La médicalisation des soins de beauté avec Rion Aesthetics
Invitée : Alisa Lask, cheffe de la direction, Rion Aesthetics
Animateur : Oliver Chen, analyste, Produits de détail et de luxe, TD Cowen
Dans cet épisode, Alisa Lask, cheffe de la direction de Rion Eesthetics, une société d’esthétique régénérative qui met au point des molécules extraites des tissus humains pour les soins de la peau, discute de la convergence entre le bien-être, les soins de beauté et la technologie des exosomes dérivés des plaquettes. Pratiquant depuis plus de 15 ans une science visionnaire, Rion veut transformer le marché de l’esthétique régénérative.
Chaptres: | |
---|---|
1:44 | Qu’est-ce que Rion Aesthetics? |
2:24 | Pourquoi utiliser des molécules extraites de tissus humains? |
2:55 | Quel était le point de départ? |
3:35 | Quel est votre produit phare? |
4:13 | Comment définissez-vous l’efficacité? |
4:54 | Réflexions sur la distribution |
5:25 | Qu’est-ce que la médecine esthétique? |
5:53 | L’intersection entre la médecine sociale et esthétique |
6:14 | Qu’est-ce que les exosomes? |
7:00 | Nature de la concurrence |
8:04 | Comment conciliez-vous croissance et rentabilité? |
8:40 | Quelle est la principale difficulté liée aux exosomes? |
9:45 | Molécules dérivées des plantes ou des tissus humains |
10:53 | Former une communauté pour la sensibilisation et le marketing |
11:52 | Fidéliser les clients |
12:44 | Stratégie liée aux produits et à l’assortiment |
13:12 | Chaîne d’approvisionnement |
14:05 | L’avenir des soins de beauté |
18:22 | Stratégie de prix |
18:53 | Innovation liée aux exosomes et expansion de la catégorie |
Ce balado a été enregistré le 12 septembre 2024.
Locuteur 1 :
Bienvenue au balado Insights de TD Cowen. Il réunit des penseurs de premier plan qui offrent leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Oliver Chen :
Transformer le marché de l’esthétique régénérative par la médicalisation des soins de beauté et de la peau C’est un plaisir d’animer ce balado de la série Visionnaires du commerce de détail. Ici Oliver Chen, analyste, Produits de détail et de luxe pour TD Cowen. Je suis en compagnie d’Alisa Lask, cheffe de la direction de Rion Aesthetics. L’enregistrement a lieu en direct du One Vanderbilt, à New York, juste avant le cocktail Glowing Ahead organisé par TD Cowen pour l’industrie de la beauté. Cet épisode explore la convergence entre le bien-être, la beauté et les compétences de base de Rion Eesthetics, une société d’esthétique régénérative innovante qui fait appel à la technologie des exosomes dérivés des plaquettes pour restaurer le cuir chevelu et traiter les rides du visage.
J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Alisa Lask, cheffe de la direction de Rion Aesthetics. Alisa a fait ses preuves à la direction d’entreprises complexes de premier plan dans les secteurs des soins esthétiques, cliniques et cosmétiques, notamment à Galderma, Allergan, Zimmer et Eli Lilly. Plus récemment, elle était vice-présidente et directrice générale chez Galderma pour le secteur de l’esthétique aux États-Unis. Au cours de son mandat, elle a supervisé 10 approbations de la FDA et plusieurs expansions de la force de vente. Alisa, c’est un plaisir de vous recevoir.
Alisa Lask :
Merci de m’avoir invitée.
Oliver Chen :
Qu’est-ce que Rion Aesthetics? Quelles en sont les valeurs? En quoi l’entreprise se distingue-t-elle et qu’entend-on par la médicalisation des soins de la peau?
Alisa Lask :
Ce sont d’excellentes questions. Le sujet est très en vogue parce que tout le monde cherche des produits efficaces. Rion Aesthetics est un pionnier dans l’utilisation de molécules dérivées de tissus humains pour les soins de la peau. Pendant des années, on a enduit le visage de produits chimiques et d’extraits de plantes, mais on n’a jamais su tirer parti de la force du corps humain et de sa capacité à guérir et à renouveler la peau. Et la science a finalement compris que c’était possible grâce à une molécule stabilisée qu’on peut utiliser chaque jour pour prendre soin de sa peau.
Oliver Chen :
Pourquoi utiliser des molécules extraites de tissus humains? De quoi s’agit-il?
Alisa Lask :
Nos molécules sont d’origine humaine. On les extrait de plaquettes propres à la transfusion données par des banques de sang partout aux États-Unis. Et ces plaquettes ont un pouvoir. Quand on se coupe à la main, qui arrive d’abord en renfort? Le sang, les plaquettes. Les plaquettes ont une capacité unique de renouveler la peau.
Oliver Chen :
Quel était le point de départ? Tout le monde se soucie de l’efficacité. Peut-on s’attendre à des résultats? Pourquoi est-ce que c’est mieux?
Alisa Lask :
Nos résultats sont le fruit de 15 ans de recherche scientifique auprès de patients cardiaques, un investissement de plus de 150 millions de dollars. Nos fondateurs, des spécialistes reconnus mondialement dans le domaine de la médecine régénérative, en ont étudié les retombées chez des patients victimes d’une crise cardiaque. Dès le début de l’étude, ils ont remarqué en laboratoire que le port de gants de latex leur causait des irritations. Et s’ils appliquaient cet extrait de plaquettes sur leurs mains, l’exosome humain améliorait leur peau. Ils ont conclu qu’ils avaient probablement découvert une substance pour traiter la peau. Ils se sont mis à formuler de nouveaux produits.
Oliver Chen :
Parlez-nous de votre produit novateur à base de plaquettes et de votre assortiment en général.
Alisa Lask :
Oui. Notre produit phare s’appelle (plated) INTENSE. C’est un sérum d’emploi quotidien. Nos essais cliniques ont donné des résultats en seulement six semaines, ce qui est très encourageant par rapport à nos attentes liées aux propriétés anti-vieillissement. C’est une sorte de produit tout-en-un. Ça s’apparente à la technologie intelligente. Son action multifactorielle vient écarter beaucoup de produits utilisés dans les soins de la peau.
Oliver Chen :
Je l’emploie tous les jours. J’en suis très satisfait. Qu’en est-il des résultats cliniques? Comment se présentent-ils? Comment définissez-vous l’efficacité?
Alisa Lask :
Comme il s’agit d’une nouvelle technologie, on voulait la tester. On a choisi un établissement très connu à Rochester, au Minnesota, pour garantir la qualité de nos études cliniques. Et on ne s’est pas contentés de cinq ou sept patients, comme beaucoup d’études. En fait, on a réuni un groupe de 60 patients. L’étude s’est poursuivie durant six mois. Du point de vue histologique, on voulait voir ce qui se passait à la surface de la peau, mais aussi sous la peau. Les résultats les plus intéressants ont souligné la luminosité, la texture et le teint de la peau. Mais, on a aussi constaté une réduction des taches brunes, des rides et, sous la peau, une amélioration du collagène et de l’élastine.
Oliver Chen :
Quelles sont vos réflexions sur la distribution et votre façon de l’aborder?
Alisa Lask :
Quand j’ai rencontré les fondateurs, la stratégie initiale consistait à cibler le marché de détail. Je les ai convaincus, grâce à ma formation et à mon expérience en médecine esthétique avec des produits injectables, qu’il fallait distribuer cette technologie très complexe – personne ne connaissait les exosomes – par l’entremise de médecins et de fournisseurs du domaine de la médecine esthétique. Actuellement, notre stratégie de vente vise les fournisseurs du domaine de la médecine esthétique au pays.
Oliver Chen :
Qu’est-ce que la médecine esthétique? On voit des jeunes de 10 ans chez Sephora. Tout le monde connaît aussi la chaîne cosmétique Ulta. Quelle comparaison pourriez-vous faire pour expliquer la médecine esthétique?
Alisa Lask :
Oui. L’établissement, par exemple un spa, doit être sous la supervision d’un fournisseur de soins médicaux : médecin, chirurgien plasticien, dermatologue, etc. Il peut avoir sous ses ordres des infirmières praticiennes et des esthéticiennes, mais la clinique doit proposer un volet médical.
Oliver Chen :
Quelle évolution envisagez-vous dans un monde où la communauté et les influenceurs sur TikTok investissent le commerce de détail? Quelle est l’intersection avec la médecine esthétique, le cas échéant?
Alisa Lask :
L’intersection est évidente quand on voit des employés de bureau sur TikTok transmettre l’information. Des infirmières, praticiennes ou non, et des médecins expliquent ce que sont les exosomes et pourquoi les intégrer aux soins de la peau quotidiens.
Oliver Chen :
Pouvez-vous nous faire une présentation à la TikTok? Qu’est-ce que les exosomes?
Alisa Lask :
Bien sûr. Les exosomes se comparent à un message dans une bouteille. Ce message se communique d’une cellule à l’autre dans l’organisme. On a des milliers d’exosomes, des milliers de messages, et celui qu’on utilise favorise le renouvellement cellulaire. Ça permet de renouveler la peau et de l’améliorer.
Oliver Chen :
Comment avez-vous découvert ce message?
Alisa Lask :
C’est pourquoi les scientifiques ont mis tant d’années à nous rattraper. Il leur fallait comprendre l’origine de la meilleure source. Et on s’est rendu compte qu’on pouvait extraire des exosomes de nombreuses façons. On entend parler de différentes sources, mais les plaquettes ont cette capacité unique de produire une grande quantité d’exosomes régénératifs.
Oliver Chen :
Qu’est-ce qu’on utilisait avant les plaquettes? Quelle est la nature de votre concurrence?
Alisa Lask :
La clientèle utilisait un facteur de croissance haut de gamme, mais cette technologie est dépassée. Les facteurs de croissance représentent une lettre de l’alphabet cellulaire, alors que l’exosome englobe l’alphabet au complet. C’est pourquoi cette technologie est si novatrice. On n’a plus besoin de 50 flacons sur le meuble-lavabo; la technologie des exosomes peut faire beaucoup de choses.
Oliver Chen :
Les facteurs de croissance peuvent paraître aussi inquiétants qu’attirants quand on n’en a jamais entendu parler. De quoi s’agit-il?
Alisa Lask :
En termes simples, les facteurs de croissance activent un récepteur extracellulaire qui incite les cellules à faire certaines choses. Comme je l’ai dit, le message est partiel, et non pas complet. Et les facteurs de croissance comportent certains aspects négatifs. On rapporte que le cancer chez certaines personnes se serait aggravé parce que les facteurs de croissance stimulaient le renouvellement cellulaire.
Oliver Chen :
Qu’est-ce qui fait qu’on obtient l’alphabet complet?
Alisa Lask :
Fait intéressant, les exosomes pénètrent dans la cellule en émettant un signal. Pour en revenir au message dans la bouteille, le message entre dans la cellule. L’effet est plus large parce que la cellule accepte le message; elle ne se contente pas d’être liée à un récepteur externe.
Oliver Chen :
À titre de leader, comment conciliez-vous croissance et rentabilité?
Alisa Lask :
On privilégie l’éducation. On veut que cette technologie soit perçue comme étant légitime. Malheureusement, les exosomes sont devenus à la mode et attirent beaucoup de charlatans. On insiste sur l’importance de faire preuve de rigueur scientifique et de mener des études. On ne bricole pas d’exosomes dans son garage. On a mis 15 ans à apprendre comment stabiliser les exosomes. Ils ne se conservent pas très longtemps. Il faut beaucoup de travail et de technologie pour les transformer en soins de la peau.
Oliver Chen :
Quelle est la principale difficulté liée aux exosomes? Quels sont les points importants soulignés dans vos efforts de communication?
Alisa Lask :
Les exosomes aiment un certain environnement. Quand on commence à utiliser notre produit issu de la recherche dermatologique à base de plaquettes, il faut l’appliquer après avoir nettoyé la peau. Les écrans solaires, le maquillage, les fixatifs, etc., contiennent une foule d’ingrédients qui peuvent interagir et qui, en fait, détruisent les exosomes. Il faut d’abord appliquer notre produit, le laisser sécher, puis utiliser ses autres produits habituels. Comme je l’ai dit, les exosomes aiment un certain environnement, et on ne connaît pas les interactions que les autres produits peuvent causer.
Oliver Chen :
Quels autres aspects est-il important de communiquer à propos des exosomes et qu’est-ce qui attire les charlatans?
Alisa Lask :
Les charlatans sont attirés par la popularité du secteur. La production répond tout juste à la demande. Comme on manquait d’espace, on occupe maintenant une usine de 12 000 pieds carrés à Rochester, au Minnesota. Les nouvelles technologies plaisent. On ne demande pas à un fournisseur de soins esthétiques de parler de ses anciens produits, mais pluôt de ceux qui s’en viennent. On veut savoir ce qu’on peut faire de plus pour prendre soin de sa peau. Le sujet retient l’intérêt parce qu’il s’agit d’une percée scientifique, et tout le monde veut en profiter.
Oliver Chen :
Alisa, on connaît les exosomes d’origine végétale. Quelle est la différence avec les exosomes extraits de tissus humains?
Alisa Lask :
Oui, la question nous est souvent posée. C’est intéressant. Les exosomes d’origine végétale ne communiquent pas avec les cellules humaines. Il n’y a aucune donnée publiée à cet effet. L’utilisation d’exosomes d’origine végétale se compare à manger une carotte. On obtient les nutriments sans profiter de la percée scientifique dont on a parlé, c’est-à-dire la communication d’une cellule humaine à l’autre.
Oliver Chen :
Par souci d’efficacité, la distribution liée à une occasion aussi formidable pourrait-elle mener à vous adresser directement aux consommateurs? Qu’est-ce qui pourrait arriver?
Alisa Lask :
On aurait pu le faire, mais on voulait informer les consommateurs et légitimer le secteur, au lieu de simplement jouer la carte du marketing et de l’engouement. On mise sur l’authenticité. Notre produit s’appelle « (plated) » parce qu’on veut souligner que les plaquettes en sont la source. On n’a rien à cacher. On joue franc jeu avec les consommateurs en parlant des études, du mécanisme d’action. On ne donne pas dans le battage publicitaire, les célébrités, le paiement au clic, etc. On cherche à informer par l’entremise de fournisseurs associés à la médecine esthétique.
Oliver Chen :
La communauté constitue un thème majeur. Quel rôle joue-t-elle dans votre vision sur le plan de la notoriété et du marketing?
Alisa Lask :
C’est important, la communauté. On aimerait la développer davantage. C’est un potentiel qu’on va chercher à exploiter plus tard. Actuellement, on s’attache encore à consolider nos fondations. Le chantier n’a que quelques années.
Oliver Chen :
Si on remonte dans le temps, à quoi compareriez-vous cette révolution issue des exosomes et des plaquettes? Certaines analogies sont-elles frappantes?
Alisa Lask :
J’espère que si on se retrouve ici dans trois ou cinq, on va parler des exosomes extraits des plaquettes comme du traitement de référence pour la peau, l’équivalent du rétinol à l’époque.
Oliver Chen :
Ce serait toute une révolution. Le rétinol a vraiment laissé sa marque.
Alisa Lask :
Tout à fait.
Oliver Chen :
Quels sont vos principaux défis si vous voulez privilégier la croissance et exploiter les occasions?
Alisa Lask :
Il faut surtout expliquer pourquoi il faut incorporer les exosomes aux soins de la peau et pourquoi les exosomes dérivés des plaquettes humaines sont meilleurs.
Oliver Chen :
On parle aussi de la valeur à vie du client; bien entendu, la fidélisation est très importante. Comptez-vous favoriser la fidélisation et maximiser la valeur à vie du client?
Alisa Lask :
C’est important. La bonne nouvelle, ce que nos taux de fidélisation sont très élevés. Notre taux de renouvellement des commandes dépasse la moyenne de l’industrie. Et on amorce tout juste notre croissance. Notre offre actuelle est limitée et on reçoit des suggestions dans bien d’autres domaines. L’évolution de l’entreprise va ouvrir de nombreux autres débouchés.
Oliver Chen :
Parlez-nous de votre technologie baptisée « Renewosome ». De quoi s’agit-il?
Alisa Lask :
Il s’agit d’une technologie exclusive, qui fait appel aux exosomes dérivés des plaquettes. On est la première et la seule entreprise capable d’extraire des exosomes des plaquettes. On détient un brevet sur cette technologie. Personne d’autre ne peut en dire autant. C’est pourquoi l’entreprise utilise la marque de commerce « (plated) », comme je l’ai dit. On croit vraiment aux exosomes dérivés des plaquettes. C’est notre facteur de différenciation.
Oliver Chen :
Alisa, comment envisagez-vous l’évolution de votre produit phare et de votre assortiment, au fil des occasions qui vont se présenter?
Alisa Lask :
Notre produit phare actuel s’appelle INTENSE. La plus grande erreur de bien des entreprises en démarrage est de vouloir développer trop de produits trop rapidement et de négliger les arguments scientifiques. On va se concentrer sur quelques produits, promouvoir les arguments scientifiques, légitimer le secteur et les exosomes, et asseoir notre crédibilité pour être perçu comme le chef de file dans le domaine.
Oliver Chen :
Qu’en est-il de votre chaîne d’approvisionnement? Vous en avez parlé plus tôt; ça peut constituer un avantage concurrentiel et c’est très important pour de nombreuses raisons. Quelle est votre approche sur ce plan et quelle est votre affectation du capital par rapport à la rapidité et au contrôle?
Alisa Lask :
La fabrication se fait exclusivement à Rochester, au Minnesota. On confie en sous-traitance le remplissage et la finition, mais on va rapatrier ces activités chez nous en bonne partie. On cherche à prendre en charge ce processus. C’est important pour nous d’être transparents. Quand on extrait des substances biologiques de tissus humains, il faut prendre en charge le processus. C’est important de comprendre ce qui se passe entre l’entrée et la sortie. Le consommateur doit obtenir le produit recherché.
Oliver Chen :
Quel aspect du travail vous plaît le plus?
Alisa Lask :
J’aime ouvrir la voie et défricher dans l’idée de transmettre un héritage en matière de soins esthétiques. Personne n’a encore fait ça. Comme je l’ai dit, on est la première et la seule entreprise à offrir ce produit. J’aimerais voir dans deux ans qu’on a réussi à se tailler un créneau.
Oliver Chen :
Et qu’entrevoyez-vous pour l’avenir des soins de beauté et de la peau? Comment les soins esthétiques risquent-ils d’évoluer dans les dix prochaines années?
Alisa Lask :
Je pense que la convergence entre les soins de beauté et la santé va se poursuivre. Les consommateurs veulent des produits efficaces fondés sur la recherche scientifique et des études cliniques. C’est pourquoi j’ai consacré une bonne partie de ma carrière aux soins de santé. Les études cliniques ne doivent pas se contenter d’un ou deux patients et de photos pour prétendre que le produit est efficace. L’industrie de la beauté arrive à ce stade de maturité. Les consommateurs sont mieux informés et ils posent des questions. On veut savoir combien de patients comportait l’étude, à quelle fréquence le produit était appliqué. On cherche à comprendre comment on peut obtenir des résultats cliniques sans mener d’étude clinique sérieuse.
Oliver Chen :
Dans une perspective plus large, quelles questions les consommateurs devraient-ils poser sur les études en général?
Alisa Lask :
Oui, ils devraient s’informer du nombre de patients de l’étude, des établissements qui y ont participé, de la qualité de leurs travaux de recherche et vérifier s’il s’agit de sites à caractère commercial attirés par l’appât du gain. Ils doivent aussi se demander si les résultats sont significatifs sur le plan statistique, parce que ça change la donne. La FDA n’accorde pas d’autorisation sans études pharmaceutiques. Je pense que cette exigence est nécessaire dans l’industrie de la beauté. On ne peut pas se contenter de dire que deux personnes sur dix partagent une opinion donnée.
Oliver Chen :
Oui. Et Rion peut compter sur de solides partenariats. Pourriez-vous expliquer en quoi ils soutiennent vos compétences de base?
Alisa Lask :
Oui, bien sûr. La raison d’être de l’entreprise est avant tout médicale. On a trois divisions. Rion Medical vient de déposer le dossier pour une nouvelle drogue de recherche dans l’arthrose du genou. On en est aux études de phase 2 autorisées par la FDA pour la cicatrisation des blessures. On a reçu deux subventions du département de la Défense. Les applications médicales des exosomes sont très prometteuses. Mais la FDA n’a encore approuvé aucun exosome. Il faut le dire, parce que certains intervenants en soins esthétiques tentent d’injecter des exosomes, même si c’est interdit. Seule l’application topique d’exosomes en soins esthétiques est autorisée.
Oliver Chen :
Vous soulevez un bon point. Beaucoup d’information circule en ligne. Quelles recommandations feriez-vous aux auditeurs pour trier le vrai du faux en matière de sécurité et d’efficacité?
Alisa Lask :
Oui. C’est intéressant que vous le souligniez parce que maintenant les médias rédigent souvent des articles payants au clic.
Oliver Chen :
Oui, on ne peut jamais savoir.
Alisa Lask :
Oui. Il faut miser sur les fournisseurs de soins de santé; je pense aux dermatologues, aux chirurgiens plasticiens, à ceux qui rédigent des articles à partir de travaux et de données scientifiques.
Oliver Chen :
L’autre sujet d’actualité parmi les dirigeants d’entreprise concerne l’adoption d’une routine pour les soins de la peau chez les enfants d’à peine dix ans. Qu’est-ce que les parents devraient surveiller? De quoi les leaders devraient-ils se soucier sur le plan éthique?
Alisa Lask :
Il faut éviter aux enfants cet engrenage. Il y a bien d’autres choses auxquelles s’intéresser à cet âge; on ne devrait pas vendre des soins de beauté aux enfants. Même en médecine esthétique, les injections de Botox commencent parfois à un très jeune âge. C’est à nous les fabricants d’éviter que notre marketing cible ou encourage les jeunes à utiliser des produits dont ils n’ont pas besoin.
Oliver Chen :
Votre expérience en médecine esthétique contribue nettement à vous distinguer. Quelle incidence la démographie peut-elle avoir sur les canons de la beauté et les soins esthétiques auprès de la population en général? Les soins de beauté séduisent une clientèle très ethnique et jeune.
Alisa Lask :
On observe une certaine normalisation dans le temps. À l’heure actuelle, seulement environ 7 % de la population fait appel à la médecine esthétique. Et des dizaines de millions d’autres patients s’y intéressent. La croissance devrait se poursuivre. Quand j’ai commencé à travailler pour certaines grandes marques, comme Botox ou Juvederm, personne ne voulait parler de ça à table au dîner. Et encore moins en famille à l’Action de grâce; c’était une source d’embarras. Maintenant on en parle ouvertement. On est moins dans la stigmatisation. Par contre, on déplore les injections ou les chirurgies mal exécutées, malgré une certaine normalisation. Il y a des années, les femmes refusaient de teindre leurs cheveux; ça ne passait pas. Aujourd’hui, c’est presque inacceptable de les laisser grisonner. La médecine esthétique est appelée à prendre de l’ampleur. Qu’il s’agisse des injections ou des traitements au laser, tout ça va jouir d’une bien plus grande acceptabilité.
Oliver Chen :
J’associe médecine esthétique et coût élevé. Combien coûte votre produit et que pensez-vous des prix, notamment pour les chirurgies, dans le domaine en général?
Alisa Lask :
Nos prix sont semblables à ceux de la plupart des produits au bureau du médecin. Les consommateurs se procurent souvent une foule de produits inefficaces. Il vaut mieux en acheter un seul au bureau du médecin, mais qui a fait ses preuves.
Oliver Chen :
Qu’envisagez-vous pour les exosomes en matière d’innovation concernant les soins capillaires et corporels? J’imagine que les occasions sont nombreuses.
Alisa Lask :
Rion Aesthetics possède deux divisions : les soins cosmétiques, c’est-à-dire (plated) Skin Science, et la division en lien avec la FDA. Une licence permet d’utiliser contre rémunération les exosomes autorisés par la FDA, ceux qui ont fait l’objet des essais cliniques mentionnés tout à l’heure, en contexte de médecine esthétique. On travaille sur le dossier des exosomes injectables autorisés par la FDA pour la perte de cheveux et les rides. Le marché américain des produits de comblement dermique se chiffre à 1,5 milliard de dollars et connaît une croissance élevée à un chiffre. Le marché est énorme, mais se limite au comblement des lèvres et des joues. Les clients ont l’air de Daffy Duck. L’esthétique régénératrice pourrait remplacer les injections et permettre aux cellules de se renouveler plus sainement. Les cellules zombies associées à la sénescence cellulaire sont un sujet d’actualité. On espère poursuivre les études expérimentales avec la FDA pour pouvoir utiliser les injections et ralentir la sénescence cellulaire, c’est-à-dire le vieillissement des cellules.
Oliver Chen :
Oui, personne ne veut ressembler à Daffy Duck. C’est certain.
Alisa Lask :
De fait, personne ne veut ressembler à Daffy Duck.
Oliver Chen :
Qu’entendez-vous par « cellules zombies »?
Alisa Lask :
Ça renvoie au vieillissement des cellules, qui entrent en dormance et se détériorent. Par analogie, si on glisse une pomme pourrie dans un panier de pommes saines, avec le temps, les saines vont aussi pourrir. C’est la même chose pour le vieillissement des cellules. Quand une cellule commence à vieillir, c’est comme si elle disait aux autres de faire la même chose. Il faut interrompre ce vieillissement. C’est la quête du Graal. Et on espère que les exosomes approuvés par la FTA pourront être injectés pour traiter les rides, augmenter le collagène et l’élastine et ralentir la production de cellules zombies, c’est-à-dire la sénescence cellulaire.
Oliver Chen :
Wow. On a abordé beaucoup de sujets intéressants pour améliorer son apparence, se sentir mieux et bénéficier de la science en ce qui a trait au vieillissement et aux soins de la peau. En conclusion, qu’est-ce que l’on comprend moins bien? Et quel serait votre mot de la fin, Alisa?
Alisa Lask :
À mes yeux, on comprend mal qu’il n’est pas nécessaire d’avoir toute une panoplie de produits pour prendre soin de sa peau. Il existe des solutions simples pour éviter de multiplier les produits. Je n’aime pas la complexité et devoir cumuler les tâches. Notre solution simplifie vraiment la routine associée aux soins de la peau.
Oliver Chen :
Voilà une excellente conclusion. Mieux vaut ne pas trop en faire! Je retiens aussi la convergence entre médicalisation, efficacité et exosomes, une avancée durable qui va marquer le temps. Merci de votre participation. C’était un plaisir de vous recevoir.
Alisa Lask :
Merci de m’avoir invitée.
Intervenante 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.
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Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen est directeur général et analyste de recherche principal sur les actions, et il s’occupe des produits de détail et de luxe. Sa compréhension approfondie du consommateur et sa capacité à prévoir les dernières tendances et les changements technologiques qui toucheront les espaces des services de détail lui ont permis de se démarquer de ses pairs. Sa vaste couverture et son regard attentif font de lui le partenaire de réflexion des chefs de file des services bancaires de détail et de la marque. Sa couverture du secteur du commerce de détail a donné lieu à de nombreux prix sectoriels et à une couverture médiatique de CNBC, de Bloomberg, du New York Times, du Financial Times, du Barron’s et du Wall Street Journal, entre autres. M. Chen a fait partie du classement de l’équipe All-America Research du magazine Institutional Investor en 2018 et en 2017 à titre d’analyste de premier plan dans le secteur des produits non durables des commerces de détail, des grands magasins et des magasins spécialisés. M. Chen a également été choisi comme une personne d’influence de premier plan dans le secteur du commerce de détail; son nom figure sur la List of People Shaping Retail’s Future de 2019 de la National Retail Federation Foundation. Considéré comme un expert du secteur, M. Chen prend souvent la parole dans le cadre d’événements clés du secteur. M. Chen est également professeur adjoint en commerce de détail et en marketing à la Columbia Business School, où il a donné le cours New Frontiers in Retail et a reçu une reconnaissance comme étant l’un des Outstanding 50 Asian Americans in Business par le Asian American Business Development Center en 2023, compte tenu de son rôle dans la croissance de l’économie américaine.
Avant de se joindre à TD Cowen en 2014, il a passé sept ans à Citigroup, où il a travaillé dans un vaste éventail de commerces de détail aux États-Unis, notamment des magasins spécialisés, de vêtements, de chaussures et de textiles, des magasins de luxe, des grands magasins et des grandes lignes. Avant Citigroup, il a travaillé à la division de recherche sur les placements à UBS, au sein du groupe de planification stratégique/des fusions et acquisitions mondiales de PepsiCo International et au sein du groupe des fusions et acquisitions de produits grand public/de commerces de détail à JPMorgan.
M. Chen est titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université de Georgetown et d’une maîtrise en administration des affaires de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, et il détient le titre de CFA. À la Wharton School, M. Chen a été récipiendaire du Jay H. Baker Retail Award pour son influence dans le secteur du commerce de détail et a été cofondateur du Wharton Retail Club. Il est également membre du PhD Retail Research Review Committee pour le Jay H. Baker Retailing Center de la Wharton School. En 2017, M. Chen a été reconnu dans la liste 40 Under 40 des anciens étudiants les plus brillants de la Wharton School.
La passion de M. Chen pour le secteur a commencé à l’âge de 12 ans lorsqu’il a commencé à travailler avec ses parents dans leur commerce de détail à Natchitoches, en Louisiane.