Mesures macroéconomiques : un vent de changement
Par : James Rossiter
avr. 25, 2024 - 3 minutesAu même moment le mois dernier, l’indice des surprises d’inflation aux États-Unis de notre stratégie macroéconomique était en territoire positif, mais les marchés avaient les yeux rivés sur la croissance, et notre indice des surprises des données objectives a été à son plus bas depuis le début de la pandémie. Tout le monde s’accordait sur le fait que la Fed commencerait à assouplir ses politiques d’ici l’été. Quelques semaines plus tard, les surprises liées à l’inflation demeurent élevées, mais celles concernant les données objectives ont complètement renversé la tendance et se situent près des sommets du début de l’année. Ajoutez à cela la stagnation de l’amélioration de notre indice de diffusion de l’inflation aux États-Unis, et il est possible de comprendre pourquoi le marché est revenu à son thème favori de 2023 : l’inflation.
Indices de surprises des données de Valeurs Mobilières TD – États-Unis
Les données sur l’inflation au cours des prochains mois seront donc importantes. Pour les données de mars sur les dépenses personnelles de consommation (DPC) aux États-Unis, notre équipe de stratégie macroéconomique s’attend à un gain de 0,3 % sur un mois pour le déflateur de base des DPC, conformément au marché. Un important risque de hausse inattendue pourrait pousser le scénario encore plus loin en territoire plus ferme, et les marchés pourraient commencer à douter de la conviction de la Fed d’effectuer des réductions. Il est peu probable que les données de l’indice des prix à la consommation (IPC) d’avril renforcent le scénario de réduction, et nous prévoyons un gain de 0,3 % sur un mois de l’IPC de base et de l’IPC global lorsqu’elles seront publiées le mois prochain. Bien sûr, c’est un peu moins qu’en mars, mais, encore une fois, toute hausse surprise aura des répercussions importantes sur les marchés et pourrait considérablement repousser ou réduire notre prévision de base d’une accentuation graduelle de la courbe et remettre en question notre scénario de faiblesse du dollar.
Indice de diffusion : part du panier de l’IPC en hausse de plus de 4 % en cumul annuel
L’Europe réduira-t-elle les taux d’abord?
La grande question qui se dégage de nos prévisions macroéconomiques quant aux réductions retardées de la Fed est de savoir si l’Europe peut réduire ses taux en premier. En bref, c’est ce que nous croyons. Les banques centrales (même la Banque du Canada [BdC]) ne réduisent généralement pas les taux d’intérêt parce que la Fed réduit les siens, mais les banques centrales du G10 réagissent souvent aux chocs mondiaux courants. Pour l’Europe, qui est un importateur d’énergie, le fait d’avoir la guerre à ses portes a un impact sur l’inflation différent de celui d’une puissance éloignée d’un important producteur d’énergie, comme les États-Unis. Les banques centrales des deux régions peuvent donc très bien diverger sur de courtes périodes.
Cela se reflète dans une certaine mesure dans nos prévisions d’inflation. Nous nous attendons à ce que l’inflation de base aux États-Unis demeure beaucoup plus persistante en 2024 qu’ailleurs, en partie parce que ce pays est aux prises avec une inflation davantage axée sur la demande, tandis que l’Europe sort d’un épisode d’inflation alimentée par l’offre. Nous nous attendons à ce que l’inflation au Royaume-Uni soit égale ou inférieure à la cible de 2 % d’avril au quatrième trimestre de 2024, tandis que dans la zone euro, la tendance se poursuit vers la cible tout au long de l’année (en même temps que les marchés de l’emploi semblent avoir remonté la pente). La présidente Lagarde et le gouverneur Bailey ont récemment parlé de la différence entre les facteurs d’inflation européens et américains.
Accélération des réductions de taux sur les marchés au troisième trimestre
Par ailleurs, les paramètres fondamentaux de croissance demeurent encourageants en Europe. Se pourrait-il que les décideurs européens aient en fait procédé à un atterrissage plus en douceur que celui aux États-Unis (qui pourraient surchauffer), l’inflation revenant à sa cible plus rapidement, les réductions de taux arrivant plus rapidement et la croissance renouant avec la tendance?
Les risques géopolitiques feront-ils obstacle?
Les risques géopolitiques se multiplient partout dans le monde. Les tensions en Ukraine, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et le fait que plus de la moitié de la population mondiale en âge de voter soit appelée aux urnes cette année signifient qu’à la fin de 2024, la face du monde sera très certainement différente. Les décideurs devront concilier ces risques avec leur volonté de réduire les taux, et l’orientation optimale des politiques monétaires n’est pas claire. Les données continueront de guider les banques centrales dans leurs réductions de taux, mais les événements mondiaux pourraient bien se mettre en travers de leur chemin.
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