Gennadiy Goldberg : Bienvenue et merci de votre présence. Je m’appelle Gennadiy Goldberg et je suis stratège principal, Taux américains, à Valeurs Mobilières TD. J’ai le plaisir d’accueillir Thiébaut Julin, chef des finances de l’Agence France Locale, ou AFL, en France. Plus d’un an s’est écoulé depuis le début de la pandémie de COVID-19. Certaines régions du monde travaillent maintenant à la réouverture. Malheureusement, certaines régions du monde procèdent à l’assouplissement de leurs restrictions, d’autres régions n’ont pas encore eu cette chance. Notre conversation d’aujourd’hui vise à mieux comprendre les répercussions de la pandémie à court et à long terme. J’ai aussi le plaisir d’accueillir notre animatrice Laura O’Connor, membre de l’équipe Marchés des capitaux d’emprunt. Laura, je vais te laisser présenter notre invité d’aujourd’hui.
Laura O’Connor : Merci, Gennadiy, et bienvenue à Thiébaut, qui se joint à nous aujourd’hui à partir de Lyon, en France, cœur de la gastronomie française, mais aussi siège social de l’Agence France Locale. Thiébaut, AFL est une institution relativement nouvelle qui a reçu l’autorisation de financer des autorités locales en 2013. Comment la COVID-19 a-t-elle influencé votre vision de la mission de l’AFL?
Thiébaut Julin : Comme vous le savez, l’AFL est entrée sur le marché des capitaux en 2015. Tout d’abord, avec une première opération en euros, suivie de six autres opérations de référence annuelles d’environ 500 millions d’euros chacune et de plusieurs placements antérieurs dans différentes devises. En tant que nouveau membre du groupe des organismes de financement des gouvernements locaux, l’AFL s’est engagée à être régulièrement et de plus en plus active en tant qu’émetteur sur les marchés financiers, grâce à ses cotes de grande qualité et à son statut de banque publique de développement récemment reconnu en mars 2020. En ce qui concerne les répercussions de la crise de la COVID-19, je dirais que la pandémie a démontré la pertinence pour les autorités locales françaises d’être propriétaires d’une institution entièrement dédiée au financement de leurs dépenses en immobilisations. Par conséquent, un échec en tant qu’outil qui offre une diversification du financement aux autorités locales pourrait s’avérer important dans des circonstances de marché difficiles, que ce soit sur le plan économique, financier ou de la santé, comme nous l’avons vu en 2020, si d’autres sources de financement devaient soudainement s’épuiser.
Gennadiy Goldberg : Et comment votre bilan a-t-il changé depuis 2019 et depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Thiébaut Julin : En fait, en 2020, le bilan de la banque a augmenté de 32 % pour atteindre 5,7 milliards d’euros, essentiellement grâce à la production de prêts, dont le portefeuille de prêts en cours s’élevait à 3,8 milliards d’euros à la fin de 2020, et aux engagements de financement, jusqu’à concurrence de 400 millions d’euros. En fait, ces chiffres sont conformes aux prévisions de la banque pour 2020 émises en 2019.
Laura O’Connor : Merci, Thiébault, d’être venu sur les marchés financiers. Croyez-vous qu’il y a eu un changement irrévocable sur les marchés financiers depuis le début de la COVID-19?
Thiébaut Julin : Je dirais que oui, le soutien massif des banques centrales a certainement permis le fonctionnement des marchés des capitaux depuis mars 2020. En effet, tous les agents économiques, qu’il s’agisse des gouvernements, des banques ou des sociétés, ont été en mesure de se retrouver sans subir les perturbations du marché qui approchaient en mars 2020. Dorénavant, le défi pour les banques centrales, et plus précisément pour la BCE, sera de commencer à retirer ces mesures non conventionnelles. Comme l’a déclaré la semaine dernière l’ancien économiste en chef de la BCE, la Banque centrale pourrait ne plus être en mesure de resserrer ses politiques au besoin, « de crainte que les répercussions politiques sur le financement de la dette par le gouvernement soient trop graves ».
Gennadiy Goldberg : Au-delà de la COVID-19, quels autres défis stratégiques l’AFL a-t-elle surmontés ou sur lesquels a-t-elle progressé au cours de la dernière année?
Thiébaut Julin : En fait, au début de 2020, nous avons eu trois défis à relever. 1. Maintenir le même rythme de développement, surtout en ce qui a trait aux nouveaux membres. 2. Entrer sur le marché des capitaux au bon moment. 3. S’assurer que l’organisation était pleinement opérationnelle. Je peux dire qu’en 2020, nous avons fait d’importants progrès à l’égard de ces trois défis. Tout d’abord, 2020 a été une très bonne année pour ce qui est du nombre de membres. En effet, 59 nouvelles administrations locales se sont jointes à l’AFL, dont de très grandes organisations qui ont apporté un montant substantiel de capitaux engagés supplémentaires. Deuxièmement, l’AFL a été en mesure d’exécuter son programme d’emprunt dans de très bonnes conditions en lançant son premier indice de référence des obligations durables et plusieurs placements privés en euros ou en devises à long ou très long terme. Troisièmement, le mandat confié par les actionnaires à l’AFL, soit simple, efficace sur le plan opérationnel et axé sur la haute technologie, s’est avéré adéquat.
Laura O’Connor : Merci Thiébault et félicitations pour la première obligation de développement durable. Je pense que la croissance du marché des facteurs ESG que nous avons observée est très apparente durant la pandémie de COVID-19 et que tout le monde est un peu plus sensibilisé à ces enjeux. Selon vous, quelles seront les leçons que nous pourrons tirer de cette expérience à long terme?
Thiébaut Julin : Pour moi, il y a trois leçons. La première est le rôle de la Banque centrale, et plus précisément de la BCE, dans la zone euro. La réaction a été massive et très rapide, contrairement aux crises de 2008 et de 2010. Pour moi, la BCE est devenue une institution fédérale.
La deuxième est l’initiative européenne. Le Conseil européen réuni en juillet 2020 a mis en place un vaste programme de relance, la nouvelle génération de l’Union européenne, qui représente un grand pas en avant dans le développement des infrastructures de l’institution européenne. Elle a également démontré la capacité de 27 pays à mettre en place une réponse unique aux défis soulevés par la crise sanitaire et économique. Troisièmement, le télétravail dans le secteur bancaire, et je dirais dans le secteur des services en général, va se développer au 21e siècle, alors que la technologie soutient ce changement important.
Gennadiy Goldberg : C’est excellent et je suis d’accord avec bon nombre des points que vous amenez. Merci d’avoir participé à notre conversation d’aujourd’hui.
Cette conversation a été enregistrée le 9 juin 2021.
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