Conversation avec Chris Krueger, Groupe de recherche de Washington
Invités : Chris Krueger, directeur général, Macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, Groupe de recherche de Washington, TD Cowen, et Frank McKenna, président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Host: Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Dans l’épisode 39, Frank invite Chris Krueger, son nouveau collègue du Groupe de recherche de Washington, TD Cowen, au balado mensuel pour une discussion sur la politique américaine. Les deux experts en géopolitique discutent des possibles solutions au problème du plafond de la dette, de la façon dont les problèmes juridiques de M. Trump jouent en sa faveur et de ses possibles concurrents crédibles dans la primaire républicaine. Frank aborde certains sujets de conversation généraux avec des chefs d’entreprise, et Chris et Frank donnent les noms de leurs candidats idéaux à l’élection présidentielle.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 39 du balado mensuel de Valeurs Mobilières TD sur la géopolitique avec notre invité, l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haines, et je suis votre hôte aujourd’hui. Nous allons quelque peu déroger à notre format habituel, puisqu’un invité spécial va se joindre au balado. J’accueille Chris Krueger, stratège dans le Groupe de recherche de Washington de Cowen, où il couvre les questions macroéconomiques, budgétaires, fiscales et commerciales.
J’imagine qu’on peut maintenant parler du Groupe de recherche de Washington de TD Cowen, puisque notre paie à tous les trois sort désormais de la même machine verte après l’acquisition de Cowen par la TD. Chris, bienvenue à la TD. Parlez-nous de vos deux premiers mois après cette fusion.
CHRIS KRUEGER : Merci beaucoup de votre invitation. L’équipe est fantastique, bien au-delà de nos attentes pourtant très élevées. Et l’actualité n’est pas de tout repos sur le plan politique. On est passés directement de la conférence sur la santé à Boston aux faillites de la Silicon Valley Bank et de Signature Bank, puis à l’inculpation de l’ancien président Trump et enfin au plafond de la dette. Il y a beaucoup de sujets à couvrir, mais on est ravis de faire équipe avec nos nouveaux partenaires de Valeurs Mobilières TD et de la TD.
PETER HAYNES : Ce ne sont pas les sujets d’actualité qui manquent. Beaucoup émanent directement de la ville où vous vivez, Washington. On va analyser certaines questions aujourd’hui et Frank nous donnera aussi son point de vue.
Mais d’abord, voici la mention juridique standard pour rappeler à nos auditeurs que ce balado de Valeurs Mobilières TD est présenté à titre informatif seulement. Les opinions ici n’engagent que les personnes qui les expriment et peuvent ou non représenter celles de la TD ou de ses filiales. Elles ne doivent pas être considérées comme des conseils de placement, de fiscalité, etc. Frank, je vais commencer par une question que je vous pose souvent, et je ne sais jamais ce que vous allez me répondre.
Quelles sont les trois grandes questions à l’esprit des politiciens et leaders d’affaires à qui vous avez parlé récemment?
FRANK MCKENNA : Je les regrouperais en trois catégories. La première est assez vaste. Il s’agit des préoccupations nationales, des sujets fondamentaux. Les bénéfices des sociétés, l’inflation, l’évolution des taux d’intérêt, l’évolution de l’inflation, l’accès à la main-d’œuvre, ramener les gens au travail, les chaînes d’approvisionnement, la résilience.
Et pour Canada, j’ajouterais la politique américaine dans une plus large mesure, en raison de sa grande influence sur beaucoup de choses au pays. Comme l’a dit Robin Williams, je suis désolé pour les Canadiens. C’est comme vivre au-dessus d’un bar de motards. C’est parfois ce qu’on ressent quand on regarde de l’autre côté de la frontière. Qu’il s’agisse de la loi sur la réduction de l’inflation ou des politiques de certains candidats aux primaires, on doit constamment rester vigilants à ce qui se passe au sud de la frontière.
Voilà pour la première grande catégorie. La deuxième, c’est l’Ukraine. Ce n’est pas étonnant, au vu de l’impact spectaculaire de la guerre sur l’inflation et l’intensification des tensions entre les grandes puissances mondiales. Et troisièmement, la Chine, tout simplement à cause de sa taille et de son influence. Ce n’est sans doute pas politiquement correct, mais je crois que c’est assez juste. C’est toujours le plus gros rameur qui mène la barque.
Dans ce cas, on est face à un pays immense sur lequel sont braqués tous les regards, à cause de son poids disproportionné.
PETER HAYNES : On va se concentrer sur le bar à motards aujourd’hui. Ce sera le sujet de notre discussion. Mais avant, Frank je tiens à vous interroger sur une question politique au Canada. Que pensez-vous de la grève des fonctionnaires fédéraux et quand prendra-t-elle fin?
FRANK MCKENNA : Je pense qu’elle prendra fin assez rapidement. C’est le premier point. Ensuite, ces grèves sont parfois inévitables. Il y a souvent un écart important entre l’offre et la demande. Dans ce cas-ci, on se situe d’un côté dans un contexte inflationniste.
De l’autre, le gouvernement du Canada tente de faire preuve d’un minimum de retenue. Le clivage est donc inévitable. Et ce n’est pas tout. En toute honnêteté, il faut parfois tenir le discours que les gens veulent entendre. Les dirigeants syndicaux sont un peu dans l’obligation de montrer aux travailleurs ce dont ils sont capables.
Et le seul moyen d’y parvenir est habituellement de déclencher une grève. C’est inhabituel dans la fonction publique fédérale, mais toutes les conditions étaient réunies pour qu’on en arrive là. Je ne pense pas que cette grève enflamme les esprits. J’ai connu des grèves assez féroces, où on sentait vraiment gronder la colère, la rancœur.
Ce n’est pas l’impression que me donne cette grève. On est simplement en présence de deux forces qui procèdent par étapes, et on va aboutir à un accord négocié.
PETER HAYNES : C’est une bonne nouvelle. Ravi d’entendre que selon vous, la grève sera de courte durée et se limitera à l’esbroufe habituelle de deux parties qui sont en phase de négociation. Chris, on va revenir à ce qui se passe à Washington.
Puisque vous êtes basé à Washington et que vous discutez avec des investisseurs institutionnels, est-ce que tout le monde cherche une solution au débat sur le plafond de la dette? Et si oui, quelle est cette solution?
CHRIS KRUEGER : Oui. Pour faire suite à ce qu’a dit Frank, il y a trois sujets brûlants. D’abord, le plafond de la dette. Ensuite, la crise des banques régionales suivie d’une réponse politique historique. Et enfin, sans doute le retrait des programmes liés à la pandémie, puisque l’état d’urgence sanitaire a pris fin le 1er avril.
Mais le plafond de la dette domine les esprits. La Chambre des représentants est sur le point d’intervenir. La véritable variable, c’est la « date X ». La date X marque la fin des mesures extraordinaires prises en janvier quand le pays a atteint le plafond de la dette, qui s’élève à près de 31,4 milles milliards de dollars.
En fin de compte, tout comme durant la crise de 2011 et les crises bien moins sérieuses de 2013 et de 2015, il semble que l’on va encore repousser l’inéluctable. Si vous prenez le diagramme de Venn des politiques susceptibles d’être adoptées avec 60 voix au Sénat, une majorité simple à la Chambre et une signature du président Biden, il n’y a pas beaucoup de solutions évidentes.
Il va falloir aboutir à un compromis, peut-être en récupérant les 187 milliards de dollars de fonds non dépensés pour la COVID-19, en espérant que ça suffise à relever le plafond de la dette au premier trimestre de 2025 pour écarter la question du débat des prochaines élections. Ça ne veut pas dire qu’on échappera à un bras de fer.
Si la date X tombe le 30 juillet, la loi sera sans doute promulguée le 29 juillet.
PETER HAYNES : J’aimerais ajouter quelques remarques. D’abord, pour ce qui est des options, il est question d’invoquer la procédure régulière de l’article 14 de la Constitution. On parle d’un compromis sur le projet de loi présenté par le chef de la majorité de la Chambre, le Républicain Kevin McCarthy, la semaine dernière. Il est aussi question d’établir des priorités, c’est-à-dire de ne payer que certaines factures afin d’éviter un défaut de paiement. Pouvez-vous passer en revue ces scénarios, et quelle est la probabilité que l’un d’entre eux se matérialise le 29 juillet?
CHRIS KRUEGER : Oui. Ce sont vraiment deux grandes options unilatérales qui sont plus théoriques que pratiques. Mais pour répondre à votre question de façon plus générale, plus on se rapproche de la date X, plus il y a de chances que l’une de ces options, voire les deux, se concrétise. Le président de la Fed devra sans doute répondre à des questions à ce sujet à la conférence de presse du FOMC.
Mais pour ce qui est de l’option constitutionnelle – Le 14e amendement est l’un des trois grands amendements adoptés après la guerre civile, après 1865. Essentiellement, il visait à assumer la dette de guerre des Confédérés. Et l’amendement stipule globalement que la validité de la dette publique des États-Unis ne sera pas mise en question.
Ce texte s’est retrouvé sous les projecteurs à l’été 2011. L’ancien président Clinton a recommandé au président Obama d’invoquer le 14e amendement de façon unilatérale. À l’époque, Obama avait déclaré qu’il ne voulait pas ajouter une crise constitutionnelle à une crise économique.
La crainte était qu’un législateur intente une action en justice, au motif que le président avait outrepassé ses pouvoirs. C’est ce qui arrive avec l’annulation des prêts universitaires, par exemple. La crainte est que la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, émette de nouveaux titres du Trésor après la date X, et que ces titres se négocient à rabais en raison du risque de poursuites, dépendamment de la décision de la Cour suprême.
Entre-temps, on se retrouverait avec deux tranches de titres du Trésor, ce qui créerait toutes sortes de questions autour de la plomberie financière, des pensions sur titres, etc. Il semble donc que ce scénario apporte en réalité plus de questions que de réponses. La deuxième option remonte aussi à l’été 2011.
On le sait grâce aux transcriptions du FOMC. L’idée est d’établir des priorités. Le département du Trésor l’avait plus ou moins présenté à l’été 2011. L’idée était de reparamétrer les ordinateurs de sorte à prioriser les intérêts sur les titres du Trésor après la date X.
On aurait donc un défaut de paiement, sans D majuscule. Mais selon la secrétaire Yellen, c’est un défaut sans en porter le nom, car par définition, tous les paiements ne sont pas honorés. Il y a aussi une vraie question qui se pose. En théorie, l’idée peut fonctionner, mais le test bêta de la plus grande fenêtre de liquidités aura lieu sur les heures d’ouverture.
Et même si les ordinateurs du Trésor ne fonctionnent pas sous Lotus Notes, ils n’utilisent pas les logiciels les plus efficaces et les plus récents. Ceci dit, ces deux options sont là. Plus on se rapproche de la date X, plus on devrait en entendre parler dans les manchettes. Mais je dirais que l’on est dans une situation où le remède fera plus de mal que de bien à long terme.
PETER HAYNES : Revenons-en à McCarthy et au soutien nécessaire à la Chambre des représentants pour faire adopter son projet de loi. Est-ce perdu d’avance? Peut-on pratiquement faire abstraction de ce que dit McCarthy à ce stade?
CHRIS KRUEGER : Selon moi, la date X est le mécanisme ultime pour forcer la main. De par sa clarté, la date X est une variable plus importante que le vote de la Chambre. Les représentants républicains ont dévoilé une loi baptisée « Limit, Save, Grow ». Quoi qu’il en soit, le processus est en marche.
Il va falloir recadrer notre attention vers ce que le Sénat peut adopter. Il m’a toujours semblé que c’était avant tout entre les mains du Sénat. Le problème de McCarthy, c’est qu’il lui a fallu 15 tours de vote pour être élu. C’est la nature ingouvernable de cette Chambre coincée entre 18 Républicains, les districts que Biden a gagnés en 2020, et au moins autant de membres de la droite dure, du « Caucus de la liberté ».
Pour beaucoup de Républicains plus modérés à la Chambre des représentants, ce vote est surtout un processus visant à obtenir plus de poids pour négocier sur des sujets plus vastes, parce que le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, a déjà dit que le Sénat ne voterait pas ce projet de loi. Mais pour le Caucus de la liberté, cette loi n’est pas un moyen d’arriver à une fin. C’est la finalité.
Ils veulent plafonner les dépenses discrétionnaires totales aux niveaux d’avant la pandémie, interdire l’effacement des prêts étudiants de Biden, abroger les incitatifs fiscaux en faveur des énergies propres prévues par la loi sur la réduction de l’inflation, réformer les permis dans le secteur de l’énergie, etc. C’est donc la première vraie mise à l’épreuve pour le président de la Chambre, qui doit diriger une assemblée globalement ingouvernable avec une marge de quatre sièges seulement.
Quoi qu’il en soit, le processus est enclenché, et la date X nous donnera l’échéance finale.
PETER HAYNES : Frank, on a déjà parlé de ce sujet. Quand je vous interroge sur le plafond de la dette, vous répondez toujours qu’on trouvera une solution, parce qu’il n’y a pas le choix. Malheureusement, cette fois-ci, le dénouement ne viendra peut-être qu’après avoir causé des dommages à court terme sur les marchés.
Je crois que les États-Unis et le Danemark sont les deux seuls pays démocratiques à fixer officiellement un plafond pour leur dette. Frank, y a-t-il une solution à long terme pour éviter ces périodes chaotiques de bras de fer politiques? Peut-être l’approche constitutionnelle? Que feriez-vous si vous pouviez résoudre ce problème?
FRANK MCKENNA : Chris a très bien présenté la situation, et j’ai beaucoup appris en l’écoutant. Pour moi, c’est un anachronisme du système américain. Mais comme beaucoup d’anachronismes, il est difficile de s’en débarrasser. Il faut un large consensus, et je ne pense pas qu’il existe.
Rien ne prouve à mon avis qu’une discipline budgétaire s’impose. D’après ce que je constate, ça ne fonctionne pas très bien. C’est simplement une autre étape d’une grande saga. Les dettes et les déficits sont bien réels. J’ai une opinion assez tranchée à ce sujet, comme vous le savez, Peter.
C’est comme la loi de la pesanteur. Tout ce qui s’envole doit retomber. Mais il y a d’autres mécanismes pour régler cette question, que ce soit les élections, les budgets, etc. Je crois que c’est une fausse alerte, comme d’habitude. Cela dit, je crois qu’il faut savoir lire les signes et écouter ce que Chris nous a dit.
Une échéance approche. Je ne suis pas sûr que la date X soit vraiment ferme. On a toujours l’impression d’avoir une date un peu vague avant laquelle on peut déplacer de l’argent pendant une semaine ou deux. Mais si on a une date X ferme et précise, ce sera bénéfique, parce que les esprits pourront se concentrer dessus. On en a besoin.
Je m’attends à beaucoup de rebondissements. Tout d’abord, je crois qu’on va surmonter ce problème. C’est certain. Mais ça ne se fera pas sans drame, parce qu’on ne s’est peut-être jamais trouvés dans un contexte politique aussi déstabilisant.
Le président McCarthy dispose d’une marge de manœuvre très, très étroite à la Chambre et il a concédé beaucoup de pouvoir pour se faire élire Président. Par ailleurs, on est présence de forces très idéologiques. La tâche s’annonce donc difficile. Je pense que le Sénat et certains de ses membres qui sont de très habiles négociateurs devront intervenir pour voir s’ils peuvent débloquer la situation.
Mais on s’engage sur un chemin périlleux. Il risque d’y avoir de la casse en cours de route, car on se rapproche plus que jamais du précipice. On n’en a peut-être jamais été aussi proches.
PETER HAYNES : Chris, c’est une bonne nouvelle pour la sécurité de l’emploi. Ces questions reviennent sans cesse et vous êtes bien occupé. Passons aux démêlés de l’ancien président Trump avec la justice. Frank et moi, on dit souvent pour plaisanter dans ce balado que Trump pourrait être président en prison, mais qu’il n’aurait pas le droit de voter.
Malgré ses déboires juridiques, d’après un sondage publié par NBC News cette fin de semaine, 70 % des électeurs républicains soutiennent toujours Trump. Est-ce que ce chiffre vous surprend, et est-ce que ce soutien aura un impact sur la probabilité que le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, rejoigne la course?
CHRIS KRUEGER : Je rappelle toujours aux gens à quel point l’électorat des États-Unis est extraordinairement divisé. L’issue de l’élection présidentielle de 2020 s’est jouée à un peu moins de 43 000 voix dans trois États : l’Arizona, la Géorgie et le Wisconsin. Étonnamment, la marge s’est encore resserrée en 2022. Avec un peu moins de 12 000 voix dans cinq circonscriptions, la Chambre a basculé.
La prochaine élection présidentielle sera sans doute encore très serrée. Le président Biden et l’ancien président Trump sont, à notre avis, les favoris incontestables. Si Biden et Trump devaient à nouveau s’affronter, ce serait la première fois depuis Dwight Eisenhower et Adlai Stevenson en 1952 et 1956. Le gouverneur de Floride, M. DeSantis, était à Washington la semaine dernière pour obtenir du soutien, en particulier au sein de la délégation de Floride.
Plusieurs membres de la Chambre des représentants de l’État de Floride soutiennent Trump. Trump totalise près de 50 soutiens républicains au Congrès. DeSantis en a trois, aux dernières nouvelles. Après l’inculpation, il y a vraiment eu un rassemblement protecteur autour de Trump.
Comme les premiers débats sont prévus pour le mois d’août, il reste encore du temps. Mais à l’heure actuelle, on s’en va vers un nouveau face à face entre Biden et Trump.
PETER HAYNES : Je sais que DeSantis et son équipe ont passé du temps en Asie. Un autre candidat potentiel à l’investiture républicaine a aussi passé du temps en Asie récemment, sous les auspices de l’État dont il est gouverneur. Il s’agit de Glenn Youngkin, Gouverneur de Virginie.
C’est un ancien dirigeant de Carlyle.
Dans une récente chronique, le fondateur de Politico, John Harris, soutient qu’en remportant la victoire en Virginie, Youngkin a prouvé qu’il pouvait séduire la coalition d’électeurs qui soutiennent Trump sans attirer l’attention et la fureur de Trump.
Il dit aussi qu’en tant que centriste, Youngkin peut offrir quelque chose de différent de Trump et DeSantis, et potentiellement mettre fin à, je cite, une politique « pompeuse et querelleuse ».
Frank, je suis curieux de savoir si vous avez côtoyé Youngkin quand vous faisiez partie du conseil d’administration de Carlyle. Et est-ce le bon moment pour lui d’entrer dans la course?
FRANK MCKENNA : Il y a beaucoup à dire à ce sujet. Tout d’abord, je ne me rappelle pas l’avoir rencontré. On s’est seulement croisés pendant quelques mois. Quand il est arrivé, j’étais sur le point de devenir ambassadeur. J’entretenais une relation très étroite avec David Rubenstein à l’époque.
Youngkin était au bureau des fusions et acquisitions, et on n’a pas fait connaissance. Je l’observe depuis un certain temps. Il a vraiment un profil intéressant. Il a battu l’un de mes bons amis, Terry McAuliffe, aussi candidat dans cet État.
Terry était populaire. C’est un excellent politicien. Youngkin l’a battu haut la main. Peut-être pas haut la main, mais il l’a battu. Et Youngkin a beaucoup de bons points à son actif. Il est ingénieur, il a étudié à Rice University où il a joué au basket-ball pendant quatre ans, ce qui fait toujours bien sur un CV.
Il a travaillé 25 ans à Carlyle. Avant, il avait travaillé pour le Credit Suisse et McKinsey. Il a donc une expérience très solide du monde des affaires. Il a un MBA de Harvard. Il a donc suivi la voie royale que l’on attend.
Il a fait preuve d’une grande intelligence. Il possède beaucoup de caractéristiques chères aux Républicains, mais sans la bellicosité de Trump, sans l’outrance de Trump, si je peux me permettre ce terme un peu tendancieux. Il fait preuve de retenue. Mais il aborde beaucoup de questions liées à l’éducation, entre autres. Très souvent, il tente de s’adresser à une frange plus conservatrice du Parti républicain.
Il a adopté une approche extraordinairement équilibrée en évitant de critiquer pas Trump, sans toutefois le soutenir excessivement. Il essaie de suivre la même ligne que Nikki Haley, en ne tournant pas le dos aux fervents partisans de Trump. Et puis, il est assez nuancé dans ses propos.
Il est pour la vaccination, mais anti-masque, par exemple. Il est contre l’avortement, bien sûr, mais pas dans toutes les circonstances. Il se montre bien plus modéré et dans le cadre d’une élection présidentielle, il ferait preuve d’encore plus de modération qu’aux primaires.
Cela dit, je ne crois pas qu’il sera candidat. Je pense qu’il est trop tôt pour lui. Il doit faire ses preuves en tant que gouverneur. Il doit prendre le temps de régler les problèmes. S’il arrive à se faire réélire dans cet État, qui est plutôt démocrate, il aura démontré son éligibilité.
Il doit aller sur le terrain et acquérir plus d’expérience. Il est actuellement à l’étranger. C’est bien, mais il doit acquérir plus d’expérience à l’étranger et mieux se faire connaître aux États-Unis. Et n’oublions pas qu’il n’a pas subi d’attaque frontale.
On aurait pu introniser DeSantis il y a six semaines ou deux mois. Il était prêt pour le trône. Puis, Trump a pointé ses canons sur lui et il n’y a pas été de main morte. Dès que DeSantis a été davantage exposé aux médias nationaux, les problèmes ont jailli de toute part. Je n’exclus pas sa candidature. C’est incontestablement un candidat solide. Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il perde de sa superbe.
Pendant ce temps, Trump est indéboulonnable. Peu importe ce qu’on lui jette à la figure, tout semble glisser sur lui. À mon avis, le procès de New York n’est pas le plus accablant. Il y en aura d’autres.
L’effet cumulatif de toutes ces accusations, inculpations, allégations ou procès suffira peut-être à dissuader les Républicains les plus raisonnables de s’accrocher à Trump, mais il est certain que cela ne découragera pas les partisans purs et durs. Il va avoir derrière lui la frange la plus galvanisée de l’électorat républicain à l’approche des primaires.
Et pour l’instant, pour faire suite aux propos de Chris, on voit difficilement qui pourra le battre. Il y a peut-être des prétendants. Nikki Haley est crédible. Youngkin est crédible. Mais il n’est pas encore candidat. Il y a aussi l’ancien vice-président Mike Pence. Les gens intéressants ne manquent pas.
Mais pour l’instant, Trump est le favori. Et il a le chic pour rabaisser ses adversaires et les éliminer très rapidement.
PETER HAYNES : Chris, on pourrait avancer après ce qu’a dit Frank que le procureur général de New York, Alvin Bragg, et son procès qui rappelle celui d’Al Capone pourrait finir par aider Trump dans sa course à la nomination républicaine. Cela dit, le spectre d’autres inculpations criminelles plane encore sur lui.
Chris, pouvez-vous faire le point à ce sujet? À quel moment pourrions-nous entendre parler d’accusations un peu plus sérieuses que celles qui lui ont valu une inculpation à New York?
CHRIS KRUEGER : Oui. Franchement, j’ai été assez surpris que Bragg inculpe l’ancien président. Mais on a maintenant franchi le Rubicon, pour ainsi dire. Désormais, il se peut que d’autres procureurs se sentent plus libres de l’inculper à leur tour.
Quoi qu’il en soit, en théorie, le procès de New York aura lieu en janvier 2024. On sera en plein dans le caucus républicain de l’Iowa, juste avant celui du New Hampshire. Dans la période avant novembre 2024, car on présume qu’il est souhaitable que le procès s’achève avant la fin des élections – il y a deux grandes affaires sur lesquelles on devrait y voir plus clair d’ici six à huit semaines. Entre le procès et le mois de novembre, il y aurait l’affaire en Géorgie. La procureure du comté de Fulton examine le processus de certification en Géorgie durant le vote de 2020, l’appel téléphonique avec le secrétaire d’État, les quelque 12 000 bulletins de vote, etc.
Par ailleurs, un procureur spécial a été chargé de deux enquêtes. Le rôle de Trump dans les événements du 6 janvier et les soi-disant documents secrets à Mar-a-Lago. Cette affaire a-t-elle été embrouillée par les documents du président Biden, et les documents de l’ancien vice-président Pence? Bien sûr, mais on devrait y voir un peu plus clair sur ces deux affaires, disons d’ici juin. Depuis le début, c’est l’affaire en Géorgie qui inquiète particulièrement l’entourage proche de Trump.
PETER HAYNES : Pensez-vous que dans les mois qui viennent, indépendamment de la tournure que prendra l’affaire en Géorgie et celle entre les mains du procureur spécial, Trump gardera les faveurs d’assez d’électeurs républicains pour remporter l’investiture?
CHRIS KRUEGER : Oui, tout à fait. Mais pour beaucoup de Républicains à la Chambre des représentants et au Sénat, en particulier dans les districts où Biden a gagné ou dans les États clés, je ne vois pas en quoi ces inculpations feront gagner des voies à Trump.
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Je suis tout à fait d’accord avec Frank. Ces procès vont renforcer la popularité de Trump auprès des fidèles les plus acharnés. Mais pour les électeurs encore indécis à Détroit, à Scottsdale ou à Milwaukee, je ne crois pas que – Beaucoup de Républicains de la Chambre des représentants et du Sénat préféreraient largement mener campagne sur l’inflation, la criminalité, ou d’autres enjeux. En réalité, je soupçonne Trump de vouloir jouer les victimes et de faire passer ces inculpations au premier plan.
PETER HAYNES : OK. Frank, passons maintenant à l’autre camp. On sait bien qu’il est presque impossible de battre un président élu lors d’une primaire. Je crois que ça n’est arrivé qu’une seule fois, en 1852, quand le président démocrate Franklin Pierce s’est élevé contre l’esclavage. À ce jour, seule Marianne Williamson, auteure de livres de développement personnel et conseillère spirituelle d’Oprah Winfrey, est en lice pour l’investiture démocrate.
Sauf le respect que je lui dois, ce n’est pas gagné pour elle. Y a-t-il une chance qu’un concurrent crédible émerge face au leadership démocrate du Président Biden? Et si oui, merci de donner des noms.
FRANK MCKENNA : Pas si vous apposez l’adjectif « crédible ». Je ne crois pas, non. Kennedy a l’air de vouloir se lancer, mais il n’aura même pas le soutien de sa famille. D’autres auront peut-être envie d’attirer l’attention. Mais non, je ne crois pas qu’il aura de concurrent crédible.
PETER HAYNES : Pouvez-vous décrire le processus, Frank? Faut-il toujours passer par la nomination du leader lors de la convention, même en l’absence de candidats crédibles?
FRANK MCKENNA : Ils vont vouloir tenir une convention. Chris, pouvez-vous nous parler du processus?
CHRIS KRUEGER : Oui. C’est assez intéressant parce que le Comité national démocrate, sous l’impulsion de Joe Biden, a chamboulé les dates et l’ordre des États. On commençait toujours par le caucus de l’Iowa. Maintenant, la Caroline du Sud est censée passer en premier. Les caucus de Géorgie et du Michigan ont aussi été avancés.
Il y a eu de vives critiques dans le camp démocrate au sujet du fait que l’Iowa et le New Hampshire passent en premier, deux États qui manquent vraiment de diversité raciale, deux États ruraux. Ils vont donc commencer par des États plus représentatifs du pays et, à vrai dire, du Parti démocrate. Il ne semble pas qu’il y aura de débat dans le cadre du processus d’investiture. On verra ce qui se passe dans ces États,
mais il est extrêmement peu probable que l’on voit d’autres candidats crédibles émerger – c’est d’ailleurs ce que souligne la victoire éclatante des Démocrates aux élections de mi-mandat. La principale objection porte sur l’âge de Biden. Mais Biden et son entourage sont convaincus qu’il est le mieux placé pour battre Trump et qu’il n’y a pas d’autre candidat naturel capable d’être plébiscité à l’investiture.
Une grande lutte pour l’investiture démocrate ne ferait que souligner qu’avant tout, l’enjeu est d’éviter que Trump ne remette les pieds à la Maison-Blanche pour un deuxième mandat.
PETER HAYNES : Est-ce que vous êtes à 100 % convaincu que Biden va de nouveau se présenter ou proposer sa candidature?
CHRIS KRUEGER : Eh bien, selon le moment où ce balado sera diffusé – Il est censé annoncer sa candidature le 25 avril dans une courte vidéo.
PETER HAYNES : D’accord, vous avez raison. Notre balado arrivera sans doute trop tard. Il y a une question qui nous taraude au Canada – et certainement aussi dans d’autres pays. Si Trump est élu pour un deuxième mandat, y a-t-il des raisons de croire qu’il se comportera différemment envers ses alliés, notamment le Canada, par rapport à son premier passage dans le bureau ovale? Ou doit-on se préparer à encore quatre ans d’une litanie de doléances, d’imprévisibilité, et en fin de compte, de volatilité sur les marchés?
CHRIS KRUEGER : L’AEUMC a remplacé l’ALENA. L’article 232 a levé les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium. Mais on peut vraiment s’interroger sur l’approche de l’administration Trump vis-à-vis de l’OTAN. Rappelons que durant la campagne de 2020 pour un second mandat de Trump, la politique étrangère et plus précisément l’OTAN et la Chine étaient des enjeux majeurs. Dans les derniers jours de la campagne de 2020, il demandait d’énormes réparations monétaires à la Chine en raison de la pandémie. Je pense que la volatilité serait la marque de fabrique de ce gouvernement.
PETER HAYNES : C’est décevant. J’espérais une réponse différente, sans me faire trop d’illusions. Frank, on va terminer sur Trump contre Biden. L’affrontement semble presque inévitable. Dans les deux cas, on aura un président qui aura largement dépassé les 80 ans à la fonction politique le plus importante au monde dans une période très mouvementée, que ce soit du côté de la Chine ou de l’Ukraine.
Quand aura-t-on un leader américain plus jeune et qui se rapproche peut-être un peu plus de l’âge de l’électeur moyen?
FRANK MCKENNA : Il y aura forcément un retournement de situation. C’est inévitable. Mais il n’y a pas que Biden. Trump est aussi un vieil homme. Il n’est pas perçu de la même façon, mais il est presque aussi âgé et, à bien des égards, moins fringant que Biden.
Mais il projette une énergie et il fanfaronne plus que Biden. C’est donc une bataille entre deux aînés. Mais je ne veux pas critiquer les personnes âgées. L’âge apporte beaucoup d’avantages. On vit dans un monde en mutation.
Je crois que l’espérance de vie augmente d’environ trois mois par an. Elle a augmenté de 20 ans au cours des 20 ou 30 dernières années. N’importe quel actuaire vous dira que l’espérance de vie augmente. Et les gens restent en meilleure santé plus longtemps. J’ai siégé à un conseil qui comptait cinq octogénaires. Je peux vous dire que c’étaient les cinq meilleurs administrateurs du conseil, tous multimilliardaires à la tête de grandes sociétés.
À Toronto, on a eu une mairesse centenaire, Hazel McCallion, d’une vivacité d’esprit redoutable. Dans bien des pays du monde, que ce soit en Israël, en Afrique du Sud avec Mandela ou en Chine, un âge avancé est perçu comme un avantage. Je ne mettrais pas les aînés au placard.
Pour moi, c’est surtout une question de capacité. Ce n’est pas tant l’âge que le fait d’être en pleine possession de ses facultés. L’entourage revêt aussi une grande importance. Je crois qu’il est important d’avoir un très bon candidat à la vice-présidence et une équipe très compétente. Ronald Reagan était vieux, selon les normes dont on parle, mais il était bien entouré et très respecté.
On se souvient du fameux débat où il a rapidement coupé court à la question en disant qu’il n’allait pas attaquer l’autre candidat sur son âge. L’âge ne sera mis en cause que si l’un des candidats trébuche, fait des oublis ou commet des erreurs qui amènent les gens à penser que son âge est problématique. Sinon, je pense que l’élection suivra son cours.
Mais on va inévitablement revenir à des personnes plus jeunes. C’est un mouvement d’oscillation naturel. Au Canada, le pays s’est tourné vers Trudeau. Il était jeune et énergisant. Partout dans le monde, de jeunes leaders arrivent sur le devant de la scène.
J’ai été candidat au poste de premier ministre contre quelqu’un de très expérimenté, de 17 ans mon aîné.
Lors d’un débat, il a fait valoir qu’il était extrêmement expérimenté, contrairement à son adversaire, c’est-à-dire moi.
Et quelqu’un dans le public a crié quelque chose comme : je crois qu’on préférerait le gars sans expérience, si ça ne vous dérange pas.
Et il avait raison. En gros, ils étaient d’avis que l’un des candidats avait beaucoup d’expérience, mais pas une bonne expérience. Et ils lui ont préféré celui qui n’en avait pas. On choisit sa monture selon le chemin qui est devant nous. Il y aura des moments où le public voudra plutôt quelqu’un de jeune, dynamique, voire inexpérimenté, et d’autres où ils voudront quelqu’un de plus âgé, peut-être plus sage, avec beaucoup d’expérience.
On a été chanceux au Canada – et je ne suis pas objectif – d’avoir eu Jean Chrétien comme premier ministre. Il avait déjà siégé 35 ou 40 ans au parlement. Il avait occupé presque tous les postes ministériels. Et sur les grands enjeux de l’époque, il a apporté une sagacité, une sagesse, et presque une sérénité très difficile à trouver chez les autres.
Il a rassuré les Canadiens en leur faisant sentir qu’il les soutenait, qu’il avait une longue expérience derrière lui, et qu’il savait de quoi il parlait.
PETER HAYNES : Frank, j’ai reçu un texto qui rejoint ce que vous dites. C’est mon fils de 22 ans qui me l’a envoyé vendredi dernier à midi. Voilà ce qu’il m’a dit : « Trump est futé. Il a participé au balado de Nelk, et il a été vu 5 millions de fois en 12 heures, surtout par des gens en âge de voter. » Nelk fait partie des balados très suivis par les abonnés de Twitter, et les jeunes y prêtent attention.
Il s’adresse donc directement à ce segment de l’électorat américain. On va s’arrêter là. J’ai une question provocante pour vous deux. Chris, je vais commencer par vous. Je vais vous poser la même question. Si vous pouviez citer quelqu’un qui ferait un excellent président des États-Unis dont on n’a pas encore parlé dans ce balado, de qui s’agirait-il? À vous l’honneur, Chris.
CHRIS KRUEGER : Excellente question. Je pense à certaines femmes à la tête de grandes entreprises. Mais celui qui sort vraiment du lot, c’est l’ancien amiral William McRaven. C’est un ancien Navy SEAL quatre fois étoilé. Il a commandé les opérations spéciales durant le raid contre ben Laden. Et en tant que chancelier de l’Université du Texas, il a donné le meilleur discours aux diplômés que j’ai jamais entendu.
J’adorerais voir un président qui ne fait pas encore partie du paysage politique. Si vous vous souvenez bien, en 1996, Powell avait fortement été encouragé à se présenter, dans un rôle d’homme d’État issu de l’armée. Je suppose que l’on boucle la boucle après avoir mentionné Eisenhower au début de ce podcast. Je suis sûr qu’il y en a d’autres, mais c’est l’amiral McRaven qui me vient à l’esprit.
PETER HAYNES : OK. Frank, pouvez-vous faire mieux?
FRANK MCKENNA : Ok. Non, je ne peux pas, car c’est un excellent choix. D’ailleurs, Colin Powell était un ami, tout comme Alma. J’adorais ce gars-là. C’était quelqu’un de formidable. Il aurait fait un excellent président à de nombreux égards. Je suis un peu triste que l’Histoire en ait décidé autrement.
Je vais nommer quelqu’un dans chaque camp, même si c’est complètement improvisé et qu’ils ne seront sans doute jamais présidents. Je dirais Jared Polis, le gouverneur du Colorado. Je le mentionne parce que c’est un Démocrate qui a remporté l’élection au Colorado.
C’est un État intéressant qui se situe au centre du pays, sur le plan géographique et idéologique. Il a été élu deux fois, avec une large majorité. Il est ouvertement gai. Il est juif, il a étudié à Princeton et a fait fortune dans des sociétés technologiques qu’il a mises sur pied et vendues. C’est un grand philanthrope, quelqu’un d’intéressant capable de représenter beaucoup de circonscriptions.
Je mentionnerais Chris Sununu du côté des Républicains. Je ne suis pas objectif, parce que j’ai servi avec son père, John Sununu, un homme très intelligent qui est ingénieur nucléaire. Chris Sununu est aussi ingénieur. Il est diplômé de MIT et gouverneur du New Hampshire. Il est populaire. Un centriste qui en est à son quatrième mandat. Il orienterait le parti républicain vers une autre partie du spectre idéologique. Je doute que l’on entende parler de l’un ou l’autre, mais ce sont deux noms intéressants.
CHRIS KRUEGER : Ce sont deux noms vraiment très intéressants. J’ajouterais deux autres gouverneurs. Gretchen Whitmer, gouverneure démocrate du Michigan, et Brian Kemp, gouverneur républicain de Géorgie. Je les mentionne parce qu’ils ont été réélus mais aussi parce qu’aux élections présidentielles, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, tout se joue dans cinq États.
Et si on peut ramener ce nombre à quatre, c’est déjà ça. Mais la dernière fois, seuls cinq États sont passés de Trump à Biden, à savoir l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Wisconsin, et la Pennsylvanie. Ces cinq États seront sans doute à nouveau l’épicentre des élections.
PETER HAYNES : OK. Chris, on a une petite tradition pour conclure ce balado. On termine toujours en parlant de base-ball. La semaine dernière, j’étais à Washington. Les Nationals de Washington jouaient à domicile contre leur rival, les Orioles de Baltimore. En toute franchise, l’équipe des Nationals est un vrai désastre. Comment faites-vous pour les soutenir à Washington?
FRANK MCKENNA : [RIRES]
CHRIS KRUEGER : Je suis du Vermont, et je suis très heureux d’être à la TD. C’est presque un retour au pays. Mais en tant que partisan des Red Sox, je dois dire que la division Est est très forte. Washington est avant tout une ville de football. Il semble que le changement de propriétaire de l’équipe de football sera le grand événement dont on parlera à l’automne.
PETER HAYNES : Oui, parce que vous n’allez pas soutenir cette équipe de base-ball. Je suis plutôt d’accord.
CHRIS KRUEGER : [RIRES]
PETER HAYNES : OK. D’un autre côté, Frank, il est vrai que les Red Sox sont redoutables. Il se pourrait que les cinq équipes de la division Est battent des records cette année. Les Blue Jays ont conclu la fin de semaine sur une victoire de 3 à 2 dans le Bronx. C’est toujours une bonne nouvelle.
On revient à domicile, et on joue vraiment bien. Frank, je dois vous demander si par certains côtés, l’équipe des Blue Jays vous inquiète? Et qu’en est-il des Rays? Est-ce qu’une équipe, à part Toronto, arrivera un jour à les battre?
FRANK MCKENNA : Ok. J’aurais une ou deux choses à dire. D’abord, on a vraiment rehaussé la qualité de ce programme grâce à Chris. J’ai été très heureux de participer à ce balado avec lui. Deuxièmement, je suis du Nouveau-Brunswick, où on est profondément divisés entre les Red Sox et les Blue Jays.
On est une nation vouée aux Red Sox, comme dans le Vermont, j’imagine. Mais je suis un inconditionnel des Jays. J’adore à quoi ressemble notre équipe, Peter. Ils me donnent quelques petites palpitations tous les soirs, car leur jeu est inégal.
Un soir, ils nous offrent un spectacle époustouflant, et la fois suivante, ils cèdent trois ou quatre points. À quelques occasions, le meilleur lanceur de la rotation a été sorti du rectangle presque à la première manche, pour revenir à la septième ou huitième manche. Une fois qu’ils auront établi une certaine régularité, on aura une très bonne équipe de base-ball.
PETER HAYNES : Je suis d’accord. Pour notre prochaine discussion à trois, on pourrait se retrouver à une rencontre entre les Blue Jays et les Red Sox. Ce serait super. Chris –
CHRIS KRUEGER : Ce serait amusant. Ok. Le temple du base-ball nous attend.
PETER HAYNES : Ok. Ou on pourrait vous accueillir dans la ville du siège social de la banque pour laquelle vous travaillez, ici à Toronto. Quoi qu’il en soit, merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation aujourd’hui. Frank, comme toujours, merci de votre présence. Et je suis certain que l’on aura l’occasion de se reparler tous les trois.
CHRIS KRUEGER : Excellent. Merci beaucoup, messieurs.
[MUSIQUE]
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Chris Krueger
Directeur général, Macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, Groupe de recherche de Washington, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, Groupe de recherche de Washington, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, Groupe de recherche de Washington, TD Cowen
Chris Krueger est entré au service du Groupe de recherche de Washington, TD Cowen, en août 2016 à titre de stratège de Washington. Chris et le Groupe de recherche de Washington, TD Cowen, se sont récemment classés au deuxième rang dans la catégorie liée à la recherche concernant Washington par Institutional Investor, catégorie dans laquelle ils se toujours illustrés au cours de la dernière décennie. Chris publie le DC Download, un quotidien incontournable pour les gestionnaires de portefeuille de Wall Street qui souhaitent avoir un aperçu rapide des principaux événements de Washington et de leurs répercussions sur les marchés financiers. Il traite des politiques macroéconomiques, budgétaires, fiscales et commerciales de Washington.
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant d’intégrer Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au Comité consultatif de la structure des marchés de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.