Répercussions géopolitiques actuelles sur le prix du pétrole
Par : Bart Melek
oct. 18, 2024 - 4 minutes 30 secondesAperçu:
- Les prix de référence du pétrole brut se sont fortement redressés après avoir enregistré certains des taux les plus bas en trois ans.
- Le marché risque de subir une correction importante au cours des prochains mois, sans réduction de la production.
- Les mesures de relance économique chinoises pourraient stimuler la demande, mais elle sera encore en deçà des niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19.
- L’intensification du conflit entre Israël et l’Iran pourrait avoir des répercussions sur les infrastructures énergétiques d’autres pays.
Le pétrole brut reçoit un coup de pouce en raison des mesures de relance en Chine et du conflit au Moyen-Orient
Les prix de référence du pétrole brut à l’échelle mondiale se sont fortement redressés après leurs récents creux. Le prix du baril de pétrole West Texas Intermediate (WTI) s’établit actuellement à près de 75 $ US, le Brent oscillant près de 79 $ US le baril, en forte hausse par rapport aux creux de 65,75 $ US et de 69 $ US le baril respectivement, au début de septembre.
Les principaux facteurs de la récente remontée n’ont pas grand-chose à voir avec une amélioration importante des paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande sur le terrain. La hausse des prix a plutôt été largement attribuable à la possibilité que les mesures de relance de la Chine stimulent la demande future et au risque accru qu’Israël et l’Iran entrent en conflit sur le plan militaire, ce qui pourrait perturber les flux de pétrole de la région. Les producteurs de l’OPEP+ ont décidé en septembre de maintenir les réductions de production jusqu’en décembre, ce qui influe aussi sur la remontée des prix. Les menaces voilées selon lesquelles l’Arabie saoudite est prête à lancer une guerre des prix pour conserver sa part de marché si d’autres « tricheurs » ne respectent pas les ententes du groupe ont également accéléré la croissance.
Paramètres fondamentaux faibles, coupures nécessaires pour prévenir la débâcle
Malgré les inquiétudes suscitées par l’élargissement de la guerre au Moyen-Orient et l’intention des producteurs de l’OPEP+ de maintenir les réductions de production en vigueur jusqu’en décembre, le marché du pétrole brut est à risque d’une correction importante au cours des prochains mois. L’excédent à venir à compter du début de 2025, attribuable à la faiblesse de la demande mondiale et à la forte croissance de l’offre, devrait faire grimper les stocks d’environ 155 millions de barils au premier semestre de l’année prochaine. Le prix du pétrole brut WTI pourrait bien baisser pour atteindre la fourchette de 50 à 60 $ US au cours des prochains mois.
Les marchés souhaitent que l’OPEP+ respecte les quotas de production et retarde davantage le dénouement des réductions de production afin d’éviter une correction prononcée. Bien que la production hors OPEP+ devrait bondir d’environ 1,5 million de barils par jour, la demande augmente de moins d’un million de barils par jour. Les stocks donnent à penser qu’une réduction de 500 000 barils par jour relativement aux niveaux actuels devrait préserver un équilibre approximatif du marché et empêcher le pétrole brut de se retrouver dans la fourchette inférieure estimative de négociation.
La tricherie de l’OPEP demeure un frein au marché
Compte tenu de la récente tricherie (notamment par l’Irak), de la forte surcapacité de l’OPEP et de la perte de part de marché du cartel, les réductions requises pour équilibrer le marché seront beaucoup plus difficiles à réaliser que dans le passé. Après tout, en raison de l’augmentation marquée de la capacité hors OPEP, la politique de réduction de la production de l’OPEP+ n’a pas permis d’atteindre les niveaux de prix souhaités (cible non officielle de 100 $ US le baril de l’Arabie saoudite) et a entraîné une perte importante concernant la part de marché.
L’abandon par l’Arabie saoudite d’une cible de prix élevée indiquerait une augmentation de la production provenant du cartel et, par définition, une baisse importante des prix. L’objectif d’une telle politique était de stimuler la demande tout en poussant les acteurs marginaux à quitter le marché, et de limiter la croissance de la capacité hors OPEP.
Faiblesse de la Chine : un gros problème pour le marché du pétrole
La Chine est le plus important importateur annuel de pétrole brut au monde depuis 2017, devançant les États-Unis à cet égard. Cette tendance marque un tournant et est attribuable à son besoin d’énergie rapidement croissant pour alimenter sa croissance économique dynamique depuis le milieu des années 1990. Lorsque la COVID-19 a paralysé l’économie à la fin de 2019, la Chine a réagi en adoptant une politique « zéro COVID » qui a entraîné la fermeture de pratiquement toute son économie. Par conséquent, la trajectoire de croissance de la demande de pétrole a chuté de façon spectaculaire.
Depuis, la reprise économique de la Chine a été inégale, l’économie ayant progressé de moins de 5 %. Le marché immobilier résidentiel a plongé et la demande de pétrole a considérablement déçu les marchés. Bien qu’elle ait adopté certaines mesures de relance, elles sont modestes par rapport au PIB nominal de 130 milliards de yuans (18,53 milliards de dollars américains) de la Chine.
Conformité de l’OPEP et nouvelles réductions nécessaires pour équilibrer 2025
Nous estimons que, dans l’ensemble, la demande de pétrole de Beijing devrait augmenter de seulement 0,3 million de barils par jour l’année prochaine. En comparaison, la demande s’établissait à 0,7 million de barils par jour avant la pandémie de COVID-19. D’autres mesures, qui devraient être annoncées par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire plus tard ce mois-ci, pourraient améliorer quelque peu cette estimation, mais ne transformeront pas le marché.
Le Moyen-Orient en plein conflit pourrait faire bondir le prix du pétrole brut à 100 $ US le baril
Les prix du pétrole monteraient probablement en flèche si une guerre généralisée devait éclater au Moyen-Orient. Si Israël cible les infrastructures pétrolières de Téhéran, l’Iran pourrait prendre des mesures de rétorsion contre les pétroliers qui naviguent dans le détroit d’Hormuz, ainsi que contre les pipelines et d’autres infrastructures énergétiques de pays favorables à Israël et aux États-Unis.
L’Iran a produit environ 3,34 millions de barils par jour en septembre. Si les flux en provenance de l’Iran cessaient pendant un certain temps, les prix monteraient sans aucun doute en flèche. Toutefois, étant donné que l’Agence internationale de l’énergie estimait que la capacité de réserve totale de l’OPEP était de 5,7 millions de barils par jour à la fin d’août, ce ne serait pas la fin du monde.
Si Téhéran devait attaquer les infrastructures énergétiques des pays du golfe Persique et la circulation de pétroliers dans le détroit d’Hormuz, les répercussions seraient beaucoup plus graves et durables, car ces stocks ne peuvent pas être remplacés. À eux seuls, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et l’Irak produisent quelque 19,2 millions de barils par jour de pétrole brut. Par conséquent, un prix du pétrole brut de 100 $ et plus pendant une période prolongée est probable.
Les clients qui s’abonnent peuvent lire le rapport complet, intitulé Mid-East Conflict and OPEC+ Restraint Hopes Preventing a Sharp Oil Correction, sur le portail Une seule TD