Invité : Frank McKenna, Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur : Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
L’épisode 61 est un examen approfondi de la politique canadienne. Frank commence par faire des pronostics sur la course à la direction du Parti libéral pour élire le prochain premier ministre du Canada, dont la priorité sera de combler le vide en matière de leadership à Ottawa tandis que le Canada se bat contre les menaces de droits de douane du président Trump. Il rappelle aux dirigeants provinciaux du Canada l’importance de mettre de côté les différences régionales pour favoriser une approche unifiée. Frank fait un rappel sur les notions économiques de base. Il discute de la théorie de l’avantage comparatif, tout en laissant entendre que les entreprises des deux côtés de la frontière retiennent les investissements tant que la période d’incertitude liée aux droits de douane se poursuit. Il aborde les moqueries du président Trump sur le Canada et lance un appel passionné aux Américains pour qu’ils comprennent que, même si nous sommes amis, nous voulons rester Canadiens. La conversation se tourne ensuite vers les affaires mondiales. Il parle de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, de la fin probable de la guerre en Ukraine et d’autres points chauds potentiels pour la géopolitique, dont un qui est étonnamment près de chez nous.
Chapitres : | |
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00:50 | La course pour devenir premier ministre du Canada |
06:24 | Mise en attente de la décision sur les droits de douane de Trump |
10:20 | Vide en matière de leadership à Ottawa |
11:50 | Notions économiques de base – Tarifs douaniers et avantage comparatif |
14:45 | Réponse du Canada aux feux de forêt à Los Angeles |
18:12 | Le gouverneur Trudeau et la destinée manifeste |
23:06 | Héritage et plus grand regret de Justin Trudeau |
26:50 | Politique identitaire |
30:40 | Prédiction des résultats de l’élection |
32:35 | L’accord de paix entre Israël et le Hamas peut-il durer? |
36:30 | L’oligarchie de Trump |
37:40 | L’accord entre Zelensky et Trump |
39:42 | Autres points chauds géopolitiques potentiels en 2025 |
Ce podcast a été enregistré le 20 janvier 2025.
FRANK MCKENNA : Ce que Trump dit n’est pas vrai. Il a parlé d’un déficit commercial avec le Canada d’environ 200 milliards de dollars. Ce n’est tout simplement pas vrai. Sur les plans quantitatif et qualitatif, il n’y a aucun argument contre le Canada.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode de janvier 2025 de Géopolitique, en compagnie de l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, de Valeurs Mobilières TD, et j’anime cette série de balados chaque mois, où nous avons l’occasion d’entendre les perspectives de Frank sur les enjeux géopolitiques mondiaux.
Frank, pendant nos cinq années de balados ensemble, à aucun moment on n’a eu autant de sujets à aborder. J’espère que vous êtes prêt, parce que je vais vous poser des questions en rafales.
Le plan consiste à couvrir tous les événements récents à Ottawa et la guerre commerciale potentielle entre le Canada et les États-Unis. À la fin, je vous demanderai vos prévisions pour quelques sujets internationaux clés. Après tout, on est en janvier et c’est ce qu’on fait habituellement à cette période de l’année. Êtes-vous prêt?
FRANK MCKENNA : Oui, je suis prêt.
PETER HAYNES : D’accord. On va commencer par la course au nouveau chef du Parti libéral, qui se décidera le 9 mars, date à laquelle un nouveau premier ministre du Canada sera assermenté.
Comme vous l’aviez prédit dans notre dernier balado, beaucoup de noms qui circulaient, mais en fin de compte, il n’y aura que quelques candidats légitimes. À l’heure actuelle, il y a deux têtes de course, je crois, Chrystia Freeland et Mark Carney, puis un peloton de candidats issus du parti, y compris la plus prometteuse, Karina Gould, de Burlington.
Tout d’abord, qu’avez-vous pensé de la présence de Mark Carney chez Jon Stewart et de l’annonce de sa candidature qui a suivi la semaine dernière? Comparez ça à l’annonce moins spectaculaire de Chrystia Freeland sur les médias sociaux. Elle a aussi organisé un rassemblement cette fin de semaine. Quels sont vos pronostics sur la course?
FRANK MCKENNA : J’ai trouvé que Mark Carney avait fait une bonne prestation chez Jon Stewart. Ça a fait beaucoup parler, bien sûr. Cette vidéo m’a été envoyée une demi-douzaine de fois. Il avait l’air détendu. Lorsque les Canadiens voient quelqu’un à la télévision américaine, ça veut dire généralement que c’est une personne importante.
J’ai trouvé ça bien. Son lancement n’était pas trop mauvais, compte tenu de la panne de téléprompteur et du fait qu’il a dû improviser, ce qui est toujours un peu déstabilisant. J’ai aussi trouvé que Chrystia Freeland avait bien commencé. Je vais y revenir dans un instant.
Mais tout d’abord, une chose un peu étrange que les gens ne réalisent peut-être pas : Mark Carney, Chrystia Freeland et Karina Gould ont une chose en commun. Ils sont tous diplômés de l’Université d’Oxford. Si on prend les autres, ceux qui auraient pu participer à la course, mais qui ne le font pas, à savoir Mélanie Joly, Jonathan Wilkinson, Anita Anand… On en aurait eu trois de plus issus d’Oxford. Ce qui montre que l’Université d’Oxford est bien représentée dans la classe politique au Canada.
Mais droit au but. J’ai trouvé que Mark Carney avait bien commencé. Il a recueilli 125 000 $ en 24 heures, a obtenu beaucoup de soutien de la part du caucus, etc. On parle beaucoup de lui partout au pays.
Il y a eu beaucoup de manifestants qui se sont opposés à Chrystia Freeland. Cependant, elle a publié une vidéo très puissante suivie d’un éditorial dans le Washington Post d’aujourd’hui, qui vaut la peine d’être lu. En fin de compte, elle se bat directement contre Donald Trump et là-dessus, elle obtient du soutien de la part du cabinet, etc.
Et je pense toujours qu’elle a été dans l’ombre de M. Trudeau tellement longtemps qu’il sera difficile de la distinguer de lui. Ça la ralentit un peu dans la course. Alors, si je devais miser sur la course aujourd’hui, je dirais que Mark Carney a l’avantage.
PETER HAYNES : Frank, on va entrer dans les détails, parce qu’il y a eu beaucoup de changements dans la façon dont les libéraux vont choisir leur chef. Ils ne permettront plus aux jeunes de 14 ans de voter. Il y a aussi de toute évidence qu’il fallait réunir des fonds. Pour nos auditeurs, pouvez-vous nous expliquer comment fonctionnera le vote lors de la convention? Est-ce le système uninominal à un tour ou un autre déroulement?
FRANK MCKENNA : Non, c’est un vote proportionnel. C’est là que les deuxième et troisième places seront vraiment importantes. Il sera pondéré pour chaque circonscription afin qu’il n’y ait pas d’influence prédominante. Je pense que c’est une pondération de 100 par circonscription.
Quelques semaines pour inscrire les membres, ce qui sera très difficile sur le plan organisationnel. La liste actuelle des membres du Parti libéral d’environ 80 000, je crois, sera probablement la base. Pour ce qui est de l’argent, les frais d’entrée sont de 350 000 $, dont 50 000 $ peuvent faire l’objet d’un remboursement. Cette somme peut être échelonnée. Ensuite, jusqu’à 5 millions de dollars peuvent être dépensés pour la campagne en elle-même. Ce sera un défi, en si peu de temps, pour les candidats de recueillir des fonds et de s’organiser pour trouver des délégués.
PETER HAYNES : Est-ce que quelqu’un pourrait se ranger derrière l’un de ces candidats et faire pencher la balance? Je sais que Mélanie Joly a rejoint cette semaine le camp de Carney. Je suis curieux. Y a-t-il quelqu’un, selon vous, qui pourrait faire pencher la balance en la faveur d’un candidat?
FRANK MCKENNA : Oui. C’est intéressant que vous posiez cette question. Mme Joly s’est prononcée hier et c’est indiscutablement elle qui a la plus formidable organisation politique, parce que c’est une véritable machine politique au Québec. Son soutien sera très important. Je suis plutôt d’avis qu’elle doit rester au-dessus de la mêlée et je pense qu’elle le fera dorénavant, parce qu’elle dirige la réponse canadienne à Trump.
Mais il y a d’autres noms intéressants. Ahmed Hassan, à qui j’ai parlé hier. Il soutient ou soutiendra Chrystia Freeland. Il a un très solide réseau ethnique à l’échelle du pays, auquel il peut faire appel.
Il y a aussi Dominic LeBlanc. C’est le prix que tout le monde convoite. Deux des candidats m’ont demandé de les aider à parler à Dominic LeBlanc, parce qu’on est amis. Il y a un grand respect pour lui au sein du caucus. Il a une grande influence au sein du caucus libéral.
À ma connaissance, il n’a pas encore pris de décision. Il voudra sans doute soutenir l’un des candidats, mais il pourrait aussi très bien ne rien faire.
J’ai parlé hier à Anita Anand, qui est très influente parce qu’elle a très bien géré son portefeuille. Selon toute vraisemblance, elle a l’intention de ne pas participer à la course pour pouvoir se concentrer sur ses responsabilités ministérielles, en particulier à l’égard des États-Unis.
PETER HAYNES : Le nom est lâché : Trump. On enregistre ce balado lundi après-midi, alors que Donald J. Trump est assermenté comme 47e président des États-Unis. Depuis des semaines, il évoque les droits de douane qu’il veut imposer au Canada et au Mexique, ainsi qu’à d’autres pays qui ont un excédent commercial par rapport aux États-Unis.
Plusieurs des dirigeants libéraux potentiels au Cabinet ont laissé entendre que s’ils ne se présentaient pas, c’était pour se consacrer au litige potentiel relatif aux droits de douane, comme vous venez de le mentionner. Aujourd’hui, la plupart des Canadiens ont compris que l’excédent commercial du Canada est entièrement composé de quelque chose dont les États-Unis manquent, à savoir l’énergie.
Les dirigeants du Canada arrivent-ils à faire comprendre à M. Trump et à son entourage ce fait, apparemment simple? Que pensez-vous de la décision de M. Trump de ce jour de, je cite, « Étudier les droits de douane » plutôt que de signer un décret immédiatement après être devenu président pour imposer ces droits?
FRANK MCKENNA : Oui. C’est bien qu’on ait toutes ces nouvelles très récentes. C’est à l’œuvre qu’on reconnaît l’artiste. La délégation canadienne, tant au niveau des premiers ministres que du premier ministre et du secteur, a fait un bon travail. C’est probablement pour cette raison qu’il a fait marche arrière sur l’idée d’appliquer les droits de douane au Canada aujourd’hui même, en tout cas ça en fait partie.
Permettez-moi de dire quelques mots. Tout d’abord, je veux que les gens comprennent que ce que M. Trump dit n’est pas vrai. Il a parlé d’un déficit commercial avec le Canada d’environ 200 milliards de dollars. Ce n’est tout simplement pas vrai.
Ce qu’il nous faut… Et j’espère que ce temps de réflexion le permettra… C’est une série de faits simples. Le fait est que, sur environ neuf pays responsables du déficit commercial des États-Unis, le Canada arrive neuvième. Non seulement on est les derniers de la liste, mais c’est nous qui avons la relation commerciale la plus grande avec les États-Unis. Alors, en pourcentage de nos relations commerciales avec les États-Unis, on est les derniers. Et derniers, c’est bien.
Ensuite, il y a la nature qualitative du déséquilibre commercial. La Chine a un déséquilibre commercial de 300 milliards de dollars avec les États-Unis. Il est presque entièrement lié aux produits manufacturés, qui indiscutablement prennent des emplois aux États-Unis. Le Mexique affiche un déséquilibre commercial de quelques centaines de milliards de dollars, sur les produits manufacturés comme vous le savez, ce qui là encore fait perdre des emplois aux États-Unis.
On n’a pas ça. En ce qui concerne les biens, comme les produits manufacturés, on est du mauvais côté du grand livre. En fait, on a un déficit par rapport aux États-Unis. La seule raison pour laquelle on affiche un excédent, c’est parce que plus de 100 milliards de dollars de pétrole et de gaz sont exportés du Canada vers les États-Unis.
Sur les plans quantitatif et qualitatif, il n’y a absolument rien contre le Canada. De plus, il y a un petit détail qu’il ne faudrait pas ignorer, à savoir un accord de libre-échange chaudement contesté, l’ACEUM, négocié par un certain Donald Trump, qui devrait nous donner une protection juridique sur notre relation commerciale.
Pour toutes ces raisons, je suis heureux qu’ils aient pris le temps d’étudier la question, parce que ne pas le faire aboutirait à un désastre. Si les États-Unis imposaient des droits de douane de 25 % au Mexique et au Canada dès le premier jour, nos deux pays, le Mexique et le Canada, tomberaient probablement en récession. Il y aurait une hausse marquée de l’inflation aux États-Unis. On assisterait à une forte réaction sur le marché obligataire, une réaction encore plus forte sur le marché des devises et probablement une forte réaction sur le marché boursier.
Je pense que la raison a triomphé. Et maintenant, il faut l’espérer, on peut revenir aux faits.
PETER HAYNES : L’avocat du diable répondrait qu’avec le leadership vacant à Ottawa et un premier ministre sortant, le reste du Canada n’est pas certain que notre pays puisse donner le meilleur de lui-même au cours des premiers mois du mandat de M. Trump, surtout s’il considère les droits de douane comme l’une de ses priorités. Convainquez-nous que notre gouvernement va pouvoir nous défendre correctement.
FRANK MCKENNA : Le premier jour, M. Trump avait promis des droits de douane de 25 % imposés au Canada. À la place, il a accepté d’étudier la question. Je déplore le manque de leadership. C’est vrai. Je pense que M. Trudeau mérite beaucoup de critiques pour la façon dont les choses se sont passées. Mais notre pays n’est pas qu’un premier ministre. Ce sont des premiers ministres partout au pays qui font tous un travail héroïque en parlant à leurs collègues de l’autre côté de la frontière, aux gouverneurs et au monde des affaires dans leur sphère d’influence. De l’Île-du-Prince-Édouard à la Colombie-Britannique, tous ont envoyé des délégations aux États-Unis.
Nos ministres… On a vu Mme Joly sur ce front. On a vu Dominic LeBlanc et les leaders de notre mouvement sur ce front… J’ai eu une longue conversation avec Anita Anand cette semaine, elle va essayer d’éliminer les barrières commerciales interprovinciales au Canada pour faire face à cette menace transfrontalière pour nous.
Ce que je demande, c’est : est-ce qu’on a vraiment un vide? Oui. Mais j’ai assisté à un grand rassemblement au Canada, des syndicats aux organismes industriels, en passant par les premiers ministres, s’adressant à l’autre côté de la frontière, de frères à frères. En fin de compte, le vide est comblé par une véritable approche de l’Équipe Canada.
PETER HAYNES : Je vais vous demander dans un instant ce que vous pensez du patriotisme qui en ressort. Mais j’ai un peu l’impression qu’on revient aux bases de l’économie.
Quand on entend les arguments de l’entrepreneur technologique Marc Andreessen, qui soutient que la plus grande période de l’histoire des États-Unis en matière d’innovation s’est produite lorsque les droits de douane étaient élevés, à savoir la révolution industrielle de la fin du 19e siècle, à votre avis, comment le président Trump et ses conseillers économiques peuvent-ils convaincre un fabricant d’acier en Pennsylvanie de construire une nouvelle usine en raison des droits de douane qui pèsent sur l’acier importé, alors que la plupart des économistes estiment qu’édifier un mur commercial autour des États-Unis n’est pas la bonne solution à long terme?
Je vais juste ajouter quelque chose avant que vous ne répondiez. En fin de semaine, je discutais avec un ami de la collectivité, avec qui j’ai collaboré sur un programme de baseball. Il dirige une entreprise manufacturière et on lui demandait un mécénat. Et il a répondu : « On réduit les commandites. On s’attend à ce que les menaces tarifaires de Trump rendent l’année très mauvaise pour notre entreprise. »
Je suis certain que c’est ce qu’on se dit d’un océan à l’autre. Mais même aux États-Unis, comment Trump peut-il convaincre un fabricant d’acier de la Pennsylvanie qu’il devrait construire une nouvelle usine, alors qu’on sait tous que ces droits de douane ne sont pas la solution à long terme?
FRANK MCKENNA : On va commencer par ce dernier point. Le plus grand danger, ce ne sont pas les droits de douane. C’est l’appréhension de ces droits de douane. J’en entends parler partout. Potentiellement, ça pourrait immobiliser les investissements dans notre pays. C’est très malsain.
Vous avez cité l’entrepreneur technologique, Marc Andreessen. C’était dans les années 1880. Un autre exemple, même s’il n’est pas du tout récent, est la Smoot-Hawley Act, qui a été adoptée en 1930 et qui impose des droits de douane sur 20 000 marchandises. Tous les économistes considèrent qu’il s’agit du facteur qui a le plus contribué à la Grande Récession.
Il va sans dire que si vous imposez des droits de douane sur les produits, vous perdez sur le plan de la théorie ricardienne de l’avantage économique comparatif. Vous vous retrouvez avec des consommateurs qui paient plus cher pour les biens et qui ont moins d’argent dans leurs poches pour en acheter d’autres.
Je suis simplement, comme je l’ai déjà admis, un mondialiste. Je crois qu’une marée montante soulève tous les bateaux. Le fait d’avoir les bateaux des pays plus pauvres dans le monde qui se soulèvent leur permet d’acheter des biens coûteux à des pays plus riches comme le nôtre et tout va mieux pour nous.
Je crois profondément que les droits de douane sont les mots les plus doux du dictionnaire, comme le dit M. Trump. Mais je pense qu’il faut aborder les droits de douane avec énormément de prudence, parce qu’ils peuvent se retourner contre ceux qui les utilisent et faire des ravages économiques.
Je l’ai déjà mentionné, mais je vais le répéter. Le président Trump apprécie évidemment d’avoir le soutien des Américains et je respecte ce choix. Tous les Canadiens respectent ce choix. Mais malgré tout le pouvoir dont il dispose et tous les milliardaires dans ses poches, il ne peut pas contrôler le marché obligataire, ni le marché des devises ou le marché boursier. Ces marchés envoient déjà des signaux d’alerte sur le danger d’une guerre douanière.
PETER HAYNES : Il surveille l’indice Dow. Ça, on le sait. Alors, vous avez raison. Le marché lui dira ce qui se passe et ce qu’il pense de ses politiques.
Frank, je sais que vous avez été très actif en coulisse dans le dossier de la réponse du Canada aux feux de forêt tragiques à Los Angeles. Pouvez-vous parler un peu à nos auditeurs du rôle du Canada pour aider les États-Unis? Entre la réaction aux feux de forêt et le débat sur les droits de douane, quels dirigeants politiques au Canada vous ont le plus impressionné dans ces circonstances difficiles?
FRANK MCKENNA : Je suppose que ma réaction a été influencée par mon expérience. J’étais ambassadeur aux États-Unis lorsque Katrina a frappé, probablement la pire tempête de l’histoire des États-Unis. Ce fut une terrible tragédie, mais aussi une occasion.
J’ai immédiatement appelé Rick Hillier, chef de notre force de défense, et je lui ai demandé s’il pouvait faire quelque chose. Il a dit : « Écoutez, j’ai une frégate qui fait de la lutte contre la drogue dans les Caraïbes. Je lui ferai remonter le fleuve Mississippi avant de raccrocher le téléphone. » Et c’est ce qu’il a fait.
J’ai parlé à Air Canada. Ils ont affrété un avion en quelques heures, littéralement. J’ai parlé au président Bush quelques jours plus tard et il m’a dit : « Frank, vous n’avez aucune idée à quel point c’était impressionnant de voir cet avion d’Air Canada sur la piste et votre frégate dans le port faire un travail héroïque au nom de nos citoyens. »
Je sais que les cœurs et les esprits jouent un rôle important dans la campagne. J’ai alors eu l’impression que les incendies à Los Angeles représentaient une occasion en or pour le Canada. J’ai commencé à appeler les premiers ministres et les fonctionnaires fédéraux partout au pays. Tout ce que je faisais, c’était enfoncer une porte ouverte. Ils étaient déjà en train de réquisitionner de l’équipement.
J’ai parlé au premier ministre du Nouveau-Brunswick. Ils ont une grande équipe de lutte contre les feux de forêt entre les îles Irvings et la province, environ 12 bombardiers d’eau. Ils les ont tous mis à la disposition de notre centre de coordination des incendies. La Saskatchewan a envoyé des ressources. L’Alberta a envoyé des bombardiers d’eau. Le Québec avait déjà des bombardiers d’eau sur place. La Colombie-Britannique avait des pompiers et des bombardiers d’eau.
J’ai appelé Doug Ford et je lui ai parlé en soirée. Le lendemain matin, il a dit : « Frank, je vais faire exactement ce que vous avez dit. » Il a donné une conférence de presse, il a envoyé des pompiers et des bombardiers d’eau. Il a fait valoir que c’était ce que font les voisins en cas de problèmes.
J’ai trouvé que c’était extrêmement efficace. Mon seul regret, avec un peu de jalousie, c’est que les Mexicains, qui sont malins, ont fait brandir le drapeau mexicain par le président du Mexique lorsque leur soutien aérien a décollé pour la Californie. C’est un cas où on devrait avoir un drapeau canadien sur tout ce qu’on fait, parce que les gens se souviendront de ce moment de l’histoire, où leurs voisins leur ont porté secours.
L’autre chose que j’aimerais ajouter, sur laquelle je n’ai eu aucune influence, pour vous dire que je n’ai pas tant d’influence que ça, c’est que, dans le Wall Street Journal d’aujourd’hui, il y a un grand article sur la façon dont les matériaux seront rassemblés pour reconstruire la Californie. Ce sera un effort colossal.
J’ai alors suggéré à notre gouvernement de parler au gouvernement des États-Unis d’un moratoire sur le bois d’œuvre résineux et les droits sur le bois d’œuvre résineux et d’autres matériaux de construction à destination de la Californie. On peut baisser considérablement le coût et rendre beaucoup de matériaux disponibles pour la reconstruction de la Californie. Je pense que c’est ce que des voisins raisonnables feraient dans une situation comme celle-ci.
PETER HAYNES : Merci, au nom de tout le Canada, pour le travail que vous faites ici pour nous aider et aider les Américains à traverser cette tragédie. Les Canadiens ne savent que trop bien que le président Trump n’a probablement pas été très conscient du travail accompli. Lui et ses proches ont passé beaucoup de temps à pratiquer le trollage contre le Canada et, en particulier, contre le premier ministre Trudeau. M. Trump lui-même a parlé de M. Trudeau comme étant le « Gouverneur du 51e État ».
Toutes les tentatives de Trump pour utiliser la guerre économique pour prendre le contrôle du Canada ont été accueillies par ce dont vous avez parlé, c’est-à-dire une réponse patriotique des Canadiens, d’un océan à l’autre. Et certains de nos concitoyens sont vraiment préoccupés par ce discours. Frank, est-ce que c’est la destinée manifeste? Que pouvez-vous dire aux Canadiens pour rassurer notre état d’esprit collectif sur les réflexions de M. Trump?
FRANK MCKENNA : Peter, je vais prendre une minute pour ça. Mais avant, je veux faire cette mise au point. Je sais que de nombreux Américains écoutent ce balado. Je dois vous dire que je parle au nom de tous les Canadiens en vous disant à quel point nous vous respectons en tant que voisins, alliés, amis et partenaires d’affaires. On respecte votre droit de faire les choix que vous avez faits. On respecte la façon dont vous dirigez votre pays.
Mais on est également aussi profondément amoureux de notre propre pays. On n’a aucun intérêt à être Américains, même si on vous respecte. Les Canadiens n’accepteront jamais de ne pas avoir de soins de santé financés par l’État, avec un accès universel. Est-ce parfait? Non. Aussi imparfait qu’il soit, il est offert à tous les Canadiens.
Notre espérance de vie est considérablement plus longue qu’aux États-Unis. On n’échangera pas ça. Notre taux de mortalité infantile est bien meilleur. Celui des États-Unis est parmi les pires au monde. On n’échangera pas ça.
Toutes les recherches sur les systèmes de soins de santé classent les États-Unis au dernier rang mondial. On n’ira pas dans cette direction. On sait que, au sommet, il s’agit de soins de santé de très grande qualité. Mais pour les soins universels au grand public, pour deux fois plus d’argent, vos résultats des traitements sont parmi les pires au monde.
On n’acceptera pas l’inégalité. Les États-Unis ont les inégalités les plus élevées du monde industrialisé. On n’est pas parfaits, mais on valorise l’égalité au sein de notre fédération.
On ne tolérera jamais 400 millions d’armes à feu, une arme pour chaque Canadien, dans le cas du Canada. On ne tolérera jamais les armes d’assaut dans les rues ni le mépris total des lois sur les armes à feu. Dans l’état actuel des choses, le plus gros problème qu’on ait au Canada, ce sont les armes en provenance des États-Unis passées en contrebande à la frontière et qui sont responsables de 70 % des crimes commis avec des armes à feu au Canada.
Le Mexique a le même problème. La Jamaïque a le même problème. Tous les pays du monde sont touchés par la contrebande d’armes américaines. On ne veut pas de ça. On ne veut pas d’une atteinte aux droits liés à la procréation. On est très en faveur de notre programme national de soin à l’enfant. On ne voudrait pas que ça change, pas plus que nos programmes de restauration scolaire.
On est fiers de nos caisses de retraite. On pense que ce sont les plus solides et les mieux gouvernées au monde. On ne voudrait pas y renoncer. Et on est fiers de la férocité de nos soldats. Comme Chrystia Freeland l’a souligné dans une lettre d’opinion, on a combattu lors de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième Guerre mondiale, des années avant nos alliés américains, perdant plus de vies par habitant qu’eux. On faisait partie des combattants les plus féroces de ces campagnes.
On a combattu au côté des États-Unis en Corée. On a combattu à leur côté en Afghanistan. L’instance collégiale des chefs d’état-major à Washington m’a dit qu’il n’y avait pas de meilleurs partenaires que les Canadiens pour combattre.
On est fiers de cette tradition. Pour conclure, on est aussi fiers d’avoir su créer un pays où, jamais à la perfection, mais toujours en essayant de s’en approcher, on respecte les droits de deux communautés linguistiques, un pays officiellement bilingue, un pays officiellement biculturel et où on n’arrête jamais d’essayer de trouver des accommodements avec nos Premières Nations.
Ce sont des valeurs canadiennes profondément importantes qu’on n’est pas prêts à échanger. On sait que les Américains ont d’autres valeurs qui ont une grande importance à leurs yeux, mais ce ne sont pas nos valeurs. Pour cette raison, je pense que Trump nous a rendu un grand service en nous unissant en tant que Canadiens de toutes les lignes politiques et de tous les territoires confondus, dans un élan de soutien patriotique pour notre pays.
PETER HAYNES : Attendez qu’on les batte à la Coupe des quatre nations dans quelques semaines, hein, Frank?
FRANK MCKENNA : [RIRES]
PETER HAYNES : Je vais vous dire. Vous n’allez pas vous lancer dans cette émission de Jesse Watters à laquelle Doug Ford a participé?
FRANK MCKENNA : C’était insultant pour les Américains parce que ça donnait l’impression, tout à fait fausse, que toute l’Amérique était convaincue que le monde entier voulait devenir Américain. J’ai trouvé répréhensible la déclaration de Jesse Watters qui a dit quelque chose comme : « Tout le monde ne désire-t-il pas être Américain? » En voici un qui ne le souhaite pas.
PETER HAYNES : J’ai trouvé que Doug Ford avait été spectaculaire dans cette entrevue, en revenant à l’essentiel, sans mordre à l’hameçon. Mais mes amis qui regardent Fox aux États-Unis me disent que c’est un peu un blagueur et qu’on ne peut pas le prendre au sérieux. Mais je vous le dis, les Canadiens l’ont pris au sérieux.
Frank, vous avez dit que lorsque les livres d’histoire reviendront sur le mandat du président Biden, il sera salué pour ce qu’il a accompli. On peut aussi parler de ses réalisations en matière de COVID, de la CHIPS Act et de l’Inflation Reduction Act. Lorsque je discute avec les Canadiens de ce que laisse le premier ministre Trudeau, j’entends surtout des critiques négatives. Selon vous, comment se souviendra-t-on du premier ministre Justin Trudeau?
FRANK MCKENNA : Je sais que je me souviendrai de lui avec un manque total de respect. L’une des leçons les plus importantes du leadership, c’est la planification de la relève et la façon de le faire adéquatement. Ce qui se passe ici est une honte. S’en remettre à la dernière minute, en laissant un vide pendant ce moment important, en ne permettant pas au Parti libéral de se renouveler adéquatement, tout ça me dégoûte.
Je suis également centriste dans la tradition McKenna, ou encore la tradition de Gordon Campbell. Je ne suis pas du tout gauchiste. Je crois en la probité financière et en des valeurs sociales progressistes. M. Trudeau et moi sommes différents sur tous ces points de vue.
Mais il faut reconnaître que les livres d’histoire sont écrits avec une mémoire sélective. On a vu à quel point un grand respect a été témoigné à M. Mulroney lors de ses funérailles pour tout ce qu’il a accompli, même s’il a été chassé du bureau sans aucun tact à l’époque.
Je pense que M. Trudeau aura des points en sa faveur lorsque l’histoire sera écrite : la façon dont il a géré le plus grand péril de notre époque, la pandémie; les négociations avec M. Trump sur l’ACEUM; la Prestation fiscale canadienne pour enfants, les efforts envers les Premières Nations et la liste continue. Tout ça fera pencher la balance en sa faveur lorsque l’histoire sera écrite. Il y aura des choses plaisantes, d’autres déplaisantes. Mais il sera mieux jugé qu’il ne l’est aujourd’hui.
PETER HAYNES : Lors de sa conférence de presse, on a demandé au premier ministre Trudeau qui annonçait sa démission quels étaient ses plus grands regrets. Il a répondu : « Ne pas avoir pu changer le processus électoral au Canada. » C’était un point fort de sa campagne en 2015.
M. Trudeau préférait un système de vote proportionnel par rapport au modèle actuel de système majoritaire à un tour au Canada. L’argument de M. Trudeau était que si la deuxième place avait plus de poids, ça repousserait les dirigeants vers le centre du spectre politique. Je sais qu’il y a beaucoup de débats sur la proportionnelle par rapport à la majorité et à d’autres systèmes de vote. Qu’est-ce que vous pensez des élections à la proportionnelle?
FRANK MCKENNA : Il y a beaucoup de réflexions à ce sujet, mais je vais dire ceci. J’ai trouvé cette remarque stupide de la part de M. Trudeau, en ce qui concerne ses plus grands regrets. Tout d’abord, s’il avait mis en place le vote à la proportionnelle, le Parti libéral aurait eu un gouvernement presque permanent, laissant la deuxième place au NPD, au Parti vert et, en fait, au Parti conservateur.
Ce qui aurait été injuste. Les autres partis politiques se sont battus contre ça, parce qu’ils savaient que ce serait injuste. Je me suis dit qu’à son crédit, il avait reculé là-dessus. Les alternatives auraient été limitées à une représentation proportionnelle. Je crois que ça aurait été terrible d’infliger ça au Canada.
Je regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde avec des pays comme Israël, l’Italie ou d’autres qui ont une représentation proportionnelle et à quel point leur système de gouvernement est instable. Je crois qu’on devrait élire des dirigeants, leur donner un gouvernement stable, des mandats stables, les laisser faire leur travail et, si on ne les aime pas, les jeter dehors. Mais je déteste l’idée de devoir leur faire faire toute la gymnastique possible pour essayer de répondre aux exigences politiques des partis qui se classent au deuxième, au troisième, au quatrième, cinquième rang et au sixième rang.
Alors, j’ai un parti pris à cet égard. Malgré toutes ses imperfections, le système uninominal majoritaire à un tour produit le gouvernement le plus stable.
PETER HAYNES : C’est incroyable de voir à quel point les gens ont toujours une meilleure suggestion à faire, jusqu’à ce qu’ils en constatent les défauts. C’est tout simplement incroyable.
Mais on va parler de ce que les critiques conservateurs diront sur l’époque de M. Trudeau au pouvoir. Ils vont laisser entendre que c’était une époque de politique identitaire, où les Canadiens d’aujourd’hui se sentaient coupables des péchés des générations précédentes, ce qui nous rend tous moins fiers de qui on est vraiment et de notre identité culturelle. Êtes-vous d’accord avec cette critique? Si c’est le cas, comment pensez-vous qu’un Parti conservateur dirigé par M. Poilievre va régler ce problème?
FRANK MCKENNA : Je suis d’accord avec cette critique. Je pense qu’on a eu beaucoup trop de révisionnisme historique. Essayer de revenir cent ans en arrière et de réexaminer les gens, qu’il s’agisse de l’ancien premier ministre MacDonald ou d’autres, je pense que ce n’est pas vraiment opportun. Je ne suis pas d’accord avec l’idée de présenter des excuses, de se plier aux exigences et tout le reste. Je pense qu’on devrait regarder devant soi, pas derrière. C’est davantage mon avis.
Encore une fois, je reconnais que des personnes raisonnables, dont de nombreuses qui écoutent ce balado, ont des points de vue différents. Mais je préfère de loin me concentrer sur l’avenir, pas sur le passé.
PETER HAYNES : Selon vous, à quoi va ressembler exactement la campagne de M. Poilievre? Selon vous, comment va-t-il se classer, en supposant qu’il remporte les prochaines élections contre Trump?
FRANK MCKENNA : Je ne pense pas qu’il ait été déraisonnable en retenant des détails de sa campagne. Je l’ai déjà dit, et je le répète, un poisson qui ferme la bouche ne se fait jamais prendre. Les libéraux implosent de leur propre fait. Alors, pourquoi devrait-il prendre ce risque?
Il a jeté un os la semaine dernière, je crois, où il a parlé d’annuler l’impôt sur la plus-value. Certains éléments sont jetés en pâture, ici et là. Je pense que ses supporteurs diraient qu’il a tracé de grandes lignes, ce qui vous donnerait une idée de ce qu’il veut faire.
Comment se positionnera-t-il face à M. Trump? Qui sait? Je ne peux pas spéculer là-dessus tant qu’ils ne sont pas sur le ring. C’est un politicien habile. Je pense qu’il s’en tirerait bien. Mais, encore une fois, je ne pense pas qu’il devrait y avoir une personne seule dans la cellule de crise. On a besoin d’une approche à l’échelle du Canada, tous les premiers ministres, tous les ministres, les industries, les syndicats et tout le Canada.
C’est vraiment une grande menace existentielle. C’est la deuxième fois en huit ans que le Canada est ainsi menacé par son voisin. Qu’il s’agisse de fanfaronnades, d’intimidation ou de négociation, on doit prendre la situation au sérieux.
Il faut commencer à chercher à diversifier nos marchés, à accélérer les approbations pour faire sortir le pétrole et le gaz naturel du continent, à trouver d’autres partenaires commerciaux, à envoyer nos minéraux critiques dans d’autres directions. Toutes ces choses feront mal aux États-Unis. Mais à un moment donné, j’espère, les Américains vont revenir s’asseoir à la table et dire : « C’était juste une blague. En fait, on vous aime et on a besoin de vous. »
PETER HAYNES : Oui. Je suppose qu’on va vraiment suivre l’adage qui dit qu’une bonne crise est toujours l’occasion de résoudre certains problèmes. Vous avez mentionné qu’Anita Anand se concentrait sur les obstacles provinciaux au commerce, qui, à bien des égards, reflètent les agissements très différents des diverses provinces face aux mesures douanières.
FRANK MCKENNA : Peter, est-ce que je peux m’arrêter... C’est tellement juste. Il découle beaucoup de bonnes choses de tout ça. Elon Musk va reformater le gouvernement avec un marteau. Eh bien, je pense qu’on devrait aussi utiliser un scalpel sur notre gouvernement. On doit en réduire la taille. On doit réduire le fardeau réglementaire. Toutes sortes de projets sont embourbés dans les tracasseries administratives. On doit les faire approuver.
Il faut sortir le gaz. Il faut sortir le pétrole. Je pense que la crise va précipiter tout ça. Il faut réunir les Canadiens, éliminer les barrières commerciales, régler nos propres problèmes et mettre de l’ordre dans nos propres affaires. Ce sont les choses positives qui pourraient émerger de tout ça.
PETER HAYNES : On a passé beaucoup de temps à parler du Canada et ça en valait la peine aujourd’hui, compte tenu de la situation dans laquelle on se trouve. Je voudrais conclure avec quelques-unes de vos prévisions rapides sur les élections fédérales à venir, qui, on le sait tous, auront lieu en mai, en supposant qu’on obtienne un vote de confiance, une fois que le Parlement reviendra de la prorogation à la fin mars.
Voici mes questions. Pensez-vous que le prochain chef libéral, quel qu’il soit, finira par être le chef officiel de l’opposition, c’est-à-dire qu’il passera à la deuxième place? Est-il possible de limiter les conservateurs à un gouvernement minoritaire aux élections fédérales?
FRANK MCKENNA : On va prendre les choses dans l’ordre. Le prochain chef du Parti libéral sera le premier ministre du Canada.
PETER HAYNES : D’accord.
FRANK MCKENNA : Et ça va durer entre trois semaines et six mois. Je sais que le camp de M. Carney était fermement convaincu qu’il pouvait convaincre le NPD de lui conserver son soutien au gouvernement jusqu’à l’automne, ce qui lui donnerait six ou neuf mois, je suppose, pour essayer de faire ses preuves. Alors, il sera premier ministre.
De l’avis de tous les camps, la possibilité de retour du Parti libéral est très mince. Revenir pourrait signifier un gouvernement libéral minoritaire, ce qui est très peu probable, à mon avis. Il pourrait s’agir d’un gouvernement conservateur minoritaire, ce qui est également peu probable, à mon avis.
Le dernier sondage d’EKOS, datant d’un jour ou deux, montre que les conservateurs sont descendus à 11 points, ce qui représente un changement spectaculaire dans l’opinion publique. À mon avis, c’est une petite reprise de courte durée dans une cote en déclin, difficile à maintenir. Mais il ne fait aucun doute que le départ de M. Trudeau et l’arrivée d’un nouveau chef donnent aux libéraux les meilleures chances de sauver les meubles quand tout ça finira par exploser.
Selon moi, on se dirige toujours vers un gouvernement conservateur majoritaire. Mais il y a désormais des occasions pour le Parti libéral, plus qu’il y a deux ou trois semaines.
PETER HAYNES : À l’approche de cette élection, nous inviterons notre ami et collègue Ron Ambrose. Vous pourrez tous les deux examiner plus en détail la course pour le prochain premier ministre. J’ai hâte d’en discuter.
Pour conclure, j’aimerais parler des développements au Moyen-Orient. Il semble que le gouvernement américain ait aidé à négocier un accord de paix à plusieurs volets entre le Hamas et Israël, qui prend effet maintenant. Selon vous, quel est le mérite du nouvel envoyé de M. Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui, je crois, a participé à la dernière ronde de négociations?
Aujourd’hui, dans son discours d’investiture, M. Trump a dit qu’il était un artisan de la paix et un rassembleur. Il est clair qu’il s’en attribue le mérite. Mais, de façon réaliste, mérite-t-il une partie de la réussite de cet accord? Et pensez-vous que l’accord soit viable?
FRANK MCKENNA : Ils ont certainement eu une part là-dedans. Je pense qu’il faut reconnaître le mérite de Biden et de son équipe. Ils se sont acharnés à essayer d’obtenir un accord au Moyen-Orient, et ils ont poussé les parties très fort dans cette direction. Ils ont toujours été très loyaux envers Israël, tant sur le plan de l’argent que des armes. Mais ils ont également beaucoup insisté pour obtenir un cessez-le-feu et un accord permanents.
Comme vous le savez, chaque négociation suppose une certaine tension. Je pense que l’élection de M. Trump et la présence de ce négociateur ont probablement accru les tensions. Il s’agit d’une victoire assez importante pour que tout le monde puisse tirer une partie du mérite.
La grande question est de savoir si l’accord sera permanent ou non. Ce potentiel existe, mais il faudra une coalition d’intérêts plus large. Les Saoudiens et les Émirats arabes, par exemple, doivent s’impliquer et essayer de trouver un accord plus important, comme celui qui était presque sur la table il y a plusieurs années, avant le 7 octobre, qui impliquait le respect d’un État palestinien, le soutien à Israël au Moyen-Orient, de nouvelles relations commerciales, etc.
Alors, pour avoir une paix plus grande et plus durable, il faudra probablement que d’autres pays du Moyen-Orient mettent la main à la pâte et il faudra probablement s’entendre avec la Cisjordanie, l’État palestinien, etc. Ces problèmes n’ont pas disparu.
PETER HAYNES : On va maintenant passer à la Chine. Qu’est-il arrivé entre Trump et la Chine? Tout à coup, M.Trump tweete au sujet de ses excellentes conversations avec le président Xi. Il a rétabli TikTok, malgré une loi et une décision de la Cour suprême stipulant que le rideau devait être baissé sur TikTok aux États-Unis. Et le ton ainsi que la position de M. Trump à l’égard de la Chine ont fait un véritable demi-tour par rapport à son premier mandat.
Dans quelle mesure ce changement d’orientation est-il attribuable à Elon Musk? Pensez-vous que ce sera de courte durée?
FRANK MCKENNA : Je ne l’attribue pas à Elon Musk. Je sais qu’il est très actif en Chine. J’attribue cette situation à M. Trump. Là-dessus, j’adresse à M. Trump mes félicitations. Il résout les problèmes. Quand il voit un problème, il ne le laisse pas s’envenimer et il ne tourne pas autour du pot. Il va droit au but.
J’aime beaucoup ça, à son sujet. Je pense que s’il pouvait se rapprocher de la Chine, ce serait spectaculaire pour le monde. Ce serait vraiment remarquable que la marée montante soulève tous les bateaux et élimine une grosse tension dans l’air.
En ce moment, non seulement la Chine accroît sa domination manufacturière dans le monde, mais elle fournit aussi un soutien important à la Russie en tant qu’acheteur important de biens produits par la Russie. Si jamais on pouvait ramener la Chine dans les bonnes grâces des États-Unis, dans une relation commerciale respectueuse, en travaillant ensemble pour résoudre les problèmes mondiaux, des problèmes climatiques à d’autres problèmes, ce serait une très bonne chose. Ce serait probablement le meilleur héritage laissé par M. Trump depuis qu’il est au pouvoir, s’il y parvenait. Alors, félicitations à lui là-dessus.
PETER HAYNES : Dans la même veine, on a constaté un changement de ton important à l’égard de M. Trump de la part des chefs d’entreprise aux États-Unis. Premièrement, il y a les leaders du secteur des technologies, un par un, qui se rendent à Mar-a-Lago pour gagner la faveur de Trump. Évidemment, on a vu tous ces leaders du secteur des technologies à l’investiture ici aujourd’hui. Ce qui a amené le président Biden à évoquer une oligarchie américaine, qui commence à ressembler à celle de la Russie.
Parallèlement, la plupart des grandes banques en Amérique du Nord ont quitté l’Alliance pour la carboneutralité, ce qui va paralyser cette initiative. Que pensez-vous de la remarque de Biden sur les leaders de la Tech et Musk, au sujet de cette soi-disant oligarchie qui se met en place aux États-Unis?
FRANK MCKENNA : Je ne suis pas en faveur d’une classe économique unique pour diriger un pays. Tous les milliardaires dans l’orbite de M. Trump ont leur propre intérêt à défendre et il n’est pas toujours cohérent avec l’intérêt national. J’aurais tendance à m’en inquiéter.
Je pense qu’on a raison de s’inquiéter de la domination actuelle du marché, avec une richesse individuelle de 300 ou 400 milliards de dollars et la domination de certains acteurs. On a déjà eu dans le passé des ruptures de conglomérats n’ayant que des retombées positives pour l’économie. Ce n’est pas une mauvaise chose de remettre en question, de temps à autre, la domination du marché ou l’influence de certaines catégories de personnes.
PETER HAYNES : Oui. Il suffit de voir si Trump va décider de s’y attaquer ou s’il va les laisser tranquilles, étant donné qu’ils ont dépensé beaucoup d’argent pour sa campagne et dans les super comités consultatifs.
Fait intéressant, même le président Zelensky voit M. Trump comme un négociateur, suggérant qu’en échange de son aide pour négocier la fin de la guerre avec la Russie, l’Ukraine devra donner aux États-Unis l’accès à ses stocks de minéraux rares. Pendant ce temps, Trump semble revenir un peu sur sa promesse de mettre fin à la guerre en un jour. Dites à nos auditeurs comment vous prévoyez que la guerre en Ukraine évoluera une fois que M. Trump sera au pouvoir.
FRANK MCKENNA : Il y aura une forme d’immobilisation du conflit. Il exercera probablement des pressions sur les négociations. C’est ce que les chefs d’entreprise aiment faire : créer des pressions sur les négociations pour obtenir un résultat.
En passant, même si je reconnais à M. Biden tout le mérite d’avoir soutenu l’Ukraine et d’avoir condamné la guerre, de temps à autre, je pense que ça a été trop tard et trop peu. Il a mis beaucoup de temps à envoyer des chars. Il a mis beaucoup de temps à envoyer des missiles à grande portée aux Ukrainiens.
Ces derniers jours, les États-Unis ont imposé des sanctions à la flotte fantôme qui transportait le pétrole russe. Ce qui a mis fin à cet approvisionnement pétrolier illégal. Pourquoi ça n’a pas été fait des années plus tôt? Certaines sanctions bancaires ont été alourdies. Pourquoi n’a-t-on pas pu faire ça il y a longtemps?
Je pense que M. Trump va peut-être interpeller les décideurs sur cette nouvelle base et accentuer les tensions de négociation à fond. Et ce serait une bonne chose qu’il obtienne un résultat. Je pense que c’est pour ça que l’Ukraine est à Kursk. Ils ont pris des terres russes. C’est une carte de négociation.
J’espère que l’Ukraine ne subira pas de perte de territoire importante à cause des négociations. Ils ont perdu tellement de vies humaines. La Russie, bien sûr, a payé un prix épouvantable : elle perd jusqu’à 1 000 ou 2 000 vies par jour dans ce conflit. Les deux parties ont beaucoup perdu et elles devraient régler cette affaire. Mais l’Ukraine n’est pas l’agresseur ici et j’espère qu’elle ne sera pas forcée à céder le territoire pour lequel elle a versé tout ce sang pour le protéger.
PETER HAYNES : Oui, je sais. Tout le monde va vouloir dire qu’il a gagné cette guerre. Mais en fin de compte, il est vraiment difficile de comprendre pourquoi ce conflit a eu lieu. On va regarder en arrière et se demander pourquoi ça s’est produit.
Frank, voici ma dernière question sur vos prévisions. Pouvez-vous nous donner un autre point sensible dans le monde qui sera sur le radar en 2025?
FRANK MCKENNA : Oui, je vais vous en donner deux. L’Iran en premier. Je m’inquiète encore parce qu’ils ont des dirigeants religieux qui ne sont pas sensibles, je pense, aux intérêts du peuple iranien. J’ai peur que s’ils se sentent trop coincés, ils fassent une course pour essayer de se donner des capacités nucléaires.
Si ça se produit, Israël devra agir. Si Israël agit, les États-Unis devront agir. Et il y aura un conflit assez important.
Alors, c’est un point qui reste préoccupant. Plus près de chez nous, je dirais, malheureusement, le Québec. On a un parti indépendantiste qui se présente au Québec et qui est maintenant en tête des sondages. Ils ont l’intention de faire un référendum au Québec. Si ça arrive, ce sera une très triste journée pour le Canada.
PETER HAYNES : Mais, Frank, le soutien au référendum a diminué par rapport à 1995, la dernière fois qu’il y a eu un référendum au Québec. Est-ce que la tendance s’inverse? Je n’ai peut-être pas suivi la situation d’assez près.
FRANK MCKENNA : Pas nécessairement. Mais si un parti politique obtient gain de cause et veut un référendum, il y en aura un. Comme on l’a vu avec le Brexit, un référendum peut mal tourner.
L’autre chose qui a changé, c’est la volonté politique de se battre dans le reste du pays. J’ai bien peur que trop de Canadiens se disent : « S’ils veulent vraiment s’en aller, ils n’ont qu’à partir. »
Tout ça est inquiétant. Juste le fait qu’un référendum puisse avoir lieu est inquiétant. La perte de confiance qui serait ressentie au Québec, dans le milieu des affaires et dans le reste du Canada, si on se lançait dans une telle bataille, serait extrêmement malheureuse.
On a un grand pays, Peter. Que je parle aux gens de l’Ouest, du Québec ou d’ailleurs, on ne devrait jamais, jamais, jamais, jamais, jamais menacer de faire quoi que ce soit qui déchirerait un pays aussi magnifique. J’espère qu’on n’en arrivera pas là.
PETER HAYNES : Je fais écho à vos sentiments et j’espère que ça ne se concrétisera jamais. Frank, vous avez parlé de tensions de négociation. Quand on pense au baseball, et on va terminer sur une note un peu moins axée sur les affaires, comme on le fait toujours, quand on pense aux tensions de négociation, on pense à la façon dont les agents laissent entendre que d’autres équipes s’intéressent aux joueurs.
On l’entend souvent à propos d’Anthony Santander. Heureusement, les Blue Jays l’ont signé aujourd’hui, ce qui nous donne au moins une chance dans cette saison, car on était le second choix de presque tous les autres agents libres disponibles.
Je dirais, jusqu’à cette annonce, qu’il s’agissait d’une contre-saison historiquement creuse. Si on pense à des choses comme prendre un joueur de Cleveland pour de l’argent pour essayer d’avoir ce joueur japonais, Sasaki, pour ensuite ne même pas le recruter. Nombreux sont ceux qui soutiennent que c’était une faute passible de licenciement de la part de la direction.
Quoi qu’il en soit, ça a été une contre-saison difficile, en particulier l’incapacité de signer un contrat à long terme avec Vlady Jr. Ça pourrait sonner le glas. Pensez-vous qu’il y a de l’espoir pour la prochaine saison?
FRANK MCKENNA : Il y a toujours de l’espoir. Chaque saison apporte de l’espoir. Mais je pense que la direction a vraiment tout gâché avec ça. Après tout le drame et tout le reste, on a fini par avoir deux marchands de vitesse dans une équipe qui ne semble pas aimer la vitesse, qui ne peut pas frapper et qui a renoncé à beaucoup dans chaque cas.
Santander est une belle réussite. C’est un tueur des Blue Jays, alors j’aimerais le voir de notre côté. Mais on doit signer Vlady ou Bo, ou les deux. Ce que vous voyez maintenant au baseball et que je déplore, c’est le manque d’équité sur les marchés et les montants énormes qui sont dépensés. Mais ce qui est clair aussi, c’est que si un joueur a le choix entre deux équipes, l’une gagnante et l’autre pas, il va choisir celle qui gagne. Les Blue Jays ne se sont tout simplement pas présentés comme des gagnants.
Il y a quelques années, quand Teoscar, Gurriel et Moreno sont arrivés, on avait l’air de gagnants. Les gens voulaient se joindre à cette équipe parce qu’ils croyaient qu’elle avait un avenir. Mais si vous perdez des gens comme Vlady et Bo Bichette, c’est difficile pour les joueurs de se faire une place dans une équipe comme celle-là.
Alors, on a dû se resaisir, et vite. C’est une équipe de ligue majeure, avec un grand soutien de ses supporteurs. Je ne crois pas qu’on ait l’équipe qu’on mérite.
PETER HAYNES : J’ai parlé à un ami à Pittsburgh, qui est un partisan des Pirates. Il a parlé de Spencer Horwitz. Je me suis dit, je vais être honnête avec vous, qu’il était peut-être notre deuxième meilleur frappeur. Mais je peux vous dire que personne n’achète de billet pour voir Spencer Horwitz. Ils achètent un billet pour voir Vlady Guerrero…
FRANK MCKENNA : C’est exact.
PETER HAYNES : … ou dans le cas de Pittsburgh, Paul Skenes. J’espère que Santander va nous aider un peu et nous apporter une certaine protection pour Vlady et Bo avec cette formation. Mais on doit faire plus. Tous les noms que vous avez mentionnés appartiennent au précédent régime, quand Alex Anthopolous dirigeait l’équipe. J’espère qu’on va pouvoir se sortir du creux maintenant. Mais la Ligue américaine de l’est va être assez difficile.
On a fait un bon tour d’horizon aujourd’hui, Frank. J’aime votre passion pour ce pays et tout ce que vous faites au nom des Canadiens et des Américains pour aider à Los Angeles. Un grand merci pour ça. On se parlera de nouveau le mois prochain.
FRANK MCKENNA : Merci, Peter.
[MUSIQUE]
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Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.

Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.