Nouvelles prévisions de la Réserve fédérale américaine : Boulevard des rêves brisés
Par : Oscar Munoz, Gennadiy Goldberg, Molly McGown
avr. 22, 2024 - 4 minutesLe rapport sur l’indice des prix à la consommation (IPC) étonnamment solide de mars s’est avéré décevant, car nous nous attendions à ce que l’inflation commence à donner des signes de normalisation généralisée des prix avant la réunion de juin du Federal Open Market Committee (FOMC). Cela semble maintenant très peu probable, et nous avons repoussé nos prévisions d’assouplissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) à plus tard cette année.
Inflation en mars – Pour aller plus haut
L’inflation des prix à la consommation a largement dépassé les prévisions consensuelles en mars, l’IPC global ayant encore progressé de 0,4 % sur un mois (0,378 % avant arrondissement; TD et consensus : 0,3 %), l’inflation des prix de base ayant enregistré une hausse importante et inattendue.
Le rapport de mars sur l’IPC s’est concentré sur le segment de base, car il affichait une excellente tenue au début de l’année (notamment en ce qui a trait aux services). Contrairement à nos attentes, l’inflation de base mesurée par l’IPC a de nouveau progressé de 0,4 % sur un mois, le chiffre non arrondi s’établissant à 0,359 %, ce qui est nettement supérieur à notre prévision de 0,26 %, car nous nous attendions à une plus grande faiblesse dans le segment des services. Sur une note positive, des progrès ont été réalisés du côté de l’inflation des loyers, tandis que les biens de base ont reculé plus que prévu. Dans l’ensemble, le taux d’inflation de base annualisé sur trois mois a continué de s’accélérer, grimpant de trois dixièmes à 4,5 %, son plus haut niveau depuis mai 2023.
Même si nous prévoyons qu’en mars, l’inflation des dépenses personnelles de consommation de base sera inférieure au signal de l’IPC de base, elle restera probablement trop élevée pour les dirigeants de la Fed (selon nous, elle devrait se situer entre 0,25 % et 0,30 % sur un mois). Les décideurs devraient encore une fois plaider en faveur de la patience, compte tenu des soubresauts affectant le processus de désinflation de base dans le cadre d’un profil d’activité qui leur permet d’attendre que les données leur révèlent l’état des lieux. Nous restons d’avis que le FOMC cherche à assouplir sa politique cette année.
Une barre plus haute à atteindre pour les baisses de taux
Compte tenu de la dynamique des prix à la consommation qui reste décevante, les dirigeants de la Fed devraient chercher davantage de données probantes laissant entrevoir une normalisation de l’inflation avant de décider de procéder à des baisses de taux. En effet, étant donné l’importance que revêt l’annonce du début d’un cycle d’assouplissement, la Fed devrait maintenant relever la barre en ce qui concerne les données probantes qu’elle souhaite observer avant de prendre cette décision. Et deux rapports indiquant que l’inflation de base des dépenses personnelles de consommation avoisine la cible de 2 % sur une base de taux annualisé sur un mois ne seront probablement pas suffisants, à moins que le marché du travail se détériore de façon inattendue.
Suivant cette hypothèse, nous croyons non seulement qu’il est très peu probable qu’une baisse de taux soit annoncée lors de la réunion de juin, mais aussi que la réunion de juillet sera trop précoce pour que les données sur l’inflation franchissent ce seuil plus élevé. Nous nous attendons maintenant à ce que la Fed assouplisse les taux lors de la réunion du FOMC en septembre au plus tôt, car nous prévoyons que l’inflation de base des dépenses personnelles de consommation ralentira et retrouvera d’ici là un rythme mensuel compatible avec un retour à la cible d’inflation. De plus, comme le FOMC est manifestement enclin à réduire les taux de façon très graduelle (soit de 25 points par trimestre), nous prévoyons maintenant une deuxième baisse de taux lors de la réunion du FOMC en décembre.
Nous nous attendons toujours à une normalisation graduelle de la politique monétaire en 2025 et en 2026, et prévoyons maintenant quatre réductions de taux de 25 points de base par année, lesquelles devraient être annoncées lors des réunions sur le résumé des projections économiques. D’après nous, la limite supérieure du taux des fonds fédéraux sera de 4,00 % et de 3,00 % à la fin de 2025 et de 2026, respectivement.
La Fed pourrait-elle recommencer à relever les taux?
Comme la politique des dirigeants de la Fed est restrictive par défaut, nous croyons toujours que ces derniers devraient continuer de repousser le début du cycle d’assouplissement. La barre pour les relèvements de taux est très haute, et elle impliquerait une nouvelle accélération nette et intenable de l’activité économique, ce qui porterait atteinte aux prévisions en matière d’inflation. Nous considérons que ce scénario est peu probable, et le principal risque, selon nous, est plutôt que l’inflation persiste à ne pas renouer avec un taux de 2 % et reste bloquée à environ 2,5 % ou 3,0 % dans le segment des dépenses personnelles de consommation de base. Nous sommes loin du contexte de 2020 à 2022, où les politiques budgétaire et monétaire soutenaient nettement l’économie. Comme la Fed n’a cessé de le répéter, les risques peuvent maintenant aller dans un sens comme dans l’autre.
En repoussant l’assouplissement prévu des taux nominaux, la politique monétaire continuera de se resserrer, même en cas de décélération plus graduelle de l’inflation des prix à la consommation. Le resserrement net des conditions financières observé après la publication du rapport sur l’indice des prix à la consommation en témoigne également.
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