Dans l’épisode 61, nous terminons la deuxième d’une série en deux parties sur la structure des marchés européens avec des spécialistes de la région : James Baugh, chef, Structures des marchés, Europe à TD Cowen, et Dermot Dunphy, chef, Négociation à M&G Investments. Dans cette deuxième partie, nous nous penchons sur les effets de l’arrivée de Robinhood dans le paysage européen de la négociation, la tendance des volumes d’opérations élevés à la clôture des marchés, le regain d’intérêt pour le raccourcissement du jour de bourse et le délai de règlement des opérations T+1 en Europe et au Royaume-Uni. Nous concluons en faisant le point sur le sujet très médiatisé et controversé de l’adoption d’un système de publication des données (Consolidated Tape) en Europe et la possibilité d’établir un seul organisme de réglementation des valeurs mobilières en Europe, ce qui constituerait la première étape vers une plateforme centralisée des inscriptions en bourse pour les pays de l’Union européenne.
Cet épisode a été enregistré le 18 mars 2024.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 61 de notre balado Bid Out sur la structure du marché de TD Cowen. Je m’appelle Peter Haynes, et je suis votre animateur pour ce deuxième épisode d’une série en deux parties sur la structure du marché européen. Je suis en compagnie de James Baugh, chef, Structure du marché européen, TD Cowen, et de Dermot Dunphy, chef de la négociation chez le gestionnaire de placements M&G.
Dans cet épisode, on va discuter des implications de l’arrivée de Robinhood en Europe, de l’accessibilité du volume des ventes aux enchères de fin de journée, du passage à T+1 avec la volonté renouvelée de raccourcir la journée boursière et, enfin, de la possibilité de voir un organisme de réglementation central en Europe, et dans un monde parfait, une plateforme centrale de cotation pour tous les pays de l’UE. Commençons sans plus tarder.
James, j’ai lu que Robinhood allait arriver en Europe, mais aussi au Canada. Quelle est l’importance du flux de détail dans ton territoire, en Europe et au Royaume-Uni? Et est-ce que les opérations de détail fonctionnent comme aux États-Unis au moyen d’ententes bilatérales d’internalisateurs systématiques ou de distributeurs de fonds communs de placement, comme on les appelle aux États-Unis? Comment ça marche?
JAMES BAUGH : Comme tu l’as dit, l’arrivée de Robinhood au Royaume-Uni est intéressante. Ça doit être leur deuxième tentative. Si je ne me trompe pas, ils ont aussi un projet de cryptomonnaie pour l’Europe.
Dans l’ensemble, je dirais que le commerce de détail est assez nuancé selon les différents marchés et les différentes régions d’Europe. Par exemple, l’Italie et la Scandinavie ont tendance à se spécialiser un peu plus dans le commerce de détail. Et il y a beaucoup plus d’activités dans le registre des ordres. La plupart des investisseurs particuliers savent ce qu’est un ordre à cours limité et s’attendent à voir leurs ordres s’afficher à l’écran, sur le terminal.
C’est très différent au Royaume-Uni, cependant. C’est ce qu’on appelle le modèle de fournisseur de services de détail, une sorte de plateforme de demande de cours. Historiquement, elle est dominée par les teneurs de marchés interagissant avec les courtiers de détail. Mais actuellement, et je pense que c’est de plus en plus le cas, ce modèle est probablement plus proche du modèle de commerce de gros aux États-Unis. On commence à y voir ces fournisseurs de liquidités électroniques dont Dermot a parlé tout à l’heure, ces teneurs de marchés plus avertis qui interagissent maintenant directement avec les fournisseurs de services de détail sur la plateforme correspondante au Royaume-Uni.
Mais ils interagissent aussi sur d’autres plateformes en Europe, comme Equiduct, et/ou fournissent des flux de prix directs aux courtiers de détail. Donc oui, les opérations de détails fonctionnent comme aux États-Unis, mais il y a quand même des différences.
PETER HAYNES : D’accord. En fait, ça me frustre d’entendre Gary Gensler, le président de la Securities and Exchange Commission, dire que les paiements pour les flux d’ordres, sont interdits au Royaume-Uni et au Canada. Je me dis que c’est n’importe quoi pour le Canada parce que la réalité, c’est que les sociétés de détail canadiennes peuvent obtenir des résultats économiques similaires aux paiements pour les flux d’ordres en effectuant sur les marchés des opérations de remise pour les preneurs de liquidités.
Alors, James, est-ce que les paiements pour les flux d’ordres sont interdits au Royaume-Uni? Ou bien est-ce qu’on peut obtenir les mêmes résultats autrement, un peu comme au Canada? Et quelles sont les dernières nouvelles concernant l’interdiction des paiements pour les flux d’ordres sur tout le continent européen?
JAMES BAUGH : Oui, les paiements pour les flux d’ordres ont été interdits au Royaume-Uni. Je crois que ça remonte à 2012. Il y a donc une ligne rouge bien définie, et ça complète peut-être les choses pour l’Europe. On pensait tous qu’il y avait la même interdiction en Europe, mais les États membres n’ont a priori pas eu la même interprétation des choses. Et on a décelé des lacunes dans les règles et les règlements en vigueur.
Cette question a donc été abordée dans le cadre du cycle actuel de changements réglementaires. Et les sociétés concernées doivent cesser d’offrir toute forme de paiements pour les flux d’ordres d’ici fin juin 2026. Si ce n’est pas encore interdit, ça le sera bientôt.
Et ça répond peut-être à ta deuxième question : est-ce que c’est vraiment important? Est-ce que ça change quelque chose? Est-ce que ça rappelle ce qu’on voit au Canada? D’une certaine manière, oui. Je veux dire, ces remises n’existent pas quand on prend des liquidités sur place. Les remises sont plutôt passives : on passe des ordres passifs sur le marché, et c’est ça la remise.
En fait, l’organisme de réglementation européen a été très précis en déclarant que les remises sur place pour les flux passifs sont complètement distinctes et indépendantes de la discussion sur les paiements pour les flux d’ordre. Mais quand je repense à ma vie précédente à la Citibank, où je participais à ses activités d’exécution de services bancaires de gros et où j’étais en concurrence pour certains de ces flux, je me dis que ces fournisseurs de liquidités électroniques qui font affaire avec le commerce de détail le font à coût nul de toute façon. Ça m’a vraiment compliqué les choses dans la concurrence pour cette entreprise.
Et leur modèle d’affaires consiste clairement à perdre de l’argent dans l’écart. Que les paiements pour les flux d’ordres soient interdits ou non, ces sociétés pourront toujours devancer d’autres agences de courtage en ce qui concerne mon activité dans ma précédente entreprise.
PETER HAYNES : Je vois moi aussi ce qu’il va se produire. Robinhood va essayer de reproduire en Europe et dans les pays voisins le modèle économique qui existe aux États-Unis. La société va chercher de petites lacunes dans les règles que vous avez mentionnées plus tôt, pour les exploiter ou les inciter à changer. Et bien sûr, leurs fournisseurs de liquidités électroniques demanderont la même chose de leur côté.
Entre-temps, des gens comme toi et Dermot feront pression pour permettre à ce flux de commerce de détail d’interagir directement avec des institutions comme M&G. À l’heure actuelle, Dermot, est-ce que vous pouvez négocier directement avec le commerce de détail concernant la plateforme des fournisseurs de services de détail? Ou est-ce qu’il s’agit simplement d’une facilité bilatérale que les teneurs de marchés utilisent contre le commerce de détail?
DERMOT DUNPHY : On peut le faire avec certains courtiers qui sont en mesure d’interagir avec ça. Et comme tu le dis, on aime vraiment faire ça. C’est bon pour le commerce de détail, surtout si on peut négocier dans le milieu de l’écart, car l’investisseur particulier n’a pas besoin de passer de l’autre côté de l’écart, même s’il est juste à l’intérieur. Et c’est aussi bon pour nous, parce qu’on peut être là et aussi négocier au milieu.
Je pense qu’au Royaume-Uni, le commerce de détail représente environ 10 % du volume. C’est donc très important. Et si on peut négocier au milieu de l’écart, c’est l’idéal.
Mais je pense qu’on en revient à la connaissance des courtiers qu’on utilise. Il s’agit de leur capacité à interagir, à voir la dynamique et la structure du marché et à être en mesure d’offrir une bonne option de liquidité concernant le commerce de détail de l’affaire qui s’en vient.
Donc oui, on peut le faire, et on aime le faire. Tout dépend des courtiers à qui on parle, de leurs connaissances et de leurs compétences.
PETER HAYNES : Eh bien, comme je l’ai déjà dit, c’est un sujet qui va évoluer lorsque les sociétés américaines très en vue vont arriver et commencer à faire beaucoup de publicité et à accroître leur part de marché. Dermot, pour ce qui est de la liquidité et de l’endroit où les opérations ont lieu, des recherches récentes au Canada ont montré que 40 % à 45 % du volume d’actions à grande capitalisation au Canada se situe maintenant dans les 15 dernières minutes de la journée et lors de la vente aux enchères de fin de journée. C’est vrai qu’une part importante du volume des ventes aux enchères au Canada est maintenant inaccessible.
Mais j’aimerais savoir si tu trouves que le volume continue de migrer vers la fin de la journée selon le principe « le flux engendre le flux »? Et est-ce que tu as l’impression que vous pouvez en fait accéder au pourcentage énorme de volume de négociation en fin de journée?
DERMOT DUNPHY : En effet, le flux engendre le flux En Europe, le volume des ventes aux enchères de clôture semble s’être stabilisé au cours des deux ou trois dernières années. Il semble se stabiliser à environ 30 % des volumes qu’on observe. C’est un chiffre important. Et on observe que le flux devient de plus en plus inaccessible.
On peut voir certaines personnes bloquer des liquidités, avec des appariements de liquidités à l’interne, alors qu’auparavant, tout le monde se rencontrait probablement lors de la vente aux enchères de clôture. Il y avait toute une série d’ordres au marché qui pouvaient se rencontrer efficacement, et une partie sont réduits simplement parce qu’ils sont déduits les uns par les autres par certains courtiers qui peuvent le faire.
Mais c’est une source de liquidités pour nos ordres. On sait que les volumes vont être plus importants, ici. Je passe de plus en plus de temps à revenir à la façon dont je travaille et je passe des ordres. Je passe plus de temps à examiner le volume moyen qui passe dans l’action chaque jour. Je passe plus de temps à chercher à connaître le volume de clôture d’une action.
Et avec ça en tête, je me demande quelle part de la vente aux enchères de clôture m’intéresse. Je sais ce qu’il me reste sur un billet. Je sais aussi combien de renseignements pourraient mener à mon ordre de suivi le jour suivant.
La vente aux enchères de clôture est donc bonne, le volume est bon, mais il faut faire attention. Il faut essayer d’éviter de signaler qu’on partira si on n’a pas terminé dans une vente aux enchères de clôture. Et, comme tu le dis, c’est peut-être en partie parce que le flux inaccessible qui était là auparavant ne l’est plus, ça peut avoir une influence là-dessus. On passe donc un peu plus de temps à examiner cette vente aux enchères de clôture.
Mais ce n’est pas la panacée pour nous. On examine continuellement les liquidités tout au long de la journée. Participer à la vente aux enchères de clôture n’est tout simplement pas un de nos objectifs. C’est juste une solution parmi d’autres.
PETER HAYNES : Tu as mentionné que le volume semblait se stabiliser à 30 % en Europe et au Royaume-Uni. C’est un chiffre important. Évidemment, la fin de la journée est devenue très importante. Avant la pandémie, on a vu un mouvement pour raccourcir le jour de bourse en Europe, qui est très longue, comme vous le savez. Et c’est encore plus logique maintenant, compte tenu de cette migration continue du volume vers la fin de la journée.
Quelles sont les dernières nouvelles sur la réduction du jour de bourse en Europe? Et est-ce que la migration a beaucoup changé votre façon de négocier? Je sais que vous surveillez la clôture, mais est-ce que vous changez de façon proactive votre degré de participation à la fermeture à la lumière de certaines de vos analyses récentes sur ce que vous pouvez faire?
DERMOT DUNPHY : Je vais répondre en deux parties. D’abord, il y a eu une très forte demande pour raccourcir les heures avant la pandémie de COVID-19, lorsqu’on a découvert que tout le monde pouvait travailler depuis chez soi. Et avant ça, on parlait beaucoup de santé mentale. On parlait de diversité et d’inclusion et d’une vie plus équilibrée pour les gens.
Et depuis qu’on peut travailler depuis chez nous, et maintenant, dans un environnement hybride, on peut surmonter beaucoup de ces défis. On peut faire ça de façon raisonnable. Mais le raccourcissement des heures en Europe prend de plus en plus de place. Je pense donc que cette discussion va peut-être reprendre. On va devoir s’y remettre.
Je pense que tu as raison, je ne pense pas que ça changerait le volume qui passe. Il ne serait pas réduit si on réduisait le jour de bourse d’environ une heure. Je pense que les gens apprécieraient beaucoup ça. Ce serait très bien.
Ensuite, ça ne nous touche pas trop en ce qui concerne la façon dont on s’adapte au fil de la journée, la vente aux enchères de clôture et l’utilisation de nos données à cette fin. C’est juste un autre facteur que nous intégrons à nos stratégies de traitement des ordres. Ce n’est pas capital pour nous.
Encore une fois, on cherche des liquidités tout au long de la journée, en utilisant nous-mêmes l’algorithme ou en utilisant le négociateur en espèces à haut degré d’intervention, comme l’équipe TD Cowen. C’est ce qu’on cherche à faire, je suppose, et depuis toujours.
Comme je l’ai dit en 2001, notre premier objectif, c’est le côté naturel. Donc même si la clôture a pris beaucoup d’importance en matière de volume pendant plus de 10 ans dernièrement, ce n’est pas un point clé pour changer notre stratégie. C’est un outil utile pour nous, mais ce n’est pas essentiel. Ce n’est pas un élément décisif pour prendre des décisions.
JAMES BAUGH : J’aimerais revenir sur certains points. C’est sûr que le resserrement des liquidités a ravivé la conversation sur le raccourcissement des heures. Je pense aussi que ce qui est intéressant pour moi, c’est de regarder cette dépendance à la clôture, en particulier pour les indices passifs et l’indice de référence, l’indice de référence de passage. On peut aussi envisager de réduire cette dépendance, ce prix de passage.
En particulier, comme on l’a mentionné, on voit de plus en plus d’affaires fermées, et le marché garanti sur les affaires fermées est intériorisé par un certain nombre de grandes banques. Autrement dit, l’importance de la confiance à l’égard des fermetures primaires a quelque peu diminué. Et ça suscite des débats intéressants ici.
DERMOT DUNPHY : Et pour suivre ça ainsi que la vente aux enchères de clôture, il faut aussi se méfier un peu de la fluctuation des cours. On l’a vu lors du récent rééquilibrage et à la suite du jour des quatre sorcières. Dans le cadre des ventes aux enchères, certaines actions ont fluctué de 2 %, et on se retrouve le vendredi à discuter avec le gestionnaire de fonds pour savoir comment le cours a autant varié.
La volatilité peut donc augmenter. Ça peut mener à des conversations intéressantes.
PETER HAYNES : Et c’est aussi une occasion, hein, Dermot? Parfois, on se retrouve avec quelque chose d’énorme, qui compense les mouvements importants qui sont prévus ou qui se produisent normalement le jour des quatre sorcières. La même chose s’est produite vendredi en Amérique du Nord. Ça vaut vraiment la peine de s’y intéresser, surtout quand on est un investisseur fondamental comme toi.
Et ce qu’il y a de drôle avec la durée du jour de bourse, c’est qu’ici, on pense qu’on devrait la raccourcir, et qu’en Amérique du Nord, certaines personnes pensent sans doute que le jour de bourse est trop long et qu’il devrait se terminer plus tôt. Pendant ce temps, les investisseurs particuliers négocient 24 heures sur 24, et il y a encore plus de pressions pour démocratiser la négociation, car la cryptomonnaie et la négociation d’actions semblent converger. Et je pense que la plupart des investisseurs institutionnels comprennent que négocier des actions nord-américaines au milieu de la nuit n’est pas une bonne idée. Quoi qu’il en soit, les détaillants veulent le faire, et il est certain que c’est la direction que prennent les choses.
Donc je ne suis pas certain du potentiel de réussite de certains des systèmes de négociation parallèle aux États-Unis qui ont été popularisés par la communauté institutionnelle. Et il faut garder à l’esprit que les États-Unis sont en fait l’exception, compte tenu de leur taille. J’aimerais donc savoir si tu penses que l’un des récents systèmes de négociation parallèles lancés aux États-Unis et qui envisagent d’arriver en Europe sera en mesure d’atteindre une masse critique.
JAMES BAUGH : Oui, je pense que malheureusement, même si on veut soutenir des innovations et ces plateformes, surtout lorsque quand on voit leur succès aux États-Unis, l’Europe manque actuellement de liquidités, comme on l’a dit. On fait face à un certain nombre de défis.
Mais chaque fois que je parle à des clients et que j’attire leur attention sur ces nouvelles plateformes, on en revient au débat entre la fragmentation et l’innovation. Et quand je travaillais à la Bourse de Londres, j’étais très impliqué dans la mise en place d’ordres conditionnels en Europe avec, bien sûr, la découverte de blocs. Et on réglait un vrai problème. On ne faisait pas juste ça pour dire « nous aussi ».
Et ça nous a pris quatre ou cinq ans. D’une certaine façon, ça a été largement soutenu par ces institutions uniquement mondiales qui connaissaient bien les types d’ordres conditionnels aux États-Unis. Et le fait de pouvoir compter sur ça en Europe a été précieux. Et je pense qu’on l’a vu avec d’autres plateformes comme les actions du Chicago Board Options Exchange, où il y a cette interaction directe avec le côté acheteur, ce modèle d’abandon où l’acheteur aux États-Unis peut accéder aux blocs européens.
Donc je ne dis pas que ça ne fonctionne pas. Je pense que ce n’est qu’une question de moment opportun, même si on ne sait jamais vraiment quand c’est le bon moment pour faire ces choses. Mais à tout le moins, je pense qu’on doit proposer sur le marché quelque chose qui se distingue et qui n’est pas noyé dans le reste, surtout compte tenu du contexte que j’ai mentionné.
PETER HAYNES : L’Amérique du Nord a donc lancé des ventes aux enchères périodiques. C’est certainement un terme qu’on a repris de la structure du marché européen. James, qu’est-ce que tu veux dire exactement quand tu parles de ventes aux enchères périodiques? Et comment est-ce qu’elles sont intégrées à la structure du marché en Europe?
JAMES BAUGH : Eh bien, les ventes aux enchères périodiques viennent de la MiFID II, dans une certaine mesure. Selon moi, les grandes banques ne pouvaient plus chercher à internaliser ça de client à client, en appariant les facilités sous l’ancien nom de réseau d’opérations croisées de courtiers. Par conséquent, les ventes aux enchères périodiques, initialement établies par le Chicago Board Options Exchange, avaient l’avantage du précurseur ici, et permettaient d’impartir ce type d’activité d’appariement de clients.
Encore une fois, pour reprendre la terminologie de Dermot, cet appariement naturel de liquidités de clients explique vraiment la croissance des ventes aux enchères périodiques ici en Europe, qui dépasse maintenant 6 % de la part de marché ici. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais il s’agit un peu de mini-ventes aux enchères qui se déroulent chaque seconde au cours de la journée de bourse où il y a des liquidités de contrepartie. Lorsqu’il y a des occasions d’appariement, cela déclenche un processus de vente aux enchères.
Et cette activité est entièrement appariée au cours milieu. Comment cela s’inscrit-il dans nos stratégies d’exécution? Si on repère certaines des complexités dans le cœur réel de notre activité, alors pour le dire très simplement, on a peut-être une occasion de croiser un bloc électronique, un type d’ordre conditionnel, une occasion d’appariement conditionnel au sommet de notre cascade sur notre pile électronique. Par la suite, on recherche une exécution et des liquidités au point médian.
Et les ventes aux enchères périodiques sont en grande partie sous le type d’ordre conditionnel, au sommet de la cascade d’exécution. On considère qu’il s’agit d’une liquidité de bonne qualité avant même de passer aux « dark order books » au point médian. Encore une fois, c’est un travail en cours, mais on observe aujourd’hui clairement un rendement supérieur dans les périodiques par rapport aux autres canaux d’exécution.
PETER HAYNES : Question nord-américaine idiote. Dermot a mentionné plus tôt que les plateformes multilatérales de négociation sont essentiellement des systèmes de négociation parallèles nord-américains. Est-ce que toutes ces plateformes sont « dark » en Europe? Ou certaines ont-elles des cotations « lit » et peut-on avoir des cotations « lit » dans une plateforme multilatérale de négociation?
DERMOT DUNPHY : Oui, une plateforme multilatérale de négociation peut être « lit » et son cours peut se former de lui-même. La seule différence entre une plateforme multilatérale de négociation et une bourse réglementée est l’élément principal de la cotation. On a donc indiqué que les actions sont inscrites à une plateforme multilatérale de négociation plutôt qu’à une bourse.
Les plateformes multilatérales de négociation utilisent également des « dark order books » au point médian. Elles procèdent également à des ventes aux enchères périodiques et à des types d’ordres conditionnels. Selon les services qu’elle offre, on peut utiliser une plateforme multilatérale de négociation, quel que soit le type d’exécution. Évidemment, ces plateformes cherchent à se démarquer de ces bourses primaires.
PETER HAYNES : Oui, c’est un peu comme au Canada. On a des systèmes de négociation parallèles. La plupart de ceux au Canada sont « lit », mais il y en a un qui est « dark ». Et maintenant, aux États-Unis, tous les systèmes de négociation parallèles sont « dark », mais maintenant, Intelligent Cross, un réseau de courtage électronique, offre des cotes « lit » et, évidemment, veut que ces cotes soient protégées, ce qui est un débat qui continue de faire rage aux États-Unis.
Passons à T+1, Dermot. De toute évidence, le passage à une période de règlement plus courte en Amérique du Nord a incité l’Europe à examiner de plus près la possibilité de reproduire ce changement. En fait, je crois que Gary Gensler, le président de la Securities and Exchange Commission, a récemment parlé publiquement en Europe de la nécessité pour l’Europe et le Royaume-Uni de faire de même.
Où en sont les discussions sur les déclarations T+1 en Europe et au Royaume-Uni? Et quels sont certains des problèmes qui préoccupent les gestionnaires de fonds européens par rapport au raccourcissement de la période de règlement en Amérique du Nord?
DERMOT DUNPHY : Il y a une discussion très saine en cours en Europe au sujet de T+1, et ça semble nous prendre beaucoup de temps. L’un des principaux problèmes auxquels on fait face en tant que gestionnaire d’actifs est le cycle de règlement de nos fonds. Donc, lorsque les gens investissent dans nous ou nous empruntent de l’argent, ils partent sur une base T+3.
Le passage de T2 à T1 ne fait donc que complexifier les choses à ce sujet. On doit effectuer le financement deux jours plus tôt que le jour précédent normalement. Mais comme je l’ai dit, on a l’habitude de faire ça. On avait l’habitude de régler à T2, et non à T3. Les choses seront plus compliquées pour passer de T3 à T1.
Mais on va s’adapter, comme toujours. On trouve toujours un moyen. Et c’est ce qu’on continuera de faire. Il pourrait y avoir des problèmes liés aux opérations de change et aux devises, mais ce sera toujours moins problématique pour l’Europe que pour l’Australie ou pour certains pays asiatiques, par exemple. Parce que je pense qu’on va avoir un problème de change.
Tout dépend de la devise dans laquelle on met l’argent dans les fonds et de la façon dont on gère les problèmes de change. Et en Europe, le problème n’est pas aussi important que dans d’autres régions de la planète. Mais oui, je pense qu’on sait où on doit être avec T+1 et on y est.
Ensuite, il suffit de traiter la question du passage du Royaume-Uni et de l’Europe à T+1, en attendant qu’ils décident eux-mêmes ce qu’ils vont faire en tant que gestionnaires d’actifs, en tant qu’institutions et en tant que membres de l’environnement qui est l’investissement européen. On a de saines discussions avec les deux groupes de politiciens sur ce qu’il se passe. Et on verra ce qu’ils décideront, que le Royaume-Uni soit précurseur, qu’il attende et agisse avec l’Europe ou qu’on agisse tous ensemble.
Et a priori, on va inévitablement se rapprocher de T1. En fait, aujourd’hui, j’ai entendu dire que l’Inde envisageait même d’adopter T+0. Et rappelons que lorsqu’on commerce avec la Chine, on conclut également des ententes T+0 avec Trump et la Chine. On a donc les connaissances nécessaires. On sait ce qu’on fait.
PETER HAYNES : Oui, ce n’est pas nouveau. Je comprends. Et James, quand penses-tu que l’Europe et le Royaume-Uni passeront à T1, en supposant qu’ils le feront ensemble? À ton avis?
JAMES BAUGH : Oui, je pense que j’ai bien compris. Je pense que le Royaume-Uni s’est fixé pour délai le premier trimestre de 2025, peut-être de 2026. On ne sait pas vraiment. Je pense que l’Europe avait une stratégie pour 2030 à un moment donné, alors ça semble avoir un peu changé. Mais de toute évidence, cette question ne sera tranchée que dans plusieurs années.
PETER HAYNES : James, peu importe la structure des marchés boursiers. Il semble y avoir des plaintes au sujet de l’accès aux données du marché et du coût d’accès aux données du marché. Et je sais que cela comprend l’Europe et le Royaume-Uni.
Quelles sont les dernières nouvelles sur le passage à une base de données consolidée? Qui va payer la note? Combien cela coûtera-t-il?
JAMES BAUGH : Ce sont de bonnes questions. Et je pense qu’on va tous payer plus cher pour les données, pas moins. Mais je vais répondre à tes questions dans l’ordre. Donc, en Europe et au Royaume-Uni, la priorité est actuellement d’établir une base de données consolidée pour les obligations, les actions venant au second rang. En Europe, ça veut dire qu’on ne verra pas une base de données sur les actions avant au moins le premier trimestre de 2026.
Et en ce moment, ce qu’on sait, c’est que la base de données européenne pour les actions sera la meilleure avant l’opération, mais ne couvrira pas encore tout. Mais on peut dire que c’est certainement un grand pas dans la bonne direction. Le Royaume-Uni doit encore confirmer les délais. J’ai lu quelque part que le Royaume-Uni visait la fin de 2025, mais on ne sait toujours pas à quoi ressemblera la base de données pour les actions.
On dit que la Bourse de Londres est très partisane d’une base de données après la négociation. On pourrait donc se retrouver avec des différences entre les deux régions. Difficile pour l’instant de savoir si ce sera un atout ou non. Pour ce qui est de savoir qui paie, je pense qu’il y a plusieurs réponses possibles, selon le point de vue.
Ce qu’on sait, c’est qu’un certain nombre de bourses, 14, je crois, ont tenté quelque chose l’an dernier. Mais elles veulent se lancer dans la bataille dans le cadre de leur nouvelle initiative, EuroCTP.
Mais les gens remettent déjà en question le rapport coût-avantage réel, l’occasion commerciale pour les concurrents de fournir une base de données consolidée. Ça ne semble pas très solide. Et puis, évidemment, une fois qu’on aura la base de données et qu’on sera lancés, il faudra assurer les coûts quotidiens. Je suis sûr que les organismes pour lesquels Dermot et moi travaillons devront s’en charger.
Et ce que je trouve frustrant, c’est que le côté des ventes va continuer de payer tous ces flux directs pour alimenter ses algorithmes. La base de données consolidée ne va pas nécessairement nous faire économiser de l’argent. Mais si le côté des ventes a toujours été très favorable à la base de données consolidée en Europe et au Royaume-Uni, c’est pour obtenir une plus grande transparence. Pour avoir plus d’entrées de fonds. Pour stimuler l’intérêt pour le commerce de détail et toutes ces bonnes choses dont il faut encourager l’activité sur nos marchés boursiers.
Je pense que j’ai répondu à toutes les questions. Si ce n’est pas le cas, n’hésite pas à me le dire et je recommencerai.
PETER HAYNES : Je suis déçu de t’entendre dire que vous n’économiserez pas d’argent, parce que je pensais que l’un des intérêts de la base de données consolidée, c’était qu’on pourrait se procurer les données pour moins cher qu’en les achetant directement sur les marchés en ce moment et éroder ainsi les marges des marchés qui fournissent ces données. Mais à t’entendre, on dirait que ce n’est pas comme ça que ça va se passer.
JAMES BAUGH : Non, malheureusement. C’est un sujet délicat, mais je pense que c’est un peu pour ça que les bourses ont exprimé des préoccupations : elles ne veulent pas que ces marges soient érodées, n’est-ce pas? Et c’est pour ça qu’on a parlé des frais liés aux données du marché.
PETER HAYNES : Oui. Et comme je le dis, je retrouve ce problème partout, y compris ici au Canada, parce qu’on étudie les données du marché et qu’on attend que nos organismes de réglementation fassent quelque chose assez rapidement. Donc, Dermot, la semaine dernière, James a écrit une lettre d’opinion de client sur certains des changements réglementaires en Europe qui pourraient découler des élections européennes à venir. Je lui vole la vedette pendant qu’il nous écoute.
L’une des possibilités qu’il mentionne est la création d’un environnement réglementaire plus favorable à la concurrence qui pourrait mener à un conseil de surveillance unique pour l’Europe, ce qui ouvre la voie à une véritable union des marchés des capitaux. Est-ce que c’est un doux rêve?
DERMOT DUNPHY : Eh bien, je suis content que tu aies évoqué l’article de James, parce qu’il est très bon et très intéressant. J’espère que ce n’est pas un doux rêve. Je pense que ces dernières années, les organismes de réglementation et les politiciens en Europe et au Royaume-Uni ont fait preuve d’une plus grande écoute. Et ils réfléchissent aux problèmes qu’on observe et à certaines des solutions que les gens proposent pour les régler.
Je pense qu’il faut tout faire pour que les gens puissent investir plus facilement en Europe. Et comme James l’a mentionné plus tôt, ses collègues aux États-Unis ne voient que le fouillis de règles et de règlements en Europe. On aurait tout à gagner à les peaufiner et à simplifier et à améliorer le système.
J’ai bon espoir. J’espère qu’on va se diriger vers ça et qu’on y parviendra.
PETER HAYNES : On arrive à la fin de ce balado, James, alors je te propose de conclure ce par quoi on a commencé. Et c’est lié au sujet dont on vient de parler avec Dermot. Certains estiment que les pays de l’UE doivent cesser de rivaliser entre eux pour pouvoir concurrencer les États-Unis. Est-ce que tu penses qu’on se retrouvera un jour avec une plateforme de cotation centrale au sein de l’UE qui pourrait suivrait cette union centrale des marchés des capitaux du point de vue de la réglementation?
JAMES BAUGH : C’est une très bonne question. Et tu sais quoi? Personne ne me l’a posée en Europe jusqu’à maintenant. Et je pense que de prime abord, je dirais que je ne vois pas comment ça pourrait arriver. Les intérêts nationalistes me semblent trop importants dans le marché intérieur.
Mais en y réfléchissant un peu plus et en revenant à un modèle de supervision unique, ça paraît logique, non? C’est plus vrai que jamais maintenant avec des plateformes européennes comme Euronext qui exploitent la majorité des marchés européens. Donc finalement, je pense que ça n’est pas impossible.
Et même si certaines bourses et certains marchés sont fortement axés sur la technologie financière, p. ex., et qu’ils peuvent se démarquer selon les secteurs, il faudrait au moins faciliter la cotation en Europe en ayant un simple cahier de stratégies de cotation unifié.
Je pense un peu tout haut, mais oui, je serais très optimiste si cela permettait à l’Europe d’attirer davantage de fonds et d’intérêts. Et comme je l’ai dit : pourquoi pas?
PETER HAYNES : Je pense que ça peut aussi être une mesure défensive face à l’attraction des États-Unis. Là encore, je suis d’accord avec toi. Pourquoi pas? C’est la fin de ce balado, et je tiens à vous remercier tous les deux au nom de TD Cowen pour votre expertise. J’ai beaucoup appris dans les deux parties de ce balado. Et je suis certain que nos auditeurs aussi.
Pour moi, c’était comme si je retournais à l’école : j’ai appris un tas de choses sur la structure du marché européen. Je vous remercie au nom de notre société. J’espère qu’on se verra bientôt, la prochaine fois que vous serez de l’autre côté de l’Atlantique pour nous voir en Amérique du Nord. Merci encore.
JAMES BAUGH : Merci, Peter.
DERMOT DUNPHY : Merci. Merci beaucoup pour l’invitation.
[MUSIQUE]
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Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.