Aperçu à l’approche de la réunion de la Banque du Canada de juin : vers de nouvelles hausses de taux | Valeurs Mobilières TD

5 juin 2023 - 5 minutes
Close up of the Peace Tower at the Parliament buildings in Ottawa.

Voici certains de nos points de vue en prévision de la réunion de juin de la BdC :

  1. les données récentes ouvrent la voie à de nouvelles hausses,
  2. une hausse ponctuelle serait peu utile et
  3. les prévisions des marchés sont plutôt prudentes.

Compte tenu de tous ces facteurs, nous nous attendons à ce que la BdC relève le taux du financement à un jour de 25 points de base (pdb) en juin et en juillet.

L’économie a fait preuve de résilience

Concernant ces points de vue, notons d’abord que la pause conditionnelle prise en janvier était dictée par des attentes nettement plus faibles. Les récentes données sur le PIB pour le premier trimestre (publiées en mars) reflètent des perspectives beaucoup plus solides, si bien qu’il est difficile de défendre l’idée qu’il existe suffisamment de capacités inutilisées dans l’économie pour ramener l’inflation à 2,0 % d’ici la fin de 2024. Sur le marché de l’emploi, le taux de chômage est stable depuis cinq mois, à 5,0 %. Notre opinion selon laquelle la BdC maintiendra le taux à 4,50 % tout au long de 2023 était fondée sur un ralentissement marqué de l’activité économique au premier semestre de 2023. Comme l’économie demeure résiliente, nous ne voyons plus d’argument pouvant laisser croire que la BdC maintiendra son taux à 4,50 % cette année.

Cette opinion étaye bien notre deuxième point de vue : l’ampleur de la hausse inattendue des données tant sur le plan de la croissance que sur celui de l’inflation justifie probablement un relèvement de plus de 25 pdb. En effet, une amélioration des prévisions ne justifiant qu’un léger ajustement de la politique monétaire ne serait probablement pas un facteur suffisant pour que le Conseil de direction mette fin à sa pause. La BdC cessera de prôner le statu quo lorsque deux hausses de taux seront nécessaires. De plus, si la BdC envisageait déjà un autre resserrement en avril, l’effet conjugué des données supérieures aux attentes et de la baisse des pressions exercées par les banques américaines devrait encore plus la convaincre de procéder à une hausse de taux.

La BdC n’a pas le luxe d’attendre

L’inflation de base annualisée sur 3 mois se cantonne autour de 3,5 %, et l’inflation sur 12 mois dépasse 3,0 % depuis avril 2021. Nous ne pensons pas que la BdC puisse se permettre d’attendre encore un ou deux trimestres pour que des signes de faiblesse se manifestent. À notre avis, la logique veut donc que la BdC relève son taux de financement à un jour immédiatement. C’est ce qui nous mène à notre troisième argument, à savoir que les marchés sous-évaluent les hausses à court terme de la BdC. Il est tout à fait plausible que la BdC soit plus à l’aise d’attendre jusqu’à ce qu’elle ait en main les prévisions du Rapport sur la politique monétaire de juillet pour appuyer un changement de taux. Il nous paraît approprié de s’attendre à ce que survienne une hausse en juin selon une probabilité de 50 % à 60 %, contre environ 40 % aujourd’hui.

De plus, même si la BdC conserve le même taux en juin, il faudra que la conjoncture économique change rapidement pour justifier un autre maintien en juillet. De ce point de vue, nous pensons que la BdC penchera en faveur d’un taux de 5,00 % lors de sa réunion de septembre (contre 4,79 % aujourd’hui); même s’il demeure une faible probabilité que la BdC parvienne à éviter toute hausse de taux cette année, nous devons établir un équilibre entre ce scénario et la possibilité que surviennent trois hausses consécutives de 25 pdb.

Prévision de hausse de taux musclée

Nous prévoyons une politique relativement ferme, la BdC réitérant que la demande demeure excédentaire au sein de l’économie. L’inflation devrait encore chuter fortement au milieu de l’année en raison des effets de base. Toutefois, nous prévoyons que le communiqué de la BdC indiquera que l’activité sur le marché de l’emploi doit encore fléchir pour que l’inflation revienne à 2,0 % d’ici la fin de 2024. La section relative aux prévisions du communiqué de la BdC pour le mois d’avril n’a probablement pas besoin d’être modifiée en profondeur, car des aspects en lien avec la politique monétaire de la BdC étaient encore non définis, le Conseil de direction ayant déclaré qu’il « [continuait] d’évaluer si la politique monétaire [était] suffisamment restrictive pour atténuer les pressions sur les prix et [demeurait] prêt à relever encore le taux directeur si nécessaire afin de ramener l’inflation à la cible de 2 % ». Nous nous attendons à ce que la BdC répète cette phrase, de même que l’énoncé de mission selon lequel le Conseil de direction est déterminé à atteindre le taux cible d’inflation de 2,0 %.

Quelques défis sont encore à prévoir

Les hausses inattendues sur le plan de la croissance et de l’inflation sont suffisamment importantes pour justifier un resserrement supplémentaire, mais nous prévoyons toujours un ralentissement de la croissance d’ici la fin de 2023. Les effets des hausses de taux ne se font pas sentir assez vite, comme en témoigne la consommation des ménages, qui s’est élevée à 5,7 % au premier trimestre (taux annuel désaisonnalisé). Des signes de ralentissement devraient toutefois se matérialiser éventuellement. Le revenu disponible a chuté au premier trimestre en raison de la baisse des paiements de transfert malgré la forte augmentation de la rémunération des employés. Comme les ratios d’amortissement de la dette devraient augmenter davantage, nous nous attendons à ce que les dépenses des ménages diminuent au cours des prochains trimestres. Par conséquent, nous croyons que le taux final de la BdC au présent cycle sera de 5 %.

Pour ce qui est de l’avenir, nous pensons que le sujet des baisses de taux sera abordé en 2024. D’après nous, pour que la BdC réduise les taux en dehors d’un scénario de risque extrême, les trois conditions suivantes doivent être respectées :

  • D’abord, la croissance doit être inférieure à la tendance.
  • Ensuite, l’inflation doit passer sous les 3 % sur 12 mois et l’inflation sous-jacente de l’IPC doit s’établir à 2 %.
  • Enfin, l’offre doit être excédentaire au sein de l’économie. Selon nous, l’offre excédentaire au Canada équivaut à peu près à un taux de chômage de 5,5 % à 6,5 %, et nous pensons que le marché de l’emploi est le facteur qui doit être pris en compte dans ce contexte, étant donné que la partie du cycle dans laquelle nous nous trouvons est principalement caractérisée par les pénuries de main-d’œuvre.

Nous soutenons qu’il est peu probable que l’économie enregistre une offre excédentaire en 2023 et que l’inflation soit suffisamment faible pour permettre un assouplissement modeste avant le premier semestre de 2024. Par conséquent, nous croyons que la BdC ne sera pas en mesure d’envisager une réduction de son taux de financement à un jour avant le deuxième trimestre de 2024.

Les clients abonnés peuvent lire le rapport en entier sur le portail Market Alpha de Valeurs Mobilières TD.


Portrait de Andrew Kelvin


Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

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Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

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Vice-président et stratège, Macroéconomie, Valeurs Mobilières TD

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Directeur et stratège principal, Taux, Valeurs Mobilières TD

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Directeur et chef mondial, Stratégie de change, Valeurs Mobilières TD

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