONA AMBROSE : Oui, je suis du parti conservateur. Et je veux que les conservateurs prennent le pouvoir. Et plus que tout, je veux qu’ils gagnent parce que je crois que sans une économie provinciale et fédérale forte, mais surtout ici, en Alberta, en tant qu’Albertaine, notre économie est importante.
Notre économie n’est pas énorme, mais on sait tous qu’on dépend fortement du secteur de l’énergie. Quand je pense à ce qui se passe à l’échelle nationale, à l’échelle mondiale, on ne peut pas toujours se fier au maintien des prix du pétrole. On doit réfléchir à une transition énergétique. On a besoin d’investissements dans cette province.
On ne peut tout simplement pas passer d’un régime fiscal parmi les plus concurrentiels en Amérique du Nord, à un endroit où les taux ne sont plus concurrentiels. Et Rachel Notley dira qu’on sera aux niveaux de l’Ontario et du Québec. Mais ça nous éloigne de ce qu’on avait, un des taux les plus compétitifs en Amérique du Nord, à 8 %.
Je veux juste réfuter une chose que Frank a dite au sujet de Todd Hirsch. Todd Hirsch. C’est un économiste très respecté qui travaille maintenant pour le NPD. C’était une excellente décision de la part de Rachel Notley. Mais il est sorti et a approuvé la plateforme, puis on l’a questionné à ce sujet et il a admis qu’il n’avait pas fait d’analyse sur les emplois et les investissements.
Jack Mintz a fait cette analyse. Et il a dit qu’il y aurait une perte d’investissement de 1 milliard de dollars pour l’Alberta et la perte de près de 40 000 emplois. On ne peut tout simplement pas accepter ça dans notre province. Et donc si Rachel Notley veut porter un veston bleu et donner une image progressiste, alors elle doit soutenir pour notre économie et à un taux d’imposition concurrentiel. J’en ai parlé. C’est une question qui me tient vraiment à cœur et je veux que le dirigeant de cette province vise à nous assurer que nous demeurons concurrentiels sur le plan économique.
PETER HAYNES : Est-ce que Jason Kenney a dit quelque chose publiquement? Ou est-ce qu’il reste en dehors de ça?
RONA AMBROSE : Je pense que c’est un peu différent pour lui. Stephen Harper, Stephen et moi avons parlé de l’importance de réélire un gouvernement conservateur, et tout tourne autour des enjeux économiques. C’est différent pour Jason. C’est l’ancien premier ministre, qui vient de terminer son mandat. Je pense que c’est respectueux de sa part de rester à l’écart pendant un certain temps et de la laisser porte le message.
PETER HAYNES : Alors que nous terminons sur ce sujet, je suis un amateur de hockey, je sais que Frank est amateur de hockey et qu’on est tous les deux fiers d’être Canadiens, et vous aussi, Rona. J’ai donc été heureux de voir l’annonce d’une entente pour un aréna à Calgary, qui comprend des contributions de toute la municipalité, du gouvernement provincial et de l’équipe de hockey. De toute évidence, le moment de cette annonce était lié au cycle électoral. Mais je suis curieux de savoir si cette question a l’appui général des Albertains, surtout à la lumière du récent vote à Tempe, en Arizona, qui a anéanti le financement par l’État d’un nouvel aréna pour les Coyotes de l’Arizona.
RONA AMBROSE : Danielle Smith a veillé à ce qu’aucun financement ne soit versé directement à la Calgary Sports and Entertainment Corporation, les propriétaires des Flames de Calgary. Elle soutient les infrastructures de l’aréna. L’entente est entre la ville et les propriétaires des Flames de Calgary. Mais ça a pris 10 ans d’efforts, et même plus, pour enfin avoir un aréna.
L’aréna actuel à Calgary est tellement vieux que certains groupes ne viennent pas jouer ici. Certains concerts ne peuvent pas avoir lieu ici parce que, et je n’exagère pas, l’équipement que les groupes utilisent ne peut pas être accroché au plafond parce que l’aréna est tellement vieux que ça serait dangereux. On perd donc toutes sortes d’activités économiques comme des concerts et des événements.
C’est le principal problème. Et le deuxième, c’est que c’est vieux et que les Flames veulent construire un nouvel aréna pour le hockey et bien plus. Si madame Notley est élue, ce sera très difficile pour elle d’annuler ce projet. Elle a dit qu’elle examinera l’entente.
Je pense que, si elle est élue, je ne serais pas surprise qu’elle tente de modifier les modalités de l’entente. Mais je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’on arrive maintenant à un point où cet aréna doit vraiment être remplacé.
Je pense donc qu’elle va probablement soutenir le projet si elle est première ministre. L’autre enjeu, c’est que c’est le champ de bataille de Calgary. C’est là que le NPD et les conservateurs se battent pour obtenir des sièges.
PETER HAYNES : Et c’était intéressant de lire un peu sur les derniers développements concernant l’aréna d’Edmonton, à quelle vitesse toutes les autres infrastructures autour de l’aréna, comme des hôtels et des copropriétés, sont construites. La rapidité avec laquelle on peut construire ces installations est incroyable. Je me demande parfois si c’est pris en compte dans toute l’analyse car il y a beaucoup de rhétorique politique à cette étape. Passons maintenant à la politique fédérale. Et le récent congrès libéral à Ottawa a été une occasion pour que les membres chevronnés du parti puissent donner une vue d’ensemble du Canada, notre place dans le monde et la future opposition politique au premier ministre Trudeau ou sa succession en 2025.
L’un des conférenciers de ce congrès est quelqu’un que vous, Frank, avez appris à respecter et de qui vous avez une excellente opinion. C’est l’ancien premier ministre Jean Chrétien. Voici ce qu’il a dit des propos du chef de l’opposition, Pierre Poilievre, selon lesquels le Canada a de gros problèmes. Monsieur Chrétien a dit : « Non, M. Poilievre, le Canada n’est pas brisé. Le Canada fait l’envie du monde entier. » Êtes-vous d’accord avec M. Chrétien?
FRANK MCKENNA : Je suis tout à fait d’accord avec lui pour dire que le Canada fait l’envie du monde entier. Je l’ai appris quand j’étais ambassadeur, et des autres ambassadeurs partout dans le monde, même. On voyage partout dans le monde, on entend tous dire à quel point le Canada est respecté. Mais je ne suis pas d’accord pour dire que le Canada n’est pas quelque peu brisé.
En passant, quand je dis qu’on fait l’envie du monde entier, c’est parce que chaque pays a des problèmes et qu’on en a moins que beaucoup d’autres pays. Mais le Canada est aussi brisé à certains égards. Je pense qu’il faut être honnête à ce sujet.
Ça ne fonctionne pas aussi efficacement que ça le devrait. Notre qualité de vie, qui est bonne, pourrait être meilleure. Je vais juste nommer trois ou quatre obstacles au commerce interprovincial. Il est inadmissible qu’on puisse avoir un libre-échange avec la plupart des grandes économies du monde et ne pas avoir de libre-échange au Canada.
Presque toutes les études indiquent que ça ajouterait au moins quelques milliers par année, par personne, au revenu des Canadiens et jusqu’à 80 milliards de dollars au PIB du pays. On a un défi de productivité. Non seulement notre productivité est pire, mais elle diminue. Et ça représente jusqu’à 5 000 $ par habitant qu’on pourrait améliorer pour notre niveau de vie et notre processus d’approbation réglementaire pour accomplir quoi que ce soit.
On a des problèmes pour ce qui est de la construction des pipelines, de l’obtention de minerais essentiels ou d’autres choses du genre. La guerre en Ukraine et en Russie à un moment où il était urgent d’agir, de fournir du gaz naturel à l’Europe, par exemple, ou de fournir de la nourriture aux gens ou d’avoir accès à des minéraux essentiels pour que chaque pays ait un certain sentiment de sécurité. On ne peut pas faire ces choses en temps opportun. On s’est beaucoup surréglementés à cet égard.
Et j’ose parler des soins de santé; on se compare toujours aux États-Unis. Et presque toutes les études indiquent qu’on offre probablement des soins de santé de meilleure qualité que les États-Unis, et à la moitié du prix. Presque toutes les études indiquent également qu’on offre de meilleurs soins et à un prix comparable à d’autres pays à l’échelle mondiale.
Donc, en se comparant sur cette base, je pense qu’on essaie de se donner bonne conscience. Mais notre système de soins de santé présente de réels défis. Et beaucoup de pays dans le monde ont fait un meilleur travail à cet égard. On pourrait donc apprendre des autres pays. Alors, est-ce que ça va bien ici? Oui. Est-ce qu’on pourrait faire mieux? Oui, beaucoup mieux.
PETER HAYNES : Rona, sur le même sujet que M. Chrétien, il a parlé de M. Poilièvre personnellement. Je sais que vous connaissez très bien M. Poilievre. Et il prétend que... M. Chrétien a prétendu que les opinions politiques de M. Poilievre étaient tellement extrêmes que celles de Stephen Harper paraissaient raisonnables. Sur une échelle de 1 à 10, la plupart des Canadiens aiment...
[RIRES]
je sais que vous trouvez ça drôle aussi. Sur une échelle de 1 à 10, la plupart des Canadiens aiment vivre dans une fourchette de 3 à 7 ou même de 4 à 6. Pourtant, M. Chrétien laisse entendre que M. Poilièvre est à l’extérieur de cette fourchette. Pensez-vous comme M. Chrétien, que M. Poilièvre est plus à droite que M. Harper? Pensez-vous que c’est juste?
RONA AMBROSE : C’est vraiment intéressant parce que, très souvent, on compare M.Harper et M.Chrétien parce qu’ils abordent leurs relations fédérales provinciales de la même façon. Ils ont géré fermement certains problèmes de la même façon. Stephen était partisan de l’incrémentalisme en matière de politiques.
Il était prudent et réfléchi. Et c’était quelqu’un qui faisait preuve de prudence et qui n’annonçait pas une initiative audacieuse et inédite, qui n’avait pas fait l’objet de recherches ou d’une réflexion approfondie. C’est vraiment intéressant... je ne considérerais jamais M.Harper comme un extrémiste.
Parce qu’il prône l’incrémentalisme. Il a fait les choses petit à petit, de façon prudente et réfléchie. Alors, non, je pense que Jean Chrétien est l’un des meilleurs politiciens en matière de campagne au Canada. Alors, bien sûr, vous lui demandez de venir parler à votre congrès pour s’attaquer à l’opposition. Il est très bon dans ce domaine. Il a toujours été fort en campagne.
J’ai beaucoup de respect pour lui, surtout dans ses relations avec les provinces sur plusieurs enjeux. Maintenant, non, je ne pense pas... Stephen n’a jamais été à l’extrême. Stephen a été très prudent au moment de la crise financière de 2008, comment on s’en est sortis, équilibrer le budget, réduire... augmenter le financement des soins de santé, mais sur une trajectoire très prévisible, financement à long terme sur 10 ans, annoncé de nouveau par le gouvernement Trudeau au même taux. Alors, non; parlons maintenant de l’idée que Pierre est plus à l’extrême.
Tout d’abord, Stephen n’est pas à l’extrême. Mais je pense que, encore une fois, Chrétien va dire ces choses-là parce qu’on... ça devient vraiment compétitif. Pierre devance maintenant Trudeau sur tous les fronts. Et donc, oui, des gens vont essayer de voir comment ils peuvent donner une image la plus négative possible de cet homme.
OK, ils peuvent dire qu’il est comme Donald Trump. Eh bien, il n’est pas comme Donald Trump. Il est loin d’être comme Donald Trump. Et ce qui est intéressant, c’est que c’est une affirmation si ridicule que ça ne fonctionne pas.
Ils continuent d’insister sur le fait que Pierre Poilièvre est comme Donald Trump. Et ça ne tient pas la route. Ils vont devoir avoir un débat avec Pierre. Justin et Pierre devront tenir un débat sur les politiques.
Parce que les gens en sont maintenant là, comme pour n’importe quel gouvernement, ils commencent à se lasser un peu des libéraux de M. Trudeau. Ils veulent se concentrer sur certaines choses qui leur tiennent à cœur. Et en grande partie autour de l’enjeu de l’abordabilité.
Justin essaie de se concentrer sur ces choses. Pierre s’intéresse aussi à ces aspects. Au fond, j’aimerais qu’il y ait des élections, parce que c’est là que les gens sont rendus. Les gens veulent parler des questions vraiment importantes dans leur vie. Ils ont l’impression qu’il y a un débat entre les deux. Je pense que si vous voulez dire... le mot est extrême. En fait, il y a une différence entre les deux leaders.
Et je pense que c’est sain. On doit avoir un débat qui se distingue sur le plan philosophique, par deux personnes différentes qui représentent... elles pourraient vouloir se rendre au même endroit, mais leurs idées sur la façon d’y arriver diffèrent.
Et on n’a pas eu ça depuis un certain temps. Je pense que c’est sain pour le pays. Il n’y a rien de mal à avoir ce type de débat.
Mais quand Jean Chrétien parle d’extrémisme, je ne vois pas la ressemblance avec Trump. Pierre Poilièvre est l’un des leaders nationaux les plus favorables à l’immigration qu’on n’a jamais vus. Je pense que l’expérience de sa femme en fait partie, avec l’arrivée de sa famille au Canada en tant que réfugiés du Venezuela, ça a eu un impact énorme sur lui.
Et l’une des seules politiques qu’il a annoncées avant l’élection est le programme « blue seal » qui permet d’accélérer la reconnaissance des titres de compétence étrangers pour les travailleurs immigrants, comme dans les soins de santé. Il met vraiment l’accent sur les problèmes d’abordabilité liés au logement. Je pense que ça a vraiment éveillé l’intérêt des jeunes.
C’est en partie à cause de son style de communication. Je pense que ça rejoint les jeunes. Les sondages le placent maintenant devant les autres partis du point de vue des jeunes, ce qui, franchement, ne s’est jamais produit pour le mouvement conservateur.
C’est très intéressant. Aucune de ces politiques n’est extrême. Aucun d’entre eux n’est à l’extrême droite. Vous savez, il n’est pas... Je ne vois pas encore de politiques qu’il a annoncées.
Je pense que l’un des facteurs qui le différencie est l’enjeu de la sécurité publique lié à l’approvisionnement sécuritaire de stupéfiants, à la violence, à l’intervention et à l’offre de traitements contre la toxicomanie. Je pense que ça interpelle les gens des villes qui voient beaucoup de problèmes liés à l’itinérance, la toxicomanie et la santé mentale. Je parle simplement de deux choses qui, selon moi, trouvent écho auprès des gens partout au pays, ne sont certainement pas des opinions extrémistes d’un politicien au Canada, et n’ont aucun lien avec un personnage comme Donald Trump.
PETER HAYNES : Frank, Rona a mentionné le nom de Trudeau à quelques reprises. Si Nate Silver faisait la promotion de la réélection du premier ministre Trudeau en 2024 ou 2025, ou à la prochaine élection : selon ce que vous entendez à Ottawa aujourd’hui, qu’est-ce qu’il dirait?
FRANK MCKENNA : Oui, d’après ce que j’entends à Ottawa aujourd’hui, il est presque certain qu’il se présentera de nouveau.
RONA AMBROSE : Oui.
FRANK MCKENNA : Mais les choses pourraient changer radicalement. Mais il a un défi à relever. Et, franchement, n’importe qui aurait un défi à relever dans le contexte actuel. Dans le cas de Trudeau, il a pris beaucoup de retard dans les sondages, jusqu’à 7 % ou 8 % dans toutes les régions du pays.
Ça doit être inquiétant pour eux. Mais il faut aussi s’inquiéter de l’état du monde. On est dans un contexte inflationniste.
Les gens voient ça sous l’angle de l’abordabilité des articles de tous les jours qu’ils vont acheter.
Il y a ça. Il y a l’état instable du monde. On a cette crise du plafond de la dette au sud de chez nous, la situation Ukraine-Russie, qui devrait peser sur nous tous. Et on met tout ça ensemble, l’appréhension liée à la situation entre la Chine et Taïwan, et l’ingérence chinoise au Canada, vous n’avez qu’à auditionner ces éléments et ce serait difficile pour n’importe quel candidat sortant. Et en plus, il était en Alberta durant huit ou neuf ans, et il est devenu un point de mire.
Tout comme on trouve nos montres et nos téléphones obsolètes, on a tendance à trouver nos dirigeants politiques obsolètes après un certain temps. Il assume donc automatiquement ce rôle. Et en adoptant certaines positions, il a tendance à créer lui-même cette situation.
Je pense que c’est intéressant. Une analyse approfondie de la politique me porte à croire qu’on aura un débat plutôt sain au Canada. Et c’est bien. Je pense qu’on a de la chance d’avoir des dirigeants crédibles qui peuvent en grande partie régler certaines questions litigieuses.
Par exemple, je pense que Poilière est en faveur de la légalisation du cannabis, il ne changera pas l’aide médicale à mourir, le droit de choisir, ce n’est plus un problème, le mariage de personnes du même sexe, tous ces problèmes, l’immigration. Ce sont des questions urgentes dans d’autres pays qui poussent les gens vers les extrêmes. Ils sont donc largement exclus.
On est donc beaucoup plus susceptibles de lutter contre les changements climatiques, les intentions des autres partis, l’intersection du climat et des pipelines d’énergie, comme le GNL. Les armes à feu seraient probablement un problème important. Parce que les libéraux ont vraiment repris ce dossier. On va probablement se battre pour le territoire du centre et se concentrer sur l’abordabilité, l’économie dans son ensemble et les enjeux de ce genre. Je suppose que ça révèle mes préjugés. Mais mon préjugé est qu’on ne conteste pas des choses qui ont été résolues dans le passé et qu’on règle certains des nouveaux problèmes liés à la vie personnelle des gens, la qualité de vie et l’abordabilité.
PETER HAYNES : Vous avez parlé d’immigration. Et on considère toujours l’immigration comme un problème aux États-Unis, un problème très médiatisé. Mais vous n’avez qu’à parler à nos amis du Royaume-Uni pour connaître les problèmes qui les touchent dans le cadre du débat sur l’immigration. Rona, Frank a mentionné un certain nombre de problèmes que M.Poilièvre pourrait avoir dans sa campagne. Y a-t-il quelque chose qui a été omis en ce qui a trait à ce qu’on appellera les piliers de la campagne de M. Poilièvre?
RONA AMBROSE : Eh bien, je pense que ce sera très ciblé... J’adore la façon dont Frank a abordé des questions litigieuses du passé. Ça en dit long sur la nature même de la politique canadienne qu’on est capables de surmonter certains de ces problèmes polarisés. Regardez l’enjeu de l’avortement au Canada par rapport aux États-Unis.
Ce qui se passe aux États-Unis en ce qui concerne le droit des femmes est totalement fou. Ici, nos deux dirigeants ont dit : « on est les deux pro-choix, on passe à autre chose. » C’est un aspect. Et vous regardez les autres pays qui régressent sur l’enjeu du mariage gai; le père de Pierre est gai et il a un partenaire de vie. Ils ont tous deux participé à son dernier grand rassemblement.
Je dirais que ces deux leaders sont progressifs à l’égard de toutes les bonnes questions. Je pense que la bataille portera sur l’économie et la sécurité publique. Ce sont les deux problèmes qui, selon moi, feront une certaine différence.
L’une des choses qu’on observe, et je pense que Frank serait d’accord... dans tous les pays, c’est ce sentiment de nationalisme et d’opposition au libre-échange. Et je suis content de voir que personne ne parle de fermer les frontières à la mobilité de la main-d’œuvre. Mais il y a beaucoup plus de discussions, et les deux parties le font, autour de la façon de construire à la maison? Et c’est dû en partie à des pressions externes, géopolitiques, des pressions sur nos chaînes d’approvisionnement, les leçons tirées de la COVID-19.
Je pense que ce sera aussi un débat intéressant aux prochaines élections. Les deux partis, ni l’un ni l’autre, ne sont là où je dirais Harper...vous savez, M. Harper a toujours été très favorable au libre-échange. Pourtant, les conservateurs, je pense qu’on a un peu progressé à cet égard, davantage vers la gauche, c’est-à-dire une approche plus nationaliste et plus axée sur la croissance au Canada, la protection de nos industries, ce qui est intéressant. Je pense que ça va être... et la sécurité publique est l’autre enjeu.
On a constaté une augmentation du taux de criminalité et on voit ce lien entre l’itinérance, la toxicomanie et l’activité criminelle dans certaines villes partout au Canada. Et ça devient un véritable problème pour les gens, certains ne se sentent plus à l’aise d’utiliser le transport en commun. Ils veulent simplement savoir comment les gouvernements vont gérer la situation.
Avons-nous besoin d’autres centres de traitement? Avons-nous besoin de plus de soutien pour la toxicomanie? Je pense que c’est aussi une question qui va faire l’objet d’un débat.
FRANK MCKENNA : J’appuie fortement ce que Rona a dit au sujet de la tendance nationaliste au pays. Ce n’est pas la bonne chose à faire pour le Canada. J’espère qu’on ne va pas devenir protectionnistes.
M.Poilièvre est vulnérable, il le sait, pour des choses comme le vaccin, son soutien au convoi, et ainsi de suite, parler de congédier le gouverneur de la banque, son intérêt pour la cryptomonnaie. Les libéraux tenteront de le diaboliser sur ces questions. Et une partie de sa réussite dépendra de sa capacité à se retirer de... Danielle Smith aussi, à se retirer de certaines positions comme celle-là et à se placer dans ce centre très large et très, très énergique. Vous pouvez choisir le champ de bataille sur lequel vous voulez vous battre, mais vous êtes ensuite entraîné dans d’autres champs de bataille.
RONA AMBROSE : Oui, c’est exact.
FRANK MCKENNA : Et je pense que le dernier chef conservateur, que j’aime beaucoup, Erin O’Toole, a perdu à la toute fin sur des sujets comme le vaccin et la vaccination des membres. Il était plutôt modéré. Il y a aussi des caucus qui ont des points de vue différents.
Et je pense que M.Poilièvre a un très bon contrôle sur son caucus. Mais s’ils s’éloignent des points de discussion comme les armes à feu, le climat et L’avortement, par exemple, il va avoir un petit problème. Vous pouvez contrôler certains des messages, mais certains des éléments sont... passent au-dessus du filet au moment auquel vous vous y attendez le moins.
RONA AMBROSE : Oui, et c’est ce qu’on dit toujours en politique. Vous savez, vous avez votre plateforme. Vous avez vos points de discussion. Vous avez votre stratégie.
Même en tant que gouvernement, vous avez tout ça. Puis quelque chose sort de nulle part et définit complètement votre administration, une chose à laquelle vous ne vous attendiez jamais. Comme pour Trudeau, l’élection de Donald Trump, n’est-ce pas?
Et l’ALENA, qui doit composer avec le sentiment anti-libre-échange, la guerre en Ukraine, je pourrais continuer longtemps. Et ce n’est pas ce que Justin Trudeau pensait qu’il se passerait pendant son mandat en tant que premier ministre et ça met votre stratégie complètement sur la mauvaise voie. Et c’est arrivé aussi à M.Harper, n’est-ce pas, avec la crise financière...
FRANK MCKENNA : La crise financière, oui.
RONA AMBROSE : Oui, la crise financière et certains des problèmes liés aux réfugiés, c’est vraiment intéressant.
PETER HAYNES : Frank, ça va être intéressant de voir s’il y a des perspectives de solutions politiques sur un sujet qui est à l’avant-plan aujourd’hui. Il s’agit de l’influence étrangère sur la politique au Canada. Et c’est un sujet qui est au cœur des discussions depuis un certain temps à Ottawa. Et on verra si ça va continuer. Des révélations ont fait surface à propos de la présumée ingérence chinoise dans les élections fédérales canadiennes, en particulier à l’égard du député conservateur Michael Chong, qui a été victime de menaces étrangères de la part du gouvernement chinois. Par conséquent, en guise de représailles, le Canada a renvoyé un diplomate chinois de Toronto qu’ils croient avoir été impliqué dans ces menaces contre Chong et sa famille élargie à Hong Kong.
Le gouvernement chinois a réagi en expulsant un diplomate canadien de Shanghai. Est-ce que le Canada peut faire beaucoup plus que ça pour protéger notre système politique contre l’influence de gouvernements autoritaires? Pensez-vous que le Canada en a fait assez pour envoyer un message à la Chine?
FRANK MCKENNA : C’est une excellente question. Et, en passant, le sondage Nanos qui a été publié révèle que l’une des raisons pour lesquelles les libéraux ont chuté assez abruptement c’est précisément à cause de cet enjeu. J’en ai parlé de ça et d’autres enjeux au ministre des Affaires mondiales cette semaine.
Mais on en a parlé. Et j’ai demandé, d’une certaine façon, qu’est ce que vous définiriez comme une réussite? Le succès pour elle, et son ministère a travaillé très fort en arrière plan, c’est pour elle, qu’on expulse un diplomate, ce qu’on devait faire, et qu’ils expulsent un diplomate, et c’est tout.
Il n’y a plus rien à faire. Plus de sanctions économiques, etc. Sur cette base, le Canada estime avoir obtenu un bon résultat. Je crois qu’ils ont aussi obtenu de bons résultats.
Et je veux vous dire ceci, si vous me permettez de prendre encore une minute. Son honneur le gouverneur général, l’ancien gouverneur général, M.Johnston, fait maintenant l’objet d’une enquête publique, et il recommande de ne pas la tenir. Il est l’une des meilleures personnes que j’ai rencontrées dans ma vie. Et le pays a été très chanceux de l’avoir comme gouverneur général.
RONA AMBROSE : Tout à fait.
FRANK MCKENNA : Et je pense qu’il a fait... je suis d’accord avec lui sur ce point. Et les Canadiens doivent comprendre un peu ce qui se passe en arrière-plan. Mais quand vous avez le genre de renseignements que vous avez, et il m’a dit, en passant, que le Globe and Mail a fait une fausse déclaration ou une déclaration hors contexte l’égard des choses qui se sont produites et a laissé entendre que c’était probablement moins grave qu’ils ne le prétendent.
Mais cela dit, dans ce genre de situation avec la plus grande ou la deuxième économie en importance au monde, il faut faire très attention. Et je peux vous le dire pour avoir siégé au Comité de surveillance du SCRS, votre collecte de renseignements doit être très, très soigneusement surveillée. Une enquête publique ne peut pas faire intervenir des informateurs ou indiquer où vous avez des micros cachés dans les ambassades ou dévoiler que certaines conversations sont surveillées. On ne peut pas faire ça.
Deuxièmement, vous ne pouvez pas compromettre vos alliés. Nous faisons partie du Groupe des cinq. Et les autres pays ne nous communiqueront pas leurs renseignements s’ils pensent que ça sortira au grand jour lors d’une enquête publique.
Troisièmement, on veut régler le problème chinois, mais on ne veut pas mettre ce gouvernement dans l’embarras. On ne veut pas les pousser à subir d’énormes représailles économiques et nos pêcheurs de homard ne peuvent pas vendre leur homard et les producteurs de soja ne peuvent pas vendre leurs fèves de soya, etc. On veut continuer à collaborer avec eux sur le plan économique, mais résister à ces questions de sécurité.
J’espère qu’ils trouveront le bon équilibre. Les médias adorent les enquêtes publiques. Ils n’ont plus à travailler. Ils s’assoient au fond de la salle et rédigent leurs histoires.
Les partis d’opposition adorent les enquêtes publiques. Ça met constamment le gouvernement dans l’embarras. Les avocats adorent les enquêtes publiques. Ils s’enrichissent tous. Elles sont plus longues qu’on ne l’avait prévu et plus étendues en termes de référence. Je pense que M.Johnston a amené quelque chose de pratique et de pragmatique. Et j’espère que ça nous permettra de désamorcer ce problème.
PETER HAYNES : Je ne veux pas utiliser une analogie qui n’est peut-être pas appropriée. Mais je vais juste vous lancer celle-ci. Toute cette question de représailles me rappelle un peu la série des Yankees et des Jays la semaine dernière quand des affiches avaient été volées. Et on sait que tout le monde vole des affiches. Mais si vous vous faites prendre la main dans le sac, vous allez en payer le prix.
Je dirais que les Blue Jays n’ont pas pris de mesures de représailles appropriées. C’est peut-être ça la raison; on va parler des Jays dans une minute; on a perdu du terrain dernièrement. Mais je pense que tout le monde sait qu’ils le font. C’est œil pour œil, dent pour dent. On va expulser quelqu’un.
Êtes-vous certain, Frank, que c’est fini? Ou pensez-vous que la Chine va en ajouter un peu et essayer d’aller plus loin? Pensez-vous que c’est tout?
FRANK MCKENNA : Oui, je le crois. Je ne pense pas que le problème disparaîtra. Mais je pense que le fait qu’ils ne soient pas allés plus loin et qu’ils n’aient pas mis de sanction économique est probablement révélateur. Donc, oui, en ce moment, le Canada dirait qu’on est quitte. J’espère que les Chinois se sentiront du même avis.
PETER HAYNES : OK, Rona, je vais vous poser une dernière question. Et c’est une question plus générale sur votre vie en politique. Vous avez commencé à faire de la politique en 2004, je crois. Je suis curieux de savoir, depuis que vous avez commencé votre carrière en politique, comment la vie politique a-t-elle changé? Je pense à des choses comme l’influence des médias sociaux. Croyez-vous que les médias sociaux et d’autres influences récentes ont des répercussions sur les élections en Alberta?
RONA AMBROSE : Oui, je veux dire, j’ai toujours dit que les médias sociaux sont merveilleux à certains égards, car ça démocratise l’information. Tout le monde a une caméra. Tout le monde peut enregistrer les choses au fur et à mesure. Les choses peuvent devenir plus authentiques. Elles peuvent devenir plus populaires. On le voit dans plusieurs mouvements de justice sociale importants partout dans le monde.
Mais les médias sociaux sont aussi... J’ai aussi appelé Twitter et je l’ai dit au président de Twitter que ça peut être un gouffre, en particulier pour les femmes du domaine public. On est régulièrement victimes de violence sexuelle et de cyberharcèlement, en proie aux évaluations grossières de notre apparence. C’est un endroit horrible pour engager un débat comme femme et personnalité publique. Mais c’est difficile de ne pas s’engager sur les médias sociaux, car c’est là qu’on peut atteindre beaucoup de gens.
Mes conseils sont donc... pour les femmes qui entrent en politique, je leur dis toujours, laissez votre personnel gérer ça, surtout votre compte Twitter. N’y touchez pas. Ne le lisez pas.
Laissez-les s’occuper de vos publications et de tout commentaire qui en découle. Envoyez-leur vos vidéos. Envoyez-leur vos photos.
Vous pouvez même leur dire ce que vous aimeriez exprimer. Mais laissez-les s’en occuper, puis gérer les conséquences. Et si les conséquences sont violentes, vous appelez la GRC. Et même, malheureusement, lorsque la GRC est impliquée, ces gens-là deviennent tellement sophistiqués que ça peut prendre beaucoup de temps à la police pour les retrouver. Les médias sociaux sont donc un outil utile pour transmettre votre message.
Je l’ai même dit à notre chef de la direction l’autre jour. Je fais beaucoup plus attention maintenant, parce que je n’ai plus de bouton de panique. Je n’ai pas le même type de protection que lorsque j’étais titulaire d’une charge publique.
Si je dois y penser et que je ne suis même plus un représentant élu, mais je m’exprime parfois, ça vous donne juste une idée de la façon dont vous devez surveiller vos publications, et je suppose, vous taire un peu parce qu’on a tellement peur du genre de personnes qui peuvent vous menacer. Et ce, de tous les côtés du spectre politique. Je ne dis pas que c’est à gauche ou à droite. C’est partout. Vous voyez des gens en attaquer d’autres de façon très violente.
Je l’ai vécu dans ma vie publique. J’espère que je n’aurai pas à vivre cette expérience dans ma vie privée. Mais c’est particulièrement difficile pour les femmes.
Et j’ai connu des femmes qui ont quitté la politique uniquement à cause des pressions liées à leur sentiment de sécurité publique en raison des médias sociaux. Et j’ai connu beaucoup de gens, et je pense que Frank aussi, qui doivent maintenant avoir une équipe de sécurité. Leurs enfants doivent respecter certains types de protocoles quand ils sont à l’école, tout ça à cause des médias sociaux. Beaucoup de bonnes choses, mais beaucoup de situations difficiles qui se manifestent pour les personnalités publiques.
PETER HAYNES : C’est malheureusement très triste et révélateur. Je tiens aussi à dire à Rona que nous sommes de tout cœur avec tout le monde en Alberta... j’aurais dû le mentionner plus tôt... pour les feux de forêt.
RONA AMBROSE : Merci.
PETER HAYNES : Pouvez-vous nous donner de bonnes nouvelles sur... j’ai lu des choses sur des changements météorologiques potentiels qui pourraient ou non être positifs. Avez-vous l’impression que vous maîtrisez la situation?
RONA AMBROSE : Oui, ils sont sous contrôle à plusieurs endroits. Il y a encore des dizaines et des dizaines d’incendies qui sont hors de contrôle, mais aucun qui menace des villes et des villages. Nous avons dû évacuer 20 000 personnes. Beaucoup de gens ont pu retourner chez eux. Et il a plu hier. Alors, alléluia. J’espère qu’il va continuer à pleuvoir. Mais c’est incroyable, le soutien qui provient des autres provinces, pour aider à combattre ces incendies. Et on voit aujourd’hui un certain dégagement de la fumée... un peu de pluie, des températures plus basses, ça a fait une différence, mais il y a encore beaucoup d’incendies actifs. Merci de l’avoir mentionné.
PETER HAYNES : Eh bien, nous vous soutenons, partout dans le reste du Canada. OK, Frank, une autre chose qu’on soutient ici c’est une meilleure performance de nos Blue Jays. J’ai reçu un message texte de votre part il y a 10 jours qui se lisait comme suit. Je dois vous lire ça, Rona.
« Les deux dernières parties contre Atlanta ont été les meilleures que j’ai vues depuis longtemps. J’espère que ça va continuer. » Par la suite, les Jays ont perdu trois parties sur quatre contre les Yankees de New York. Ils ont ensuite été lavés par Baltimore à Toronto puis ils ont perdu de nouveau lors du premier match de la série contre Tampa. Frank, où en êtes-vous maintenant après 50 parties ou est-ce qu’on s’en va dans toutes les directions?
FRANK MCKENNA : Oui, non, je pense que j’ai porté malheur à l’équipe, honnêtement. Elle a joué le type de baseball que j’adore dans cette série de trois parties et a remporté des jeux vraiment très intéressants. Mais depuis, tout s’est détérioré. Je suis plutôt découragé en ce moment, Peter, si vous voulez savoir. À l’exception de Chapman, je dirais Bichette, Bassitt, en général, tous les membres de l’équipe affichent un rendement inférieur. Je parle des releveurs et de certains lanceurs, et même ceux dans l’alignement. C’est une bien meilleure équipe que celle qu’on voit sur le terrain.
PETER HAYNES : Il est tôt, Frank. On en est encore qu’à 50 parties. Je suis d’accord avec vous. Je n’aime pas être au dernier rang. Mais dans un mois, j’ai l’impression qu’on va être en meilleure position. Mais Rona, je dois vous poser une question. Et c’est aussi préoccupant pour Frank et moi. Le Canada gagnera-t-il encore une fois la Coupe Stanley?
Je sais qu’on pensait tous, peut-être innocemment, que les Leafs gagneraient cette année. Et ça s’est terminé rapidement. Mais même les Oilers, je sais que vous les encouragez et que vous avez vu certains de leurs matchs au fil des ans. Vous avez parlé de McDavid dans le passé et de sa grande qualité.
RONA AMBROSE : Oui.
PETER HAYNES : Mais qu’est-il arrivé aux Oilers?
RONA AMBROSE : Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Le parcours de Calgary ne s’est pas bien terminé. Les Oilers, les Oilers n’ont pas... c’était un peu notre dernier espoir. Je ne sais pas. Vous savez quoi? Bien sûr, une équipe canadienne va encore gagner.
Mais c’est une question de chimie. Il s’agit d’avoir le bon coach. Il y a beaucoup de changements chez les directeurs généraux et les coachs. Espérons que l’année prochaine sera meilleure.
PETER HAYNES : Oui, et on dit tous qu’ils gagneront de nouveau un jour. Je tiens à vous le rappeler. J’ai 54 ans. Je suis né en 1968. C’était l’année qui a suivi la dernière victoire des Leafs pour la coupe Stanley.
Je commence à me demander si ça va se réaliser de mon vivant. Au moins, Frank, vous avez été... les gens savent que vous êtes un peu plus âgé que moi, mais au moins, vous êtes encore en vie et vous vous souvenez que les Leafs ont remporté quelques Coupes Stanley. Malheureusement, je ne peux pas.
FRANK MCKENNA : Les Leafs, les Canadiens et Calgary, etc., mais je suis... je suis d’accord avec vous deux. Je pleure un peu. J’avais de grands espoirs cette année. Je suis un grand admirateur d’Edmonton et de McDavid.
Je pensais que Calgary aurait pu se rendre aux séries éliminatoires. Et Toronto a trébuché. Et Winnipeg avait une équipe décente. Je me demande ce qui se passe.
Je ne sais pas. S’il y a quelque chose dans l’air au Canada. Mais on ne semble pas pouvoir aller au-delà du premier ou du deuxième tour.
PETER HAYNES : Ça ne semble pas correct. Je suis d’accord. Eh bien, on a vu beaucoup de choses ici au Canada. On a un grand pays et beaucoup de choses à voir. Et Rona, merci encore d’être venue aujourd’hui. Comme toujours, Frank, du contenu intéressant, et on se reparlera le mois prochain.
FRANK MCKENNA : D’accord, au revoir.
RONA AMBROSE : Prenez soin de vous.
[MUSIQUE]
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Rona Ambrose
Présidente suppléante, Valeurs Mobilières TD
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L’honorable Rona Ambrose est une leader nationale dynamique et une championne des droits des femmes et des filles, et a été chef de l’opposition officielle du Canada à la Chambre des communes et chef intérimaire du Parti conservateur du Canada. Ses réalisations comprennent notamment l’élaboration de politiques fédérales sur l’approvisionnement militaire, les stratégies industrielles, l’innovation en matière de santé et l’amélioration des lois relatives aux agressions sexuelles.
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
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À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant d’intégrer Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au Comité consultatif de la structure des marchés de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.