Quels sont les principaux changements qui influent sur la structure du marché au Canada et aux États-Unis?
Animatrice : Amy Van Arnhem, directrice générale, Gestion des relations-clients, Valeurs Mobilières TD
Invité : Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Écoutez Peter Haynes, notre expert interne de la structure du marché, et Amy Van Arnhem examiner les changements qui touchent les indices nord-américains. M. Haynes aborde de nombreux sujets d’actualité, notamment les changements proposés par le président de la SEC, M. Gensler, la façon dont les fournisseurs d’indices de référence réagissent aux facteurs ESG et si les réactions à l’égard des sanctions imposées à la Russie pourraient avoir des conséquences pour la Chine.Click to enter episode description.
Écoutez les autres épisodes pour connaître les points de vue de divers leaders d’opinion sur les thèmes clés qui influencent les marchés, les différents secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui.
NARRATRICE : Bienvenue au balado Point de vue de Valeurs Mobilières TD, où divers leaders d’opinion s’expriment sur des thèmes clés qui influencent les marchés, les secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui. Nous espérons que vous apprécierez cet épisode.
AMY VAN ARNHEM : Bonjour et bienvenue à l’épisode 8 du balado Point de vue de Valeurs Mobilières TD. Ici Amy Van Arnhem, directrice principale des relations-clients à Valeurs Mobilières TD. J’animerai l’épisode d’aujourd’hui. Je suis en compagnie de mon collègue, Peter Haynes, directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices. Peter s’occupe aussi de la gestion des relations-clients pour quelques investisseurs institutionnels clés de l’Ontario dans le cadre de la gestion relations-clients de la haute direction. Peter anime notre balado mensuel sur la géopolitique avec Frank McKenna. Il participe aussi régulièrement à Point de vue. Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en 1995. J’ai le plaisir de travailler avec lui depuis 15 ans. Bienvenue, Peter.
PETER HAYNES : Merci, Amy, vraiment. Tu ne dis pas qu’on a été voisins de bureau pendant des années. C’est formidable d’être ici. Je pense avoir animé environ 80 balados pour Valeurs Mobilières TD, mais c’est ma première expérience d’invité, et une première pour toi à l’animation.
AMY VAN ARNHEM : En effet.
PETER HAYNES : Quelle excellente introduction! Je suis content de faire cela avec toi.
AMY VAN ARNHEM : En effet, c’est ma première animation de Point de vue. J’ai hâte d’entendre tes commentaires à la fin du balado.
PETER HAYNES : Je vais être honnête avec toi, comme toujours.
AMY VAN ARNHEM : J’espère! Peux-tu commencer par expliquer comment tu es arrivé là où tu es maintenant? En quoi tes fonctions sont-elles importantes?
PETER HAYNES : En fait, je réfléchis beaucoup là-dessus. Quelle est l’utilité de notre rôle au sein des marchés financiers? Ma carrière est centrée sur les indices de référence. C’est un aspect qui gagne en importance depuis 10 ans. On constate une augmentation parabolique de l’activité des gestionnaires de portefeuille axés sur les indices de référence. Et les FNB, bien sûr, occupent une place prépondérante. Le suivi des indices de référence gagne en importance pour tout le monde. C’est un facteur considéré par les émetteurs, qui veulent prendre le pouls des activités sous-jacentes. C’est significatif pour les indices en soi, très actifs sur le marché. Le suivi des indices est devenu très important. Et j’évolue dans cet espace chaque jour. Du point de vue de la structure des marchés, je suis bien sûr curieux quant au fonctionnement des marchés. J’évoquerais ici l’ouvrage de Michael Lewis, Flash Boys, paru en 2014, qui met en lumière la structure des marchés... Tout est maintenant une question de plomberie. Je sais, beaucoup de gens critiquent des faits cités dans l’ouvrage... Mais j’ai trouvé le livre excellent parce qu’il met en lumière des sujets importants. Essentiellement, il a incité tous les bureaux de négociation du côté achat à désigner au moins un expert à l’interne de la structure des marchés. J’ai pu tisser des relations avec ce type de collègues dans le quartier des affaires, des liens que je développe depuis huit ou neuf ans. Nos échanges sont agréables. Et justement, on va parler de structure des marchés. C’est un sujet d’actualité qui préoccupe tout le monde.
AMY VAN ARNHEM : Hormis le livre de Michael Lewis que tu viens de citer... pour l’investisseur moyen, pour un investisseur particulier, qu’est-ce que tu recommandes d’examiner? Par quoi commencer pour comprendre l’essentiel entourant la structure des marchés?
PETER HAYNES : Voilà une bonne question! Je me demande parfois si les investisseurs individuels devraient essayer de tout décortiquer. Il faut faire confiance à nos organismes de réglementation, qui conçoivent des règles pour protéger les investisseurs individuels, dans le cadre de l’ACVM ou de la SEC, et j’ose espérer du point de vue des institutions... étant donné l’envergure des ordres - quand on adhère à toute une institution pour acheter 500 actions, on n’achète pas que 500 actions. Bien des choses se trouvent derrière, vraisemblablement. Pour ces raisons, les institutions dominent le dialogue en ce qui a trait à la structure des marchés. Cela dit, j’avoue que les sociétés de détail, à savoir les firmes d’exécution axées sur le détail, font du bon boulot pour s’assurer que des règles sont en place et favoriser la réussite des investisseurs individuels. C’est bien connu, les investisseurs individuels n’ont jamais connu meilleur contexte en termes de structure des marchés dans l’histoire.
AMY VAN ARNHEM : Tu as parlé des organismes de réglementation. Parlons de ceux dirigés aux États-Unis par le président de la SEC, Gary Gensler. La liste des demandes est longue pour améliorer la structure du marché boursier américain. Peux-tu nous donner un aperçu général des dossiers importants? En quoi influencent-ils la structure des marchés boursiers?
PETER HAYNES : Pour répondre à cette question, le mieux à faire c’est d’exposer ce qu’on sait déjà et ce qu’on attend du président Gensler et des commissaires de la SEC. Il est dit que l’équipe de Gensler a environ 50 différentes règles à proposer. Et généralement, aux États-Unis, dans la première année d’une administration, quand vous accédez à la présidence, le processus réglementaire est très ambitieux, et on tente de le suivre. L’équipe soumet des règlements dans la première année. Elle reçoit des commentaires des gens du secteur. Elle établit des règles définitives, et espère ensuite que ces règles entrent en vigueur avant un changement d’administration. En ce moment, le président Gensler est en pleine phase de soumission aux gens de Wall Street, vraisemblablement en continu. Quand je regarde les règlements sortis au grand jour, j’estime qu’il y en a quatre importants pour l’auditoire... D’abord, on parle beaucoup de transparence entourant les ventes à découvert. Entre les prêts de titres, qui sont à la base des ventes à découvert, et les ventes à découvert en soi, le président Gensler prône avant tout la transparence des opérations des prêts de titres, puis la transparence quant à l’identité des vendeurs à découvert. Et les seuils en place sont très bas. Je m’attends beaucoup de résistance de la part du secteur. Il pourrait finir par y avoir une sorte de symétrie entre ce qui est divulgué du côté acheteur et du côté vendeur à découvert au jour ouvrable après la date d’opération - au T+1 - c’est en branle, on le sait. Il y aura des répercussions au Canada. Le cycle de règlement écourté d’un jour, contrairement à deux en ce moment, c’est un des dossiers importants rendus publics. Quant aux ESG, c’est sûrement le plus controversé des dossiers évoqués par Gensler jusqu’à maintenant. Il s’agit d’ouvrir la communication, surtout celle sur le climat, du côté des émetteurs. C’est un élément qui sera certainement contesté. L’impression générale est que ça va trop loin sur le plan de la réglementation. Et dans la mire se trouvent des émetteurs qui, actuellement, comme on le sait tous, Amy, subissent une pression incroyable pour divulguer plus d’information en matière d’ESG. En l’occurrence, la perception veut que les exigences d’information sur les émissions de type 3 excèdent les capacités de l’émetteur typique. Attendons-nous à ce que le dossier entraîne des litiges. Enfin, parmi les dossiers évoqués publiquement à ce jour, il y a ce qu’on appelle les FNB réglementaires... C’est un peu la façon de réglementer les marchés américains en dehors des bourses... Il y a des règles conçues pour encadrer ou vraiment cibler la négociation de titres du Trésor. En l’occurrence, des propositions sont sur la table pour examiner la réglementation actuelle des systèmes parallèles liés aux actions. Les responsables se disent qu’il y aura des répercussions réelles sur les activités courantes dans le monde boursier, et un impact pour les courtiers en valeurs en termes d’inscription. Ce dossier de 650 pages est à l’étude en ce moment. Moi, je m’intéresse particulièrement à ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant, et à ce qu’on devrait prévoir au tournant, soit aux initiatives visant la structure même du marché boursier. Le président Gensler n’hésite pas à dire que tout est sur la table en ce moment. Il se penche sur le paiement pour le flux d’ordres - une pratique controversée dans le détail aux États-Unis - en bref : vous donnez un ordre et la société qui l’exécute vous donne un rabais. Alors oui, c’est une pratique très controversée qui attire l’attention. Va-t-on interdire le paiement pour le flux d’ordres? Possiblement. Et qu’en est-il des rabais sur les marchés passibles d’interdiction? Voyons les écarts, en ce moment, ils sont bloqués à un cent. L’écart acheteur-vendeur est d’un cent. Il sera peut-être réduit... En tout cas, probablement pour les actions à bas prix. Peut-être changera-t-on la définition de « meilleure exécution » d’une quelconque façon. Et il est probable qu’on harmonise les règles des systèmes parallèles, de la négociation hors bourse et des bourses en soi. C’est là une liste ambitieuse de possibilités concernant la structure des marchés boursiers. Gensler va sûrement annoncer des choses dans les prochains mois.
AMY VAN ARNHEM : Que faut-il surveiller attentivement? À quoi les organismes de réglementation canadiens doivent-ils porter attention en ce sens, Peter?
PETER HAYNES : C’est une très bonne question. Selon moi, dans certains dossiers déjà publiés, on doit porter attention à ce qui touche le Canada, où l’on se trouve et où le T+1 va de soi. Évidemment, le Canada va passer à un règlement à un jour, comme les États-Unis. Pour ce qui est des prêts de titres et de la vente à découvert, on craint qu’il y ait arbitrage réglementaire si les organismes de réglementation canadiens ne suivent pas les règles américaines, car bien des grandes sociétés au Canada sont cotées aux États-Unis, y compris celles « soi-disant » cotées. Il est donc à prévoir que ces questions occuperont l’avant-scène. En termes de structure des marchés boursiers, on est inextricablement concernés. Si les rabais sur les bourses sont éliminés aux États-Unis, il faudra faire la même chose au Canada. Bref, pour ce qui est de la structure des marchés, du T+1, des prêts de titres et des règles sur les ventes garanties et à découvert, le Canada va devoir être en phase avec les États-Unis.
AMY VAN ARNHEM : Revenons sur un aspect que tu as abordé dans ta réponse sur les ESG... Les investisseurs cherchent à intégrer les facteurs ESG à leur cadre d’action, mais que font les fournisseurs d’indices de référence?
PETER HAYNES : C’est un sujet médiatisé, car la communauté des investisseurs exige des solutions et presse les fournisseurs d’indices de référence, essentiellement, de répondre aux exigences ESG de leurs clients - notamment, quand il est question de propriétaires d’actifs.
Ce qui m’intéresse particulièrement concerne nos principaux indices de référence, soit le S&P 500, le Russell 3000, le S&P/TSX composé et le FTSE 100 - ce sont des indicateurs liés à divers marchés et pays, voire nos références partout dans le monde. Il faut laisser ces indices de référence tels quels et s’abstenir de les modifier de quelque façon que ce soit.
Ainsi, je mettrais l’incidence des ESG sur les indices de référence - si on cherche des solutions - dans une catégorie personnalisée. Il ne faut pas toucher aux principaux indices de référence. À ceux qui exigent une solution, le fournisseur pourra offrir un repère personnalisé.
Seul domaine problématique maintenant, c’est celui des actions à droit de vote multiple. Au Canada, on a des catégories d’actions à droit de vote multiple depuis longtemps. Aux États-Unis, c’est plus récent. Environ 25 % des PAPE aux États-Unis l’an dernier venaient d’émetteurs du genre.
Selon le S&P, actuellement, les catégories d’actions à droit de vote multiple ne peuvent pas intégrer l’indice S&P 500. Les noms qui en font déjà partie, comme Google ou Visa, peuvent rester. Ces sociétés ont des droits acquis, mais aucun nouveau titre ne sera ajouté. Entre-temps, toutes les grandes sociétés passant au public intègrent le marché boursier américain, mais ne sont pas admissibles au plus important des indices, le S&P 500.
Je n’approuve pas cette décision. Je pense qu’elle sera revue par le comité des indices de S&P, et qu’un changement s’appliquera à la règle. Par ailleurs, les fournisseurs d’indices de référence n’ont pas encore eu à modifier leurs indices pour répondre aux exigences ESG de l’heure. Enfin, je dirais que la guerre est venue tout changer.
Quand on pense à ce qu’il en était avant - Amy, tu en sais quelque chose, tu étais dans la vente d’actions... Il n’y avait ni tabac ni alcool dans mon portefeuille. Mais beaucoup de firmes et d’investisseurs se tenaient loin des munitions. Maintenant, il se trouve que les fabricants de munitions renversent la vapeur. Je parle d’entreprises qui fabriquent des munitions pour protéger le peuple ukrainien, victime d’une invasion. Bref, les enjeux de la guerre du point de vue des ESG évoluent. C’est très intéressant.
AMY VAN ARNHEM : Peux-tu nous expliquer en quelques minutes comment les fournisseurs d’indices ont réagi aux sanctions russes, et s’il y a lieu d’anticiper la situation avec la Chine du point de vue des références?
PETER HAYNES : Oui, le cas de la Russie est désastreux. La Russie est considérée comme un marché émergent, du moins, elle l’était. Elle figurait donc au sein des indices de marchés émergents de FTSE et de MSCI. L’investissement de capitaux est en croissance dans les marchés émergents. Il en résulte une plus grande exposition à la Russie.
Dès l’invasion, la Russie est devenue essentiellement non exécutoire. Des sanctions ont tôt fait d’empêcher tout investissement dans le pays. Les fournisseurs d’indices ont vite tenu des consultations, sachant qu’il faudrait sans conteste écarter la Russie. Ils ont alors donné à la Russie un statut d’indépendante. En bref, les indices de référence actuels sont les marchés émergents plus la Russie.
Et si vous gérez un portefeuille de marchés émergents, vous pouvez changer d’indice de référence pour incorporer la Russie, mais je pense que tout le monde a juste éliminé la Russie. Le problème, c’est qu’il y a des positions longues en Russie et des instruments synthétiques en position acheteur qui exposent les investisseurs à la Russie, et qu’il est impossible de s’en départir. Alors, que fait le fournisseur d’indices? Il élimine la Russie à prix « zéro ».
Qu’est-ce que ça veut dire? C’est qu’il y a toutes ces actions détenues ici et là, pratiquement invendables aujourd’hui, qui pourraient au fil du temps valoir quelque chose. L’indice élimine la Russie à « zéro ». Les actions visées pourraient plus tard être monétisées à 50 cents/dollar. Essentiellement, l’indice comme tel offrira un rendement inférieur à celui des portefeuilles des détenteurs de ces titres. Il n’y a vraiment pas d’autre solution.
Maintenant, la situation paraît intéressante pour la Chine. Je le dis depuis un moment, et les gens en parlent : la Chine devrait être une référence distincte, sans égard à la guerre. C’est parce que, d’une part, il y a les marchés développés...
Et on s’entendra pour dire que la Chine ne fait pas partie des pays développés. Il y a les marchés émergents. Mais à la Chine prend de l’expansion et en vient à dominer la part des marchés émergents. Elle va éventuellement compter pour 50 % de l’indice de référence des marchés émergents.
Les investisseurs dans les marchés émergents ne se contentent pas de miser sur la Chine. Ils voient la Chine comme un choix distinct. Le pays domine ou finira par dominer l’indice de référence. Je dirais que la Chine mérite un statut distinct, mais pas pour les mêmes raisons que la Russie aujourd’hui. Taïwan change la donne. Si la Chine évolue dans le même sens que Taïwan - espérons que non -, mais le cas échéant, ce sera la situation de la Russie multipliée par 20.
Ce qui est intéressant en ce moment, c’est qu’on se dit tous... OK, j’ai vu les développements en Russie, mais devrais-je revoir mon exposition à la Chine? Et en cas d’exposition synthétique par l’utilisation de produits dérivés... oh... Et si la même chose se produit en Chine de manière plus large et que je ne peux plus accéder aux titres parce qu’un autre les détient et me paie le rendement au moyen d’un instrument synthétique?
Je trouve l’enjeu certainement prioritaire. Les fournisseurs d’indices se demandent sûrement comment ils vont gérer ça. Le passage de la Chine à l’indépendance donnerait à croire qu’il en va de la Russie, même si ce n’est pas le cas, du moins pour l’heure. C’est à suivre... Et très à l’avant-scène.
AMY VAN ARNHEM : Oui, je pense que la Chine... Les gens se demandent s’il y a moyen de se positionner pour un tel événement, vu l’ampleur des répercussions éventuelles sur tout le système des marchés de capitaux.
PETER HAYNES : Je ne sais pas ce qu’il faut faire, honnêtement.
AMY VAN ARNHEM : Oui.
PETER HAYNES : Vraiment pas, je n’ai pas de conseils à donner. J’espère juste qu’on ne va pas... Si la Chine a un statut d’indépendante, les gens vont maintenir leur exposition. Ils auraient alors l’indice des pays émergents plus la Chine à part. On ne vendrait pas des titres chinois pour la même raison parce que la Chine ne serait pas indépendante pour la même raison. Encore une fois, Taïwan joue un rôle déterminant.
AMY VAN ARNHEM : Ce serait bien de conclure aujourd’hui en revenant à notre pays, le Canada. Peux-tu nous parler de certains défis liés à la structure des marchés propres au Canada? Et de quelques occasions qui s’offrent à nous?
PETER HAYNES : J’y réfléchis beaucoup. Ça m’empêche même de dormir. J’ai l’impression qu’on vient ici tous les jours et qu’on s’assoit en supposant que rien ne changera jamais. Pourtant, ça change tous les jours. Au bout d’un certain temps, on a du mal à concevoir ce qui a changé.
Et quand je pense au Canada, aux aspects favorables de notre marché, il est clair qu’on fait l’envie du monde entier pour ce qui est du capital de risque. On a une Bourse de croissance. On a d’autres concurrents à la Bourse de croissance. On dispose de règles bien définies en matière de capital de risque. Il se peut que la réglementation soit graduelle, à savoir que la réglementation est moindre pour les titres de capital-risque.
Quand ceux-ci passent au TMX, au Big Board, les règles sont un peu plus strictes. Le cadre réglementaire progressif, en particulier pour les mines et l’énergie, est formidable. Le fait est qu’on domine l’espace minier à l’échelle mondiale. Et on le mérite.
On a toute l’infrastructure - des analystes aux comptables en passant par les régulateurs , avocats, banquiers d’investissement et vendeurs d’actions - votre ancien rôle... On comprend tous le secteur minier, et le monde nous envie pour ça. J’espère qu’on saura poursuivre en ce sens.
Enfin, je dirais que notre secteur de l’énergie... Frank McKenna l’a mentionné dans le balado sur la géopolitique... On sera des leaders en matière de transition. Vous pouvez être sûrs que le secteur énergétique canadien sera en tête. On a là de quoi être fiers!
Maintenant, ce qui me préoccupe... Pour une raison quelconque, on pourrait perdre ce titre de plaque tournante minière. Il y a quelques années, la rumeur voulait que Barrick s’apprête à transférer son marché principal de cotation aux États-Unis. Ce n’est pas arrivé. Mais ce genre de décisions... La perte éventuelle de titres de référence majeurs, peu importe la raison, me préoccupe.
La décarbonisation est un enjeu important. Elle est en suspens en raison de la guerre et du besoin d’indépendance énergétique, mais il reste qu’on est bien accrochés au secteur de l’énergie, et les stratégies de décarbonisation qui évacuent les efforts de transition ont de quoi préoccuper. Je m’inquiète au sujet de notre frontière. Les capitaux ne s’arrêtent pas aux limites du pays.
On se demande parfois pourquoi une entreprise est canadienne... Qu’en est-il d’une société minière qui exerce toutes ses activités en Afrique, mais qui fait partie de notre indice de référence? Quelle est la logique? Je crains qu’un jour, il ne reste plus que quelques carrefours de capitaux... disons New York, Londres, Amsterdam, Shanghai - mais rien d’autre. Qu’est-ce qui adviendrait du Canada?
Je pense que si on se retrouve dans ce type d’univers, où le Canada n’est plus qu’un ferrailleur de petites capitalisations, les courtiers mondiaux vont dominer - les projecteurs seront braqués sur les sociétés des grands carrefours. C’est une éventualité préoccupante. Je ne pourrais dire s’il faut l’appréhender demain ou dans 10 ans... En terminant, je dirais que l’enjeu n’a rien de national. Il est plutôt mondial et concerne les régulateurs qui contrôlent les marchés.
Tous les titres seront-ils négociés via des plateformes financières décentralisées, sans réglementation? En viendra-t-on à définir des titres, à les segmenter et à les décentraliser complètement, loin des bourses? C’est possible, et c’est inquiétant - non seulement pour le Canada, mais le monde entier. Quand on y réfléchit, on est en bonne position au Canada, surtout grâce à notre démocratie. Mais oui, j’ai certaines préoccupations qui m’empêchent de dormir.
AMY VAN ARNHEM : Eh bien, la décentralisation peut faire l’objet de tout un balado. C’est un sujet prenant pour tout le monde en ce moment sur les marchés de capitaux.
PETER HAYNES : Il faudra inviter un autre expert pour aborder ce sujet.
AMY VAN ARNHEM : Oui.
PETER HAYNES : Ou peut-être mon fils! Il en sait bien plus que moi sur les cryptoactifs et le numérique. C’est une école de pensée... J’ai parlé à des amis dans le domaine de... intéressés par la structure des marchés, ils anticipent la cryptomonnaie et le numérique. J’ai 53 ans. Ça n’arrivera pas ici et maintenant. Mais il s’en trouve pour envisager une convergence des deux espaces. C’est à suivre...
AMY VAN ARNHEM : Merci beaucoup, Peter. Merci d’avoir été là aujourd’hui. J’ai une dernière question. Est-ce que j’ai bien fait ça?
PETER HAYNES : Tu sais, Amy, je suis du genre à offrir une critique constructive. Mais je dois te donner 9,5 sur 10. Tu as fait un excellent travail, et je suis content d’avoir agi en partenaire. On va se répartir l’animation de Point de vue avec quelques collègues. Bienvenue dans le club! Je trouve que tu as fait un excellent travail, et j’ai hâte aux prochains balados sous ta gouverne.
AMY VAN ARNHEM : Merci, Pete.
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Amy Van Arnhem
Directrice générale, Gestion des relations-clients, Valeurs Mobilières TD
Amy Van Arnhem
Directrice générale, Gestion des relations-clients, Valeurs Mobilières TD
Amy Van Arnhem
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Amy est responsable d’offrir une couverture multiproduits mondiale et globale aux hauts dirigeants pour des clients institutionnels canadiens. Dans le cadre de ses fonctions, elle gère les relations avec les intervenants en faisant la promotion d’une approche collaborative et intégrée à l’échelle de l’entreprise. En 2007, Amy Arnhem s’est jointe au programme de rotation de Ventes et négociation à Valeurs Mobilières TD, dans le cadre duquel elle a acquis de l’expérience en titrisation, en part d’associé et en actions institutionnelles. En 2008, elle s’est jointe à l’équipe Ventes d’actions institutionnelles, où elle traitait avec des clients d’actions canadiennes.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
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Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.