Le balado est disponible en anglais seulement.
Invitee: Frank McKenna, Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur: Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Dans l’épisode 42, Frank s’enregistre de son lieu de travail d’été au Nouveau-Brunswick pour une discussion de grande envergure sur un calendrier géopolitique chargé. Nous commençons près de chez nous par un résumé du récent discours de la secrétaire d’État Hillary Clinton à l’événement de bienfaisance de golf estival de Frank sur la côte Est. Sans surprise, les propos de Mme Clinton étaient axés sur la politique américaine, y compris la perspective d’une nomination au parti républicain de Donald Trump et la probabilité qu’un tiers perturbe les élections de 2024. Frank compare la situation dans l’Israël de Netanyahou à un deuxième mandat de Trump dans le Bureau ovale et suggère que personne ne devrait tenir pour acquises les normes démocratiques dans le monde occidental. Après une brève allocution sur le sommet de l’OTAN, nous nous tournons vers la politique canadienne et discutons du remaniement ministériel de M. Trudeau et de ses répercussions potentielles sur le prochain parti au pouvoir au Canada. Avant de terminer sur les Blue Jays, Frank sort sa boule de cristal pour avoir une vue d’ensemble très intéressante du monde dans 10 ans.
Ce balado a été enregistré le 27 Juillet 2023.
[TRAME MUSICALE]
FRANK MCKENNA : En suivant ce qui se passe en Israël actuellement, on voit à quelle vitesse les démocraties fonctionnelles se désintègrent.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 42 du balado mensuel de VMTD sur la géopolitique, en compagnie de l’honorable Frank McKenna. Ici Peter Haynes, votre animateur pour cet épisode intitulé « Un été pas si tranquille ». De toute évidence, l’actualité géopolitique ne manque pas. Bien au contraire. Tandis qu’ici, dans l’hémisphère nord, l’été bat son plein, j’en profite pour demander à Frank ce qu’il pense de différents enjeux au Canada, aux États-Unis, en Israël et ailleurs dans le monde.
Avant de commencer, je rappelle aux auditeurs que ce balado de Valeurs Mobilières TD est diffusé à titre informatif. Les opinions qui y sont exprimées n’engagent que leurs auteurs. Elles ne représentent pas nécessairement le point de vue de la TD ou de ses filiales et ne constituent pas des conseils auxquels se fier, notamment en matière de placement ou de fiscalité.
J’espère, Frank, que vous profitez de votre été sur la côte Est et que vous serez allé vous coucher avant que les Blue Jays ne gaspillent une avance de quatre points mardi. En revanche, ils sont revenus de l’arrière hier et ont décroché la série contre les Dodgers. Mais le match de mardi était pénible à regarder.
FRANK MCKENNA : Oui, ma femme trouve que je ne suis pas le même homme lors des matchs sur la côte Ouest. Je me couche tard et de mauvaise humeur.
PETER HAYNES: Il y a de quoi. Mais on va revenir sur ce que les Blue Jays doivent faire pour régler leurs ennuis dans l’enclos des releveurs à la fin du balado. Ne manquez pas notre bref segment sur le baseball. En attendant, on va commencer par ce qui se passe chez vous.
Chaque année, en retournant sur la côte Est à l’été, vous tenez un événement caritatif qui, semble-t-il, réunit tout le gratin du monde des affaires local. Pour l’occasion, vous recevez des hauts dirigeants mondiaux à titre de conférenciers. Cette année, votre invitée d’honneur était l’ex-secrétaire d’État, Hillary Clinton. Quels étaient les trois principaux messages à retenir de son allocution?
FRANK MCKENNA : Oui, l’ex-secrétaire d’État Clinton a pris la parole. Je pense que c’est l’événement le populaire que nous ayons organisé en 23 ans. Les gens faisaient la queue pour l’entendre sur ce dont vous venez de parler… Il y a tellement d’enjeux importants qui agitent le monde.
Premier message : attachez votre ceinture! Qu’on le veuille ou non, on va sans doute assister aux États-Unis à un duel présidentiel entre Donald Trump et Joe Biden.
Les opposants à Biden sont nombreux, surtout en raison de son âge.
Madame Clinton estime qu’il faut passer à autre chose. Biden sera le candidat démocrate. Trump est loin de faire l’unanimité, mais, actuellement, on dirait que personne ne peut le battre. C’est la confrontation à laquelle on risque d’assister.
Le deuxième message porte sur les réalisations de Biden. Selon madame Clinton, l’histoire va retenir que sa présidence aura été marquante, même si on ne semble pas vouloir lui en accorder le mérite dans les sondages.
Je pense à la loi sur les infrastructures, que les États-Unis n’étaient pas parvenues à adopter en plus de 50 ans. Il y a aussi la loi CHIPS Act, qui vise à accroître la compétitivité des États-Unis dans le secteur des semiconducteurs. Je souligne aussi le projet pour limiter les armes à feu. L’effort est très modeste, mais il a tout de même permis de faire avancer les choses. Et puis, il y a l’Inflation Reduction Act, une loi pour laquelle on n’aurait pu choisir pire nom, mais qui va permettre aux États-Unis et à son secteur industriel de se hisser à la fine pointe de la technologie dans la lutte aux changements climatiques. Une victoire extraordinaire pour le président.
En général, on reconnaît également qu’il manœuvre habilement dans la guerre en Ukraine. Il est parvenu à maintenir la cohésion au sein de l’OTAN et le soutien de l’opinion publique américaine. Dans l’ensemble, madame Clinton estime que c’est un très bon bilan.
J’en viens à son troisième message. Nous avons longuement parlé de l’Ukraine. Elle connaît Poutine de longue date, tout comme l’Ukraine, et pense que si on ne repousse pas la Russie en Ukraine, il va falloir l’affronter ailleurs en Europe de l’Est. Et elle croit aussi que les États-Unis doivent continuer de fournir des armes, de la technologie et des renseignements militaires à l’Ukraine.
Elle est d’accord avec moi en partie pour dire qu’on semble toujours en faire trop peu trop tard. On a pris trop de temps à acheminer de l’artillerie à longue portée, des chars d’assaut et maintenant des chasseurs F-16. On semble toujours à la remorque des besoins de l’Ukraine. Mais les armes et le soutien finissent par arriver et l’Ukraine livre une bataille héroïque au nom du reste du monde.
Voilà donc les trois principaux messages qu’il faut retenir.
PETER HAYNES : Dites-moi, Frank, quand les historiens vont conclure au bilan positif de l’administration Biden dans quelques centaines d’années, ne croyez-vous pas qu’ils vont surtout discuter d’événements survenus en marge du gouvernement, et plus particulièrement à la Cour Suprême?
Je me demande si certaines des décisions de la Cour Suprême – sachant qu’elle penche maintenant à droite, et j’en veux pour preuve le renversement de l’arrêt Roe contre Wade entre autres dossiers – vont éclipser certaines des réalisations dont vous venez de parler.
FRANK MCKENNA : On peut voir ça d’un œil un peu différent en ajoutant ces victoires à la liste de Trump. À propos de Trump, un partisan reconnaîtra peut-être qu’il a semé le chaos et provoqué la controverse, mais il prendra sa défense parce qu’il a nommé à la Cour Suprême trois juges qui vont favoriser la droite pendant très longtemps.
Si j’étais un partisan de Trump, malgré tous ses agissements, je lui accorderais le mérite d’avoir fait ça pour moi. Tout ça a donné une série de décisions marquées au coin de l’idéologie, qu’il s’agisse de l’arrêt Roe contre Wade, dont le renversement rejette 70 ans de jurisprudence, des changements climatiques ou du contrôle des armes à feu, dont on cherche par tous les moyens à limiter le resserrement. Et j’en passe.
On peut difficilement reprocher au président Biden la tendance idéologique adoptée par la Cour Suprême; il n’a rien eu à voir avec la nomination des juges. Quoi qu’il en soit, Trump va être louangé ou critiqué, tout dépendant de l’allégeance politique de l’électeur. Mais, à mon avis, la Cour Suprême des États-Unis risque maintenant de devenir un troisième acteur politique.
Ça m’apparaît malsain. Ce ne serait pas mieux si les démocrates faisaient la même chose. En vérifiant les antécédents politiques des juges, on peut maintenant extrapoler leurs décisions à quelques exceptions près.
À l’inverse, au Canada, je doute que nos auditeurs connaissent même le nom de la majorité des juges. Et, même si c’était le cas, je ne crois pas qu’ils seraient au courant de leur allégeance politique. La comparaison permet bien de comprendre à quel point la Cour Suprême des États-Unis est devenu un organe politique.
PETER HAYNES : On va poursuivre sur le sujet de la justice en parlant de Nétanyahou dans quelques instants. Les tribunaux semblent se rapprocher des gouvernements partout dans le monde. À propos de l’avenir de Donald Trump, les tribunaux vont décider s’il ira ou non en prison.
De ce point de vue, je vais remonter à 2016 quand la secrétaire d’État Clinton a brigué la présidence contre Trump. À cette époque, vous avez mangé avec le président Clinton. Vous m’avez raconté qu’il déplorait le fait que, pour remporter l’investiture d’un parti, il fallait courtiser les extrêmes. Tout le monde sera d’accord pour dire que, sept ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire.
L’ex-président Trump est assuré de décrocher l’investiture républicaine, tandis que la popularité du président Biden bat de l’aile. En conséquence de quoi, on entend dire – et ça semble crédible, qu’un tiers parti centriste, appelé « No Labels » je crois, est en train d’émerger. Et le nom qui revient le plus souvent comme candidat de ce parti est Joe Manchin, le sénateur démocrate de Viriginie-Occidentale, qui serait accompagné d’un partenaire du côté républicain.
Si un tiers parti se jette dans l’élection présidentielle, à tout le moins, ça brouillerait les cartes et avantagerait sans doute l’ex-président Trump. Croyez-vous que l’entrée en lice d’un tiers parti à l’élection présidentielle américaine tienne la route?
FRANK MCKENNA : Oui. Et je pense que ça pourrait être catastrophique pour les démocrates. Mais, tout le monde ne partage pas mon avis. En regard de la page éditoriale, Karl Rove écrit aujourd’hui dans le Wall Street Journal que ça pourrait nuire aux républicains, tout dépendant du candidat. Le risque m’apparaît beaucoup plus grand pour les démocrates.
Hillary Clinton en a parlé abondamment lors de notre événement il y a quelques semaines. Disons au départ que le candidat du Parti vert en lice contre Al Gore lors de l’élection rendue célèbre par les confettis indentés a privé Al Gore de la victoire contre George Bush. Le Parti vert a ainsi pu influencer durant quatre ans un gouvernement que j’estime avoir été très progressiste dans la lutte aux changements climatiques. Ce sont les verts qui ont fait ça, et personne d’autre.
Ils ont joué le même tour à Hillary Clinton. Le Part vert lui a soutiré des millions de votes, servant la victoire à Donald Trump sur un plateau d’argent. Je ne comprends pas comment quelqu’un qui a à cœur l’environnement peut vouloir saboter presque délibérément un parti qui s’en préoccupe comme le Parti démocrate. Mais ça s’est produit dans ces deux élections.
Dans la présente élection, le candidat du Parti vert, et il pourrait bien s’agir de Cornel West, risque de siphonner quelques millions de votes, presque tous au Parti démocrate, et pourrait remporter au collège électoral un certain nombre d’États pivots qui sont indispensables à la victoire.
En plus, il y a ce parti « No Labels » qui constituerait en quelque sorte un second tiers parti. Alors là, dans mon entourage, on dit qu’il y a de très fortes chances que Joe Manchin tente sa chance parce qu’il risque de perdre en se présentant sous la bannière démocrate dans son État.
Jon Huntsman est aussi sur les rangs, tout comme la sénatrice Sinema. Je pense aussi à certains candidats plutôt modérés. Et, comme je l’ai dit, ça pourrait bien être une porte de sortie pour une foule de républicains anti-Trump qui sont prêts à sacrifier leur vote sans se tourner vers les démocrates.
On peut voir les dommages que pourrait causer un tiers parti dans une élection qui risque d’être fortement polarisée, d’entrée de jeu. À mes yeux, ça représente le plus grand danger pour les démocrates de voir Trump accéder à la présidence des États-Unis une deuxième fois.
PETER HAYNES : Mon premier souvenir d’un tiers parti candidat à une élection remonte à 1992, je pense. J’assistais à une conférence à San Antonio. Ross Perot était l’orateur principal. Il a dû grimper sur un petit tabouret pour être au-dessus du podium. Des vendeurs offraient des t-shirts sur lesquels était imprimé « Ross for boss ». Ça m’a marqué. De toute évidence, il a brouillé les cartes à l’élection.
Mais, le tiers parti candidat…
FRANK MCKENNA : Il n’a pas juste brouillé les cartes. Il a privé les républicains de la victoire. C’est vous dire son influence. C’est parfois une arme à double tranchant. Dans l’élection à venir, en particulier, le Parti vert et sans doute le parti « No Labels » feraient beaucoup plus mal aux démocrates qu’aux républicains.
PETER HAYNES : Vous n’en avez pas encore parlé, mais, au nombre des tiers partis candidats il pourrait aussi y en avoir un autre, s’il ne remporte pas l’investiture. Vous aurez deviné qu’il s’agit de l’ex-président Trump. Je sais que certaines règles interdisent aux perdants à une élection primaire de se présenter à une élection générale, mais je ne comprends pas trop comment ça fonctionne. Mais s’il perd l’investiture, il pourra toujours représenter un tiers parti.
FRANK MCKENNA: Effectivement. Ce serait absolument désastreux pour les républicains. Je doute qu’il fasse ça. À l’heure actuelle, on se demande comment il pourrait bien perdre, en dépit de toute logique. Pourtant, les sondages le donnent loin en avant de tout le monde.
Et le candidat en deuxième place sur lequel misent les électeurs, Ron DeSantis, comme je l’ai dépeint le mois dernier, ressemble à un bonhomme de neige sous le soleil du printemps. Il ne reste plus que les boutons et les carottes par terre. Il est en chute libre dans les sondages.
J’ai lu un article très intéressant dans lequel le sénateur Mitt Romney implore les républicains de limiter le nombre de candidats avant qu’il ne soit trop tard parce que dans le système républicain le gagnant l’emporte sans partage. Et si Trump affronte huit candidats, il va tous les défaire. Romney exhorte tout le monde à faire preuve de bon sens à l’approche de l’étape fatidique afin de limiter à un ou deux le nombre de candidats et de favoriser un choix binaire.
PETER HAYNES : Mitt Romney posséderait une résidence secondaire à Grand Bend, en Ontario, m’a-t-on dit récemment. Il y séjournerait chaque été, si j’ai bien compris. J’espère que mes renseignements sont exacts.
Je pars de l’hypothèse que Trump remporte l’investiture et qu’il obtient un second mandat à la présidence. La plupart des observateurs diront que ce serait le début d’une tournée revanche qui ne prendrait fin que lorsque Trump aurait consolidé son pouvoir en faisant fi de la règle de droit.
Le même scénario se joue cette semaine dans un autre pays. Nous en avons déjà parlé, il s’agit d’Israël. Pourriez-vous expliquer aux auditeurs ce mois-ci comment les nouvelles lois approuvées par le gouvernement de Nétanyahou cette semaine vont encore renforcer les opinions extrémistes et son pouvoir personnel en Israël?
FRANK MCKENNA : Oui. Tout d’abord, il faut savoir que Nétanyahou doit sa victoire à la dernière élection au système de représentation proportionnelle. Je voudrais faire valoir aux auditeurs que, peu importe les raisons sincères qui les animent, il ne faudrait pas que notre pays se laisse séduire par la représentation proportionnelle. On voit que ça ouvre la porte à l’extrémisme, comme en Israël.
Pour gagner l’élection, Nétanyahou a dû réunir une coalition de traditionnalistes, à laquelle ont adhéré certains autres partis marginaux ultra-orthodoxes. Le groupe qui détient l’équilibre des pouvoirs rassemble des Juifs ultra-orthodoxes d’extrême droite.
Aux yeux de bien des Juifs de mouvance populaire en Israël et aux États-Unis, ce groupe, qui refuse le service militaire et qui n’a pas l’obligation de faire comme le reste de la population et de travailler, ne devrait pas jouir d’autant de pouvoir. C’est pourtant ce qui se passe. Et ils exercent des pressions sur Nétanyahou.
Or, il est très vulnérable, d’abord parce qu’il veut se maintenir au pouvoir et ensuite parce qu’il doit répondre à des accusations criminelles. Et son seul espoir d’éviter la prison est sans doute d’occuper la présidence. On peut faire un parallèle avec la situation aux États-Unis. Nétanyahou est redevable à ce petit groupe, même si je ne crois pas qu’il soit d’inclination aussi extrême.
Dans le débat, on se demande si le gouvernement n’est pas menotté. On peut pencher pour une ou l’autre position sur la question, mais, d’après l’opinion générale, les motifs du gouvernement en Israël ne sont pas entièrement purs. On veut limiter les pouvoirs de la Cour Suprême d’Israël, qui toujours été considérée comme une alliée des peuples arabes et juifs dans la recherche de solutions, en plus d’être souvent une source d’embarras pour le gouvernement,
qui veut lui retirer certains pouvoirs. C’est mon premier point. Et, deuxième point, pour bien des observateurs, ce groupe ultra-orthodoxe en mène large actuellement et veut aussi écarter toute suggestion fondée sur une solution binationale. Le reste de la planète assiste horrifiée à cette scène parce que ça complique vraiment tout rapprochement en Terre sainte.
Ils sont des centaines de milliers à descendre dans la rue tous les jours. Je n’ai jamais rien vu de tel. Et ce ne sont pas des Arabes. En fait, eux, ils sont pas mal perplexes. On parle plutôt de gens qui sont très scolarisés et respectés en Israël.
J’y étais il y a quelques semaines et notre souper a été interrompu. L’ex-gouverneure adjointe de la Banque d’Israël était parmi les convives. À 20 heures environ, elle a quitté la table en s’excusant parce qu’elle ne voulait pas rater la manifestation. Des gens de tous les milieux, entre autres les militaires – et ils sont très nombreux – manifestent contre le gouvernement, dont les agissements sont considérés comme une menace à l’existence même d’Israël. C’est très dérangeant.
Et je ne sais pas comment ça va se terminer. Les manifestations prennent de l’ampleur, en fait. On bloque les aéroports et les autoroutes, on marche de Tel-Aviv à Jérusalem, et j’en passe. La situation inquiète beaucoup le Canada. J’en ai parlé avec notre ministre des Affaires étrangères, qui affirme suivre le dossier de très près.
Et les États-Unis observent la scène presque avec horreur, pourrait-on dire. Tom Friedman a écrit récemment un excellent article sur le sujet dans le New York Times. Il soutient que les États-Unis sont le seul pays qui puisse protéger Israël contre lui-même. Il souligne aussi le pouvoir et le respect dont jouissent les États-Unis en Israël. Biden va devoir finir par intervenir bien malgré lui en faisant pression sur Nétanyahou qu’il connaît de longue date, et voir s’il est possible de désamorcer la crise.
Toute la politique américaine au Moyen-Orient en dépend. Les Américains cherchent à créer un rapprochement entre l’Arabie saoudite, la Palestine et Israël. Les efforts progressent. Mais, les États-Unis ont besoin d’un partenaire de confiance en Israël. Ils fournissent aussi une aide importante. Bien des Américains se demandent pourquoi ils devraient accorder à un pays comme Israël une aide beaucoup plus substantielle que celle qui est offerte à certains des pays les plus pauvres d’Afrique.
Et c’est sans parler des ententes de défense signées avec Israël. Les États-Unis ont de l’influence, mais ils ont toujours hésité à en user étant donné la relation étroite entre les deux pays. À mon avis, la situation en Israël se dégrade de jour en jour. Et il est de plus en plus improbable que le gouvernement puisse faire marche arrière.
PETER HAYNES : J’ai deux autres questions. La première : êtes-vous étonné de la retenue manifestée par l’administration Biden? Croyez-vous que ça va changer? Par ailleurs, Nétanyahou a déclaré aujourd’hui, je pense, qu’il veut négocier. L’entente ne doit entrer en vigueur qu’en novembre, je crois. On a donc le temps de discuter. Deuxième question : est-il réaliste de penser négocier à partir de ces points de vue extrêmes?
FRANK MCKENNA : L’ennui, c’est que Nétanyahou se dit prêt à négocier après l’adoption de la loi. De fait, il négocie en mettant le fusil sur la tempe de l’opposition, qui compte sans doute une majorité d’Israéliens, par ailleurs peu disposés à faire des compromis.
Ils savent que, quoi qu’ils fassent, aussi longtemps que les partis marginaux domineront le discours politique en Israël, les incursions en Cisjordanie vont se multiplier, ce qui va engendrer des violences. Il faut aussi s’attendre à un sabotage des efforts pour trouver une solution binationale.
Tout le monde campe sur ses positions. Il ne faut pas sous-estimer les capacités du gouvernement, mais, dans ce cas, Nétanyahou n’est pas vraiment blanc comme neige.
Il veut
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Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
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À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
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Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.