La stratégie de Blackstone pour réussir dans le secteur du commerce de détail
Invitée : Katie Storer, directrice générale, Blackstone Growth
Animateur : Oliver Chen, analyste, Produits de détail et de luxe, TD Cowen
Nous accueillons Katie Storer, directrice générale de Blackstone Growth, la plateforme de placement en actions de croissance attitrée de Blackstone, afin discuter de ses stratégies de placement et des marques de beauté qui perturbent le marché. Nous discutons également du portrait global de la consommation, des principaux éléments qui favorisent la longévité et de l’importance des marques de beauté pour la prochaine génération.
Chapters: | |
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1:35 | Style de placement de Blackstone Growth |
3:45 | Durabilité de la marque |
5:30 | Tendances et thèmes à long terme |
6:45 | Évolution des soins personnelse |
7:45 | Placements clés |
8:50 | Expériences émotionnelles : Spanx et Supergoop |
10:30 | Changements dans le secteur de la beauté |
11:55 | Santé du consommateur |
12:55 | Distribution de produits de beauté : Amazon |
14:50 | Le partenariat de Blackstone |
16:15 | Le rôle de Katie |
18:00 | Attirer les clients plus âgés et plus jeunes |
19:10 | Devenir de meilleurs investisseurs |
20:45 | Conseils pour les fondateurs |
Ce balado a été enregistré le 12 septembre 2024.
Locutrice 1 :
Bienvenue au balado Insights de TD Cowen. Il réunit des penseurs de premier plan qui offrent leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Oliver Chen :
Durabilité de la marque, création de valeur à long terme, premiers investisseurs : ce balado va être passionnant. On accueille Katie Storer, de Blackstone Growth, la plateforme de placement en actions de croissance attitrée de Blackstone. Bienvenue à Visionnaires du commerce de détail, un balado qui parle d’idées et de gens visionnaires. On enregistre en direct du One Vanderbilt, à New York, en amont du cocktail Glowing Ahead organisé par TD Cowen pour l’industrie de la beauté. Dans cet épisode, on va explorer les principales stratégies de croissance et de placement dans le secteur de la consommation, les marques de premier plan de demain et on va aborder des thèmes qui perturbent le secteur de la beauté et du bien-être. Katie Storer travaille pour Blackstone Growth, la plateforme de placement en actions de croissance attitrée de Blackstone. Elle se concentre sur les placements dans le secteur de la consommation et a dirigé l’équipe de placement entièrement féminine qui s’occupe de Spanx, la marque révolutionnaire de vêtements pour femmes fondée par Sara Blakely. Avant d’arriver à Blackstone, Katie a travaillé chez Carlyle, où elle se concentrait sur les secteurs de la consommation et du commerce de détail, et a occupé des postes chez Wellspring Capital Management et à la Deutsche Bank. Katie, c’est un plaisir de vous recevoir.
Katie Storer :
Merci de l’accueil, Oliver.
Oliver Chen :
Est-ce que vous pouvez nous parler du style et du processus de gestion de Blackstone Growth? Quels sont les domaines et les thèmes qui vous intéressent le plus?
Katie Storer :
Oui, bien sûr. C’est une excellente question pour démarrer, à mon avis. Et je dirais, avant tout, que notre objectif est d’investir pour soutenir ce qu’on considère être les meilleures sociétés et les meilleures équipes. Ça a l’air évident, je suppose. Tout le monde peut dire la même chose. Alors, si vous le permettez, je vais aller un peu plus loin que ça. Quand on s’est mis à établir une stratégie sur les actions de croissance chez Blackstone, il y a quatre ou cinq ans, on avait l’intention de bâtir un portefeuille qui resterait concentré sur quatre ou cinq secteurs verticaux et ensuite d’embaucher des équipes pour appuyer chacun d’entre eux, dont les membres avaient consacré leur carrière à ces secteurs en particulier comme les soins de santé, les technologies financières, les technologies d’entreprise et, dans mon cas, la consommation.
Je pense que l’aspect concentré du portefeuille est très important. On a intentionnellement cherché à faire moins de placements, donc jusqu’à maintenant, le montant moyen par opération a été d’environ 250 millions de dollars, en sachant qu’on a investi pour soutenir des entreprises qui se classent au premier ou au deuxième rang dans leur secteur. Encore une fois, l’objectif était vraiment de ne pas investir dans des centaines de sociétés, ce qui diluerait l’impact non seulement des investisseurs individuels de notre équipe, mais aussi de Blackstone. Ça diluerait aussi l’envergure de chacun de nos placements et les ressources qu’on y met, ce qui représente quelque chose d’assez important.
Maintenant, je vais répondre à votre question sur le secteur de la consommation. Dans ce domaine, je dirais qu’on se concentre beaucoup sur les marques très connues qu’on considère comme étant celles de la nouvelle génération et celles qu’on estime être des chefs de file de leur catégorie ou même, dans bien des cas, des créateurs de catégorie. Je pense à des marques comme Spanx et Supergoop!, sur lesquelles je passe beaucoup de temps. Je dirais que ces deux-là ont vraiment créé leur propre catégorie. Elles ont créé ou défini les catégories dans lesquelles elles jouent, dans ce cas-ci les vêtements fonctionnels et les produits solaires respectivement. Elles ont aussi des éléments et des attributs qui font partie de ce qu’on recherche dans les marques grand public et qui se répartissent dans trois piliers essentiels auxquels on pense constamment et dont on fait toujours notre priorité. Il y a le produit. Je pense qu’en premier lieu, le produit est tellement important qu’il doit être notre point de référence. Mais la marque et la mission (ou le but) ne sont pas loin derrière non plus.
Oliver Chen :
Katie, plus tôt, on a parlé de la durabilité de la marque comme étant un aspect essentiel. Qu’est-ce que ça veut dire « durabilité de la marque »? Et aussi, selon vous, qu’est-ce que veut dire « la prochaine génération »?
Katie Storer :
Oui, c’est une bonne question. On passe beaucoup de temps à en parler aussi. Je pense qu’il faut prendre ça dans l’autre sens. Quand on parle de la prochaine génération, on pense à ce qui contribue à fabriquer des marques qui réussissent et à ce qui les définit, aujourd’hui. Et la façon dont on fabrique ces marques est très différente de ce qui contribuait au succès il y a 10, 15, 20 ou 30 ans. Et je pense que c’est le cas dans presque toutes les fonctions, qu’on parle de marketing, de stratégie clé en main, ou de la façon dont on élabore un produit et une marque en général. Il faut réfléchir à la façon dont ça correspond à ce que les consommateurs recherchent, ce qui a aussi beaucoup changé de nos jours. On va probablement en parler aussi.
J’en viens ensuite à la durabilité de la marque. Et là, en quelque sorte, je parle de notre capacité à repérer les entreprises qui, selon nous, sont là pour rester parmi celles qui sont plus éphémères. Je sais que c’est une question importante pour vous. C’est aussi une question à laquelle on réfléchit beaucoup. On fait notre travail d’enquête dans le secteur de la consommation, on applique une diligence commerciale, on réfléchit tout le temps à ce que les consommateurs recherchent et aux attributs de la marque qui font qu’elle va durer sur le marché. L’une des choses essentielles que je recherche, c’est le caractère multigénérationnel des marques : on s’efforce beaucoup de repérer les marques qui ont cet attribut. On va aussi probablement parler un peu des jeunes consommateurs, j’imagine, parce que c’est toujours un sujet d’actualité. Quels produits et quelles entreprises se démarquent vraiment pour une mère, une fille et peut-être une grand-mère qui magasinent les mêmes marques? Je pense que ce sont toujours des signes de durabilité d’une marque.
Oliver Chen :
Ça m’amène à une autre question. Selon vous, quelles tendances et quels thèmes à long terme vont perdurer dans le secteur de la consommation? Et comment est-ce que c’est lié à ce dont vous venez de parler?
Katie Storer :
Oui. Sans vouloir donner l’impression d’énoncer des évidences, je pense que, naturellement, les tendances à long terme sont les plus évidentes de par leur nature. Il y en a une, à mon avis, à laquelle on s’intéresse beaucoup. Avec notre équipe, on passe beaucoup de temps sur le fait que le domaine de la beauté est de nature à s’étendre et on élargit la définition de la beauté. On se penche sur les recoupements avec le bien-être et les soins personnels, particulièrement.
Bien sûr, l’efficacité du produit et le produit lui-même sont très importants pour les consommateurs, et ça sera toujours le cas, qu’on réponde à des besoins, comme de l’acné, les rougeurs, la peau sèche, etc. Mais je pense qu’il y a de plus en plus une tendance à long terme vers le fait de prendre soin de soi et ce que cela implique. Selon moi, pour beaucoup de produits, ça implique de se demander quel est cet élément sensoriel que les consommateurs recherchent. Je suppose que, récemment, vous avez vu le succès de beaucoup de marques qui mettent vraiment l’accent sur le parfum, la texture ou l’expérience d’ouverture du produit à la maison. Et je pense que tous ces éléments contribuent non pas uniquement à ce que les gens essaient les produits et à ce que les marques obtiennent des clients, mais, surtout, à ce qu’ils continuent d’acheter et à ce que l’ensemble de la clientèle soit fidélisée.
Oliver Chen :
Le concept d’élément sensoriel est vraiment intéressant. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous voulez dire par là? Selon vous, comment est-ce que les soins personnels évoluent? Qu’est-ce qui vous paraît le plus excitant dans ce domaine?
Katie Storer :
Oui. Je pense que le fait de prendre soin de soi est lié au bien-être de façon plus générale. Je ne parle pas seulement de produits qui correspondent à ce besoin individuel. Pour moi, l’élément sensoriel, ce sont les autres caractéristiques du produit qui font qu’il se distingue vis-à-vis des consommateurs. C’est pourquoi on étudie les attributs fonctionnels et émotionnels et comment les distinguer du reste. L’aspect fonctionnel va toujours être essentiel. Je pense que, la plupart du temps, c’est lui qui génère la répétition des achats. Si un produit ne fonctionne pas, le consommateur ne va plus l’acheter. Mais ces attributs émotionnels deviennent beaucoup plus importants quand il est question de bâtir la fidélité à la marque. Je pense que ça revient à se demander : comment est-ce qu’une marque me fait me sentir? Comment est-ce qu’un produit me fait me sentir? Qu’est-ce que le parfum me fait ressentir quand je sors le produit de mon armoire tous les matins? Est-ce que c’est quelque chose que j’ai envie d’utiliser sous la douche parce que la texture est plus agréable pour mes cheveux? On peut prendre plein d’autres exemples pour décrire ces aspects plus émotionnels ou sensoriels, mais je pense qu’ils sont mis en avant par beaucoup de marques qui se portent très bien actuellement.
Oliver Chen :
En effet. On peut se pencher sur certains de vos principaux placements : Spanx et Supergoop!. Comment est-ce que vous appliquez certains de vos commentaires aux secteurs des vêtements fonctionnels et des produits solaires?
Katie Storer :
C’est une bonne question. Je pense que ces deux entreprises correspondent en grande partie à ce qu’on recherche quand on parle de marques grand public à succès. Elles sont toutes les deux à la tête de leur catégorie, elles ont démontré de la croissance, mais elles ont encore tellement à explorer, tant sur le plan de la marque que de la distribution et des produits, et ainsi de suite. Et on est très enthousiastes à l’égard de leurs perspectives de croissance. Si on pense à ces deux marques, je pense que ça commence pour toutes les deux par le produit. Dans le cas de Spanx, Sara Blakely a très clairement créé une catégorie quand elle a développé cette marque dans le secteur des vêtements galbants. Par la suite, l’entreprise a vraiment évolué vers quelque chose de plus largement tourné vers l’habillement et les vêtements pour sport actif. Et ce, tout en restant encore une marque très définie par les vêtements galbants et reconnue pour cela. Elle est tout de même devenue tellement plus que ça sur le plan de l’offre de produits. Elle conserve cette fondation que sont les vêtements fonctionnels et continue d’en tirer parti, tout en réfléchissant à ce qu’une femme ressent quand elle porte ce produit par opposition à l’aspect esthétique.
Oliver Chen :
Comment se traduisent les aspects sensoriels et émotionnels chez Spanx?
Katie Storer :
On parle beaucoup des produits et de ce qu’ils nous font ressentir, pas seulement de leur apparence. On veut mettre au point le produit le plus fonctionnel. C’est-à-dire que si une femme a dix pantalons noirs dans sa garde-robe, c’est celui-là qu’elle va choisir tous les jours parce qu’elle se sent mieux avec et que celui-là qui lui donne la meilleure allure. Et il y a un élément émotionnel là-dedans, à savoir la confiance que ça procure et le fait de ne pas penser à ce qu’on porte chaque jour.
Oliver Chen :
Supergoop! a été un créateur de catégorie. Qu’est-ce que vous pensez des expériences émotionnelles qui accompagnent cette marque?
Katie Storer :
Et bien… Supergoop! est une entreprise vraiment fascinante et une marque incroyable, parce que je pense que les éléments sensoriels et émotionnels sont très intéressants dans la catégorie des produits solaires. Pendant des années et des années, avant que Holly ne développe Supergoop! et avant que la marque ne devienne vraiment ce qu’elle est aujourd’hui, la catégorie reposait plus, je dirais, sur une campagne de peur, sur le fait d’éviter le soleil et sur les effets très négatifs qu’il peut avoir sur la peau. Ensuite, Supergoop! est arrivée et a créé une marque ludique et même plus que ça : un produit que les gens ont vraiment eu envie d’utiliser. Donc, quand on pense à l’écran solaire invisible, à la mousse, à l’huile et à d’autres de ces produits qui sont vraiment agréables à porter et qu’on a envie de porter chaque jour, l’innovation de cette marque, notamment l’innovation liée au format, réside dans les éléments émotionnel et sensoriel qui font que cette marque est si spéciale, en nous faisant penser au facteur de protection solaire tous les jours et pas seulement quand on s’expose au soleil.
Oliver Chen :
Oui. Quand Amanda et moi on a fondé le Wharton Retail Club, on a brisé les barrières à ce moment-là, nous aussi. Mais dans cette catégorie, il y a eu un travail très intéressant qui a été fait pour briser et transformer les barrières dans le domaine de la beauté. De façon générale, qu’est-ce que vous voyez se produire dans le domaine de la beauté? Qu’est-ce que vous surveillez de près?
Katie Storer :
Dans l’ensemble de ce secteur, je dirais qu’on se concentre sur bon nombre de ces tendances à long terme. On prête attention à ce que les consommateurs recherchent, mais je pense qu’on surveille particulièrement certaines catégories. On étudie d’un point de vue macroéconomique à quel endroit on voit vraiment la santé des consommateurs ressortir. On voit ça dans toutes les catégories, mais, en ce qui concerne plus particulièrement la beauté, on étudie dans quels cas les consommateurs dépensent et dans quels cas ils pourraient choisir des produits plus ou moins chers. Parce que, avant toute chose, on veut investir dans des marques qui bâtissent une approche de fidélisation de la clientèle et qui, souvent, suscitent un engouement pouvant transcender le contexte économique; des marques qui proposent des produits pour lesquels les gens veulent continuer à dépenser plus au fil du temps.
Je pense qu’il y a des occasions de ce type dont on doit tenir compte dans le secteur de la beauté. Je pense qu’on observe dans le même temps une tendance marquée dans certains autres secteurs vers le fait de choisir des produits moins chers, comme dans le cas des vêtements. TJ Maxx, par exemple, a fait un excellent trimestre, parce qu’on voit que des acheteurs cherchent ce genre de rabais. Et ce qui est intéressant avec la beauté, c’est qu’on a pu constater que le secteur du haut de gamme a continué de surpasser la consommation de masse durant le premier semestre de l’année. On surveille donc bon nombre de ces tendances, pour comprendre où les consommateurs magasinent et dans quels cas ils font des choix sélectifs dans leurs décisions d’achat.
Oliver Chen :
À notre avis, leurs choix sont toujours sélectifs, qu’il s’agisse d’acheter pour produire soi-même, de faire la chasse aux bonnes affaires, de faire des folies ou des économies. Alors, de quel côté est-ce que vous êtes : faire des folies ou des économies?
Katie Storer :
Je me situe quelque part au milieu, selon la clientèle. Je pense vraiment qu’en ce moment il y a deux sortes de consommateurs. À mon avis, du côté du haut de gamme, on peut encore observer des gens qui continuent de dépenser, peut-être en étant plus sélectifs, mais je pense que de l’autre côté on constate que les cordons de la bourse sont un peu plus serrés. Et on commence vraiment à voir les répercussions de la tendance à choisir des produits moins chers. Donc, selon moi, il s’agit de choisir ses titres. Si je devais dire où je me situe, ce serait des deux côtés. Je pense que le segment du haut de gamme continue de montrer des signes de croissance, comme je l’ai mentionné. Il continue de présenter des titres qui se démarquent et ce sera toujours le cas selon moi, mais je pense qu’on va aussi continuer à observer un environnement promotionnel accru par rapport à celui qu’on a connu; les promotions.
Oliver Chen :
Oui. On observe une certaine intensité. On constate que les gens cherchent vraiment les meilleures offres. Il y a aussi tellement de transparence, surtout du côté du numérique, mais les gens adorent l’efficacité. De plus, la beauté peut représenter un petit luxe qu’on peut s’offrir à certains niveaux de prix, même si c’est assez cher.
Katie Storer :
Toujours.
Oliver Chen :
On va aborder un autre sujet d’actualité; Amazon, bien sûr, Ulta, Sephora, le luxe. Est-ce qu’Amazon valorise les marques? Est-ce qu’elle met l’accent sur les algorithmes pour modifier les prix toutes les secondes? Ça déroge à beaucoup de principes du luxe. Selon vous, qu’est-ce qui va se passer du point de vue de la distribution? C’est une vaste question.
Katie Storer :
Je pense que l’évolution d’Amazon a été fascinante à observer. On voit cette plateforme comme un canal que les marques de luxe et haut de gamme ont toujours largement évité et on se rend compte maintenant qu’Amazon a probablement un rôle à jouer. Ce rôle existe selon moi, mais je pense vraiment qu’il est très important que les marques aient une vision très claire de ce rôle ainsi qu’un point de vue défini sur Amazon et sur les avantages d’y être présents ainsi que sur les compromis que cela implique. Sans surprise, pour de nombreuses marques, Amazon est l’un des canaux qui connaissent la croissance la plus rapide et c’est souvent aussi très rentable. Vous pouvez voir à quel point il devient tentant de miser sur ce facteur de croissance. C’en est certainement un, mais je pense que la question est aussi de savoir quel en sera le coût pour les autres canaux.
Là où je dirais qu’Amazon tire son épingle du jeu, et ensuite je dirais dans quels cas il faut peut-être continuer à se concentrer sur les autres canaux, c’est qu’Amazon est bien sûr très pratique. La plateforme présente aussi des avantages en matière de trafic intégré sur son site, elle recherche déjà des termes liés à la marque, elle permet dans certains cas de convertir une recherche en achat lorsque des consommateurs voient une vidéo sur TikTok puis peuvent rapidement être redirigés sur Amazon pour effectuer l’achat. À mon avis, les cas dans lesquels Amazon est moins intéressant ou dans lesquels les autres canaux continuent d’être vraiment importants concernent la valorisation de la marque, l’éducation des consommateurs et la possibilité de diffuser l’ensemble du portefeuille de produits d’une marque. En comparaison, Amazon me semble plus fait pour choisir des produits.
Oliver Chen :
Oui, il reste à déterminer si la commodité de cet accès direct aux produits l’emporte sur cette innovation émotionnelle. Blackstone est une société tout à fait spéciale. Qu’est-ce qui distingue Blackstone lorsqu’une marque souhaite établir un partenariat avec elle plutôt qu’avec d’autres concurrents?
Katie Storer :
Lorsque je me suis jointe à Blackstone il y a quatre ans, on était vraiment en train de commencer à mettre en place cette stratégie d’actions de croissance et son parcours. On avait un certain nombre d’objectifs, comme de tirer parti de l’envergure, des ressources et du réseau qui accompagnent une société gérant un billion d’actifs, ce qui est un montant très important et difficile à se figurer. Et on voulait se servir de ça pour prendre le temps avec des entreprises moins avancées dans leur cycle de vie et trouver des façons d’accélérer la croissance. Je pense donc qu’il y a une différenciation naturelle qui ne peut pas être reproduite simplement en raison de la taille, de l’envergure et des ressources de la société.
Mon travail, lui, consiste à contribuer à transposer cette taille, cette envergure et ces ressources dans des entreprises dans lesquelles on investit dans le cadre du portefeuille. Ça implique beaucoup de choses différentes. Cela signifie qu’on a une équipe des opérations de portefeuille comportant des experts fonctionnels en matière de tarification et d’approvisionnement et qu’on a des talents. On présente ça aux entreprises dans lesquelles on cherche à investir et dans lesquelles on l’a déjà fait, pas comme un cahier de stratégies, mais plutôt comme un menu d’options indiquant comment on peut les aider ou les interrogeant sur là où elles veulent en être dans les cinq ou six prochaines années et comment Blackstone peut y contribuer. Parce que même si on n’est pas en relation directe avec les interlocuteurs auprès desquels les présenter, on dispose probablement d’un intermédiaire pour établir la relation et on peut les aider à trouver ces interlocuteurs en plus des ressources dont on dispose déjà à l’interne. Et je pense que c’est quelque chose de particulièrement unique.
Oliver Chen :
Qu’est-ce qui est le plus amusant pour vous dans ce poste?
Katie Storer :
Je n’occuperais pas ce poste si je n’aimais pas faire de nouveaux placements, rencontrer en permanence de nouveaux fondateurs et trouver la prochaine excellente marque. Mais le plus gratifiant, c’est de travailler avec les sociétés de notre portefeuille, de faire partie des conseils d’administration, d’apprendre à connaître de façon approfondie les équipes de direction de Spanx et de Supergoop! en particulier, et de voir comment ces marques ont grandi. En effet, il y a trois ans, on a rencontré chacune de ces marques pour discuter avec elles, on a validé notre dossier de placement et on leur a dit : « Voici notre plan de création de valeur. Créons ça ensemble. Où voulez-vous être dans les cinq ou six prochaines années? » Et c’est vraiment gratifiant de faire partie intégrante de ce parcours, de voir ce plan se concrétiser et de vraiment s’investir dans ces équipes.
Oliver Chen :
Katie, est-ce que vous pouvez nous parler des plus grands défis que vous rencontrez, plus précisément en ce qui concerne vos placements? À quoi est-ce que vous songez?
Katie Storer :
Oui, je pense que le contexte actuel des fusions et des acquisitions n’est assurément pas facile. On observe beaucoup d’activité dans ce domaine, mais ça ne mène pas toujours à des ententes concrètes. On constate que certaines affaires sont conclues, mais je pense aussi que bon nombre d’entreprises testent peut-être doucement les marchés avant de se lancer dans une collecte de fonds. On voit aussi des collectes de fonds qui ne vont pas jusqu’au bout, souvent en raison des écarts d’évaluation dont on parle depuis trois ans et qui semblent persister. Je pense qu’il y aura toujours des entreprises de haut niveau qui pourront se battre dans ce contexte d’opérations et qui continueront d’obtenir des évaluations élevées. Mais je dirais aussi qu’on adopte une approche de placement très patiente et prudente chez Blackstone. On a donc les yeux rivés sur quelques entreprises de grande qualité qui représentent pour nous une occasion passionnante et pour lesquelles on a déterminé que l’évaluation des fondateurs est juste.
Oliver Chen :
Vous avez parlé tout à l’heure des entreprises qui intéressent les plus jeunes comme les moins jeunes. Est-ce qu’il y a des principes à respecter pour y arriver? Certaines marques de luxe prodigieuses y arrivent très bien.
Katie Storer :
En effet. C’est une excellente question, car je réfléchis souvent aux points communs qu’ont ces marques dans l’ensemble du secteur et qui leur ont permis d’obtenir ce type de clientèle multigénérationnelle. Chaque fois qu’on en parle, je pense qu’on revient aux trois piliers qu’on a en quelque sorte décrits à propos des principaux attributs qu’on recherche concernant les nouveaux placements dans le secteur de la consommation. Ça commence par le produit, d’abord et avant tout; un excellent produit, donc. Et il y a les aspects émotionnels et fonctionnels dont on a parlé. Puis, il faut une marque qui interpelle vraiment les consommateurs, que ce soit parce que l’histoire du fondateur trouve un écho, parce que l’influenceur et la stratégie de marketing, ou la communication narrative sur ce qui sous-tend l’existence de la marque, évoquent quelque chose. Enfin, il y a la mission et le but. Je pense que pour élargir cette clientèle multigénérationnelle, il est très important de préciser très clairement pourquoi une marque existe et pas seulement pourquoi le produit lui-même existe. Il faut aller au-delà du produit.
Oliver Chen :
Katie, quand vous pensez à votre propre leadership et à votre perfectionnement personnel, comment est-ce que vous êtes devenue une meilleure investisseuse ou une meilleure exploitante au fil du temps?
Katie Storer :
Voilà une autre excellente question. Je pense que c’est l’exposition et le fait de savoir reconnaître les tendances, de continuer à rencontrer de nouveaux fondateurs et des entrepreneurs, d’entendre leur histoire et de savoir que chacune est différente, ainsi que le fait de trouver des façons de les comprendre. J’ai appris de tellement de personnes au cours de ma carrière, parce que, on dit souvent ça alors ça semble un peu banal, mais je crois vraiment que cette activité relève de l’apprentissage. Donc j’ai eu la chance d’apprendre d’un certain nombre d’excellents investisseurs du secteur de la consommation. Mais je pense vraiment que, du fait de ce modèle d’apprentissage, on apprend beaucoup de choses en reconnaissant les tendances, en rencontrant plus d’entreprises et en comprenant pourquoi des modèles d’affaires fonctionnent et d’autres non. Et c’est probablement ce qui m’a le plus aidé.
Oliver Chen :
Quelles sont les tendances que vous trouvez les plus intéressantes? Ou, selon vous, lesquelles se produisent plus souvent que les autres?
Katie Storer :
Pour ce qui est de reconnaître les tendances, je les assimile davantage à différents modèles d’affaires. En ce moment, je pense qu’on assiste à une grande bifurcation en matière de rentabilité. Beaucoup d’entreprises ont connu une croissance très rapide, certaines de façon plus rentable que d’autres. Dans le cadre de la reconnaissance des tendances, on passe beaucoup de temps à réfléchir à la composition et à la rentabilité des canaux à leur niveau individuel. On étudie aussi la stratégie de marketing, parce que c’est souvent le plus grand levier de croissance, mais aussi de rentabilité, et on se demande avec quelle efficacité est-ce qu’une entreprise acquiert et fidélise ces consommateurs. Il faut donc comprendre pourquoi différentes entreprises s’en tirent plus ou moins bien, parce que c’est un facteur très important en matière de profits et de pertes.
Oliver Chen :
Dernière question, Katie, est-ce que vous avez des conseils à donner aux entrepreneurs ou aux fondateurs, vous en rencontrez tellement, et des remarques pour conclure?
Katie Storer :
Pour ce qui est des conseils, je pense qu’il faut continuer d’avoir son point de référence et de se concentrer là-dessus. Collecter des fonds peut être pénible et ce n’est pas pour ça que les fondateurs créent des entreprises. Alors, il faut trouver des gens formidables autour de soi qui peuvent aider à prendre en charge les choses qu’on fait moins bien. Je pense que c’est très important de savoir ce qu’on fait bien ou moins bien, sur quoi on veut se concentrer, ainsi que ce qu’on veut faire faire aux personnes qu’on embauche. C’est valable pour n’importe qui et n’importe quelle carrière, mais ça l’est encore plus pour les fondateurs. Je pense qu’on assiste souvent à ça dans les équipes exceptionnelles, parce qu’on investit dans des sociétés, mais en fait on investit pour soutenir des équipes pour établir et mettre en œuvre une stratégie. Voilà ce que je conseillerais avant tout.
Oliver Chen :
Oui, on doit savoir dans quoi on excelle et connaître certains des aspects qui nous aideront à prendre de l’expansion. L’autre partie du cours que j’enseigne à Columbia s’appelle Magic and Logic. Je pense qu’on y a abordé beaucoup de ces sujets; la logique et l’efficacité, tout comme la magie du bien-être, du ressenti et de l’innovation sensorielle. On a parlé de toute cette révolution qui se produit autour du soin de soi et du bien-être. Enfin, le concept de valeur à vie du client est vraiment un cadre clé; pour simplifier, on doit fidéliser les clients et faire durer leur bonheur. Bon, Katie, c’était vraiment une chouette conversation. Merci, continue ton excellent travail.
Katie Storer :
Merci, Oliver. C’était un plaisir.
Locuteur 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Le point de vue de Cowen.
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Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Biens de consommation, Commerces de détail, Magasins de gamme complète de produits et grands magasins et Magasins spécialisés, TD Cowen
Oliver Chen est directeur général et analyste de recherche principal sur les actions, et il s’occupe des produits de détail et de luxe. Sa compréhension approfondie du consommateur et sa capacité à prévoir les dernières tendances et les changements technologiques qui toucheront les espaces des services de détail lui ont permis de se démarquer de ses pairs. Sa vaste couverture et son regard attentif font de lui le partenaire de réflexion des chefs de file des services bancaires de détail et de la marque. Sa couverture du secteur du commerce de détail a donné lieu à de nombreux prix sectoriels et à une couverture médiatique de CNBC, de Bloomberg, du New York Times, du Financial Times, du Barron’s et du Wall Street Journal, entre autres. M. Chen a fait partie du classement de l’équipe All-America Research du magazine Institutional Investor en 2018 et en 2017 à titre d’analyste de premier plan dans le secteur des produits non durables des commerces de détail, des grands magasins et des magasins spécialisés. M. Chen a également été choisi comme une personne d’influence de premier plan dans le secteur du commerce de détail; son nom figure sur la List of People Shaping Retail’s Future de 2019 de la National Retail Federation Foundation. Considéré comme un expert du secteur, M. Chen prend souvent la parole dans le cadre d’événements clés du secteur. M. Chen est également professeur adjoint en commerce de détail et en marketing à la Columbia Business School, où il a donné le cours New Frontiers in Retail et a reçu une reconnaissance comme étant l’un des Outstanding 50 Asian Americans in Business par le Asian American Business Development Center en 2023, compte tenu de son rôle dans la croissance de l’économie américaine.
Avant de se joindre à TD Cowen en 2014, il a passé sept ans à Citigroup, où il a travaillé dans un vaste éventail de commerces de détail aux États-Unis, notamment des magasins spécialisés, de vêtements, de chaussures et de textiles, des magasins de luxe, des grands magasins et des grandes lignes. Avant Citigroup, il a travaillé à la division de recherche sur les placements à UBS, au sein du groupe de planification stratégique/des fusions et acquisitions mondiales de PepsiCo International et au sein du groupe des fusions et acquisitions de produits grand public/de commerces de détail à JPMorgan.
M. Chen est titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université de Georgetown et d’une maîtrise en administration des affaires de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, et il détient le titre de CFA. À la Wharton School, M. Chen a été récipiendaire du Jay H. Baker Retail Award pour son influence dans le secteur du commerce de détail et a été cofondateur du Wharton Retail Club. Il est également membre du PhD Retail Research Review Committee pour le Jay H. Baker Retailing Center de la Wharton School. En 2017, M. Chen a été reconnu dans la liste 40 Under 40 des anciens étudiants les plus brillants de la Wharton School.
La passion de M. Chen pour le secteur a commencé à l’âge de 12 ans lorsqu’il a commencé à travailler avec ses parents dans leur commerce de détail à Natchitoches, en Louisiane.