Classe de maître avec le roi des parfums
Invitée : Harry Slatkin, entrepreneur et expert en parfums
Animateur : Oliver Chen, analyste, Produits de détail et de luxe, TD Cowen
En direct du 8e congrès annuel Future of the Consumer, Oliver Chen discute avec Harry Slatkin, entrepreneur et philanthrope, de l’évolution des parfums d’intérieur et de ce qui s’en vient dans le secteur.
Ils explorent le portefeuille de marques de M. Slatkin et discutent de l’innovation en matière de parfum d’intérieur, de l’avenir du secteur des bougies, des grandes tendances en matière de parfum pour la maison, le bain et de corps, de la façon dont les préférences diffèrent en fonction des générations et de l’importance de bâtir une communauté de consommateurs passionnés.
Ce balado a été enregistré le 3 juin 2024.
Conférencier 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Ce balado réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Oliver Chen :
Je suis Oliver Chen de la série Visionnaires des Services de détail de TD Cowen, qui présente des personnes et des idées visionnaires. J’ai le plaisir d’accueillir Harry Slatkin! Harry est un entrepreneur et un philanthrope. Le New York Times l’a surnommé le roi des parfums d’ambiance et des célébrités comme Oprah Winfrey et Elton John utilisent ses produits. En tant que fondateur et force créatrice de Slatkin + Company, une marque de parfums d’ambiance, Harry est considéré comme l’un des plus grands experts en parfums du pays. Merci, Harry, de vous joindre à nous aujourd’hui.
Harry Slatkin :
C’est un honneur d’être ici, Oliver. Je suis heureux de vous revoir et je vous remercie de m’avoir invité.
Oliver Chen :
Bien sûr. C’est un plaisir. Pour commencer, nous aimerions connaître l’histoire de la création de Slatkin + Company, qui compte cinq marques. Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder cette entreprise et quelles ont été les principales étapes?
Harry Slatkin :
Eh bien, ça a commencé par hasard. J’ai lancé ma première entreprise à 15 ans, mais vous allez devoir me demander de revenir pour un autre balado, parce que ça va prendre trop de temps. Mais après cette entreprise, j’ai décidé d’aller à Wall Street et de me lancer dans la finance parce que tous mes amis le faisaient. Je suis allé travailler chez Bear Stearns. L’homme qui avait le bureau à côté du mien venait de se fiancer. Et il m’a demandé : « Est-ce que tu viendrais dîner avec ma fiancée? » J’ai dit : « Bien sûr. » Il s’appelait Arthur. À la fin du repas, sa fiancée s’est tournée vers moi et m’a dit : « Tu sais, c’est bien pour Artie, mais tu es plus créatif que ça. Tu devrais faire quelque chose de plus créatif. »
Et il se trouve qu’il allait se marier avec Vera Wang. Vera et moi sommes meilleurs amis. Et c’est vraiment parce qu’elle m’a dit ça que j’ai réalisé qu’elle avait raison : la finance n’était pas quelque chose que je trouvais créatif. C’est le cas de beaucoup de gens. Pas vrai? Je veux dire, si j’étais assis avec un ami comme Steve Schwarzman, il trouverait ça créatif. Moi, ce sont les arts, l’amour, la passion et les odeurs qui me stimulent. C’est ainsi que mon entreprise de bougies a vu le jour. Laura et moi, nous nous sommes mariées la même année et nous avons décidé de quitter le monde des finances pour démarrer Slatkin + Company.
Oliver Chen :
Que pensez-vous de l’avenir de l’industrie des bougies et de son évolution? Pourriez-vous nous parler des marques de votre portefeuille et de leur positionnement?
Harry Slatkin :
Bien sûr. Comme vous le savez, lorsque nous avons créé Slatkin + Company, il y a 32 ans, nous étions les pionniers des parfums d’ambiance. Il n’existait que deux marques importées de France. On allumait des bougies que lorsqu’on recevait des invités. On n’en utilisait pas tous les jours. Et puis, on s’est fait connaître du grand public.
Quand on a commencé, Women’s Wear Daily a écrit une page complète sur nous. Peu de temps après, on nous a demandé de créer des parfums d’ambiance pour 150 marques. Nous avons donc fondé la Slatkin + Company, qui a été lancée chez Saks, sous le nom de Rose Marie Bravo, non pas à l’étage des articles de maison, mais bien à celui des cosmétiques. Ensuite, on a créé des parfums d’ambiance pour Ralph, Nars, Laura Mercier, Chopard, Vera, Tory et Christian Dior. Et on a contribué à changer la vision de l’industrie d’aujourd’hui. Surtout, on a vendu la société à Les Wexner Limited Brands. J’ai ensuite rejoint l’entreprise et j’ai commencé à Bath and Body Works, dont les ventes s’élevaient à 100 millions de dollars. Ça s’appelait White Barn Candles, en l’honneur de sa rue à Columbus, en Ohio, où il vivait. J’ai fait passer le chiffre d’affaires de 100 millions de dollars à un milliard trois cent mille dollars en cinq ans et demi. C’est aujourd’hui la plus grande entreprise de parfum d’ambiance, avec plus de trois milliards de dollars de chiffre d’affaires. J’en étais très fier.
Après ça, ma femme a continué de travailler avec ces 150 marques et, à l’expiration de sa clause de non-concurrence, elle a lancé NEST, qui est aujourd’hui l’entreprise de parfums d’ambiance la plus importante d’Amérique. Elle a également des produits de soins personnels. Elle a remporté le prix du meilleur parfum de l’année l’an dernier à la Fragrance Foundation. C’est pour ça que je suis ici, pour vous rendre visite et pour assister à la remise des prix de la fondation demain soir.
Voilà ce qui s’est passé. C’est ainsi que tout a commencé. Après avoir quitté Limited Brands, j’ai acheté une marque de mode qui s’appelait Belstaff parce que j’avais une clause de non-concurrence avec mon meilleur ami, Tommy Hilfiger, et nous l’avons dirigé pendant trois ans. Les trois années les plus épuisantes de ma vie ont été celles passées dans la mode. Oh, mon Dieu, les plus épuisantes. Je n’étais jamais à la maison. C’était une marque mondiale. Puis j’ai décidé de prendre ma retraite.
Encore une fois, il faut se rappeler que j’ai créé ma première entreprise à l’âge de 15 ans. À l’époque, ma femme dînait avec le numéro deux de QVC, et j’ai pensé que je me joindrais à eux, parce que Doug Howe était un de nos amis et qu’il était souvent venu chez nous avec Mike George, le chef de la direction. À la fin du repas, Doug m’a dit : « On n’a jamais remplacé ton parfum d’ambiance. J’utilise QVC pour mettre en avant Bath and Body Works et dire aux consommateurs... » Désolé de dire ça dans votre balado. « ... que ce n’est pas la même chose que la marchandise de mauvaise qualité qu’ils connaissent. »
Ça fonctionne vraiment très bien. Mais quand j’ai cessé de travailler à temps plein pour l’entreprise, j’ai cessé de travailler pour QVC. À la fin du repas, il me dit : « Nous aimerions que tu reviennes. On n’a jamais remplacé ton parfum d’ambiance. » Je pensais qu’il disait ça pour être gentil. Mais je me suis réveillé le lundi matin et j’avais une proposition de sa part. Je lui ai dit : « Tu sais quoi? Je pourrais le faire en mode retraité. » L’instant d’après, nous nous lancions dans ce projet. Il est parti chez Kohl’s. Il m’a invité à dîner avec Michelle Gas, qui allait devenir la cheffe de la direction. On a fini par créer une gamme de produits pour le bain et le corps et une marque de parfums d’ambiance pour eux.
Des amis à ma femme et moi ont fondé Home Depot. On a soupé chez l’un d’entre eux, Ken Lagone. Il recevait un hommage de la fondation Ken Kids for Special Needs. J’ai donc travaillé pour Home Depot. Nous avons maintenant 40 comptes et 5 marques. Je m’occupe des parfums d’ambiance, mais maintenant nous avons des produits pour le bain et le corps. Et je crois que ces produits représenteront 40 % de nos activités au cours des deux prochaines années. Ce ne sera pas seulement les parfums d’ambiance.
Mais n’oubliez pas que je m’intéresse aux odeurs et à la science des odeurs. En effet, je travaille avec des scientifiques qui expliquent la façon dont le cerveau peut changer grâce aux odeurs. Donc quand je crée un parfum, c’est bien plus qu’un petit gâteau au limoncello.
Oliver Chen :
Qu’en est-il de la science des odeurs? Quelles sont les principales tendances que vous suivez et qui amèneront des innovations dans les catégories des parfums d’ambiance et des parfums pour le bain et le corps?
Harry Slatkin :
Je me souviens de la fois où ma femme et moi avons construit un centre neurologique en partenariat avec New York Cornell et l’université Columbia. Et je me souviens qu’on était avec un groupe de médecins lauréats du prix Nobel qui étudiait le cerveau. Celui qui m’a le plus frappé lors de ce premier repas, c’est Richard Axel, qui a reçu un prix Nobel pour son travail sur l’odeur et la façon dont celle-ci guérit la maladie.
Je ne vais pas vous dire pourquoi ça peut guérir la maladie, mais on sent avant de faire quoi que ce soit d’autre. C’est un moment très important. L’odeur est transmise à notre cerveau par les synapses de notre corps. On sait tous à quel point le bien-être est important dans tous les aspects de notre vie. Absolument tous. Donc, pour moi, diffuser des odeurs par le biais du bien-être en nourrissant le cerveau, en relaxant le corps, en l’énergisant, c’est probablement la chose la plus importante que je fais chaque jour.
Oliver Chen :
Selon vous, qu’est-ce que les jeunes clients veulent? Ils achètent également plusieurs parfums. On aime aussi la catégorie dans son ensemble. Que se passe-t-il dans cette catégorie?
Harry Slatkin :
C’est drôle que vous en parliez. On a cinq marques. On lance deux nouvelles marques qui s’adressent à la génération Z. Je reviens tout juste d’Europe et je suis allé dîner avec des amis américains, et leur fille de 12 ans à qui personne ne parlait. Je lui ai finalement dit : « Dis-moi ce qui t’intéresse. » Et elle m’a dit : « La beauté. » Je lui ai dit : « Ça marche. » On a changé de place et on a discuté.
Donc j’ai devant moi une jeune fille de 12 ans qui me parle de beauté. Elle était plus informée au sujet des produits que n’importe quel autre adulte que j’ai pu rencontrer dans le domaine du prestige pour grand public. Elle m’a parlé de l’exfoliant pour le corps qu’elle utilise. Elle ne se maquille pas encore parce qu’elle a 12 ans. Sa mère ne porte pas de rouge à lèvres ni d’ombre à paupières. Mais quand il s’agit de son corps, de ses crèmes hydratantes, de son parfum d’ambiance, elle connaît les odeurs et la qualité du produit. Il ne faut pas lui donner de contrefaçon. On discutait d’une contrefaçon d’une marque qui se porte très bien en ce moment. Elle m’a dit : « Je n’achèterai pas la contrefaçon parce que ça veut dire que les ingrédients sont moins bons et je veux m’assurer de mettre le meilleur sur mon corps. »
Pour moi, ce type de client, la génération Z, a grandi avec des parfums d’ambiance. Ces personnes ont grandi avec un niveau de connaissance plus élevé des produits pour le bain et le corps. Elles ne se contentent pas d’aller au magasin et d’acheter des produits Dial. Elles obtiennent une offre de qualité supérieure. Je n’ai pas grandi avec cette offre lorsque j’étais enfant. Peut-être qu’en allant chez Neimans, vous pouviez trouver un produit pour le bain et le corps de Laura Mercier, mais dans les commerces grand public, vous n’aviez pas cette offre. La génération Z, elle, a grandi avec ça.
Quant aux parfums d’ambiance, je les ai changés. Bath and Body Works, les centres commerciaux, créer la plus grande marque de parfums d’ambiance, tout ça on l’a fait. On a changé la façon dont les jeunes consommateurs utilisent les parfums d’ambiance. Les bougies ne sont plus réservées aux invités. Aujourd’hui, les gens en allument pour se détendre au quotidien. Ils veulent que le niveau d’odeur soit plus élevé dans les produits pour le bain et le corps. Cette jeune de 12 ans a prouvé que ce n’était pas terminé. Ça ne fait que commencer, car ce groupe d’âge n’en est qu’à ses débuts.
Oliver Chen :
Qu’en est-il de vos cinq marques? Pouvez-vous nous parler de quelques-uns des points forts des marques de votre portefeuille et de la façon dont vous envisagez leur développement dans le secteur des produits pour le bain et le corps par rapport à celui des parfums d’ambiance?
Harry Slatkin :
Comme je vous l’ai dit, je suis un entrepreneur et le mot le plus important que j’ai dû apprendre au cours de la dernière année est « non ». On propose des parfums d’ambiance pour nos cinq marques, des produits corporels et pour le bain et pour trois des marques, des parfums à porter. Nous lançons des produits à diffusion automatique. Je veux parfumer le monde. Je veux toucher à tout ce qui englobe votre style de vie au quotidien.
Je me souviens de la première réunion avec Ralph Lauren pour que l’on crée son parfum d’ambiance. Lors de cette première rencontre, j’ai eu le vertige parce qu’on m’a demandé de faire un parfum d’ambiance, mais il y a tellement de collections : Ralph Lauren Purple Label, Ralph Lauren Black Label, Ralph Lauren Polo. Je me suis dit : « Eh bien, pour laquelle? » Quand j’ai commencé à m’y intéresser, ça a commencé par HomeWorx de Slatkin + Company. J’ai commencé par HomeWorx, qui est ma marque haut de gamme, qui a débuté sur QVC. Aujourd’hui, elle est présente dans de nombreux endroits.
Ensuite, nous avons fait en sorte que chaque marque s’adresse au consommateur auquel elle est destinée. Vous pouvez aller acheter un produit Ralph chez Bergdorfs, mais vous pouvez aussi en acheter chez Macy’s; il y a différentes marques sous Ralph Lauren. C’est comme ça qu’on a séparé nos marques. Mais chaque produit, qu’il s’agisse d’une chandelle, d’un diffuseur à bâtons, d’un produit pour le bain ou d’un produit corporel, je compare ça à une grossesse, parce que ça prend de six à neuf mois de travail. J’utilise, je valide et j’approuve chacun d’entre eux tout au long du processus. C’est ma passion. C’est ce que j’aime.
Oliver Chen :
Qu’en est-il de l’avenir des odeurs et des parfums, du bien-être et des soins de santé? Comment voyez-vous l’évolution de la recherche et du développement et l’innovation et la convergence de ces thèmes?
Harry Slatkin :
Oui, je pense que c’est un sujet d’actualité. Les spas se développent. Je veux dire, même si vous regardez le haut de gamme. Je reviens tout juste d’Europe. Dior est présent dans tous les spas, de l’hôtel Beverly Hills à l’hôtel du Pape dans le sud de la France. L’idée du bien-être commence toujours dans le secteur du luxe, puis se propage ensuite vers le bas.
Et maintenant, les acteurs de la distribution grand public portent vraiment attention à la façon de dorloter leurs clients. On était à chaque émission de Noël d’Oprah Winfrey avec nos parfums d’ambiance. Ce que j’aimais d’Oprah, c’est qu’elle ne méprisait jamais ses consommateurs. Et j’appelle ça des consommateurs parce qu’elle avait la plus large audience. Il est grand temps de se rendre compte qu’il ne faut pas être condescendant avec le grand public, et j’aime dire que l’on comble ce manque dans le secteur.
Oliver Chen :
Quelles sont les odeurs qui vous intéressent le plus pour la suite, et comment abordez-vous l’innovation et la création de nouvelles idées?
Harry Slatkin :
Les nouvelles idées me viennent lorsque je voyage, lorsque je discute avec des amis. Vous et moi discutions justement de voyages à venir. Il faut garder les yeux ouverts à chaque instant. Ne pas se contenter d’acheter la concurrence. Il faut sortir et voir ce qu’est la vie, discuter avec cette jeune de 12 ans. Vivre des expériences réelles, c’est ce qui compte pour moi.
Et je travaille uniquement avec des parfumeurs. J’ai été le premier à travailler avec des parfumeurs dans le secteur des parfums d’ambiance. C’est le niveau le plus élevé que vous pouvez obtenir dans le domaine de la parfumerie, mais je ne savais pas faire la différence. Je ne savais pas que je devais faire appel à tel ou tel parfumeur de parfums d’ambiance. Je pensais que je voulais seulement travailler avec les meilleurs, ceux qui ont créé des parfums pour Christian Dior, Tom Ford et tout le reste. Et Rodrigo, qui crée pour Tom Ford, est en train de créer un nouveau parfum pour moi en ce moment.
Et je suis fier d’être le seul nez reconnu dans toute l’industrie des parfums d’ambiance. C’est un titre que m’a donné l’Association des parfumeurs lors de son grand dîner annuel organisé par Linda Wells, qui était la bible de la beauté à l’époque où elle était rédactrice en chef d’Allure. Pour moi, comment les parfums vont-ils évoluer? Il faut relever la barre, surveiller les ingrédients, s’assurer que les jeunes parlent de produits naturels, être respectueux de l’environnement et tester les produits de la bonne façon.
Oliver Chen :
Selon vous, qu’adviendra-t-il pour l’ensemble de la catégorie? On a connu une croissance phénoménale pendant de nombreuses années. Est-ce que la comparaison est difficile? Qu’est-ce qu’il va se passer?
Harry Slatkin :
Je pense que nous avions ça parce que tout le monde restait à la maison pendant la COVID. Qu’est-ce qu’on faisait? On se créait un environnement chaleureux. On allumait une chandelle. Mais cette tendance existe depuis longtemps. Je pense que vous me connaissez assez bien pour savoir que je m’en attribue tout le mérite. C’est grâce à ce que j’ai fait à Bath and Body Works. Ce n’était pas seulement chez Slatkin + Company. C’était aussi quand on était numéro un à Bergdorfs, à Neimans et à Saks, mais en entrant sur le marché du grand public, c’est devenu un produit quotidien accessible.
Pour moi, ça continue de croître. Le secteur des parfums d’ambiance est en croissance. Les produits de bain et de corps sont sur le point de connaître une grande explosion, parce que pour la première fois, on voit des marques qui sortent dans le secteur du grand public et qui traitent le produit comme s’il s’agissait d’un produit de prestige. Je pense que ce n’est que le début pour les deux. Les jeunes consommateurs qui ont grandi dans un monde plus sophistiqué sont de grands acheteurs, n’est-ce pas? En ligne et en magasin, mais ils achètent beaucoup.
Oliver Chen :
Je suis d’accord avec vous. On voit des enfants de 10 ans chez Sephora et Ulta, qui adoptent des routines complexes de soins de la peau, qui superposent les parfums et qui prennent soin de leurs cheveux comme de leur peau.
Harry Slatkin :
Ils connaissent leurs produits et leurs ingrédients, et ils vous diront lesquels fonctionnent sur leur peau et lesquels ne fonctionnent pas. C’est incroyable.
Oliver Chen :
Qu’en est-il de la distribution? Quelle est votre approche? Quelles sont vos attentes pour l’avenir de votre entreprise?
Harry Slatkin :
Au début, la distribution était axée sur les personnes qui venaient nous voir. J’en ai parlé. QVC, Home Depot, Kohl’s et tous ces endroits qui nous ont approchés. Mais maintenant, notre croissance est encore plus forte. CVS, Walmart. Je me souviens quand Les Wexner m’a invité à Columbus, en Ohio. Je n’avais jamais mis les pieds dans un magasin Bath and Body Works. Il faut se rappeler que je viens d’un monde snob : Bergdorf, Neiman et Saks. Je n’avais donc jamais été dans un Bath and Body Works. Bien sûr, je connaissais Victoria’s Secret, parce qu’il faut être ignorant pour ne pas connaître cette marque.
Mais j’y suis entré et j’ai eu des étourdissements. Ma femme était derrière moi, et elle a presque dû me soutenir parce que je pensais que c’était la raison pour laquelle Les avait acheté mon entreprise. Pourquoi est-ce que j’ai pensé ça? Quand j’entre dans un magasin et que je vois une occasion, en tant qu’entrepreneur, je veux immédiatement la saisir. Si vous voulez vous lancer dans le secteur des parfums d’ambiance, sachant que j’ai créé l’entreprise de parfums d’ambiance de luxe la plus importante au monde grâce à Herod’s partout où on était, sachant que j’ai développé la plus grande entreprise au monde et que ma femme est propriétaire de la plus grande, ne voudriez-vous pas me rencontrer pour me demander mon avis, même si vous ne le suivez pas? C’est ainsi qu’on ouvre la porte. Une fois la porte ouverte, c’est la qualité du produit et la conversation qui comptent, parce que les médias sociaux sont maintenant très importants pour soutenir les marques une fois qu’elles entrent sur le marché. C’est ce qui nous différencie.
Oliver Chen :
C’est un excellent point. On parle beaucoup de commerce communautaire et social et des groupes qui adorent les marques. Comment voyez-vous l’évolution de votre communauté d’amateurs de parfums d’ambiance?
Harry Slatkin :
Ce que j’aime c’est que les gens me demandent toujours : « Comment vous sentez-vous par rapport à toute cette concurrence? Comment vous sentez-vous face aux nouveaux venus dans l’industrie? » J’adore! Tout d’abord, il n’y a rien de mieux que la concurrence pour vous tenir en haleine. Ensuite, plus il y a de gens dans le secteur qui relèvent la barre, plus les consommateurs sont satisfaits et s’intéressent à cette catégorie de façon plus large.
Je ne peux pas vous dire que mes clients n’utilisent que les marques de Slatkin + Company. Ce serait un mensonge. J’aime qu’ils utilisent mes marques. J’espère que c’est le cas en majorité, mais ils utilisent d’autres marques parce qu’ils en ont fait un rituel quotidien. Ça veut dire que s’ils en ont fait un rituel quotidien, c’est le cas pour leurs enfants aussi et c’est la prochaine génération. Pour moi, ce n’est que le début.
Oliver Chen :
On est aussi de grands partisans de l’industrie de la beauté, qui est très émotionnelle et novatrice. Selon vous, est-ce que votre entreprise est liée à la beauté?
Harry Slatkin :
Tout à fait. Qu’on parle de parfum d’ambiance ou de soins corporels et de bain, j’ai toujours privilégié la qualité. Quand je travaille avec des parfumeurs, je me tourne vers leurs expériences et je ne crée pas seulement un parfum. Est-ce qu’il y a quelque chose de pire que de sentir une odeur de cerise qui ressemble à du sirop pour la toux? Non. L’important c’est de créer des expériences. C’est de créer des choses qui changent vos habitudes pour les rendre extraordinaires.
Et plus il y a de gens qui commencent à faire ça, plus ça me tient en haleine. Mais j’espère qu’en ce moment, je les tiens en haleine parce que ça change l’état d’esprit des consommateurs, et le plus important dans tout ça, c’est le consommateur. Peu importe ce que je dis, peu importe ce que les autres disent. On doit se soucier des consommateurs et de la façon dont ils sont traités.
Oliver Chen :
Les consommateurs sont confrontés à l’inflation, à certaines tendances croisées. Comment ces pressions se recoupent-elles avec les tendances que vous observez ou avec ce qui pourrait se produire?
Harry Slatkin :
Oui. Je serais bête de ne pas dire qu’on surveille la situation parce qu’elle touche le portefeuille quotidien de tout le monde. Il faut pouvoir se nourrir. Dans certains endroits, est-ce que vous allez acheter du pain et du papier hygiénique ou une chandelle parfumée? Mais j’essaie de le faire à tous les niveaux en raison de l’impact émotionnel des parfums et du style de vie chez quelqu’un.
J’essaie de faire attention aux prix, mais je ne veux pas faire de compromis sur ce que je mets dans un produit. Par exemple, si j’achète un produit à la vanille, il y a de la vanille partout dans le monde. J’essaie donc d’acheter la vanille que je considère comme la meilleure, mais je n’achèterai peut-être pas la vanille de Madagascar et j’achèterai peut-être de la vanille d’ailleurs. C’est la même chose pour le jasmin. Je pourrais acheter le jasmin le plus cher, celui de Provence, qui pousse au bord d’une falaise. Mais dans d’autres produits, le jasmin peut venir d’Inde, de partout dans le monde. C’est une question de sensibilité, mais je représente l’évasion, l’évasion de luxe pour n’importe quelle personne qui a un portefeuille bien garni, mais une évasion tout de même. Heureusement, je vois que les consommateurs se disent : pain, papier hygiénique et Slatkin + Company.
Oliver Chen :
Vous avez parlé de la qualité plus tôt. Pour les consommateurs, qu’est-ce qu’ils devraient rechercher en matière de qualité? Que faites-vous pour vraiment différencier votre produit?
Harry Slatkin :
La première chose, c’est l’esthétique. Ce qui va attirer l’attention sur un produit, c’est son apparence. Même si vous êtes en magasin et que vous n’êtes pas en ligne ou que vous ne regardez pas QVC, vous allez regarder un produit sans le sentir. Est-ce qu’il est attrayant sur le plan esthétique? Je ne fais que concevoir une chandelle pour moi, pour mon propre style de vie. Si mon style de vie vous convient, tant mieux. Mais je pense que je suis assez exposé aux arts pour comprendre que ça devrait être un produit original. Ça devrait être une chandelle de centre de table, parce que vous ne voulez pas regarder une chandelle laide ou désuète ou quelque chose qui ressemble au vieux bocal de votre grand-mère. Pour moi, ça serait l’équivalent de tromper le consommateur. Tous mes verres à chandelle, mes produits pour le bain et le corps sont faits sur mesure. Je n’achèterai pas de produits en stock qui ne me plaisent pas.
Pour moi, c’est l’esthétique qui compte. Ensuite, c’est votre nez qui prend les devants. Lorsque vous l’utilisez, allez d’abord vers vos odeurs préférées. Je suis une personne gourmande. J’ai aidé à créer des parfums d’ambiance gourmands, et maintenant, je le fais pour les produits de bain et de corps. Si vous êtes comme moi, commencez par les produits gourmands et trouvez celui que vous aimez le plus. Vous aimez peut-être l’arôme de gâteau, l’arôme de confiture plus sucré, qu’est-ce que vous aimez? Ensuite, essayez d’expérimenter les parfums floraux. Allez-vous opter pour des parfums exotiques? Votre nez sait où vous emmener, mais c’est une fois que vous avez brûlé la chandelle ou utilisé le produit que vous revenez pour vivre l’expérience. J’aime dire qu’une fois que vous avez essayé Slatkin, vous ne pouvez pas revenir en arrière, parce que je suis prêt à présenter ma chandelle à n’importe qui du secteur et lui dire que j’ai une meilleure combustion que j’ai perfectionnée pendant plus de 32 ans. J’ai remporté plus de prix que quiconque dans le secteur des parfums d’ambiance. Je travaille avec des maîtres parfumeurs. Les huiles que j’utilise sont les meilleures. Même chose pour nos produits pour le bain et le corps.
Pour moi, c’est l’expérience et le client qui revient. Je vais dans beaucoup de magasins. Je me cache près des produits et lorsque le consommateur remet le produit en place, je m’approche pour lui demander : « Pourquoi le remettez-vous en place? » J’adore apprendre pourquoi ils le font. Et s’ils l’achètent, j’ai fait juste leur sourire pour ne pas les déranger. Mais s’ils le remettent, je veux savoir ce qui les a poussés à le faire. Il s’agit de comprendre le consommateur.
Oliver Chen :
Vous êtes très axé sur le client. Je vous connais personnellement, et vous êtes quelqu’un qui est très attentif aux détails. Dernière question. Quand on pense aux trois à cinq prochaines années, qu’est-ce qui est le plus intéressant pour vous? Vous voyez beaucoup d’innovation et beaucoup de clients plus jeunes.
Harry Slatkin :
C’est vrai. La conversation que j’ai eue avec cette jeune de 12 ans pendant le repas, c’est le genre de choses qui me passionnent. Ma fille de 24 ans, elle a grandi avec les parfums d’ambiance. Tous ses amies venaient et dévalisaient mon armoire à chandelles, parce qu’elles les voulaient. Elles les utilisaient, elles les aimaient. Elles s’en servaient pour se détendre pendant leurs devoirs.
Soyons réalistes, le téléphone a changé nos vies, n’est-ce pas? Les médias sociaux ont changé nos vies. On fait tout dans la rapidité, on n’a pas le temps de réfléchir. Il faut tout de même se reposer. Les jeunes utilisent les chandelles pour leurs devoirs. Ils les utilisent pour se détendre lorsqu’elles prennent un bain. À mesure que la génération de jeunes consommateurs évolue, apprendre à la connaître et à lui parler sera probablement la chose la plus excitante au cours des trois à cinq prochaines années, parce que c’est une autre façon de faire. On ne peut pas duper ces consommateurs. C’est impossible. On ne peut pas mettre ça dans un joli emballage et dire que c’est fait. Il faut être authentique envers le consommateur, c’est-à-dire à lui dire quels sont les ingrédients du produit, comment il est fait, quelle est son odeur, comment il fonctionne. Ce n’est pas seulement un bel objet.
Oliver Chen :
C’était vraiment merveilleux de passer du temps avec vous. Il y a tant de choses à dire sur l’authenticité, la consommation de la prochaine génération, le bien-être et les soins de santé, et aussi sur la façon dont vous pensez au style de vie en ce qui concerne les chandelles, les parfums d’ambiance et les nouvelles frontières comme les produits pour le bain et le corps. Merci beaucoup pour le temps que vous m’avez accordé!
Harry Slatkin :
Merci de m’avoir invité, Oliver.
Conférencier 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.
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Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen, CFA
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Oliver Chen, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen est directeur général et analyste de recherche principal sur les actions, et il s’occupe des produits de détail et de luxe. Sa compréhension approfondie du consommateur et sa capacité à prévoir les dernières tendances et les changements technologiques qui toucheront les espaces des services de détail lui ont permis de se démarquer de ses pairs. Sa vaste couverture et son regard attentif font de lui le partenaire de réflexion des chefs de file des services bancaires de détail et de la marque. Sa couverture du secteur du commerce de détail a donné lieu à de nombreux prix sectoriels et à une couverture médiatique de CNBC, de Bloomberg, du New York Times, du Financial Times, du Barron’s et du Wall Street Journal, entre autres. M. Chen a fait partie du classement de l’équipe All-America Research du magazine Institutional Investor en 2018 et en 2017 à titre d’analyste de premier plan dans le secteur des produits non durables des commerces de détail, des grands magasins et des magasins spécialisés. M. Chen a également été choisi comme une personne d’influence de premier plan dans le secteur du commerce de détail; son nom figure sur la List of People Shaping Retail’s Future de 2019 de la National Retail Federation Foundation. Considéré comme un expert du secteur, M. Chen prend souvent la parole dans le cadre d’événements clés du secteur. M. Chen est également professeur adjoint en commerce de détail et en marketing à la Columbia Business School, où il a donné le cours New Frontiers in Retail et a reçu une reconnaissance comme étant l’un des Outstanding 50 Asian Americans in Business par le Asian American Business Development Center en 2023, compte tenu de son rôle dans la croissance de l’économie américaine.
Avant de se joindre à TD Cowen en 2014, il a passé sept ans à Citigroup, où il a travaillé dans un vaste éventail de commerces de détail aux États-Unis, notamment des magasins spécialisés, de vêtements, de chaussures et de textiles, des magasins de luxe, des grands magasins et des grandes lignes. Avant Citigroup, il a travaillé à la division de recherche sur les placements à UBS, au sein du groupe de planification stratégique/des fusions et acquisitions mondiales de PepsiCo International et au sein du groupe des fusions et acquisitions de produits grand public/de commerces de détail à JPMorgan.
M. Chen est titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université de Georgetown et d’une maîtrise en administration des affaires de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, et il détient le titre de CFA. À la Wharton School, M. Chen a été récipiendaire du Jay H. Baker Retail Award pour son influence dans le secteur du commerce de détail et a été cofondateur du Wharton Retail Club. Il est également membre du PhD Retail Research Review Committee pour le Jay H. Baker Retailing Center de la Wharton School. En 2017, M. Chen a été reconnu dans la liste 40 Under 40 des anciens étudiants les plus brillants de la Wharton School.
La passion de M. Chen pour le secteur a commencé à l’âge de 12 ans lorsqu’il a commencé à travailler avec ses parents dans leur commerce de détail à Natchitoches, en Louisiane.