Invitée : Frank McKenna, Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Frank revient de vacances en Extrême-Orient, et il est enthousiaste à l’idée de parler des élections aux États-Unis et de leurs répercussions sur la géopolitique mondiale. Nous couvrons les choix controversés de Trump pour les membres de son cabinet. Frank appuie Marco Rubio en tant que secrétaire d’État, et M. Rubio aura beaucoup de travail à faire, car il y a trois points cruciaux à l’échelle mondiale : la Russie, la Chine et le Moyen-Orient. La conversation se termine par les répercussions de la nouvelle administration américaine sur le Canada, notamment si le Canada et l’Accord Canada–États-Unis–Mexique seront inclus ou exclus du mur douanier proposé par Trump, et le moment des élections au Canada.
Chapters: | |
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1:00 | Point de vue unique de Frank sur les résultats de l’élection |
5:07 | Prévision complexe des confirmations au Sénat |
12:16 | Le nouveau rôle d’Elon Musk à la tête du DOGE, le « département de l’efficacité gouvernementale », pas la cryptomonnaie |
17:52 | Comparaison du processus de nomination au cabinet aux États-Unis par rapport au système parlementaire |
20:07 | Est-ce que la fin approche en Russie? |
28:16 | L’avenir de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique et la relation avec le Mexique |
31:47 | Dernières nouvelles sur le moment des élections au Canada |
Ce balado a été enregistré le 21 novembre 2024.
FRANK MCKENNA : Sans un soutien ferme et total des États-Unis à l’effort de guerre en Ukraine, il sera très difficile pour l’Ukraine de l’emporter.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode de novembre de Géopolitique avec l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, de Valeurs Mobilières TD, et j’anime cette série de balados chaque mois, où nous avons l’occasion d’entendre les perspectives de Frank sur les enjeux géopolitiques mondiaux. Au fil des presque cinq ans où nous avons enregistré ce balado, j’ai eu l’occasion de bien connaître Frank. Je reste toujours impressionné par l’étendue de ses connaissances, même si je remets parfois en question son amour indéfectible pour les Blue Jays. Frank, merci encore d’avoir pris le temps d’être avec nous aujourd’hui.
FRANK MCKENNA : Je suis heureux d’être ici.
PETER HAYNES : Vous nous avez manqué il y a quelques semaines lors de la table ronde géopolitique de notre conférence annuelle de novembre, alors que vous étiez en vacances en Extrême-Orient, je crois. Maintenant que vous avez eu quelques semaines pour assimiler la décision du peuple américain de ramener Donald J. Trump pour un deuxième mandat à la présidence, qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le résultat des élections?
FRANK MCKENNA : Je dirais que ce qui m’a surpris, c’est l’ampleur de la victoire. Trump a fini par remporter le vote populaire, ce que presque personne n’avait prévu. Ce n’était pas une surprise totale qu’il gagne l’élection grâce au collège électoral.Mais il a fini par remporter le vote populaire, sans atteindre les 50 %, mais en atteignant un chiffre très élevé.
Il a également obtenu une victoire convaincante au Sénat. On savait tous que le Sénat changerait, mais je pense que la plupart des prévisionnistes ont été surpris par les résultats dans l’Ohio et la Pennsylvanie. Ça a été quelque peu surprenant. Quant à la Chambre des représentants, on s’attendait à ce que ce soit serré, et c’est effectivement extrêmement serré, avec peut-être seulement trois ou quatre sièges d’écart. Mais ça leur a donné un tiercé, ce qui était aussi un peu surprenant.
Vous ne m’avez pas demandé pourquoi ça s’est produit. J’ai déjà dit qu’il fallait examiner de près les entrailles. Tout le monde a sa théorie. Bernie Sanders pensait que le parti n’était pas allé assez loin du côté progressiste, tandis que d’autres estimaient qu’il avait été trop loin.
Certains pensent que Biden aurait dû se retirer plus tôt, ou encore que Kamala Harris n’était pas une candidate convaincante. Personnellement, je ne pense pas que ce soient les éléments les plus significatifs. Si je devais séparer le bon grain de l’ivraie, je dirais que, premièrement, le mandat a joué un rôle clé. Chaque gouvernement sortant, partout dans le monde, a subi des revers importants cette dernière année.
Les gens sortent de la pandémie, fatigués et lassés, confrontés à une inflation élevée, à des taux d’intérêt élevés et à un coût de la vie en forte hausse. Ces facteurs ont touché directement le portefeuille de chacun. Les gouvernements en place en paient le prix, au Canada, comme ailleurs dans le monde.
Deuxièmement, bien que les démocrates aient dominé sur une demi-douzaine de sujets importants, les républicains ont détenu les dossiers les plus marquants, notamment l’économie. La perception générale était que les États-Unis allaient mal, alors qu’en réalité, comparés au reste du monde, ils s’en sortaient plutôt bien. Cependant, les républicains ont réussi, au fil des ans, à ancrer l’idée d’une Amérique en déclin économique.
Enfin, le sujet très médiatisé sur lequel les démocrates ont échoué est l’immigration. Ce thème est devenu un enjeu majeur dans tout le pays. Sous Biden, le Parti démocrate a introduit quelques mesures au cours des six derniers mois, mais c’était trop peu, trop tard. L’immigration s’est imposée comme une question cruciale qui a influencé le vote de nombreuses personnes. Pour toutes ces raisons, le public a, comme souvent, surcorrigé, accordant à Trump un mandat très solide sur tous les plans.
PETER HAYNES : Pensez-vous que cette tendance, où les sortants sont battus presque partout ou subissent des revers importants à travers le monde, soit cyclique? Ou pourrait-il s’agir d’un changement structurel provoqué par l’accès aux réseaux sociaux et par la manière dont les gens abordent désormais ces élections?
FRANK MCKENNA : C’est une question intéressante, Peter. En y réfléchissant, je dirais que c’est probablement davantage la seconde option. Je pense que les gouvernements auront encore un peu de temps, mais ils seront rapidement érodés. Il est possible qu’un seul mandat devienne la norme à l’avenir. L’impact considérable des réseaux sociaux et leur capacité à influencer l’opinion publique pourraient empêcher les gouvernements de bénéficier de ce qui était autrefois courant.
On avait l’habitude de dire qu’un bon mandat en mérite un autre. Ça pourrait encore être vrai pour un deuxième mandat, mais obtenir un troisième ou un quatrième mandat deviendra extraordinairement difficile. Je dirais que les gouvernements sortants sont désormais soumis à une pression structurelle inédite, à quelque chose que nous n’avions pas observé auparavant.
PETER HAYNES : Eh bien, ça signifie simplement qu’il y aura beaucoup plus de changements à l’avenir. En parlant de changement, Trump 2.0 a entamé son second mandat avec vigueur, accompagné d’une avalanche de nominations au cabinet. Sans surprise, certaines de ces propositions sont controversées et mettent à l’épreuve la cohésion du mouvement MAGA, ce qui est déjà le cas. Elles risquent également de rencontrer de sérieux obstacles lors de la confirmation au Sénat.
On va parler de RFK Jr. pour le poste de secrétaire au département de la Santé et des Services sociaux. Lors de sa nomination, les fabricants de vaccins ont tous vu leurs actions chuter de 5 % à 10 %. Lors de la conférence il y a quelques semaines, notre collègue Chris Krueger, du Washington Research Group, avait mentionné qu’il ne s’attendait pas à ce que RFK soit présenté au Sénat. Il pensait plutôt qu’il occuperait un rôle différent au sein du gouvernement, un rôle ne nécessitant pas de confirmation. Pensez-vous que RFK Jr. a une chance de survivre au processus de confirmation?
FRANK MCKENNA : Je pense que si Trump avait maintenu Matt Gaetz, celui-ci aurait probablement été rejeté par le Sénat. Cependant, ça aurait pu donner à Trump un certain levier pour dire au Sénat : « D’accord, vous l’avez rejeté, je l’accepte, mais laissez passer mes autres candidats. » Ça complique probablement un peu plus la candidature de RFK Jr. À bien des égards, la nomination de RFK Jr. est plus dangereuse et provocatrice que celle de Matt Gaetz. Elle présente un potentiel de préjudice beaucoup plus sérieux.
D’une part, il n’a pas complètement tort en parlant de sécurité alimentaire et de nutrition. Il est indéniable qu’on ne consomme pas les aliments les plus nutritifs. Mais c’est probablement sur ce point qu’il rencontrera le plus d’opposition. Le lobby alimentaire et les membres du Congrès qui le soutiennent ont des opinions très arrêtées.
Le domaine où il est encore plus problématique concerne ses opinions très tranchées sur les vaccins, et, dans une moindre mesure, sur le fluorure. Bien que l’opinion scientifique soit divisée sur le fluorure, l’avis dominant est qu’ajouter du fluorure à l’eau contribue réellement à la santé dentaire. Mais c’est un point sur lequel il a des opinions bien arrêtées.
Le point le plus sérieux est cependant son scepticisme à l’égard des vaccins. S’il décourage les fabricants de médicaments de continuer leurs excellents travaux pour développer des vaccins plus rapidement et plus sûrs, ce serait un point négatif. Et si on faisait face à une crise et qu’il dissuadait les gens de se faire vacciner, ce serait tout simplement dangereux.
Un exemple souvent mentionné est celui de Samoa, qui a eu un débat important sur la vaccination contre la rougeole. Il s’est rendu à Samoa, non pas avec les sceptiques du vaccin, mais en encourageant leur travail. Le résultat a été une épidémie de rougeole ayant causé la mort de plus de 70 jeunes. Ce sont des sujets graves.
Même au Canada, on connaît actuellement une épidémie de rougeole, principalement au sein de communautés d’enfants non vaccinés. Si l’on ne répond pas de manière responsable et conforme aux avis scientifiques sur des sujets comme les vaccins, ça peut avoir des conséquences très dangereuses pour la population. Je pense que ce sera à la limite. Il y aura des gens qui le défieront sur les preuves scientifiques, et il devra se soumettre à des tests rigoureux sur ces questions scientifiques.
Mais il a aussi – à moins que Trump ne parvienne à contourner la pratique des vérifications d’antécédents par le FBI, en vigueur depuis 50 ans, il pourrait être mis en cause sur d’autres aspects. Il existe de nombreux risques moraux autour de sa nomination. Il y a quelques mois à peine, il a mis fin à une relation en raison d’une affaire de sextage avec un journaliste. Il pourrait alors être attaqué sur plusieurs fronts. Cette nomination pose des problèmes considérables, absolument considérables.
PETER HAYNES : Eh bien, vous avez mentionné des inconduites sexuelles. Le prochain candidat sous le feu des projecteurs est, je pense, Pete Hegseth, animateur de Fox News et ancien membre de la Garde nationale de l’armée. Il a été nommé au poste de secrétaire à la Défense.
Cette nomination a suscité une critique importante, en raison notamment du manque d’expérience de Hegseth en matière de leadership militaire et du fait qu’il n’a pas été très transparent lors de sa vérification des antécédents, particulièrement concernant une allégation passée d’inconduite sexuelle. Certaines rumeurs suggèrent que l’équipe de transition envisage d’autres solutions pour ce poste. Pensez-vous que Hegseth sera présenté officiellement, ou pensez-vous qu’il y aura un changement de nomination à ce poste également?
FRANK MCKENNA : Les qualifications principales ici, de loin, c’est la loyauté envers Donald Trump. Lors de son premier mandat, il avait commis l’erreur de nommer quelques personnes à son cabinet qui se sont retournées contre lui lorsqu’elles ont estimé qu’il agissait de manière irrationnelle. Cette fois-ci, il ne commettra pas cette erreur. Une loyauté absolue et aveugle est le premier critère pour toutes ces nominations. La plupart des candidats sont, c'est le moins qu'on puisse dire, peu qualifiés, mais ils sont extrêmement loyaux.
Je devrais préciser que certains sont tout de même bien qualifiés. En ce qui concerne Pete Hegseth, ses qualifications pour ce poste sont très limitées. Beaucoup de vétérans militaires seraient scandalisés par une nomination de ce type. Cependant, beaucoup sont déjà indignés par la rhétorique en cours, comme l’idée de traduire en cour martiale toute personne impliquée dans le retrait d’Afghanistan ou de licencier tout général soutenant la diversité et l’inclusion.
Je dirais qu’il réussit le test de la loyauté. Je pense qu’il a suffisamment de soutien pour probablement obtenir l’approbation du Sénat, à moins que la question de son inconduite sexuelle ne devienne trop problématique. Il a un certain historique de tromperies, et dans ce cas précis, une allégation très sérieuse avait conduit à un règlement impliquant un paiement important de sa part à l’accusatrice. Si ça devient un critère disqualifiant, alors il ne passera pas.
Mais, franchement, Trump aurait du mal à considérer ça comme un facteur disqualifiant étant donné ses propres expériences. Alors, il est assez probable qu’il puisse passer. Et encore une fois, il correspond à ce que Trump aime. C’est un homme de FOX News. Dans ce cas, c’est un animateur de FOX & Friends.
Il y a un autre animateur de FOX Business nommé au cabinet pour le ministère du Travail. Trump apprécie ces personnalités à l’écran parce qu’elles communiquent bien. Une autre nomination qui va certainement susciter des interrogations pointues est celle de Tulsi Gabbard, qui est directrice du renseignement national, bien qu’elle n’ait aucune expérience dans ce domaine.
Elle est une sympathisante déclarée de Poutine, a soutenu la Russie dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et a même visité la Syrie pour rencontrer Assad au milieu de nombreuses atrocités commises contre son propre peuple. Quiconque dans la communauté du renseignement est abasourdi par l’idée qu’on pourrait partager des informations avec elle. Mais encore une fois, c’est une fidèle de Trump, et elle pourrait bien réussir à passer grâce à ça.
PETER HAYNES : Eh bien, on va maintenant passer aux nominations hors cabinet. L’influence d’Elon Musk au sein de l’équipe Trump est manifestement démesurée, puisqu’il semble inséparable du président élu. Et ça dure depuis au moins quelques mois.
Bien que Musk ne soit pas soumis à une confirmation par le Sénat, il a obtenu un rôle important en tant que codirecteur du tout nouveau Département de l’efficacité gouvernementale, ou DOGE, aux côtés de Vivek Ramaswamy. Il est difficile de contester la nécessité d’une personne pour réduire la bureaucratie au sein du gouvernement, mais Musk a déjà un emploi à temps plein. Personnellement, je n’arrive pas à comprendre comment il peut jongler avec toutes ses responsabilités et éviter les conflits d’intérêts, étant donné son rôle de PDG de Tesla. Pensez-vous que Musk et son partenaire, Vivek Ramaswamy, réussiront? Ou bien ce nouveau département est-il plus un spectacle qu’autre chose?
FRANK MCKENNA : Je pense que c’est plus qu’un spectacle parce que tous les engagements pris par Trump nécessitent soit une augmentation des impôts, soit une réduction des dépenses, soit une augmentation massive du déficit. Et ce sera probablement deux de ces trois options. Je ne pense pas qu’il y aura des hausses d’impôts. En fait, les impôts pourraient même être réduits.
Alors, peuvent-ils réussir? Tout d’abord, je suis d’accord avec vous. C’est une bonne pratique pour tout gouvernement de procéder à un examen complet et approfondi de chaque dollar dépensé. Le problème avec tous les gouvernements, c’est qu’ils s’appuient sur leurs prédécesseurs. Ainsi, ils perpétuent toutes ces bases de dépenses, même lorsqu’elles ne sont pas justifiées. Il est alors judicieux de repartir de zéro et d’examiner chaque poste de dépenses.
C’est une bonne idée. Et ce sont des personnes qui pourraient réussir dans cette tâche. Écoutez, Elon Musk, quoi qu’on puisse penser de certains de ses comportements récents, est un génie des affaires. C’est un véritable génie. Je pense qu’il pourrait apporter une certaine valeur ici.
Voici cependant le problème. Ils ont évoqué la possibilité de trouver plusieurs milliers de milliards de dollars d’économies, mais c’est tout simplement irréaliste. La majeure partie du budget est protégée. Et par « protégée », j’entends qu’elle se compose de dépenses militaires, qui ne seront pas touchées et de prestations sociales, que le président a promis de ne pas toucher, comme la Sécurité sociale, Medicare, Medicaid, etc.
Si vous excluez ces éléments, il ne reste qu’environ 15 % du budget total à examiner. Et s’ils parlent des employés fédéraux, voici la réalité. Le budget consacré aux employés fédéraux est d’environ 300 milliards de dollars. Sur un budget fédéral total de 6 000 milliards de dollars, ça représente seulement 300 milliards de dollars par an.
Ça semble beaucoup, mais c’est un petit pourcentage de ce budget. Alors, même si vous le réduisiez de 25 %, ce qui serait absolument dramatique, vous ne réduiriez les dépenses fédérales que d’environ 1 %. En résumé, vous pourriez réduire de manière drastique la taille de la fonction publique aux États-Unis, mais ça ne représenterait qu’une contribution minime à la réduction globale du déficit.
Je pense qu’ils joueront un rôle utile. Certaines de leurs actions seront contestées par de nombreux citoyens, y compris des élus. Certaines mesures passeront, mais elles représenteront des économies relativement modestes à l’échelle globale.
PETER HAYNES : D’accord, on va passer maintenant à un autre poste clé au sein du cabinet, un poste qui sera sans aucun doute au premier plan dès le début de l’administration Trump. Il s’agit du poste de secrétaire d’État. Et dans ce cas, Trump a choisi Marco Rubio, un choix qui a en réalité été considéré comme assez raisonnable étant donné son expérience au Sénat et les rôles importants qu’il a occupés dans les comités du Sénat.
Rubio aura certainement fort à faire en reprenant des dossiers mondiaux liés à la Russie, au Moyen-Orient et à la Chine, pour n’en nommer que quelques-uns. Pensez-vous qu’il soit à la hauteur de la tâche? Et comment pensez-vous qu’il gérera les relations multilatérales importantes des États-Unis tout en portant le drapeau de L’Amérique d’abord?
FRANK MCKENNA : Oui, je pense que c’est l’un des choix les plus responsables. Son parcours justifie sa sélection. Il a siégé au comité de politique étrangère. Il a été candidat à la direction du parti. Il est sénateur de longue date. Il adopte une position ferme vis-à-vis de la Chine, en particulier. Et on peut s’attendre à ce qu’il apporte cette orientation à son rôle. Mais ce sera de toute façon l’orientation générale du gouvernement.
PETER HAYNES : Alors, en parlant de ces différentes nominations au cabinet, y compris certaines qui sont plus controversées, le concept des nominations en période de suspension du Sénat a été évoqué à plusieurs reprises. Et le chef du Sénat, le nouveau leader John Thune, s’oppose, je crois, à ce type de nominations. Mais franchement, je ne comprends même pas ce concept, Frank, où ils peuvent suspendre la session, et ensuite il pourrait faire passer des nominations qui n’ont pas besoin de suivre le même processus de confirmation. Pensez-vous que Trump pourrait tenter de le faire malgré tout, ou bien Thune sera-t-il en mesure de bloquer ça?
FRANK MCKENNA : Je pense que Thune et le Sénat pourront le bloquer. D’une certaine manière, ça neutraliserait totalement le Sénat. Ils ont une responsabilité constitutionnelle de conseiller et de donner leur consentement aux nominations. Ce serait une violation grossière de leur responsabilité si le président pouvait simplement faire passer des nominations en période de suspension sans aucun contrôle des candidats. Je ne pense pas que le Sénat voudra céder cette autorité. Et je pense que Thune est suffisamment traditionnel au Sénat pour ne pas vouloir voir ça se produire.
PETER HAYNES : Alors, en réfléchissant à tout le processus pour les nominations au cabinet aux États-Unis, j’aimerais avoir votre avis sur la préférence entre le modèle américain, où l’on peut essentiellement trouver la meilleure personne dans le pays pour une nomination au cabinet, par rapport au modèle canadien ou à d’autres systèmes parlementaires où les nominations sont données aux élus. Dans votre monde idéal, lequel préféreriez-vous, Frank?
FRANK MCKENNA : Eh bien, j’ai souvent réfléchi au système américain parce qu’il vous offrirait la chance de trouver des talents exceptionnels, mais c’est un système différent. On a un système parlementaire, et il serait totalement incongru avec notre système parlementaire. Quand je regarde la situation de Trump, je dirais que notre processus de sélection fonctionne mieux.
Les membres doivent être élus. C’est déjà un tri assez strict. Ils doivent passer à travers la presse, le public, et se faire élire. Alors, la possibilité d’avoir de mauvais choix là-dedans est raisonnablement petite. Au fil des ans, les États-Unis ont été capables de produire de superbes candidats en suivant leur processus – Jim Baker à l’époque de Reagan et Nixon, Bob Rubin sous Clinton, Rex Tillerson sous Trump.
Mais ils ont eu autant de mauvais choix que de bons. Et je pense qu’au Canada, on en a peut-être eu qu’un ou deux. CD Howe en serait un. Pas beaucoup d’autres sont passés par cette voie. Presque tous les nôtres – en fait, à 100 % – ont été élus. Quand je regarde le banc de l’avant maintenant, vous pouvez ne pas être d’accord avec le gouvernement, et vous pouvez ne pas être d’accord avec le premier ministre. Mais il est difficile de ne pas être d’accord sur la qualité des personnes occupant le banc de l’avant.
Et je dirais la même chose pour les administrations conservatrices précédentes. Alors, je pense que nos deux grands partis politiques au Canada ont été capables de faire élire des personnes de très grande qualité, qui ont passé l’étape du vote du public, et toutes les autres formes de contrôle qui accompagnent le fait d’être élu. Dans l’ensemble, je préférerais toujours notre système.
PETER HAYNES : OK, alors qu’on passe aux points chauds géopolitiques, il semble que la situation en Russie-Ukraine va être au centre des préoccupations. Il y a beaucoup à déballer dans ce conflit seulement dans les deux semaines suivant l’élection américaine. Tout d’abord, il y a eu l’appel incontrôlé au président russe par le chancelier allemand Olaf Scholz, qui vient de perdre le contrôle de son parlement local et a décidé d’intervenir préventivement dans les efforts de paix dans cette guerre.
Ensuite, on a vu le président Biden répondre à l’arrivée de troupes nord-coréennes en Ukraine en donnant l’autorisation à l’Ukraine de tirer des missiles longue portée fabriqués aux États-Unis sur la Russie, ce qui a incité Poutine à abaisser la barre pour l’utilisation d’armes nucléaires. Il est clair qu’il y a beaucoup de prises de position, mais c’est une situation tendue.
Dans un article de Bloomberg plus tôt cette semaine, Tatiana Stanovaya, chercheuse principale au Carnegie Russia Eurasia Center, a déclaré, et je cite : « La situation actuelle offre à Poutine une tentation significative d’escalade. Ça permettrait à la fois à Poutine et à Trump de blâmer Biden et de servir de prémisse pour des pourparlers directs. » Stanovaya a ajouté que Poutine pourrait essayer de convaincre les Alliés occidentaux de choisir entre un conflit nucléaire et un règlement selon les termes de Poutine. Je vous demande, Frank, est-on proches de la fin du jeu pour la guerre en Ukraine? Et est-ce que ça se termine par une seule rencontre entre Trump et Poutine?
FRANK MCKENNA : Je pense qu’on approche de la fin du jeu. Je ne suis pas d’accord avec le choix binaire entre conflit nucléaire et règlement selon les termes de Poutine. Pour les républicains qui contrôlent maintenant les États-Unis, je ne pense pas qu’ils soient terrifiés par un conflit nucléaire ici. Ce qui les dérange, c’est l’argent qui va à l’Ukraine, les sommes importantes qui sont payées. Et ils aimeraient vraiment, dans une certaine mesure, que le monde se calme, car une grande partie de l’inflation mondiale a été alimentée par les prix du pétrole, etc., en conséquence de cette guerre.
Mais il faut se rappeler que ce que font les États-Unis dans cette guerre est extrêmement important. L’une des raisons pour lesquelles l’Ukraine est à la traîne est que pendant de nombreux mois vraiment importants, le Congrès républicain a retardé l’aide à l’Ukraine et a permis aux Russes de submerger de nombreuses positions ukrainiennes. Sans le soutien sans faille des États-Unis à l’effort de guerre en Ukraine, il sera très difficile pour l’Ukraine de l’emporter.
Je pense que les conditions sont quelque peu propices pour que la guerre se règle; donner ces armes de 300 kilomètres de portée, à la fois du Royaume-Uni et des États-Unis, signifie probablement que la Russie est davantage sous pression. Ça crée un peu de pression pour conclure un accord de ce côté-là.
D’un autre côté, les États-Unis menacent probablement implicitement l’Ukraine de retirer leur soutien financier, ce qui met beaucoup de pression sur cette partie. Alors, je pense que les conditions sont de plus en plus favorables pour créer une sorte de règlement. La Russie aurait avancé ses positions de manière agressive, sachant qu’on approche de cette fin du jeu.
Le prix payé par la Russie est au-delà de toute compréhension. Plus de mille soldats tués ou blessés par jour. Mais ils étaient prêts à payer ce prix. La percée de l’Ukraine dans Kursk à l’intérieur de la Russie et la prise de territoire là-bas, je pense, est vraiment envisagée comme une grande monnaie d’échange pour cet état final. Alors, je pense qu’on va voir une résolution de cette guerre, probablement pas dans un simple appel téléphonique.
Mais un simple appel téléphonique pourrait lancer le processus de création d’une table à laquelle les parties viendront. Et ça impliquera des négociations complexes autour de la base terrestre, mais aussi autour de la manière de mettre en œuvre – comment créer une zone démilitarisée, comment appliquer une zone tampon, et l’entrée de l’Ukraine dans l’UE ou l’OTAN, toutes ces questions et bien d’autres réparations, etc. Alors, un appel téléphonique ne résoudra pas tout en un jour, mais je pense qu’on approche de plus en plus de l’état final.
PETER HAYNES : Eh bien, on peut espérer pour le bien de tous ceux qui sont impliqués dans ce conflit que ça se produise le plus tôt possible. Alors, en ce qui concerne les questions qui impactent le Canada, ce n’est pas un secret que la relation entre le premier ministre Trudeau et Trump lors du premier mandat n’était pas des plus solides. Mais il faut le dire, chaque autre dirigeant mondial se sentait de la même manière en ce qui concerne la relation avec les États-Unis, à l’exception de quelques dictateurs dans le monde.
C’est parce que Trump est si direct avec son déploiement « L’Amérique d’abord ». C’est ce que les Américains qui ont voté pour lui veulent. Ils veulent qu’il gagne à chaque négociation commerciale. Compte tenu de ça, comment recommanderiez-vous au premier ministre Trudeau et à son équipe de direction d’aborder les États-Unis lors du deuxième mandat de Trump?
FRANK MCKENNA : Eh bien, je pense que ce sera l’équivalent du « confiance, mais vérifie » de Reagan. Essayer de conclure un accord. On va essayer de trouver des compromis. Mais à la fin, ce sera un jeu de représailles. Si on parvient à conclure un accord, on devra riposter avec des tarifs, ce qui, bien sûr, sera ciblé contre des groupes spécifiques aux États-Unis. Ça va être moche. Mais il y aura un effort très fort du Canada pour négocier.
À vrai dire, on a beaucoup en jeu. Soixante-quinze pour cent de notre commerce va aux États-Unis. Plus d’un tiers de notre PIB dépend du commerce avec les États-Unis. Il y a 400 000 personnes qui traversent la frontière chaque jour. On a vraiment beaucoup à jouer ici.
Les États-Unis ont aussi beaucoup en jeu. On est le plus grand acheteur de tous les biens américains, plus que l’ensemble de l’Europe réunie. On achète plus de biens des États-Unis à travers un seul passage frontalier que tout le Japon. Alors, on est un marché énorme pour les produits américains aussi. Il en découle que les deux pays ont quelque chose à défendre. Il faudra juste essayer de trouver leurs vulnérabilités alors qu’ils sonderont les nôtres.
On a deux points faibles essentiels que les États-Unis exploiteront sous Trump. L’un est notre déséquilibre commercial. Et ça s’est aggravé. Autrefois, assez faible – un billion de dollars, c’est encore très petit. Mais autrefois, il était minime. Mais au cours des deux dernières années, on a augmenté nos exportations énergétiques vers les États-Unis à un point où maintenant 54 % de toutes leurs importations sont canadiennes.
Et avec l’ouverture du pipeline Trans Mountain, même si ce pipeline conduit du pétrole à l’océan Pacifique, il ne va généralement pas en Asie. Il descend le long de la côte californienne. Alors, on a ouvert un nouveau marché. Mais malheureusement, il ne se diversifie pas loin des États-Unis. En conséquence, on a un déséquilibre commercial. Et Trump va passer en revue les pays en termes de priorité autour de leur déséquilibre commercial.
Deuxièmement, bien sûr, il y a l’OTAN et nos obligations au sein de l’OTAN. On devra comprendre à quelle vitesse on peut atteindre 2 % et si on va effectivement y parvenir. D’autre part, les Américains doivent comprendre que pratiquement chaque dollar qu’on dépense pour la défense est dépensé aux États-Unis d’Amérique. C’est là que se situe le jeu.
D’autre part, on va essayer de rassembler des arguments à notre avantage. Les minéraux critiques en seraient un, 31 minéraux critiques au Canada. Les États-Unis veulent les protéger contre la Chine, etc., et les rendre disponibles pour eux. Ça en serait un.
L’IA, un domaine dans lequel on a une grande capacité. Et je dirais la souveraineté arctique, où on s’est activement mobilisés pour protéger nos intérêts et, en fait, ceux des États-Unis dans l’Arctique. Alors, on a des cartes dans notre jeu.
Et la carte énergétique elle-même : on envoie 4,3 millions de barils de pétrole par jour aux États-Unis et 10 % de leur gaz. Tout ce qui entraverait ce flux coûterait plus cher aux consommateurs américains. Les deux parties auront leurs cartes à jouer avant que tout ne soit résolu. Ce sera chaotique et moche.
PETER HAYNES : Et il y aura probablement des tensions très tôt dans l’administration Trump concernant l’ACEUM. On va en parler brièvement. De plus en plus de leaders canadiens à travers le pays, y compris Doug Ford et Danielle Smith, se sont joints au chœur des républicains qui suggèrent que la Chine utilise le Mexique comme porte arrière pour entrer aux États-Unis sans droits de douane grâce à l’ACEUM. Êtes-vous d’accord pour dire que peut-être que le Canada et les États-Unis devraient envisager de négocier le Mexique hors de cet accord de libre-échange trilatéral?
FRANK MCKENNA : Eh bien, légalement, je pense que c’est difficile à réaliser. Dans un monde idéal, il est bon d’avoir cet accord de commerce trilatéral avec les trois parties, car il représente le plus grand pacte commercial mondial. Le problème, c’est que le Mexique n’a pas, à mon avis, et je l’ai déjà dit dans ce balado à plusieurs reprises, joué franc jeu. C’est pourquoi le Canada – Doug Ford, Danielle Smith et Chrystia Freeland l’ont également dit, je pense qu’il est justifié de souligner que le Mexique a été un peu un mauvais acteur.
Les normes environnementales, les normes du travail ont toujours été un problème au Mexique. Maintenant, ils ont vraiment intensifié leurs efforts pour attirer des entreprises chinoises au Mexique et envoyer leurs produits aux États-Unis, ce qui exaspère les Américains, car c’est une manière détournée pour la Chine d’exporter vers les États-Unis. On doit traiter cette question.
Le Mexique a également été à l’origine de beaucoup d’immigration illégale aux États-Unis. Le Mexique semble assez insensible à Trump et pense qu’il dispose de beaucoup de pouvoir de négociation. Ils ont un grand nombre d’entreprises américaines au Mexique produisant des biens et les expédiant aux États-Unis, et ils pensent qu’ils seront capables de faire pression efficacement sur les États-Unis.
Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’on doit être vraiment vigilants pendant ces négociations, car le Mexique a essayé de nous nuire lors de la dernière négociation. Et le fera probablement cette fois-ci. On doit être très lucides dans notre manière de négocier et, à certains moments, on sera probablement un allié des États-Unis dans les négociations avec le Mexique, cherchant à traiter certaines de ces pratiques plutôt inacceptables.
PETER HAYNES : Alors, Frank, je veux poser une question de protocole. On a un parti d’opposition au Canada qui, selon la plupart des gens, sera le prochain leadership à un moment donné dans l’année à venir, et ce serait les conservateurs. Vous vous attendez à ce que Pierre Poilievre, le chef des conservateurs, passe du temps avec Trump et son équipe de direction avant son élection au Canada?
FRANK MCKENNA : Le genre de jurisprudence à ce sujet est assez mince. Certains leaders reçoivent les visites des leaders de l’opposition, d’autres non. Il serait un peu inhabituel que Trump reçoive Poilievre. Il ne serait pas inhabituel pour Poilievre de pouvoir rencontrer l’ambassadeur des États-Unis, par exemple, et d’autres fonctionnaires étatiques ou élus aux États-Unis.
Mais il est possible que Trump aille jusqu’à vraiment recevoir Pierre Poilievre parce qu’il est un homme politique peu conventionnel. En règle générale, on ne tend pas à faire ça, car on doit traiter avec la personne qui est là. Et ça devient gênant si vous traitez également avec le leader de l’opposition.
PETER HAYNES : Lors de la conférence, l’une des discussions qu’on a eues durant le débat géopolitique entre Rona Ambrose et Chris Krueger portait sur le fait que et on en parle lorsque les Canadiens vont aux urnes, Rona a soutenu que les Canadiens n’ont pas élu le Parti libéral comme parti dirigeant et puis ont vu que ça s’est transformé en un accord de confiance et d’approvisionnement avec le NPD, un accord qui est maintenant brisé.
Mais même aujourd’hui, on voit que le NPD a un problème de coût de la vie qu’il met en avant. Et Trudeau suggère maintenant qu’il va y avoir toute une série de dépenses supplémentaires ou de réduction d’impôts pour certaines personnes dans le pays. Et on convient tous que ce sont probablement de très bonnes choses à faire.
Mais le point de Rona était qu’on n’a pas élu notre gouvernement de cette manière. On a élu le Parti libéral comme leader minoritaire. Je me demande, Frank, si vous partagez les vues de Rona sur le fait que la coalition entre les libéraux et le NPD n’est pas ce que les Canadiens ont élu? Et quand est-ce que vous pensez qu’on ira aux urnes?
FRANK MCKENNA : J’ai un grand respect pour Rona. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça. On a eu des gouvernements minoritaires au Canada depuis la Confédération, y compris le gouvernement Harper, et ils ont toujours dépendu des partis d’opposition pour rester au pouvoir. Parfois, ça s’est formalisé sous forme d’accord d’approvisionnement, comme on l’a récemment constaté, mais plus maintenant. Parfois, c’est informel.
Mais c’est ainsi que fonctionne le système. Alors, je pense que lorsque vous élisez un gouvernement minoritaire, vous élisez essentiellement le parti avec le plus de voix plus le parti qui finira par le soutenir. Et, par conséquent, on obtient des situations où je ne souscris pas particulièrement aux dépenses, que le NPD tend à promouvoir.
Mais c’est le compromis. Lorsque vous élisez un gouvernement minoritaire, vous aurez toujours un deuxième, un troisième ou un quatrième parti essayant de les prendre en otage pour une question ou une autre. Etça a été vrai pour les partis conservateurs, les partis libéraux, selon le cas.
PETER HAYNES : En termes d’élection, pensez-vous que ce sera le budget l’année prochaine qui servira de vote de confiance pour renverser le gouvernement? Ou va-t-on jusqu’à novembre? Quelle est la date limite?
FRANK MCKENNA : C’est intéressant. J’avais pensé que le dernier gouvernement pourrait tenir jusqu’à mars ou avril lorsqu’il présentera un budget, parce que je ne vois pas comment une motion de censure échouerait à ce moment-là. Mais j’ai entendu des rumeurs en provenance du cabinet à Ottawa ces dernières semaines qui indiquent qu’ils pensent qu’il y a une chance que le NPD puisse les soutenir jusqu’à l’automne prochain. Ça serait, je suppose, en raison des malheurs du NPD en Colombie-Britannique, par exemple, où ils avaient une base très solide et ont subi de sérieux revers lors des élections provinciales.
Au Nouveau-Brunswick, où ils ont en fait été anéantis. Ce serait alors cette motivation politique. De plus, le gouvernement semble être en train de lancer des programmes que le NPD achèterait probablement. Ainsi, le NPD pourrait argumenter que, en fait, on a un gouvernement qui fait des choses qu’on pense être bonnes pour les Canadiens, et alors on le soutient. Il y a alors une chance extérieure que le gouvernement puisse continuer jusqu’en octobre. Mais je pense que la probabilité la plus élevée est qu’on va avoir une élection déclenchée par le budget au printemps.
PETER HAYNES : C’est intéressant parce que ça affecte le calcul de nos relations géopolitiques, y compris avec la nouvelle administration Trump lorsqu’elle arrivera ici. Alors, les Blue Jays?Jon Heyman du New York Post suggérait que les Mets et les Blue Jays sont les favoris pour signer Juan Soto,
qui est le voltigeur convoité que tout le monde veut signer en agence libre. Et il va coûter beaucoup d’argent. À mon avis, la seule façon pour les Jays d’obtenir Soto est de payer énormément. Ma question pour vous est, paieriez-vous beaucoup pour Juan Soto? Et pourquoi les Jays n’ont-ils pas signé Vladdy à long terme?
FRANK MCKENNA : Je ne pense pas que vous devez être doué pour deviner, il n’y a que quatre équipes environ qui pourraient se permettre Soto. Alors, nous faisons partie de ces équipes, et on sait qu’il a déjà été interviewé par les Jays. Je dirais qu’on a nos chances, mais on est aussi en concurrence pour Ohtani. Parfois, ce n’est même pas une question de correspondance d’offre. Parfois, c’est une question de lieu.
Ohtani voulait clairement être sur la côte ouest et à Los Angeles. Et Soto pourrait décider qu’il veut être dans la grande pomme pour une exposition maximale. Je dirais ceci. Premièrement, je pense que Vladdy est le cœur et l’âme de l’équipe. Ce n’est pas seulement un athlète doué, mais il a aussi une grande personnalité. Il semble aimer la ville de Toronto et il veut jouer ici. Je pense qu’il devrait être la priorité numéro un, le signer. Tout ce qui pourrait compromettre ça, je pense que ce serait négatif.
Ensuite, on doit entourer Vladdy. Alors, les Jays doivent faire un calcul. Sont-ils prêts à dépenser de l’argent pour Soto, mais aussi à trouver un moyen d’intégrer d’autres joueurs solides qui pourraient compléter cette équipe? C’est un calcul difficile. Vous pourriez conclure un accord comme avec Ohtani où Vladdy ou Soto diraient : « Regardez, je vais amener une partie de l’argent que je gagne afin de pouvoir construire une équipe championne et y mettre d’autres grands joueurs. »
Ce serait très désintéressé -- et aussi égoïste parce que ça vous donnerait une meilleure chance d’être dans une équipe championne. Je ne sais pas s’ils peuvent conclure ce genre d’accord. Si c’était possible, ce serait une chance. Si vous pouviez obtenir Soto, je pense qu’il faut viser... il faut viser l’excellence. Vous devez tout faire pour créer un effectif autour de lui qui pourrait vous apporter un championnat du monde.
Vous jouez vraiment le tout pour le tout. Alors, il faut s’assurer que vous réussissez là-dessus. Est-ce que ce serait payer trop cher? Oui, mais ce serait excitant. Si vous aviez deux véritables grandes vedettes comme celles-là dans votre équipe, ça serait électrique. Ce serait vraiment très excitant.
PETER HAYNES : On pourrait dire qu’on en a trois. Bichette a eu une année difficile. C’est une grande vedette. Il devrait être une grande vedette.
FRANK MCKENNA : Alors, laissez-moi vous arrêter là parce que j’ai omis de parler suffisamment de Bichette. À un moment donné, j’aurais pensé qu’il était plus précieux que Vladdy, et il pourrait l’être. C’est un joueur électrique. Il a toutes les qualités, aucune blessure. Je pense qu’il est un joueur de franchise. Oui.
PETER HAYNES : Je pense que la raison pour laquelle vous dites ça, Frank, ou la raison pour laquelle vous ne l’avez pas mentionné, c’est parce que vous savez que Vladdy aime Toronto. On le sait tous. Vous n’êtes pas sûr de Bichette. On ne sait pas tous s’il veut être ici. Et je pense que ça affecte notre perception de lui. Si on savait qu’il voulait être ici, je pense qu’on se sentirait plus forts.
Voici un autre nom que je veux vous soumettre, Frank, juste avant de terminer ici. Il s’agit de Roki Sasaki, qui vient du Japon et est un phénomène. Il est très jeune. Alors, je me suis dit que c’était une opportunité. Tout le monde dit qu’il ira chez les Dodgers parce qu’il est pote avec Ohtani et Yamamoto. Ou il ira aux Padres, où il est ami avec Yu Darvish.
Mais pourquoi pas -- comme vous l’avez dit auparavant, pourquoi ne prendrait-il pas le Canada? Il y a 125 000 Canadiens japonais. Il n’y a que 412 000 Américains japonais. Imaginez s’il avait tout le Canada en sa faveur, tous les Canadiens japonais, et ensuite beaucoup de Japonais chez lui.
La raison pour laquelle Sasaki ne partira pas chez les Dodgers, c’est qu’il ne recevra pas tous les appuis. Ils iront tous à Ohtani. Mais s’il avait le Canada, ses opportunités de partenariat ici seraient phénoménales. J’adorerais voir les Jays -- et il ne coûte pas cher en raison d’un système vraiment étrange dans la façon dont ils le présentent.
Peut-être qu’on est secrètement à sa recherche. On n’entend pas le nom de Toronto mentionné avec Sasaki. Et tout ça ne se produira pas avant janvier. Mais c’est celui que je veux surveiller, Frank. Si on pouvait d’une manière ou d’une autre attraper Sasaki, je pense que ce serait une situation vraiment intéressante et un renfort pour notre rotation.
FRANK MCKENNA : Oui. Écoutez, j’adore l’idée. Et on a des arguments à faire valoir. On est probablement la ville la plus internationale de toute la Ligue majeure de baseball. Une vedette comme celle-ci ne serait pas seulement une vedette pour une ville, mais pour tout un pays. N’importe lequel de ces noms serait très apprécié s’il venait ici.
Mais encore une fois, je reste un peu sceptique quant à notre façon de jouer, à la gestion de l’équipe, au coaching, etc. C’est une tout autre question. Mais je détesterais qu’on se retrouve avec un tas de grandes vedettes tout en restant une équipe ennuyeuse.
PETER HAYNES : C’est drôle que vous mentionniez ça, parce que j’ai lu quelque part que Sasaki avait eu un gros problème avec son directeur général au Japon, qui avait été très public en le critiquant lorsqu’il n’était pas performant. Et c’est l’un des critères clés dans sa prise de décision : la stabilité de la gestion et la relation entre le directeur général et le manager.
Alors, je ne suis pas sûr qu’on passera ce test, si on se fie à ce qu’on lit dans les journaux sur notre équipe de direction. Merci, Frank. Je sais que dans une autre vie, on deviendra des podcasteurs de baseball. Ce sera quelque chose à faire dans notre prochaine carrière. Mais d’ici à notre prochaine discussion, on se retrouve en décembre.
FRANK MCKENNA : Merci, Peter. Jamais ennuyeux.
[MUSIQUE]
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Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.