Nos dernières perspectives de voyage pour l’automne 2024
Invité : Kevin Kopelman, directeur général et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Services de voyage et d’hébergement en ligne, TD Cowen
Animateur : Tom Fitzgerald, vice-président, Recherche sur les actions, TD Cowen
La hausse des voyages suivant la COVID-19 se poursuit malgré des interruptions occasionnelles. La série Dans les airs du balado Insights de TD Cowen présente Tom Fitzgerald, analyste de compagnies aériennes de TD Cowen, en conversation avec Kevin Kopelman, analyste des hôtels et des voyages en ligne principal de TD Cowen, sur les dynamiques importantes concernant les compagnies aériennes, les hôtels, les voyages en ligne, l’été 2024, et sur les principaux débats du secteur à l’approche de 2025.
Ce balado a été enregistré le 24 septembre 2024.
Locuteur 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Il réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Tom Fitzgerald :
Bonjour, Bienvenue au balado Dans les airs. Je m’appelle Tom Fitzgerald et je suis analyste de compagnies aériennes à TD Cowen. Je suis accompagné aujourd’hui de mon collègue Kevin Kopelman, spécialiste des hôtels et des voyages en ligne. Nous allons récapituler la saison estivale des voyages et aborder les principaux débats concernant les compagnies aériennes et les hôtels à l’approche de l’automne et les premières réflexions sur 2025. Kevin, on peut dire que l’été a été plutôt volatil pour les compagnies aériennes. Au moment de l’annonce des résultats en juillet, les compagnies aériennes parlaient d’une offre intérieure beaucoup trop importante, qui a pesé sur les prix de façon assez générale.
Mais ce qui est encourageant, c’est qu’à l’approche de l’automne, l’offre intérieure a rectifié le tir assez rapidement et les prix se sont raffermis, dans un contexte, il faut le rappeler, d’assouplissement des coûts du carburant. Nous pensons donc que les compagnies aériennes affichent un fort potentiel de hausse dans la deuxième moitié de l’année. De façon générale, tant que les facteurs macroéconomiques restent favorables et que le taux de chômage demeure relativement faible, nous pensons que la demande liée aux voyages devrait être assez solide et continuer de se normaliser en parallèle du PIB. Mais j’aimerais avoir votre éclairage concernant les hôtels.
Kevin Kopelman :
Oui, bien sûr. Je dirais qu’on a connu un peu moins de volatilité, mais si on remonte quelques mois en arrière, il y avait d’importantes préoccupations d’ordre macroéconomique. Je pense que les hôteliers ont contribué à apaiser certaines de ces craintes. Il a été question d’un léger ralentissement au deuxième semestre, principalement attribuable au retour à la normale qu’ont connu les marchés internationaux à croissance élevée. Le chiffre d’affaires des hôtels aux États-Unis, de nature saisonnière, reste globalement assez stable. Il continue cependant de croître bien en deçà du PIB nominal, à 1,5 % au premier semestre de l’année. Au troisième trimestre, les chiffres du mois de juillet ont été relativement faibles, mais les hôteliers s’y attendaient. Nous avons constaté un rebond en août, d’où un résultat assez moyen à ce jour.
En ce qui concerne le mois de septembre, les données de l’hôtellerie aux États-Unis ont été décevantes, principalement en raison d’un changement de calendrier, puisque certains des voyages effectués à l’occasion de la fête du Travail ont eu lieu en août, mais on s’attend également à ce qu’elles se redressent dans la deuxième moitié du mois. Dans l’ensemble, les sociétés hôtelières ont observé une tendance assez stable. En ce qui concerne le quatrième trimestre, on s’attend généralement à des chiffres un peu plus faibles, principalement en raison de la baisse des voyages en groupe à l’approche des élections et compte tenu de la fête de Roch Hachana. Des résultats un peu plus timides sont donc à prévoir, mais généralement assez stables. Voilà, dans l’ensemble.
Tom Fitzgerald :
C’est très intéressant. En ce qui concerne les compagnies aériennes, on a aussi eu des échos selon lesquels que les élections perturbent quelque peu les voyages d’affaires, mais le secteur profitera aussi de facteurs qui l’avantageront. Il y a eu la grève du secteur de l’automobile l’an dernier, qui a considérablement perturbé les voyages d’affaires à partir de Détroit. De même, la grève des auteurs a perturbé le grand carrefour qu’est l’aéroport international de Los Angeles. Je pense que la demande liée aux voyages d’affaires est susceptible de connaître encore des évolutions. Kevin, est-ce qu’il y a une grande différence entre le marché intérieur et le marché international pour ce qui est des perspectives de 2025? C’est un sujet important pour les compagnies aériennes.
Kevin Kopelman :
Oui, tout à fait. Je crois que la faiblesse des données américaines s’explique par le fait que l’Europe a été très solide. Elle a enregistré une croissance supérieure aux taux à long terme qui s’est poursuivie cet été, portée certainement par tous les grands événements qui y ont eu lieu. Entre l’EuroCup, les Jeux olympiques et la tournée de Taylor Swift, les entreprises européennes ont eu le vent en poupe durant l’été. Les pays de la région de l’Asie-Pacifique, si on exclut la Chine, ont pu profiter des voyageurs chinois.
Le point noir a été le marché intérieur chinois, c’est certain. Depuis le début du deuxième trimestre, les taux en Chine ont fortement diminué sur 12 mois. Il y a la saignée d’un grand nombre de leurs voyageurs qui vont à l’étranger, dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique, un peu en Europe, et qui s’est quelque peu stabilisée, mais continue de mettre le secteur sous pression. Et cela se ressent dans les chiffres de l’hôtel, avec leurs incitatifs qui s’érodent d’une année à l’autre. La croissance des revenus des hôtels a donc quelque peu souffert. Néanmoins, à moins que d’autres obstacles n’émergent, l’année prochaine devrait être plus avantageuse pour ce qui est des incitatifs chinois. C’est une chose à laquelle il faut s’attendre.
Tom Fitzgerald :
Oui, la Chine a été un poids mort en ce qui concerne le secteur aérien. Les autres obstacles ont été les incertitudes géopolitiques et l’incapacité de survoler la Russie du fait de la guerre en Ukraine, ce qui rend les vols moins rentables qu’auparavant vu l’augmentation considérable du temps de vol et du coût en carburant. Mais dans l’ensemble, l’Asie-Pacifique continue de se redresser. Hors-Chine, il s’agit du dernier marché à se remettre de la pandémie, ce qui fait que les prix demeurent très solides, et les marges sont très bonnes.
Vous avez parlé d’incitatifs sur le marché chinois. Nous avons constaté que la demande aux États-Unis au premier semestre de l’année était en hausse d’environ 5 %, et à mesure que l’offre s’est retirée du marché, vu que les transporteurs n’ont pas réduit pas leurs prix sensiblement, on a constaté que le trafic a diminué considérablement. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a une montée en gamme. On observe une augmentation de la demande de vols en première classe, qui dépasse celle des billets standards, un facteur très favorable pour le secteur, qui continue d’améliorer sa capacité de segmentation des revenus et d’accroître la rentabilité.
Kevin Kopelman :
Quand avez-vous constaté ce ralentissement concernant le nombre de passagers aux États-Unis?
Tom Fitzgerald :
C’était vraiment marqué à l’approche du mois de septembre. En août et en juillet, on a vu une progression d’environ 5 % à 6 % sur 12 mois, qui est descendu à environ 1 % depuis le début du mois de septembre. On enregistre ce balado le 24 septembre et il y a des jours où c’est à peu près plat et tantôt on observe une baisse sur 12 mois. C’est bien moins vigoureux et l’offre n’a augmenté que d’environ 2 % à 3 % sur 12 mois, soit moins que durant l’été. Surtout sur le marché des vols intérieurs, l’offre affichait un chiffre de croissance élevé, ce qui n’est plus le cas maintenant, mais comme les prix sont plus avantageux et que les clients sont de meilleure qualité, les compagnies aériennes s’en accommodent.
Kevin Kopelman :
Il est très intéressant de voir à quel point les volumes des compagnies aériennes diffèrent de ceux des hôtels. Si on prend l’industrie hôtelière aux États-Unis, Knights Inn est resté au même niveau qu’en 2019 alors qu’initialement, son volume des ventes se redressait plus rapidement que celle des compagnies aériennes. Le nombre de clients des hôtels est resté bloqué au niveau de 2019 et reste stable depuis le début de l’année, alors même que le nombre de passagers aériens était en hausse et a même atteint de nouveaux sommets. Vu que le nombre de chambres réservées ne traduisait pas cette progression, c’est donc que le transport aérien a considérablement gagné en popularité d’une année à l’autre. Je pense qu’il sera très intéressant d’observer cette dynamique, à mesure que nous obtiendrons les chiffres de septembre pour l’hôtellerie aux États-Unis, car il est certain que depuis le début du mois, les chiffres de Knights Inn ont été relativement faibles.
Tom Fitzgerald :
Oui. Quelles sont les prévisions globales de croissance du secteur pour l’année prochaine, Kevin? Comme la Fed a récemment abaissé ses taux d’intérêt, est-ce que cela encouragera de nouveaux travaux de construction?
Kevin Kopelman :
Oui, je pense que c’est vraiment important d’en parler et, évidemment, je commencerais par dire que nous surveillons de très près les données sur l’emploi. On a eu les deux rapports contradictoires sur l’emploi, qui faisaient état du taux de chômage et des nouveaux postes créés. On espère vraiment que le nombre d’emplois augmente, ce qui stimulerait les voyages dans l’ensemble. C’est évidemment l’un des grands débats. Mais ce qui nous rassure vraiment avec les réductions de taux, c’est qu’on commence à construire plus d’hôtels et que les nouveaux projets se mettent à émerger à un rythme plus rapide, car la croissance des unités a été très intéressante pour les hôtels, les pipelines ayant été très solides. Je dirais toutefois que le rythme réel des ouvertures a été décevant dans l’ensemble depuis le début de l’année. Mais le problème tient en partie aux difficultés liées au financement et au lancement de nouvelles constructions, ce qui fait qu’après cette réduction de taux, on peut être optimiste pour l’année prochaine.
Tom Fitzgerald :
Oui, c’est très intéressant. Du côté des compagnies aériennes, après la pandémie de COVID-2022 et au début des années 2023, la demande était forte, mais les compagnies aériennes n’avaient pas vraiment les avions nécessaires pour l’exploiter et on a assisté à une vraie congestion des chaînes d’approvisionnement de Boeing et d’Airbus, de même pour ce qui est des moteurs et de l’entretien. Mais maintenant, même si la chaîne d’approvisionnement ne s’est pas vraiment améliorée, de nombreuses compagnies aériennes sont dans une situation où elles ont probablement trop d’avions, même si la volonté des équipementiers de travailler sur les reports est probablement une bonne chose. Mais au bout du compte, il y a bel et bien une pénurie d’avions et cela ne devrait pas se résoudre de sitôt. Quels sont les autres débats qui agitent le secteur de l’hôtellerie, Kevin? Quels sont les grands thèmes à retenir?
Kevin Kopelman :
Parmi les sujets à aborder, on a la fenêtre de réservation, soit l’avance avec laquelle les clients réservent leur chambre. Au moment de la publication des résultats du deuxième trimestre, le thème qui ressort pour toutes les plus grandes entreprises de voyages en ligne, c’est un rétrécissement de la fenêtre de réservation. Les gens sont donc moins enclins à réserver des voyages longtemps à l’avance. Cet élément n’est pas publié de façon rigoureuse, mais il est à souligner. Et c’est en effet une mesure importante parce qu’il s’agit en substance d’un indicateur macroéconomique. Si les consommateurs se sentent moins en confiance, ils pourraient être moins disposés à réserver deux, trois ou quatre mois à l’avance. Mais dans le même temps, cela peut aussi être très volatil et varier de mois en mois. C’est un changement que les entreprises ont souligné. Et on ne peut jamais prévoir si ces réservations de dernière minute se feront ou non et compenseront la différence.
La croissance sous-jacente ralentit-elle vraiment? Je dirais que nous ne connaissons toujours pas la réponse, je tiens à souligner qu’au cours du mois de juillet, au cours duquel les hôteliers ont observé un rétrécissement de la fenêtre de réservation, on a eu beaucoup d’événements qui ont pu capter l’attention des consommateurs ou les empêcher de terminer leur réservation. Il y a eu l’EuroCup de soccer, qui a pris fin en juillet, puis la tentative d’assassinat, qui a scotché des téléspectateurs à leur poste, et les Jeux olympiques, à partir d’août. Il est donc possible que cela ait eu une influence sur les fenêtres de réservation. On a aussi pu observer un certain rebond. C’est probablement un peu des deux.
Tom Fitzgerald :
Oui, je sais que du côté des compagnies aériennes, nous avons entendu dire que les réservations de dernière minute ont été plus importantes que prévu en septembre dernier, ce qui est positif, mais c’est une mesure qui a tendance à être très volatile. Les Jeux olympiques ont également été mentionnés comme un facteur défavorable cet été, mais Delta Airlines a déclaré de manière plutôt encourageante que dès que les Jeux olympiques se sont terminés, les voyages en Europe ont rebondi d’un coup, comme si on avait appuyé sur un interrupteur. De plus, depuis la pandémie, les compagnies tendent à ne plus imposer de frais de modification et nous pensons que cela allonge la fenêtre de réservation, ce qui est une excellente nouvelle pour les compagnies aériennes, surtout du point de vue de la gestion des flux de trésorerie.
Quant aux saisons intermédiaires, je sais que pour les compagnies aériennes, beaucoup d’équipes de direction parleront de ce groupe démographique centré autour de la génération du baby-boom, qui dispose d’un pécule important et profite de sa retraite pour voyager beaucoup plus. Et comme juillet et août sont beaucoup plus chauds et voient un afflux de touristes en Europe, les chiffres des mois de septembre et octobre se sont très bien comportés pour ce qui est de ce groupe d’âge, surtout dans la partie avant de l’avion. C’est un élément très intéressant qui contribue à stimuler une période généralement moins vigoureuse.
Kevin Kopelman :
Oui, je dirais que ça n’a pas été un sujet aussi important ces dernières années comparé à avant la pandémie. Je dirais que la saison estivale a généralement été plus forte que les saisons intermédiaires, mais il semble que la situation se normalise et on ne voit pas beaucoup de changements d’une année à l’autre. Alors qu’on approche du quatrième trimestre, le principal sujet de discussion est donc de savoir quelles seront les répercussions des élections sur le marché américain. Je pense que c’est le point qui retient le plus l’attention des investisseurs pour le quatrième trimestre.
Tom Fitzgerald :
Oui. Oui. Je suis d’accord. Mais tant que l’économie tiendra bon, la demande liée aux voyages s’annonce encore solide en 2025. Et je sais que les compagnies aériennes ont beaucoup de travail à faire pour absorber une partie des conventions collectives qu’elles ont signées ces dernières années. Mais je pense que cela contribue à mettre en évidence l’importance de nos jours d’avoir ces sources de revenus diversifiées et à marge élevée pour s’adapter à ce contexte ainsi que l’écart qui s’est creusé entre les mieux nantis et les plus démunis. Très bien, ce sera tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup tout le monde. On peut donc s’attendre à un automne palpitant, et nous serons de retour ici même pour en commenter les évolutions.
Locuteur 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.
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Directeur général et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Services de voyage et d’hébergement en ligne, TD Cowen
Kevin Kopelman, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Services de voyage et d’hébergement en ligne, TD Cowen
Kevin Kopelman, CFA
Directeur général et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Services de voyage et d’hébergement en ligne, TD Cowen
Kevin est directeur général et analyste de recherche responsable du secteur des services de voyage et d’hébergement en ligne au sein de TD Cowen. Il est entré au service de la société en 2006 et est spécialisé dans le commerce électronique, les voyages en ligne, la publicité en ligne et les sociétés de médias en ligne. Il a un baccalauréat spécialisé en finance (avec distinction) de l’Université de la Floride et un baccalauréat en espagnol. Il a aussi étudié à la Universidad Autónoma de Madrid et à la Russian State University for the Humanities à Moscou. Kevin détient le titre de CFA.
Tom Fitzgerald
Vice President, Equity Research, TD Cowen
Tom Fitzgerald
Vice President, Equity Research, TD Cowen
Tom Fitzgerald is a vice president covering airlines and air-related industries. He joined TD Cowen in 2021 and is a CFA charterholder.