La tariffite aguë du Canada

déc. 19, 2024

L’épisode 60 est dominé par des événements récents à Ottawa, une période que Frank décrit comme la plus chaotique de sa vie. Frank examine d’abord la décision de Chrystia Freeland de démissionner de son poste de ministre des Finances avant de présenter l’Énoncé économique de l’automne du gouvernement libéral. Il fait ensuite le point sur la suite pour le Parti libéral, y compris ses attentes quant à la démission du premier ministre Trudeau, qui pourrait survenir après sa propre marche dans la neige. Ensuite, on aborde la tâche importante à accomplir : se préparer à affronter les menaces de tarifs douaniers brandies par le président élu Trump, un sujet dont Frank a discuté avec les premiers ministres du Canada au moment exact de la démission de Chrystia Freeland. Puis, on parle des affaires internationales, y compris des questions budgétaires en Europe et en Corée du Sud, ainsi que de la vitesse fulgurante à laquelle les événements se déroulent en Syrie et dans le reste du Moyen-Orient. Enfin, on conclut la discussion de la manière habituelle : avec Frank et Peter qui déplorent l’état de leur chère équipe des Toronto Blue Jays.

Chapters:
0:50 La démission choque de Chrystia Freeland
7:58 La suite des choses pour le gouvernement Trudeau
12:28 La réponse du Canada face aux tarifs douaniers de Trump en contexte
24:50 La démocratie en Corée du Sud
27:23 La fin du règne de terreur d’Assad en Syrie
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https://podcasts.apple.com/us/podcast/geopolitics-with-frank-mckenna/id1616711844

Ce balado a été enregistré le 17 décembre 2024.

FRANK MCKENNA : C’était chaotique, car le cabinet du premier ministre ne semblait pas prêt à cette éventualité. La même chose s’est produite il y a 49 ans.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode de décembre de Géopolitique avec l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, de Valeurs Mobilières TD. J’anime cette série de balados chaque mois, où Frank nous donne son point de vue sur les enjeux géopolitiques mondiaux. Je dois admettre qu’on va consacrer la majeure partie de notre temps aujourd’hui à des questions qui concernent le Canada, pour des raisons évidentes au vu des difficultés qu’on rencontre à Ottawa. Frank, avant d’entrer dans le vif du sujet, comment allez-vous?
FRANK MCKENNA : Très bien.
PETER HAYNES : Excellent, d’accord. On va vous tester sur tous les aspects du Parti libéral et de ce qui se passe à Ottawa, la relation avec Trump, les droits de douane, la Syrie. Il y a beaucoup de choses à voir ce mois-ci. C’est parti.
Pour commencer, je vais me concentrer sur ce que j’appelle la crise aiguë des « douanoses » au Canada. C’est une maladie sans remède connu. Elle semble se propager comme une épidémie à Ottawa en ce moment. La douanose est clairement une préoccupation pour le gouvernement Trudeau et à juste titre. Ça semble expliquer en partie certains changements qui ont été annoncés au Cabinet du Parti libéral ces derniers jours.
Je vais mettre les choses au point. Tout d’abord, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, devait présenter l’exposé économique de l’automne lundi à 16 h. À 9 h lundi, elle a démissionné du Cabinet, laissant le premier ministre Trudeau et le reste de la direction du parti en difficulté.
Personne ne savait qui allait présenter l’exposé économique. Pendant ce temps, les journalistes attendaient le document de 270 pages. Ils ont finalement commencé le travail et l’exposé a été présenté au Parlement. Je crois que c’était une séance à laquelle le premier ministre Trudeau n’était pas présent. Il n’y a eu aucun commentaire à ce sujet.
En rétrospective, il s’avère que le premier ministre et madame Freeland étaient en désaccord sur les dépenses, puisque monsieur Trudeau dépensait pour ce que madame Freeland a appelé, je cite, « des astuces politiques visant à rester au pouvoir ». Elle voulait garder des cartouches pour le Canada. En fait, il se trouve que le vendredi précédant l’exposé économique, monsieur Trudeau avait annoncé à madame Freeland qu’il allait la démettre de ses fonctions de ministre des Finances après lundi. Alors, madame Freeland a devancé cette annonce et le chaos a suivi.
Entre-temps, lundi aussi, une autre ancienne étoile montante de monsieur Trudeau, le ministre du Logement Sean Fraser, a démissionné du Cabinet. Il prévoit de ne pas se présenter de nouveau aux prochaines élections. Avec tout ça, Frank, que pensez-vous de ce qui s’est passé ces derniers jours à Ottawa? Et que doit-on faire maintenant?
FRANK MCKENNA : Peter, ça a été plus chaotique que jamais à Ottawa. Je rencontrais des premiers ministres canadiens. Le Conseil de la fédération était à Toronto lundi. Je les informais sur les questions commerciales.
Au cours de la conversation, les iPhone de tout le monde ont commencé à exploser. Les gens couraient partout et discutaient des événements qui se déroulaient à Ottawa pendant notre rencontre. C’était spectaculaire. Je pouvais voir, au regard et au visage de tous les premiers ministres, qu’ils trouvaient cette situation spectaculaire et traumatisante.
En fin de compte, je suppose que les choses suivent leur cours normal dans une démocratie. La règle de droit a préséance. Les règles de procédure parlementaire ont préséance. La démocratie en ressort intacte.
La ministre avait clairement une divergence d’opinions avec le cabinet du premier ministre au sujet de ce qu’on appelle la « promesse des babioles de bas de Noël », qui consistait à geler pendant les deux mois de la période de Noël certains produits pour stimuler la demande et régler les problèmes d’abordabilité. Elle trouvait ça excessif. D’après mes conversations avec d’autres ministres, ça ne venait pas du ministère des Finances. Ça venait du Cabinet du premier ministre, le CPM. C’était un plan mal conçu imposé au ministère des Finances, que ce dernier n’aimait pas du tout.
Il n’a pas beaucoup été discuté avec les provinces. Cinq provinces ayant une taxe de vente harmonisée n’ont même pas été consultées à l’avance. Le plan a été mal réfléchi. Bien sûr, elle n’a pas apprécié ça et l’a dit clairement dans les médias pendant une semaine ou deux.
En plus, je pense qu’il y avait un problème que l’on voit maintenant dans les journaux — [RIRES]— comme quoi elle n’était pas la personne préférée de Trump pour participer aux négociations sur le dossier des droits de douane. Et le premier ministre a pris la décision de lui retirer son mandat lors d’un appel Zoom et de lui proposer un poste sans ressource et sans prestige. Comme il se devait, elle a refusé, elle n’allait pas accepter ça ni l’orientation du gouvernement, elle a démissionné.
Le chaos en résulta, car le Cabinet du premier ministre ne semblait pas prêt à cette éventualité, à ma grande surprise. La première chose qu’on aurait dû prévoir, c’est que la ministre démissionnerait dans ces circonstances. La même chose s’est produite il y a 49 ans lorsque le père de Justin Trudeau, Pierre Trudeau, était premier ministre et que John Turner, qui avait une politique très différente, a démissionné. Tel père, tel fils. Tout était très prévisible.
Le premier ministre semblait complètement surpris, sans plan B. Par conséquent, bien sûr, ils ont appelé Dominic LeBlanc, un ami très fidèle et loyal du premier ministre, qu’on a fait venir au courant de l’après-midi et qui a été assermenté comme ministre des Finances.
PETER HAYNES : Frank, comment Dominic LeBlanc peut-il se concentrer sur trois plateformes ou trois dossiers et accorder l’attention nécessaire au budget? Je crois que le dollar canadien a chuté d’un cent depuis. Il est inférieur à 0,70 $.
FRANK MCKENNA : Oui.
PETER HAYNES : Ils sont passés outre le budget neuf mois après que madame Freeland ait déclaré que la glissière de sécurité serait de 40 milliards de dollars. Ils sont arrivés à plus de 60 milliards de dollars. Ce qui dépasse de très loin. Alors, il me semble que la personne responsable de ce dossier devrait s’y consacrer à temps plein. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur le temps qu’il pourra consacrer à ce dossier?
FRANK MCKENNA : C’est une excellente question. Ça me donne l’occasion de parler de Dominic LeBlanc, parce qu’il n’est pas très connu de la plupart de nos auditeurs. Monsieur LeBlanc est un ministre et un membre extraordinairement compétent. Je dirais que la comparaison la plus étroite que je ferais est celle avec Jean Chrétien en ce qui a trait à l’étendue de ses connaissances. Il a travaillé dans de nombreux ministères. Il a fait partie du gouvernement pendant une grande partie de sa vie.
Son père, bien sûr, était un ancien gouverneur général. Il est parfaitement naturellement bilingue et a une maîtrise en droit de Harvard. Il a une connaissance presque encyclopédique du gouvernement, une mémoire extraordinaire. Tous ces talents sont extraordinairement importants, mais son plus grand talent est ailleurs.
Son super pouvoir, c’est son charme, son humilité et ses compétences en communication. Il est très apprécié de tous les partis. Lorsque j’ai parlé aux premiers ministres provinciaux cette semaine, ils m’ont tous dit que Dominic LeBlanc aurait aimé participer activement aux négociations pour le Canada parce qu’il a un grand sens de l’humour. Il est très charmant, très sociable et très respectueux.
C’est une bonne personne. Peut-il gérer tout ça? Je ne pense pas qu’il devra le faire. Un remaniement du Cabinet aura lieu. Ça pourrait se produire cette semaine, mais c’est un peu moins probable. Mais ça pourrait certainement se produire au cours des deux prochaines semaines. Certaines de ces responsabilités seront transférées ailleurs.
Il a les compétences nécessaires pour être ministre des Finances. Je peux vous assurer qu’il est en mesure de faire ce qu’il doit faire en matière de finances et de négocier pour le Canada avec les États-Unis, si c’est ce que veut le premier ministre.
PETER HAYNES : Malgré les alliés du premier ministre Trudeau au sein du Cabinet, il me semble qu’on n’a jamais été aussi proches d’une révolte du Cabinet. Il faisait déjà face à une certaine révolte au sein du caucus. Frank, avez-vous été surpris qu’il ne démissionne pas hier? Vous attendez-vous à ce qu’il aille faire sa marche dans la neige sous peu?
FRANK MCKENNA : La réponse est oui. Je pense qu’il va partir marcher dans la neige. Et oui, j’ai été surpris qu’il ne démissionne pas. J’ai reçu des messages textes de deux ministres qui m’ont dit qu’ils s’attendaient à ce qu’il démissionne avant la fin de la journée. Je pense qu’il a voulu gagner du temps parce que la Chambre va être en vacances. Je suppose que tout le monde sera en congé pendant les deux prochaines semaines. Mais je pense qu’il est tout à fait inévitable qu’il démissionne.
Il n’a pas réussi à faire le coup d’État qu’il voulait faire, c’est-à-dire remplacer Chrystia Freeland par Mark Carney. Il a Dominic LeBlanc qui occupe le poste de ministre des Finances et un trou béant dans sa crédibilité. Ça va être très difficile pour lui de tenir. Comme vous le savez, je lui ai conseillé de démissionner il y a un certain temps. Malheureusement, c’est un peu tard. Mais je pense que c’est le résultat probable de tout ça.
PETER HAYNES : Je sais que les Américains aiment parler de « civics » pour désigner les politiques. J’ai suivi un cours d’éducation civique 101, vous voyez. On n’utilise pas nécessairement ce terme au Canada. Mais j’avoue que beaucoup de gens faisaient la même chose que moi hier, c’est-à-dire essayer de déterminer ce qu’il était possible de faire ou pas à l’avenir.
En théorie, vous pouvez avoir un ministre qui n’est pas un représentant élu. En théorie, vous pouvez avoir un premier ministre qui n’est pas un représentant élu. Mais ils doivent se présenter dans une circonscription pour pouvoir s’adresser au Parlement et à d’autres personnes.
Vous avez mentionné le nom de Mark Carney. Évidemment, c’est un nom dont on parle beaucoup dans les médias. En théorie, M. Trudeau aurait pu faire de M. Carney son ministre des Finances, même s’il n’était pas un représentant élu, du moins temporairement. Est-ce exact, Frank, en théorie?
FRANK MCKENNA : Oui, c’est exact. C’est une excellente question. Et c’est exact. En fait, cette demande a été faite à Carney. On lui a offert ce poste pour une période de cinq mois, date à laquelle on s’attendait à ce qu’il y ait des élections générales ou à ce qu’il se présente à une élection partielle.
Ça a rarement été fait, mais ça a déjà été fait. La dernière fois, c’était avec le premier ministre Harper, qui, après son élection, a fini par manquer de sièges et n’en avait pas à Montréal. Il a alors nommé Michael Fortier, qui était sénateur, dans son cabinet. Les libéraux et d’autres l’ont vertement critiqué parce que ce n’était pas démocratique, même si, par convention, c’est autorisé dans ce pays. Rare, mais possible.
PETER HAYNES : Est-il trop tôt pour se demander qui se présenterait à la direction du Parti libéral si monsieur Trudeau démissionne? Ou faut-il garder cette conversation pour plus tard, lorsqu’on aura une date?
FRANK MCKENNA : J’ai une assez bonne idée de qui se présenterait si je me fie à ma boîte de courriel — [RIRES]— depuis un jour ou deux. Il serait juste de dire que les suspects habituels manifestent de l’intérêt, notamment Chrystia Freeland, Anita Anand, François-Philippe Champagne, Mélanie Joly, Sean Fraser, même Dominic LeBlanc et Mark Carney.
Je ne sais pas qui j’ai oublié, mais tous sont des personnes extraordinairement talentueuses qui ont manifesté leur intérêt à divers degrés. Mais en fin de compte, Peter, je peux vous assurer que beaucoup de ces noms disparaîtront. Les gens sentent ce qu’il se passe. Ils se rendent compte qu’il est très difficile d’être chef d’un parti politique, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Un certain nombre choisissent d’être l’héritier plutôt que le propriétaire en titre.
En fin de compte, les candidats seront moins nombreux. Bien sûr, Christy Clark a clairement indiqué qu’elle allait se présenter, c’est l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique. Il y en aura beaucoup d’autres.
Steve MacKinnon s’est très bien comporté dans son portefeuille de ministre du Travail depuis son arrivée. Il est parfaitement bilingue et représente la circonscription de Québec, mais c’est un anglophone de l’Île-du-Prince-Édouard. Beaucoup de gens y réfléchiront probablement. Mais la course n’est pas encore lancée pour le moment.
PETER HAYNES : On aura matière à discuter, c’est certain. On va s’amuser en 2025, on pourra faire des pronostics sur cette course au fur et à mesure qu’elle avance. Mais on va mettre ça de côté pour le moment. On va aussi mettre de côté les blagues sur la « douanose » avec lesquelles j’ai commencé.
La plupart des Canadiens pensent que le gouvernement du Canada est dans une situation sans issue. Peu importe qui compose le gouvernement, puisqu’on fait face aux droits de douane potentiels dont le président Trump a parlé et, en particulier, les droits de douane de 25 % qu’il imposerait le 21 janvier au Canada et au Mexique, à moins qu’on ne trouve une façon de contrôler la migration illégale ainsi que le trafic de Fentanyl vers les États-Unis.
De toute évidence, on sait tous qu’au Canada, ce n’est pas le problème de la frontière nord, ce qui place le Canada dans une situation très difficile. Pourtant, ce résultat incertain rend les décisions d’investissement des entreprises canadiennes très difficiles. Ça va commencer à se voir dans les chiffres. Frank, laissez-moi commencer par vous demander si vous croyez que le premier ministre Trudeau a pris la bonne décision en visitant de façon proactive Mar-a-Lago pour embrasser la bague du président élu Trump.
FRANK MCKENNA : Oui. C’était humiliant. Mais parfois, c’est une marque de leadership quand on est prêt à faire quelque chose d’humiliant pour le bien de son pays. J’ai pensé que Trudeau avait fait ce qu’il fallait pour son pays.
PETER HAYNES : Est-ce qu’en rétrospective, on aurait dû se demander pourquoi Chrystia Freeland n’est pas là? Pensez-vous que ce soit la raison pour laquelle elle n’a pas participé à ce dîner? Est-ce que c’était intentionnel, selon vous?
FRANK MCKENNA : Oui. Oui. Je ne sais pas si je veux aller plus loin, mais je sais pourquoi elle n’était pas là. Ce n’était pas une erreur.
PETER HAYNES : Hier, sur les médias sociaux, le président élu Trump a laissé entendre qu’il était très heureux qu’elle soit partie. Pour la négociation pour les intérêts du Canada, j’aimerais qu’elle soit toujours là, en ce sens que s’il ne l’aime pas, ça signifie qu’elle a fait de bonnes choses pour le Canada lors des négociations en 2018.
FRANK MCKENNA : Ce que vous dites est tout à fait exact. Mais la question à laquelle notre gouvernement devrait répondre, selon moi, est la suivante : veut-il vraiment avoir un principal négociateur si viscéralement détesté par l’autre partie? C’est une question intéressante. Vous pouvez argumenter dans un sens ou dans l’autre. Mais on a décidé qu’elle n’irait pas à Mar-a-Lago, connaissant l’antipathie du président Trump pour elle.
PETER HAYNES : Vraiment très intéressant. Vous avez raison. C’est un sujet dont les experts pourraient parler éternellement. Après le premier mandat de Trump, je pense que les Canadiens ont vraiment appris que ce serait une erreur de rejeter tous ses discours comme de simples bavardages. Mais j’ai trouvé intéressant d’entendre les dirigeants de divers gouvernements provinciaux avec qui vous avez discuté au cours des derniers jours partout au pays expliquer ce que le Canada devrait faire face aux éventuels droits de douane américains.
Certains dirigeants suggèrent de renforcer la sécurité à la frontière et d’ajouter des ressources pour éradiquer le trafic de stupéfiants, ce que le président Trump souhaite, tandis que d’autres croient que des mesures antitarifaires sont la bonne solution. Il me semble que la position de chacun des dirigeants provinciaux est fondée sur ce qui pourrait être dans l’intérêt de sa province, même s’ils disent tous qu’il s’agit d’une réponse pour servir l’Équipe Canada.
Je pense que d’anciens ambassadeurs aux États-Unis se sont joints à vous lors de la rencontre des premiers ministres provinciaux. Quel conseil leur avez-vous donné? Selon vous, quel plan le Canada adoptera-t-il si Trump impose des droits de douane?
FRANK MCKENNA : Eh bien, Peter, si vous me le permettez, j’aimerais prendre un peu de temps, parce que je pense que c’est vraiment très important. Tout d’abord, on a tous indiqué qu’on ne pensait pas que les premiers ministres devraient amplifier les déclarations du président ou des États-Unis au sujet de la frontière parce qu’ils sont très peu crédibles. Ça n’aide en rien si on continue d’en remettre une couche supplémentaire.
Deuxièmement, on a exhorté les premiers ministres à essayer de penser d’abord au pays et à ne pas se désolidariser du gouvernement du Canada. On a un gouvernement national pour une bonne raison. C’est parce que les provinces ont toutes leurs propres intérêts. On a besoin d’un gouvernement national pour régler ce problème. Il faut respecter ce rôle légitime.
Quand j’étais à Washington et que je négociais sur le bois d’œuvre, les gens de l’industrie du bois d’œuvre m’appelaient toujours pour me demander : « Pourquoi vous ne coupez pas leur approvisionnement en pétrole, Frank? Monsieur l’ambassadeur, pourquoi vous ne faites pas pression sur le pétrole? » Ce que j’ai constaté très rapidement, c’est que les gens veulent toujours jouer avec les actifs de quelqu’un d’autre. C’est ce qui se passe ici.
Évidemment, le Québec ne veut pas qu’on touche aux produits laitiers. L’Alberta ne veut pas qu’on touche au pétrole. D’autres provinces ne veulent pas que certains produits soient touchés. Alors, il faut veiller à ce que ça ne surpasse pas l’intérêt national, qui est de protéger tous les Canadiens.
En termes simples, on a tous parlé aux premiers ministres et on les a implorés de faire passer les intérêts canadiens et nationaux en premier. Mais permettez-moi d’aborder la question un instant, Peter, parce que ce que le président allègue et propose est scandaleux. S’il s’agissait d’une cause devant un tribunal, je ferais une demande de jugement sommaire, en disant qu’elle n’est pas fondée.
Si les droits de douane de 25 % étaient appliqués, et ils ne le seront pas, 25 % pour le Canada et le Mexique, les deux principaux partenaires commerciaux des États-Unis, ça plongerait les États-Unis dans une spirale inflationniste, provoquant probablement une flambée du dollar. Ça affaiblirait notre dollar et créerait des ravages économiques qui ne seraient dans l’intérêt d’aucun de nos pays. Vous savez à quelle vitesse un dollar peut réagir à certaines provocations. Dans ce cas-ci, ce serait très provocateur.
Voici les faits. En 2023, la dernière année pour laquelle on dispose de données, deux livres de Fentanyl ont été saisies à la frontière nord. Deux livres. En fait, les services douaniers ont décrit les saisies à la frontière nord en disant qu’elles étaient minuscules et en baisse pour ce qui est du Fentanyl. Frontière Sud : 26 000 livres ont été saisies.
Pour ce qui est des migrants à la frontière sud : 2,1 millions. À la frontière nord, c’est environ 21 000. La moitié d’entre eux étaient des ressortissants indiens ou bangladais à la suite d’erreurs administratives commises par les Canadiens à la suite de la pandémie. C’est facile à corriger et ça le sera.
Maintenant, pour s’attaquer à ce problème, le gouvernement du Canada a voté 1,3 milliard de dollars de budget. On achète des hélicoptères Black Hawk, des drones et des navires et on va faire toutes sortes de surveillance, pour essayer d’éliminer toute forme de provocation à la frontière nord. Mais il faut mettre les choses en contexte, Peter. C’est minuscule, de minimis, par rapport à ce que vivent les États-Unis à la frontière mexicaine.
Je dois insister sur ce point. En théorie, ce sont les Américains qui devraient défendre leur frontière et s’assurer de ne pas laisser entrer de la drogue ou des immigrants illégaux, car on a un problème encore plus grave à la frontière nord des États-Unis. Il y a plus de meth en cristaux qui passe des États-Unis au Canada que de Fentanyl dans l’autre sens. De 70 % à 95 % de nos homicides sont commis au moyen d’armes à feu passées en contrebande depuis les États-Unis.
Lorsque monsieur Trump ralentira l’immigration et mettra en œuvre son programme d’expulsion massive, des centaines de milliers de migrants tenteront de traverser notre frontière. Par conséquent, si les États-Unis estiment qu’on est responsables de bloquer tout ça à notre frontière, soit, on peut le faire, mais ils sont responsables de protéger cette frontière contre l’immigration illégale vers le Canada, les armes à feu, etc.
Alors, il a une main très faible. Le problème, c’est que c’est une distraction par rapport au véritable enjeu, Peter. La vraie question est d’essayer d’imposer des droits de douane à des pays qui ont d’importants déséquilibres commerciaux avec les États-Unis. Si vous lisez le livre de Lighthizer ou si vous écoutez la rhétorique des Américains, ils n’aiment pas le fait d’avoir un déséquilibre commercial de 750 milliards de dollars. C’est ça le véritable enjeu.
Sur ce point, le Canada fait très bonne figure. La Chine a un déséquilibre commercial de 280 milliards de dollars; le Mexique, de 152 milliards et le Vietnam, de 104 milliards. On peut continuer la liste. Au Canada, le déséquilibre commercial n’est que d’environ 60 milliards de dollars. Et je parle ici de la relation commerciale la plus importante. En pourcentage commercial total, le nôtre est à un seul chiffre. Alors qu’un pays comme la Chine est à 50 %, le Vietnam à 80 % et ainsi de suite.
Il s’agit alors d’un déséquilibre commercial minuscule entre le Canada et les États-Unis. Ensuite, si vous examinez la nature qualitative de ce déséquilibre commercial, la Chine affiche un déséquilibre commercial de 300 milliards de dollars, principalement pour les produits manufacturés qui sont exportés aux États-Unis et, bien franchement, qui délocalisent des emplois américains. Au Mexique, le déséquilibre commercial important est aussi lié aux produits manufacturés. Le nôtre est entièrement dû au pétrole.
Notre déséquilibre commercial implique 120 milliards de dollars associés à l’exportation de pétrole vers les États-Unis, qu’ils utilisent pour créer des emplois aux États-Unis dans leurs raffineries et leurs industries secondaires. Alors, si on retire le pétrole, les États-Unis ont un énorme déséquilibre par rapport à nous à l’inverse. C’est nous qui devrions rechercher un bouclier contre les droits de douane.
Alors, les États-Unis n’ont pas vraiment les arguments avec le Canada. Ça me met en colère qu’on soit mis au même niveau que ces autres pays.
PETER HAYNES : Je sens votre sang bouillir, Frank. J’ai écouté les premiers ministres lorsqu’ils faisaient leur résumé de la rencontre. La première ministre Smith a fait un commentaire précis en disant : « J’ai aimé ce que Frank McKenna a dit sur la façon dont nous abordons les Américains. » Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là?
FRANK MCKENNA : Je pense qu’on doit avoir plus confiance en nous. On doit ramener les faits sur la table. Les faits nous sont très favorables. On doit faire parler de ces faits dans la presse américaine et avec les sénateurs, les membres du Congrès et les gouverneurs, jusqu’au niveau présidentiel, parce que, selon les faits, il n’y a pas de dossier, aucun dossier.
Si on arrêtait d’envoyer du pétrole aux États-Unis, les États-Unis se révolteraient. Ils diraient : « On a besoin de votre pétrole. Toutes nos raffineries du Midwest et du Golfe sont conçues pour le brut américain lourd. » On fournit 25 % de la capacité de ces raffineries aux États-Unis. Soixante pour cent des exportations d’énergie américaines proviennent du Canada et ils en ont besoin.
On a commis une erreur, Peter. On n’en avait pas conscience. Le pipeline Trans Mountain qu’on a construit a coûté, je ne sais pas, 35 milliards de dollars. Vous savez pourquoi on l’a construit. C’était pour détourner le pétrole des États-Unis vers le bassin du Pacifique afin de pouvoir obtenir des tarifs globaux. On a alors près d’un million de barils de pétrole par jour qui se dirigent vers l’océan Pacifique, via le pipeline Trans Mountain. Et devinez quoi?
PETER HAYNES : À gauche toute.
FRANK MCKENNA : À gauche toute.
PETER HAYNES : Eh oui.
FRANK MCKENNA : La plupart d’entre eux retournent aux États-Unis, en Californie, dans l’État de Washington et même jusqu’à Anchorage, en Alaska. En date de vendredi dernier, 60 % des cargaisons se dirigeaient vers les États-Unis. Ce que je veux dire, c’est que si on pouvait détourner ces volumes vers des destinations du Pacifique, ça aurait en soi un effet considérable sur le déséquilibre commercial.
Alors, les États-Unis doivent faire attention à ce qu’ils souhaitent en ce qui concerne le Canada, parce qu’on est un grenier pour ce pays, on envoie nos matières premières de potasse, de pétrole, de gaz et d’électricité pour créer des occasions et des emplois aux États-Unis. C’est pourquoi on doit prendre les devants.
PETER HAYNES : Le chaos à Ottawa ne nous aide pas en ce moment, évidemment, pour bien communiquer notre réponse aux États-Unis. Frank, je vais poursuivre. On a éliminé à Ottawa suffisamment de problèmes par rapport aux États-Unis. Alors qu’on arrive vers la fin de notre balado, j’aimerais parler de certains enjeux internationaux. Je vais parler de la Corée du Sud. Ensuite, on va aller en Syrie.
Alors, on va y aller un peu avec la Corée du Sud. Je sais que beaucoup de pays, y compris le Canada, ont des problèmes budgétaires. C’est ce qu’on voit en France, en Allemagne et même au Royaume-Uni, où Starmer a éprouvé des difficultés lorsqu’il a distribué son budget initial.
Mais en Corée du Sud, le président Yoon Suk Yeol a déclaré la loi martiale, puis il a décidé de se rétracter. Ça a créé une énorme aura d’incertitude sur un pays qui veut désespérément être considéré comme un pays développé par le reste du monde et qui semble constamment commettre ce genre d’impairs. Les gens diront que la démocratie a fini par gagner en Corée du Sud. Êtes-vous d’accord?
FRANK MCKENNA : Oui, la démocratie a gagné en Corée du Sud. Le président Yoon n’aimait pas que l’opposition soit trop audacieuse à l’égard de certaines questions concernant ses ministres et même sa femme. Il a fini par déclarer la loi martiale. Dans une démocratie, c’est à peu près la dernière chose à faire.
Tous les partis de l’opposition se sont regroupés par la suite, ont voté contre lui et ont fini par le destituer. Le résultat final est très démocratique. Ses pouvoirs sont suspendus. Un nouveau premier ministre, Han, a été nommé. L’affaire est renvoyée au tribunal constitutionnel. Alors, le processus a été suivi. Je pense que le résultat final est très démocratique.
PETER HAYNES : D’accord, il faut espérer que si on assiste… Une partie de ce à quoi on assiste dans d’autres gouvernements partout dans le monde semble être davantage axée sur la lutte contre les propres citoyens de ces pays, en particulier en ce qui a trait à la liberté de la presse. Avez-vous des préoccupations pour les États-Unis, concernant certaines des menaces du président Trump contre les médias et autres?
FRANK MCKENNA : Oui, on n’a pas assez de temps dans ce balado pour vous parler de toutes les préoccupations que j’ai à l’égard des nominations, des attaques contre le FBI, des attaques contre la presse et des représailles qui vont avoir lieu. Ce ne sera pas beau à voir.
En passant, vous avez mentionné beaucoup d’autres pays. Le Canada devrait alors comprendre qu’on n’est pas le seul pays à connaître des bouleversements. La France vient de connaître ça pour les questions budgétaires. L’Allemagne vient de voir son gouvernement tomber sur les questions budgétaires. Le gouvernement du Royaume-Uni éprouve déjà des difficultés budgétaires.
Il faut être réaliste, on a traversé une pandémie, deux années d’isolement et de colère, mais aussi deux années de dépenses importantes pour stimuler l’économie. Le résultat final est que les pays partout dans le monde ont une grosse gueule de bois. Les dirigeants politiques en paient le prix.
PETER HAYNES : Il y a un pays qui se réjouit en ce moment, la Syrie. La question est de savoir si cette capacité à se réjouir va durer. On va parler des changements rapides qu’on observe au Moyen-Orient.
Les experts en géopolitique croient que la raison pour laquelle le régime Assad est tombé en si peu de temps en Syrie est que ses deux principaux alliés, la Russie et l’Iran, avaient d’autres problèmes à gérer et ont abandonné Assad. Ce qui a ouvert la porte aux rebelles de HTS. Ils se sont rapidement installés à Damas et ont renversé le gouvernement.
Il y a une certaine école de pensée qui circule autour des médias sociaux, selon laquelle le gouvernement américain aurait joué un rôle dans ce changement de régime. Mais le président Trump a récemment laissé entendre que c’est en fait la Turquie qui aurait effectué, je cite : « une prise de contrôle hostile. »Selon vous, qu’est-ce qui s’est passé, Frank? La CIA est-elle impliquée? Selon vous, que signifient les événements en Syrie pour les deux guerres autour d’Israël et la stabilité globale au Moyen-Orient?
FRANK MCKENNA : Peter, je peux être très catégorique. Mais je ne peux pas divulguer mes renseignements. Je me contenterai de dire que j’ai l’impression d’avoir de très bons renseignements d’initié. À la lumière de ces renseignements, je dirais que la Turquie n’a pas participé au processus. La CIA n’avait rien à voir avec ça. Israël n’avait rien à voir avec ça. Les États-Unis n’avaient rien à voir avec ça.
Ce qui s’est passé a été un choc, même pour les rebelles eux-mêmes. Les rebelles ont décidé de reprendre une partie d’Alep. Ce groupe rebelle a dirigé une petite partie de la Syrie avec environ quatre millions d’habitants et a très bien réussi. Alors, ils connaissent ce que c’est que de gouverner. Ils contrôlaient auparavant une province de la Syrie.
Ils ont décidé de reprendre une partie d’Alep. Ils ont fini par traverser la ville et ils ont continué. Les forces syriennes se sont tout simplement effondrées. Bien sûr, la Russie et l’Iran n’étaient pas disponibles pour aider. Ils sont allés jusqu’à Damas. Ce n’était qu’un cas vraiment spectaculaire dans lequel l’opposition s’est effondrée comme un château de cartes.
Les Saoudiens sont très heureux du résultat, bien sûr. Israël s’en réjouit. Les États-Unis sont heureux parce que la Syrie ne sera plus essentiellement un passage pour les armes iraniennes vers le Hezbollah et le Liban.
Je dirais alors que ça affaiblit gravement l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, les Houthis et les groupes assimilés. Ça affaiblit la Russie, qui se retire maintenant de sa base navale et de sa base aérienne en Syrie. On verra le moment venu si la démocratie ou même si la stabilité sont rétablies en Syrie.
Il ne fait aucun doute qu’Assad était un mauvais leader. Non seulement il était brutal envers son peuple, mais il était aussi responsable d’un empire de la drogue de dizaines de milliards de dollars, une source de grande instabilité au Moyen-Orient. Tout à coup, en l’espace d’une semaine et demie, la Syrie est passée du statut d’enfant à problèmes du Moyen-Orient à celui d’enfant modèle pour la réforme. On verra. Mais beaucoup de ce que les gens s’imaginent être derrière tout ça est faux. Il s’agissait simplement d’un développement naturel, à la grande surprise des rebelles qui l’ont organisé.
PETER HAYNES : Est-ce que c’est similaire à la facilité avec laquelle l’Afghanistan a changé de pouvoir après le retrait des Américains? Ils ont simplement déposé les armes.
FRANK MCKENNA : Oui. En fait, c’est une excellente analogie. Les gens ne s’attendaient pas à l’effondrement complet de l’Afghanistan après le départ des Américains. C’est exactement ce qui s’est passé. Encore une fois, bon nombre de ces troupes sont assez mal entraînées et probablement mal payées. Quand ils avaient les gros avions russes qui bombardaient leurs adversaires, c’était une chose. Mais lorsqu’ils ont dû se battre seuls et sans faire confiance à la tête de leur pays, ils se sont effondrés.
C’est ce que les Ukrainiens espèrent aussi à Kursk. Ils espèrent que les Nord-Coréens qui se battent là-bas en auront assez de servir de chair à canon pour les Russes et s’effondreront. Ça ne s’est pas encore produit, mais c’est ce que j’espère. Ils font de la propagande auprès des Nord-Coréens en leur disant que s’ils se rendent, ils pourront non seulement sauver leur vie sur le champ de bataille, mais aussi quitter la Corée du Nord. Alors —[RIRES]—, c’est une offre plutôt tentante.
[RIRES]
PETER HAYNES : C’est très intéressant. OK, on va reporter la conversation sur l’Ukraine au mois prochain, lorsqu’on fera nos prévisions annuelles sur les enjeux géopolitiques pour 2025. Je devine à l’avance, Frank, qu’on en a peut-être un ou deux sur le Canada, dont on parle habituellement peu. Je vais terminer avec les Blue Jays. Alors…
[RIRES]
… est-ce un bon sujet ou non? Je ne pense pas qu’il faut être surpris que Juan Soto ait choisi une autre équipe. C’est probablement une bonne occasion pour les Jays. La plupart des gens seraient d’accord.
Toutefois, quelques événements préoccupants sont ressortis de la bataille pour Soto. Plus précisément, le fait que les Jays n’ont pas utilisé le bon ami de Soto, Vlad Guerrero Jr., qui n’était pas présent, semble-t-il, dans cette cour intensive. Ça porte les admirateurs des Jays à croire qu’on ne pourra pas garder Guerrero à la fin de cette année. On pourrait aussi le perdre au profit d’une carrière indépendante après la saison 2025. Quel est votre avis sur la situation?
FRANK MCKENNA : Je suis mécontent de tout ce que je vois avec les Blue Jays. Ils ont fait une tentative avec Andrés Giménez, qui apporte beaucoup de rapidité à notre équipe. Toutefois, les Blue Jays ont un peu perdu leur temps, parce qu’on ne court pas, même quand on a des marchands de vélocité. Brings offre une excellente défense.
Mais on a laissé tomber Spencer Horwitz, qui, selon moi, restera sur la touche pendant longtemps. Il a un excellent œil et il est souvent à la base. On a alors renoncé à beaucoup de choses contre un joueur à gros salaire avec une batte relativement faible. Voilà ce qu’on a fait, ça et récupérer Garcia, ce qui a été une bonne chose.
Mais je n’aime pas du tout la rhétorique que j’entends sur Guerrero. Je n’aime pas ça. Je peux vous dire catégoriquement que si Guerrero part, je pars.
PETER HAYNES : Je ne vous crois pas. Vous allez faire la grève pendant un certain temps. Mais vous allez revenir. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. Mais je ressens la même chose que vous.
FRANK MCKENNA : [RIRES] Vous avez sans doute raison. Je ne pourrai pas m’en empêcher. Mais j’ai adoré regarder Bo et Guerrero. Bo a connu un petit revers. Je pense toujours qu’il est un joueur et un atout très solide, tout comme Guerrero. Et qu’est-ce que l’équipe a fait? Ils leur ont retiré tous leurs copains, les gens avec qui ils aiment jouer. Ils n’ont plus personne en soutien derrière eux.
Je ne sais pas ce qu’ils finiront par faire. Mais les Blue Jays doivent se rendre compte qu’ils doivent tout de même mériter de gagner chaque jour le droit d’être l’équipe de baseball du Canada. Ils n’ont rien fait de tel dernièrement.
PETER HAYNES : Oui, je suis d’accord avec vous. Espérons que Bo Bichette n’est pas Samson, en passant, parce qu’il s’est coupé les cheveux. C’est une toute nouvelle apparence. Vous le verrez lors de la formation du printemps. Je dois toutefois dire, Frank, que ce que j’entends dans les cercles de baseball et ce que j’ai lu, c’est que les Blue Jays ont un carnet de chèques ouvert en ce moment et qu’ils sont, en fait, favorisés pour signer Corbin Burnes dans notre rotation.
On va donc certainement faire des lancers. Mais on ne sera peut-être pas en mesure de prendre la première base. Si on s’organise autour de lui, on va dépenser beaucoup d’argent. Mais en fin de compte, ça nous permettra certainement d’avoir une rotation formidable. Encore une fois, on doit gagner une partie 2 contre 1. Je suis préoccupé par notre équipe de releveurs. Ils ont laissé Romano partir. Je n’aime pas ça du tout. Alors…
FRANK MCKENNA : Ils ont laissé Romano partir. Je le répète, une équipe de baseball n’est pas si différente d’une banque. Il faut une culture. Et Guerrero était au centre de la culture des Blue Jays. Il était le joyeux guerrier là-bas que les gens venaient voir jouer. Si on fait l’erreur de perdre ça et qu’on se contente de mettre sur le terrain un groupe de joueurs bien payés, on perd quelque chose. Je crois qu’on a beaucoup perdu.
PETER HAYNES : Oui, je suis tout à fait d’accord avec vous. Ça a été très intéressant, Frank. Évidemment, il y a beaucoup de gens que vous connaissez bien au sein du Cabinet à Ottawa. C’est une période d’agitation. Mais merci de passer du temps avec nous aujourd’hui et de nous donner votre point de vue sur ces questions très intéressantes.
Au plaisir de discuter de nouveau avec vous en janvier. On ne sera probablement pas plus avancés dans notre objectif de stabilité, mais ce sera intéressant, parce qu’on se parlera, je pense, le jour de l’investiture ou proche de cette date. Je suis certain qu’on entendra beaucoup de choses à ce moment-là. Au nom de Valeurs Mobilières TD, Frank, merci beaucoup. Je vous souhaite, à vous et à votre famille, de belles fêtes.
FRANK MCKENNA : Merci. Joyeuses fêtes.
[MUSIQUE]
PETER HAYNES : Merci d’avoir écouté Géopolitique. Ce balado de Valeurs Mobilières TD est à titre informatif seulement. Les points de vue qui y sont décrits sont ceux des personnes et peuvent représenter ou non ceux de la TD ou de ses filiales. Ces opinions ne devraient pas être considérées comme des conseils en matière de placement, de fiscalité ou autres.

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Président suppléant, Valeurs Mobilières TD

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Président suppléant, Valeurs Mobilières TD

À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.

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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD

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Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD

Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.