Une myriade de difficultés liées aux indices touchent les indices de référence mondiaux et nationaux
Invités : Louis Bellucci, chef de la gestion de comités et de la gouvernance des indices, S&P Dow Jones; Jean-Maurice Ladure, directeur général et responsable mondial de la recherche sur la gestion de l’indice, MSCI; Mike Perre, gestionnaire de portefeuille principal, Groupe Vanguard; Catherine Yoshimoto, chef des placements en Amérique, FTSE Russell
Animation : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Comme c’est devenu la tradition, chaque année, lors de notre Conférence annuelle sur la gestion de portefeuille et la structure des marchés, nous organisons une table ronde composée de fournisseurs d’indices pour les trois indices les plus importants, FTSE-Russell, MSCI et S&P Dow Jones. Lors de notre récent événement, nous avons ajouté un gestionnaire de portefeuille de l’équipe internationale de Vanguard, Michael Perre, à la discussion pour qu’il offre le point de vue d’un utilisateur sur certaines des questions brûlantes pour les fournisseurs d’indices de référence. Les sujets abordés dans le cadre de cette discussion comprennent les récentes consultations sur le domicile et le plafonnement, le statut double de la Corée du Sud, soit la possibilité qu’elle soit considérée comme un marché émergent selon FTSE ou comme un marché développé selon MSCI, et la responsabilité concernant les erreurs des fournisseurs d’indices qui laissent une empreinte sur le marché. Les panélistes se sont également demandé si la gestion indicielle est trop populaire. Parmi les autres participants, on retrouve Catherine Yoshimoto de FTSE, Jean-Maurice Ladure de MSCI et Louis Bellucci de S&P.
Chapters: | |
---|---|
2:22 | À qui les fournisseurs d’indices vendent-ils si la bulle éclate? |
14:12 | Consultation de S&P sur le domicile |
30:14 | Responsabilité à l’égard des erreurs des fournisseurs d’indices |
38:10 | Double statut de la Corée du Sud |
46:00 | La gestion indicielle est-elle trop populaire? |
49:30 | Plafonnement des indices de référence et règles des sociétés mutuelles de placement |
Ce balado a été enregistré le 7 novembre 2024.
PETER HAYNES : Bienvenue à la série de balados de TD Cowen, Bid Out, A Market Structure Perspective From North of 49. Je m’appelle Peter Haynes. Aujourd’hui, dans l’épisode 67, on revient sur une table ronde tenue à l’occasion de notre 25e conférence annuelle sur la gestion de portefeuille et la structure des marchés. Comme c’est devenu la tradition lors de cet événement, on propose aux dirigeants de chacun des principaux fournisseurs d’indices, MSCI, FTSE Russell et S&P Dow Jones, de participer à une table ronde sur les principaux enjeux qui ont actuellement des répercussions sur le paysage des indices de référence.
Pour la table ronde de cette année, on a ajouté un gestionnaire de fonds indiciels à la discussion, Mike Perry, gestionnaire de portefeuille au sein de l’équipe internationale de Vanguard. Parmi les sujets qu’on a abordés dans cette discussion, il y a eu les récentes consultations sur la domiciliation des entreprises, un sujet cher aux Canadiens, ainsi que la concentration d’un seul nom, le statut de pays divisé de la Corée du Sud et la possibilité qu’elle passe soit à une fusion pour FTSE, soit à un développement pour MSCI et la responsabilité en matière d’erreurs des fournisseurs d’indices lorsqu’elles laissent une empreinte sur le marché.
Les intervenants ont également discuté de la question complexe de savoir si l’indexation était ou non un secteur encombré. Catherine Yoshimoto, de FTSE, Jean-Maurice Ladure, de MSCI et Louis Bellucci, de S&P ont également participé à cette table ronde. J’espère que cette discussion vous plaira autant qu’elle m’a plu.
On va commencer notre prochaine séance intitulée Pot-pourri d’indices pour 200, qui ira en profondeur sur les problèmes liés à la myriade d’indices de référence mondiaux et nationaux. Mike Perry, gestionnaire de portefeuille chez Vanguard, est à ma gauche. Merci d’être là, Mike. À côté de Mike se trouve Catherine Yoshimoto, cheffe de produit actions, FTSE Russell en Amérique.
Au milieu se trouve Jean-Maurice Ladure, qu’on appellera aujourd’hui JML, directeur général mondial de la recherche sur la gestion d’indices de MSCI. Juste à côté de moi se trouve Louis Bellucci, qui est de retour cette année encore. Encore une fois, merci à S&P de toujours mettre ses dirigeants à notre disposition pour participer à nos discussions. Louis est chef de la gestion de comités et de la gouvernance des indices pour S&P Dow Jones. Encore une fois, merci à tous de vous joindre à nous.
Comme je l’ai dit, la première question est pour Rob. Cette question est : on a pris cette direction en ce qui concerne les actifs indexés, mais que se passerait-il si on prenait l’autre direction, qui est l’acheteur? Mike, étant donné que vous êtes le seul gestionnaire de portefeuille ici, pourquoi ne pas vous demander de réfléchir à cette question de votre point de vue de gestionnaire de portefeuille à Vanguard.
MIKE PERRY : Certainement. Permettez-moi de parler des avantages de l’indexation. Pour nous, les coûts sont importants. Alors, lorsque vous alignez les fonds et leurs ratios de dépenses, quel qu’il soit, les coûts du quartile supérieur se situent dans le quartile de rendement le plus bas. Vous pouvez deviner quel quartile a les meilleurs rendements. Ce sont les fonds peu onéreux. On est partisans des indices de marché globaux.
Comme l’a dit M. Arnott, on n’a pas à s’inquiéter de l’ajout de Tesla à un indice, car elle en fait partie depuis le début. Notre fonds boursier global détient 4 000 titres. Une entreprise comme Tesla peut croître. Les coûts de mise en œuvre qu’on a mentionnés ne se présentent tout simplement pas. Pour chaque tranche de 10 000 $ investis, on facture 3 $ pour la gestion des actifs. Alors, les coûts sont importants.
Il ne s’agit pas seulement du ratio de dépenses, mais aussi de la rotation. Dans un fonds comme celui-là, le taux de rotation annuel n’est que de 10 %, alors que la plupart des fonds actifs se situent à un peu plus de 100 %. La négociation soustrait de la valeur. Moins il y a d’opérations de négociation, mieux c’est. On est d’accord pour dire qu’il y a des changements liés aux indices. On n’atteint pas toujours 100 % à la clôture. On gère la mise en œuvre de ces changements. On collabore avec nos fournisseurs d’indices pour gérer la mise en œuvre des changements.
Par exemple, lorsque l’Arabie saoudite est entrée dans l’indice, les comités de l’indice ont collaboré avec les fournisseurs d’indices pour mettre en œuvre une approche par tranches, pour éviter que tout le monde se précipite en même temps. On est vraiment très sensibles aux coûts et aux coûts de négociation. L’autre aspect, c’est l’efficience fiscale. Si vous possédez tout, vous aurez un produit plus efficient sur le plan fiscal. C’est ce qu’on examine dans la gestion des fonds.
PETER HAYNES : Lou, la deuxième partie de la question de Rob portait sur la façon dont les changements d’indice se produisent. Si j’analyse la situation, Tesla est un excellent exemple. S&P a envisagé d’adopter une approche par tranches pour inclure Tesla, mais a finalement choisi de ne pas le faire. Le résultat final, comme on l’a appris lors de la conversation précédente, a été une augmentation plutôt parabolique du titre. Comme vous occupez le fauteuil depuis longtemps et que vous cherchez une meilleure façon d’apporter des changements aux indices pour réduire les répercussions dont Rob a parlé, comment cette conversation s’est passée avec vos utilisateurs?
LOUIS BELLUCCI : Tesla est, je pense, l’exemple ultime. Alors, à ce titre, c’est un bon exemple. Mais les échanges se déroulent globalement très efficacement. Dans l’exemple de Tesla, le comité de l’indice a décidé à un certain moment d’ajouter Tesla, mais il a en fait mené une consultation sur le marché pour déterminer comment le faire et vérifier la faisabilité et l’efficacité de cet ajout. Alors, la consultation est sortie sur le marché. Tout le monde pouvait répondre publiquement. Je crois même que ça a établi un record pour le plus grand nombre de réponses qu’on n’ait jamais obtenues dans le cadre d’une consultation.
En fin de compte, vous avez raison. On a fini par mettre ça en œuvre d’un seul coup, comme d’habitude, ce qui répond à certains des commentaires selon lesquels, pour le moment, il y a toujours cette liquidité sur le marché. C’est là qu’on est efficaces. D’ailleurs, ça ne pose pas vraiment de problèmes de faire ça d’un seul coup plutôt que de répartir ça sur plusieurs jours ou trimestres.
PETER HAYNES : Je vais poser la question à JML pour MSCI, au sujet du CRSP, par exemple, qui est un indice de référence suivi par Vanguard et d’autres et qui prend en moyenne cinq jours pour l’inclusion, le retrait et les mouvements entre différents styles, phases ou tailles de l’indice de référence. Est-ce que MSCI a déjà envisagé ou est-ce que vous avez fait quelque chose, à part peut-être un rajustement de la portion à taux variable où il y a une grosse différence, mais, juste pour les changements d’indice, pour trouver un modèle différent de celui des cinq jours, en utilisant le cours moyen pondéré en fonction du volume, avec un délai de cinq jours avant la clôture, quelque chose comme ça?
JEAN-MAURICE LADURE : Juste quelques points pour rebondir sur ce qu’a dit Mike. Il ne faut pas oublier que l’objectif des indices est vraiment de saisir l’ensemble de toutes les occasions. Idéalement, si vous le faites depuis le début, vous n’avez pas nécessairement besoin d’ajouter de nouvelles actions.
Les actions peuvent commencer par une transition des titres à petite capitalisation et devenir de plus en plus importantes. Comme ce fut le cas pour les indices MSCI, Tesla est devenue un titre à petite capitalisation en décembre 2010 et elle est devenue une composante standard en août 2013. Je me demande combien de personnes en 2013 avaient déjà choisi les actions de Tesla dans leur indice. J’espère que certains d’entre vous l’ont fait.
Mais l’avantage d’acheter l’ensemble du marché, c’est que vous pouvez vous emparer très tôt de ce qui pourrait devenir la société à mégacapitalisation de demain. Maintenant, pour ce qui est du rééquilibrage, on a tenu une consultation à ce sujet, pour essayer d’échelonner les choses à cette étape. Je suis sûr que les choses vont évoluer. Mais à cette étape, en pratique, pour la majeure partie du marché, c’est très, très difficile. Je dirais que c’est plus une contrainte technique posée par la majorité de nos clients de vraiment devoir répartir le processus sur cinq jours.
Il y a maintenant des clients très avancés qui peuvent le faire. C’est aussi le genre de choses qu’on peut mettre en place dans une solution d’indices personnalisés, au besoin. Mais je pense qu’il serait certainement utile de faire un examen dans quelques années, parce qu’avec tous les progrès auxquels on a assisté, il y a peut-être plus de gens maintenant qui sont en mesure d’adopter cette approche échelonnée.
PETER HAYNES : Catherine, quand je pense à FTSE Russell et à Russell aux États-Unis, l’une des raisons pour lesquelles les gens suivent l’indice S&P 500 est paradoxale, on parle de coûts de négociation, parce que les 500 titres sont investissables. Ils sont gros. Mais dans le cas de Russell 3000, lorsqu’une action est ajoutée aux 2000, ce n’est habituellement pas seulement un titre à petite capitalisation. Dans ce cas-ci, la taille des titres indexés à l’indice des titres à petite capitalisation est beaucoup plus importante que celle de l’indice de référence pour les titres à grande capitalisation.
Alors, si vous investissez dans des actions cotées R2, vous achetez des actions censées être moins liquides. La taille des fonds indiciels gérés liés à cet indice de référence est très importante. Alors, est-ce que vous avez réfléchi à quelque chose de différent, pour la catégorie R2, même si je reconnais que c’est compliqué compte tenu de la façon dont Russell effectue sa révision annuelle? Avez-vous réfléchi, compte tenu des répercussions des ajouts à la catégorie R2, à modifier la façon dont vous gérez les rééquilibrages?
CATHERINE YOSHIMOTO : Tout le monde a déjà mentionné certains fils conducteurs qui prévalent dans le secteur de l’indexation, à savoir que les indices doivent être représentatifs. On a tous des processus de gouvernance et de politique sur la façon dont les indices sont tenus à jour et les règles sont régies. Pour ce qui est des indices Russell, il y a 40 ans, lorsque Russell Consulting a lancé les indices Russell, l’idée était de résoudre un problème. À l’époque, l’indice S&P 500 était principalement utilisé par les investisseurs institutionnels.
Wilshire 5000 existait. Mais la plupart des actions ont été considérées comme non liquides. Dow Jones existait évidemment aussi, mais c’est un indice pondéré en fonction du prix. La pondération de la capitalisation boursière était alors très importante pour représenter les marchés. La construction du Russell 3000 était fondée sur des actions investissables, en fonction des portefeuilles des clients de Russell.
C’est comme ça que les 3 000 titres ont été choisis parmi les sociétés à grande capitalisation, celles que les gestionnaires géraient, pas seulement en fonction de l’indice S&P 500, mais d’un plus grand groupe de titres. Russell 2000 était le plus petit, avec 2 000 sociétés.
Maintenant, pour ce qui est des inclusions, ça fait partie de la construction objective et transparente des indices Russell. À l’origine, les indices Russell étaient rééquilibrés chaque trimestre. Ensuite, c’était deux fois par an. Depuis 1989, c’est annuellement. On consulte en ce moment pour déterminer s’il faut ajouter une reconstitution, ce qui ramènerait le rééquilibrage au rythme de deux fois par an.
Pour compenser certaines des inclusions qui pourraient survenir entre les reconstitutions annuelles de juin, depuis 2004, les indices Russell ont ajouté des premiers appels publics à l’épargne chaque trimestre. Tesla a été citée en exemple. Les indices Russell ont ajouté Tesla à l’indice Russell 1000 le trimestre qui a suivi son premier appel public à l’épargne en 2010.
Pour en revenir à votre question sur l’indice Russell 2000, tout ça fait partie des règles générales de construction et d’objectifs qui sont utilisées pour déterminer la composition de ces indices. Il y a aussi beaucoup de recherches universitaires sur… Vous avez mentionné les actifs qui suivaient le Russell 2000. Bien sûr, certaines actions sont moins liquides que d’autres, mais l’inclusion aux indices apporte des flux d’actifs à long terme et de l’argent provenant des investisseurs institutionnels.
Alors, même si une action est supprimée des indices Russell, on peut dire que l’argent institutionnel peut rester investi dans ce titre et injecter des liquidités sur l’ensemble des marchés. C’est alors avantageux pour les investisseurs, en général, parce que ça apporte des occasions et de la diversification sur les marchés.
PETER HAYNES : Permettez-moi de faire le suivi sur votre consultation sur l’opportunité de passer à un rééquilibrage semestriel. Je suis curieux de connaître les commentaires que vous avez reçus. Ensuite, je vais vous demander, Mike, si vous êtes en faveur d’un rééquilibrage du Russell deux fois par an.
CATHERINE YOSHIMOTO : On n’a pas encore annoncé de décision. L’objectif est de faire une annonce d’ici la fin de l’année. Je ne peux pas vous communiquer beaucoup de commentaires pour le moment. Dans l’ensemble, il y a deux côtés à la médaille lors de chaque consultation.
PETER HAYNES : Mike, quel était votre point de vue?
MIKE PERRY : Vous savez quoi? Notre principal objectif est de réduire les coûts pour nos investisseurs. Si ça veut dire rééquilibrer davantage, on le fera.
PETER HAYNES : Croyez-vous qu’il est préférable pour eux de le faire uniquement en juin?
MIKE PERRY : Bien sûr.
PETER HAYNES : Mais comme vous le dites, Catherine, les réponses ont été mitigées. Est-ce que c’était mitigé au sein du type d’investisseur que représente Mike? Parce qu’on sait que Vanguard y était favorable. Mais, de façon générale, est-ce que les grandes sociétés indicielles y sont favorables, ou est-ce une réponse mitigée?
CATHERINE YOSHIMOTO : On pense que, quelle que soit la décision, elles seront favorables. Mais au sens large, si on décide d’aller de l’avant, la décision sera appuyée, comme Mike l’a dit, on pense que ça pourrait être considéré comme une mesure positive.
PETER HAYNES : Alors, vous dites qu’à la fin de l’année, vous ferez une annonce à ce sujet? Je crois que c’est ce que vous avez dit. Est-ce exact, hypothétiquement? OK.
CATHERINE YOSHIMOTO : C’est la cible.
PETER HAYNES : On va beaucoup parler des consultations au cours de la prochaine demi-heure. On va passer aux questions qu’on avait préparées. Mais merci, Rob, d’avoir alimenté ce débat. Je vais commencer par vous, Lou. Je vais parler de la question prioritaire au Canada, qui sera débattue tout au long de la journée, c’est-à-dire l’avenir de nos marchés financiers, mais plus précisément dans le cadre de cette discussion, l’avenir de notre indice de référence local.
On a été témoins de cette attraction gravitationnelle des capitaux partout dans le monde vers les États-Unis. Le Royaume-Uni a vu beaucoup de ses émetteurs de titres à grande capitalisation déménager, délaissant la FTSE LSE et se tournant vers les États-Unis, à la recherche de ce que j’appellerais la mine d’or des achats indiciels au sommet de l’arc-en-ciel. Tout le monde sait que l’inclusion dans les indices de référence aux États-Unis, comme Catherine vient de le mentionner, entraîne beaucoup d’achats indiciels.
Il y a plus de fournisseurs d’indices aux États-Unis qui sont liés aux divers indices de référence américains. Si c’est un objectif, ce sera évidemment bon pour les émetteurs. Au Canada, ça a eu des répercussions de plusieurs façons, pas tellement sur le changement de domiciliation, mais on n’a pas eu un seul PAPE de plus de 100 millions de dollars au cours des deux dernières années. Notre système de sociétés est en train de disparaître.
On a ces sociétés à grande capitalisation dûment inscrites qui cherchent des façons de se structurer stratégiquement pour pénétrer davantage d’indices de référence. Brookfield Asset Management est un parfait exemple d’une société qui a récemment déménagé son siège social aux États-Unis. Ils l’ont fait uniquement pour pouvoir être inclus dans le FTSE, pardon… Le Russell aux États-Unis, Russell 1 et CRSP. Je ne pense pas que Brookfield Asset Management chercherait à dissimuler le fait que l’inclusion aux indices était l’objectif de cette décision.
En 2023, S&P a décidé de déménager Ritchie Brothers aux États-Unis. C’était un titre canadien. On a été surpris parce que, par rapport à la constitution en société, selon nous, c’était l’indice de référence qui comptait le plus. Quels sont les commentaires que vous avez reçus du secteur jusqu’à maintenant sur la question de savoir où une entreprise devrait être domiciliée? Et que faites-vous pour régler ce problème?
LOUIS BELLUCCI : Oui, c’est vrai. C’est une tendance mondiale. De plus en plus, les sociétés du monde entier cherchent des façons de devenir admissibles aux indices américains. Comme vous l’avez dit, c’est un sujet plus d’actualité pour le Canada.
Par conséquent, S&P a eu de très nombreuses conversations cette année au sujet de sa politique de domiciliation, juste après le changement de Ritchie Brothers. Les émetteurs regardent notre politique de domiciliation et disent : « Si on change ça ou ça, est-ce que ça nous permettra d’entrer dans l’indice? » Alors, on y est attentifs et on essaie de renforcer notre politique. Les commentaires ont été très variés et proviennent de différents types d’utilisateurs d’indices, d’intervenants du marché et des émetteurs eux-mêmes.
Mais je pense qu’il y a quelques thèmes que je pourrais probablement souligner pour reprendre ces conversations. Le premier, c’est une demande de politique de domiciliation plus claire et moins ambiguë, plus contrastée. Je vais vous donner un exemple. Dans notre politique, on utilise l’inscription principale comme l’un des facteurs déterminants de la domiciliation. Quel est le pays d’inscription principale? Qu’est-ce que ça voudra dire? Est-ce là que la société s’est inscrite à l’origine? Est-ce l’historique de cette entreprise? Est-ce que c’est la perception des investisseurs? Est-ce simplement ce que dit l’entreprise? Ou peut-être qu’il s’agit d’un test de liquidité.
Je pense qu’il est juste de dire que c’est tout aussi pertinent que de déterminer où une société est ancrée ou domiciliée, si elle conserve une inscription et peut-être un marché plus petit ou moins liquide, contrairement aux États-Unis, où vous allez voir naturellement plus de liquidités. C’est la première chose.
La deuxième est la constitution en société. Vous l’avez mentionné. Plusieurs facteurs entrent en jeu dans la détermination de la domiciliation. L’un des commentaires les plus courants est que la constitution en société devrait être un élément distinctif parmi ces facteurs. Du point de vue des indices, je pense qu’il y a quelques avantages.
D’abord, pour en revenir à moins d’ambiguïté, c’est noir ou blanc. C’est soit A, soit B. Il n’y a pas de doute. Deuxièmement, ça laisse des traces, c’est difficile à changer. C’est un investissement. C’est assez coûteux à réaliser pour les émetteurs. Ça ajoute alors un peu de stabilité ou de continuité à nos attributions de domiciliation au fil du temps.
Le troisième commentaire, que je trouve intéressant par rapport aux deux premiers, porte sur la transparence et l’ambiguïté, c’est qu’au fur et à mesure de ces conversations, une réalisation s’est produite lors de notre groupe consultatif canadien il y a quelques semaines, à savoir qu’il est avantageux pour un comité indiciel de superviser ces attributions de domiciliation et de pouvoir les examiner au cas par cas.
Alors, on a mené une consultation au cours des six dernières semaines. Elle s’est terminée à la fin d’octobre. Les résultats ne sont pas encore annoncés, mais ils le seront avant la fin du mois. Je ne vais pas entrer dans les détails de tout ce qui a été proposé. Mais il y a un élément d’information sur lequel je voudrais revenir, au sujet de certaines des données qu’on a fournies.
S&P utilise une approche fondée sur trois facteurs principaux : la constitution en société, l’inscription, l’inscription principale du moment. On utilise aussi l’adresse du siège des opérations pour déterminer la domiciliation. Pour 90 % des sociétés de notre univers boursier, ces trois facteurs correspondent. C’est une attribution de domiciliation très simple. Pour 6 %, ce sont des domiciliations de complaisance, ce qui ne laisse que 4 % de non-concordances. Ce sont les valeurs déraisonnables, les exceptions et les cas extrêmes.
En réalité, attribuer une domiciliation à ces 4 %, c’est compliqué. Pour revenir au troisième point, il est important qu’il y ait un comité de l’indice qui surveille ça pour s’assurer qu’il n’y ait pas de manipulation de la part des émetteurs. Le comité de l’indice peut s’assurer que les attributions de domiciliation restent les plus représentatives de l’endroit où la société est liée, ancrée, etc.
En dernier lieu, il y a un intérêt croissant pour la création de règles propres à certains indices de référence nationaux, comme l’indice composé S&P/TSX ou le 60, qui sont distincts de la politique mondiale de S&P sur la domiciliation. Ça pourrait entraîner un chevauchement entre les indices de référence de pays comme le Canada et les États-Unis.
Mais en général, je pense que ça aiderait ou pourrait aider à protéger la solidité des indices S&P/TSX. De plus, ce chevauchement ne semble pas être très préoccupant, car les utilisateurs de chacun de ces indices ont tendance à être un peu différents. Le problème du chevauchement ne concerne vraiment qu’une minorité du marché.
PETER HAYNES : C’est une question très, très intéressante, on va y revenir un peu plus tard, à savoir si les sociétés devraient figurer dans plus d’un indice de référence national. Sur le sujet de la domiciliation, JML, MSCI et S&P sont partenaires pour la classification industrielle mondiale standard. Je suis curieux. Y a-t-il un moyen par lequel vous pourriez devenir des partenaires pour la classification des pays, afin de nous éviter d’en passer par là aussi souvent?
Deuxièmement… Et je sais que les trois principaux fournisseurs ont des règles différentes… Mais est-ce que vous considérez que c’est un point de différenciation? Est-ce que vos utilisateurs s’adressent à vous plutôt qu’aux concurrents en raison de votre façon de voir les choses?
JEAN-MAURICE LADURE : Oui. C’est un point très important, surtout pour notre indice de référence mondial. MSCI ACWI, MSCI World, MSCI EM… Il y a beaucoup de pays parmi lesquels choisir. On a mené des consultations il y a quelque temps. Les commentaires qu’on a reçus de nos clients étaient : « Restez simples. » « Si vous êtes trop perfectionnistes, ça va aussi créer des problèmes de processus de placement pour nous. »
Ce qui cadre très bien avec notre approche globale sur le principe de la construction par composantes. Aucun vide, aucun chevauchement. Chaque marché est intégré soit au marché MGM, soit au marché frontalier et chaque titre va dans un seul pays. Pour ce qui est de la catégorisation, c’est très simple.
Comme Louis l’a mentionné, dans la grande majorité des cas, vous avez un bon consensus. On examine seulement le pays de constitution et l’inscription principale. S’ils correspondent, vous avez terminé. Suivant. Ensuite, oui, il y en a certains qui n’ont pas cette correspondance idéale. On doit alors examiner un peu plus en détail l’emplacement géographique des revenus d’exploitation et des actifs, la structure de la direction et le siège social.
Mais je dirais que oui, pour nous, c’est dans notre ADN, surtout quand on sait ça, il faut essayer de créer une norme pour les investisseurs. Parce que je pense que c’est ce qui est le plus utile pour le marché. On s’en est bien sortis. On a bien réussi avec la classification GICS. Qui sait? On ne ferme certainement pas la porte. Il faut voir si quelque chose peut être fait en partenariat avec d’autres fournisseurs d’indices.
Le dernier point que j’aimerais mentionner, Louis y a fait aussi allusion, c’est qu’il s’agit de nos indices phares. Mais pour les clients qui ont une stratégie de placement plus précise, on a, par exemple, des indices d’exposition à l’économie avec lesquels le pays de classification ne compte pas. On regarde vraiment d’où proviennent les revenus. Vous pouvez créer des indices personnalisés où vous récupérez toutes les actions, qui sont liées d’une façon ou d’une autre à un pays en particulier. Toutes ces choses sont aussi disponibles, mais ça devient personnalisé.
PETER HAYNES : Mike, quand je pense à la différence d’environnement entre 2000 et 2024... L’une de ces grandes différences est que les sociétés qui font partie des indices de référence nationaux à grande capitalisation dans le monde sont presque toutes des sociétés mondiales. On peut se poser la question. Pourquoi considère-t-on Shopify, qui est malheureusement maintenant la deuxième société en importance sur le marché canadien avant la TD en date d’hier, malheureusement... Je ne suis pas du tout contrarié…
Alors, le cas d’une société comme Shopify, qui a 5 % de ses revenus au Canada, mais qui est la deuxième société en importance de notre indice de référence. Ou si on pense à BP au Royaume-Uni, dont 5 % des revenus proviennent du Royaume-Uni. On aborde alors différents sujets. Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez, Mike. Premièrement, Barrick pourrait faire partie à la fois de l’indice de référence canadien et de l’indice de référence national américain, ou la TD pourrait être à 50 % canadienne et à 50 % américaine. Parce que c’est la répartition des actifs, ils sont importants dans les deux marchés des capitaux. Pensez-vous qu’on se dirige vers ça au niveau mondial, une de ces deux situations?
MIKE PERRY : L’une des choses qu’on préfère, c’est la simplicité. Il serait alors difficile sur le plan opérationnel d’avoir des sociétés représentées dans plusieurs indices de référence. Deuxièmement, si ce pourcentage des revenus changeait, ça pourrait entraîner une rotation, ce qui augmenterait les coûts. Si vous avez un portefeuille mondial, le pays dans lequel un titre est représenté n’a pas d’importance.
On veut bien admettre que certains pays auront des besoins particuliers. Dans ces cas-là, on pense que le siège social n’est pas une bonne indication de l’endroit où une entreprise devrait vraiment être représentée. Ou la constitution en société, on est d’accord avec le fait que c’est l’un des principaux facteurs pris en compte.
Même les inscriptions. Je prends une entreprise comme Prada. Prada est inscrite à Hong Kong, mais son siège social est en Italie. Le conseil d’administration est en Italie. Elle est constituée en Italie. Pourquoi son inscription serait le facteur déterminant?
PETER HAYNES : Où est-elle basée, du point de vue de la classification des pays?
MIKE PERRY : À Hong Kong.
PETER HAYNES : Vraiment? OK. Pour tout le monde ou pour toutes les grandes sociétés mondiales? Parce qu’elles sont introduites en bourse là-bas.
MIKE PERRY : Oui. C’est un problème pour lequel tous les fournisseurs d’indices et les gens du secteur doivent trouver des pratiques gagnantes.
PETER HAYNES : Dans la même veine, Catherine, le Royaume-Uni… J’ai mentionné plus tôt qu’il y a eu beaucoup de fuites sur le marché américain, de changements de domiciliation… CRH, Ferguson, Smurfit, RMI qui apparaissent aux États-Unis et dans le FTSE. Il ne fait aucun doute que les gens de LSE et le gouvernement ont pris de nombreuses mesures pour endiguer l’hémorragie des sociétés qui quittent le marché britannique. L’une des choses que LSE a faites a été de fusionner ses deux normes principales pour les inscriptions, la norme d’inscription principale et la norme de classification. On est dans cette période de transition pour certaines entreprises. Mais en fin de compte, ça change la façon dont vous considérez les entreprises pour l’indice FTSE.
Je suis curieux. Tout d’abord, quelles répercussions y aura-t-il sur l’indice FTSE? Deuxièmement, avez-vous envisagé un scénario où Shell, comme CRH ou Smurfit dans une moindre mesure, parte pour aller aux États-Unis? Shell est la deuxième société en importance du FTSE et ils ont évoqué la possibilité de s’installer aux États-Unis.
Comment réagiriez-vous à cette décision? Est-ce que vous pourriez dire que cette société est toujours pertinente ici, que vous allez la conserver dans le FTSE, puis laisser les fournisseurs d’indices américains prendre leurs propres décisions en cours de route?
CATHERINE YOSHIMOTO : On a tous des règles transparentes pour déterminer la nationalité, comme l’ont mentionné les autres fournisseurs d’indices. La façon dont on travaille avec nos comités, les comités externes de FTSE Russell, c’est qu’on les consulte et qu’ils nous font part de leurs commentaires. Maintenant, la décision finale est prise par FTSE Russell, notre conseil de gouvernance des indices.
Toutefois, s’il s’agit d’un problème… J’ai mentionné une consultation qu’on a effectuée et d’autres ont mentionné l’avoir fait aussi… Alors, au fond, on en revient à devoir consulter les membres de nos comités pour obtenir leurs commentaires sur la méthodologie. Ce n’est pas un comité dans lequel l’intégration à l’indice est votée. On a des règles générales, car il faut que ce soit transparent et simple, comme Mike l’a mentionné. La simplicité est objective.
Et vraiment, c’est ce qui a motivé la mise à jour de la règle au Royaume-Uni pour essayer de simplifier la structure. À partir de là, on continuerait à obtenir des commentaires de nos comités. Et si ça fait l’objet de consultations et d’autres décisions, c’est ainsi que notre processus de gouvernance fonctionnerait.
PETER HAYNES : Pour ce qui est de la fusion, elle n’a pas beaucoup d’impact aujourd’hui. Mais je pense que la fusion des deux classifications, ce qu’ils essayaient de faire, c’est, par exemple, que les catégories d’actions à droit de vote multiple ne soient pas autorisées à entrer dans l’introduction en bourse principale. Mais vous êtes admissible au FTSE si vous avez une introduction en bourse principale ou standard. Les nouvelles inscriptions d’actions à droit de vote multiple sont admissibles au FTSE, je crois. Est-ce logique que ce soit l’une des principales différences avec ce que LSE a fait sur ses normes d’inscription?
CATHERINE YOSHIMOTO : Il y a l’inscription, mais il y a aussi les règles d’admissibilité à l’indice, qui sont un autre niveau. Je crois qu’à FTSE Russell, on était le seul fournisseur d’indices qui ait encore des entreprises avec droit de vote multiple. Alors, les droits de vote des entreprises sont un critère.
PETER HAYNES : Tout à fait. Je devrais vous poser la question. Mais je pose la question depuis environ 10 ans d’affilée sur ce sujet, alors, j’essaie de passer à autre chose.
CATHERINE YOSHIMOTO : Mais on considère que c’est vraiment essentiel pour ce qui est de la possibilité d’investir. Pour en revenir à l’innovation entourant les indices Russell, le rajustement du taux variable était une innovation de Russell. Parce qu’ils pensaient que les actions disponibles pour les investisseurs jouaient un rôle important dans la détermination de la pondération de l’action dans l’indice. En plus du taux variable, on applique les droits de vote. Ça permet de s’assurer que les actions comprises dans l’indice et la pondération reflètent la possibilité de placement.
PETER HAYNES : Mike, une question pour vous. En mars dernier, S&P a publié certains changements à l’indice de dividendes Dow Jones 100. L’un des courtiers américains a établi un lien avec un très grand fonds négocié en bourse. Les changements qui ont été apportés par S&P Dow Jones un vendredi soir ne reflétaient pas ces règles très transparentes attendues par Wall Street pour cet indice de référence. Les gens savaient à l’avance ce qui allait arriver selon les règles.
Le secteur a exercé quelques jours de pression sur S&P pour leur signifier qu’ils avaient commis une erreur. Quelques jours plus tard, S&P a annoncé qu’il modifiait la composition pour qu’elle ressemble beaucoup plus à ce que Wall Street avait prévu. Entre-temps, les changements imprévus ont laissé une empreinte importante sur le marché, puis ont dû être annulés.
Je pense que vous pourriez dire que, d’un côté, S&P a bien fait les choses. Ce qui est important avant le changement. Mais le fait que l’annonce ait été faite après a eu des répercussions et l’erreur a été repérée par Wall Street à ce moment-là. Je pense à tous les événements liés aux indices que j’ai vus et qui ont eu un impact… J’ai reçu plus de critiques de la part de la communauté traditionnelle de négociation fondamentale à l’égard de cette erreur que tout ce que j’ai vu au cours de ma carrière… En partie en raison de la taille du fonds qui faisait le suivi.
Je suis curieux. En passant, ce n’est pas juste. Je ne veux pas m’en prendre uniquement à Lou, car tous les fournisseurs d’indices ont un jour rencontré des problèmes. Je suis toutefois curieux de savoir, Mike, si vous avez observé des erreurs en cours de route, comme j’en suis certain, dans votre rôle de gestionnaire de portefeuille. Selon vous, que faut-il faire dans de tels cas? On sait bien qu’il y aura d’autres erreurs à l’avenir.
MIKE PERRY : Certainement. Tout d’abord, les fournisseurs d’indices comptent sur les fournisseurs de données. En réalité, ils ne sont pas assez bons. Selon nous, une expertise locale devrait être apportée, au besoin. Au-delà d’un certain seuil, une expertise locale devrait être mise à contribution pour valider le changement.
L’Asie peut être très difficile en termes de taux variable, alors, il devrait y avoir des experts locaux en Asie pour dire ce qui est vraiment disponible à taux variable pour ces sociétés. On peut faire mieux. On vient de voir un exemple avec FTSE au cours du dernier trimestre, où un titre allait être ajouté en Indonésie. La veille, on a découvert qu’il s’agissait d’une société à propriété assez étroite, qui ne respectait pas les règles de possibilités de placement, mais il était trop tard pour changer. Elle a été ajoutée le vendredi et retirée le jour suivant.
Les indices ne doivent pas toujours acheter à la fermeture. On ne l’a pas fait. On a admis que c’était quelque chose qu’on ne pouvait pas acheter, que ça entrait dans notre budget dédié au risque pour ce qui est du suivi. On a décidé de ne pas l’acheter et c’était la bonne décision. En fin de compte, la façon dont on négocie a pour but de réduire les coûts pour les investisseurs et de leur donner les meilleures chances de réussite en matière de placement. On est toujours conscients des coûts.
PETER HAYNES : Diriez-vous que vous avez constaté une hausse des erreurs de la part des fournisseurs d’indices dans l’ensemble... Je ne veux pointer personne du doigt… Au cours des dernières années, par rapport au début de votre carrière? Ou est-ce simplement parce qu’ils sont plus importants maintenant?
MIKE PERRY : Je pense qu’il y a maintenant plus d’observateurs. Le processus s’est amélioré. On a certainement des équipes de gestion du risque opérationnel qui contrôlent nos fournisseurs d’indices et s’assurent que les processus sont en place pour fournir un indice exact. Mais il y aura des problèmes, car certaines nuances locales ne peuvent pas être saisies en permanence par ces fournisseurs de données. Alors, il y a un autre niveau d’expertise qui doit être intégré au processus à l’échelle locale.
PETER HAYNES : Oui. C’est quelque chose que j’ai remarqué, au fil du temps, certains fournisseurs d’indices ont imparti ce travail de données au lieu de le faire eux-mêmes et de le gérer à l’interne. Évidemment, c’est sans doute dû à des économies de coûts. Mais en même temps, vous vous fiez maintenant à des fournisseurs de données tiers qui ne sont peut-être pas aussi précis ou conscients de l’importance de ces données.
Lou, il ne serait pas juste que je parle de vous, alors que vous êtes assis à côté de moi, sans vous donner la parole. Y a-t-il un processus de rattrapage lorsque vous faites une telle erreur? Et devez-vous communiquer avec les organismes de réglementation? Y a-t-il des points à retenir de l’analyse rétrospective? La question est de savoir si vous êtes réglementés, parce que je sais que beaucoup de gens pensent que les fournisseurs d’indices devraient être réglementés d’une façon ou d’une autre.
LOUIS BELLUCCI : Oui, on peut commencer par ça. La réponse est oui, dans certains territoires. Aux États-Unis, par exemple, là où se trouve le produit que vous avez mentionné, la réponse est non. Les fournisseurs d’indices ne sont pas réglementés. Notre équipe juridique, SPDGI, maintient un dialogue ouvert avec les organismes de réglementation. On parle de toutes sortes de questions pertinentes sur les indices. Ça peut être un incident, ou ça peut inclure des incidents ponctuels. Je ne sais pas exactement pour le cas que vous avez mentionné. Je n’ai pas participé à ces conversations, alors, je ne suis pas certain.
J’ai vraiment apprécié que vous parliez des données. C’est très pertinent pour cet exemple. Vous regardez un indice composé de plus de 1 000 sociétés, un indice axé sur les dividendes, avec des superpositions fondamentales. En examinant cet univers et tous les éléments fondamentaux qui entrent dans la sélection du dernier panier de 100, on se retrouve avec environ 20 000 points de données individuels. Chacun d’eux peut avoir une incidence sur le résultat final. Alors, S&P cherche des façons d’améliorer ces points de données provenant de sources multiples et de les maîtriser afin d’éviter que des problèmes semblables se reproduisent non seulement pour cet indice, mais pour l’ensemble des plus de 600 000 indices qu’on calcule.
Je suis certain que mes pairs connaissent la même chose, c’est-à-dire beaucoup d’étapes d’assurance qualité en place pour éviter en premier lieu que ça arrive. En fait, c’est ce qui s’est passé dans ce cas. Lorsqu’un tel incident se produit, peu importe la taille de l’incident, S&P suit un processus officiel pour examiner la cause profonde, puis met en œuvre les mesures correctives appropriées qu’on peut trouver.
PETER HAYNES : C’est un débat continu entre les utilisateurs d’indices, comme Mike, de savoir si c’est une bonne chose d’avoir des règles de transparence afin que les gens puissent anticiper les activités qui vont se produire, se positionner et, essentiellement, atténuer les répercussions de l’événement. Pourtant, pour certains des indices personnalisés que vous gérez et qui sont devenus des FNB très importants, le gestionnaire de fonds individuel pourrait ne pas vouloir que ces renseignements soient du domaine public, ce qui les rendrait plus difficiles à reproduire. Est-ce quelque chose que vous voyez souvent?
LOUIS BELLUCCI : Oui, parfois. Vous avez raison. Il y a un écosystème autour de ces rééquilibrages. Les personnes qui ont cet appétit pour le risque et qui agissent et négocient pendant la période pro forma que vous avez mentionnée dans votre question initiale sont un élément important de cet écosystème. Ça s’est produit au cours de la période pro forma et ça a été corrigé avant le rééquilibrage de l’indice. Je pense qu’il s’agit d’un bon équilibre entre les différentes parties de l’écosystème, pour trouver et fournir les liquidités nécessaires à la mise en œuvre efficace et rentable de ces opérations. Mais en même temps, je pense qu’ils ont aussi un avantage.
PETER HAYNES : Oui. Bon nombre de courtiers ont perdu des talents au profit des fonds de couverture. Ces fonds de couverture font la même chose que le courtier : ils prédisent ce qui se passera, mais ne le publient pas nécessairement.
On va maintenant passer à JML. J’aimerais parler un instant de la Corée du Sud, car c’est un sujet controversé en ce moment. Elle a un statut de pays divisé. Ce que je veux dire par là, c’est que MSCI considère la Corée du Sud comme un marché émergent et FTSE la considère comme un marché développé. Je suis simplement curieux. Pourquoi l’indice MSCI a-t-il traité la Corée du Sud comme un marché émergent, historiquement?
JEAN-MAURICE LADURE : Il faut être clairs. On ne parle pas de la Corée du Sud en tant que pays. On parle vraiment du marché. En tant que pays, il s’agit clairement d’une économie développée. Pas de problème. MSCI a une classification de marché très transparente. Il y a trois piliers.
Le développement économique, la Corée coche cette case. La taille et la liquidité, encore une fois, elle coche. Elle a suffisamment d’actions, assez grandes, assez liquides, tout bon. Mais le troisième pilier est l’accessibilité des marchés et c’est là qu’il y a des lacunes. Quand vous voulez vraiment entrer dans le club des marchés développés, vous devez cocher les trois piliers. C’est très, très important.
Alors, on a mené des consultations assez longues sur la Corée du Sud. En fait, on a commencé en 2008 et on a terminé en 2014. Chaque année, on faisait ça. Depuis, on s’est arrêtés parce qu’elle n’est pas encore prête. Il y a quatre points principaux, qui ne sont toujours pas au niveau auquel on s’attend dans un marché développé.
Le premier est la devise. Vous ne pouvez pas vraiment l’échanger correctement à l’étranger. C’est le premier problème. Le deuxième est la structure du système d’identification. Globalement, elle n’est pas assez avancée pour un marché développé. Le troisième est la disponibilité des instruments de placement pour les investisseurs étrangers. Le dernier, qui est tout nouveau et qui date de novembre de l’année dernière, c’est le fait qu’on a décidé de mettre en place une interdiction complète des ventes à découvert. Encore une fois, elle n’est pas au niveau qu’on attend dans le club des marchés développés.
Alors, ils ont annoncé une initiative encourageante. On examine la situation de très près, avec beaucoup d’intérêt et on pourrait être sur le bon chemin. Mais comme toujours, avant de passer au mode de concentration, on a besoin de l’annonce. C’est fait. On a besoin de la mise en œuvre. C’est en cours. Mais le plus important sera les tests. Est-ce que ça fonctionne?
À un moment ou à un autre, on va retourner sur le marché. De nouvelles choses sont mises en place. Est-ce que ça fonctionne? Est-ce que ça permet à un important investisseur international d’accéder au marché comme tout autre marché développé?
PETER HAYNES : C’est intéressant, car les représentants du gouvernement participent à ces discussions. On a vu ça en Chine par le passé, en particulier avec l’indice MSCI. Ils veulent évidemment être considérés comme développés, ou émergents, peu importe. Il semble que ces pays ne puissent pas s’en empêcher. Ils s’entêtent, que ça leur plaise ou non. Vous avez donné un exemple parfait de la façon dont la Corée du Sud s’est entêtée cette année ou il y a un an, par rapport à l’interdiction complète des ventes à découvert.
Catherine, je suis curieux. En raison de tous les autres aspects qui font que l’indice MSCI ne peut pas considérer la Corée du Sud comme une économie émergente, ça n’a pas suffi pour que l’indice FTSE la considère comme une économie émergente, elle est restée classée comme économie développée. Mais maintenant, il y a cette nouvelle interdiction de vente à découvert. Lorsque cette interdiction a été mise en place, quels commentaires avez-vous reçus de la part de vos conseillers quant au fait que ça aurait pu être la goutte d’eau qui ferait passer la Corée du Sud au statut de pays émergent, étant donné qu’on a besoin de ventes à découvert pour accroître la liquidité des opérations?
CATHERINE YOSHIMOTO : Vous avez mentionné que certains gouvernements sont plus disposés à discuter. C’est pourquoi notre groupe des politiques a communiqué avec les représentants de la Corée pour chercher des améliorations et, essentiellement, pour voir comment ils pouvaient s’améliorer après s’être entêtés. En concertation avec les comités de consultation et les commentaires, il s’agit vraiment de maintenir la stabilité. Plutôt que de prendre une décision précipitée qui pourrait devoir être annulée par l’application de certains correctifs, il est dans l’intérêt de tout le monde de poursuivre l’engagement avec les représentants du gouvernement.
Ce n’est pas toujours le cas. Lorsque la Russie a évolué, je crois que FTSE Russell a été le premier fournisseur d’indices à retirer la Russie de l’indice boursier mondial FTSE pour en faire un pays non classé. Tout dépend de la situation. Dans le cas de la Corée du Sud, ils ont été ouverts aux commentaires en fonction de la réaction du marché.
PETER HAYNES : Mike, je vais vous le demander. En tant qu’utilisateur ou investisseur sur les marchés mondiaux, quelle est l’importance de l’interdiction de la vente à découvert par rapport à votre perception de la liquidité sur ce marché? Étiez-vous d’avis que la Corée du Sud devrait peut-être être inscrite sur une liste de surveillance, à tout le moins, ou même passer des marchés développés aux marchés émergents en raison de la règle de vente à découvert?
MIKE PERRY : Quand j’ai su que cette question était posée, j’ai communiqué avec mon bureau des opérations, qui s’occupe de toutes les opérations en Corée du Sud pour nous. Soixante-dix pour cent de ce marché est celui du commerce de détail. Leur réaction initiale a été d’interdire les ventes à découvert, ce qui n’était pas idéal. Quand on pense aux pratiques gagnantes pour les marchés, on ne veut pas avoir ce type d’interdiction. Ils travaillent à mettre en place certaines mesures qui devraient finir par éliminer cette interdiction.
Ils n’ont pas constaté de baisse importante des liquidités, alors, il n’était pas devenu plus difficile de faire des opérations là-bas qu’avant la mise en place de l’interdiction. C’est une bonne question. Ce marché est-il développé ou émergent? On a fait valoir que, d’un point de vue opérationnel, il y a des aspects certainement plus émergents qu’ils ne sont développés. Mais quand on examine la perspective en termes de croissance, le RNB, on est plus dans la catégorie des marchés développés. Samsung détient 25 % de la capitalisation boursière du pays et 70 % de ses revenus proviennent des pays développés. Alors, l’exposition est plus développée qu’émergente.
PETER HAYNES : Vous utilisez un indice de référence de pays différent. Désolé.
MIKE PERRY : Oui, c’est une question intéressante. Du point de vue de l’exposition et de l’économie, il ne fait aucun doute qu’elles sont développées. Il y a certains problèmes opérationnels qu’on aimerait voir résolus. Le libre-échange des devises s’est amélioré.
L’interdiction de vente à découvert devrait être levée au début de l’année, il faut l’espérer. On a réussi à négocier des comptes omnibus dans ce marché, ce qui était un problème auparavant. On a alors constaté de réels progrès sur le plan opérationnel. On sait que purement de ce point de vue, c’est un pays développé si l’on tient compte de l’exposition réelle.
PETER HAYNES : L’idée qu’un gouvernement décide de faire une expérience concrète pour voir ce que l’interdiction des ventes à découvert va faire sur le marché me préoccupe, car les résultats ne seront peut-être pas assez solides pour que le gouvernement comprenne les dommages qu’il cause. La propriété au détail des actions là-bas a clairement une incidence sur la façon dont le marché…
MIKE PERRY : Sans aucun doute.
PETER HAYNES : … existe aujourd’hui, mais peut-être pas sur la façon dont il évoluera. Je veux juste vérifier auprès de l’auditoire si quelqu’un a des questions. Scott, est-ce qu’il y a quelque chose?
SCOTT : On a beaucoup parlé des perturbations boursières liées aux ajouts et aux suppressions des indices. À quel moment l’indexation devient-elle un secteur d’activité saturé? Par exemple, si on avait 100 % du marché représenté dans les indices, vous pouvez imaginer certaines des choses néfastes qui pourraient se produire. À quel moment est-ce que ça devient trop encombré? Est-ce à 50 %, 75 %, 95 %? Qu’en pensez-vous?
PETER HAYNES : Mike, dans l’article écrit par Cliff Asness dont on a parlé plus tôt, je pense qu’on a posé cette question à Bogle. Il a répondu que c’était 75 %. Je suis simplement curieux. Est-ce le chiffre qui vous met d’accord, ou comment est-ce que vous voyez ça?
MIKE PERRY : Lorsque vous examinez l’appartenance à un indice et la participation dans des sociétés détenues par des fonds indiciels, celles dont la participation dans l’indice est plus élevée ne surpassent pas celles dont la participation est moins importante. Voilà pour le premier point. À un moment donné, comme aux États-Unis, 30 % du marché est indexé, environ. Seulement 5 % des opérations sont effectuées au moyen de flux indiciels, ce qui signifie que 95 % des opérations sont effectuées par des sociétés autres que celles qui sont indexées. La détermination des prix reste dynamique sur le marché.
Maintenant, il y aura certains exemples de changements dans les indices, comme Tesla, qui est certainement un bon exemple. En général, les marchés sont efficaces au fil du temps. Vous pouvez toujours observer des moments précis et dire que ce n’est pas efficace. Sur de longues périodes, c’est efficace. Quel est le chiffre? Je dirais qu’on a encore beaucoup de marge.
JEAN-MAURICE LADURE : Oui, je suis d’accord. Je n’ai pas de chiffre à vous donner non plus. Je crois qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais il y aura un certain point, je pense. L’idée d’équilibre a été évoquée plus tôt, mais je ne pense pas qu’on en soit à un point d’encombrement. Je pense qu’on en arrive au point où d’autres occasions commencent à se présenter sur le marché et les participants commencent à en profiter. Avec le temps, si on en arrive là, il trouvera sa zone de confort plutôt que de devenir problématique en fin de compte.
PETER HAYNES : Dans la même veine, Mike, Vanguard a fait l’objet d’une certaine surveillance de la part des détracteurs et des organismes de réglementation, qui laissent entendre que vous contribuez en tant que société à ce que Sanford Bernstein a appelé, je crois, « la voie vers le servage », dans laquelle il suggérait que le communisme était une meilleure forme d’affectation du capital que l’indexation. C’est là-dessus que portent les critiques. Votre taille fait l’objet d’un examen minutieux. Comment répondez-vous à ces critiques en tant que société?
MIKE PERRY : En général, je pense que l’indexation a été un grand avantage pour les investisseurs dans le monde. Comme je l’ai déjà dit, les coûts sont importants. Si vous regardez le rendement des fonds peu onéreux, ils surpassent les fonds à coût élevé. On a un service de gestion des placements qui examine de très près les votes. On a mis en place des initiatives pour transmettre une partie de ce droit de vote aux grands actionnaires. Alors, vous allez probablement en voir davantage. On est très conscients que notre objectif est de donner à nos investisseurs les meilleures chances de réussite en matière de placement.
PETER HAYNES : Pour ma dernière question, je veux juste parler d’un sujet clé. On en a parlé à quelques reprises aujourd’hui, c’est le plafonnement des indices de référence. Au Canada, on a réglé ce problème avec Nortel il y a plusieurs années. Aux États-Unis, le plafonnement est devenu un sujet important, en particulier en ce qui concerne la concentration dans les grandes sociétés technologiques.
Si vous n’êtes pas aux États-Unis, vous ne connaissez probablement pas les règles des sociétés d’investissement réglementées. Mais ces règles dictent bon nombre des décisions que les fournisseurs d’indices prennent au sujet du plafonnement. Pouvez-vous expliquer quelles sont les règles des sociétés d’investissement réglementées qui ont incité S&P, par exemple, à établir de nouvelles règles de plafonnement dans vos secteurs, y compris les technologies?
LOUIS BELLUCCI : Certainement. Ces règles s’appliquent aux utilisateurs d’indices, de FNB, de fonds communs de placement, etc. Les indices et les plafonds, c’est-à-dire les méthodologies mises en place, visent à appuyer le respect des règles des sociétés d’investissement réglementées qui sont en fait imposées. Selon les règles actuelles, aucun titre individuel ou aucune société ne peut dépasser 25 % du portefeuille. La somme de ceux ou celles dont la pondération est supérieure à 5 % ne peut pas dépasser 50 %.
Aux États-Unis, une grande partie de ça est pilotée par les règles des sociétés d’investissement réglementées. Il y a des règles équivalentes en Europe, comme les OPCVM… Mais ce qui est intéressant, du point de vue des fournisseurs d’indices, c’est qu’on propose un choix. C’est fondé sur les besoins d’une personne, qu’il s’agisse d’un fournisseur de FNB ou de quelqu’un d’autre qui veut peut-être mesurer son approche active par rapport à un indice de référence. On calcule des indices non plafonnés. On calcule des indices plafonnés de sociétés d’investissement réglementées. On calcule des indices plafonnés d’OPCVM. On calcule des indices à pondération égale, et ainsi de suite. La liste continue en fonction de l’utilisation individuelle.
Un puriste pourrait dire que le plafonnement nuit à cet objectif fondamental des fournisseurs d’indices. Je pense que c’est juste. Je pense qu’il est juste de le dire. Mais au moins aux États-Unis, par exemple, si un FNB perd son statut de société d’investissement réglementée, c’est en substance le début de la fin pour ce FNB. Il irait probablement à sa perte, au détriment de l’investisseur final, en fin de compte, qui perdrait des choses comme les avantages fiscaux liés à ce fonds.
PETER HAYNES : Par conséquent, bon nombre des problèmes liés aux sociétés d’investissement réglementées que vous avez traités étaient spécifiques aux produits de détail et, je suppose, à certains fonds qui ont des FNB dominants, par exemple. Il y a un scénario, et c’est ce qu’on a vu au Canada en 2000, quand vous parlez de votre indice de référence principal, avec des utilisateurs qui sont préoccupés par les règles des sociétés d’investissement réglementées, mais d’autres qui ne le sont pas. Je placerais l’indice S&P 500 dans cette catégorie. Avez-vous envisagé un scénario de problèmes de concentration de sociétés d’investissement réglementées pour l’indice 500, où vous auriez un groupe de personnes qui ne voudraient probablement pas que vous plafonniez ces titres dans votre indice de référence principal?
LOUIS BELLUCCI : Oui, on doit spéculer sur ce genre de choses. Il y a encore beaucoup de chemin avant que ça devienne un problème. Je tenais à le préciser dès le départ. Au Canada, c’est comme ça que ça se passe : on a deux versions d’un indice plafonné et d’un indice non plafonné, en fonction du besoin ou du cas d’utilisation pour les utilisateurs.
J’ai lu quelque chose d’intéressant. Je pense que Rob est parti. Mais dans l’un de ses articles, en 2018, je crois, il explique que, si vous regardez les 10 plus grandes pondérations ou les 10 plus grandes sociétés de capitalisation boursière du monde, 10 ans plus tard, seulement 3 d’entre elles sont toujours parmi les 10 plus importantes. Alors, on est dans une période intéressante.
PETER HAYNES : En ce moment, ils sont tous aux États-Unis.
LOUIS BELLUCCI : Ils sont tous aux États-Unis, oui, mais on est dans une période intéressante d’indices concentrés très élevés. Mais ça ne veut pas nécessairement dire que ça va continuer. C’est possible.
PETER HAYNES : Je vois. La question que tout le monde se pose en ce moment, c’est celle de savoir si c’est à long terme ou cyclique.
LOUIS BELLUCCI : Bien sûr. C’est quelque chose qui doit être surveillé. Mais pour le moment, l’alerte ne retentit pas.
PETER HAYNES : Catherine, pour la croissance de la valeur, Russell a récemment tenu des consultations sur ces questions, en particulier la croissance des titres du Russell 1000. Pouvez-vous nous parler de ce que vous avez finalement décidé de faire?
CATHERINE YOSHIMOTO : Oui, on a annoncé vendredi dernier qu’on allait plafonner la croissance de la valeur de Russell 1000, etc., de sorte que toute la gamme d’indices de style Russell aux États-Unis puisse soutenir nos clients : les indices de suivi qui sont assujettis aux règles des sociétés d’investissement réglementées, qui sont propres à la diversification, les fonds de sociétés d’investissement réglementées.
Comme vous le dites, ça aurait pu être considéré comme un problème de détail. Mais à mesure que les Sept Magnifiques ont pris de l’expansion ces dernières années, le problème a pris de l’ampleur. C’est ce qui nous a amenés à tenir des consultations à ce sujet, car le non-respect de ces règles a de graves conséquences fiscales.
On a mené des consultations en août. La majorité des commentaires étaient favorables au plafonnement. Pour ce qui est de continuer à offrir la version non plafonnée, oui, c’est la décision qu’on a annoncée. Premièrement, on appliquera la règle selon laquelle on a une marge de manœuvre, soit 4,5 % au total, pas plus de 45 % lors des revues trimestrielles, avec un plafond de 22,5 % pour les entreprises. Ce qui donne une certaine marge de manœuvre par rapport aux 550 dont on a parlé, soit 25 %. Ce sera mis en place à la revue trimestrielle de mars.
Simultanément, à la suite de cette revue, les deux indices vont se séparer. Il y aura alors une version non plafonnée de l’indice de référence par rapport à l’indice de croissance Russell 1000 standard, par exemple, qui conservera son nom et son code d’indice et continuera d’être une version plafonnée, comme la version à capitalisation. Mais on ne va pas changer le nom, parce que c’est difficile.
PETER HAYNES : Vous ne forcez pas les gens à utiliser un nouvel indice de référence. C’est la continuité de l’indice de référence. S’ils veulent respecter les règles actuelles, ils doivent y souscrire et l’accepter. Ou trouver un nouvel indice de référence.
CATHERINE YOSHIMOTO : Ils doivent passer à la version non plafonnée.
PETER HAYNES : Ce que j’ai trouvé très intéressant dans cette revue, c’est que c’est la première fois que je voyais la communauté des investisseurs fondamentaux participer vraiment à une consultation sur les indices. Et vous savez combien d’investisseurs fondamentaux utilisent l’indice de croissance de Russell comme référence, même si ce sont des gestionnaires actifs. Si vous creusez un peu et examinez les placements de ces gestionnaires actifs. Oui, ils sont très concentrés sur les mêmes titres, avec des pondérations très différentes. Je suis curieux, JML. Avec le plafonnement pour MSCI, avez-vous rencontré des situations où vous devez imposer un plafonnement dans vos indices de référence?
JEAN-MAURICE LADURE : Jusqu’à maintenant, évidemment, nos indices phares ne sont pas plafonnés. On veut vraiment saisir toutes les occasions de placement sans contrainte, mais on dispose de toutes les options pour ajouter des plafonds, au besoin. Ce qu’on a vu, en fait, c’est qu’en raison de la situation extrême dans laquelle on se trouve, certains fournisseurs de FNB… On ne s’en était pas rendu compte, comme il s’agit d’indices un peu plus concentrés… Ils n’ont pas par défaut imposé certains de ces plafonds parce qu’ils pensaient qu’ils ne les atteindraient jamais.
Alors, on a ces discussions. C’est plus qu’une question sur la façon d’aider nos clients à migrer, pour potentiellement ajouter cette couche supplémentaire. Mais je suis sûr que quand vous êtes chef de la recherche sur la gestion d’indices, vous devenez paranoïaque sur ce qui pourrait mal tourner et la situation extrême où la méthodologie elle-même pourrait ne pas se comporter exactement comme vous le voulez.
Alors, même quand les choses ne sont pas nécessairement touchées ou qu’elles ne sont pas à ce point extrêmes, on passe beaucoup de temps à se demander : « OK, où est-ce qu’on pourrait se tromper? » Parce qu’il est beaucoup plus facile de modifier la méthodologie. S’il s’agit d’un changement important, vous devez consulter le client avant de le faire, mais vous devez le faire sans attendre la dernière minute, lorsque vous êtes dos au mur.
PETER HAYNES : Il est facile de se dire : « Je veux investir à l’échelle mondiale et je veux utiliser l’indice de référence mondial MSCI. » Ensuite, on constate que 70 % de cet indice de référence de marché développé se trouve aux États-Unis. Est-ce qu’on vous demande des versions du plafonnement de l’exposition au marché américain? C’est difficile à faire, car le rendement est supérieur en ce moment. C’est en lien avec le thème de la relance abordé par Rob plus tôt. Est-ce que quelqu’un vous demande ça?
JEAN-MAURICE LADURE : On n’a pas…
PETER HAYNES : Ils le demanderont dès que le marché commencera à se replier aux États-Unis, si ça se produit. Au nom de la TD, je tiens à remercier nos quatre conférenciers de s’être joints à nous aujourd’hui. Excellente discussion. Mike, merci de vous être joint à la table ronde sur les indices et…
MIKE PERRY : Merci.
PETER HAYNES : … de nous avoir donné le point de vue de Vanguard. On va faire une pause de 15 minutes. On se revoit vers 10 h 40. Merci.
[APPLAUDISSEMENTS]
Ce balado ne doit pas être copié, distribué, publié ou reproduit, en tout ou en partie. Les renseignements contenus dans cet enregistrement ont été obtenus de sources accessibles au public, n’ont pas fait l’objet d’une vérification indépendante de la part de Valeurs Mobilières TD, pourraient ne pas être à jour, et Valeurs Mobilières TD n’est pas tenue de fournir des mises à jour ou des changements. Toutes les références aux cours et les prévisions du marché sont en date de l’enregistrement. Les points de vue et les opinions exprimés dans ce balado ne sont pas nécessairement ceux de Valeurs Mobilières TD et peuvent différer de ceux d’autres services ou divisions de Valeurs Mobilières TD et de ses sociétés affiliées. Valeurs Mobilières TD ne fournit aucun conseil financier, économique, juridique, comptable ou fiscal ou de recommandations dans ce balado. Les renseignements contenus dans ce balado ne constituent pas des conseils de placement ni une offre d’achat ou de vente de titres ou de tout autre produit et ne doivent pas être utilisés pour évaluer une opération potentielle. Valeurs Mobilières TD et ses sociétés affiliées ne font aucune déclaration ou ne donnent aucune garantie, expresse ou implicite, quant à l’exactitude ou à l’exhaustivité des déclarations ou des renseignements contenus dans le présent balado et, par conséquent, déclinent expressément toute responsabilité (y compris en cas de perte ou de dommage direct, indirect ou consécutif).
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.