Facteurs ESG : revue de l’année 2023 et perspectives pour 2024

févr. 26, 2024 - 4 Minutes
Vue d’un lac dans les montagnes à partir d’un quai

L’année 2023 a été difficile sous bien des rapports. En plus d’avoir été la plus chaude jamais enregistrée, de nombreuses régions du monde ont été frappées par des inondations, des sécheresses et des feux de forêt, dont les conséquences ont été dévastatrices. Sur les marchés financiers, l’intensification des tensions géopolitiques, la conjoncture économique épineuse et la résistance à la philosophie axée sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont posé de nouveaux obstacles à la carboneutralité.

L’accélération soutenue et sans précédent du réchauffement planétaire requiert une nouvelle ère de coopération mondiale et une augmentation rapide du financement consacré à la lutte contre les changements climatiques.

Malgré ce sombre tableau, l’année a aussi donné des signes de progrès et des raisons d’envisager l’année à venir avec optimisme : un accord historique conclu à la COP28 en vue d’abandonner progressivement les combustibles fossiles, l’adoption rapide des véhicules électriques et des technologies d’énergie renouvelable, une nouvelle réglementation renforçant la transparence et l’engagement continu du marché envers le développement durable.

Principales tendances ESG à surveiller en 2024

Nous avons examiné les principales tendances ESG en 2023 et leurs répercussions sur les marchés des titres de créance durables, les marchés des capitaux propres, les fusions et les acquisitions, et les marchés du carbone en 2024.

Marchés des titres de créance durables

Les marchés des titres de créance durables ont fait preuve de résilience en 2023, les investisseurs leur demeurant fidèles et les émetteurs continuant de profiter d’une dynamique d’exécution favorable. Malgré la résistance croissante que rencontrent les facteurs ESG à l’échelle mondiale, le marché des obligations durables n’a essentiellement pas été touché à l’extérieur des États-Unis. Les obligations vertes sont demeurées la pierre angulaire du marché des titres de créance durables, tandis que les produits liés à la durabilité ont connu une baisse marquée, en raison notamment d’un examen plus attentif et des préoccupations soulevées par l’écoblanchiment. Nous nous attendons à ce que les émissions de titres de créance durables stagnent en 2024, car l’incertitude sur les marchés, les élections prochaines et les discours contre les facteurs ESG continuent de susciter des remous, en particulier pour les nouveaux participants. Toutefois, les signes positifs subsisteront puisque les entreprises et les investisseurs consacrent des capitaux records au financement des révolutions du numérique et de la technologie verte.

Marchés des capitaux propres

Les investissements dans des sociétés ouvertes et fermées ont connu des difficultés semblables en 2023. Aux États-Unis, l’opposition politique aux facteurs ESG a contribué à une augmentation des sorties de capitaux des fonds d’actions de développement durable par rapport aux fonds ordinaires. À l’inverse, en Europe, les fonds de développement durable ont attiré plus de capitaux que les fonds d’actions traditionnels, grâce à un contexte réglementaire et politique favorable aux facteurs ESG. Le marché des fonds a fait l’objet d’un exercice de nettoyage nécessaire, les gestionnaires d’actifs adoptant une approche plus rigoureuse dans l’attribution du sceau « ESG » aux noms des fonds. Compte tenu de la nouvelle réglementation sur les fonds et des préoccupations liées à la réputation, nous nous attendons à ce que l’utilisation du sceau ESG continue à se stabiliser en 2024. Dans le segment des capitaux privés, l’année 2024 pourrait être positive pour l’investissement à retombées sociales, car les fonds cherchent à accroître la pondération des thèmes de durabilité.

Fusions et acquisitions

Les facteurs ESG sont devenus une considération stratégique importante et un sujet de diligence raisonnable accrue, car les acheteurs et les vendeurs perçoivent l’importance des risques et des occasions qu’ils présentent. Par exemple, dans le secteur de l’énergie, le volume des fusions et des acquisitions dans le secteur de l’énergie renouvelable a augmenté pour une quatrième année consécutive, soutenu par les politiques et les incitatifs gouvernementaux favorables. Alors que les préoccupations liées aux changements climatiques s’intensifient à l’échelle mondiale, l’envergure, l’efficacité et le pouvoir d’établissement des prix des sociétés énergétiques seront essentiels à leur résilience et à leur compétitivité. En 2024, l’augmentation des pressions exercées par les parties prenantes dans tous les secteurs continuera de stimuler la recherche de stratégies de décarbonisation, et les fusions et les acquisitions offrent une occasion d’atteindre cet objectif.

Marchés du carbone

Les marchés du carbone ont continué de croître en 2023, les retraits volontaires de crédits compensatoires atteignant un sommet record. Cette tendance s’est poursuivie en 2024, les retraits en janvier témoignant d’une augmentation de 68 % sur 12 mois. Les volumes et les prix se sont également accrus dans plusieurs marchés de conformité nord-américains en 2023, les initiatives du secteur visant à répondre aux préoccupations liées à la qualité sur les marchés volontaires du carbone. Les technologies d’élimination du dioxyde de carbone ont aussi connu une année remarquable, puisque le marché les a adoptées comme une solution possible à la crise climatique grandissante. Dans l’ensemble, l’élimination du dioxyde de carbone doit encore faire beaucoup de chemin, car les prix demeurent élevés et l’accès à une source abondante d’énergie renouvelable est un sujet d’inquiétude. Il faudra investir des capitaux importants pour que le secteur de l’élimination du dioxyde de carbone atteigne une envergure lui permettant d’être un outil viable compte tenu des cibles climatiques.

Achats compensatoires liés à l’élimination du dioxyde de carbone

Conclusion

Les facteurs ESG ont connu leur part de difficultés en 2023, secoués par les attaques politiques, les préoccupations liées à l’écoblanchiment et la volatilité des marchés. L’appellation même a suscité des controverses, amorçant une discussion sur le nom que devrait porter la philosophie « ESG » et la portée qu’elle devrait avoir.

Qu’il soit question de « facteurs ESG », de « responsabilité sociale d’entreprise », de « développement durable » ou d’autre chose, le principe sous-jacent demeure le même : les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance peuvent avoir et ont des répercussions financières importantes. Les facteurs ESG sont devenus un élément essentiel de l’écosystème financier, alimentant les conversations entre les hauts dirigeants et les membres du conseil d’administration, influant sur les stratégies d’entreprise et le rendement financier.

Malgré le désaccord des manchettes, les sociétés et les fournisseurs de capitaux considèrent les facteurs ESG comme un facteur de valeur à un niveau fondamental. Les marchés financiers durables continuent d’offrir une myriade de solutions aux entreprises qui cherchent à décarboniser leurs activités alors que la planète prend un virage fondamental vers une économie à faibles émissions de carbone.

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