Brûlez-vous trop d’argent? Parcours vers la rentabilité d’un investisseur en capital de risque
Invitee : Damien Steel, associé directeur et chef mondial, Capital de risques d’OMERS Ventures
Animateur : Jeremy Walker, Président suppléant et chef mondial, Communications, médias et technologie, Services bancaires d’investissement, Valeurs Mobilières TD
Contrôler sa propre destinée demeure essentiel pour les investisseurs en capital de risque. Écoutez Damien Steel d’OMERS Ventures faire part à Jeremy Walker de ses observations sur la reprise de l’euphorie, les caractéristiques de réussite dans le marché actuel et la façon dont ChatGPT pourrait perturber le secteur à l’avenir, ainsi que souligner les changements radicaux dans le secteur des technologies.
Écoutez les autres épisodes pour connaître les points de vue de divers leaders d’opinion sur les thèmes clés qui influencent les marchés, les différents secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui. aujourd’hui.
[MUSIQUE]
ANNONCEUSE : Bienvenue à Point de vue, un balado de Valeurs Mobilières TD où divers leaders d’opinion s’expriment sur des thèmes clés qui influencent les marchés, les secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui. Nous espérons que vous apprécierez cet épisode.
JEREMY WALKER : Bienvenue à l’épisode 16 de Point de vue, un balado de Valeurs Mobilières TD. Je suis Jeremy Walker, président suppléant et chef mondial, Communications, médias et technologie à Valeurs Mobilières TD.
Je suis accompagné de Damien Steel, associé directeur et chef mondial, Capital de risques d’OMERS Venture. Dans le cadre de ses fonctions à OMERS Venture, Damien est responsable des placements et des opérations de fonds, tout en assurant une surveillance stratégique à l’échelle mondiale. Damien a rejoint OMERS Ventures en 2011, et fait partie de l’équipe depuis sa création cette même année.
Sous sa direction, OMERS Ventures, dont le siège social est à Toronto, a pris de l’envergure et a maintenant des bureaux à Londres et dans la Silicon Valley. Damien compte plus de 15 ans d’expérience dans le domaine du capital-risque. Il a occupé des postes à BridgeScale Partners et EdgeStone Capital Partners.
Avant de rejoindre OMERS Ventures, Damien était entrepreneur dans le secteur de la santé. Il a fondé un laboratoire dentaire numérique qu’il a maintenant quitté. Damien siège aussi au conseil d’administration de sociétés dans lesquelles OMERS Ventures investit, notamment Hopper, TouchBistro, Klipfolio et Dear Life. Il est aussi observateur au conseil d’administration de Hootsuite et de DuckDuckGo.
Damien est titulaire d’un diplôme en gestion des affaires de l’Université Wilfrid Laurier. Damien est un fervent amateur de golf et de poker. J’ai eu le plaisir de perdre de l’argent contre lui au golf et au poker. Merci d’être ici aujourd’hui, Damien, et en passant, bon anniversaire.
DAMIEN STEEL : Oui, merci. À mi-chemin vers mes 90 ans.
[RIRES]
JEREMY WALKER : Entrons dans le vif du sujet. Tout d’abord, avec le recul, les années 2019 à 2021 ont été très favorables au secteur technologique. Une forte croissance, une abondance de capitaux tant privés que publics, et une montée en flèche des valorisations.
En 2022, tout a basculé. Partout où vous regardez, les sociétés privées et publiques subissent une forte contraction des valorisations, une raréfaction du capital et des réductions d’effectif massives. Que s’est-il passé?
DAMIEN STEEL : C’est vraiment la question qu’on se pose tous. On a vécu une période intéressante, mais c’est une erreur de partir de 2019. Pour analyser la situation intelligemment, on doit revenir plus loin en arrière. Pour beaucoup de gens, après les moments difficiles qu’on a connus en 2022 et cette année, l’interprétation est négative.
Mais en fait, si on remonte plus loin, on est simplement revenus à la moyenne. Les années 2020 et 2021 ont été exceptionnelles pour une foule de raisons. Pour plaisanter, j’aime bien dire qu’on a tous été des génies en 2021. Le secteur du capital-risque, celui pour lequel on fait des prévisions, a été le théâtre de changements radicaux, tous indicateurs confondus.
Les sommes investies ont battu des records. Les levées de fonds ont battu des records. Les évaluations des sociétés privées et publiques aussi. Rétrospectivement, est-ce que je pense qu’on s’est emballés trop vite? Absolument.
Est-ce que je pense que les entreprises se sont emballées trop vite? Peut-être. Mais en tant que gérant d’une société de technologie, quand vous avez l’occasion d’accéder à des capitaux à des prix plus bas que jamais ou qui ne pourront que remonter, vous seriez idiot de ne pas en profiter.
Je pense donc qu’un grand nombre d’entreprises ont gonflé leur bilan en obtenant des capitaux par divers moyens. C’est bon pour les entreprises, mais il y a aussi le revers de la médaille. La surembauche, par exemple.
Malheureusement, les journaux rapportent tous les jours de nouvelles mises à pied. En réalité, avec la plupart de ces mises à pied, les sociétés reviennent à la situation dans laquelle elles se seraient trouvées sans la vague d’euphorie de 2020 et 2021.
Et quand on examine tout ce qui s’est passé, tout bien considéré, en fin de compte, on s’est effectivement emballés trop vite, mais on est en fait en meilleure posture. Si des créateurs ou des gérants d’entreprises nous écoutent, ils sont sans doute en train de lever les yeux au ciel.
Mais le secteur technologique a pu capitaliser. Certaines entreprises paient le prix de cet emballement, mais dans l’ensemble, malgré ce qu’on lit dans les journaux, la situation du secteur est plutôt saine. Et je pense qu’il est bien positionné pour résister à ce qui s’en vient dans les deux prochaines années.
JEREMY WALKER : C’est une bonne transition vers la question que je voulais poser, qui est évidemment liée à ce sujet. Si on se projette en 2023 et au-delà, en supposant que l’on aille vers une réinitialisation, comme vous semblez le penser, comment voyez-vous les choses s’améliorer? Quels attributs les entreprises devront-elles montrer pour réussir?
DAMIEN STEEL : Malheureusement, je fais sans doute partie des gens les plus pessimistes pour ce qui est du marché actuel et de son avenir proche. Quand on observe les tendances historiques de l’écosystème technologique, on voit qu’il réagit avec un léger décalage.
Tout ce que je sais – à OMERS Ventures, on gère aujourd’hui un portefeuille de plus de 60 sociétés. Je peux vous dire, d’après des données réelles, que la plupart des entreprises n’ont pas connu de baisse sensible des indicateurs d’activité en 2022. Ça risque d’en surprendre quelques-uns, car quiconque a investi sur les marchés publics en 2022 s’est un peu arraché les cheveux.
Ce que l’on voit maintenant – On est au premier trimestre, et on commence tout juste à voir l’impact sur l’activité réelle du ralentissement du marché des 12 derniers mois. Pourquoi? En général, on traite avec des sociétés de logiciels. En général, ces sociétés négocient des contrats annuels. Il faut du temps pour que les évolutions se reflètent dans le système.
On commence tout juste à voir l’attrition monter en flèche dans les sociétés de logiciels parce que les renouvellements annuels s’en viennent, et les budgets sont réinitialisés pour 2023 dans tous les secteurs. Je peux vous dire que partout, on coupe les dépenses en logiciels, comme tout le reste – on coupe les effectifs, les budgets de voyage. Tout le monde se prépare à ce qu’on ressent depuis 12 mois et à ce qui nous attend.
J’ai vu une statistique intéressante mais alarmante l’autre jour. Le monde de la technologie est sans doute très content de lui en ce moment, parce qu’on sort d’un mois de janvier exceptionnel. Je crois que le NASDAQ a bondi d’un peu plus de 10 % en janvier. Mais revenons au dernier éclatement de la bulle technologique, en 2001. J’aimerais expliquer les chiffres de 2001.
En 2000, le NASDAQ a chuté d’environ 35 %. Ce n’est peut-être pas le chiffre exact, mais j’en suis assez proche. En janvier 2001, le NASDAQ a affiché un rebond de 12 %. C’est incroyable, et je ne l’avais pas réalisé, mais il y a eu quatre mois en 2001 où le NASDAQ était en hausse de plus de 10 %. Devinez où le NASDAQ a terminé cette année-là? Il a reculé de plus de 30 %. Cette histoire vous semble familière?
On peut faire le rapprochement avec aujourd’hui. Ce que j’essaye de dire aux créateurs d’entreprises avec qui on travaille, c’est qu’il ne faut pas être du mauvais côté de la barrière. Chez OMERS Ventures, on traite avec des sociétés qui brûlent des liquidités. La plupart, sauf quelques-unes, brûlent des liquidités, car c’est à cette étape qu’on investit dans ces sociétés.
Mais la plupart profitent aussi du fait qu’elles ont amassé beaucoup d’argent en 2021, comme je l’ai dit plus tôt. La bonne nouvelle, c’est qu’elles sont en bonne position. Mais on leur dit qu’elles n’ont pas le droit à l’erreur. Mieux vaut se dire dans quelques années qu’en fait, on aurait pu dépenser un peu plus, plutôt que l’inverse.
Ce n’est pas très plaisant, mais on dit à nos entreprises d’arrêter de brûler de l’argent, de gérer prudemment les dépenses malgré un surplus de liquidités extraordinaire sur le bilan. C’est vraiment une situation étrange pour une entreprise.
Quand j’envisage l’avenir, on dit aux entreprises – c’est un cliché, mais l’argent est roi. Vous devez prendre les rênes de votre destinée. Faites durer vos liquidités deux ou trois fois plus longtemps. Regardez au-delà de 2024. Ce n’est pas – J’espère que je me trompe, en passant. Ceci dit, je ne pense pas que c’est un phénomène propre à l’année 2023 ou 2022. Je pense qu’il faudra attendre que 2024 soit bien entamée, voire 2025, pour que la majorité du marché renoue vraiment avec la croissance. Il faut simplement s’y préparer.
D’un autre côté, si on prend les fonds de capital-risque, il s’est produit la même chose. Non seulement les entreprises technologiques ont levé plus d’argent que jamais ces deux dernières années, mais les fonds de capital-risque aussi. Et ça crée une dynamique très intéressante pour l’avenir.
Autre fait intéressant, c’est qu’en 2021 mais aussi en 2022, même s’il faut tenir compte d‘un débordement de 2021, les fonds de capital-risque d’Amérique du Nord ont levé en moyenne de 2 à 3 fois plus d’argent que les années précédentes. Et tout ce capital reste en attente.
En ce moment, ce capital n’est pas déployé. On pourrait discuter longuement des raisons derrière ce phénomène, mais l’argent est là. Il ne va pas disparaître. L’argent est là, en réserve, dans l’attente de plusieurs choses.
D’abord, les associés gérants, les fonds de capital-risque, comme nous – même si je dirais qu’OMERS occupe une place à part puisqu’en général, on gère notre propre capital et on n’a que quelques partenaires externes. On n’a pas beaucoup de partenaires externes. Mais beaucoup d’associés gérants partout dans le monde subissent de fortes pressions des investisseurs, des commanditaires, qui leur demandent de ne pas déployer le capital parce qu’ils traversent eux aussi des difficultés.
Mais ce capital est toujours là, et à un moment donné, ces restrictions vont être levées, et ces fonds... La nature des fonds de capital-risque, c’est d’investir. Ces fonds vont donc faire leur travail.
Et la deuxième dynamique qui est à l’œuvre en ce moment même, c’est l’écart entre la perception de la valeur d’une entreprise par son fondateur et ce qu’un fonds de capital-risque est prêt à payer. Cet écart commence à se resserrer. Les créateurs d’entreprises prennent beaucoup de temps à accepter que les évaluations ont changé.
Il faut une personnalité très particulière pour lancer une entreprise technologique, et beaucoup des attributs qui font la force de ces gens les empêchent aussi d’accepter facilement un changement de point de vue du marché. Et cet écart se rétrécit.
À l’avenir, d’excellentes entreprises vont recevoir du financement. C’est évident. Les évaluations seront bien plus proches des normes historiques. Les sociétés doivent montrer qu’elles gèrent sagement leurs dépenses, qu’elles ont un plan solide pour l’avenir, et qu’elles ont une feuille de route vers la rentabilité.
Elles n’ont pas besoin d’être rentables tout de suite, ni même l’an prochain, mais elles doivent pouvoir expliquer de façon crédible comment elles seront un jour rentables. Cela redevient tout à coup aussi important qu’avant, à l’exception de 2020 et 2021.
JEREMY WALKER : Vous travaillez dans ce métier depuis longtemps. Vous avez connu des hauts et des bas au moins une ou deux fois. Quand vous parlez aux créateurs des sociétés dans lesquelles vous investissez – je suppose qu’ils sont généralement plus jeunes et qu’ils n’ont pas traversé ces hauts et ces bas –
quel rôle jouez-vous auprès d’eux? Évidemment, vous pouvez parler du passé. Mais qui êtes-vous pour eux? Un coach? Un mentor? Un fervent partisan? Quelqu’un qui leur remet les pieds sur terre?
DAMIEN STEEL : Oui, tout ce qui précède. Et il n’y a pas que les créateurs d’entreprises qui sont jeunes et qui n’ont jamais vécu une telle situation. Soyons francs. Beaucoup d’investisseurs en capital-risque n’ont jamais vécu une telle situation. Donc oui, on doit injecter une saine dose de réalisme.
Ce n’est pas facile, parce qu’il y a des moments où on a l’impression de ne donner que des mauvaises nouvelles. Ce n’est pas ce que j’essaie de faire ici, ni avec les créateurs d’entreprises. On essaie simplement de leur faire profiter de ce qu’on a vécu, de notre expérience.
Il y a toutes sortes d’investisseurs en capital-risque. Certains géraient des entreprises, d’autres étaient dans la finance. Mais à mon avis, toutes ces compétences sont vite dépassées. Alors, qu’est-ce qu’on leur offre? On reconnaît des tendances, on a des réseaux, on est déjà passés par là. Et en plus, on travaille avec d’autres sociétés qui traversent les mêmes difficultés.
On essaie de partager avec eux des expériences passées. On leur dit que, même si personne n’a de boule de cristal, voici l’exemple d’une situation similaire et de la tournure que ça peut prendre. On les met en relation avec d’autres entreprises qui ont les mêmes problèmes. Je peux assurer aux jeunes entreprises technologiques qui se heurtent aux défis auxquels je fais allusion, qu’il y en a 1 000 autres qui vivent exactement la même chose.
On essaie donc de les rassembler. Ce que je leur dis, en plus de tout ce dont je viens d’évoquer, c’est de parler avec d’autres créateurs d’entreprises. Faites du réseautage. Entourez-vous de gens qui sont déjà passés par là. Entourez-vous de gens qui ont traversé la dernière crise. Et de gens qui vous respectent assez pour vous dire si vous faites fausse route.
À partir de là, vous serez bien placé pour tirer parti de – Le revers de la médaille, la bonne nouvelle, c’est que d’excellentes entreprises vont voir le jour dans les prochaines années. Le monde technologique évolue si vite en ce moment qu’il va y avoir des occasions à saisir.
Si vous arrivez à bien vous placer, c’est le moment idéal pour démarrer une entreprise, même si ça peut sembler étrange dans le contexte que j’ai dépeint.
JEREMY WALKER : Voilà qui répond en partie à la dernière question que je vais poser, mais passons en attendant à une autre question. Vous parliez du capital. Malgré les difficultés des 18 derniers mois, c’est formidable de voir plus de capitaux disponibles pour les entreprises technologiques au Canada. Ce sujet a souvent fait l’objet de critiques, surtout aux stades de démarrage, de croissance et de maturité.
OMERS Ventures a certainement joué un rôle important à cet égard. Dans quelle santé est l’écosystème technologique canadien du point de vue du capital?
DAMIEN STEEL : Je vais vous donner une réponse rapide, puis une mise en garde. Je pense que le secteur est en pleine forme. Je dis cela parce que l’écosystème a mûri. Quand je me suis lancé dans le capital-risque il y a 15 ans, quand j’étais à EdgeStone, on avait un fonds de 150 millions de dollars. C’était énorme à l’époque, pour le Canada.
La deuxième chose, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de fonds américains à venir investir chez nous. Aujourd’hui, il n’y a plus de frontière du point de vue des investisseurs. Il y a autant, sinon plus, d’investisseurs américains qui s’intéressent à nos entreprises que d’investisseurs canadiens.
Pour moi... ce sont des concurrents, mais pour les créateurs d’entreprises, c’est incroyable. C’est une excellente nouvelle. Parce qu’on reprochait aux investisseurs canadiens de ne pas avoir le goût du risque comme les investisseurs américains.
Eh bien, devinez quoi? Les investisseurs canadiens feraient bien de se secouer, sinon les investisseurs américains vont venir rafler toutes les bonnes affaires.
De ce point de vue, le marché est sain. Ma seule mise en garde serait que, d’après mon expérience, en temps de crise ou de difficulté, les investisseurs reviennent à ce qu’ils connaissent. C’est ce que j’ai observé en 2022, et je m’attends à ce que la même chose se produise en 2023. Les sociétés de capital-risque vont réduire les secteurs et les zones géographiques dans lesquels elles investissent. C’est la nature humaine. Quand les temps sont durs, on reste chez soi.
Pour ce qui est du Canada, je m’attends à voir moins de fonds américains dans le pays sur une très courte période. Je crois que ce sera très bref. Quand je suis en déplacement – On a maintenant un bureau dans la Silicon Valley. Chez les investisseurs américains, plus personne ne met en doute que le Canada est un pays fantastique pour les nouvelles entreprises technologiques.
C’est la bonne nouvelle, et je crois que l’on va retrouver très vite ce statut. Et donc, malgré tous ces bémols et le ton négatif, je suis globalement optimiste pour les cinq à dix prochaines années. Je crois que le Canada est incroyablement bien placé à beaucoup de niveaux.
JEREMY WALKER : Oui. Je suis heureux d’entendre ce point de vue et je le partage, d’après ce que j’observe dans mon métier. Très bien.
Pour terminer – en passant, Damien, quelle excellente conversation. Merci de m’accorder de votre temps aujourd’hui. Il y a toutes sortes de jeunes entreprises en démarrage. Pour ceux qui nous écoutent et qui ont déjà démarré ou songent à démarrer une entreprise de technologie, quel que soit l’objectif ou le secteur, quelles sont les clés de la réussite, selon vous?
DAMIEN STEEL : Même si c’est un cliché, je dirais l’équipe, d’abord et avant tout. Il y a bonne nouvelle, et j’en reviens en passant à nos conversations précédentes. Le grand point négatif en 2020 et 2021, c’est qu’on n’avait jamais eu tant de mal à embaucher des talents. Les temps ont changé. Les talents sont là.
Pour ceux qui créent une entreprise pour la première ou la deuxième fois, il faut mettre l’accent sur la mise en place de la bonne équipe. Je préfère investir dans une excellente équipe que dans une excellente entreprise, parce que je sais d’expérience qu’une entreprise va devoir changer au fil du temps. Et à moins d’avoir la bonne équipe, elle ne pourra pas évoluer.
Et vraiment... C’est ce que je dis toujours aux créateurs d’entreprises. Si je prends les sociétés dans lesquelles j’ai investi, la plupart, sinon toutes celles qui ont réussi – c’est-à-dire celles qui se sont vendues ou qui ont été introduites en bourse – la plupart avaient changé légèrement ou radicalement d’activité par rapport au jour où l’on a décidé d’investir.
Qu’est-ce qu’on peut en conclure? Que le modèle d’affaires de l’entreprise se transforme au fil du temps. Par contre, avec un peu chance, l’équipe de base ne change pas. Alors, concentrez-vous vraiment sur cette équipe initiale. Et encore une fois, pour revenir à tout ce dont on a parlé, ce n’est pas le moment de dépenser plus que vos concurrents. Maîtrisez votre destinée, levez des fonds quand vous avez besoin. Il est plus important que jamais de gérer ce capital de façon intelligente. Maîtrisez votre destinée.
Et une dernière chose pour les jeunes entreprises : prouvez votre valeur. Prouvez-la tôt, et n’hésitez pas à simuler au besoin. Ne faites pas... Ne travaillez pas d’arrache-pied pendant cinq ans pour constater au final que personne ne veut payer pour ce que vous faites.
De nos jours, il y a beaucoup de moyens de prouver la valeur. Prouvez rapidement votre valeur, et je vais me répéter : entourez-vous de gens de confiance qui vous diront si vous faites fausse route. Si vous avez cette démarche, c’est le moment idéal pour démarrer une entreprise.
JEREMY WALKER : C’est une bonne réponse. Damien, merci beaucoup. Pour terminer, je vais peut-être un peu m’écarter du sujet. Je voulais avoir votre point de vue sur ChatGPT.
Vous regrettez sans doute de ne pas avoir investi là-dedans. C’est mon cas. Beaucoup de battage positif et négatif. Le modèle semble fantastique, selon l’utilisation qu’on en fait. C’est potentiellement négatif si vous êtes à l’école secondaire ou si vous rédigez une thèse. Est-ce une révolution et vers où se dirige-t-on, à votre avis?
DAMIEN STEEL : Je vais aller plus loin, et je dirais que pour le secteur ou en termes d’influence, ChatGPT est potentiellement aussi significatif que l’avènement du mobile. Ce que je veux dire par là – Je rappelle que je ne suis pas technologue. Pour blaguer, je dis que si je ne suis pas le plus incompétent de l’équipe en la matière, on a un gros problème. Je m’excuse donc auprès des techniciens qui m’écoutent si je me trompe.
Mais je ne pense qu’aucune autre technologie des 15 dernières années n’ait autant le potentiel de perturber les entreprises et les marchés que l’IA générative.
JEREMY WALKER : D’accord.
DAMIEN STEEL : Et au-delà des entreprises et des marchés, si vous avez des enfants à l’école secondaire, réveillez-vous : ils l’utilisent tous. Je suis pas mal certain que ma mère n’écoutera pas ce balado, alors j’avoue. Je lui ai écrit sa carte de Noël avec ChatGPT.
JEREMY WALKER : Sérieusement?
DAMIEN STEEL : Elle était en larmes lorsqu’elle l’a lu. Je ne lui ai toujours pas dit que c’est une IA qui l’avait écrite. Maman, si tu écoutes ça, je suis vraiment désolé. Mais ça montre que ChatGPT a déjà un impact dans nos vies quotidiennes, parfois à notre insu.
JEREMY WALKER : D’accord.
DAMIEN STEEL : Pour moi, c’est un signe annonciateur que l’on doit prendre la mesure de cette technologie. On doit réfléchir à son impact sur notre portefeuille en tant qu’investisseur de capital-risque. Chez OMERS, avec le conseil d’administration, on s’interroge sur les répercussions sur toutes les entreprises que l’on gère. À mon sens, l’impact est énorme.
Je n’ai pas de boule de cristal, mais on met les bouchées doubles pour prendre les devants, et c’est passionnant.
JEREMY WALKER : Oui. Je trouve aussi. Excellente réflexion. Eh bien, c’est tout. Merci infiniment. J’ai vraiment apprécié notre discussion, et j’espère que nos auditeurs aussi.
DAMIEN STEEL : Merci d’avoir reçu. C’est toujours un plaisir.
ANNONCEUSE : Merci d’avoir écouté Point de vue, un balado de Valeurs Mobilières TD. Si vous avez aimé cet épisode, abonnez-vous à la série sur Apple Podcasts ou votre plateforme de baladodiffusion préférée. Pour accéder à du contenu de leadership éclairé, visitez tdsecurities.com. Et suivez-nous sur LinkedIn pour connaître les nouvelles de Valeurs Mobilières TD. Consultez au besoin les mentions juridiques pertinentes liées à ce balado sur la page de l’épisode Points de vue de notre site Web.
Ce balado ne doit pas être copié, distribué, publié ou reproduit, en tout ou en partie. Les renseignements contenus dans cet enregistrement ont été obtenus de sources accessibles au public, n’ont pas fait l’objet d’une vérification indépendante de la part de Valeurs Mobilières TD, pourraient ne pas être à jour, et Valeurs Mobilières TD n’est pas tenue de fournir des mises à jour ou des changements. Toutes les références aux cours et les prévisions du marché sont en date de l’enregistrement. Les points de vue et les opinions exprimés dans ce balado ne sont pas nécessairement ceux de Valeurs Mobilières TD et peuvent différer de ceux d’autres services ou divisions de Valeurs Mobilières TD et de ses sociétés affiliées. Valeurs Mobilières TD ne fournit aucun conseil financier, économique, juridique, comptable ou fiscal ou de recommandations dans ce balado. Les renseignements contenus dans ce balado ne constituent pas des conseils de placement ni une offre d’achat ou de vente de titres ou de tout autre produit et ne doivent pas être utilisés pour évaluer une opération potentielle. Valeurs Mobilières TD et ses sociétés affiliées ne font aucune déclaration ou ne donnent aucune garantie, expresse ou implicite, quant à l’exactitude ou à l’exhaustivité des déclarations ou des renseignements contenus dans le présent balado et, par conséquent, déclinent expressément toute responsabilité (y compris en cas de perte ou de dommage direct, indirect ou consécutif).
Damien Steel
Associé directeur et chef mondial, Capital de risques d’OMERS Ventures
Damien Steel
Associé directeur et chef mondial, Capital de risques d’OMERS Ventures
Damien Steel
Associé directeur et chef mondial, Capital de risques d’OMERS Ventures
OMERS Ventures investit mondialement dans les technologies en développement et fait partie d’OMERS, géant canadien des régimes de retraite. M. Steel s’est joint à l’équipe en 2011 et dirige depuis les investissements du groupe dans des entreprises technologiques en démarrage qui changent la donne. Le groupe compte maintenant plus de 60 sociétés en portefeuille, totalisant des actifs gérés de plus de 2 G$, ainsi qu’une équipe d’investisseurs et d’exploitants en Amérique du Nord et en Europe. Avant de se lancer dans le capital de risque, M. Steel a lui-même fondé, développé, puis vendu un laboratoire dentaire numérique en démarrage. En dehors du travail, il est un passionné de golf et de poker. Il est également membre du cabinet de campagne de la Fondation pour l’aide à l’enfance.
Jeremy Walker
Président suppléant et chef mondial, Communications, médias et technologie, Services bancaires d’investissement, Valeurs Mobilières TD
Jeremy Walker
Président suppléant et chef mondial, Communications, médias et technologie, Services bancaires d’investissement, Valeurs Mobilières TD
Jeremy Walker
Président suppléant et chef mondial, Communications, médias et technologie, Services bancaires d’investissement, Valeurs Mobilières TD
Jeremy supervise les activités des Services bancaires d’investissement de notre société dans les secteurs des communications, des médias et des technologies par l’entremise d’équipes au Canada et aux États-Unis. À titre de chef, groupe mondial des communications, médias et technologie, il est responsable de l’ensemble de la commercialisation, de la structuration et de l’exécution des produits de Finances, de Services bancaires aux grandes entreprises et des services-conseils sur les fusions et acquisitions, tant à l’échelle nationale que transfrontalière.