Le balado est disponible en anglais seulement.
Invités : Etienne Phaneuf, Chef de la direction, ArchES Computing et Stephen Plut, Directeur général et cofondateur, ITS Online
Animateur : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Dans l’épisode 54, nous abordons un sujet complexe et méconnu : les lignes de faille dans l’infrastructure du marché des actions. Lorsque des problèmes de système se produisent, les participants au marché s’affolent le temps d’une journée, puis reprennent leurs activités en toute quiétude dès que le problème est réglé. Il y a lieu de se demander si l’examen rétrospectif des problèmes de système effectué dans l’ensemble du secteur est assez rigoureux et pourquoi il se déroule principalement en coulisse au Canada. Dans cet épisode, nous recevons comme invités deux experts en infrastructure du marché : Etienne Phaneuf, chef de la direction d’ArchES Computing, et Stephen Plut, directeur général et cofondateur d’ITS Online. Notre objectif est de renseigner nos auditeurs sur la complexité du système et certains des risques qu’elle pose pour la stabilité et la résilience du marché à l’avenir.
Ce balado a été enregistré le 13 Juillet, 2023.
[MUSIQUE]
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 54 de la série de balados Bid Out, A Market Structure Perspective From North of 49 de TD Cowen. Je suis votre animateur, Peter Haynes. Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous parlerons de l’identification des failles dans l’écosystème des marchés boursiers. Je suis accompagné aujourd’hui de deux experts dans le domaine des infrastructures de marché. Ils sont tous les deux des personnes chevronnées du secteur des négociations d’actions.
Tout d’abord, j’ai le plaisir d’être accompagné de Stephen Plut, directeur général et cofondateur d’ITS Online, une société canadienne qui offre des logiciels et des solutions aux courtiers, y compris des technologies d’acheminement largement utilisées par des entreprises canadiennes. Notre deuxième invité, Etienne Phaneuf, est bien connu de la communauté des actions canadiennes, car il a déjà été chef de la direction d’ITG Canada, et il est maintenant président et chef de la direction d’ArchES Computing, une société qui produit des données sur le marché et des systèmes de négociation pour gérer l’augmentation explosive de la circulation de messages, qui va certainement être un thème de cette discussion. Steve et Etienne, bienvenue à l’événement.
ETIENNE PHANEUF : Je suis heureux d’être ici, Peter. Merci de l’invitation.
STEPHEN PLUT : Merci de m’avoir invité.
PETER HAYNES : Je dois faire une mise en garde avant de commencer. Je tiens à rappeler à notre auditoire que ce balado est à des fins d’information. Les points de vue décrits dans le balado d’aujourd’hui sont ceux des personnes et peuvent représenter ou non ceux de leur société. Et, bien sûr, le contenu de ce balado ne doit pas être considéré comme des conseils en matière de placement, de fiscalité ou autres.
Je suis certain qu’on va m’accuser de tenir des propos alarmistes avec cet épisode. Mais je pense qu’il est important de ne pas présumer que les rouages des marchés boursiers fonctionneront toujours, surtout compte tenu du rythme rapide et apparemment sans contraintes des changements dans le secteur et du fait que les sociétés et les marchés individuels tentent toujours d’innover pour en tirer des avantages commerciaux. Entre-temps, l’écosystème du marché devient plus complexe, plus interrelié et, à mon avis, plus vulnérable. Je dis que nous devrions faire connaître ces risques à haute voix et, en particulier, que nous devrions le faire en gardant à l’esprit la réglementation. Permettez-moi de vous demander, Etienne, est-ce que vous trouvez que je fais peur?
ETIENNE PHANEUF : Je pense que vous posez une question raisonnable et juste. Je vous ai imaginé avec une affiche sur Bay Street disant que la fin approche et ça m’a fait sourire. Je ne sais pas s’il s’agit d’information alarmiste. Je pense que l’écosystème du marché s’est montré très résilient. Mais je pense qu’en général, nous ne savons pas vraiment où se situe le point de rupture ou où il pourrait se situer.
Il s’agit d’un système très complexe qui compte de nombreux types de participants. Les bourses offrent différents types de livres et de marchés. Le contexte réglementaire est également complexe. Et tout cela a évolué naturellement au cours des 25 dernières années, alors que nous sommes passés des marchés de base aux marchés électroniques.
Quels sont les maillons faibles du système? Et quel est le point de rupture, selon vous, en vos termes, du niveau d’activité dans le volume de messages, qui n’est pas la même chose que les ordres négociés? Si nous recevons soudainement deux fois plus de messages demain qu’aujourd’hui, cela cause-t-il des problèmes au marché? Et si on multiplie par quatre ou par six?
Je ne pense pas que nous le sachions vraiment. Et au-delà de ça, c’est une question qui évolue, parce que le système n’est pas statique. On est constamment face à des nouveaux marchés, de nouveaux types d’ordres, de nouveaux changements et de nouveaux participants au marché. Je pense que la question est très raisonnable. Où ce système pourrait-il tomber en panne, où sont les maillons faibles? Et je ne pense pas que nous le sachions vraiment.
PETER HAYNES : Vous abordez un sujet très important : où se situe le point de rupture. Mon premier souvenir – Je vais parler de Nortel dans un instant. Mais mon premier souvenir à ce sujet a été un discours de Jim Gallagher, ancien vice-président à la direction de TSX. Et il avait été embauché à TSX à partir de la Bourse de New York.
Il est malheureusement décédé il y a quelques années, mais je respectais vraiment Jim et sa présentation lors de cette conférence, en 1993, je pense. Je pense que je travaillais à la Bourse, où je cherchais à comprendre la capacité technologique ou informatique dont TSX avait besoin. À ce moment-là, il s’agissait d’un lieu hybride et électronique avec des CAT. De combien ont-ils besoin pour la journée la plus occupée de l’histoire? Et comment est-ce qu’on peut prédire ça? Combien de serveurs devons-nous acheter pour être prêts pour la journée où tout va exploser?
Et ça me rappelle, Stephen, des temps de Nortel. C’est un autre domaine où on a commencé à penser à l’instabilité du marché et à des choses comme l’équilibrage de la charge de travail. Et je me souviens que la Bourse a littéralement mis Nortel sur son propre serveur en raison de l’ampleur de l’activité qu’elle observait à son apogée en 2000, puis de son implosion par la suite.
On comprend donc depuis le jour où c’est arrivé à Nortel, il y a environ 20 ans, que des problèmes technologiques se produiront, que les bourses sont vraiment des sociétés technologiques. Il y a donc probablement eu 10 importantes pannes à TSX au cours des 20 dernières années, depuis la crise de Nortel et, en même temps, comme vous l’avez mentionné plus tôt, on a vu Etienne, une augmentation parabolique du trafic de messages. La question que je vous pose, Stephen, est la suivante : avec 10 problèmes au cours des 20 dernières années, c’est-à-dire un problème qui se produit tous les deux ou trois ans, tout le monde comprend que ces choses arrivent, mais est-ce qu’on est devenu trop tolérant à l’égard du segment des actions de cette conclusion? Ou est-ce qu’un problème tous les deux ou trois ans à la succursale principale, c’est trop?
STEPHEN PLUT : Une fois tous les deux ans, compte tenu de la complexité de la situation et du fait que la plupart des pannes sont de courte durée... En parlant de l’ancien système CAT, Bre-X a été le premier dont je me souviens. Et je travaillais à la Bourse à l’époque où Bre-X faisait exploser le moteur de la négociation. Le problème, c’est que lorsqu’on prolongeait de quelques jours, il fonctionnait puis avait une panne plus tard dans la journée.
Ensuite, TSX a fait un effort très concerté pour stabiliser ses systèmes, en ajoutant le nouveau moteur de négociation avec certaines des choses que Nortel leur imposait. En général, une fois tous les deux ans, ce n’est pas si mal. Je crains qu’il pourrait y avoir une panne plus importante qui ait plus d’impact que ces petites pannes d’une ou deux heures. Et avec les marchés multiples, les courtiers en valeurs mobilières deviennent plus avertis de la façon dont ils peuvent gérer le flux d’ordres.
Le système est donc un peu plus résilient grâce à ça. Mais la complexité a augmenté de façon exponentielle, comme vous l’avez mentionné. Il y a donc des choses qui demeurent floues et qui font qu’on ne sait pas ce qui va se passer. Je pense que la plupart des gens diraient que si on n’avait qu’une panne tous les deux ans, ce serait une victoire. Mais je crains que quelque chose de pire pourrait se passer.
PETER HAYNES : Je viens de parler au téléphone avec un de mes amis du secteur. Et on a commencé à parler. Il est aux États-Unis. Et je lui ai dit qu’un de ces jours – et je ne le souhaite pas, je ne veux pas que ça se produise. Mais un de ces jours, un des principaux marchés aux États-Unis ne va pas s’ouvrir, et il ne va pas fermer. Et il pourrait ne pas s’ouvrir le lendemain pour quelque raison que ce soit.
Et mes amis des bourses au Canada me posent des problèmes, parce que j’ai l’impression que lorsqu’il y a une bourse, un problème sur un marché canadien ou une inscription principale, TSX n’a pas beaucoup de visibilité publique. Alors qu’aux États-Unis, si quelque chose devait se produire un jour, la première chose qui se passerait, dans un délai d’une semaine, c’est que le président de cette bourse serait au Congrès.
Il irait et se ferait remonter les bretelles. Les médias seraient présents. Il aurait à payer un prix pour sa réputation.
Ma question est donc la suivante : je sais qu’une grande partie de ce qu’on verrait au Congrès serait du théâtre politique. Mais pensez-vous qu’au Canada, lorsqu’il y a une panne de système sur le marché primaire, on devrait y faire plus attention? Notre gouvernement devrait-il s’impliquer davantage? Ou est-ce que je cherche à attirer inutilement l’attention sur le marché boursier canadien?
STEPHEN PLUT : Je ne sais pas si le gouvernement au niveau du Congrès ou l’équivalent au Canada aurait les connaissances nécessaires pour poser les bonnes questions. Mais il y a des organismes de réglementation qui sont très proches. Il ne serait pas déraisonnable qu’ils interviennent en cas de panne majeure. Et qu’ils posent des questions, qu’ils vérifient que ce qui a causé ce problème. Qu’ils se demandent s’il y a un problème systématique qui a causé ce problème et comment le prévenir à l’avenir.
ETIENNE PHANEUF : Je vais intervenir ici, Steve et Peter, et miser sur mon expérience à mon poste précédent. ITG a dirigé un marché appelé MATCH Now. Et on a eu des pannes. La technologie est ce qu’elle est. Et on a des pannes de temps à autre.
Je peux vous dire que les organismes de réglementation ont joué un rôle actif. Et ces pannes ont été difficiles à vivre, du point de vue des perturbations d’affaires et de la réputation de l’entreprise. On a défini et corrigé le problème.
Il faut juste gérer les répercussions sur les clients. Ils voulaient savoir ce qui s’était passé. Ils se demandaient s’ils pouvaient renvoyer leurs ordres en toute sécurité le lendemain. Certains ne l’ont pas fait. Il fallait vraiment les tenir par la main.
Il y a eu une pénalité commerciale qui en a découlé. Ensuite, les organismes de réglementation se présentaient, non pas de manière publique, mais en posant des questions sur ce qui s’était passé. Est-ce que c’est un risque systémique? Qu’est-ce que vous allez faire pour le régler? Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que ça se reproduise? Êtes-vous trop économe, etc.?
Ils ont approfondi la question. Et ça a été un processus qui a duré plusieurs semaines, parfois plusieurs mois en allers-retours, ce qui a aussi perturbé tout dialogue qu’on essayait d’avoir avec les organismes de réglementation pour créer quelque chose de nouveau. Je dirais donc que même si ce n’est pas public, que ce n’est pas dans les nouvelles, que ça ne passe pas devant un comité du Congrès ou un comité parlementaire au Canada, il y a beaucoup d’allers-retours avec les organismes de réglementation ce qui comporte un élément de perturbation des affaires, pour ce que vous essayez de faire ce jour-là, cette semaine-là et ce mois-là. Je pense que c’est un bon incitatif qu’il ne faut pas que ces choses se produisent.
STEPHEN PLUT : Et ils sont aussi tenus par leurs clients, ce qui a une incidence beaucoup plus directe sur leurs résultats que, disons, un règlement d’Ottawa. Il est donc très avantageux pour eux d’être très ouverts avec leurs clients, parce qu’ils peuvent partir, comme Etienne l’a mentionné. Dans un marché invisible, les gens peuvent facilement partir. Et donc pour le risque d’atteinte à la réputation, ils doivent vraiment s’assurer d’être très transparents.
PETER HAYNES : Mais vous ne pouvez pas vous éloigner du marché primaire. Si le taux baisse, on n’aura pas un mécanisme de basculement aussi efficace que ce que les gens le souhaitent. On comprend tous pourquoi il n’est pas facile de basculer. Mais peut-être qu’il faut un juste milieu, Etienne. Et je comprends que vous n’avez pas les bonnes personnes qui posent les questions pour le théâtre politique.
Mais j’ai l’impression que lorsque notre marché primaire est en baisse et qu’il a une empreinte négative sur les marchés financiers canadiens, et je sais que ça se passe ailleurs, mais on a au moins besoin d’audiences publiques pour en discuter, afin que nous, en tant que secteur, nos utilisateurs ont une meilleure compréhension de ce qui s’est passé et des recours utilisés par ces marchés primaires. On n’a peut-être pas besoin de toute la scène politique. Mais je pense que dans le secteur, on est un peu dans le noir.
Et oui, je comprends que les organismes de réglementation font leur travail en coulisse, et je respecte cela. Mais je l’ai dit aussi aux organismes de réglementation. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas une plus grande visibilité auprès du public, pour avoir au moins l’assurance que les bonnes mesures sont prises pour remédier à ce risque pour l’avenir.
Stephen, c’est à la suite d’un problème dont on a discuté en long et en large en février que j’ai lancé ce balado. C’était lors d’une vente aux enchères de réouverture des actions de TECHB. TECHB a été interrompue le matin pour des nouvelles importantes. Le titre s’est redressé. Et un ordre a été passé pour vendre 10 000 actions de TECH Short lors de la réouverture de l’enchère, chaque fois que vous passiez cet ordre, tous les autres ordres qui faisaient partie de l’enchère ont été révisés.
En fin de compte, l’ordre a été acheminé à la Bourse, au moyen d’un routeur tiers qui avait une boucle. Il a été annulé et réentré. Et ça a dû être fait 5 ou 6 millions de fois en 10 minutes. Et chaque fois, ça provoquait une explosion de messages sortants, car chaque ordre de cette enchère de réouverture était révisée.
Alors, même si la bourse nous indique très clairement que le débit entrant n’est pas réduit – elle réduit le débit entrant pour éviter un déni de service distribué (DDoS) ou une activité de type DDoS, le débit des messages sortants n’est pas réduit. Et bien sûr, ce qui s’est passé, c’est que les routeurs ou les systèmes de cotes en temps réel du secteur ou peu importe ce qui reçoit ces données ont littéralement été surchargés. Et je suis certain que vous pouvez nous faire part de votre expérience personnelle à ITS. Mais ça a vraiment causé la fermeture de Bay Street pendant littéralement une demi-heure.
STEPHEN PLUT : Oui, ça s’est arrêté pendant environ 30 minutes. On s’est arrêté parce que, je cite, « l’usine a été surchargée », pendant environ cinq minutes. On s’en est donc très bien sortis. Mais oui, je me souviens très bien de cette journée. Je réfléchissais, je me demandais ce qui s’est réellement passé pour causer cette quantité de messages, sachant que la Bourse de Toronto réduit les données. Habituellement, il y a un message de sortie et d’entrée à la fois.
Après quelques conversations, je me suis rendu compte que c’était en raison de ce qu’on appelle le calcul du cours d’ouverture. Et le portefeuille TECHB était extrêmement important. Chaque fois que cet ordre modifiait le cours d’ouverture calculé, tous ces messages devaient être envoyés. Et ça a provoqué une abondance de messages. Et oui, ce n’était pas bon.
PETER HAYNES : Qu’est-ce qu’on apprend de cet épisode? Ce que j’ai appris, c’est d’abord que les routeurs ne relèvent pas de la réglementation. Même si c’est un routeur du marché qui était utilisé, cela n’avait rien à voir avec le marché lui-même. Il n’y a donc probablement pas de mécanisme pour faire des rapports à un organisme de réglementation. Les organismes de réglementation doivent donc déterminer ce qui n’a pas fonctionné seuls.
Pendant ce temps, tout Bay Street est à l’arrêt. Et on entend des cris dans tous les bureaux de négociation, y compris le nôtre. Qu’est-ce qui se passe? Pensez-vous, après coup, que les fournisseurs comme vous se sont penchés sur la question et ont pensé qu’on devait trouver une meilleure solution? Et peut-être que, Stephen, vous pouvez creuser un peu plus le fait que les gens ne comprennent peut-être pas bien ce qui se passe quand les messages arrivent très rapidement dans un routeur, et que tout d’un coup, les données commencent à être envoyées, c’est-à-dire qu’un paquet de dépôt est envoyé. Pouvez-vous aider à éduquer notre auditoire sur ce que cela signifie?
STEPHEN PLUT : Oui, parce qu’il y a eu une tendance à privilégier les moteurs de négociation qui soient extraordinairement rapides. Ces moteurs sont en fait une merveille de la technologie moderne en ce qui a trait à leur latence, au point où un moteur de négociation réagit maintenant en 20 à 30 microsecondes à partir de l’ordre en cours, qui est extrêmement rapide. Il y a 20 ans, vous auriez pu être content avec 2 millisecondes. C’est donc presque une amélioration de trois niveaux.
Ce qui s’est passé, c’est que parce que ces bourses sont jugées en fonction de leur latence, elles ont vraiment tendance à avoir des systèmes très, très rapides. Dans certains cas, ça signifie qu’ils sont forcés de ne pas avoir de résilience inhérente. Dans une bourse en particulier, si vous passez dans leurs files d’attente, vous ne pourrez pas récupérer les messages perdus.
C’est ce qui s’est passé. Ça m’est arrivé, à moi et à l’un de mes grands clients. On a maintenant un logiciel ou un code pour nous protéger contre cette situation, car même si on perd les messages, on peut continuer à les traiter. Parce que la plupart de ces protocoles sont conçus pour être traités de manière séquentielle. On a dû trouver un moyen de contourner ce problème, parce que les séquences étaient brisées.
C’est donc cette tendance générale dans le secteur qu’on adapte notre infrastructure et notre secteur à ces opérations à faible latence et à haute fréquence. Malheureusement, cela nous met un peu plus à risque. C’est ce qui s’est passé au cours des 10 ou 15 dernières années.
PETER HAYNES : Alors qu’on approfondit un peu plus la question de la technologie et des solutions possibles pour le secteur, Etienne, j’ai clairement constaté que l’un des problèmes qu’on a rencontrés était à la TSX. Ils utilisaient l’un des services de routeur qui était dépassé pour calculer le MMBO de l’un de leurs marchés alpha. Et lorsque d’autres marchés ont commencé à voir des offres croisées, entre autres, ils ont déclaré avoir fait une déclaration d’auto-assistance et ont été essentiellement en mesure de se retirer, même si l’alpha n’était pas un marché protégé. Essentiellement, ils retiraient l’alpha des tables d’acheminement.
C’était donc dommage pour TSX qu’elle utilise toujours ce routeur. Ce que je comprends, c’est qu’ils étaient en train de passer d’une solution logicielle à une carte de réseaux prédiffusés programmables par l’utilisateur (FPGA), qui est une solution de matériel. C’est quelque chose que votre entreprise construit, cette pièce de matériel. Pouvez-vous expliquer à nos auditeurs ce qu’est exactement une carte FPGA, et quelles solutions est-ce qu’elle résout, et comment est-ce qu’elle réduit le risque qu’un événement futur, semblable à ce qui s’est passé, se passe souvent pour les bourses et les courtiers?
ETIENNE PHANEUF : Oui, je vais vous parler tout de suite un peu de la FPGA, de ce que ça représente et de ce que c’est. Mais pour répondre directement à la question, la raison pour laquelle ce n’est pas pertinent comme solution est que la capacité globale est gérée, en termes de trafic de messages, beaucoup plus efficacement que les systèmes logiciels d’unité centrale. Ils ne sont pas dépassés.
Une unité centrale est une bonne technologie. Elle fait une chose à la fois. Il va donc de soi que plus on lui donne de travail, plus on finit par accumuler un retard. Et c’est à ce moment-là que vous commencez à voir certains de ces retards de traitement. Les FPGA n’en souffrent pas parce que c’est un type de semi-conducteurs différent. Ils n’ont pas ce problème particulier.
Ils sont très utiles dans un contexte, disons, de trois dimensions. Premièrement, ils ont une meilleure capacité globale, c’est-à-dire une bande passante beaucoup plus grande pour pouvoir traiter les messages. Deuxièmement, ils fournissent un résultat déterministe, ce qui signifie que vous obtenez un rendement constant. Vous ne souffrez donc pas de ces retards. Et si vous traitez les données du marché en une microseconde, vous allez avoir un résultat d’une microseconde, même si demain est deux fois plus occupé qu’aujourd’hui, ce qui n’est généralement pas le cas avec le logiciel d’unité centrale. Le rendement commence à se dégrader.
Ce sont les deux choses que nos clients recherchent le plus souvent comme solution. La troisième chose, c’est la rapidité globale. Ils sont utilisés dans le secteur financier depuis plus de 15 ans, habituellement par des sociétés de tenue de marché, dont le principal scénario d’utilisation était de recevoir les cotes, et de les traiter le plus rapidement possible, parce qu’ils étaient dans une course avec les autres teneurs de marchés pour pouvoir réagir à ces cotes. Ce n’est donc pas une nouvelle technologie. Elle existe depuis un certain temps. Mais les cas d’utilisation commencent à changer : je ne veux plus être aussi rapide que possible, mais je dois être en mesure de gérer le volume de messages qui s’en vient, les rafales qui s’y rattachent et d’obtenir un niveau de rendement constant.
PETER HAYNES : Stephen, quand on parle de rafales, à quel point le trafic de messages que vous voyez autour des décisions du FOMC ou d’une hausse des taux, peu importe, est-il différent de ce qui se passe sur le marché? Pour en revenir à ce que je disais au sujet de Jim Gallagher il y a des années, comment est-ce qu’on peut savoir de combien de capacité on a besoin? Et Stephen, à votre avis, la solution FPGA a-t-elle une bande passante illimitée pour être en mesure de gérer ces types de rafales?
STEPHEN PLUT : Oui, je connais très bien la technologie d’Etienne. Et dans le secteur, c’est considéré comme une vitesse câblée, ce qui signifie qu’elle peut être traitée aussi rapidement que le réseau est en mesure de le faire. Donc oui, il est capable de la gérer.
Mais à un moment donné, vous vous retrouvez toujours avec un système qui se trouve plus loin dans la FPGA et qui va recevoir des renseignements de cette FPGA. Et tôt ou tard, vous aurez un système qui ne sera pas fondé sur la FPGA. Il devra être en mesure de traiter les messages.
Une des premières choses pour laquelle a été élaboré la FPGA, comme montré par Etienne, c’est la NHV. Les NHV ont une méthodologie très précise. Donc, si on voit un changement de cote, elles se dépêchent d’avoir leur ordre passif au-dessus du portefeuille.
Eh bien, si un système FPGA présente un problème, la NHV qui soutient ce système n’a aucun problème à dire OK, je vais le fermer. Je vais trouver ma position. Je peux ensuite recommencer.
Si j’ai un important flux de commandes de détail qui comporte plusieurs jours de commandes sur plusieurs jours, je n’ai pas ce luxe. C’est la différence entre les bourses qui s’orientent vers le flux de type NHV, qui peut être fermé, redémarré et qui peut commencer à zéro, et un flux d’ordres de détail qui ne peut pas faire ça. Des centaines de milliers de clients de Questtrade, de TD Waterhouse et de RBC ont des ordres sur le marché. Si, tout à coup, ils arrivent et découvrent que leur ordre a disparu, ils ne seront pas contents.
Donc, lorsqu’on crée des systèmes pour ce flux de commandes de détail, il faut un niveau de résilience différent pour être en mesure de protéger les flux de commandes de ces clients. On n’a pas la même capacité de travailler que le bureau NHV et de simplement redémarrer et passer à l’étape suivante. NHV est donc génial. Et juste une petite correction, ce n’était pas l’usine d’acheminement dont je parlais plus haut pour TMX, mais l’usine de puces industrielles.
PETER HAYNES : Désolé, oui, l’usine de puces industrielles, pour s’assurer d’utiliser la bonne terminologie. Stephen, à ce sujet, vous avez mentionné que les bourses s’occupent des NHV. Et peut-être pourriez-vous nous parler un peu de l’impact que les services offerts aux entreprises à faible latence ont sur les investisseurs naturels. Vous avez donné l’exemple de la résilience du détail.
Et je sais qu’on nous pose toujours cette question lorsqu’il y a une panne à TMX. Il n’y a pas de mécanisme de basculement. Et l’un des problèmes, c’est que nous avons de bons ordres jusqu’à leur annulation. Nous avons des types d’ordres à TSX qui ne correspondent pas aux types d’ordres et à d’autres marchés. Alors, quand on commence à examiner toutes les raisons pour lesquelles il est pratiquement impossible de reproduire les portefeuilles d’ordres et de prévoir quelque chose en cas de panne du système principal, mais quelles autres choses, essentiellement, les bourses ou les marchés ont-ils sacrifiées en tant qu’investisseurs naturels?
Comment sont-ils touchés par cette course à la faible latence? Est-ce que c’est une question de stabilité? Est-ce qu’il y a d’autres problèmes qui touchent la communauté institutionnelle?
STEPHEN PLUT : Ils essaient de faire de leur mieux. Notons qu’ils se rendent toujours compte que le flux de commandes de détail est très important. Et ils font de leur mieux pour y arriver. Mais il est arrivé que certaines bourses, pour obtenir le meilleur rendement, ne permettent pas à un fournisseur de récupérer tous les messages du flux. Ils vous diront que vous ne pouvez récupérer que les 500 000 derniers messages, par exemple.
Pour vous donner une idée, je regardais mes notes et j’ai trouvé ceci : En 1998, le plus grand nombre de messages par jour pour les bourses canadiennes combinées était d’environ 80 000. Il y a environ un an et demi, lors de l’explosion massive des marchés, j’ai consulté les statistiques. Et c’était environ 1,8 milliard de messages.
Ça vous donne une idée de ce qu’on a accompli en 25 ans. C’est une augmentation incroyable. Compte tenu de tout ça, on n’a probablement pas fait un si mauvais travail. En fin de compte, comme vous l’avez mentionné au début de la conversation, la stabilité de ces systèmes est très, très importante.
Et il y a des choses que vous pouvez faire pour améliorer la stabilité des systèmes. Et certaines choses qu’ils font nuisent en fait à la stabilité du système. Aussi, juste une correction. TSX a fait un basculement. Il y a eu une panne de système il y a quelque temps. Et ils ont fait un basculement. Et ils ont réussi à remettre leur système en marche, je pense que ça a duré environ une heure.
PETER HAYNES : Et avant, c’était beaucoup plus long que ça. Si nous avons eu un échec comme nous l’avons eu à quelques reprises, d’environ une heure et demie, ils seraient...
STEPHEN PLUT : ... leur journée serait terminée
PETER HAYNES : Et ça cause un problème majeur, parce qu’un marché fermé, en particulier...
STEPHEN PLUT : TSX est donc...
PETER HAYNES : Je vais leur accorder du crédit.
STEPHEN PLUT : Assurément. On ne veut pas lancer la pierre à qui que ce soit. C’est juste qu’il y a de petits événements qui ont eu lieu qui pourraient être évité s’il y avait un effort plus concerté pour se rendre compte que très peu de gens se posent les bonnes questions lorsqu’ils proposent un nouveau produit, pour se demander quelles seront les répercussions sur le fournisseur. Ou quelles seront les répercussions sur les systèmes de courtage. C’est des questions auxquelles on ne répond généralement pas. Et je pense que c’est l’une des grandes choses qu’on doit commencer à aborder.
PETER HAYNES : OK, voyons ça. Les marchés effectuent un changement technologique. Est-ce qu’il existe un protocole uniforme pour qu’ils s’adressent à l’organisme de réglementation, qui leur dit qu’il réagit? Les organismes de réglementation ont-ils un rôle à jouer pour que chaque changement technologique ait lieu un certain jour chaque mois, afin de permettre aux organismes d’aligner leurs ressources en fonction de cette journée particulière? Est-ce qu’il y a une meilleure façon de faire en tant que secteur?
ETIENNE PHANEUF : Je vais prendre congé ce jour-là si c’est le cas. Je ne pense pas que ce soit une bonne solution.
STEPHEN PLUT : Je pensais que vous alliez intervenir et nous donner la réponse à la solution. Et dire que ce serait génial. La réponse est que c’est un domaine d’expertise pour lequel la plupart des organismes de réglementation n’ont pas suffisamment de personnel. Vous soulevez certains problèmes liés à la conception. Et les organismes de réglementation connaissent très bien les règles de CGUP, toutes les règles de négociation, et OCRCVM pour ce qui est de leurs opérations.
PETER HAYNES : OCRI.
STEPHEN PLUT : Désolé, je viens de montrer l’âge que j’ai. Mais si vous soulignez certains problèmes technologiques, habituellement, on vous répond qu’ils ont satisfait à tous nos critères. Nous ne sommes pas en mesure de nous retenir. Ce que je veux dire, c’est que je pense parfois que ce critère doit être élargi. Il y a eu un cas où une bourse importante a effectué un changement d’opération complet dans ses systèmes. Et c’était un lundi soir. Pensez-y, il y a probablement de 300 à 500 passerelles dans ce moteur de négociation.
Et ce soir-là, il a fallu changer 300 à 500 passerelles. Des groupes entiers de logiciels ont dû être mis à jour sur des douzaines et des douzaines de systèmes de clients et de fournisseurs un lundi soir pour une ouverture le mardi. Il se trouve que c’était le dernier jour du mois. Vous pouvez voir ce qui l’a motivé. Ce n’était pas la technologie. C’est une autre raison. En tant que fournisseurs, nous étions vraiment mis au pied du mur.
Et nos clients se font dire par leurs clients qu’ils doivent effectuer des opérations le mardi matin. Nous avons tenté de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour offrir le logiciel le plus tôt possible, pour que tout soit préautorisé et préconfiguré. Et qu’un changement massif soit fait. Mais le niveau de risque est inimaginable.
PETER HAYNES : Alors, Etienne, ça m’amène à une question. Quand on pense au rôle de l’organisme de réglementation, et je ne blâme pas l’organisme de réglementation pour ça, mais chaque fois qu’un nouveau marché fait un changement comme ça, chaque fois qu’un nouveau marché introduit un nouveau type d’ordre, chaque fois qu’un marché met à niveau un moteur, chaque fois qu’un nouveau marché présente un nouveau niveau de complexité, qu’il s’agisse d’un ralentissement, d’un nouveau type d’ordre ou d’autre chose, cela augmente le risque que quelque chose explose.
Et ce n’est pas intentionnel. Tout le monde fait des choses de son côté pour essayer de répondre aux besoins des clients. Et on se retrouve avec quelque chose qui est sans doute une sorte de bombe à retardement. Quel rôle est-ce que l’organisme de réglementation pourrait jouer pour limiter la prochaine instance ou le prochain type d’ordre qui pourrait essentiellement faire pencher la balance?
ETIENNE PHANEUF : C’est une bonne question. Je pense qu’en raison du processus que les organismes de réglementation appliquent pour évaluer les nouveaux marchés, les nouveaux types d’ordres, puis, ultimement, les approuver, les rendre publics aux fins de commentaires, etc., ils limitent déjà la vitesse à laquelle les choses peuvent changer.
Maintenant, on peut se demander si ce délai devrait être plus long. On peut se demander si la phase de mise en œuvre devrait être plus longue. Mais je peux vous dire, d’après mon expérience, qu’on a été en mesure de déployer beaucoup moins que nous l’aurions voulu du point de vue des affaires, parce qu’on a dû d’abord s’adapter au processus réglementaire pour examiner l’idée avec eux, leur expliquer, éduquer les gens sur ce qu’on essaie de faire, nous assurer que ça respecte les règles, demander des commentaires au public, répondre aux commentaires du public, etc.
Ça dure plusieurs mois. Pour ce qui est de ce qu’on aurait aimé faire en tant que secteur, c’est probablement de déployer 10 choses par année. Quant à savoir si c’est faisable ou non, comme Steve l’a dit, probablement pas. Mais c’est ce qu’on aurait aimé faire. Mais en fait, on savait qu’on ne pourrait probablement faire qu’un seul déploiement important par année et peut-être un ou deux déploiements mineurs par année.
Il y a donc déjà un obstacle en place qui, selon moi, n’est pas vraiment visible pour deux participants au marché, à moins que vous exploitiez un marché. Et, bien sûr, on peut se demander si les périodes de mise en œuvre devraient être plus longues. Et je pense que dans certains cas, elles devraient l’être. Je pense qu’il devrait y avoir un concept selon lequel on considère ceci comme un changement très important qui touche tout le monde. Et les gens doivent avoir suffisamment de temps pour le faire, parce que tout le monde ne va pas simplement laisser tomber ce qu’ils construisent en ce moment pour simplement mettre en œuvre le nouveau changement parce qu’il survient.
Il y a donc probablement lieu de discuter des délais de mise en œuvre et de déterminer s’ils sont suffisamment longs. Mais je pense que les organismes de réglementation ajoutent déjà un obstacle, excusez le jeu de mots, à ce processus. Et comme je pense que notre écosystème est dynamique et que, en général, nous obtenons de bons résultats, et que je suis capitaliste, et que je ne veux pas vraiment que les organismes de réglementation dictent ce qui va et ce qui ne va pas, Je pense que nous devons vivre avec cela en tant que secteur pour profiter des avantages qui découlent de l’innovation. Autrement, je pense que nous allons étouffer l’innovation.
PETER HAYNES : Et Steven, parlant d’importantes mises en œuvre réglementaires à venir, l’un des problèmes dont les gens commencent à parler et qui les préoccupent en termes de rafale, on va appeler ça un trafic de messages, concerne la proposition de la SEC de réduire l’écart minimal entre le cours acheteur et vendeur d’une action liquide, ce qui se produira aux États-Unis et, par donc, ici au Canada, dans une certaine mesure.
Tout d’abord, les organismes de réglementation devraient-ils tenir compte du risque qu’ils introduisent dans leur prise de décisions en ce qui a trait à ces types de propositions? Ce que je comprends de ce que j’ai lu, c’est que la SEC n’a pas mentionné que, dans sa catégorie de risque, lorsqu’elle discutait de la réduction des incréments des échelons de cotation, ça pourrait avoir des conséquences imprévues sur le trafic de messages. De toute évidence, ce n’était pas un problème. Est-ce qu’ils devraient y penser? Et avez-vous une idée de l’ampleur exacte de l’augmentation de la circulation à la baisse en raison de ce changement particulier?
STEPHEN PLUT : Ils passent d’un incrément d’un cent ou d’un demi-cent à un dixième?
PETER HAYNES : Eh bien, ils proposent de passer d’un cent à un dixième de cent, ou 2/10 e de cent, ce que le secteur a vraiment repoussé. Et le secteur s’attend à ce que nous nous retrouvions avec environ 1 000 à 2 000 actions aux États-Unis qui passeront d’un incrément d’un cent à un demi-cent. Et donc, évidemment, des incréments plus étroits, plus de changements de tarification. Je suis curieux de savoir si vous pensez que c’est un risque.
STEPHEN PLUT : Que ce soit un risque ou non, est-ce que ça augmentera le volume de messages? La réponse est oui. Il doit augmenter, parce que si vous avez plus d’incréments des échelons de cotation et que les NHV vont toujours réagir chaque fois qu’il y a un changement de code NBBO ou un changement d’échelon, ils vont suivre le changement. Ça va augmenter les taux de messages. Et comme une grande partie de notre trafic de messages est basé sur le flux NHV, ce n’est pas...
PETER HAYNES : Dans les titres les plus liquides...
STEPHEN PLUT : Dans les titres les plus liquides, absolument. Ça va certainement augmenter les taux de messages.
ETIENNE PHANEUF : Permettez-moi d’intervenir. Dans le cadre de discussions informelles que j’ai eues avec divers participants sur le marché américain, tant sur les marchés que du côté des ventes, les estimations que j’ai entendues varient d’une fois et une fois et demie l’achalandage de base actuel à dix fois. Et il y a probablement un groupe de personnes au milieu, autour de quatre ou cinq.
STEPHEN PLUT : Je pense que tous ces chiffres sont raisonnables. Ce sera probablement quelque part au bas de l’échelle. Mais un incrément du double du nombre de messages n’est pas une mince affaire.
ETIENNE PHANEUF : Ce n’est pas rien, parce que la technologie de l’écosystème est en quelque sorte conçue pour gérer une base de référence actuelle. Cela dit, est-ce que la technologie existe pour gérer cette situation? Absolument, et vous n’avez qu’à regarder ce qui se passe sur le marché américain des options, qui nous donne un ordre de grandeur, et qui reçoit peut-être même plus de messages que les actions américaines. Ils sont en mesure d’y faire face. Les actions américaines peuvent-elles traiter 10 fois plus de messages? Absolument, ils le peuvent. Maintenant, je me demande ce qu’il advient des messages d’options qui ont tendance à être multipliés.
PETER HAYNES : J’ai animé une table ronde sur les options et j’ai posé la question exacte. Et on m’a répondu qu’il n’y a pas de problème. On peut déjà gérer un milliard de messages chaque minute. Et ils ont l’impression d’avoir la capacité [INAUDIBLE] de traiter ce message.
STEPHEN PLUT : Mais le marché américain est assez différent du marché canadien en ce qui a trait aux données. Il est très rare qu’un négociateur aux États-Unis affiche un niveau d’exposition au marché de niveau 2. C’est presque du jamais vu. Au Canada, c’est la norme.
PETER HAYNES : C’est exact, parce que la règle sur la protection des ordres couvre tout.
STEPHEN PLUT : Pour différentes raisons, dont de nombreuses raisons historiques, entre autres. Donc, on peut dire que les Américains peuvent gérer la situation. Mais nous, on gère les choses différemment. Par conséquent, on est plus exposés qu’eux parce qu’ils ont bâti leurs systèmes. Et c’est du jamais vu qu’un négociateur affiche un niveau de marché de niveau 2. Au Canada, il est presque inédit qu’un négociateur professionnel n’ait pas une exposition au marché de niveau 2.
L’absence d’un affichage de marché de niveau 2 réduit votre taux de messagerie de 10 à 15 fois. C’est comme ça. Ce n’est pas nécessairement un rapport de 1 à 1. Et on ne peut pas dire directement que parce que les Américains peuvent s’en occuper, nous pouvons le faire. Notre infrastructure est un peu différente. Je ne dirais pas simplement que si nous changions nos échelons de graduation, tout serait parfait. Vous devez le savoir.
ETIENNE PHANEUF : Il faudra investir dans la technologie. Qu’il s’agisse de l’ensemble du secteur ou d’un sous-ensemble de celui-ci, il y aura des participants au marché qui ne sont pas en mesure de gérer la situation aujourd’hui. Et ils devront mettre à niveau leurs infrastructures.
STEPHEN PLUT : Et [INAUDIBLE] tout ce qui concerne la FPGA est arrivé parce qu’il avait des clients qui sortaient. En fait, vous étiez un client de la FPGA de base. C’était une excellente façon de gérer la situation. C’est une technologie fabuleuse. Malheureusement, il y a toujours quelque chose qu’elle ne peut pas gérer.
PETER HAYNES : OK, alors pour les fournisseurs dont le dénominateur commun est le plus bas et qui ne sont pas en mesure de gérer les rafales de messages et qui, à certains égards, deviennent un risque systémique pour le marché, que peuvent faire les organismes de réglementation, surtout lorsqu’il est question d’entreprises d’acheminement qui ne relèvent pas de leur compétence? Les États-Unis ont un système appelé REG-SEI. Et ils essaient de regrouper le plus grand nombre d’organismes possibles sur le marché qui pensent pouvoir être systémiques. Les organismes de réglementation canadiens devraient-ils tenir compte de ce fait?
ETIENNE PHANEUF : Je pense qu’ils ne réglementent pas ces fournisseurs.
PETER HAYNES : Mais ils sont systémiques. Et nous l’avons clairement constaté en février avec la technologie.
ETIENNE PHANEUF : Je pense qu’ils peuvent s’adresser aux gens qu’ils réglementent, aux marchés et aux courtiers, et leur mettre la pression. Ensuite, ça devient une opération commerciale...
STEPHEN PLUT : C’est comme ça que je ressens une pression. Mes clients m’appellent, les organismes de réglementation m’appellent. Et même s’ils ne me réglementent pas directement, il est très facile pour eux de dire à mes clients que c’est ce que nous devons faire. À ce moment-là, 20 minutes plus tard, ils me contactent. Et j’ai réfléchi. Je me suis dit : « Comment est-ce que je vais résoudre ce problème? »
Nous ne sommes donc pas directement réglementés. Mais nous sommes réglementés par l’intermédiaire d’entités réglementées, comme les courtiers en valeurs mobilières. Ils ont une influence incroyable sur moi en tant que fournisseur. La panne d’il y a six mois a fait que deux grandes entreprises de fournisseurs ont été arrêtées pendant environ 30 minutes. Et on a été à l’arrêt pendant environ cinq minutes. En ayant plusieurs fournisseurs, ils répartissent en quelque sorte le risque.
ETIENNE PHANEUF : N’est-ce pas ce qui devrait se passer? D’une certaine façon, les meilleurs fournisseurs devraient gagner, n’est-ce pas? Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un terrain de jeu inégal. Chaque fournisseur devrait être en mesure de produire le même niveau de résultats, n’est-ce pas? Vous devriez donc mieux gérer la situation, ça devrait vous aider. Les gens devraient se dire « peut-être que je devrais être d’acord avec Steve. »
PETER HAYNES : Et c’est une tâche très difficile. Et je parlais à une personne du côté des achats qui avait décidé de cesser de travailler avec une société de courtage en particulier qui offrait un service de fournisseur pour diverses raisons. Et ils sont allés voir comment ils pourraient, essentiellement, je ne veux pas utiliser le mot couper ce courtier en particulier. Et ils n’ont pas pu, car toute leur infrastructure a été construite autour de ce service de fournisseur particulier.
Je pense que c’est la même chose pour ce qui est de ce problème en février, lorsque tous les courtiers, ou tous les bureaux de blocs de titres du côté des ventes sont en panne parce qu’ils utilisent tous le même routeur. Ensuite, ils disent : OK, on doit changer. Ils se rendent compte que ça va nécessiter 462 personnes des technologies et 8 000 000 000 d’heures. Et ils passent simplement à autre chose.
STEPHEN PLUT : Comme Etienne essayait de le dire, ou comme il l’a mentionné, nous sommes en fait le marché capitaliste et le système financier, et nos clients nous tiennent responsables. C’est incroyablement exigeant. Et nos clients sont exigeants envers les fournisseurs, parce que mes clients sont très sollicités par leurs clients, le secteur du commerce de détail, les grandes sociétés d’achat et tout le reste.
Souvent, j’aimerais pouvoir faire quelque chose, mais mes clients me disent « non, Steve, on a besoin de toi. » Et je le fais. Et on est retenus en bride. Les choses dérapent, lorsqu’une organisation détient un monopole ou quelque chose du genre, qui fait que vous n’avez pas le choix. Ils peuvent ensuite faire ce qu’ils veulent. En réalité, nous sommes plutôt bons en ce sens qu’aucun fournisseur n’a assez de pouvoir pour retenir les gens de force. Ça ne fonctionne pas trop mal.
PETER HAYNES : Alors, Etienne, je vous ai entendu utiliser une expression plus tôt : c’est que tous les messages ne sont pas égaux en termes d’impact sur la capacité de messagerie. Qu’est-ce que tu veux dire par là?
ETIENNE PHANEUF : Eh bien, cette couche de trafic de messages est différente. Ce sont les données sur le marché qui sont publiées par les marchés et qui sont ensuite reçues par les fournisseurs et les courtiers. C’est le point de vue du marché. L’autre extrémité du spectre, ce sont les ordres passés d’un courtier à un marché.
Il y a donc un message d’ordre qui est acheminé du courtier au marché. Ensuite, un accusé de réception est renvoyé. Ensuite, il y a les messages d’exécution, les exécutions partielles et complètes, les annulations, etc. C’est l’autre bout du spectre. Maintenant, ces éléments sont liés, car si j’achemine un ordre à la bourse, ça génère un message sur les données du marché. C’est comme un cycle.
Mais je pense que ce sont des types de messages fondamentalement différents. En général, les types de messages qui causent des problèmes aux fournisseurs et aux courtiers en valeurs mobilières concernent davantage les données du marché.
STEPHEN PLUT : Ce n’est pas de notre ressort. C’est un organisme tiers qui crée une tempête de messages qu’on ne contrôle pas. Par conséquent, ça peut vraiment nous prendre par surprise.
ETIENNE PHANEUF : Vous devez donc avoir la capacité nécessaire dans votre système pour pouvoir vous en occuper. Vous devez être en mesure de gérer la rafale. Vous avez cette sorte de limite supérieure théorique de... En fait combien de messages est-ce que je dois m’attendre à recevoir? Chaque fois qu’on est face à une crise d’une nature quelconque, qu’elle soit financière, géopolitique ou autre, et qui génère beaucoup d’activité, on atteint ce nouveau niveau, ce nouveau volume élevé de messages.
Mais on ne sait jamais ce que ça va être. C’est à ce moment-là que le système est soumis à des simulations de crise dans la vraie vie. C’est un problème difficile à résoudre.
PETER HAYNES : Je pense que personne dans le monde de la réglementation ne veut entendre dire qu’on teste des choses comme ça dans la vraie vie. Ils veulent que ces solutions aient été élaborées à l’avance.
STEPHEN PLUT : C’est la vérité. Ce qu’Etienne dit est tout à fait vrai. Il n’y a jamais eu de simulation de crise massive. Ils effectuent des tests de connectivité, des pannes d’applications et tout le reste. Mais on n’a jamais fait de test de charge.
PETER HAYNES : Dans combien de temps un fournisseur peut-il accroître sa capacité à gérer, par exemple, le problème survenu en février? Les fournisseurs qui ont été en panne pendant une demi-heure, comme vous avez dit que vous avez été pendant cinq minutes. Et vous avez trouvé des solutions pour éviter ça à l’avenir. Mais à quelle vitesse pouvez-vous réagir à ce genre de choses?
ETIENNE PHANEUF : Ça dépend, je pense que la réponse est qu’on ne peut pas le faire en temps réel. Par la suite, pouvez-vous prendre des mesures, voir les circonstances particulières que nous avons observées, et vous dire « il y a quatre solutions pour atténuer ce scénario? » Je pense que le secteur est très bon pour ne pas se faire atteindre deux fois par la même chose. Cette situation a causé cette panne. Parfait, on ne sera plus touchés. Le problème suivant concerne souvent quelque chose de différent. Pour répondre à votre question sur la rapidité, je pense que ça dépend d’un fournisseur à l’autre.
STEPHEN PLUT : S’il s’agit de changer un ou deux nouveaux serveurs, vous pourriez probablement le faire en une semaine ou deux. S’il s’agit d’un changement architectural et que votre application ne peut pas aller plus vite, et que vous devez passer à un environnement FPGA, vous devez changer la structure de votre base de données ou quelque chose du genre. Il s’agit alors de cycles de 6 à 12 mois. Il peut s’agir de quelque chose qui se produit en deux ou trois jours ou en 6 à 12 mois.
PETER HAYNES : Je veux juste terminer sur le sujet des messages et vous demander, Steven, selon votre expérience, à quelle fréquence voyez-vous des messages qui n’ont pas de sens et qui pourraient être malveillants? Je sais qu’il y a des régulations en cours. Je comprends aussi que ce n’est pas le cas de tous les marchés. À quelle fréquence considérez-vous que vous êtes face à une activité potentiellement malveillante? Et si vous remarquez ça, est-ce que vous le signalez aux organismes de réglementation?
STEPHEN PLUT : Les organismes de réglementation font le suivi de tout ça. En tant que courtiers en valeurs mobilières, certains des rapports qu’on doit produire portent sur les taux de messagerie, entre autres. C’est très difficile à cacher, parce que tout le monde le voit. Il y a donc très peu de situations malveillantes comme celle-là.
Auparavant, aux États-Unis, il y avait des cas où les gens bourraient les flux parce qu’ils essayaient de les surcharger, ce qui leur donnait un avantage pour placer leurs ordres.
PETER HAYNES : C’est là où je voulais en venir.
STEPHEN PLUT : Je n’ai jamais vu ça au Canada. Mais ce qui se passe, c’est que vos serveurs vont simplement se fixer. Et vous n’avez aucune idée pourquoi. Ensuite, vous faites une recherche dans Reuters ou n’importe quel service de nouvelles. Vous allez comprendre ce qui s’est passé. Et vous pouvez voir toutes ces NHV qui ont compris. Et qui ont sauté sur l’occasion. C’est plus près de la vérité. Ce n’est pas malveillant parce que c’est difficile à faire – c’est difficile de faire des choses malveillantes quand tout le monde peut voir les traces que vous laissez.
PETER HAYNES : La réalité, c’est que les NHV réévaluent les actions très rapidement de la même manière que nous avions l’habitude de le faire manuellement en plus de temps. Il est vraiment difficile pour nous de se rendre compte de la rapidité avec laquelle la réévaluation a lieu maintenant, puisque nous sommes là depuis longtemps. Et on ne se rend pas toujours compte. Mais évidemment, on réagit à cette nouvelle. Vous vous dites, oh, voilà. Voilà pourquoi.
Donc, Etienne, je suis curieux. Cette conversation portait principalement sur le Canada, car c’est là notre priorité et notre domaine d’expertise. D’après votre expérience, est-ce qu’on est très différents des États-Unis? Est-ce qu’on est très différents de ce que vous pourriez apprendre sur les marchés de l’Asie-Pacifique ou de l’Europe?
ETIENNE PHANEUF : Je pense que le problème sous-jacent, c’est-à-dire être en mesure de gérer la capacité du trafic de messages et sa nature prône aux rafales et d’offrir un rendement constant, est le même partout. La complexité de ces régions change. Dans certains marchés, il n’y a qu’un seul marché. J’ai perdu le compte du nombre que nous avons ici, mais nous devons être à sept ou huit. Je ne connais pas le chiffre exact.
PETER HAYNES : Ils sont trop nombreux compte tenu de la taille de notre marché.
STEPHEN PLUT : Les lieux de négociation sont d’environ 14. Et il y a probablement environ sept organisations ou huit organisations derrière eux.
PETER HAYNES : C’est beaucoup pour un petit marché.
STEPHEN PLUT : Le Canada est considéré comme l’un des environnements les plus complexes au monde compte tenu de notre population.
ETIENNE PHANEUF : Je pense donc que nous sommes différents de cette façon qu’on s’est ajusté à la taille de notre marché. Dans un marché comme celui de Hong Kong, il n’y a qu’un seul marché. Je pense qu’ils ont fondamentalement le même problème. Mais ils n’ont pas la complexité.
Et j’aimerais ajouter un autre élément à votre question : il ne s’agit pas seulement d’actions ou de régions. C’est la même chose pour toute autre catégorie d’actif très liquide et électronique. On a donc le même problème sous-jacent pour les opérations de change, le même problème qui émerge pour les taux, car ce marché est devenu plus électronique et plus liquide. Plus de machines communiquent avec plus de machines pour transmettre des ordres et traiter des ordres.
PETER HAYNES : Etienne, je veux aborder un sujet qui, je le sais, vous intéresse. Et c’est lié à la cybersécurité. Parce que lorsqu’on pense aux risques qui pourraient entraîner une panne de nos systèmes, la cybersécurité est évidemment un enjeu de premier plan. La bourse de la Nouvelle-Zélande a réglé ce problème il y a quelques années.
Je sais que la CVMO a tenu une table ronde. Et c’était une simulation d’une cyberattaque sur un marché canadien et de la façon dont on réagit. Et c’était intéressant qu’un des points à retenir de cet événement, c’était qu’il était vraiment difficile de comprendre qui était responsable de prendre des décisions pendant cette panne.
Mais on n’a pas beaucoup entendu parler de ce sujet depuis. Et ça nous amène à nous demander si les organismes de réglementation en font vraiment assez pour gérer le cyberrisque sur les marchés boursiers. Par exemple, comme vous me l’avez dit, les connexions aux marchés n’ont pas de chiffrement. Est-ce que c’est l’une des failles qui devrait nous inquiéter? Et est-ce simplement une question de sacrifier le chiffrement pour la rapidité?
ETIENNE PHANEUF : Oui, je pense que ce que le monde nous enseigne, si ce n’est pas tous les jours, du moins toutes les semaines, c’est que tout le monde devrait se préoccuper de la cybersécurité et de la façon dont les systèmes sont touchés ou potentiellement touchés. Pour moi, le grand risque, c’est que quelqu’un subisse une cyberattaque, qu’il y a une panne catastrophique et que le système ne puisse pas se rétablir. Et une fois que ça se produit, le système peut être à l’arrêt pour peut-être cinq jours.
Et qu’il s’agisse de la bourse de cotation principale ou d’une partie du marché, c’est un événement catastrophique. Et je pense que c’est probablement le risque le plus faible. Je pense que dans le domaine de la cybersécurité, il y a toutes sortes d’autres éléments qui interviennent et qui sont peut-être moins visibles pour les participants en général.
Par exemple, si je transmets mes ordres sur une ligne réservée à un marché. Et si quelqu’un entre maintenant dans mon système et peut voir les ordres qui sont transmis et qui sont les clients. Quelle est la valeur de ça? Eh bien, je peux vous dire, d’après mon expérience en courtage, que nos clients du côté achat seraient fous de rage s’ils pensaient que leurs renseignements étaient compromis.
PETER HAYNES : Et c’est exactement pourquoi ils sont devenus fous de rage lorsqu’il y a eu une certaine socialisation de certains des produits que la DTCC vendait dans le secteur, juste une collecte de renseignements de base, que des gens pouvaient contrefaire qui pourraient être des participants réels.
ETIENNE PHANEUF : Exactement, donc l’idée que le système de négociation est fermé, c’est-à-dire qu’il y a des marchés centraux, et puis, il y a les connexions d’un point à un autre. Je me connecte à un marché, au marché A, au marché B. Et j’ai le contrôle jusqu’à ce point. Et le marché a le contrôle de ce point.
Par conséquent, je n’ai pas besoin de chiffrer le message qui passe entre les deux, en quelque sorte. Mais je me demande, alors que ces cyberattaques deviennent de plus en plus sophistiquées, si, en fait, ce trafic devrait être chiffré.
PETER HAYNES : Est-ce que c’est un problème de chiffrement, techniquement? Parce que ces messages sont transmis par des tours à micro-ondes et des zones où ils volent dans l’espace et où il est difficile de les chiffrer. Ou est-ce que...
STEPHEN PLUT : Tous ces liens de micro-ondes sont chiffrés. Sur le plan physique, tout est chiffré. On ne doit pas s’inquiéter pour ça. En fait, je ne suis pas d’accord avec Etienne à ce sujet. Normalement, je suis d’accord avec lui sur la plupart des points. Mais dans le contexte actuel, la plupart des gens sont localisés au même endroit que les bourses.
Vous avez un chemin de fibres qui se trouve probablement dans l’un des immeubles les plus sécuritaires. Si quelqu’un a déjà utilisé un centre de données moderne, c’est probablement aussi sécuritaire que tout ce qu’il a déjà vu dans sa vie. Et c’est une fibre qui va d’un point à l’autre. Et ces parcours de fibres mesurent 200 ou 300 mètres maximum. Et ils sont à l’intérieur de l’immeuble.
Il y a alors peu de risque d’attaque. Et les données de la bourse qui se dirige dans les flux sont chiffrées si elles contiennent des renseignements personnels. Là où vous pourriez attaquer, c’est entre les centres de données. Tous les fournisseurs ont plusieurs centres de données. Et vous pouvez attaquer les données entre ces centres de données.
Je devrais chiffrer toutes les données entre mes propres éléments et mon propre logiciel. Ce que j’essaie de démontrer, c’est qu’il y a d’autres endroits où c’est possible d’attaquer. C’est comme presser un ballon. Si on empêche l’air de sortir d’un côté, ça va ressortir ailleurs. Je ne vois pas vraiment comment le chiffrement va aider.
Habituellement, toutes ces attaques sont dirigées vers le serveur. Pour que vous sachiez, en tant que fournisseur, le nombre de choses que je dois démontrer à mes grands clients est énorme. Par exemple, y a-t-il des renseignements classifiés? Est-il chiffré? Où est-il entreposé? Est-il entreposé en lieu sûr? Entre autres. Il y a beaucoup de gens qui pensent à tout ça.
PETER HAYNES : Malheureusement, les personnes malveillantes y pensent aussi.
STEPHEN PLUT : L’argument d’Etienne est que si vous protégez un endroit, on en attaquera un autre. Mais les efforts déployés pour protéger ces systèmes contre le courtier en valeurs mobilières, la bourse et le fournisseur sont incroyables.
ETIENNE PHANEUF : Je pense que le problème avec le risque, c’est qu’il est multidimensionnel. Il est très peu probable qu’un risque donné se concrétise. Mais si cela se produit, c’est catastrophique. Par rapport à une probabilité plus élevée que quelque chose se produise. Mais ça n’inquiète personne, parce que rien n’est compromis. Je pense qu’en tant que secteur, nous devons continuer à penser à ces choses.
Et je ne pense pas que tout soit aussi sécuritaire que les gens le pensent. Et je pense que le secteur s’est fié au fait qu’il s’agit d’un système fermé. Que vous devez accéder à l’environnement de Steve pour avoir accès à sa connectivité. Mais je pense que c’est le genre de choses qu’on voit chez les grandes sociétés qui dépensent des millions, voire des centaines de millions de dollars chaque jour en cybersécurité partout dans le monde.
STEPHEN PLUT : Ce n’est pas une probabilité nulle, c’est certain.
PETER HAYNES : Eh bien, ils dépensent aussi beaucoup d’argent en marketing. Mon frère est chef de la direction ou président d’une entreprise de cybersécurité. Et il m’a montré à la course F1 la semaine dernière, je pense que chaque conducteur de F1 a le nom d’une cyberentreprise imprimé sur sa tenue quelque part. J’ai trouvé ça intéressant.
STEPHEN PLUT : Souvent, lorsque les budgets sont réduits, ceux qui s’occupent de la cybersécurité sont ceux qui sont les derniers coupés. C’est bien de faire partie de ce secteur.
PETER HAYNES : Pour terminer, j’aimerais vous poser une dernière question. Je vais commencer par vous, Steven. Si vous étiez la CVMO ou la SEC, quelles devraient être vos priorités pour assurer la stabilité des marchés boursiers au cours des 10 prochaines années, disons?
STEPHEN PLUT : C’est une question intéressante. J’y ai pensé. Ce que je tiens à souligner, c’est que si vous parlez de la Banque du Canada ou de la Fed aux États-Unis, l’un des éléments clés dont ils parlent toujours lorsqu’ils prennent leurs décisions, c’est la stabilité du secteur financier. Et je ne pense pas que, du point de vue de la technologie, on en parle vraiment.
Et même si on commençait tout juste à examiner les changements et à se demander quels sont les problèmes de stabilité technologique que cela soulève, et qu’on fait appel à des gens, à des consultants qui peuvent dire qu’en tant que fournisseur, c’est là que ça me fait peur. Ceci n’est pas un problème. Ça c’est un problème, ce genre de choses. Je ne pense pas qu’on ait même ça en tête.
Les organismes de réglementation mettent beaucoup l’accent sur la réglementation, les règles des CGU, les règles de négociation, l’équité envers les clients, tout ce qu’ils font depuis 100 ans. Et le secteur a énormément changé. Il n’y avait pas d’analyse quantitative il y a 25 ans. Il n’y avait pas d’algorithmes. Il n’y avait pas de NHV. Il n’y avait pas de FPGA.
Notre secteur est donc passé d’une approche axée sur les négociateurs très performants à une approche axée sur les technologies à rendement élevé. Je ne pense pas que les organismes de réglementation se soient déjà adaptés. Je pense qu’il faut en parler et se demander ce qu’on doit en penser. Je pense que ce serait un grand pas en avant.
PETER HAYNES : Etienne?
ETIENNE PHANEUF : Oui, je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de soumettre toutes ces questions aux organismes de réglementation. Je veux dire, ils ont certainement un rôle à jouer sur différentes choses. Et je les laisserais établir leurs propres priorités. Mais je pense que pour les participants au marché en général, il faut mettre beaucoup plus l’accent sur le trafic de messages, qu’il y ait une capacité adéquate pour gérer les rafales, la croissance, c’est-à-dire deux fois ou trois fois plus par rapport à aujourd’hui, peut-être plus.
Si le rendement donne un résultat déterministe, et comment ça prend forme. Et je pense que ça dépend des courtiers, des marchés et des fournisseurs. Je pense qu’en tant que secteur, nous pouvons passer plus de temps dans ce domaine en reconnaissant que le marché a énormément changé, comme Steven l’a si bien dit. Et je pense qu’il y a là une occasion de repenser à quoi cet élément doit ressembler.
Et c’est une question de résilience. Soit dit en passant, je suis tout à fait d’accord pour dire que le volet résilience de l’écosystème est le volet moins intéressant. Tout le monde veut vous parler du nouveau type d’ordre, du nouvel algorithme qu’ils ont lancé ou du nouveau type d’ordre sur le marché.
PETER HAYNES : Ou l’importante opération qu’ils viennent de faire.
ETIENNE PHANEUF : Mais en fait, si je dépose des paquets, je dois savoir que je dois pouvoir les récupérer. Je pense que l’industrie peut consacrer plus de temps à s’assurer que nous sommes bien résilients à ce niveau-là. Je dirais que c’est la responsabilité des participants au marché.
STEPHEN PLUT : En tant que bête noire, si vous parlez de stabilité, d’où tirez-vous cette stabilité? L’une d’elles consiste à faire des tests. Je tiens à souligner qu’en ce qui concerne les environnements d’essai, nous ne faisons pas un excellent travail dans l’ensemble. Les bourses ne le font pas. Et elles ne synchronisent pas leurs données. Elles ne synchronisent pas la façon dont elles utilisent les données. Elles ne synchronisent pas leurs symboles. Et ça rend les choses très difficiles pour des gens comme moi et Etienne aussi, parce que l’une des choses qu’on doit faire parce que ces systèmes sont si complexes, c’est d’exécuter des scénarios de test. On exécute des milliers et des milliers de scénarios de test. Et quand une bourse utilise des cotes de production dans l’environnement d’EAU et l’autre des cotes d’EAU...
PETER HAYNES : Qu’est-ce que l’EAU?
STEPHEN PLUT : Essais d’acceptation par l’utilisateur Pas des cotes réelles.
PETER HAYNES : Les États-Unis ont une cote 4Z ou -- il y a une cote.
[VOIX EN INTERPOSITION]
STEPHEN PLUT : On a quelque chose de semblable au Canada. On a un YYZ, mais...
PETER HAYNES : C’est notre aéroport.
STEPHEN PLUT : Exactement, alors vous verrez yyz.abc. Ce sont des symboles de test. C’était une excellente idée. Mais je parle d’un environnement de test où ce sont les vrais environnements de test. Et vous rendez la vie difficile aux personnes qui effectuent les tests. Si vous leur rendez la vie difficile, des erreurs se produisent. Et le code entre en jeu et entre en production alors qu’il aurait dû être saisi. Et pourquoi? Parce qu’il n’y avait pas d’environnement de test stable et uniforme pour tous les systèmes.
PETER HAYNES : Eh bien, je ne sais pas si nous avons résolu les problèmes du monde aujourd’hui. Mais on en a certainement présenté quelques-uns et certains risques. Et je vous remercie beaucoup de vous être joints à moi aujourd’hui. Je dois mentionner que j’ai invité plusieurs bourses à participer à cette discussion. Et elles ont toutes poliment refusé. Je suis vraiment heureux que vous ayez pu venir nous en dire un peu plus sur votre expertise au cours des 25, 30 ou 35 années où vous avez travaillé dans ce domaine. Au nom du balado de TD Cowan, merci de vous être joints à nous.
ETIENNE PHANEUF : Merci de nous avoir invités.
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Etienne Phaneuf
Chef de la direction, d’ArchES Computing
Etienne Phaneuf
Chef de la direction, d’ArchES Computing
Etienne Phaneuf
Chef de la direction, d’ArchES Computing
Etienne Phaneuf est un cadre chevronné dans les domaines de la technologie et des finances. Il supervise la culture et la direction stratégique de l’entreprise en ce qui a trait aux solutions de données technologiques et de mise en œuvre de pointe adaptées aux besoins des clients. Avant de se joindre à ArchEs, Etienne était chef de la direction d’ITG Canada (maintenant appelée Virtu-ITG Canada), un fournisseur de services de négociation électronique, d’analyses du coût des opérations et de logiciels de négociation. Au cours de ses 19 années à ITG, Etienne a occupé bon nombre de postes de direction, aidant l’entreprise à devenir un fournisseur de services de négociation électronique de premier plan pour la communauté institutionnelle. Il est titulaire d’un baccalauréat en mathématiques de l’Université de Waterloo.
Stephen Plut
Directeur général et cofondateur, d’ITS Online
Stephen Plut
Directeur général et cofondateur, d’ITS Online
Stephen Plut
Directeur général et cofondateur, d’ITS Online
Steve Plut s’occupe de la gestion des stratégies et des opérations pour ITS et ITS Online. Steve est titulaire d’un baccalauréat en génie électrique de l’Université de Toronto et se spécialise dans les systèmes d’applications en temps réel et l’architecture de réseau. Au début de sa carrière, il œuvrait dans le domaine des systèmes vitaux de contrôle du trafic en temps réel pour une compagnie ferroviaire canadienne, avant de se joindre à la Bourse de Toronto à titre d’architecte d’applications. C’est là qu’il a fait la connaissance de Slav Brkic. Par la suite, Steve a travaillé dans une grande banque canadienne en tant que conseiller principal chargé de la mise à niveau de l’infrastructure sur deux continents. En 1998, il a cofondé Integrated Transactions Systems, Ltd.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.