Les élections américaines – Bilan avec Chris Krueger et Rona Ambrose
Invitée : Rona Ambrose, présidente suppléante, Valeurs Mobilières TD and Chris Krueger, Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen.
Animateur : Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Dans ce numéro spécial de Géopolitique, nous tenons une table ronde après les élections dans le cadre de la 25e conférence annuelle sur la gestion de portefeuille et la structure des marchés de Valeurs Mobilières TD. Puisque Frank Mckenna est à l’extérieur du pays, l’animateur de Géopolitique Peter Haynes est accompagné de l’honorable Rona Ambrose, présidente suppléante de Valeurs Mobilières TD et de Chris Krueger, Expert en géopolitique au Groupe de recherche de Washington, TD Cowen pour discuter des résultats surprenants des élections américaines et de leurs répercussions sur les relations entre le Canada et les États-Unis. Rona prend aussi le temps de discuter du contexte politique au Canada et de la possibilité d’élections au nord de la frontière au cours des prochains mois.
Chaptres: | |
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1:00 | Les résultats des élections – Quand seront-ils déterminés? |
4:30 | La plus grande surprise de Rona |
10:10 | L’avenir de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (AEUMC) et des minerais et de l’eau du Canada |
15:55 | Les nominations possibles au Cabinet par Trump |
23:10 | Les tarifs douaniers, l’immigration et l’Ukraine |
29:00 | Le 411 sur Pierre Poilievre |
36:40 | Dates importantes jusqu’à l’investiture |
Ce balado a été enregistré le 7 novembre 2024.
[MUSIQUE]
CHRIS KRUEGER : New York, le New Jersey et l’Illinois sont plus près de passer au rouge que le Texas ne l’est de passer au bleu.
PETER HAYNES : À distance, Chris Krueger, du Washington Research Group et Rona Ambrose, que vous pouvez voir à l’écran, se joignent à nous aujourd’hui. Merci encore, Rona et Chris, d’être avec nous aujourd’hui. Comme je l’ai mentionné, Chris, notre spécialiste en géopolitique basé à Washington, n’a vraiment pas été extrêmement occupé dernièrement. Ensuite, à gauche de mon écran, enfin, se trouve l’honorable Rona Ambrose, qui est première vice-présidente suppléante de Valeurs Mobilières TD et qui travaille pour nous depuis plusieurs années.
On a beaucoup de choses à aborder. Mon téléphone est en mode avion depuis le début de la journée, alors, je n’ai rien vu de ce qui s’est passé. Lorsqu’on a préparé ces questions hier, cependant, il y avait plus d’éléments connus que d’inconnus sur ce qu’on pouvait prévoir avant mardi. En fait, on a mentionné à quelques reprises sur l’estrade qu’on avait évité le pire scénario, à savoir des émeutes dans les rues, en cas d’incertitude quant au résultat.
Pouvez-vous nous dire, Chris, où on en est dans l’ensemble et, plus précisément, s’il y a des duels qui se démarquent? Et pourquoi est-ce si long pour la Chambre, qui a peut-être été déterminée aujourd’hui, mais pourquoi est-ce si long pour que ces duels se terminent?
CHRIS KRUEGER : C’est un plaisir d’être avec vous tous. Désolé, je ne peux pas être là physiquement. Je travaille à Washington, où il n’y a pas encore vraiment d’agitation, je pense, pour répondre à la remarque de Peter. Je pense que les gens étaient préparés au pire, tout en espérant que tout se passerait pour le mieux. Voici ce qu’on sait. Donald Trump sera assermenté comme 47e président dans 74 jours, le 20 janvier, à midi.
Il va aussi revenir à Washington avec un Sénat républicain. Ce Sénat républicain comptera au moins 52 sénateurs républicains. Le plafond est probablement de 53. On attend toujours les résultats de deux duels, la Pennsylvanie et l’Arizona. Les démocrates devraient gagner en Arizona. La Pennsylvanie va probablement faire l’objet d’un recomptage. Ce sera peut-être 60-40 en faveur des républicains, mais ça va être vraiment serré.
Le Sénat est essentiel parce qu’il confirme ou rejette les nominations au Cabinet, aux organismes de réglementation, les juges, la Cour suprême et la Fed. La Chambre est toujours en suspens, mais elle devrait rester républicaine. 218 est le chiffre magique. Les républicains ont 211 sièges et 13 autres devraient s’ajouter. Si tout ça tient, ce serait une marge d’avance de six sièges pour la Chambre des représentants. Toutefois, trois de ces duels se disputent avec moins de 1 600 votes d’écart.
Les votes postaux en Californie n’arriveront pas à échéance avant mardi prochain. Il y a des militaires en déploiement. Certains districts sont très ruraux. Il y a beaucoup de votes. Si tout se maintient, c’est en grande partie conforme à ce qu’ils ont pour le moment : la Californie, l’Arizona, la Pennsylvanie, l’Iowa et l’Alaska. Il faut beaucoup de temps pour le décompte de l’Alaska. C’est là qu’on en est aujourd’hui. Ce n’est pas seulement la majorité qui compte, mais aussi les marges. On n’est pas en 2017. Trump vient tout juste de remporter un mandat décisif et on suppose que le Congrès républicain, en particulier à la Chambre, qui est beaucoup plus favorable à Trump, ne s’opposera pas aux prochains gouffres budgétaires. Mais l’avenir nous le dira.
PETER HAYNES : Chris, après les élections de 2020, il y a eu toutes sortes de rumeurs de fraude électorale et ainsi de suite. Ce qu’on lisait c’était : « Où sont passés les 20 millions de votes pour Joe Biden? » Et puis, bien sûr, les théoriciens de la conspiration soutiendront que quelque chose a mal tourné. Y a-t-il eu des préoccupations au sujet d’une fraude de quelque nature? Je voulais juste en parler et essayer de rayer ça de la liste des problèmes potentiels.
CHRIS KRUEGER : Quand Trump a été certifié gagnant, toutes les rumeurs de fraude ont disparu. Je ne suis pas certain que ce soit lié, mais on continue le décompte. Il reste des millions de votes à dépouiller en Californie. Vous pouvez utiliser les estimations dans ces États et les donner en avance. Certains de ces duels pour la Chambre vont devoir être recomptés, c’est certain. J’ai voté en Virginie. C’était très facile. Je devais montrer ma pièce d’identité et ainsi de suite. De toute évidence, il s’agissait d’une élection libre et équitable.
PETER HAYNES : Très bien. Rona, en regardant la soirée électorale se dérouler à Calgary, quelle a été votre plus grande surprise avec les résultats?
RONA AMBROSE : Bonjour Peter, bonjour Chris et bonjour à tous ceux qui sont dans la salle. Peter anime toujours d’excellentes conférences et j’aimerais être là en personne. Je ferai de mon mieux pour être là l’an prochain. Merci pour l’excellent travail que vous faites, Peter.
Je pense que ma plus grande surprise a été de voir à quel point les démocrates s’en sont mal sortis. Je pensais que Trump gagnerait. J’avais l’impression qu’il avait le vent en poupe, alors, je me doutais qu’il gagnerait. Mais les démocrates s’en sont très mal sortis.
Il s’agit clairement d’une répudiation des candidats démocrates et de l’obsession de la gauche à l’égard de la politique identitaire, qui n’a pas joué en leur faveur cette fois-ci. C’était un message clair que ce que les gens attendent de leurs dirigeants politiques en ce moment est la chose la plus fondamentale pour eux, c’est-à-dire d’avoir de l’argent dans leurs poches. En période d’inflation, alors que tout coûte plus cher, ça nuit particulièrement plus aux personnes dont le revenu est le plus bas. Elles ont voulu quelqu’un qui, selon elles, se battrait pour que leur emploi soit protégé et aussi quelqu’un qui apprécie et reconnaisse leurs aspirations à avoir plus d’argent et à en laisser plus à leurs enfants.
Je pense que la chose la plus intéressante, c’est que Trump ait eu de si bons résultats auprès des groupes minoritaires aux États-Unis. Même s’il a été traité de nazi, de raciste et d’homophobe, ça n’a pas semblé avoir d’importance pour les gens qui ont voté pour lui. C’est peut-être une leçon et un signal pour les politiciens d’arrêter d’essayer de dresser le portrait des gens auprès de certains groupes en fonction de leur identité, en fonction de leur origine ethnique. Dans une situation comme celle d’aujourd’hui, les gens se sentent vraiment à court d’argent pour faire leurs courses et, en fin de compte, ce qu’ils veulent, c’est pouvoir s’occuper de leurs enfants et de leur famille, mettre de la nourriture sur la table. Quand c’est menacé, plus rien d’autre n’a d’importance. C’est ce qui a vraiment été révélé.
Ce qui est aussi très intéressant, c’est que Trump est toujours vu comme un perturbateur, même s’il fait partie de l’élite et qu’il a déjà été président pendant quatre ans. Les gens le voient toujours comme le perturbateur. Après, il a ramené avec lui Elon Musk, qui est vu comme un perturbateur et RFK Junior, lui aussi vu comme un perturbateur. Il a cette équipe de perturbateurs. Ce que les gens veulent, en ce moment, c’est que le gouvernement soit perturbé, parce qu’ils ne trouvent pas qu’en l’état actuel ça fonctionne, ils ont besoin de plus. Ce sont les choses intéressantes que j’ai retenues de cette élection aux États-Unis.
PETER HAYNES : Chris, le corps de la victime commence à peine à refroidir. Je pense que l’autopsie prendra beaucoup de temps, mais j’aimerais avoir votre avis sur ce qui a mal tourné pour les démocrates. Est-ce aussi simple que l’a expliqué Rona, à savoir que le citoyen lambda paie plus cher pour sa nourriture? Avez-vous une idée de ce qui s’est passé?
CHRIS KRUEGER : Je pense que Rona a parfaitement analysé ça. C’était quasiment parfait. Je vais juste le souligner avec quelques sujets. Je ne sais pas à quel point Mme Harris sera blâmée. Je pense, étant donné qu’elle n’a eu qu’une centaine de jours pour faire une campagne-éclair, qu’une grande partie du blâme ira vers Joe Biden.
Si on fait un retour en arrière, après que les démocrates ont connu une amélioration lors des élections de mi-mandat en 2022, que se serait-il passé s’il avait simplement lâché le micro et dit : « OK, débrouillez-vous? »Est-ce que Donald Trump aurait même remporté l’investiture républicaine à ce moment-là, avec DeSantis en tête? Il n’y avait pas que les États indécis. C’était généralisé.
New York, le New Jersey et l’Illinois sont plus près de passer au rouge que le Texas ne l’est de passer au bleu. Ça veut dire que les marges là-bas étaient bien plus serrées qu’au Texas, ce qui est fou quand on y pense. Les deux sujets les plus abordés dans les sondages à la sortie des bureaux de vote étaient, pour revenir sur le point soulevé par Rona, l’inflation et, deuxièmement, l’immigration, en particulier la frontière sud. Alors, non seulement Trump a gagné tous les États indécis, mais il va aussi gagner le vote populaire. Un républicain n’a pas réussi à le faire en 20 ans, depuis George W. Bush.
PETER HAYNES : OK. Chris, j’aimerais imaginer un scénario ici, si possible. Qu’est-ce qui se serait passé si Joe Biden avait annoncé plus tôt qu’il ne serait pas candidat pour un deuxième mandat et...
CHRIS KRUEGER : En passant, c’est ce qu’il a dit qu’il ferait la première fois qu’il s’est présenté.
PETER HAYNES : Oui. S’il l’avait fait et qu’il avait permis au Parti démocrate d’avoir une primaire en bonne et due forme, un candidat non affilié au gouvernement actuel aurait peut-être gagné. On va supposer qu’ils ont fait ça. Est-ce que les choses se seraient passées autrement, selon vous? Deuxièmement, qui aurait pu être ce candidat?
CHRIS KRUEGER : Oui. Je voudrais aussi clarifier une chose : Mme Harris a mené une campagne solide avec un problème flagrant, qui a probablement fait échouer sa campagne, c’est sa participation à l’émission The View. La question qu’on lui a posée était : « Auriez-vous fait les choses différemment de Joe Biden? » Elle a répondu que non. Elle ne s’est pas démarquée d’un président très impopulaire.
On peut dire ce qu’on voudra sur Joe Biden, mais il a la tête sous l’eau dans les sondages depuis l’été 2021, surtout depuis le retrait de l’Afghanistan. Je pense qu’il y aurait eu comme candidats un grand nombre de gouverneurs de ces grands États en bleu, comme Gretchen Whitmer du Michigan, Josh Shapiro de la Pennsylvanie, JB Pritzker de l’Illinois, Gavin Newsom de la Californie. Je pense que ça aurait été des primaires assez vastes et coûteuses, mais qui sait?
PETER HAYNES : Pensez-vous que ça aurait pu changer le résultat, ou est-ce que la partie était perdue d’avance, depuis le début?
CHRIS KRUEGER : Avec 100 jours de campagne, qui aurait pu gagner? Je ne sais pas. Il aurait fallu sérieusement dire du mal de Biden et vraiment se démarquer par rapport à lui. Je ne sais pas.
PETER HAYNES : Oui. OK, Rona, on va parler un peu de Donald Trump. C’est un président populiste, comme vous l’avez mentionné plus tôt. Les gens veulent du changement. Il utilise beaucoup la rhétorique et on a appris à le croire sur parole au cours de son premier mandat. Mettez votre chapeau d’Équipe Canada un instant. Parmi tous ses objectifs stratégiques, qu’est-ce qui vous inquiète le plus et qu’est-ce que vous pensez de l’avenir de l’AEUMC? Est-ce que Trump et son mandat vont avoir des répercussions?
RONA AMBROSE : Oui, bien sûr. Il a dit très clairement qu’il rouvrirait le dossier. Lors de la dernière négociation à laquelle j’ai participé, il a clairement indiqué qu’il voulait que cette clause de temporisation soit incluse pour 2026 et on sait pourquoi. La dernière fois, on a à peine réussi à conclure une entente. On peut dire que Trump a remporté ce tour. Et cette fois-ci, il revient plus fort. On pourrait dire que le Mexique est une cible plus importante que le Canada parce que le Mexique permet à la Chine d’utiliser l’ALENA pour importer des pièces automobiles chinoises en franchise de droits au Mexique, ce qui a fâché Trump.
Des gens comme Robert Lighthizer ont soulevé ce problème. C’est lui qui a dirigé le programme commercial de Trump la dernière fois. Et je m’attends à ce qu’il revienne.
J’étais avec lui quand il m’a dit : « On a beaucoup appris. » Il n’a pas dit : « On va être plus indulgents. »Il expliquait que cette fois, ils seraient plus fermes. Il sera alors difficile de parvenir à une entente avec eux, mais c’est ainsi que se déroulent les négociations. Je ne pense pas qu’on puisse compter sur une relation privilégiée, même si on est le plus important partenaire commercial des États-Unis.
Comme Tom Mulcair, l’ancien chef du NPD, l’a dit récemment… Donald Trump a une longue liste d’ennemis et Justin Trudeau en fait partie. La relation entre les deux était mauvaise. Mais j’ajouterai ça. On a des choses que les Américains veulent. On est, à l’évidence, leur principal partenaire commercial. Cette relation va dans les deux sens et elle est importante pour les États-Unis.
Il y a des choses qu’ils veulent qu’on fasse et des choses qu’on a qui sont en dehors de l’ALENA. Ils veulent avoir accès à nos minéraux essentiels. Du point de vue de la défense en particulier, ils veulent qu’on dépense plus pour la défense. M. Trump a indiqué qu’il voulait notre eau.
En plus de ça, n’oubliez pas qu’il a aussi parlé d’un éventuel mur douanier autour des États-Unis. On ne sait pas si on en sera exclus dans le cadre de l’ALENA. Mais s’il y a quelque chose qu’on ne peut pas exclure, c’est ce potentiel mur douanier de 20 % autour des États-Unis, en plus peut-être de certains des problèmes qu’on va devoir régler dans le cadre d’un nouvel AEUMC. Je dirais simplement ça. Au final, le problème pour nous, c’est que notre économie n’est pas assez résiliente pour résister à un choc douanier.
Notre approche actuelle en matière d’énergie, qui consiste à tenter de paralyser notre secteur alors que Trump s’engage à libérer de l’énergie bon marché pour faire croître l’économie américaine… Si vous regardez notre politique fiscale, Trump dit qu’il veut porter l’impôt des entreprises à 18 % et notre taux d’imposition fédéral-provincial combiné est de 38 %. Alors, même si vous regardez où il va et où on est depuis huit ans, ça pourrait être un désastre pour nous du point de vue de la politique économique nationale. Notre gouvernement doit alors se concentrer non seulement sur les négociations difficiles, mais aussi sur nos propres politiques nationales pour s’assurer qu’on reste plus concurrentiels.
PETER HAYNES : L’eau est considérée comme un bien en vertu de l’AEUMC, ou du moins de l’ALENA et il n’est pas clair, en tant que bien, si le Canada peut faire quoi que ce soit pour se défendre d’avoir à inclure l’eau comme un bien potentiel en vertu de cet accord. Trump envisage de résoudre ses problèmes d’eau en venant s’approvisionner au Canada, qui a 20 % de l’eau douce. Comment pensez-vous que ça va se passer?
RONA AMBROSE : S’il le fait, je pense que ce serait très controversé. Ce serait une chose pour laquelle les Canadiens auraient une réaction immédiate très épidermique. Je pense que ça aurait une résonance politique partout au pays. Vous pouvez parler de toutes sortes d’inclusions de certains types, du pourcentage de pièces d’auto et les gens restent assez insensibles. Mais si vous commenciez à parler de l’eau, de l’eau canadienne, ça deviendra très controversé très rapidement.
Maintenant, en vertu de la convention actuelle, l’eau n’est pas couverte par l’entente. Elle est couverte par ce qu’on appelle une lettre d’accompagnement. En ce moment, ça signifie essentiellement qu’il n’y a pas de droits spéciaux sur les ressources naturelles d’un État, sauf si l’eau entre dans le commerce et devient un bien ou un produit. Il y a beaucoup de questions auxquelles on n’a pas encore répondu parce qu’elles n’ont pas encore été testées. La lettre d’accompagnement est-elle exécutoire? Que se passe-t-il si l’eau est considérée comme un bien ou un produit? Qu’est-ce que ça voudra dire?
On a besoin de plus de clarté. Ce qui est un peu troublant, c’est qu’on ne pensait pas devoir répondre à ces questions aussi rapidement. Si Trump est sérieux à ce sujet, on va sans doute devoir trouver les réponses à ces questions. Et pour essayer d’atténuer certaines des conséquences négatives potentielles, on doit aussi élaborer des politiques provinciales à ce sujet. Ou, Peter, je veux dire, c’est peut-être juste une tactique de négociation.
La dernière fois, on a appris que Trump adore conclure des ententes. C’est un négociateur. Il s’est souvent impliqué dans les négociations. Au lieu de s’en remettre aux fonctionnaires, il a toujours su ce qui se passait. Même le nom lui tenait à cœur, n’est-ce pas? Il a renommé l’ALENA l’AEUMC, en donnant la priorité aux États-Unis, puis au Canada. Ensuite, on a dit qu’on allait l’appeler ACEUM, avec d’abord le Canada, puis les États-Unis, puis le Mexique. C’était important pour lui que les États-Unis aient leur nom au début du nom de la convention. Ça pourrait être une tactique de négociation. On ne le saura pas tant qu’il n’en dira pas plus.
PETER HAYNES : OK, Chris, on va parler du processus de confirmation, car c’est vraiment important pour les Canadiens dans cette salle, surtout pour comprendre. On s’inquiète qu’au moment où Trump aura terminé ses nominations au Cabinet cette fois-ci, il ne resterait plus aucun adulte dans la salle. Pouvez-vous rappeler à notre auditoire le processus de confirmation et qui pourraient être les candidats pour les postes clés au sein du Cabinet?
J’aimerais ajouter à ça en particulier certaines préoccupations au sujet de RFK Junior à la santé, pensez-vous que ce soit possible ou non? Ensuite, Rona, j’aimerais beaucoup votre point de vue en tant qu’ancienne ministre de la Santé du Canada, connaissant ses positions radicales, comment le Canada réagirait? Je vais commencer par vous, Chris.
CHRIS KRUEGER : Le personnel de la Maison-Blanche, qui sera probablement nommé la semaine prochaine, en commençant par le Chef de cabinet, n’est pas assujetti à la confirmation du Sénat. C’est probablement là que Kennedy ira, simplement parce qu’il ne peut pas passer au travers du processus de confirmation du Sénat. C’est 52 sénateurs républicains, peut-être 53. Il y a quelques centristes qui vont surveiller ça : Susan Collins, du Maine, Lisa Murkowski, de l’Alaska, et Thom Tillis, de la Caroline du Nord.
Il y a aussi le comité de compétence. Il y a une audience pour ça. Vous devez remettre l’équivalent de deux années de déclarations de revenus. Vous devez effectuer une vérification des antécédents par le FBI, donner toutes vos déclarations financières. Vous avez une audience, un vote public au sein du comité, puis vous passez au vote du Sénat. Il vous faut 50 voix, plus le vice-président désigné, JD Vance, s’il y a égalité, pour trancher. Rona a mentionné Robert Lighthizer. Je pense qu’il reste le candidat favori pour le poste de secrétaire du Trésor.
Pour ce qui est du secrétaire d’État, on entend le nom de Marco Rubio. On entend aussi celui du sénateur du Tennessee, dont le nom m’échappe. Dernières nouvelles, le nombre de sièges est passé à 53. David McCormick a battu Bobby Casey en Pennsylvanie, soit 53 sénateurs républicains. Mike Pompeo, ancien secrétaire d’État, pourrait être à la défense et diriger le Pentagone. Robert O’Brien, ancien conseiller en sécurité nationale, serait aussi au Pentagone. Le procureur général sera probablement quelqu’un dans le style d’Eric Schmitt, le sénateur républicain du Missouri. J’ai aussi entendu le nom de Mike Lee. C’est un sénateur républicain de l’Utah.
La grande différence avec Trump 2.0, c’est que tout le personnel de la Maison-Blanche et les employés des agences partagent vraiment la vision de Trump : « America first, make America great again. » Ils sont incroyablement compétents et savent comment mettre en œuvre la vision de Trump, n’est-ce pas? De toute évidence, ce ne sera pas des gens comme le général Kelly et d’autres. Il n’y aura pas de freins, plutôt des accélérateurs. Que des accélérateurs et pas de freins pour le moteur de cette administration.
PETER HAYNES : OK. Alors, il n’y a aucun risque que RFK entre dans ce mandat à la santé où, au Canada, on devrait s’inquiéter des répercussions que ça pourrait avoir sur notre pays? Vous ne pensez pas du tout que ça puisse arriver?
CHRIS KRUEGER : Je ne pense pas qu’il puisse diriger les Services de santé et des services sociaux ou la FDA. Il semble qu’il occupera un poste à la Maison-Blanche et qu’il se concentrera davantage sur le sujet de rendre sa santé aux États-Unis. En tant qu’opposant aux vaccins, mettre davantage l’accent sur les géants de l’agroalimentaire, n’est-ce pas? Comme les semences et les aliments plutôt que les grandes sociétés pharmaceutiques, si on veut.
PETER HAYNES : Oui. Chris, la question qui reviendra souvent dans les milieux financiers est de savoir quels sont les pouvoirs réels du président à l’égard de la présidence de la Fed et s’il peut faire quoi que ce soit avec Powell.
CHRIS KRUEGER : Lors de sa conférence de presse, M. Powell a déclaré qu’il ne démissionnerait pas. Trump a laissé entendre qu’il ne ferait rien. Je ne vous recommande pas de lire la Federal Reserve Act. Mais je vais juste vous donner quelques éléments clés. Par exemple, vous ne pouvez congédier un président de la Fed que pour un motif valable. Ne pas avoir suffisamment réduit les taux n’en fait pas partie. On parle d’acte délictueux. Powell est là jusqu’au printemps 2026, mais on ne s’attend pas à ce que Trump tente de démettre Powell de ses fonctions, du moins dans les 100 premiers jours de son mandat qui est vraiment axé sur l’immigration, la déréglementation, le commerce et la fiscalité.
PETER HAYNES : Rona, j’aimerais revenir sur la relation entre le premier ministre Trudeau et Donald Trump, qui, comme on le sait tous, n’a pas particulièrement bien fonctionné la première fois. Quels conseils donneriez-vous au premier ministre Trudeau et aux libéraux fédéraux sur la façon de gérer cette relation avec Donald Trump et son équipe de direction 2.0?
RONA AMBROSE : Oui. Ce que je peux dire, c’est qu’il y a de solides relations entre certains membres du Conseil des ministres du Canada et des personnes qui pourraient revenir au Conseil des ministres des États-Unis. Alors, M. Lighthizer et Chrystia Freeland ont une amitié qui pourrait aider, parce qu’elle dirigera de nouveau le programme commercial et il est plus que probable qu’il dirigera le programme commercial de son côté. Le chef de cabinet du premier ministre a de bonnes relations avec certaines personnes qui étaient auparavant à la Maison-Blanche et qui pourraient revenir. Et notre ambassadrice à Washington, Kirsten Hillman, est extrêmement efficace et a d’excellentes relations aujourd’hui, qu’elle avait aussi sous l’administration Trump.
Je pense qu’il faut le dire, même si messieurs Trump et Trudeau n’ont pas une bonne relation. Je pense que le plus important pour Justin Trudeau, c’est de réussir au Canada, où les choses ne se passent pas très bien. Parce qu’on observe notre voisin du Sud, qui est notre principal partenaire commercial, mais aussi notre principal concurrent et qu’il va apporter très rapidement des changements fiscaux et des changements à la politique énergétique qui pourraient libérer plus d’énergie aux États-Unis à un taux moins élevé pendant que nous au pays, on constate que les impôts augmentent. On n’a pas notre propre Chambre pour être concurrentiels. Selon moi, c’est ce sur quoi M. Trudeau doit se concentrer le plus.
PETER HAYNES : Rona, il y a un dossier qui va devenir litigieux, c’est celui de la contribution du Canada à l’OTAN en pourcentage du PIB. On est sous le seuil des 2 %. C’est un chiffre clé. Le président élu, M. Trump, a clairement indiqué qu’il voulait que d’autres pays contribuent davantage. Selon vous, comment le Canada réagira-t-il par rapport à ce qui est attendu de l’OTAN en ce qui a trait aux dépenses de défense?
RONA AMBROSE : Oui, bien sûr. On n’a pas été simplement interpellés par Trump. D’autres alliés nous ont également reproché de ne pas avoir investi suffisamment dans notre budget de défense. M. Trudeau n’a jamais pris cet engagement. Je pense qu’il faut être clair. Lorsque les gens ont élu Justin Trudeau, ils ne l’ont pas élu pour reconstruire les Forces canadiennes.
Mais je dirais aussi que la responsabilité de tout gouvernement fédéral est de maintenir les forces prêtes. Et on n’est pas prêts. Ce n’est pas seulement mon opinion. C’est ce qui ressort clairement de nos forces armées et des hauts dirigeants, comme le chef d’état-major de la Défense. Peu importe qui est élu dans ce pays, on a beaucoup de travail à faire pour rebâtir nos forces et s’assurer qu’elles sont prêtes. Trump pourrait très probablement s’en prendre à nous et, si ça peut aider, je lui dirais bravo, parce qu’il le faut.
PETER HAYNES : Chris, on va parler des politiques aux États-Unis. Les droits de douane semblent être le premier point à l’ordre du jour de Donald Trump et l’immigration est le point 1 A. Selon vous, comment se présentent ces deux principaux problèmes politiques?
CHRIS KRUEGER : Pour tout dire, je ne sais pas. Je pense que le message est que les pouvoirs du président dans ces deux domaines sont assez unilatéraux et très étendus. On entend beaucoup dire que M. Trump devrait s’adresser au Congrès pour obtenir ses droits de douane, ou que les tribunaux s’y opposeraient. Non. Dans les années 1960 et 1970, le Congrès a largement adopté les pouvoirs de droits de douane incroyablement étendus accordés au président. Comme l’article 301, qui portait sur tous les droits de douane chinois, il s’agit de la Trade Act de 1974.
Les droits de douane de l’article 232 qui, du moins au début, sous la première administration Trump, ont frappé le Canada et le Mexique sur l’acier et l’aluminium, c’est-à-dire la Trade Act de 1962. Alors, ces pouvoirs sont incroyablement étendus. Je serais surpris si Trump utilisait les articles 232 et 301 cette fois-ci. Ils sont assez légalistes. Ça prendrait un certain temps.
Je pense que le principal outil, ou du moins l’outil avec lequel il va menacer, c’est l’International Emergency Economic Powers Act. Cette loi est incroyablement étendue. Cette loi pourrait probablement instaurer les tarifs douaniers en une semaine.
M. Trump a parlé d’un tarif douanier de base de 10 %. Il a aussi parlé de 20 %. La Chine est également une priorité après ce tarif douanier de base, qui a triplé les droits de douane, les faisant passer d’un taux combiné de 18 % à 61 %. Dans certains de ces cas, on se demande si c’est une menace. L’art de la transaction et ainsi de suite. Je pense que pour certains, en particulier l’Europe, il n’y a pas d’accord à conclure avec les États-Unis sur la politique commerciale, alors, les tarifs douaniers ne sont pas un moyen d’atteindre une finalité. Je pense que par rapport à l’Europe, les tarifs douaniers sont la finalité en soi.
Pour ce qui est de l’immigration, il croit que c’était le principal enjeu de la campagne. Il s’agit de son thème signature lorsqu’il a annoncé sa candidature pour la première fois en 2015, ce qu’on a appelé le mur de la frontière. Alors, qu’ils réussissent ou non dans le plus important effort d’expulsion de l’histoire des États-Unis, je pense qu’ils tenteront au moins de le faire en janvier.
PETER HAYNES : Ça va commencer tout de suite, littéralement, dès qu’il…
CHRIS KRUEGER : Oui.
PETER HAYNES : … sera investi. OK. Prochaine question, sur l’Ukraine : que se passera-t-il avec le financement de l’Ukraine?
CHRIS KRUEGER : Roman Schweitzer, l’un de mes partenaires au sein du Washington Research Group, croit qu’il y aura un cessez-le-feu le plus tôt possible. Il y a probablement un autre ensemble de mesures pour l’Ukraine, ne serait-ce que parce que l’armée de ce pays utilise principalement un arsenal américain. Alors, c’est une bonne publicité pour Trump, car il s’agit de matériel militaire américain, de bons emplois pour les Américains et ainsi de suite. Mais un cessez-le-feu devrait se produire assez tôt.
Je pense que l’autre point soulevé par Rona, c’était il y a environ 120 jours, après le débat catastrophique entre Messieurs Biden et Trump, c’est que beaucoup de membres des forces spéciales de l’Ukraine, les troupes d’élite en fait, se sont retirés de l’Est et ont procédé à l’invasion sauvage de la Russie, tout près de la région de Koursk. À l’époque, on pensait que Trump allait gagner 40 États. Alors, s’il y a un cessez-le-feu, le fait que Zelensky ait un terrain russe à échanger le met en meilleure position.
PETER HAYNES : On va continuer de surveiller la situation de près. Je vais m’arrêter ici pour voir si l’auditoire a des questions dans la salle. Il y a des microphones. Est-ce que quelqu’un a des questions pour Chris ou Rona?
INTERVENANT : J’ai une question pour Rona. J’aimerais savoir comment, selon vous, la victoire de Trump pourrait influencer les élections canadiennes dans neuf mois. Est-ce que c’est positif pour les conservateurs, négatif, ou qu’est-ce qui se dit dans les prévisions électorales canadiennes?
RONA AMBROSE : Pierre Poilièvre est unique. Donald Trump est unique. Ils sont très différents à bien des égards. Le Canada est un paysage politique différent. Mais dans la mesure où il est très clair que la gauche, en poursuivant un certain type de politique identitaire et en se concentrant sur des questions qui, de toute évidence, n’intéressaient pas tellement les gens, ça a commencé par l’administration Biden, puis c’est passé à la campagne de Kamala Harris… Je pense que c’est un message aux conservateurs que mettre l’accent sur l’économie et les travailleurs, ce que fait Pierre Poilièvre, est probablement la bonne chose à faire en ce moment.
Au Canada, je dirais presque que certains problèmes sont encore plus graves. On a d’énormes problèmes avec les banques alimentaires. Beaucoup de gens souffrent, ils ont l’impression de ne pas pouvoir faire le plein d’essence et les courses. Je pense que c’est un message, que chaque parti politique devrait se concentrer sur ces problèmes de base de la nourriture sur la table, sur lesquels Pierre Poilièvre se concentre. Mais ils ne le font pas. M. Trudeau ne le fait pas. Ce n’est pas non plus ce que fait Jagmeet Singh ni le Bloc québécois. Alors, je pense que cette réflexion est une rétroaction positive pour les conservateurs ici au Canada.
PETER HAYNES : Rona, si on envisage davantage un gouvernement conservateur, ce qui, selon moi, est probable pour la plupart des gens au Canada, que pouvez-vous nous dire au sujet de Pierre Poilièvre? Je sais que vous le connaissez bien. Pouvez-vous nous dire qui, selon lui, ou selon vous, pourrait occuper un poste au sein du Cabinet pour un gouvernement Poilièvre?
RONA AMBROSE : Oui. Je connais Pierre depuis de nombreuses années. Il faisait partie de mon caucus lorsque j’étais leader et j’ai travaillé avec lui pendant 20 ans. Il est très, très intelligent et très réfléchi. Certaines personnes essaient de laisser entendre que, parce qu’il est très bon pour communiquer les choses avec des phrases courtes, ça signifie peut-être qu’il n’y a pas beaucoup de réflexion derrière ses idées. C’est tout le contraire.
Il connaît très bien les problèmes et les politiques et il comprend si bien ce qu’il essaie d’accomplir qu’il est en mesure de compiler les choses en slogans, ou en phrases de communication si vous voulez les appeler comme ça, de manière à attirer l’attention des gens au Canada. Il met l’accent sur les bonnes choses, c’est-à-dire l’économie. Du point de vue du Cabinet, je ne ferai pas de spéculation, car c’est à lui de décider. On n’est pas encore à l’aube d’une élection. On n’a pas encore gagné.
Mais comme pour tout autre parti politique, lorsque vous gagnez, vous pouvez choisir parmi un certain nombre de personnes. Il y a des gens qui le représentent partout au pays dans toutes les régions du Canada, en mesure de bien représenter différentes régions et de soulever ces problèmes au sein d’un nouveau gouvernement, beaucoup de jeunes gens talentueux et intelligents parmi lesquels il peut choisir et certaines personnes d’expérience qui étaient là, même à l’époque de Harper. Je pense qu’il va bien s’en sortir. Mais d’abord, il faut des élections et les gagner, avant de commencer à parler de ce à quoi ressemblerait un cabinet.
PETER HAYNES : OK. Alors, comment un premier ministre Poilièvre gérerait-il la relation complexe avec le président Trump? Selon vous, comment cette relation évoluerait-elle, Rona?
RONA AMBROSE : Je suppose que l’un des avantages est qu’il n’y a pas eu d’animosité entre les deux à ce stade-ci parce qu’ils n’ont jamais travaillé ensemble. C’est utile, il faut l’espérer. Ou peut-être pas. Parce qu’au final, Trump va toujours accorder la priorité aux États-Unis et ne nous accordera aucune faveur. Il va falloir se battre pour chaque virgule qu’on obtiendra lors de la prochaine ronde de négociations de l’AEUMC ou de l’ACEUM.
Je tiens à souligner que nos fonctionnaires à Washington et ceux qui travaillent là-dessus dressent déjà une liste de produits avec lesquels ils pourraient exercer des représailles. Si on nous impose des tarifs douaniers, on prendra des mesures de représailles. On se défendra avec autant d’énergie que possible. On va essayer d’être stratégiques et de choisir des produits et des secteurs de l’économie aux États-Unis qui pourraient nuire à M. Trump sur le plan politique. On pourrait choisir certains domaines pour lesquels un membre républicain du Congrès, ou un sénateur, a soudainement un mal de tête parce qu’on impose des droits de douane sur un produit donné. Bien sûr, on n’a pas la puissance des États-Unis, mais on a du pouvoir dans ce type de négociation.
Mais si on impose des tarifs douaniers et eux aussi, ça va nuire aux entreprises des deux côtés de la frontière. Il est difficile pour M. Trudeau de demander aux entreprises de souffrir davantage alors qu’elles ressentent déjà les contrecoups d’un rendement inférieur, dans un contexte d’économie concurrentielle. Alors, je pense que ce que Pierre Poilièvre ferait différemment, c’est la gestion de l’économie nationale, ce qui est important quand on fait face à la plus grande économie du monde qui se trouve au sud de la frontière, qui a des impôts moins élevés, ce qui nous rend non concurrentiels, qu’on a augmenté le taux d’inclusion du capital, ce qui nuit à nos innovateurs. Ça nuit aux petites entreprises. C’est un frein pour les entreprises en démarrage.
On s’en prend constamment au secteur pétrolier et gazier. On sait que Pierre Poilièvre a dit qu’il allait faire de son mieux pour soutenir le secteur de l’énergie et éliminer la taxe sur le carbone, qui, encore une fois, nuit à la productivité. Il réduira également d’autres impôts, ce qui aidera les entreprises. Alors, il est très déterminé, s’il est élu, à faire ce qu’il faut pour remettre de l’ordre dans notre propre économie.
Ce serait utile, car, face à une administration Trump, notre économie serait plus résiliente et, il faut l'espérer, plus concurrentielle qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais encore une fois, on n’est pas encore à l’élection et il reste beaucoup de travail à faire. Mais le Parti conservateur soutient qu’on doit devenir plus concurrentiels.
PETER HAYNES : Quelqu’un dans la salle a une question de suivi?
INTERVENANT : Bonjour. C’est une question pour Chris. Pouvez-vous nous en dire plus sur les conséquences de la victoire de Trump sur la guerre au Moyen-Orient?
CHRIS KRUEGER : Je suis désolé, les conséquences pour une victoire de Trump avec…
PETER HAYNES : La guerre au Moyen-Orient.
CHRIS KRUEGER : Le Moyen-Orient. Trump a dit que ses deux principaux objectifs de politique étrangère sont un cessez-le-feu en Ukraine et un cessez-le-feu à Gaza. Je pense qu’en dehors de l’Ukraine, ce sera probablement que l’autre revirement important serait la politique étrangère des États-Unis à l’égard de l’Iran. Trump était déjà extrêmement ferme, avait une opinion très ferme à l’égard de l’Iran et toutes les personnes que j’ai mentionnées pour les postes clés du Cabinet sont sans doute encore plus fermes à l’égard de l’Iran.
Les Accords d’Abraham qu’il a conclus au cours des dernières années constituent le cadre général. Dans cette optique, on espère que l’Arabie saoudite reconnaisse l’État d’Israël pour une refonte générale du Moyen-Orient, puis un scénario plutôt dur à l’égard de la Chine, avec des droits de douane et des contrôles à l’exportation.
PETER HAYNES : On a eu trois fois plus de questions dans cette discussion que dans toutes les autres tables rondes de la journée, alors, je sais pourquoi les gens sont ici. La journée a été longue pour vous, qui êtes derrière l’écran et on a eu un excellent auditoire, qui a eu la patience de rester avec nous jusqu’à la fin de la journée. Merci tout le monde. Alors, la question?
INTERVENANT : Qu’est-ce que vous pensez du troisième amendement de la Floride qui n’a pas été adopté et qu’est-ce que ça signifie pour le 280E sur la réforme au sujet du cannabis à l’échelle fédérale?
CHRIS KRUEGER : Je n’avais pas prévu de question sur le cannabis sur ma carte de bingo pour une conférence sur la structure du marché canadien. Eh bien…
[RIRES]
J’avais dit au début : quels étaient les deux États que j’allais regarder le soir des élections? J’ai choisi la Virginie et la Floride parce qu’elles ferment les votes toutes les deux plus tôt et qu’elles comptent plus tôt. La Floride a rendu ses résultats avant la Virginie et j’ai dit que rien ne me surprendrait. Mais ça a presque réussi à me surprendre. Trump vient de gagner en Floride à un niveau jamais vu, je veux dire, Donald Trump a gagné le comté de Miami-Dade.
C’était un rendement historique là-bas pour le cannabis. On verra qui est le procureur général. Mais tous les noms que j’ai mentionnés sont assez durs envers cette politique. Personne ne serait plus dur à cet égard que le premier procureur général de Trump, Jeff Sessions. Au cours des deux prochaines années, il sera probablement très difficile d’adopter d’importantes lois sur le cannabis, y compris des lois fédérales. Ce qui est plus probable, c’est que l’administration Biden ait amorcé un processus de report. Pour répondre à votre question, ça représenterait au moins un allégement fiscal du 280E pour les sociétés de cannabis légales d’État.
PETER HAYNES : Chris, on a beaucoup parlé avant les élections des pires scénarios. Ils ne se sont pas produits, les poursuites et ainsi de suite. Mais il y avait aussi beaucoup de questions sur les dates importantes. Y a-t-il des dates importantes qui nous inquiètent en ce moment, ou va-t-on laisser les choses se dérouler normalement pendant les 75 jours avant l’investiture? Y a-t-il quelque chose que vous surveillez d’ici là?
CHRIS KRUEGER : Ce n’est peut-être pas sous-estimé, mais ces courses à la Chambre vont être essentielles, que Trump soit en mesure ou non de mettre en place une politique fiscale qui, de toute évidence, permettra aux marchés d’espérer aller de l’avant. Une date qui a probablement été enterrée derrière tout ça, c’est le plafond de la dette qui sera atteint le 1er janvier. Ce que j’espère, c’est que le plafond de la dette sera résolu, en partie, grâce à ce plan fiscal. Mais ça va aussi dépendre de la date.
Le 17 décembre, les électeurs se réunissent dans les capitales de l’État pour être validés. Le 3 janvier, le nouveau Congrès se réunit. Ce premier vote sera un test intéressant sur la cohésion républicaine. Le 6 janvier, le nouveau Congrès va certifier. Ensuite, le 20 janvier à midi, c’est l’investiture. Mais messieurs Biden et Trump ont parlé. Mme Harris a concédé. On attend seulement quelques duels à la Chambre dans l’Ouest.
PETER HAYNES : Rona, une dernière question pour vous. La date limite de notre élection au Canada est dans un an. Quand pensez-vous que les Canadiens iront aux urnes et croyez-vous que M. Poilièvre pourra obtenir une majorité conservatrice?
RONA AMBROSE : Si on se rendait aux urnes demain, il gagnerait avec une grande majorité. Les sondages lui donnent régulièrement 20 points d’avance. Ce sont des sondages robustes dans toutes les régions, à l’exception du Québec. Quand auront lieu les prochaines élections? Lorsque le NPD cessera de soutenir les libéraux. Je suppose que je dirais ceci. Lors des dernières élections, les Canadiens ont voté pour un gouvernement minoritaire, celui de Justin Trudeau.
Un gouvernement minoritaire indique : « On n’a pas entièrement confiance en vous. On ne vous donne pas un gouvernement majoritaire. On ne vous donne pas tous les leviers du pouvoir. » Mais ce qu’on a eu, c’est un gouvernement minoritaire agissant comme un gouvernement majoritaire parce qu’il a signé une entente de soutien à long terme, qui a maintenant été annulée, mais que le NPD continue d’appuyer. Pour ce faire, le NPD a mis en place des programmes coûteux que personne n’a votés.
Il nous faut des élections, parce qu’il est temps que les gens aient la chance de décider s’ils veulent tous ces nouveaux programmes, toutes ces nouvelles dépenses qui n’ont jamais fait partie des sujets abordés lors des dernières élections. C’est la raison pour laquelle les gens décident de vous donner une minorité, parce qu’ils veulent que vous fassiez preuve de prudence et que vous travailliez avec toutes les parties. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Les libéraux ont signé un accord et le NPD les a maintenus au pouvoir.
Pour le faire, un certain nombre de concessions très coûteuses et pour lesquelles personne n’a voté ont été faites. On va voir si elles durent avec une autre élection. Mais je pense que les enjeux ont aussi beaucoup changé, surtout avec l’économie. Les gens s’attendent à ce que le gouvernement mette l’accent sur la réduction des impôts et l’abordabilité et c’est nécessaire. S’ils ne le font pas, ils ne seront pas concurrentiels aux prochaines élections.
PETER HAYNES : Une dernière question pour vous, Chris. Pensez-vous que l’administration 2.0 de Trump sera plus perturbatrice ou moins perturbatrice ou chaotique que la première?
CHRIS KRUEGER : Plus, ne serait-ce que parce qu’il y a Elon et RFK. Je pense que vous avez raison avec tout le… Je pense que Trump a une incroyable antenne politique. Je pense qu’il comprend très bien la culture. Il comprend très bien le pouvoir. Il ne comprenait pas le pouvoir du gouvernement fédéral.
Alors, au cours des quatre dernières années, il a appris. Il sait maintenant comment utiliser les leviers du gouvernement pour atteindre ses objectifs. Que vous pensiez que c’est perturbateur ou non, vous verrez un cabinet plus efficace et tout le monde aligné dans la même direction. C’est à chacun de décider si c’est perturbateur ou positif.
PETER HAYNES : Jim a encore une question, puis on va conclure.
JIM : OK. Trump a clairement affiché son âge pendant la campagne et il ne rajeunira pas. Selon vous, quel effet aura l’augmentation de sa déficience cognitive sur son administration?
CHRIS KRUEGER : Vous gardez vos cartouches pour la fin de la journée.
[RIRES]
Je ne sais pas. Je veux dire, oui. Il a 78 ans. Il est plus jeune que Biden, mais ça fera de lui le deuxième président le plus âgé de l’histoire des États-Unis. Encore une fois, si on regarde ce qu’il veut faire au cours des 100 premiers jours, chacun de ces problèmes est important. On verra. La politique fiscale, la déréglementation, les accords commerciaux, Gaza, l’Ukraine, l’immigration, n’importe lequel est un défi.
PETER HAYNES : Tout d’abord, merci beaucoup, Rona et Chris, d’avoir pris le temps de vous adresser à notre auditoire. Au nom de tous les participants, je vous invite à applaudir Rona.
[APPLAUDISSEMENTS]
RONA AMBROSE : Merci. Merci à tous.
CHRIS KRUEGER : Merci.
PETER HAYNES : Merci d’avoir écouté Géopolitique. Le balado de Valeurs Mobilières TD est proposé à des fins d’information. Les points de vue décrits dans le balado d’aujourd’hui sont ceux des personnes et peuvent ou non représenter le point de vue de la TD ou de ses filiales, et ces points de vue ne doivent pas être interprétés comme des conseils de placement, fiscaux ou autres.
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Rona Ambrose
Présidente suppléante, Valeurs Mobilières TD
Rona Ambrose
Présidente suppléante, Valeurs Mobilières TD
L’honorable Rona Ambrose est une leader nationale dynamique et une championne des droits des femmes et des filles, et a été chef de l’opposition officielle du Canada à la Chambre des communes et chef intérimaire du Parti conservateur du Canada. Ses réalisations comprennent notamment l’élaboration de politiques fédérales sur l’approvisionnement militaire, les stratégies industrielles, l’innovation en matière de santé et l’amélioration des lois relatives aux agressions sexuelles.
Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger s’est joint au Groupe de recherche de Washington de TD Cowen en août 2016 à titre de stratège à Washington. M. Krueger et le Groupe de recherche de Washington de TD Cowen ont récemment été nommés premiers dans la catégorie Institutional Investor Washington Strategy, où le Groupe et lui ont été constamment classés au cours de la dernière décennie. M. Krueger publie le DC Download, un quotidien incontournable pour les gestionnaires de portefeuille de Wall Street qui veulent avoir un aperçu des principaux événements de Washington et de leur impact sur les marchés de capitaux. M. Krueger couvre les politiques macroéconomiques, fiscales et commerciales de Washington D.C.
Il a occupé des postes similaires au sein de Guggenheim Securities, de MF Global, de Concept Capital et de Potomac Research Group. Auparavant, il a travaillé pendant près de quatre ans à titre de haut fonctionnaire à la Chambre des représentants des États-Unis. Il a également participé à plusieurs campagnes politiques locales, étatiques et fédérales partout au pays.
M. Krueger est titulaire d’un baccalauréat de l’Université du Vermont et d’une maîtrise en relations internationales du King’s College London. Il fait des apparitions fréquemment à CNBC et à Bloomberg et est largement cité dans : The Wall Street Journal, FT, Axios, New York Times, Washington Post et POLITICO. Il prend également la parole régulièrement dans le cadre d’événements du secteur et de conférences, notamment la conférence mondiale du Milken Institute, la National Organization of Investment Professionals et la Bourse de New York.
Les documents préparés par le Groupe de recherche de Washington de TD Cowen sont des commentaires sur les conditions politiques, économiques ou de marché et ne sont pas des rapports de recherche au sens de la réglementation applicable.
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.