Le fichier de documents confidentiels sans fin
Animateur : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Invités : Frank McKenna, président suppléant, Valeurs Mobilières TD
L’épisode 36 revient sur les sujets géopolitiques de la journée. Il débute avec une discussion sur les violations de la sécurité de stockage de documents par divers politiciens américains importants, une histoire qui occupe les commentateurs politiques de la télévision. Frank aborde également le « thème du jour » au Forum économique mondial de cette année, la fragmentation géoéconomique de la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine, le déclin des relations avec la Chine, et les tensions entre les États-Unis et l’Europe au sujet des généreuses subventions américaines pour les véhicules électriques. Nous terminons nos discussions en Amérique du Nord en abordant les investissements en infrastructures au Canada et le plafond d’endettement aux États-Unis. Nous mentionnons également Wall Street, où on entend parler d’une solution qui permet de rembourser des dettes aux porteurs d’obligations exclusivement, tandis que le gouvernement cherche à résoudre le débat.
FRANK MCKENNA : Cette idée de relever le plafond de la dette au besoin est carrément idiote; ça ne fait qu’attiser le mélodrame et les tensions.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 36 du balado mensuel de VMTD sur la géopolitique, en compagnie de l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, votre animateur pour cet épisode intitulé – croyez-le ou non – « La saga sans fin des documents confidentiels ». Avant de commencer, je rappelle aux auditeurs que ce balado de Valeurs mobilières TD est diffusé à titre informatif. Les opinions qui y sont exprimées n’engagent que leurs auteurs, Frank et moi. Elles ne représentent pas nécessairement le point de vue de la TD ou de ses filiales et ne constituent pas des conseils auxquels se fier, notamment en matière de placement ou de fiscalité.
Frank, je commence par le scandale des documents qui secoue la scène politique américaine. Dans mon monde, pour désigner les 1656 pages du projet proposé par la SEC afin de réformer la structure des marchés financiers, les enthousiastes parlent des documents de Gensler. Dans votre monde dominé par la géopolitique, il y a eu d’abord les documents de Trump, puis ceux de Biden et, plus récemment, ceux de Pence. Compte tenu de ce que l’on sait jusqu’à présent, pensez-vous que ces violations alléguées des règles américaines entourant les documents classifiés sont d’égale gravité? Et quelle pourrait être la suite des choses?
FRANK MCKENNA : OK. On va décortiquer tout ça. Premièrement, il y a les conséquences politiques et, deuxièmement, les conséquences juridiques. Ce sont deux aspects très différents. Ensuite, pour ce qui est du contexte, il faut savoir qu’environ 50 millions de documents sont classifiés chaque année. À peu près quatre millions de personnes y ont accès chaque année, notamment quelque 1,4 million de personnes dans le cas des documents très secrets. On voit bien l’ampleur de l’enjeu.
Premièrement, en ce qui concerne les conséquences politiques, la gravité n’est vraiment pas la même entre les trois personnes en cause. Mais, aux yeux de l’opinion publique, ça n’a plus d’importance, je pense. Trump s’est retrouvé sérieusement dans les câbles dans ce dossier. Sa défense ne me semble pas très crédible. Mais, comme Biden et Pence sont dans le même bateau, ça dédouane Trump.
À vrai dire, on n’évalue sans doute pas personnes. D’un point de vue juridique, je constate une énorme différence dans l’équivalence morale. Dans le cas du vice-président Pence, il a déployé beaucoup d’efforts pour vérifier ses documents. Comme c’est un ancien vice-président qui n’occupe plus ses fonctions depuis des années, je soupçonne que les quelques documents trouvés sont pour la plupart périmés. Mais, sur le plan technique, on a sans doute violé une quelconque loi sur la tenue des documents.
Dans le cas du président Biden, Ia situation est à peu près pareille. Les documents remontent en bonne partie à l’époque où il était vice-président. Ça ne date donc pas d’hier. Ces documents sont probablement sans grande importance et périmés également. Mais, on ne le sait pas.
Je crois que le président Biden et son entourage sont coupables d’une certaine négligence. Ils ont cherché à se défendre en disant que les documents étaient de peu de conséquence et que l’affaire ne valait pas d’être poursuivie. Ils auraient pu faire preuve de transparence, mais s’en sont abstenus. Ça donne l’impression qu’ils avaient quelque chose à cacher. Ils ont déçu l’opinion publique de ce point de vue.
Dans le cas du président Trump, il avait en sa possession une montagne de documents, dont certains étaient classifiés très secrets, semble-t-il. Mais, surtout, il a entravé les efforts répétés pour qu’ils soient rendus aux organismes chargés de les conserver et, dans un cas, il les a même fait déplacer d’un endroit à un autre. Aux yeux de la loi, sous l’angle de la culpabilité, je dirais que sa situation est beaucoup plus sérieuse. Mais, toujours sous l’angle de l’opinion publique, je pense qu’il va s’en tirer à bon compte.
Je dirais que les autorités vont avoir beaucoup de difficultés à décider de la marche à suivre dans ces cas-là. En ce concerne le président Trump, la situation donne à croire que sa principale infraction est d’avoir fait entrave à la justice. C’est l’accusation à laquelle Conrad Black a dû répondre en déplaçant des documents. Dans le cas présent, après s’être fait demander de rendre les documents, Trump a ordonné à son personnel de les déplacer dans un autre endroit. C’est peut-être le chef d’accusation qui pourrait peser le plus lourd contre lui.
Ça rappelle un peu le cas d’Al Capone. Il a échappé aux accusations pour une foule de crimes sérieux, mais on l’a épinglé pour évasion fiscale. C’est comme ça que je vois tout le dossier. Sur le plan politique, ils sont tous un peu dans le même bateau. Mais, sur le plan des conséquences juridiques, je dirais, sans toutefois en être sûr, que Trump joue beaucoup plus gros.
PETER HAYNES : À propos de documents périmés, croyez-vous que le FBI pourrait fouiller toutes les résidences des Obama et aussi celle des Bush quant à ça, ou même aller jusqu’à exhumer la tombe du président Lincoln pour vérifier si des documents s’y cachent. Croyez-vous qu’il faille pousser davantage les fouilles? Vous dites que quatre millions de personnes ont accès à des documents. Mais, en termes relatifs, ça se limite à aux personnes autorisées à consulter les dossiers les plus secrets, c’est-à-dire les anciens présidents. Pensez-vous qu’on va vouloir non pas les soumettre à une perquisition, mais simplement leur demander de jeter un coup d’œil?
FRANK MCKENNA : Je dirais que les anciens présidents Obama et Bush, et sans doute le vice-président de Bush, font probablement leurs propres vérifications pour en avoir le cœur net. Ils pourraient même inviter eux-mêmes le FBI à participer à l’opération. Dans le cas de Mike Pence, je pense qu’il a invité le FBI. Et Joe Biden a fait la même chose, je crois. Oui, je pense que toutes ces démarches sont en cours. Tout le monde craint que l’on trouve des preuves irréfutables.
PETER HAYNES : Frank, le monde d’aujourd’hui a changé. L’information nous suit partout dans nos téléphones. Les nouveaux outils de télétravail – je pense aux ordinateurs à la maison, etc. – font qu’on est toujours en ligne. Je sais qu’il y a déjà eu des atteintes à la sécurité de l’information. Il me vient en tête le cas tristement célèbre d’un général américain dont la maîtresse avait eu accès à certains documents qui n’étaient pas conservés en lieu sûr. De toute évidence, c’est une situation délicate, Frank, mais croyez-vous que les médias montent en épingle ces fuites de documents?
FRANK MCKENNA : Oui. Probablement. Tout dépend de la façon dont les faits ressortent. Si certains de ces documents sont d’importance capitale – par exemple, une évaluation de la menace nucléaire russe ou un profil psychologique du dirigeant nord-coréen – ça me semble un niveau de culpabilité assez élevé. D’après mon expérience des documents classifiés – et j’en ai consultés des milliers dans ma vie – le plus souvent, l’information est déjà à la une des journaux la semaine avant ou après.
Les documents ne se classifient pas tout seuls. Le personnel qui s’en charge n’a rien qui l’incite à faire preuve de jugement dans l’utilisation du tampon de classification. Résultat, bien des documents sont classifiés inutilement, à vrai dire.
À mon avis, les médias ont exagéré l’affaire du BlackBerry d’Hillary Clinton. Ça lui a coûté la présidence lorsque Jim Comey a révélé l’utilisation qu’elle faisait de son BlackBerry à la maison et les renseignements compromettants qu’il contenait. Une semaine plus tard, Comey disait avoir voulu plaisanter; qu’il ne fallait pas en faire tout un plat. L’affaire n’était pas sérieuse.
Dans le camp Clinton, on m’a raconté que les sondages s’étaient effondrés après cette révélation publique de Comey. Assurément, l’élection présidentielle était perdue pour madame Clinton à ce moment-là. Parfois, ces événements prennent des proportions démesurées. Peut-être vous rappelez-vous, au cours de l’élection d’un premier ministre, le commissaire de la GRC a consterné tout le monde en accusant publiquement le ministre des Finances Ralph Goodale d’enfreindre l’éthique concernant les fiducies de revenu. L’accusation était fausse, mais les sondages ont plongé également. Parfois, il faut prendre avec un grain de sel les déclarations publiques et l’opinion des commentateurs en période de stress intense.
PETER HAYNES : À propose de Ralph Goodale, je me souviens que, comme les fiducies pesaient lourd sur le marché boursier à cette époque, ça mettait le feu aux poudres à chaque occasion.
Je remonte à cette soirée d’Halloween, c’était en 2005, je pense. Le ministre des Finances a modifié les règles et le secteur a chuté de 20 % le lendemain.
Quoi qu’il en soit, dites-moi, Frank, croyez-vous que les événements actuels aux États-Unis vont entraîner une révision des pratiques de conservation et d’accès sécuritaires des documents au Canada? Vos collègues à Ottawa estiment-ils que le sujet retient davantage l’attention actuellement?
FRANK MCKENNA : Je pense que oui. De fait, j’en suis sûr. Et c’est tant mieux. C’est devenu ridicule. Je suis convaincu – et je parle par expérience – qu’on classifie plus de documents qu’il n’est nécessaire. Il est probable que les pratiques de conservation vont être scrutées avec encore plus de soin pour éviter qu’on laisse traîner n’importe où des documents très importants.
Soit dit en passant, le Canada a connu des situations semblables. Je peux remonter à 1985 lorsque le ministre de la Défense Robert Coates a visité un club de strip-tease en compagnie de ses aides en Allemagne. L’endroit était plutôt louche et le ministre a dû démissionner. En 1998, un membre du NPD a surpris à bord d’un avion une conversation confidentielle entre le solliciteur général Andy Scott et son voisin de siège. Scott a été forcé de démissionner. Et, si on compare, l’événement sans doute le plus marquant a été, vous vous en souviendrez, la fois où le ministre du cabinet Maxime Bernier, membre du gouvernement Harper, a laissé des documents classifiés chez sa maîtresse, qui les a finalement remis au gouvernement. Le premier ministre Harper a exigé la démission de Bernier.
On n’est pas à l’abri de ça, et il faut prendre les choses avec un grain de sel. Il existe des millions de documents classifiés contenant des renseignements confidentiels. En général, les fonctionnaires font un excellent travail pour préserver la confidentialité de l’information en leur possession.
PETER HAYNES : Comme vous le dites, Frank, tous les renseignements n’ont pas la même valeur et chaque document ne reçoit pas la même classification. J’enchaîne avec le Forum économique mondial, une tribune que vous connaissez bien, Frank. Selon l’opinion internationale, on a l’impression qu’il s’agit d’une séance de nombrilisme. L’édition de cette année, qui marque le retour des participants en personne après la pandémie des dernières années, portait entre autres thèmes sur la « fragmentation géoéconomique issue des politiques ». Ça sonne savant.
Mais, les chefs d’entreprise s’inquiètent de plus en plus de la fragmentation de l’économie mondiale devant des événements comme le découplage entre la Chine et les États-Unis, la crise énergétique déclenchée par la guerre que mène la Russie en Ukraine et les tensions entre les États-Unis et l’Europe à propos des subventions liées aux véhicules électriques. La fragmentation géoéconomique devient clairement un enjeu de taille à l’idée qu’un découplage s’opère d’avec le reste du monde, une sorte de repli sur soi qui menace l’ouverture. J’aimerais vous entendre sur les risques associés à la fragmentation géoéconomique et sur ce qu’on peut faire pour renverser cette tendance, au moment où les acteurs politiques jouent sur les sentiments nationalistes des citoyens – je pense au mouvement MAGA.
FRANK MCKENNA : Oui. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je prends un instant pour souligner le décès de Hazel McCallion, l’ancienne mairesse de Mississauga, à l’âge de 101 ans. C’est l’une des personnalités les plus remarquables que j’aie eu le plaisir de connaître; elle faisait de la politique par conviction. Elle était très populaire surtout parce qu’elle avait son franc-parler et qu’elle tenait à ses idées.
Ça me semble une bonne entrée en matière pour aborder le prochain sujet. C’est intéressant de noter que le Forum économique mondial, ou FEM, reprend le même discours depuis des années. En faveur du mondialisme, le FEM est maintenant dans la mire de groupes internationaux qui veulent le faire passer pour un vaste organe conspirationniste prêt à mondialiser la planète.
Pour avoir participé aux rencontres du FEM, je dirais que ce groupe a été privé du sens de l’organisation à la naissance; imaginez s’il devait entretenir une conspiration pour diriger le monde. C’est un signe des temps actuels et ça remonte sans doute à Trump. La population a eu un choc en voyant qu’il avait entraîné les républicains sur une pente contraire à leur histoire. Il s’est attaqué à l’ALENA, à l’OMC et à l’OMS. Il a menacé l’OTAN. Il s’est retiré de l’Accord de partenariat transpacifique. Trump, le nativiste le plus assumé qu’on ait vu, a attiré le parti dans cette direction et a séduit assez d’Américains pour être élu.
Le reste de la planète s’est alors senti lui aussi autorisé à s’isoler, les pays se refermant sur eux-mêmes. Je pense au Brexit, à mon avis une erreur monumentale par laquelle le Royaume-Uni s’est retiré de l’Union européenne. Ensuite, les choses se sont corsées. La Russie a envahi l’Ukraine, créant de l’inquiétude dans le monde à propos de la sécurité énergétique et alimentaire, l’approvisionnement en micropuces, etc. En plus, la pandémie a frappé et les pays se sont mis à craindre pour l’obtention des vaccins et la protection des chaînes d’approvisionnement.
Tous ses facteurs se sont conjugués pour miner lourdement la mondialisation. Avant de poursuivre, je tiens à faire un ardent plaidoyer en faveur de la mondialisation. Le phénomène a décuplé la prospérité partout sur la planète. Est-ce que tout le monde en a profité? Peut-être pas tout le monde, mais certainement des centaines de millions, voire des milliards de personnes, qui sont sorties de la pauvreté pour accéder à une plus grande prospérité.
Toute la planète a bénéficié de plus de paix grâce au transfert mondial des fonds de la défense au profit d’autres enjeux. Par exemple, la Chine a favorisé la création de richesse pour des centaines de millions de citoyens et s’est mise à exporter aux États-Unis des produits qui auraient été plus coûteux à fabriquer en sol américain. Les Américains ont alors disposé de plus d’argent pour acheter d’autres produits et vendre aux Chinois des services à valeur ajoutée. La mondialisation a été comme une vague qui soulève tous les bateaux. Je crains qu’on assiste maintenant à une destruction de la richesse et de l’égalité partout sur la planète.
Bien des pays pauvres n’auront pas accès aux marchés plus développés, ce qui va encore aggraver leur misère. Le protectionnisme va dans le mauvais sens. Comment renverser le phénomène? Le mouvement du pendule est inévitable, mais, dans le cas présent, des leaders doivent se lever.
La planète a besoin de leaders forts capables de repousser le nativisme, d’envisager le monde au-delà des frontières de leur propre pays, d’adopter une vision mondiale et d’expliquer comment chacun peut prospérer en ouvrant les frontières avec le reste du monde. On peut toujours commencer à l’échelle locale. Au Canada, le libre-échange n’existe même pas entre les provinces. Ce serait un bon point de départ. Mais, à l’échelle mondiale, on a besoin de leaders courageux qui ont des convictions, comme Hazel McCallion, afin de défendre la mondialisation et la prospérité qui en a découlé.
PETER HAYNES : Oui. Trente ans comme mairesse de Mississauga. Une femme incroyable. L’ouragan qu’était Hazel McCallion va nous manquer. Sa vie a certainement été bien remplie à 101 ans.
Et votre plaidoyer, Frank, en faveur d’un retour du pendule pour s’éloigner du mouvement lancé par l’ancien président Trump était bien senti. J’enchaîne avec la guerre en Ukraine, dont vous avez parlé dans votre plaidoyer pour une économie plus mondialisée. Le mois dernier, je vous ai demandé de prédire où en serait la guerre entre la Russie et l’Ukraine à l’aube de 2023 ou dans une année. Vous avez répondu, je pense, qu’on en serait à peu près au même point qu’aujourd’hui. On est dans une impasse.
Mais, depuis deux semaines, les pays occidentaux débattent de la possibilité de livrer des chars d’assaut à l’Ukraine, même si l’Allemagne s’y oppose. La Russie réagit en intensifiant les bombardements à Kyiv. Si je me souviens bien, il y a un an à peine, le président Biden donnait à entendre que la fourniture de chars à l’Ukraine pour se défendre constituerait en soi un acte de guerre. Croyez-vous que l’Occident a franchi la ligne rouge en livrant des chars?
FRANK MCKENNA : Je ne crois pas, Peter. La Russie semble croire qu’elle peut dicter la conduite de l’Ouest, tandis qu’elle bombarde les villes et les civils en toute impunité. Mais si l’Ukraine devait riposter en s’en prenant à un aéroport russe, par exemple, ce serait une grande provocation. Je n’ai jamais été témoin d’autant d’hypocrisie de ma vie. Les
Russes déploient des drones iraniens et, apparemment, des missiles nord-coréens. Pourtant, ils voudraient faire croire que l’Ukraine n’a pas le droit d’utiliser d’armes étrangères pour repousser l’agression. Il faut répondre à cette hypocrisie.
Lorsque le système d’artillerie à longue portée HIMARS est entré en scène, les Russes ont aussi déclaré qu’il s’agissait d’une provocation sans nom. Les Ukrainiens ont grandement bénéficié de cette arme. De même, les chars d’assaut qui seront livrés – il y en aura quelques centaines, je crois – soutiendront aussi l’Ukraine. Ça ne changera pas le cours de la guerre, mais les Ukrainiens vous pouvoir mieux défendre leurs positions.
Non, je ne suis pas du tout d’accord. La Russie se livre à des horreurs sordides. Elle bombarde des civils, ce qui dépasse le seuil acceptable des hostilités. Elle commet des atrocités sur le champ de bataille en se servant des recrues et des anciens prisonniers comme de la chair à canon. Tout ça en prétendant à l’injustice si l’Ukraine devait se défendre. Ça ne tient pas la route un seul instant.
PETER HAYNES : Frank, certains profils rédigés ne sont pas nécessairement flatteurs à propos de la qualité des chars livrés par le Canada. Ça remet en question notre capacité à nous défendre, ou du moins à contribuer à la protection du monde occidental. Estimez-vous que ces critiques sont justifiées quant à la qualité de l’équipement que nous fournissons?
FRANK MCKENNA : Par le passé, le Canada n’a pas vraiment engagé de dépenses majeures pour l’achat d’équipement militaire. Mais, on dispose tout de même d’environ 70 chars Leopard dans notre arsenal. On va en livrer quatre pour commencer. Les chars sont dispersés dans trois ou quatre endroits au pays et leur état de marche varie. Ils vont sans doute devoir subir certaines réparations, mais le Canada n’a pas à s’excuser.
On a envoyé quelques 500 000 pièces de vêtement d’hiver aux Ukrainiens, ce qui représente un avantage majeur sur le champ de bataille. On participe depuis 2014 avec le Royaume-Uni et les États-Unis, comme le souligne le Wall Street Journal, à un vaste programme de formation destiné aux soldats ukrainiens, ce qui représente sans doute le facteur le plus déterminant sur le champ de bataille. On fournit en plus des pièces d’artillerie et d’autres armes. À mon avis, le Canada honore son engagement du mieux qu’il le peut. Le pays a aussi émis une obligation de la souveraineté de 500 millions de dollars récemment, en plus d’offrir beaucoup de soutien civil, etc. On n’a pas à s’excuser des efforts qu’on a déployés.
PETER HAYNES : Non. Je suis convaincu que tous les Canadiens – ou du moins la majorité – veulent apporter leur contribution. Je pense que les Canadiens n’ont pas apprécié les reportages dans les médias à propos du piteux état de marche de nos chars. Mais je suis d’accord avec vous; on en a fait beaucoup. De toute évidence, on sait comment s’habiller en hiver. Je suis certain que nos vêtements ont été chaudement reçus.
J’enchaîne avec la politique américaine. Le Freedom Caucus du Parti républicain a tenu un vote pour élire le président de la Chambre des représentants, une forme de rançonnage par laquelle l’aspirant au poste, Kevin McCarthy, a dû se plier à des exigences toujours plus lourdes. Cette frange extrémiste du Parti républicain n’a pas fini de faire parler d’elle. Son pouvoir se trouve décuplé en raison de la faible majorité des républicains à la Chambre. Ce groupe compte s’immiscer dans de nombreux autres dossiers et mettre des bâtons dans les roues. Le plus à craindre est sans doute le débat sur le plafond de la dette.
James Gorman, président de Morgan Stanley, a déclaré que les instances législatives dénoueraient toute impasse liée au plafond de la dette avant qu’il soit trop tard. Je le cite : « l’autre option n’en est pas une ». Mais les extrémistes s’en soucient comme de leur première chemise, pourvu qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent. Pour le bénéfice de nos auditeurs, Frank, en quoi le comportement de ce groupe de républicains va-t-il influencer les délibérations de la Chambre au cours des deux prochaines années, notamment en ce qui concerne le plafond de la dette?
FRANK MCKENNA : On va relever le plafond de la dette. C’est comme ça que ça va finir. Entretemps, le mélodrame va être plus théâtral à Washington qu’à Hollywood.
Ça n’en finit plus.
Cette idée de relever le plafond de la dette au besoin est carrément idiote. Ça n’existe dans aucun autre pays. Ça ne fait qu’attiser le mélodrame et les tensions.
Mais, en fin de compte, les solutions sont embryonnaires; les républicains ne voudront pas dégonfler l’économie américaine et entraîner du coup l’économie mondiale. On finira bien par trouver un arrangement à l’amiable. On a déjà parlé du Freedom Caucus et de son pouvoir disproportionné.
Mais, il ne faut pas oublier une chose : il existe au sein du caucus républicain plus d’éléments modérés qui, avec les démocrates, forment une majorité. Tout compte fait, les républicains qui siègent au Sénat ou qui sont modérés à la Chambre des représentants devraient faire triompher la raison et on va trouver une solution. Dans l’intervalle, il va y avoir beaucoup d’intimidation et de mélodrame. Mais, tout ça finira bien par se régler.
PETER HAYNES : Donc, vous pensez qu’on va relever le plafond de la dette. Le dernier dénouement de la sorte remonte à 2011, je crois. Depuis, on a beaucoup réfléchi à la question, notamment chez les républicains sauf erreur, à savoir s’il existe réellement un plafond de la dette. S’il n’y aurait pas moyen pour le gouvernement américain de continuer à payer les détenteurs d’obligations, tout en reportant les sommes dues aux citoyens et aux entreprises qui font affaire avec le gouvernement. On parle de priorisation des paiements, je pense, et ça suscite un peu plus d’intérêt sur Wall Street.
Pour reprendre une citation récente qui provient de l’un de nos futurs collègues, Chris Krueger, employé chez Cowen à Washington au sein du groupe des politiques : « de toutes les options unilatérales à propos du plafond de la dette, la priorisation est sans doute la moins mauvaise des solutions ». Que pensez-vous de cette idée de prioriser les paiements, c’est-à-dire de payer les détenteurs d’obligations seulement, en attendant de régler la question du plafond de la dette?
FRANK MCKENNA : Oui. J’aime le concept, la façon dont c’est structuré. L’idée est mûrement réfléchie, mais a très peu de chances de passer, à mon avis. Ça va soulever un tollé politique si on privilégie un groupe par rapport aux autres. Ce qui devrait être suffisant pour parvenir à une solution.
Toutes sortes d’idées voient le jour. On parle de frapper une pièce de monnaie.
[RIRES]
Ce n’est pas rien... 30 billions…
PETER HAYNES : Une pièce d’un billion. J’ai lu ça.
FRANK MCKENNA : Oui. Oui. Toutes sortes d’idées voient le jour. Même que certaines sont mort-nées. À l’approche de l’échéance, la pression s’intensifie. Et je crois bien qu’on va trouver une solution. J’ai été témoin de bien des mélodrames à Washington concernant une foule d’enjeux, mais les Américains, comme disait Winston Churchill, finissent toujours par prendre la bonne décision une fois que toutes les autres options ont été envisagées.
PETER HAYNES : Un auditeur voudrait vous entendre sur le climat qui règne à Ottawa ou dans les bureaux de direction provinciaux en ce qui a trait à la vente privée d’infrastructures. On en revient au dossier des infrastructures. Va-t-on voir des partenariats avec le secteur privé pour construire des routes, des ponts, des immeubles, des ports, des terminaux et des aéroports?
On a beaucoup entendu parler de la création de la Banque de l’infrastructure à Ottawa, mais on est bien davantage dans les discussions que dans l’action, semble-t-il. J’ai parlé à certaines personnes qui sont au courant du dossier et on dirait qu’on ne ressent pas vraiment l’urgence de se lancer dans le projet. On a injecté à ce jour $129 milliards de dollars, je crois, dans le cadre du plan Investir dans le Canada lancé en 2016. Mais, c’est bien peu à comparer avec les billions de dollars promis en 2021 par le précédent gouvernement américain en matière d’infrastructures. Que pensez-vous, Frank, du dossier des infrastructures à Ottawa? Les Canadiens devraient-ils s’attendre bientôt à quoi que ce soit dans le domaine?
FRANK MCKENNA : Je pense qu’on va investir dans les infrastructures. Le gouvernement a prévu un budget et compte bien aller de l’avant. Mais c’est une autre paire de manches de savoir si on va privilégier la privatisation ou les partenariats public-privé. La réponse à cette dernière question est négative.
Le gouvernement, à un certain moment, ne jurait que par l’idée de recycler les actifs. Scott Bryson, son principal défenseur, prenait l’exemple de l’Australie pour sa façon d’encourager le recyclage d’actifs, ce qui a donné lieu à nombre de privatisations, en plus de dégager des fonds pour réaliser beaucoup d’autres projets importants. Comble de l’ironie, le Canada compte sans doute sur les caisses de retraite et les sociétés de gestion d’actifs les plus importantes et les plus crédibles dans le monde. Mais, souvent, on n’arrive pas à trouver des projets dans lesquels investir au Canada.
Sur le plan idéologique, le gouvernement au pouvoir n’est pas engagé dans cette réflexion. L’idée de privatiser l’aéroport Pearson pour régler les problèmes de manutention des bagages ou réduire l’attente aux postes de sécurité n’arrive pas à faire son chemin, tout simplement. Je pense aussi à Postes Canada. Même sous le gouvernement Harper, on ne parlait pas de privatiser cette société, un actif dont la valeur diminue chaque année depuis 20 ou 30 ans.
Que voulez-vous, c’est comme ça au Canada. Les syndicats sont puissants. Ils ne veulent pas faire l’effort de revoir leur structure de propriété. Nos champs de compétence sont partagés entre les paliers fédéral, provincial et municipal, ce qui complique énormément les choses. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les Premières Nations, avec l’appui de la Cour suprême, devraient avoir leur mot à dire dans le cadre de consultations, en plus de bénéficier de certains arrangements touchant leurs intérêts, ce qui s’accompagne généralement d’une participation en capital. Tous ces éléments, combinés au processus réglementaire qu’il faut suivre ici au Canada, font en sorte qu’il est difficile d’imaginer tout projet d’envergure en matière de privatisation ou de partenariat public-privé.
PETER HAYNES : Voyez-vous des gains potentiels, même modestes, qui permettraient de mieux intégrer le concept de partenariat public-privé? Pourriez-vous nous donner plus de détails? Avez-vous en tête certains actifs dont le gouvernement serait prêt à se départir, si on se fie à ses déclarations publiques?
FRANK MCKENNA : Oui. Peut-être au niveau provincial, dans certains cas comme des écoles ou des hôpitaux qui sont construits de cette façon. Ça se produit à l’occasion. Mais les gouvernements adoptent des approches très différentes.
Si on demande à la TD ou à d’autres banques pourquoi elles ne sont pas propriétaires de leurs immeubles, elles répondront sans doute que ça déborde de leur champ d’expertise. Qu’elles s’y connaissent moins en gestion immobilière. Que leur activité principale est ailleurs.
Les gouvernements ne raisonnent pas nécessairement de cette façon. Pour eux, être propriétaire d’un hôpital n’est pas essentiel à leur mission; l’important, c’est plutôt ce qui s’y déroule. Au risque d’être plus mordant que je ne le devrais, au Canada on ne ressent pas l’urgence du changement. Bien des pays n’ont pas l’argent nécessaire et doivent faire des choix pour dégager des fonds et financer les projets prioritaires. Au Canada, on se débrouille plutôt bien financièrement, et personne n’est assez désespéré pour prendre des mesures radicales.
PETER HAYNES : Quand je vois un pays comme l’Australie, qui n’hésite pas à vendre ses aéroports et d’autres infrastructures publiques, ça me paraît étrange. On serait porté à croire que son profil est le même que celui du Canada sur le plan financier. Mais, peu importe, c’est décevant pour ceux qui ont consacré beaucoup de temps à promouvoir cette plateforme. On va sûrement revenir sur le sujet en cours de route.
OK, Frank, pour terminer on va parler de sport, mais pas des Blue Jays, ce mois-ci. Ça ira au mois prochain; une fois qu’on en saura plus sur les lanceurs et les receveurs. On va probablement discuter un peu de la Classique mondiale de baseball, qui aura lieu en mars également. Ce mois-ci, je vais vous cuisiner sur les autres équipes sportives ou les athlètes que vous encouragez.
Personnellement, mes quatre équipes favorites dans les principaux sports en Amérique du Nord sont les Maple Leafs, les Blue Jays et les Raptors, toutes de Toronto, et les Bills de Buffalo. Au cours de ma vie, j’ai été témoin de trois victoires de championnat – deux des Blue Jays deux années de suite, et une des Raptors. Et, bien franchement, ces équipes m’ont laissé tomber, en particulier les Leafs et les Bills. Parlez-moi d’une autre équipe ou d’un autre athlète que vous suivez et de leurs chances de succès à court terme.
FRANK MCKENNA : C’est intéressant. On encourage les mêmes équipes. En fait, je prends pour toutes les équipes canadiennes au hockey. Je les suis presque religieusement. Comme la plupart des habitants des Maritimes, je suis la carrière de Sidney Crosby, parce que c’est un leader fantastique sur la glace comme en dehors. Il excelle sur les 200 pieds de la patinoire. C’est un vrai leader.
Je m’intéresse aussi à d’autres leaders excitants à regarder. Je pense à Brooke Henderson, au golf. Ce qu’elle fait est exceptionnel. J’encourage aussi l’équipe féminine canadienne de hockey. Les filles ont du cœur à l’ouvrage et débordent de talent. C’est la même chose pour l’équipe féminine canadienne de soccer. Tout ce talent réuni, c’est incroyable. Et Christine Sinclair est réellement l’une de meilleures athlètes de tous les temps.
Aussi, on s’est tous réjouis en regardant Bianca Andreescu remporter le US Open. On brille également au tennis, tant chez les femmes que chez les hommes. Et, plus récemment, l’équipe canadienne de hockey junior nous a fait honneur au Championnat mondial. Je pense en particulier à Connor Bedard. Je suis de près sa progression. Il va être un joueur étoile durant des décennies, et il se comporte avec classe.
Je remarque aussi que les Blue Jays ont accordé très récemment un contrat à un joueur de 16 ans de la République dominicaine. Il s’appelle Enmanuel Bonilla. On lui prédit une brillante carrière au firmament des étoiles. J’aime bien suivre l’évolution de ces jeunes. Je vais surveiller celui-là avec intérêt.
PETER HAYNES : Oui. En un rien de temps, il pourrait bien se joindre aux Blue Jays dans le baseball majeur. Je dois mentionner un autre athlète que j’encourage. Mon fils va m’en vouloir à mort… J’étais son entraîneur bantam au hockey quand il était en huitième année. Un de ses coéquipiers s’appelait Zach Edey.
En huitième année, il mesurait 6 pieds 8 pouces et ses sports préférés étaient le hockey et le baseball. Il est maintenant le centre partant de l’équipe de basketball de l’Université Purdue, qui occupe le premier rang aux États-Unis. Hier, il a marqué 38 points contre Michigan State. Ce jeune du quartier Leaside est favori pour remporter le trophée Naismith cette année dans la NCAA et devrait être repêché en première ronde dans la NBA.
Il mesure 7 pieds 4 pouces. Sa mère disait hier en entrevue qu’il n’avait jamais cessé de grandir. Jamais. Comme je l’ai dit, il fait 7 pieds 4 pouces et pèse 290 livres. À côté de mon fils, qui fait 6 pieds 4 pouces, on aurait dit que Zach aurait pu n’en faire qu’une bouchée. C’est une différence de taille – sans jeu de mots. C’est un jeune admirable; je me réjouis de son succès.
J’ai été son entraîneur au hockey. Il réussit bien au basketball. Ça dit sans doute quelque chose de mes habiletés d’entraîneur au hockey. Quoi qu’il en soit, c’est un plaisir de le voir évoluer. J’invite les auditeurs qui suivent la NCAA à garder un œil sur Zach Edey, dont le talent va certainement s’exprimer au March Madness.
Merci beaucoup, Frank, de votre présence ce mois-ci. On se revoit en février prochain.
FRANK MCKENNA : Oui. Merci, Peter.
[TRAME MUSICALE]
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Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
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Peter Haynes
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Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant d’intégrer Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au Comité consultatif de la structure des marchés de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.