Invités : Malcom Hamilton, agrégé supérieur, Institut C.D. Howe et Bob Baldwin, propriétaire, Baldwin Consulting
Animateur : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Au cours de l’épisode 66, nous accueillons deux des plus grands spécialistes canadiens des fonds de pension pour une discussion sur les enjeux touchant les huit plus importants fonds de pension canadiens de renommée mondiale. Malcom Hamilton et Bob Baldwin sont deux Canadiens qui suivent depuis toujours les fonds de pension et qui font part à nos auditeurs des principales raisons pour lesquelles les fonds du Maple 8 du Canada sont des chefs de file mondiaux. M. Bladwin explique pourquoi l’Alberta devrait renoncer au RPC, un sujet sur lequel il a beaucoup écrit, ce qui place l’actuaire en chef du Canada sur la sellette pour déterminer la juste valeur de la part du fonds appartenant à l’Alberta. Parmi les autres sujets, mentionnons le débat sur la propriété d’actifs canadiens, la gestion de l’augmentation de l’espérance de vie et une perspective sur les enjeux auxquels les fonds de pension pourraient faire face dans 10 ans.
En-têtes de chapitre : | |
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02:02 | Pourquoi les fonds de pension du Canada font-ils l’envie du monde? |
11:06 | Explication de pourquoi l’Alberta devrait renoncer au RPC |
23:24 | Actuaire en chef du Canada, Assia Billig |
26:44 | Arguments en faveur d’une propriété plus importante d’actifs canadiens |
38:28 | Résoudre le problème de l’augmentation de l’espérance de vie |
47:04 | Boule de cristal de Bob – Perspective sur les enjeux auxquels les fonds de pension pourraient faire face dans 10 ans |
Ce balado a été enregistré le 13 août 2024.
PETER HAYNES : Bonjour. Ici Peter. Le balado que vous êtes sur le point d’écouter regorge de renseignements incroyablement détaillés sur les caisses de retraite du Canada fournis par deux observateurs de longue date du secteur. Au cours de la conversation, j’ai posé des questions difficiles, mais de plus en plus pertinentes, sur le passif des régimes de retraite, l’espérance de vie et les coûts de gestion des caisses de retraite, y compris pour les huit plus importants gestionnaires de placements de régimes de retraite canadiens, le « Maple 8 ».
Ce sont des problèmes auxquels notre société est confrontée et qui ont récemment fait l’objet d’un débat social plus accru. Comme vous l’entendrez dans ce dialogue, les deux intervenants sur ces questions complexes ont des points de vue qui ne concordent pas toujours et, dans certains cas, peuvent prêter à la controverse.
Tout ça a rendu cette conversation très intéressante et, pour la première fois dans ma carrière d’animateur, j’ai inséré quelques commentaires au long de cet enregistrement, pour approfondir certains des points les plus complexes.
Enfin, il est important de rappeler aux auditeurs que les opinions dont il est question sont celles des invités et qu’elles peuvent représenter ou non celles de TD Cowen. Merci de nous écouter. J’espère que vous apprécierez cette discussion autant que je l’ai appréciée.
[MUSIQUE]
Bienvenue au balado Bid Out, A Market Structure Perspective From North of 49 de TD Cowen. Je m’appelle Peter Haynes. Aujourd’hui, pour l’épisode 66, on va s’arrêter sur les caisses de retraite du Canada, qui font sans aucun doute l’envie du monde entier.
Avec moi pour cette conversation, deux des plus grands spécialistes des régimes de retraite au Canada, Malcolm Hamilton, qui a travaillé pendant plus de 30 ans comme consultant pour Mercer, puis à l’Institut CD Howe et au Fraser Institute, et Bob Baldwin, qui travaille à Ottawa à titre de consultant et d’observateur chevronné des régimes de retraite et coprésident du Conseil des polices de retraite de l’Institut CD Howe. Merci, Malcolm et Bob, de vous joindre à nous aujourd’hui.
MALCOLM HAMILTON : C’est un plaisir d’être ici.
BOB BALDWIN : Ravi d’être là.
PETER HAYNES : Malcolm, je tiens à vous souhaiter un bon retour au balado, puisque vous avez été l’invité de l’un de nos premiers épisodes avec Bill Chinery il y a peut-être cinq ans. Alors, je vais commencer avec une question pour vous. La semaine dernière, la chancelière du Royaume-Uni, Rachel Reeves, a rencontré les chefs de la direction de plusieurs des Maple 8 à Toronto pour en apprendre davantage sur ces caisses de retraite et promouvoir les placements britanniques.
La chancelière Reeves fait partie d’un défilé constant de dirigeants de caisses de retraite étrangères et de représentants gouvernementaux étrangers qui font le voyage jusqu’au Canada pour rencontrer les Maple 8, qui font des envieux dans cet univers. Malcolm, qu’est-ce qui fait que ces régimes canadiens font l’envie du monde entier?
MALCOLM HAMILTON : De toute évidence, différentes personnes auront des opinions différentes là-dessus. J’aimerais d’abord préciser quelques points. Les régimes qui font l’envie du monde entier sont ceux des Maple 8. Ce sont des caisses de retraite canadiennes en général. Ce sont d’importants fonds de retraite du secteur public.
Elles ont une solide réputation à l’échelle mondiale. J’ai eu la chance d’occuper un fauteuil au premier rang à l’époque où elles se sont développées. Dans les années 1980, personne ne parlait des Maple 8. Dans les années 1980, personne ne disait à quel point les caisses de retraite canadiennes étaient bien gérées.
Au début des années 1990, un certain nombre de régimes du secteur public, celui que je connais le mieux est probablement le plus important, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario a, en résumé, retiré son argent du gouvernement. Il a été établi en fiducies.
Les régimes de retraite ont été réorganisés davantage en tant qu’activités sans lien de dépendance avec le gouvernement. Ils ne dépendaient plus d’un service gouvernemental. Ils n’étaient pas la responsabilité d’un ministère. Ils avaient leur propre fonds, leur propre conseil de fiducie et leurs propres équipes de gestion. Ils pouvaient plus ou moins décider eux-mêmes de leur mission et de ce qu’ils devaient faire.
Et le Régime des enseignantes et des enseignants de l’Ontario de l’époque a eu particulièrement de la chance. Le président du conseil d’administration était Gerald Bouey, gouverneur de la Banque du Canada, qui était une personne très compétente et très sérieuse.
Le premier chef de la direction, Claude Lamoureux, est arrivé. Il ne venait pas du gouvernement. Il venait, je crois, de Metropolitan Life aux États-Unis, même si c’était un actuaire canadien. Le gars chargé des placements était Bob Bertram. Ils ont aussi eu un économiste, Leo de Bever.
De mon point de vue, j’étais aux premières loges pour voir ces trois hommes réinventer ce à quoi devraient ressembler les régimes du secteur public canadien. Il ne s’agissait pas seulement de la façon dont l’argent devrait être investi. À bien des égards, il s’agissait du sujet le moins important au début.
Ce qui était important, c’était la façon de déterminer comment les autres cotisations devaient être déterminées : la taille du fonds de retraite, les gains et les pertes qui découlaient de bons et de mauvais rendements, les retraites anticipées par rapport aux retraites tardives, la façon dont ces éléments devraient être répartis entre l’employeur, le contribuable, d’une part et d’autre part, les employés du secteur public et les syndicats.
Ils ont consacré beaucoup de temps à ça. Ils ont travaillé très sérieusement là-dessus. Ils se sont retrouvés avec quelque chose qui fonctionnait très bien. Un certain nombre d’autres caisses de retraite dans d’autres provinces ont continué ça. Selon moi, ils ont influencé l’évolution des régimes de retraite au Canada tout au long de la décennie qui a suivi.
Ils ont eu la chance fantastique de bénéficier du contexte des années 1990, une décennie merveilleuse pour gérer un régime de retraite. Le marché boursier se comportait bien. Les taux d’intérêt étaient incroyablement élevés. Les taux d’intérêt réels étaient élevés. Les taux d’intérêt nominaux étaient élevés. Les taux d’inflation chutaient.
Si la même équipe avait fait exactement la même chose à partir de 1980, les choses auraient très mal tourné en arrivant au milieu des années 1980. Il s’agissait vraiment des bonnes personnes qui faisaient les bonnes choses au bon moment.
Depuis ce moment, l’autre chose qu’ils ont faite et qui les distingue de la plupart des régimes de retraite dans le monde, c’est qu’ils ont été des promoteurs audacieux de leurs propres fonds. Ils ont travaillé très fort pour promouvoir le Maple 8, le modèle canadien et la façon dont on fait les choses au Canada.
Ça a probablement donné aux caisses de retraite étrangères une impression un peu exagérée du bon fonctionnement de ce qu’on fait ici. Mais, à tout le moins, il demeure qu’on a des caisses de retraite indépendantes et solides. Les décisions sont prises pour de bonnes raisons par des personnes compétentes.
On n’a pas assez souligné le fait que les hauts dirigeants étaient bien rémunérés, ils ont pu alors embaucher des personnes très compétentes venues du monde des placements. Les institutions financières ont donné à ces personnes l’indépendance et le pouvoir nécessaires pour faire le travail qui devait être fait, pour repenser ce qui devait être repensé. Ce qui aurait été pratiquement impossible à faire en tant qu’entité gouvernementale. Ils ont très bien fait leur travail.
PETER HAYNES : Alors, Malcolm, si un dirigeant ou un représentant du gouvernement des États-Unis venait au Canada et s’asseyait dans une salle avec vous pour vous demander ce qui ne va pas aux États-Unis et comment corriger la situation, comment répondriez-vous à cette question?
MALCOLM HAMILTON : Il est tentant de tout résumer en un mot et de répondre : tout.
PETER HAYNES : [RIRES]
MALCOLM HAMILTON : Tout commence par le financement. Par exemple, si personne ne met suffisamment d’argent de côté, il est très difficile de compenser le manque d’argent simplement en investissant judicieusement.
Tous les États sont différents. C’est toujours difficile de généraliser quand on parle de la façon dont les choses se passent aux États-Unis, car il existe probablement autant d’approches que de caisses de retraite.
Mais l’une des choses très différentes, c’est que là-bas, ils ont un conseil d’administration qui gère un fonds de retraite. Une évaluation actuarielle est effectuée et un actuaire détermine la cotisation à verser.
Mais après avoir fait tout ce travail, le fait que la cotisation soit réelle ou non, ou le montant des cotisations, ce n’est pas au conseil d’administration, ni à l’actuaire, ni à quiconque est affilié au Pentagone d’en décider. C’est aux dirigeants du gouvernement d’en décider.
Si, pour des raisons fiscales, ce n’est pas une bonne année pour mettre de l’argent de côté, ils ne le font pas. Alors, ils étaient constamment en dessous du seuil de contributions. Ils se sont retrouvés sous-financés. Ça s’explique peut-être en partie par la piètre performance des placements. Je ne suis pas en mesure de faire la distinction. Mais en grande partie, ils n’ont tout simplement pas suivi leurs propres règles quant au montant à mettre de côté pour financer un régime de retraite.
PETER HAYNES : Je vais maintenant m’adresser à Bob. Que pensez-vous des caractéristiques distinctives des caisses de retraite du Canada?
BOB BALDWIN : J’aimerais mentionner deux choses. Malcolm a déjà abordé beaucoup d’aspects. Dans une large mesure, je suis d’accord avec ce que Malcolm a dit, alors, il n’est pas nécessaire de le répéter. Selon moi, ce qui est le plus important, c’est la nature indépendante des régimes canadiens par rapport au gouvernement.
Je pense que c’est essentiel. Je suis d’accord avec la suggestion de Malcolm selon laquelle le président initial du conseil d’administration et le chef de la direction initial ont joué un rôle déterminant dans l’établissement de ce modèle.
L’autre chose que je mentionnerais, c’est que ces régimes sont vraiment très conséquents. C’est l’une des choses que l’on sous-estime souvent lorsqu’il s’agit d’évaluer les avantages de la taille, c’est le niveau d’expertise analytique interne de ces régimes. Chaque fois que je travaille avec eux, je suis surpris et impressionné par leur expertise en matière d’analyse.
Une autre chose que je mentionnerais, c’est que les grands fonds canadiens ont été dans une certaine mesure ceux qui ont fait le premier pas, surtout dans l’acquisition d’actifs privés et dans la diversification mondiale des placements. Ça les a aidés au fil du temps.
Mais je me demande également dans quelle mesure le fait que les Maple 8 sont devenus un modèle va créer une concurrence accrue des investisseurs dans certains des secteurs où les régimes canadiens ont été les premiers à être présents. Les choses pourraient ne pas être aussi faciles dans ces espaces à l’avenir qu’elles l’ont été jusqu’à maintenant. Je vais m’arrêter là.
PETER HAYNES : Ce que vous dites est intéressant. À bien des égards, c’est probablement la raison pour laquelle la chancelière Reeves est ici, parce qu’elle envisage de modifier la structure des régimes de retraite du Royaume-Uni. Les caisses de retraite canadiennes seront confrontées à une nouvelle concurrence en ce qui concerne leurs actifs. Elles sont également confrontées à ça dans le secteur privé avec les grandes sociétés privées. Mais il faut espérer qu’elles resteront les premières à investir, peut-être à choisir les bons pays dans lesquels investir à l’avenir, à mesure que le monde change.
Bob, évidemment, on a dit de bonnes choses au sujet des caisses de retraite canadiennes, mais parfois, les choses sont trop belles pour être vraies. Un des événements récents au Canada, qui n’est pas aussi positif, est la possibilité que l’Alberta quitte le Régime de pensions du Canada, le RPC, l’un des filets de sécurité sociale pour les Canadiens à la retraite.
Vous avez beaucoup écrit sur ce sujet, en particulier sur l’étude actuarielle de LifeWorks, commandée par le gouvernement de l’Alberta. Si l’Alberta quittait le RPC, elle emporterait avec elle près de 50 % de l’actif actuel du RPC, alors même qu’elle n’a versé qu’un peu plus de 15 % des cotisations. Pouvez-vous expliquer cette incohérence apparente?
BOB BALDWIN : La législation qui encadre le RPC prévoit le droit de toute province de retirer des fonds du RPC. L’une des conditions pour la province qui retire des fonds du RPC est d’accepter le passif accumulé jusqu’à la date à laquelle elle quitte le régime.
En contrepartie, la législation relative au RPC comprend également un article qui définit ce qui doit être versé à une province qui quitte le RPC. Il s’agit de l’article 113, dont je reparlerai peut-être avant de conclure.
Malheureusement, l’article 113 est très problématique, parce qu’il est très flou. Si vous lisez le rapport de LifeWorks ou de TELUS Santé, peu importe le titre, vous verrez un court passage très intéressant dans lequel les auteurs expliquent que si on interprète la loi sur le RPC littéralement, ce qui est dû à l’Alberta est la somme de 747 milliards de dollars, ce qui représente plus de 100 % des fonds du RPC.
Ils disent que c’est déraisonnable. Ils ont alors remanié la formule qui figure dans la loi. Ils disent que, sur la base de cette version révisée de la formule, ce qui leur est dû, c’est 334 milliards de dollars, ce qui représente 53 % de l’actif du RPC.
Ce qu’on apprend dans ce rapport, c’est que l’article le plus pertinent de la loi sur le RPC ne donne pas une seule réponse claire quant à ce qui devrait être versé à l’Alberta. J’ajouterais que depuis la publication de ce rapport, le professeur Trevor Tombe, économiste à l’Université de Calgary, a élaboré sa propre version de ce qui devrait être versé à l’Alberta en vertu de l’article 113. Le montant qu’il a trouvé est 150 milliards de dollars, ce qui reste beaucoup d’argent, mais qui représente un cinquième de ce qu’une interprétation littérale de la loi obligerait à verser, selon LifeWorks ou TELUS Santé.
L’autre chose qui est très intéressante à propos du rapport de TELUS Santé ou de LifeWorks, quel que soit le terme utilisé, c’est sa déclaration selon laquelle le transfert de 747 milliards de dollars, qui découle littéralement de la loi, est déclaré, selon eux, je cite, « déraisonnable ». C’est important, car ça m’indique que tout règlement définitif avec l’Alberta, si cette dernière choisit de partir, nécessitera d’imposer le concept de caractère raisonnable sur le montant final versé à l’Alberta.
PETER HAYNES : On développera ça par la suite. Alors, Malcolm, si on doit à l’Alberta plus de 50 % des actifs du RPC, d’autres provinces ayant versé des cotisations importantes pourraient demander la même chose et il ne restera rapidement plus rien du RPC.
Comment est-il possible que l’article 113 dont Bob a parlé ait pour résultat qu’une province qui a versé 15 % des cotisations obtienne des actifs correspondant au montant total du fonds?
MALCOLM HAMILTON : L’Alberta est insatisfaite du RPC depuis longtemps. Ce n’est pas quelque chose qui est survenu en 2020. La situation a commencé en 1980 et il y a eu une autre vague de mécontentement en 2000. Puis, il y a eu le plus récent épisode autour de 2020. C’est un problème qui se pose environ tous les 20 ans.
Ce qu’ils font remarquer chaque fois, c’est quelque chose d’assez contrariant lorsque vous devez gérer une province. Autrement dit, quel pourcentage des cotisations provient de l’Alberta? La réponse serait 15 %, selon Statistique Canada.
Ils se demandent ensuite quel pourcentage des prestations est versé aux personnes de l’Alberta. La réponse est 10 %. Alors, ils examineraient tout ça. Et puis les gens se disent pour finir : « Peut-être que ça changera. » Vingt ans plus tard, rien n’a changé. Encore 20 ans plus tard, rien n’a changé.
Ils finissent par se dire que ça ressemble à une mauvaise affaire pour l’Alberta de constamment verser 15 % des cotisations et de ne recevoir que 10 % des prestations. Les autres provinces n’ont pas ce problème.
En Colombie-Britannique, peut-être, dans une moindre mesure, mais certaines provinces reçoivent un pourcentage de prestations plus élevé que celui qu’elles versent sous forme de cotisation. Alors, qu’est-ce qui justifie ça et quel est le remède?
Heureusement pour l’Alberta et par malheur pour le Régime de pensions du Canada, cette possibilité de retrait a été prévue dès le début du RPC. Cette possibilité a été ajoutée parce que le Québec avait choisi de se retirer. Le Québec n’a jamais participé au RPC. Il a le Régime de rentes du Québec, le RRQ. Les deux régimes sont fondamentalement de même nature et leurs contributions étaient comparables jusqu’à récemment.
L’idée au départ était que si le Québec avait le droit de se retirer dès le départ, les autres provinces ne voulaient pas s’engager à rester dans le RPC, qu’il s’agisse de l’Ontario, de l’Alberta ou de n’importe quelle autre province. On ne veut pas d’un engagement à perpétuité. On veut avoir la possibilité de partir s’il s’avère que, pour des raisons qu’on ne comprend pas entièrement aujourd’hui, on décide que le régime n’est pas une bonne affaire pour nous.
Ils ont alors inclus une disposition à cet effet. Je suppose que personne n’a jamais imaginé que ce droit serait exercé. Je n’étais même pas au courant jusqu’à récemment et je croyais en savoir beaucoup sur le RPC.
Mais l’idée derrière cette disposition ne fonctionne pas dans le cas du RPC. L’idée derrière cette disposition est que si vous vous retirez, vous devez établir votre propre régime de retraite. Mais vous devez l’établir au niveau où il aurait été aujourd’hui s’il avait toujours existé de manière autonome. Ça signifie qu’on ne pourrait pas facturer à l’Alberta 15 % des cotisations pour 10 % des prestations, car lorsqu’on transfère ça vers son propre régime, puis de façon rétroactive pour toutes les années précédentes, elle recevrait un remboursement du montant qu’elle a cotisé.
Tous ces remboursements, lorsqu’on les accumule au taux de rendement des caisses de retraite sur 60 ans, donnent un montant colossal, dont une petite partie seulement correspond à leur part actuelle de 15 % du fonds de retraite. Le reste correspond au remboursement du reste des cotisations versées pendant toutes ces années.
On a alors établi un taux de cotisation unique pour le RPC, pour toutes les provinces. On a ensuite établi une deuxième disposition de loi, selon laquelle, en passant, si vous voulez vous retirer, vous pourrez récupérer votre argent dans 60 ans. Si vous avez versé des cotisations excédentaires, on vous les remboursera avec les intérêts. Mais ça ne fonctionne tout simplement pas.
Ça aurait pu fonctionner si on avait dit : « On vous laisse cinq ans. Et si, à la fin de ces cinq ans, vous êtes toujours mécontents, on vous laissera partir. » Ça aurait été facile à faire. Mais on ne peut pas faire ça sur 60 ans avec des intérêts composés. Ça complique trop le régime.
Quelqu’un doit alors prendre une décision, je crois, sur une base continue. Il est logique de garder les régimes ensemble. Ça ne fonctionnera pas à long terme, si on sépare tous les régimes en régimes provinciaux similaires avec 10 ententes réciproques et des transferts d’argent dans tous les sens.
Si on veut que chaque province paie sa juste part en fonction de ses avantages, la détermination continue du taux de cotisation doit être distincte pour chaque province. Il nous faut un régime qui prévoit un taux de cotisation pour l’Alberta, un taux de cotisation pour la Colombie-Britannique et un taux de cotisation pour l’Ontario.
On aurait pu le faire dès le départ. On ne l’a pas fait. Et parce qu’on ne l’a pas fait dès le départ, non seulement on a cette situation actuelle, mais je ne suis pas du tout convaincu que qui que ce soit sache comment démêler tout ça. Le piège ici, c’est que pour démêler la situation, il faut déterminer quels avantages auraient été imputés à chaque régime provincial si chaque régime provincial avait été autonome, comme le RRQ.
Et ce montant ne correspondra pas aux prestations versées aux personnes vivant dans la province. Il faut déterminer où vont les prestations. En ce qui me concerne, j’ai passé le tiers de ma vie au Québec et les deux tiers en Ontario. Quand je prendrai ma retraite, je toucherai toutes mes prestations du RPC. Je suis à peu près certain qu’en coulisse, il y a un transfert de fonds du RRQ au RPC pour payer le tiers des prestations que j’ai gagnées dans cette province.
Mais on connaît ces chiffres pour le RRQ parce qu’il a toujours été distinct. Je suis à peu près certain que personne n’a les chiffres pour l’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Île-du-Prince-Édouard. Il sera très difficile de remonter 60 ans en arrière pour tenter de les reconstituer. Alors, je ne suis pas certain que la réponse qu’on trouvera sera satisfaisante pour tout le monde.
En fin de compte, quelqu’un doit décider si on veut un taux de cotisation unique pour toutes les provinces autres que le Québec ou si on veut des taux de cotisation distincts. Et si on veut des taux de cotisation distincts, dans quelle mesure et de quelle façon. En ce moment, j’ai l’impression que tout le monde espère simplement que le problème ne sera plus jamais soulevé. Peut-être que ça marchera. Je ne sais pas.
PETER HAYNES : Il est important d’étoffer l’explication de Malcolm sur les paiements de transferts. En raison de l’absence de données, il est impossible d’ajuster les prestations en fonction de ce qui se produit très souvent lorsqu’une personne déménage en Alberta pour travailler et cotise au RPC pendant qu’elle est en Alberta, mais revient dans une province d’origine, par exemple, Terre-Neuve, pour sa retraite et reçoit des prestations d’une autre province.
Les travailleurs des sables bitumineux, par exemple. Tout l’argument de l’Alberta repose sur le fait que les cotisations l’emportent sur les prestations versées à ce jour, de sorte que l’Alberta détiendrait une part démesurée du RPC. Toutefois, il est évident que les prestations versées aux travailleurs de l’Alberta sont sous-évaluées en raison de la transférabilité des prestations de retraite. L’absence de prise en compte de ce facteur est certainement un problème.
Apparemment, le gouvernement pourrait être en mesure de compiler ces renseignements au moyen de déclarations de revenus, mais ça ne semble pas être une tâche facile. Ce qui complique davantage la discussion, c’est que le RPC est ce qu’on appelle un fonds à l’utilisation.
Il n’est pas entièrement capitalisé, ce qui réduit les transferts dus à l’Alberta. De plus, même si les données démographiques semblent toujours être favorables à l’Alberta, il s’agit d’une analyse ponctuelle qui pourrait modifier les calculs pour les Albertains à l’avenir.
Enfin, en ce qui concerne les taux de cotisation différents selon les provinces, je paraphrase mon collègue, l’honorable Frank McKenna, l’un des signataires du RPC, lorsqu’il était premier ministre du Nouveau-Brunswick.
Dans une récente lettre d’opinion du National Post, Frank a lancé un appel passionné aux Albertains pour qu’ils se souviennent que le Canada est un seul pays et que, même si les prestations et les cotisations ne sont pas toutes parfaitement réparties, elles le sont en moyenne et le résultat final offre une assez bonne qualité de vie.
Très bien. Bob, les Canadiens ne connaissent probablement pas le nom que je vais mentionner, Assia Billig. J’espère que je l’ai prononcé correctement. Assia est l’actuaire en chef du Canada. En fait, c’est elle qui détermine la juste et équitable évaluation de la part du RPC qui revient à l’Alberta. Comment et quand cette analyse devrait-elle être réalisée?
BOB BALDWIN : Tout d’abord, permettez-moi de dire que j’ai un énorme respect pour le Bureau de l’actuaire en chef. J’ai l’impression que le bureau se trouve dans une position plutôt inconfortable, en ce sens que, si vous suivez tout ce qu’a dit Malcolm, quelqu’un devra, à un moment donné, décider du montant raisonnable à transférer à l’Alberta si cette province se retire.
Et ce n’est pas une question actuarielle. C’est une question d’admettre qu’il y a des aspects de cette question qui sont de véritables déserts, en gardant à l’esprit qu’on a une disposition législative qui, selon moi, mais tout le monde sera d’accord, est clairement irréalisable. Tout d’abord, j’ai l’impression que le Bureau de l’actuaire en chef a été mis dans une situation très inconfortable.
Deuxièmement, je n’ai aucune information d’initié quant à l’orientation probable de cette enquête. Je ne sais pas si ce sera sur la base de la meilleure estimation. Mais je suppose qu’ils tenteront de trouver une formule qui ne cause pas de dommages importants à ce qu’il restera du RPC après le départ de l’Alberta.
On ne sait pas exactement à quoi ça ressemblera. Je pense que tout transfert supérieur à 125 milliards de dollars à l’Alberta créera des problèmes pour la suite du fonctionnement du RPC. Alors, je m’attends à ce qu’on essaie d’éviter un transfert supérieur à ce montant.
Comme vous le savez peut-être, la gouvernance du RPC relève en fait conjointement des ministres des Finances fédéraux et provinciaux. Ils ont des rencontres régulières tous les six mois, habituellement en juin et en décembre.
Je m’attendais à une rencontre en juin, au cours de laquelle ils pourraient donner leur point de vue sur la question. Elle n’a pas eu lieu. Franchement, pour l’instant, je ne sais pas quand on entendra les ministres des Finances à ce sujet. La prochaine occasion prévue serait en décembre et, malheureusement, c’est tout ce que je sais à ce stade-ci.
Permettez-moi d’ajouter une chose, en passant. L’explication de Malcolm sur l’article 113 m’a paru excellente. Mais ce que je voulais mentionner, c’est que le droit d’une province de se retirer du RPC reflète assez clairement l’article 94A de notre Constitution, qui permet au gouvernement fédéral d’adopter une loi concernant les prestations de vieillesse, mais qui précise ce droit en stipulant que la loi fédérale ne peut se substituer à une loi provinciale dans ce domaine, et c’est ce qui se manifeste avec le RPC.
PETER HAYNES : Malcolm, au cours de la dernière année, les représentants du gouvernement canadien ont rencontré les dirigeants des caisses de retraite pour les inciter à investir davantage au Canada. Encore une fois, ce sont les Maple 8 qui exercent leur leadership. Cette situation a incité plusieurs membres importants de la communauté des investisseurs du Canada à plaider publiquement en faveur d’une augmentation des placements canadiens dans les caisses de retraite canadiennes.
La défense des fonds est qu’il n’y a pas suffisamment d’actifs au Canada dans lesquels investir. En plus de rumeurs selon lesquelles le budget fédéral d’avril inclurait de nouveaux impôts sur les régimes de retraite canadiens qui n’investissent pas au Canada. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a au contraire annoncé que l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, assurerait la liaison avec les régimes de retraite canadiens au nom du gouvernement afin de travailler ensemble à accroître les investissements au Canada.
L’avocat du diable soutiendra que les fonds de retraite sont sous-financés et que les gouvernements interviennent implicitement en cas de problème de solvabilité. Par conséquent, ces gouvernements ont le droit d’exiger quelque chose en retour.
D’un autre côté, l’intervention du gouvernement en imposant des contraintes à l’investissement entraînerait presque certainement des résultats moins qu’idéaux. Je sais que vous en avez parlé un peu plus tôt. Que pensez-vous de la nomination de M. Poloz et les gouvernements devraient-ils avoir leur mot à dire dans l’orientation des actifs des fonds?
MALCOLM HAMILTON : Si les gouvernements ont leur mot à dire… Et je ne suis pas certain qu’on apprenne grand-chose en leur demandant s’ils ont vraiment leur mot à dire… En substance, ils accordent une exonération d’impôt aux caisses de retraite.
Elles peuvent investir comme elles veulent, selon les contraintes qui leur sont imposées. Elles peuvent générer des intérêts, des loyers, des gains en capital et des dividendes. Elles ne paient aucun impôt sur ces revenus. Tout ça en vertu de la Loi de l’impôt sur le revenu.
La Loi de l’impôt sur le revenu relève du gouvernement fédéral. J’ai du mal à comprendre pourquoi le gouvernement n’aurait pas le pouvoir d’imposer des contraintes aux caisses de retraite.
Une meilleure question, selon moi, serait de savoir si c’est une bonne politique d’imposer des contraintes aux fonds de retraite. La première chose que j’aimerais souligner, parce que ma mémoire remonte aux années 1970 et 1980, c’est qu’avant l’arrivée de tous ces régimes de retraite publics, il fut un temps où les régimes de retraite des gouvernements étaient payés directement par les gouvernements.
Certains d’entre eux tenaient un compte théorique qu’ils inscrivaient dans les livres des provinces ou du gouvernement fédéral. D’autres n’en tenaient pas. Ils n’ont pas été financés. Ils n’ont pas été investis. Ils n’avaient pas de politique de placement. Ils n’avaient pas de politique de financement.
Tous les régimes de retraite enregistrés au Canada appartenaient essentiellement au secteur privé. À cette époque, la règle régissant les placements que ces caisses de retraite du secteur privé pouvaient faire à l’extérieur du Canada était de 10 %. Ils devaient investir 90 % au Canada et 10 % à l’extérieur du Canada.
Je n’ai aucun souvenir de protestations de la part des syndicats du secteur public à l’égard de l’injustice de ce régime ou de qui que ce soit au sein du gouvernement. Ils l’ont simplement fait parce qu’ils avaient envie de le faire. C’est resté comme ça, malgré quelques plaintes du secteur privé de temps à autre. Les investissements sont restés à 90 % canadiens, jusqu’à ce que les régimes du secteur public commencent à avoir de vraies caisses de retraite pour lesquelles ils voulaient investir à l’extérieur du Canada, pas entièrement, mais partiellement à l’extérieur du Canada.
Je me rappelle qu’à un moment donné, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario concluait des accords de swap pour pouvoir dire que l’argent était au Canada, mais que les placements étaient en fait à l’extérieur du Canada. Grâce à ça, ils ont été en mesure de contourner la limite de 10 % pour les actifs étrangers.
Le gouvernement a alors revu sa décision à ce moment-là. Tout à coup, les employés, les syndicats et les caisses de retraite du secteur public voulaient n’avoir que peu ou pas de contraintes. La limite de 10 % est alors passée à 30 %, puis elle a été abandonnée.
Je me souviens qu’on estimait à l’époque qu’il était possible de renoncer en toute sécurité à la limite de 30 % parce que, comme tout le passif était en dollars canadiens et que tout le monde souhaitait investir au Canada, les caisses de retraite s’en tiendraient naturellement à des actifs étrangers de 30 % et des actifs canadiens de 70 %.
De toute évidence, ça ne s’est pas passé comme ça. Au fil du temps, les régimes du secteur public investissaient de plus en plus à l’étranger et de moins en moins au Canada. En théorie, si vous vous considérez comme un investisseur international important et que vous voulez optimiser la diversification de votre portefeuille, vous devriez vous attendre à ce que vos actifs soient proportionnels à l’univers de placement.
Comme 2 % ou 3 % de l’univers de placement est situé au Canada, un certain nombre d’entre eux en tirent une conclusion naturelle. Le problème avec tout ça, toutefois, c’est que je pense que c’est largement inutile. Ce n’est pas comme si on ne pouvait pas atteindre 20 % ou 30 % au Canada sans avoir de graves ramifications dans le portefeuille qui constitueraient une menace pour la viabilité des régimes de retraite canadiens.
Pour ma part, je crois que les Maple 8, en particulier, ont complètement perdu le fil. Ils ont juste besoin de revenir à la réalité. Il n’y a rien de mal à détenir 20 % ou 30 % de vos actifs au Canada. On a beaucoup de bonnes entreprises ici, beaucoup de bonnes occasions d’affaires et beaucoup de bons risques de crédit.
Je pense qu’ils ont eux-mêmes créé ce problème en allant à l’extrême, ce qu’ils n’avaient pas besoin de faire. Je comprends pourquoi, en théorie. Mais, sur le plan politique, je pense qu’il était très imprudent d’aller aussi loin.
Quelqu’un doit leur rappeler que la moitié de l’argent de ces fonds du secteur public provient des gouvernements. Ces gouvernements sont censés représenter l’intérêt public, et non l’intérêt des employés du secteur public. Quelqu’un doit leur rappeler que les deux tiers de tous les risques de placement qu’ils prennent sont assumés par le public et qu’environ le tiers est assumé par leurs membres.
Quelqu’un devrait leur signaler que si on examine les taux de cotisation de ces régimes, comme je viens de le faire avec trois grandes caisses de retraite, on obtient une moyenne de 21 %. Je me suis demandé combien les employés pouvaient placer dans leur REER au-delà de ces 21 %. C’est à peu près 5 %. Ce qui les amène à 26 %.
Tous ces employés du secteur public peuvent mettre à l’abri de l’impôt 26 % de leurs revenus dans des caisses de retraite du secteur public, tandis que les travailleurs autonomes ou les Canadiens qui n’ont pas de régime de retraite de l’employeur sont bloqués à 18 %. De plus, tous les employés titulaires d’un REER doivent assumer la totalité du risque de placement, tandis que ces employés du secteur public peuvent n’avoir à assumer que le tiers du risque de placement. Par conséquent, ces régimes peuvent prendre beaucoup plus de risques de placement que les particuliers canadiens qui épargnent en vue de leur propre retraite.
Quand on regroupe tout ça, en gros, ils épargnent derrière des boucliers fiscaux environ 40 % de plus que les autres Canadiens. On leur fait le cadeau d’un rendement supplémentaire d’environ 2 % par an, parce que les fonds ont la possibilité de s’exposer aux risques, lesquels risques pèsent sur les épaules du public. Il n’y a pas d’institutions d’épargne plus subventionnées au Canada que les caisses de retraite du secteur public.
Alors, qu’elles se tiennent à la table des négociations et disent : « On n’acceptera que 1 %, 2 % ou 3 % et on pourrait créer des emplois ici par inadvertance. Ce serait terrible pour nous parce que tous nos cotisants ont une sécurité d’emploi à vie. » Je pense simplement qu’ils ont perdu le fil. Ils ne voient pas les choses en perspective.
PETER HAYNES : L’un des sujets dont j’ai beaucoup parlé, et j’en ai discuté avec Bob, c’est l’attrait gravitationnel des marchés mondiaux pour les États-Unis. Je dois admettre, Malcolm, pour réfuter votre argument, qu’on a perdu une autre société du marché canadien. On dirait que ça arrive chaque semaine. On a perdu quatre sociétés de l’indice composé S&P TSX au cours du dernier mois.
En fait, on commence à manquer d’entreprises canadiennes, et il n’y a pas de pipeline. Ce n’est pas tant que les sociétés canadiennes déménagent aux États-Unis pour profiter d’évaluations plus élevées. L’Europe aussi est confrontée à ce problème.
Mais au Canada, on n’a simplement pas d’appels publics à l’épargne. On n’a pas de système solide dans lequel ces caisses de retraite pourraient investir, à l’exception des banques et des entreprises du secteur de l’énergie, qu’on connaît déjà. Je suis alors un peu sceptique par rapport à l’argument selon lequel les caisses de retraite canadiennes pourraient investir 20 % au Canada, étant donné leur taille croissante et le marché canadien limité. C’est un problème.
Il faut espérer que Stephen Poloz pourra trouver des solutions, des actifs dont le gouvernement pourrait se départir et peut-être faire certaines choses pour aider à stimuler davantage de PAPE sur le marché canadien.
MALCOLM HAMILTON : La plupart de leurs actions sont des actions de sociétés fermées. Ce ne sont pas des actions cotées.
PETER HAYNES : C’est amusant, ayant suivi les régimes de retraite tout ce temps, j’ai créé cette base de données. Je regarde certains des chiffres qui comparent la propriété publique et la propriété privée dans les différentes catégories d’actif.
C’est tout à fait vrai que la plupart, sinon la totalité, des régimes de retraite canadiens sont fortement exposés aux placements privés, et ce, au détriment des placements en actions cotées dans l’ensemble de ces fonds. Dans le cas des enseignants, par exemple, et il s’agit d’une information publique, à la fin de l’année 2023, 10 % de leurs actifs étaient en actions cotées et 24 %, en actions privées. Vous avez tout à fait raison de dire que c’est une tendance. À bien des égards, ça a un impact sur les placements en actions cotées, car bon nombre de ces sociétés restent fermées et obtiennent leurs capitaux sur les marchés privés plutôt que sur les marchés publics.
MALCOLM HAMILTON : Je me trompe peut-être, mais vous vous souvenez peut-être de l’époque où on avait des fiducies de revenu…
PETER HAYNES : Très bien.
MALCOLM HAMILTON : … le gouvernement fédéral a décidé qu’il devait se débarrasser des fiducies de revenu parce que, je crois que c’était Bell Canada, il pensait qu’elle pourrait devenir une fiducie de revenu. Ils ne voulaient pas que tous ces REER puissent être accumulés par Bell Canada et recevoir des rendements à l’abri de l’impôt. Parce qu’à cette époque-là, les bénéfices des sociétés étaient versés directement aux particuliers, sans qu’il y ait d’impôt du tout entretemps. Ça ne leur a pas plu.
Mais je suis à peu près certain que les régimes de retraite du secteur public peuvent encore le faire avec leurs placements privés. Je suis à peu près certain qu’ils peuvent encore faire de la capitalisation restreinte. Ils peuvent avoir des associés. Ils peuvent s’organiser pour que la plupart de leurs bénéfices soient versés sous forme d’intérêts plutôt que de dividendes ou de bénéfices après impôt des sociétés.
Encore une fois, c’est un autre des avantages dont ils profitent. Je ne dis pas qu’il faudrait sérieusement porter un coup à leur rendement, mais je pense que la norme ne devrait pas être la répartition optimale par pays. Il faudrait tenir compte de notre provenance, des personnes que nous soutenons, du soutien réglementaire et fiscal que nous recevons des gouvernements fédéraux et provinciaux. Quelle portion de notre argent pourrait être investie au Canada sans nuire aux membres? Je pense qu’ils peuvent en faire beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement.
PETER HAYNES : Le problème, c’est que c’est un peu comme si on ouvrait la boîte à biscuits aux politiciens, qui vont vouloir prendre tous les biscuits. Où faut-il placer la limite? Je comprends ce que vous dites en théorie. Ce qui m’inquiète, c’est la mise en pratique. Je dois admettre que j’aime la frontière qui existe à l’heure actuelle.
Bob, l’un des problèmes auxquels on fait face ici, c’est que lorsque les caisses de retraite ont été inventées, on s’attendait à ce qu’un retraité ne vive que quelques années après son départ à la retraite. De nos jours, les retraités vivent souvent des décennies après leur retraite.
Je sais que le RPC et les dirigeants du régime des enseignants vous parlent du nombre de leurs membres qui ont plus de 100 ans. C’est incroyable. Certains enseignants vivent à la retraite plus longtemps qu’ils n’ont enseigné, également.
Il y a une école de pensée selon laquelle la génération qui profite de ce que nous appellerons la retraite bon marché est celle, et je vous ai entendu le dire, Malcolm, qui a fait la guerre et qui a traversé une dépression. Ce n’était alors pas vraiment une bataille que les gouvernements voulaient mener à ce moment-là.
Par ailleurs, les experts des caisses de retraite surveillent de près depuis quelque temps la décision du gouvernement Macron en France de repousser de deux ans l’âge de la retraite des travailleurs du secteur public. Je crois qu’ils sont passés de 60 à 62 ans. C’était un vrai bazar. On a vu à la télévision des images de tous les déchets à Paris, car les éboueurs ont fait la grève lorsque cette idée a été présentée.
Elle a été présentée. Et, comme je l’ai dit, c’était un vrai chaos. Maintenant, il semble que cette proposition soit chose du passé, compte tenu des résultats de la récente élection en France. Alors, Bob, que peut-on faire pour résoudre ce problème très délicat de l’allongement de l’espérance de vie et de son incidence sur le passif des régimes de retraite?
BOB BALDWIN : Tout d’abord, beaucoup de choses ont été faites dans l’ensemble des pays de l’OCDE. La France est un cas un peu à part de forte résistance à l’idée de repousser l’âge de la retraite, car ça a été fait dans de nombreux pays de l’OCDE.
Je me suis souvent demandé si une partie du problème en France était la structure du mouvement syndical. On pourra revenir là-dessus si ça vous intéresse. C’est quand même intéressant de noter que d’autres pays ont réagi au vieillissement de leur population, en abaissant le montant initial des prestations de retraite ou en modifiant les modalités d’indexation une fois que les prestations commencent à être versées.
La couverture est un peu inhabituelle dans le secteur des régimes de retraite publics. Je ne connais aucun autre pays qui ait modifié les modalités de financement des régimes de retraite publics comme on l’a fait au Canada. Bien que Malcolm ait raison de dire que les prestations de base du RPC sont encore largement versées au fur et à mesure, les revenus de placement prévus sont suffisants pour stabiliser les cotisations au RPC.
En même temps, on est confrontés au vieillissement de la population, ce qui exerce des pressions à la hausse sur toutes nos ententes de financement à l’utilisation. On observe aussi les emplois qui augmentent considérablement à un âge avancé, surtout chez les 65 à 69 ans.
Je le mentionne parce que je n’écarterais certainement pas la possibilité de repousser l’âge d’admissibilité, surtout pour la Sécurité de la vieillesse. Si on verse des prestations de la Sécurité de la vieillesse aux personnes de 65 ans, environ 30 % iront à des personnes qui ont toujours un emploi. Je ne suis pas certain que ce soit très logique compte tenu des autres pressions que le vieillissement de la population exercera. Voilà une réponse initiale, Peter, à votre question sur ce qu’on peut faire au sujet du vieillissement de la population.
PETER HAYNES : Bob, à l’inverse, une statistique assez surprenante est le taux de fertilité au Canada, qui est passé de 1,5 enfant par famille, il y a 10 ou 15 ans, je crois, à 1,2 en 2022. Qu’est-ce que cette tendance à la baisse du taux de fertilité signifie pour les caisses de retraite, en particulier pour le RPC?
BOB BALDWIN : Dans toute entente de financement par l’utilisation, y compris la Sécurité de la vieillesse et les prestations de base du RPC, la baisse du taux de fertilité exerce des pressions à la hausse sur le montant que vous devez investir dans le régime pour qu’il demeure viable.
Le taux de fertilité en 2022 était assez étonnant. Mais si on regarde les tendances en matière de taux de fertilité, elles sont à la baisse depuis environ 2011.
Selon moi, lorsque vous gérez une caisse de retraite, l’un des problèmes les plus difficiles auxquels vous faites face est que vous constatez que la réalité s’écarte de l’hypothèse de départ. Vous ne savez pas s’il s’agit d’un écart temporaire, qui reviendra à la moyenne, ou s’il s’agit en fait d’une tendance à long terme.
D’après ce qu’on observe depuis 2011 environ, il faut se dire qu’une tendance à long terme est en cours et qu’on ne sait pas si elle pourrait se renverser à l’avenir.
PETER HAYNES : Malcolm, la dernière fois qu’on a discuté des régimes de retraite dans cette série de balados, votre ami Bill Chinery était là. On discutait des réductions d’impôt non financées mises en place par le gouvernement britannique, Liz Truss, qui avait entraîné une ruée vers les marchés et une crise des caisses de retraite au Royaume-Uni.
Maintenant que le gouvernement du Royaume-Uni envisage, et je sais que Tony Blair a évoqué cette possibilité, une sorte de modèle de superfonds calqué sur les modèles australien et canadien, la plupart des corporations à l’échelle mondiale ont délaissé le modèle à prestations déterminées au profit du modèle à cotisations déterminées. Croyez-vous que le soi-disant modèle de superfonds à prestations déterminées évoqué par Tony Blair serait une bonne ou une mauvaise direction pour le Royaume-Uni?
MALCOLM HAMILTON : Pourquoi propose-t-il d’utiliser ce superfonds?
PETER HAYNES : Je croyais que l’idée était de permettre à diverses sociétés de se regrouper et d’utiliser l’expertise d’une organisation centrale de la même façon que certaines des provinces qui regroupent les caisses de retraite locales sous une même entité, comme la Colombie-Britannique ou l’Alberta.
L’idée était d’offrir cette solution de rechange à une société individuelle qui gère son propre régime à prestations déterminées et d’en profiter, compte tenu de l’envergure et de l’expertise de cette organisation centrale. Parce que la société est dans le domaine de la vente d’unités, et pas dans le domaine de la gestion de ses passifs de fonds de retraite. Je pense que c’était la théorie. Est-ce une mauvaise suggestion, Malcolm?
MALCOLM HAMILTON : Si c’est une théorie, elle comporte de graves lacunes. Les gens du secteur public pensent qu’il n’y a aucun risque. L’idée qu’ils se font de la gestion du risque, c’est qu’on prend le risque et à long terme, il disparaît. Ils n’ont aucune idée de ce que le fonds gagnera l’année prochaine, mais ils ne s’en inquiètent pas, car ils sont presque certains de savoir ce que le fonds gagnera au cours des 20, 30 ou 40 prochaines années.
Ce qu’ils aiment à propos des superfonds, c’est qu’en créant un fonds important, ils prennent beaucoup de risques en investissant, c’est ce qu’on fait avec nos fonds du secteur public. Le rendement de la prise de risque revient aux participants au régime. Le risque est transféré au public. Et on dit au public de ne pas s’inquiéter. Qu’à long terme, tout ira bien.
Je pense que c’est spectaculairement irresponsable si c’est bien ce qu’ils proposent. La question qu’il faut se poser est la suivante : quel est le plan de gestion du risque? Si les rendements ne sont pas conformes aux attentes à long terme, que se passe-t-il?
Les gens reçoivent-ils des prestations de retraite plus modestes, ou les générations futures paient-elles plus de cotisations, ou est-ce le public qui s’en charge, mais personne ne le leur dit? Ils ne comprennent tout simplement pas pourquoi les services gouvernementaux deviennent de plus en plus coûteux, mais n’offrent jamais davantage de services.
Je regarde nos régimes pour le secteur public. Ils règlent tous leurs problèmes en investissant de plus en plus dans des placements illiquides et plus risqués. Comment est-ce que ça fonctionne quand un enseignant prend sa retraite à 59 ans, vit jusqu’à 91 ans et a travaillé 26 ans en moyenne? Il faut prendre énormément de risques. Vous devez être surpondéré, ce qui est leur cas.
[MUSIQUE]
PETER HAYNES : Je pense qu’il est important de souligner que le Royaume-Uni pourrait structurer sa proposition de nombreuses façons, et on n’a pas tous les détails. De toute évidence, la chancelière Reeves est toujours en mission d’information. Et apparemment, son prochain arrêt pourrait être l’Australie.
Selon les médias, le plus grand défi que le Royaume-Uni devra relever pour combiner des régimes publics est de maintenir l’indépendance du gouvernement, une caractéristique clé du modèle canadien. On demandera peut-être à Malcolm et à Bob de revenir une deuxième fois pour examiner en détail la solution du Royaume-Uni quand on en saura plus.
Bob, vous avez le dernier mot. Peut-être que Malcolm nous a menés sur cette voie, mais on imagine les caisses de retraite dans 10 ans et que vous participez tous les deux de nouveau à ce balado, quels sont, selon vous, les sujets qui seront prioritaires à ce moment-là?
BOB BALDWIN : Je suis désolé, Peter, mais je me sens obligé de dire que j’ai un point de vue très différent sur les questions de risque dans le secteur public dont Malcolm a parlé. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, mais je pense qu’il est important que les auditeurs sachent que ce n’est pas le seul point de vue sur la question.
Je crois, Peter, qu’on a un problème actuel qui, je le crains, ne sera pas résolu au cours des 10 prochaines années, qui est le faible taux de participation aux régimes de retraite dans le secteur privé. Il y a de nombreuses façons de l’aborder, mais je pense que ce sera toujours un problème dans 10 ans.
Je pense qu’on fera également face à un autre problème, soit le vieillissement de la population et le ralentissement de la croissance démographique. En particulier le ralentissement démographique qui s’accompagnera d’une chute de la main-d’œuvre, mais exercera des pressions à la hausse sur les salaires et la rémunération dans 10 ans. On devra trouver une façon de composer avec ça.
Ce problème serait considérablement accentué si on continue de faire des progrès importants sur le plan de la santé pour accroître l’espérance de vie. Je pense en particulier aux traitements contre le cancer. Si on parvient à guérir le cancer, en gardant à l’esprit que le cancer représente maintenant une grande partie des décès à un âge avancé, on aura un problème de vieillissement de la population encore plus rapide à l’avenir.
Un autre sujet qui, selon moi, sera toujours présent dans 10 ans, est un certain changement dans la croissance économique mondiale, de l’Europe et de l’Amérique du Nord à l’Asie en particulier. La discussion qu’on a eue plus tôt au sujet des placements dans les caisses de retraite au Canada pourrait s’intensifier dans ce contexte.
Enfin, au risque de paraître trop pessimiste, il faut rester vigilant envers de nouvelles pandémies. J’ai été quelque peu surpris par une publication du Bureau de l’actuaire en chef sur l’évolution de l’espérance de vie au Canada.
Je n’avais pas anticipé l’une des choses qu’ils ont mentionnées, soit qu’on avait traversé huit pandémies, à commencer par la grippe espagnole en 1918, 1919, jusqu’à la récente pandémie de COVID. De toute évidence, elles sont capables de modifier notre situation démographique très rapidement. Alors, voilà quelques-unes des questions auxquelles on devrait être en train de réfléchir dans 10 ans, Peter.
PETER HAYNES : Oui, la COVID a été très intéressante d’un point de vue universitaire pour réfléchir à certains chocs sur les flux de trésorerie de certaines caisses de retraite qui prévoyaient des flux de trésorerie qui ont soudainement cessé, mais qui ne faisaient probablement pas partie des modèles. Il existe des engagements en matière de placements et autres. C’était un défi de taille et je suis certain qu’il sera pris en compte dans les prévisions futures.
J’ai beaucoup appris ici aujourd’hui. Je savais que ce serait le cas en discutant avec des personnes qui ont consacré leur vie entière aux régimes de retraite canadiens et mondiaux. Merci beaucoup, Malcolm et Bob, d’avoir été avec nous aujourd’hui.
BOB BALDWIN : Merci, Peter.
MALCOLM HAMILTON : Je vous en prie.
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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.