Animateur : Chris Krueger, directeur général, Macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, Groupe de recherche de Washington, TD Cowen
Dans cet épisode, Chris Krueger, du Groupe de recherche de Washington de TD Cowen, discute des quatre principaux signaux à surveiller en 2024 : l’élection présidentielle, les échéances fiscales/budgétaires de plus de 5 000 milliards de dollars américains à l’horizon, la faiblesse du Congrès et les politiques macroéconomiques des deux candidats à la présidence.
Ce balado a été enregistré le 16 septembre 2024.
Conférencier 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Ce balado réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Chris Krueger :
Bonjour. Bienvenue encore une fois sur Street Cred de TD Cowen. Je m’appelle Chris Krueger et je travaille avec le Groupe de recherche de Washington, TD Cowen. On va tenter de transformer K Street en Wall Street plus rapidement qu’un train Acela qui fonce à pleine vitesse, et même plus vite encore si vous lancez l’enregistrement. Toutes nos excuses pour le retard. Depuis juin, le balado devient obsolète dans la journée en raison de l’ampleur de l’actualité insensée. Pendant les sept dernières semaines de la campagne 2024, on publiera un balado sur les élections chaque mardi. Mais on est en 2024, alors attendez-vous à des imprévus. Bon, on voulait se concentrer un peu plus sur les conséquences de l’élection sur la politique budgétaire, car elles sont au moins relativement constantes et connues. Avec ces élections présidentielles, rien de surprenant, on traverse une période sans précédent. Il s’agit pour ainsi dire de notre première élection surprise.
Et elle se jouera dans sept États, répartis dans deux régions. Il y a quatre États dans la région de la Sun Belt, l’Arizona, la Géorgie, la Caroline du Nord et le Nevada, puis trois dans la Rust Belt, le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Après le débat, c’est vraiment un sprint qui a commencé. Selon nous, Harris a pris beaucoup d’élan, mais encore une fois, il faut s’attendre à des imprévus. Le vote est en cours. Mais rappelez-vous, si le 5 novembre est le jour des élections, c’est ce jour-là que le vote prend fin. Environ 80 % des votes pourraient avoir été exprimés avant le jour des élections, alors mieux vaut commencer à penser en termes de surprises de septembre plutôt que de surprises d’octobre. Ensuite, faisons un immense pas en avant : nous avons 5 000 milliards de dollars de dettes, et des échéances fiscales et budgétaires à gérer l’an prochain. La politique budgétaire de 2025 sera largement dictée par deux choses : les majorités et les marges au Congrès. Premièrement, le plafond de la dette sera rétabli l’été prochain, peut-être dès le mois de juin ou peut-être en septembre seulement. Et deuxièmement, il y a l’expiration ou la suppression de la Tax Cuts and Jobs Act de 2017, des taux individuels et des changements à la fin de l’année prochaine.
Il y a aussi l’expiration des subventions à l’Obamacare. Il faut noter que le taux d’imposition sur les sociétés de 21 % ne revient pas au niveau de 35 % de l’ère Obama, comme les taux individuels. Mais si Harris l’emporte, nous nous attendons à une discussion sur une augmentation du taux d’imposition sur les sociétés, peut-être jusqu’à 25 %. Et maintenant, la faiblesse du Congrès. Pourquoi est-ce important? Comme on vient de le dire, les majorités et les marges vont façonner et contribuer à déterminer ce qui se passera en matière de politique budgétaire et fiscale l’an prochain. Les marges devraient rester historiquement serrées, le Sénat reviendra probablement aux Républicains, la Chambre sera probablement démocrate, même s’il s’agira d’une poignée de sièges dans un sens ou dans l’autre. Je pense qu’il est intéressant de revenir sur 10 des 12 dernières élections. Depuis 2000, il y a eu un changement de contrôle à la Chambre, au Sénat et/ou à la Maison-Blanche, à chaque élection, sauf en 2004 et en 2012. Et cette tendance devrait se poursuivre avec peut-être un point d’exclamation, car la Chambre et le Sénat s’apprêtent à basculer pour des partis opposés lors de la même élection pour la première fois de l’histoire des États-Unis.
Les marges au Congrès reflètent vraiment à quel point le pays est divisé et régionalisé. Il s’agit d’une majorité 51-49 au Sénat et de 220 à 211 à la Chambre, avec quelques sièges vacants. Et encore une fois, en prenant un peu de recul, les élections de 2020 se sont jouées à moins de 43 000 votes combinés en Arizona, en Géorgie et au Wisconsin, et la marge s’est encore réduite lors des élections de mi-mandat, moins de 12 000 votes combinés dans cinq districts ont fait basculer la Chambre. Ce n’est un secret pour personne : on serait surpris si les majorités au Sénat et à la Chambre étaient connues dès le soir des élections. On s’attend à ce que le décompte des voix soit long et peut-être qu’il faudra recompter; il y aura des changements de parti et/ou de postes au sein du cabinet qui pourraient modifier davantage les marges au Sénat et peut-être même la majorité. Pour terminer, les politiques. Je pense qu’il est important de noter qu’une grande partie de ce que Trump met en avant peut être faite sans le Congrès. Mais en matière budgétaire et fiscale, les majorités et les marges à la Chambre et au Sénat sont essentielles.
Partant d’une éventuelle victoire de Trump, si l’on considère la situation dans son ensemble, le choix de JD Vance comme vice-président met vraiment en lumière le thème clé d’un éventuel deuxième mandat de Trump. C’est-à-dire que contrairement au premier cabinet Trump, celui de son deuxième mandat foncerait tout droit. Il faut aussi noter que la Cour suprême est très différente de celle du premier mandat. Il y a trois grands domaines de politique macroéconomique à surveiller, d’abord les impôts : ils resteront probablement comme ils sont, s’ils ne sont pas réduits davantage. Il existe une grande différence entre Harris et Trump. Sur ce volet fiscal, Trump et Vance s’opposent tous deux à toute réduction des droits. Trump a également discuté de l’augmentation des dépenses de défense; les Républicains du Sénat prévoient actuellement d’augmenter les dépenses de défense jusqu’à 5 % du PIB, doublant essentiellement ce qui représente déjà 1 000 milliards de dollars. Donc, la prolongation de tous les taux d’imposition actuels, ou leur réduction, pour que les impôts demeurent bas, bien que les déficits soient en hausse. En ce qui concerne le commerce, le discours est fortement marqué par le protectionnisme et la concurrence avec la Chine.
Quand on pense à la politique industrielle, la production nord-américaine est complètement bipartite et présente de plus en plus d’avantages. Concernant les tarifs douaniers, deux grands sujets, le premier concerne le tarif de base de 10 %. Trump a récemment laissé entendre aussi que ce taux pourrait atteindre 20 %. Il s’agit essentiellement d’une taxe à la frontière dont Trump parlait en 2016 et en 2017. Je pense qu’il est important de relever que cela peut être mis en œuvre unilatéralement; il n’y a pas besoin du Congrès pour cela. Le deuxième grand sujet porte sur la rupture des relations commerciales normales et permanentes avec la Chine. Dans les faits, cela relèverait la moyenne actuelle du tarif douanier sur les produits chinois de 19 % à 61 %. Pour cela, il faut que le Congrès rompe les relations commerciales normales et permanentes. Si les voix au Congrès ne sont pas réunies, Trump pourrait simplement augmenter unilatéralement ces droits de douane. Enfin, l’immigration est le troisième et dernier point à surveiller concernant les éventuelles politiques de Trump en cas de deuxième mandat. L’objectif déclaré du plus important effort d’expulsion de l’histoire des États-Unis pourrait avoir les répercussions les plus vastes sur le marché du travail.
Le Migration Policy Institute estime à environ 11 millions le nombre de personnes sans papiers aux États-Unis. En théorie, c’est la Insurrection Act de 1807 qui autorise le président à déployer les forces armées pour aider les autorités dans l’application de la loi qui permettrait les expulsions. Les gouverneurs des États bleus se sont montrés très réticents à l’égard de cette théorie et de cette politique, même si je pense qu’il y a aussi de réelles questions logistiques, mais il s’agit toujours de la politique annoncée par Trump et c’est quelque chose dont il parle assez régulièrement. D’accord. On va passer aux politiques gouvernementales potentielles de Harris, en gardant à l’esprit que le Sénat sera probablement républicain, et que tous les législateurs et autres membres du cabinet de Harris devront relever le défi d’un Sénat républicain, et qu’il y a donc une sorte de couverture de la politique assurée par le Sénat, même si cela va vraiment se jouer dans quelques États, donc il faut à nouveau surveiller les marges et la majorité au Sénat.
D’abord, il est très probable que les impôts augmentent si Harris l’emporte. On pense que Harris et son vice-président, Tim Walz, réclameraient un pacte fiscal de fin d’année, qui entraînerait une augmentation des taux d’imposition pour les ménages qui gagnent plus de 400 000 ou 800 000 $. Avec cette suppression, le taux le plus élevé passe de 37 % à 39,6 %. La déduction SALT qui permet de déduire l’impôt de l’État et de la région va être un sujet majeur. On pourrait envisager par exemple un doublement du plafond actuel de 10 000 à 20 000 dollars, mais probablement seulement pour les personnes qui ne sont pas dans la tranche supérieure de revenus. La hausse du taux d’imposition sur les sociétés est certainement en jeu. Harris a suivi la politique de Biden consistant à faire passer le taux à 28 %. C’est probablement trop élevé, étant donné que le Sénat est républicain et encore une fois, compte tenu des marges au Congrès, mais un taux d’environ 25 % pourraient passer. On s’attend à ce que le crédit d’impôt pour enfants soit une véritable priorité, donc un crédit d’impôt pour enfants élargi et remboursable, qui est une grande priorité pour Harris et Walz dans la trousse fiscale de fin d’année. Voyez cela comme une sorte de mesure de relance pour les revenus les plus faibles.
Deuxièmement, l’Inflation Reduction Act ne serait plus exposée au risque. Ce serait probablement la plus grande conséquence sur l’investissement d’une victoire de Harris : les plus de mille milliards de dollars de crédits d’impôt pour l’énergie verte obtenus de l’IRA ne présenteraient plus de risque. En effet, les investisseurs craignent beaucoup qu’ils soient supprimés en cas de victoire républicaine. Je pense que c’est une mauvaise évaluation, et qu’en cas de victoire de Harris, les pelles et le capital pourront entrer en action partout. Voilà, je pense qu’on est resté juste en dessous des 10 minutes. J’ai terminé. Ici Chris Krueger, du Groupe de recherche de Washington, TD Cowen, pour Street Cred.
Intervenant 1 :
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Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger
Directeur général, Groupe de recherche de Washington – Analyste en macroéconomie, commerce, fiscalité et politique fiscale, TD Cowen
Chris Krueger s’est joint au Groupe de recherche de Washington de TD Cowen en août 2016 à titre de stratège à Washington. M. Krueger et le Groupe de recherche de Washington de TD Cowen ont récemment été nommés premiers dans la catégorie Institutional Investor Washington Strategy, où le Groupe et lui ont été constamment classés au cours de la dernière décennie. M. Krueger publie le DC Download, un quotidien incontournable pour les gestionnaires de portefeuille de Wall Street qui veulent avoir un aperçu des principaux événements de Washington et de leur impact sur les marchés de capitaux. M. Krueger couvre les politiques macroéconomiques, fiscales et commerciales de Washington D.C.
Il a occupé des postes similaires au sein de Guggenheim Securities, de MF Global, de Concept Capital et de Potomac Research Group. Auparavant, il a travaillé pendant près de quatre ans à titre de haut fonctionnaire à la Chambre des représentants des États-Unis. Il a également participé à plusieurs campagnes politiques locales, étatiques et fédérales partout au pays.
M. Krueger est titulaire d’un baccalauréat de l’Université du Vermont et d’une maîtrise en relations internationales du King’s College London. Il fait des apparitions fréquemment à CNBC et à Bloomberg et est largement cité dans : The Wall Street Journal, FT, Axios, New York Times, Washington Post et POLITICO. Il prend également la parole régulièrement dans le cadre d’événements du secteur et de conférences, notamment la conférence mondiale du Milken Institute, la National Organization of Investment Professionals et la Bourse de New York.
Les documents préparés par le Groupe de recherche de Washington de TD Cowen sont des commentaires sur les conditions politiques, économiques ou de marché et ne sont pas des rapports de recherche au sens de la réglementation applicable.